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Louis de Funès (1914 - 1983)

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Message  séribibi Mar 21 Aoû 2012 - 19:29

Magnifique et trés fine analyse Phil, comme toujours.
Je te rejoins sur tout ;
A propos de De Funès/Marais, il est à noter que même si le premier prendra une place de plus importante en tant que "1er rôle" au fil des épisodes, c'est Jean Marais qui, jusqu'au dernier épisode, sera néanmoins crédité à l'affiche et au générique en tant que 1er rôle.

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Message  phildlm Mar 21 Aoû 2012 - 19:45

séribibi a écrit:
A propos de De Funès/Marais, il est à noter que même si le premier prendra une place de plus importante en tant que "1er rôle" au fil des épisodes, c'est Jean Marais qui, jusqu'au dernier épisode, sera néanmoins crédité à l'affiche et au générique en tant que 1er rôle.
Bah! Oui. Sans doute fallait-il accorder quelques compensations à Jean Marais, et ménager sa susceptibilité d'acteur habitué à être la vedette... 1er rôle dans Fantômas contre Scotland Yard alors que dans ce 3ème film, même Jean-Roger Caussimon a largement autant de scènes que lui...
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Message  Nicolas Mer 22 Aoû 2012 - 9:23

Marie-Hélène Arnaud qui joue Lady Beltham est surtout connue pour avoir été mannequin-vedette de "Mademoiselle" Coco Chanel,elle a fait la couverture de magazines féminins (Elle...) dans les 50's.Elle est décédée en 1986
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Message  phildlm Mer 22 Aoû 2012 - 19:39


FANTOMAS SE DECHAINE****




Production : GAUMONT
Scénario : Jean HALAIN, Pierre FOUCAUD d'après les romans de Pierre SOUVESTRE et Marcel ALLAIN.
Adaptation : Jean HALAIN, Pierre FOUCAUD (sur autorisation de Marcel ALLAIN)
Dialogues : Jean HALAIN
Réalisation : André HUNEBELLE
Musique : Michel MAGNE




Alors que le commissaire Juve vient d'être décoré pour avoir mis hors d'état de nuire l'ennemi public numéro un Fantômas, ce malfaiteur masqué refait surface. Il enlève le professeur Marchand, un savant spécialiste des rayons télépathiques. Le but du criminel est de maîtriser la volonté des humains afin d'en faire des robots à ses ordres. Le journaliste Fandor, autre ennemi intime de Fantômas, est persuadé que le monstre va tenter d'enlever le professeur Lefebvre, un savant dont les travaux sont complémentaires de ceux du professeur Marchand. Il décide de prendre la place de Marchand dans le rapide pour Rome, où le savant doit se rendre à un congrès scientifique international. Ce piège doit permettre la capture du célèbre bandit, mais les choses seront-elles aussi faciles que prévu ?



GENESE :

Après le succès du premier film Fantômas, une suite est naturellement mise en route. Acte logique puisque le but initial était d'entreprendre une saga relatée dans une série de films.

La suite avait été écrite pour Jean Marais sans Louis de Funès, mais le succès phénoménal de ce dernier dans Le Gendarme de Saint-Tropez et plus encore Le Corniaud va amener Hunebelle et Halain à changer leur fusil d'épaule. Le scénario va donc intégrer le commissaire Juve, incarné par le très populaire Louis de Funès. Preuve de l'influence grandissante de ce dernier : il réussira même à faire engager son fils Olivier pour un rôle non négligeable.

Résultats : les mêmes acteurs principaux vont se retrouver pour notre plus grand bonheur, mais avec quelques modifications importantes. La plus évidente est due à la trajectoire ascendante de Louis de Funès. Il est cette fois-ci à égalité avec Jean Marais, qui suit le chemin inverse en commençant à décliner. Avec la cinquantaine, les cascades deviennent plus difficiles à effectuer...

Autre nouveauté notoire, l'arrivée des thèmes de l'espionnage, des agents secrets et des gadgets, dans la lignée du succès de James Bond. C'est De Funès-Juve qui apporte ces éléments neufs, accentuant ainsi l'importance croissante du comique sur la série.

Le surgissement du thème de l'espionnage s'accompagne du déclin, voire de la disparition, des aspects romanesques, ce nouveau film s'avérant très terre-à-terre. Seules les scènes d'évasion du repaire de Fantômas conservent un brin de poésie, probablement grâce à la musique de Michel Magne.

Le spectateur ne perd rien au change, il va au contraire y gagner tant ce film truffé de gadgets géniaux et de formidables scènes comiques du grand De Funès, au moins autant « déchaîné » que Fantômas, reste un des tous meilleurs films de notre Fufu.






REALISATEUR :

On ne change pas une équipe qui gagne, donc Hunebelle est aux commandes, assisté de Jacques Besnard comme réalisateur de la seconde équipe. Jean Halain et Pierre Foucaud se chargent du scénario, de l'adaptation et des dialogues.

Avant sa sortie, le titre du film est définitivement adopté, après que les titres Fantômas revient et La Vengeance de Fantômas aient été envisagé. Finalement, c'est le titre le plus accrocheur qui est retenu.







DECORS :

Cette suite reprend la recette de l'original avec bon nombre de décors naturels qui apportent un plus incontestable. Ainsi la centrale nucléaire de Chinon, la première mise en service en France, voit se dérouler la scène où Fantômas enlève le professeur Marchand. On reconnaît la célèbre boule de 55 mètres de diamètre, dans laquelle est installé le savant. Ce réacteur A1 a été arrêté en 1973, et depuis 1986 le site abrite un musée de l'atome.

La camionnette « Centre de la recherche scientifique » est un bon vieux tub Citroën, immatriculé dans le 37, confirmant le lieu du tournage, Chinon étant une sous-préfecture du département de l'Indre-et-Loire.

Les autres scènes de la partie française du tournage ont été filmées à Paris, puis la transition est assurée par les scènes de train, évidemment tournées en studio.

La majeure partie du film se déroule à Rome. Des vues magnifiques de la ville éternelle nous sont généreusement offertes, ce qui rappelle les bons souvenirs du Corniaud.

Il faut saluer le travail du décorateur Max Douy, auteur du repaire immergé de Fantômas. Max Douy sera par la suite décorateur sur un film de la saga des James Bond, en l'espèce Moonraker.

Le vulcanologue Haroun Tazieff apporte son concours puisque les images du Vésuve en éruption, visibles lors de la scène finale d'évasion, sont extraites d'un de ses films documentaires, Les Rendez-vous du Diable.

Les cascades sont nombreuses, et pour une fois Jean Marais est doublé lors de la scène finale. Evidemment, on ne le voyait guère sauter en chute libre d'un avion, surtout à près de cinquante ans... C'est le célèbre Gil Delamare qui le remplace, alors que Louis de Funès est doublé par Henri Violin. On distingue nettement les traits de la doublure, et surtout ses cheveux plus fournis que ceux de Louis. La scène est filmée par le caméraman-homme volant Jean-Jacques Dubourg.







GENERIQUE :

Au contraire du premier film, il n'y a pas de séquence pré-générique. C'est une animation avec les figurines de Juve et de Fantômas qui tient lieu de générique, sur une musique de Michel Magne différente du thème principal bien connu. L'animation constitue un résumé de la poursuite finale de Fantômas, et la musique est beaucoup plus ludique que pour l'opus précédent.

L'intérêt de ce générique est donc de plonger le spectateur dans l'ambiance du premier film, ce qui permet un enchaînement parfait avec la suite. On retrouvera le thème « Fantômas » en fin d'épisode, lorsque les héros auront été capturés par le malfaiteur.








SCENARIO :

Le scénario de Jean Halain et Pierre Foucaud est celui qui équilibre le plus parfaitement les scènes Marais et les scènes de Funès. Il faut saluer l'inventivité déployée, en particulier pour les multiples gadgets du commissaire Juve, hilarants mais néanmoins efficaces. Bien conçu et sans temps morts, ce script est une splendide réussite sur laquelle De Funès peut allègrement surfer pour nous offrir un formidable festival burlesque.

Le commissaire Juve est décoré de la Légion d'Honneur pour avoir permis à la France d'être débarrassée de l'odieux criminel masqué Fantômas. Le policier tient à associer à cette récompense ses amis journalistes Fandor et Hélène, qui l'ont aidé à pousser le malfaiteur dans ses derniers retranchements. Pendant la cérémonie, Juve reçoit un carton de félicitations signé... Fantômas.

Peu après, le professeur Marchand, un scientifique spécialiste de l'hypnose, est enlevé alors qu'il travaillait dans son laboratoire. Tous les témoins de l'événement sont tués, et Fandor s'attire l'hostilité du commissaire Juve en affirmant que Fantômas est l'auteur du rapt. Le malfaiteur masqué ne tarde pas à confirmer la nouvelle lors d'une allocution télévisée pirate où il affirme qu'il sera bientôt le maître du monde.

Fantômas semble déterminé à forcer les savants à mettre au point un appareil d'ondes télépathiques capable de réduire n'importe quel humain à l'esclavage en annihilant toute volonté. Un autre scientifique, le professeur Lefebvre, affirme haut et fort que le professeur Marchand ne pourra aboutir dans ses recherches sans le résultat de ses travaux en cours. Hélène fait remarquer à Fandor que Fantômas ne va pas tarder à enlever le professeur Lefebvre.

La réflexion de sa fiancée conduit Fandor à concevoir un plan audacieux. Il persuade Lefebvre de le laisser prendre sa place dans le train pour Rome, où le savant doit se rendre pour un congrès scientifique. Le secret des masques de Fantômas a été percé, et provoquer le bandit avec ses propres armes amuse Fandor. Hélène joue de son charme pour persuader l'inspecteur Bertrand de ne pas révéler ce plan au commissaire Juve, qui ne pourrait que refuser toute idée ne venant pas de lui.

Juve est d'autant plus irritable qu'il vient d'être vertement réprimandé par le ministre. Il est sommé de réviser ses méthodes et inculque à ses hommes les nouveaux préceptes : l'heure des agents secrets et des gadgets a sonné. Le commissaire présente ses inventions à ses subalternes en vue de la grande offensive de Fantômas, prévue pour le voyage à Rome.

Déguisé en professeur Lefebvre, Fandor prend le train de nuit pour Rome, accompagné d'Hélène et de Michou, le petit frère de cette dernière, qui vient d'être renvoyé de son pensionnat. Michou tape à la machine dans le compartiment de Fandor, évidemment voisin de celui du prétendu professeur Lefebvre, ceci dans le but de persuader Juve que Fandor s'y trouve. En fait, le reporter est en train de se montrer à tous sous les traits de Lefebvre, espérant attirer les hommes de Fantômas.

Fandor reprend son identité lorsque le « professeur Lefebvre » est censé aller dormir, ce qui lui permet d'aller dîner sans masque en compagnie d'Hélène. Mais Juve s'introduit chez le savant. Il trouve bien entendu le compartiment vide et croit que le professeur a été enlevé par Fantômas. L'inspecteur Bertrand tente de lui dire la vérité, mais Juve ne l'écoute pas. Persuadé que Fantômas a pris la place de Fandor, il se précipite sur le journaliste pour lui enlever son masque, avant d'être assommé par Hélène, qui ne l'avait pas reconnu sous son déguisement de serveur.

A Rome, Juve est mis au courant et approuve le plan de Fandor. Fantômas veut enlever Lefebvre pendant le congrès scientifique, et a mis son masque afin que le remplacer sans que personne ne s'inquiète. Evidemment, il tombe sur Fandor, qui ne se laisse pas faire. Hélas ! Le malfaiteur parvient à s'échapper grâce à une ruse, et en profite pour enlever Hélène et Michou. Il parvient même à s'emparer du véritable professeur Lefebvre, arrivé à Rome pour régler ses comptes avec Fandor, qui selon lui a mal joué son rôle en le faisant passer pour un illuminé convaincu de l'existence des Martiens.

Dépassé par les événements, Juve est pris pour un déséquilibré et interné en hôpital psychiatrique, avant d'en être sorti par son adjoint. Fantômas laisse partir Hélène, mais garde Michou en otage pour la faire agir selon ses désirs. Intrigués par la longue absence d'Hélène et par son comportement, Juve et Fandor l'espionnent et découvrent qu'elle est invitée à un bal masqué par un certain marquis de Rostelli, en fait Fantômas.

Malgré le renfort d'Interpol et l'utilisation de déguisements et de gadgets, Juve ne parvient pas à s'emparer de Fantômas. Au contraire, c'est le bandit qui enlève Fandor, Hélène, Juve et Bertrand, les endort et les conduit dans son repaire.

Fantômas voudrait qu'Hélène devienne sa compagne en remplacement de Lady Beltham, qui a disparu. Elle devra accepter sa proposition pour sauver son frère, ainsi que Fandor, Juve et Bertrand d'une sinistre expérience scientifique. Le génie du mal se propose de tenter de faire vivre la tête de ses prisonniers séparée de leur corps, et le seul moyen pour Hélène d'arrêter cette expérience est d'accepter de devenir sa compagne !

Le criminel masqué ignore que Marchand et Lefebvre ont mis au point en secret un appareil projecteur d'ondes télépathiques. Après que Fandor, Bertrand et Juve se soient libérés grâce à un gadget du commissaire, les cigares-pistolets, nos amis délivrent Hélène et Michou. Ils s'apprêtent à utiliser l'arme nouvelle contre Fantômas, mais ce dernier réussit à s'échapper.

A l'issue d'une folle course-poursuite, Fantômas sème Juve et Fandor grâce à une voiture volante ! Ses ennemis tentent de le rattraper en avion, mais finissent pas tomber en parachute, et assistent impuissants à la fuite inexorable du criminel.







DISTRIBUTION :

Tous les principaux acteurs du premier film sont au rendez-vous pour cette suite. Louis de Funès reprend son rôle du commissaire Juve, ce policier déterminé à arrêter Fantômas coûte que coûte. Pour y parvenir, il va cette fois-ci multiplier les gadgets destinés à tromper l'ennemi, sur injonction du ministre, qui l'a sommé de réviser ses méthodes.

Jean Marais va se démultiplier de façon étonnante avec pas moins de six rôles : Fantômas, Fandor, le professeur Lefebvre, Fandor déguisé en professeur Lefebvre, Fantômas déguisé en professeur Lefebvre et le marquis de Rostelli. Ceci malgré une présence moindre que sur le film précédent, succès de Louis de Funès oblige.

L'inspecteur Bertrand est toujours interprété par Jacques Dynam. Son personnage n'a guère évolué. Tout juste apprend-t-on qu'il est amoureux d'Hélène, qui en profite pour le manipuler à sa guise à l'insu du commissaire Juve.

Mylène Demongeot conserve son personnage d'Hélène, qui joue un rôle capital dans cette histoire, en raison de l'attirance qu'il exerce sur le criminel masqué. Elle est flanquée d'un petit frère du genre enfant terrible, interprété par Olivier de Funès, seul acteur relativement important qui n'était pas présent sur Fantômas. Le fils de Louis, qui fait ses débuts à l'écran, n'était guère attiré par la comédie, mais par l'aviation. C'est son père qui va essayer de l'orienter sur le cinéma, avant tout par peur qu'il ne devienne pilote de ligne, à la merci des accidents d'avions. Malgré un intéressant travail d'acteur, Olivier ne fera pas plus de quelques films et mènera par la suite une carrière de pilote dans l'aviation militaire.

Pour en terminer avec les acteurs récurrents, citons encore Robert Dalban en directeur de journal, mais cette fois-ci pour une brève apparition, Henri Attal et Dominique Zardi, les principaux hommes de main de Fantômas, le cascadeur Yvan Chiffre lui aussi employé par Fantômas, et le désopilant Philippe Castelli dans le rôle de l'inspecteur en retard.

Le professeur Marchand est incarné par Albert Dagnant, et la dame qui patiente devant les toilettes du train par Florence Blot. Habitué des films de Louis, Max Montavon interprète le surveillant de la pension. On retrouve Jacques Marin en agent de la police ferroviaire italienne.

Plusieurs acteurs jouent les inspecteurs du service de Juve : Christian Tomas, Michel Dupleix, Antoine Marin (celui qui a l'esprit un peu lent...), Roger Lumont, Bob Lerich. Idem pour les hommes de main de Fantômas. Hormis ceux déjà cités, on peut voir Antoine Baud, André Cagnard, Pierre Palfray et Eric Vasberg en faux huissier.

Le ministre qui décore Juve est interprété par Robert Le Béal, le président du congrès scientifique par Piero Tordi et le directeur de la clinique psychiatrique par Jean Michaud. Et comme il se doit Raymond Pellegrin reste la voix de Fantômas.









TEMPS FORTS :

Dès la première scène, Louis de Funès commence son festival, et montre une nouvelle fois qu'il aurait fait un excellent acteur de films muets. La cérémonie de remise de la Légion d'Honneur comporte l'inévitable discours du ministre :

« Lors des moments difficiles de son histoire, la France a toujours trouvé le grand homme de la situation : Bayard, Bonaparte, Jeanne d'Arc ( !) »

De Funès n'a pas besoin de parler pour exprimer ses sentiments, et on voit à quel point la comparaison entre lui et ces héros de l'histoire de France le ravit. Mais la suite n'est pas du même acabit...

« Un petit fonctionnaire, ne payant pas de mine, un Français moyen, banal, d'apparence insignifiante, se dresse devant l'ennemi et le pousse jusque dans sa tanière : c'est ça, la France ! »

La façon unique dont le visage de Louis se décompose lorsque le ministre décrit son personnage comme un terne Français moyen constitue le premier grand moment du film. Et l'expression change du tout au tout à la fin de la phrase, nettement plus flatteuse.

La réapparition de Fantômas en direct à la télévision suscite l'ire du ministre, et la confusion de Juve. Le commissaire essaie d'expliquer en bafouillant que si sa décoration paraît indigne, il se laissera déchoir. Mais peu importe pour le ministre, ce qui compte est la mise hors d'état de nuire du criminel. Extrait de la conversation :

« Nous manquons de crédits...
-A l'heure où pour Fantômas, la tête d'un savant vaut tout l'or du monde, à vous de montrer qu'à la tête de notre police, le cerveau d'un commissaire vaut plus que des milliards ! Vous en avez un, alors sachez vous en servir, et révisez vos méthodes ! »


Juve transmet les nouvelles orientations à ses hommes lors d'un conseil de guerre en vue du voyage du professeur Lefebvre à Rome :

« Il faut réviser vos méthodes ! C'est fini l'époque du hold-up hebdomadaire et des gorilles de papa ! Nous sommes à l'heure des agents secrets et des gadgets ! De quoi auriez-vous l'air si Fantômas était arrêté par un zéro-zéro quelconque, hein ! Je vous le demande, de quoi auriez-vous l'air ?... »

A cette occasion, le commissaire présente les gadgets de son invention : une gabardine truquée munie d'un faux bras articulé permet de garder une main en réserve pour abattre un adversaire qui vous menace de son arme, tout en ayant apparemment les deux mains en l'air. Les cigares pistolets seront tout aussi utiles, comme le prouvera la fin du film. Mais Juve n'a pas tout présenté lors de ce briefing : la jambe de bois-mitraillette utilisée avec succès lors du bal masqué apporte un agrément d'autant plus réjouissant qu'il est inattendu.

La réunion s'achève par une ultime recommandation de Juve :

« N'oubliez pas les ruses dont ce monstre a été capable! Grâce à des masques dont nous connaissons aujourd'hui le secret, il a pu commettre ses forfaits non seulement sous les traits du journaliste Fandor, mais aussi avec mon visage. Vous voyez, on pourrait croire que c'est moi ! Alors, soyez prudents et contrôlez toujours qui est qui !
-Comment ça, qui est qui ?
-Qui est qui ! Enfin, qui est qui, quoi ! »


La partie intermédiaire du film, c'est-à-dire le voyage en train, est elle aussi riche en très bonnes séquences. Louis de Funès est méconnaissable déguisé en officier italien distingué doté d'une moustache et de beaux cheveux noirs. Son étonnante transformation en serveur, grâce au retournement de sa veste -au sens propre du terme...- et de sa casquette, a lieu dans les toilettes. La scène est d'autant plus hilarante qu'il brûle la politesse à une passagère titillée par un besoin pressant. La femme est stupéfaite de voir ressortir un homme différent de celui qu'elle avait vu entrer, et pendant qu'elle le regarde intriguée, quelqu'un lui prend sa place !

Excédée, la dame se rend dans la voiture suivante, mais là aussi les toilettes sont occupées. Les hommes de Fantômas prennent leurs instructions par talkie-walkie et ne sont pas pressés de terminer. Nouveau changement de voiture et la malchance continue puisque Juve et trois de ses hommes viennent de se réfugier en catastrophe dans les toilettes pour éviter de se trouver nez-à-nez avec Hélène et Fandor. Lorsqu'ils ressortent, la passagère est d'abord surprise par ces quatre hommes enfermés dans les toilettes, puis les regarde d'un air entendu, croyant visiblement avoir affaire à des individus de mœurs spéciales !

Autre très bon moment avec les déambulations de Juve déguisé en serveur scandant « Deuxième service ! » de couloirs en couloirs avant d'arriver devant le compartiment du savant. Le pauvre Juve tombe sur Fandor déguisé en professeur Lefebvre et en train d'embrasser Hélène. Le commissaire croit qu'Hélène trompe Fandor avec ce vieillard de Lefèvre et se trouve pris d'un accès de misogynie !

Le séjour à Rome va se révéler tout aussi comique. Juve et Bertrand se déguisent en religieux pour surveiller Fandor grimé en Lefebvre. Le commissaire réprimande son adjoint, coupable de regarder de manière équivoque une belle passante, attitude peu compatible avec sa tenue de vicaire. Puis il subit l'assaut d'un couple d'italiens qui, se référant à son costume de curé, lui demande de baptiser le dernier-né de la famille !

Arrive alors le congrès. Fandor-Lefebvre présente Juve, qui ne le quitte pas d'une semelle, comme son secrétaire. Ledit secrétaire est équipé de sa gabardine truquée. Premier problème, il est incapable d'applaudir lors de l'hommage rendu au professeur Marchand, et se contente de taper des deux mains -la fausse et la vraie...- sur la table. Second problème lorsqu'il est pris d'une envie de se moucher. Il ne peut résister et, au grand étonnement de Fandor, utilise sa deuxième vraie main dissimulée, qu'il sort par un interstice de sa gabardine !

Lorsque Fantômas déguisé en professeur Lefebvre intervient, Juve le prend pour Fandor et le laisse partir. Ce n'est que lorsqu'il voit le vrai Fandor qu'il réagit, prenant ce dernier pour Fantômas déguisé en Lefebvre, avant que le journaliste ne le détrompe. Le commissaire essaie de se rattraper, mais en croyant mettre la main sur Fantômas déguisé en Lefebvre, il tombe en fait sur le vrai professeur, fraîchement arrivé de Paris. Lorsqu'il se rend compte de son erreur, il ne peut qu'assister, impuissant, à l'enlèvement de Lefebvre par les hommes de Fantômas, puisqu'il est lui-même entre les mains de policiers italiens intrigués par son comportement excité.

Incapable de s'expliquer de manière cohérente, Juve est pris pour un dément par des carabiniers dubitatifs devant la découverte de son faux bras. Et voilà comment le commissaire se retrouve dans une « clinica psychiatrica » ! Cette scène de la clinique est véritablement jubilatoire. Juve donne des explications véridiques mais très embrouillées, ce qui renforce la conviction des médecins sur la défaillance de sa santé mentale. Extraits de la conversation :

« Le vrai professeur Lefebvre était resté à Paris, donc on n'en parle plus !
-On n'en parle plus.
-Le premier faux professeur Lefebvre, donc Fandor, tombe sur le deuxième faux professeur Lefebvre, donc Fantômas, et c'est la bagarre !
-Oui, la bagarre.
-Je suis poursuivi. Tout à coup, je me retourne et j'abats deux tueurs avec ma troisième main !
-Votre troisième main ?
-Oui, ma main qui est sur le ventre !
-Bien sûr ! Sa main sur le ventre...
-Et c'est à ce moment-là que je me suis donné un coup sur la tête.
-Un coup sur la tête. Tiens ! Tiens !...
-Je poursuis Fantômas et soudain, je vois trois professeurs Lefebvre : le vrai venait d'arriver !
-Evidemment !
-Je saute sur le professeur Lefebvre en croyant que c'était le faux, mais c'était vraiment le vrai ! Et voilà comment à Rome, le premier policier de France se retrouve chez les fous !
-Victime du devoir ! »


La scène s'achève de manière tout aussi drôle avec la ruse employée par les médecins. Le directeur de la clinique fait irruption et réprimande ses subordonnés :

« Monsieur le commissaire, je suis confusionné ! Tous les renseignements me prouvent que ce monsieur est vraiment le premier policier de France. Maladroits que vous êtes ! Venez, monsieur le commissaire, ma voiture vous attend. Non, par ici. Voilà... »

Et le malheureux Juve est enfermé dans une cellule capitonnée ! La méprise se termine grâce à l'intervention de l'inspecteur Bertrand. Conversation entre les deux hommes, dans la voiture qui les ramène à l'hôtel :

« Moi, le premier policier de France, passer pour un fou !
-Vous savez, m'sieur le commissaire, à notre époque, il vaut mieux passer pour un fou que pour un imbécile.
-Eh ! Bien, vous, vous ne risquez pas la camisole ! »


Et ce n'est pas fini, avec les micros que Juve installe dans la chambre d'Hélène. A son retour à l'hôtel, elle ne peut avouer la vérité à son fiancé au sujet de Fantômas puisque ce dernier retient son petit frère en otage. Alors elle ruse, mais de manière maladroite. Fandor s'impatiente, exige de savoir où elle est allée pendant sa disparition. La belle Hélène lui répond alors :

« Ecoute ! Si tu voulais le savoir, tu n'avais qu'à me faire suivre par ton crétin, ton abruti de commissaire Juve ! »

Juve sursaute en écoutant cette conversation dans le pommeau de la douche, où est dissimulé son récepteur. Bertrand veut savoir ce que Fandor et Hélène racontent, mais Juve, dépité, répond :

« Qu'est-ce qu'ils disent, qu'est-ce qu'ils disent... ça vous regarde, ce qu'ils disent ?... »

Beaucoup plus que le déguisement de Fandor, banal avec son haut-de-forme, c'est celui du commissaire qui retient l'attention lors du bal masqué. Juve a revêtu une splendide tenue de pirate, avec bandeau et jambe de bois. En fait, le bandeau est amovible et la jambe de bois cache une mitraillette, qui va permettre d'éliminer un groupe de tueurs. Cette jambe de bois mitraillette a été très appréciée par Marcel Allain, qui l'a jugée tout à fait dans la lignée de ses romans. Hélas ! Fantômas ne s'en laisse pas compter : il électrocute les hommes d'Interpol venus en renfort et capture nos héros.

La situation semble désespérée pour Fandor, sa fiancée et les policiers, retenus prisonniers dans le repaire du monstre, mais Juve n'a pas dit son dernier mot. La perspective de voir sa tête séparée de son corps le galvanise et il décide de réagir. Comment le commissaire va-t-il s'en sortir, attaché à sa potence tout comme Fandor et Bertrand ? Tout simplement en offrant des cigares-pistolet aux sbires de Fantômas, sous prétexte de dernier plaisir accordé à une future victime de la science : un cigare pour lui et un à chacun des deux gardes.

Juste avant que le tir ne se déclenche, Juve incite les deux gardes à se regarder. Les coups partent et les deux hommes s'entretuent avec leurs cigares respectifs ! Quant au garde de faction à l'entrée, le cigare de Juve se charge de lui.

Cette avalanche de rire presque continue n'empêche pas d'apprécier le gadget très « jamesbondien » de la DS blanche volante, qui stupéfie Juve et Fandor. Cette voiture-avion est devenue un des symboles les plus emblématiques de la série des Fantômas.








POINTS FAIBLES :

Le jeu de Jean Marais et de Mylène Demongeot n'est toujours pas parfait. Sans doute Jean Marais a-t-il voulu trop en faire en multipliant les personnages. Autant celui de Fantômas déguisé en professeur Lefebvre est réussi (on distingue fort bien la différence avec les autres, grâce aux yeux exorbités du malfaiteur, et bien entendu la voix de Raymond Pellegrin), autant Fandor-Lefebvre et Lefebvre lui-même sont ratés. L'aspect vieillard débonnaire du professeur, son côté savant-qui-aime-s'amuser, style Einstein qui tire la langue, ont été exagérés, et dans ces circonstances on sait que Jean Marais ne se prive pas pour en rajouter...

La poursuite finale est encore le très relatif point faible du film. Très relatif car elle a été heureusement écourtée par rapport au premier film, et elle se termine de façon spectaculaire avec la voiture volante, gadget beaucoup plus marquant que le sous-marin de poche vu un an plus tôt.

Une anomalie de scénario est particulièrement flagrante : pourquoi les savants prisonniers n'ont-ils pas utilisé immédiatement leur appareil d'ondes télépathiques pour se libérer ? Il est évident qu'aucun garde, ni même Fantômas, n'aurait pu résister. Alors, pourquoi attendre que Fandor et Juve arrivent ? Sans doute parce que sinon, il n'y aurait pas eu de film...

On peut aussi faire remarquer que le scénario était vicié dès le départ. Fantômas, qui n'est pas idiot, ne pouvait que comprendre la vanité de son projet. A partir du moment où ses prisonniers auraient achevé l'appareil, il était évident qu'ils ne pourraient que l'utiliser contre lui.









ACCUEIL :

Comme tous les films de Louis de Funès à cette époque, le film rencontre un très beau succès, et même un triomphe avec un total dépassant les 4 millions de spectateurs.

Le succès à l'étranger est également au rendez-vous. Tout comme le premier film de la série, le deuxième s'exporte très bien en Espagne où il frôle les 3 millions d’entrées, en Italie et bien entendu en Russie.






SYNTHESE :

Un festival de scènes comiques irrésistibles pour ce deuxième des trois films de la série, sans conteste le meilleur.
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Louis de Funès (1914 - 1983) - Page 9 Empty Re: Louis de Funès (1914 - 1983)

Message  Estuaire44 Mar 4 Sep 2012 - 18:52

Demain 13h25 sur Arte, l'originale série documentaire Les plages des Sixties se consacre à St-Tropez. Cela devrait parler de BB et de la Madrague, mais peut être aussi du Gendarme.
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Message  phildlm Mar 4 Sep 2012 - 22:01

S.O.S. captures d'écran! Je ne possède certains films de Louis de Funès qu'en VHS et je n'ai pu faire les captures d'écran qu'à partir d'extraits sur Youtube. Le résultat est décevant. En vue de publication de la 4ème époque, si quelqu'un possède les DVD de "L'aile ou la cuisse", "La zizanie", "L'avare" et "La soupe aux choux", ça serait sympa de faire une dizaine de captures d'écran et de les envoyer à Steed3003. Merci beaucoup.
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Message  redwest Mer 5 Sep 2012 - 12:17

Je viens d'envoyer les (78) captures de "L'aile ou la cuisse", mais obliger de me servir de Rapidshare, car il n'est pas possible de joindre une pièce à un MP.
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Message  Estuaire44 Mer 5 Sep 2012 - 14:10

Je n'ai aucun DVD de Fufu malheureusement.
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Message  Invité Mer 5 Sep 2012 - 14:18

Estuaire44 a écrit:Je n'ai aucun DVD de Fufu malheureusement.
Idem. Les films repassent tellement souvent à la TV. D'ailleurs, j'ai peu de films comparativement aux séries; une soixantaine (dont une vingtaine d'Eastwood!)
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Message  Invité Mer 5 Sep 2012 - 14:20

Elles sont parfaites, merci pour le coup de main Redwest!

Reste: La Zizanie, L'Avare et La soupe aux choux.
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Message  Estuaire44 Mer 5 Sep 2012 - 14:29

Cela peut-il aider ?

Soupe aux choux
http://lafrancine.canalblog.com/archives/la_soupe_aux_choux__1981_/index.html

Avare, Zizanie
La colonne de gauche mène aux dossiers des films, où l'on trouve des photos
http://home.nordnet.fr/anastasiya.petit/html/rubrique-p/cine-p/visu-cin.htm


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Message  Nicolas Mer 5 Sep 2012 - 17:12

Brève participation de Loulou (en train de cultiver ses salades) au 4ème volet de "Match,l'album des Francais",longue mais intéressante (et pas trop hagiographique) rétrospective sur l'illustre magazine.L'émission diffusée lundi est encore regardable en "pluzz" sur le site de France3 et sera rediffusée une nuit de la semaine prochaine.On y retrouve aussi Brando et une séquence émouvante sur l'AVC de Bébel.
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Message  redwest Mer 5 Sep 2012 - 19:41

Steed3003 a écrit:Elles sont parfaites, merci pour le coup de main Redwest!

Reste: La Zizanie, L'Avare et La soupe aux choux.

De rien pour le coup de main, et je viens de voir que j'avais une copie de "La Zizanie", j'essaye de t'envoyer les captures ce soir (toujours sur Rapidshare) hein
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Message  Invité Jeu 6 Sep 2012 - 13:57

Elles sont parfaites, merci!

Plus que deux: La Soupe aux choux et L'Avare.
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Message  phildlm Jeu 6 Sep 2012 - 23:12

Grand merci à Redwest! Denis, j'ai encore moins de DVD de films que toi (une trentaine), par contre en comptant les VHS je suis au-dessus de 100 films, probablement pas loin de 150.
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Message  redwest Sam 22 Sep 2012 - 19:10

Je viens de récuperer le DVD de "L'Avare", toujours intéressé par des captures d'écran ?
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Message  phildlm Sam 22 Sep 2012 - 21:16

redwest a écrit:Je viens de récuperer le DVD de "L'Avare", toujours intéressé par des captures d'écran ?
Je crois que tu peux les envoyer à Steed3003, qui était à leur recherche.
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Message  phildlm Sam 22 Sep 2012 - 22:24


FANTOMAS CONTRE SCOTLAND YARD****



Production : GAUMONT, FAIR FILM (Italie)
Scénario : Jean HALAIN, Pierre FOUCAUD d'après les romans de Pierre SOUVESTRE et Marcel ALLAIN.
Adaptation : Jean HALAIN, Pierre FOUCAUD (sur autorisation de Marcel ALLAIN)
Dialogues : Jean HALAIN
Réalisation : André HUNEBELLE
Musique : Michel MAGNE




Fantômas a décidé de prélever un impôt sur le droit de vivre sur les humains les plus fortunés. Lord Mac Rashley, un écossais, troisième fortune mondiale, est un des principaux contributeurs. Il organise une réunion de riches victimes et leur propose de tendre un piège à ce singulier collecteur d'impôts. Le commissaire Juve, son adjoint l'inspecteur Bertrand, le journaliste Fandor et sa fiancée Hélène, c'est-à-dire les plus farouches ennemis de Fantômas, sont invités au château de Lord MacRashley pour enquêter sur la mort de Sir Walter Brown, tué par Fantômas et retrouvé mort au château. Lord MacRashley espère que le bandit masqué se manifestera face à ses ennemis de toujours, et que l'occasion sera idéale pour le mettre enfin hors d'état de nuire.



GENESE :

Lorsque ce troisième volet des aventures de Fantômas est lancé, Louis de Funès est devenu une immense vedette, et l'acteur français le plus populaire. Les années 1964 à 1966 l'ont vu multiplier les films à succès considérable, dont les deux réalisations de Gérard Oury Le Corniaud et La grande vadrouille, qui ont attiré à elles deux un total de trente millions de spectateurs.

C'est donc tout naturellement que Gaumont va exploiter ce filon juteux en continuant la saga du féroce malfaiteur masqué. Conscients que la vedette initiale Jean Marais a été surpassée par Louis de Funès, c'est ce dernier qui se taille la part du lion. De Funès est l'incontestable numéro un alors que Jean Marais joue les utilités pendant la majeure partie du scénario, et n'obtient à titre de compensation que quelques scènes importantes en fin de film, sur la partie la moins intéressante de l'histoire.

Comment cela a-t-il été possible ? Tout simplement en supprimant le personnage supplémentaire octroyé à Jean Marais dans l'opus précédent, en l'espèce le professeur Lefebvre, et en diminuant ses apparitions sous le masque de Fantômas. En effet, le criminel passe la majeure partie du film sous le masque de Lord MacRashley. Ainsi, ces deux personnages, Lord MacRashley et Fantômas déguisé en MacRashley, sont-ils interprétés par le même acteur, Jean-Roger Caussimon, omniprésent, ce qui réduit d'autant la participation de Marais.

Si le cadre de l'enquête, un château hanté, permet de renouer avec l'ambiance mystérieuse, romanesque, du premier film, le scénario est essentiellement axé sur les scènes de comédie avec De Funès. A l'exception des vingt dernières minutes, Jacques Dynam, qui joue le personnage de l'inspecteur Bertrand,, indissociable de celui de Juve, bénéficie même d'un rôle plus développé que celui de Jean Marais !

Le résultat est à la hauteur des espérances des fans de Fufu : le film est très drôle, et même s'il n'atteint pas la perfection du deuxième volet de la série Fantômas se déchaîne, reste un des tous bons dans la carrière du comique français numéro un.





REALISATEUR :

C'est bien entendu André Hunebelle qui reste derrière les caméras, assisté de Michel Wyn, le réalisateur de la seconde équipe. Michel Wyn aura un rôle non négligeable puisqu'il va tourner toutes les scènes d'extérieurs en Ecosse.

L'adaptation est signée Jean Halain et Pierre Foucaud. C'est peut-être celle qui respecte le plus les caractéristiques du personnage de Fantômas issu des romans. Malfaiteur cynique et un brin anarchiste, son idée d'impôt sur le droit vivre et sa réflexion sur les gangsters, qui doivent être mis dans le même sac que les privilégiés dans la « belle société », cadrent tout à fait avec le personnage de Pierre Souvestre et Marcel Allain.




DECORS :

Si les extérieurs utilisés pour le générique ont été tournés en Ecosse, près de Glasgow, l'essentiel des prises de vues ont été effectuées en France. Aucun acteur ne s'est déplacé au pays des kilts et des binious. Le château réputé écossais est en fait celui de Roquetaillade, situé en Gironde. Restauré au 19ème siècle par l'architecte Eugène Viollet-le-Duc, il a servi de décor à plusieurs films dont Le pacte des loups.

Les scènes de chasse à courre, qui occupent une part importante au milieu du film, ont été tournées dans la forêt de Fontainebleau.

Les intérieurs du château ont été reconstitués aux studios de Boulogne, sous la direction de Max Douy, qui demeure le responsable des décors.

Jean Marais, qui dépassait alors la cinquantaine, a eu un certain mal à effectuer les cascades, notamment lorsqu'il a dû escalader une façade de quinze mètres de hauteur, mais a refusé d'être doublé et est allé au bout avec courage.





GENERIQUE :

Le générique de début présente des vues de Fantômas déguisé en Sir Walter Brown, et de sa voiture déambulant dans les paysages écossais, sur le chemin du château de Lord MacRashley.

Le thème principal de Fantômas a été réorchestré à la sauce écossaise, pour une version très efficace. Michel Magne, le compositeur, a fait du bon travail. On retrouve aussi la musique habituelle lors des scènes de poursuites, et il n'en manque pas suite à l'enlèvement d'Hélène.






SCENARIO :

On a donc un script surtout axé que le comique. Louis de Funès est bien entendu le grand gagnant, mais Jacques Dynam voit également son rôle se développer considérablement, au point de faire jeu égal avec Jean Marais sur l'ensemble du film. Marais, réduit à la portion congrue, s'efface de bonne grâce, même si au fond, son ego a probablement souffert de cette situation.

Lord MacRashley, richissime châtelain écossais, reçoit son ami Sir Walter Brown pour négocier les termes d'un contrat d'assurance-vie qu'il est en train d'établir au bénéfice de son épouse. Il ignore que Lady MacRashley, qui le trompe avec son secrétaire, est décidée à se débarrasser de lui pour toucher cette fameuse prime d'assurance-vie. Il ignore aussi, mais va vite être mis au courant, que Walter Brown a été en réalité assassiné par Fantômas, et que ce dernier a pris sa place en utilisant un masque à son effigie.

Fantômas explique sans détours son plan à MacRashley. Il a décidé de mettre à contribution les humains en prélevant auprès des grosses fortunes un impôt sur le droit de vivre ( !). Comme il le fait remarquer à son hôte, n'a-t-il pas droit de vie et de mort sur lui ? C'est tout comme... Les riches devront donc payer s'ils veulent vivre. Fantômas calque son bureau de perception sur le système des impôts d'état. Il propose à Lord MacRashley d'adopter le forfait, soit trois milliards, plutôt qu'un impôt annuel qui à la longue serait ruineux, prévient que toute somme non encaissée à la date limite sera majorée de 10%, et qu'ensuite, à défaut de paiement, il sera contraint de lui envoyer un dernier avertissement avant exécution. Enfin, il ne devra parler de cet accord à personne, sous peine d'exécution immédiate. Après son départ en hélicoptère, il restitue le cadavre de Sir Walter Brown à son nouveau contribuable.

Lord MacRashley, qui n'est pas écossais pour rien, n'entend pas se soumettre à cette extorsion de fonds caractérisée. Il organise une réunion des plus grosses fortunes mondiales, et leur propose de contre-attaquer. La venue au château de Juve, Bertrand, Fandor et Hélène, les pires ennemis de Fantômas, devrait permettre de prendre le gredin au piège, de l'arrêter et de le démasquer.

Après un voyage mouvementé au cours duquel ils ont failli être écrasés par un arbre probablement scié sur ordre de Fantômas, les invités investissent le château. Lors de la première soirée, le commissaire Juve n'apprécie pas que son adjoint lui ait recommandé de porter le kilt : la tenue des deux hommes suscite au sein des invités une certaine hilarité. Juve se montre réticent à la proposition de Lady MacRashley de participer à une séance de spiritisme, seul moyen d'après elle de savoir qui a assassiné Sir Walter Brown, et qui est Fantômas. Mais le commissaire ne croît pas aux esprits.

Juve cède, mais Lady MacRashley lui reproche d'être réfractaire : Walter refuse de se manifester par sa faute. Dans ces conditions, le commissaire décide d'aller se coucher, accompagné par le maître d'hôtel à son service. A peine entré dans sa chambre découvre-t-il un homme pendu au plafond, avec un papier du percepteur épinglé sur son imperméable. Il ignore qu'il s'agit de Richard, un invité de la réunion de MacRashley qui avait ouvertement refusé d'obéir à Fantômas, et qui du coup a été exécuté par les hommes de main du malfaiteur.

Juve redescend au salon alerter Lord MacRashley et ses hôtes, mais lorsqu'il revient avec eux dans sa chambre, le cadavre a disparu. Tout le monde pense que le commissaire a la berlue, et Juve ressort de cette séquence mortifié.

La nuit suivante, le commissaire et Bertrand effectuent une ronde dans le château, déguisés en fantômes. Juve a aperçu la veille un spectre, et comme il ne croit pas aux esprits, il est persuadé qu'il s'agissait d'un homme de Fantômas déguisé en fantôme, et que les tenues de revenants encourageront les complices de Fantômas à prendre contact avec lui. Lorsqu'il regagne sa chambre, il trouve Lord MacRashley mort sur son lit, avec tout le décorum approprié ! Il s'agit en fait d'une nouvelle blague de Fantômas, qui a revêtu le masque de Lord MacRashley et se hâte de tout faire disparaître avant que Juve ne revienne avec des témoins.

Fandor, Hélène et les représentants de Scotland Yard commencent à se demander si Juve n'est pas fou, d'autant plus que le restant de sa tenue de fantôme ne contribue pas à le faire prendre au sérieux. Hélène lui laisse son appareil de photos afin qu'il puisse prouver ses dires s'il voit à nouveau un pendu ou un cadavre, et lui fait prendre un somnifère afin de le calmer. Pendant la nuit, Fantômas fait remplacer l'appareil d'Hélène par un appareil truqué.

Le lendemain matin, Juve découvre Lord MacRashley pendu dans sa chambre. Il le photographie et donne l'alerte. Problème : Lord MacRashley est attablé avec Fandor et les autres, en train de prendre son petit-déjeuner ! Il s'agit en fait de Fantômas, qui a pris définitivement la place de Lord MacRashley afin de s'approprier sa fortune. Hélène et Fandor acceptent sans enthousiasme de suivre Juve dans sa chambre, mais la photo ne révèle évidemment aucun pendu. Juve finit par croire qu'il s'agissait d'un fantôme et se recouche, accablé. Quant à ses amis, ils sont de plus en plus persuadés qu'il est mentalement dérangé, et ne vont pas se douter une seconde que le véritable Lord est mort et que son cadavre a été jeté dans le Loch Ness.

Fantômas décide d'étendre l'opération « impôt sur le droit de vivre » aux membres de la pègre. Les gangsters ne l'entendent pas de cette oreille et demandent à leur informateur André Berthier, le secrétaire de Lord MacRashley amoureux de sa femme, d'entrer en contact avec le châtelain pour former une union sacrée contre Fantômas. Sceptique, Berthier accepte, ignorant qu'il présente sa proposition à Fantômas.

Fantômas-MacRashley fait semblant d'accepter l'aide des gangsters mais, ulcéré pas cette résistance, décide d'enlever quelques nobles au cours de la chasse au renard devant se dérouler sur les terres du Lord. Selon lui, un otage est plus efficace qu'un mort. L'opération « Artaban » commence bien, mais est interrompue par la faute de Juve, qui a gâché l'appât de Fantômas, un chien déguisé en renard. De plus, André Berthier, poussé par Lady MacRashley, décide d'agir pendant le chasse. Il poursuit son rival et tente de le tuer.

Pendant la bagarre, Berthier découvre Fantômas sous son masque de Lord MacRashley. Pris de panique, il cherche à s'enfuir mais Fantômas le tue en le précipitant du haut d'une falaise d'un coup de poing. Manque de chance pour le criminel, Hélène a assisté à la scène. Elle trahit sa présence par un petit cri de frayeur. Fantômas comprend qu'Hélène a découvert son secret et ordonne à ses hommes de la rattraper et de la faire disparaître définitivement.

Hélène hurle en s'enfuyant, afin d'alerter Fandor. Son cheval va moins vite que ceux des malfaiteurs, qui ne tardent pas à s'emparer d'elle. Mais Fandor arrive à la rescousse. Il parvient à s'agripper in extremis au petit avion qui emmène Hélène et un homme de Fantômas, maîtrise le bandit et l'oblige à atterrir dans une clairière.

Réfugiés dans une cabane, Hélène et Fandor font parler l'homme de main. Son récit leur fait comprendre que Juve ne s'était pas trompé. Fandor ordonne au gangster d'appeler son patron par talkie-walkie et de lui dire qu'Hélène et lui-même ont été exécutés. Il est vital que Fantômas croie à leur mort pour garder une chance de le piéger et de le capturer.

Pendant ce temps, Juve est au repos dans une chambre du château. A la suite d'un quiproquo, le malheureux a cru que son cheval parlait ( !) et s'imagine à nouveau victime d'hallucinations. Lorsque vient la nuit, l'inspecteur Bertrand et lui sont enlevés par Fantômas et conduits dans le repaire secret du criminel, installé dans les sous-sols du château. Ils sont tous deux sommés de collaborer avec le bandit masqué, qui vient de leur prouver sa toute-puissance.

Le lendemain matin, Juve se réveille furieux. Il reproche à Lord MacRashley de n'avoir pas été mis au courant de l'opération « impôt sur le droit de vivre ». Fantômas l'a chargé de récolter un milliard en diamants parmi les rackettés, et de remettre la cassette avant minuit à Lord MacRashley (et pour cause !). Juve fait installer un bouton d'alarme lumineux afin que MacRashley prévienne lorsque Fantômas viendra chercher la cassette !

Bien entendu, Fantômas-MacRashley ricane dès que Juve et Bertrand quittent son bureau. Mais Hélène et Fandor, qui ont réussi à s'introduire dans le château surgissent et le menacent de leurs armes. Fantômas gagne du temps, juste assez pour atteindre le bouton d'alarme placé par le commissaire sous son bureau.

Ce qui devait arriver arrive : Juve et Bertrand surgissent et pointent leurs armes derrière Hélène et Fandor, les prenant pour des sbires de Fantômas. La confusion qui s'en suit permet au bandit de s'enfuir, et Juve finit par comprendre la supercherie.

Une épaisse fumée indique que Fantômas s'apprête à partir dans une fusée installée dans une des tours du château. Scotland Yard déclenche alors « l'Opération Libellule » : la fusée part mais elle est rapidement abattue en plein vol par un missile écossais. Le commissaire Juve, Fandor et leurs amis jubilent. Pour eux, Fantômas est mort, désintégré en plein vol avec sa fusée. Ils ignorent que la fusée n'était qu'un leurre destiné à faciliter la fuite du criminel par une autre voie, et que Fantômas est en train de rouler tranquillement à vélo, emportant la cassette de diamants.






DISTRIBUTION :

On prend les mêmes et on recommence pour ce troisième film : à commencer par Louis de Funès, interprète désopilant du fameux commissaire Juve, et qui s'en donne à cœur joie sur un scénario écrit en grande partie pour lui. Un observateur a été jusqu'à écrire à la sortie du film : « Ce n'est plus Fantômas contre Scotland Yard, c'est Louis de Funès contre les fantômes » ( !).

Les mêmes, c'est aussi Jean Marais, certes moins présent mais dont le charme et la prestance peuvent toujours séduire dans le rôle de Fandor, sans compter quelques apparitions en tant que Fantômas masqué.

Les mêmes, c'est enfin, du moins dans les rôles principaux, Jacques Dynam, toujours aussi remarquable en inspecteur Bertrand, l'adjoint stupide et maladroit du commissaire Juve, et l'atout charme de la série Mylène Demongeot, interprète d'Hélène, l'éternelle fiancée de Fandor (à quand le mariage ?...). Contrairement aux films précédents, Hélène n'a plus aucune dispute ni divergence avec Fandor, l'apaisement est total entre les tourtereaux.

Les mêmes, c'est évidemment la voix de Fantômas Raymond Pellegrin, dont le timbre et les ricanements sont devenus légendaires.

Le rôle le plus important en dehors de celui attribué à Louis de Funès est dévolu à Jean-Roger Caussimon, épatant dans la peau de Lord MacRashley... et de Fantômas déguisé en Lord MacRashley. On doit souligner la composition parfaite de ce très bon acteur sur les scènes, très nombreuses dans la seconde partie du film, où il joue Fantômas déguisé : il parvient à donner suffisamment de raideur à ses traits pour que l'on puisse croire qu'il porte un masque. Même si Jean Marais conserve quelques scènes importantes en fin de film, dans l'ensemble Caussimon est beaucoup plus présent, et on ne s'en plaindra pas car son jeu est autrement plus convaincant que celui de Marais.

Autres personnages très présents, ceux de Lady MacRashley et de son amant, le secrétaire de son mari André Berthier. Sous une apparence honnête et dévouée, Berthier n'est qu'une petite crapule arriviste, prête à liquider son patron et à épouser sa femme, pourtant plus âgée que lui, pour faire main basse sur sa fortune, sans compter les extras gagnés en tant qu'informateur de la pègre locale. Henri Serre joue le rôle à la perfection. Cet acteur peu connu mais très doué a mené sa carrière tant au théâtre qu'au cinéma et à la télévision, où il se glissa même dans le peau du général de Gaulle pour un téléfilm datant de l'année 1990 !

Le personnage de Dorothée MacRashley est moins antipathique. C'est une aristocrate désœuvrée et mystique, qui s'occupe en se tirant les cartes et en pratiquant l'occultisme et le spiritisme. Elle est sincèrement attirée par le jeune loup et accepte l'assassinat du vieux mari gênant pour vivre enfin libre avec son amant. Voilà un rôle qui sied parfaitement à l'excellente Françoise Christophe. Après une longue carrière au théâtre et au cinéma, cette comédienne a connu un regain de popularité en 2003, à l'âge de 80 ans, grâce à l'amusant programme court de Canal Plus Chez maman, diffusé dans une émission de Stéphane Bern, et où elle incarnait de manière satirique une vieille bourgeoise dotée de tous les préjugés inhérents à sa classe sociale. Elle est décédée en 2012 à l'âge de 88 ans.

Nul doute que ces trois rôles ont apporté un plus à ce troisième volet. En effet, ces personnages intermédiaires n'existaient pas sur le premier film. Quant au deuxième, leur équivalent était le professeur Lefebvre, interprété par un Jean Marais grimé de façon outrancière, trop sollicité et finalement peu convaincant.

Preuve de l'influence grandissante de Louis de Funès, le comique a réussi à caser dans les rôles de domestiques quelques-uns de ses proches, alors même que le film est de Hunebelle, issu de l'entourage de Jean Marais. Max Montavon joue Alexandre, le serveur maniéré effrayé par les propos de Juve au sujet des pendus et autres cadavres : il croit que ceux-ci se trouvent dans sa propre chambre et non dans celle du commissaire, d'où un festival de « Ah ! Quelle horreur ! ». Et Jean Ozenne dans le rôle d'Alexandre, le maître d'hôtel obséquieux affecté au service du commissaire Juve ! Le type même du petit rôle qu'on remarque, déjà complice de Louis l'année précédente sur Le Grand restaurant.

Autres habitués des films de Fufu et que l'on retrouve avec étonnement ici, Dominique Zardi en pilote et homme de main au service de Fantômas, et Henri Attal en interprète du simple d'esprit Godfrey. La surprise vient du fait que ces deux comédiens interprétaient des personnages qui avaient trouvé la mort dans le film précédent, victimes des cigares-pistolets du commissaire Juve. Il semble que Hunebelle ait tablé sur le fait que le public ne remarque guère les rôles secondaires pour les ressusciter...

Pour interpréter Tom Smith, le policier de Scotland Yard présent en renfort, c'est André Dumas qui a été choisi. Cet acteur a joué dans un nombre considérable de films et de séries, la plupart du temps dans des rôles secondaires.

Le reste de la distribution est constitué de petits rôles. Les principaux hommes de la mafia sont interprétés par Guy Delorme, Rico Lopez, Bob Lerick, Paul Pavel et Gilbert Servien. Ce Gilbert Servien est connu pour avoir poursuivi une carrière dans des films pornographiques des années 70 et 80, après avoir tourné dans nombre de films du cinéma « normal ».

Une oreille attentive aura remarqué que le maharadjah de Kimpura s'exprime en langue... russe. Ceci peut paraître bizarre de la part d'un Indien, mais son interprète Michel Thomass, d'origine russe, s'est tout simplement exprimé dans sa langue maternelle, qui a dû paraître aux yeux (et aux oreilles...) de Hunebelle suffisamment exotique pour les spectateurs français. Roger Trapp est l'acteur qui joue l'interprète du maharadjah. Lors de ce conseil de guerre, on retrouve aussi Richard, l'homme à l'imperméable clair qui se moque des menaces de Fantômas, sous les traits d’Hubert de Lapparent.

Robert Dalban, toujours directeur du Point du Jour, ne fait qu'une apparition en début de film, tout comme dans le volet précédent. C'est Antoine Baud qui incarne William, l'aristocrate enlevé par Fantômas, et Rita Lenoir qui joue la vedette descendant de l'avion.

Le plus étonnant est pour la fin avec la présence dans un rôle de figurant de Roland Giraud, alors débutant. Oui, Roland Giraud, un des gardes de Fantômas lors de la rencontre souterraine avec Juve et Bertrand, descendus sur un lit et par ascenseur !







TEMPS FORTS :

Un des grands ressorts du comique de Louis de Funès est la parfaite mauvaise foi. On trouve de bons exemples dans ce film. Lorsque Bertrand a convaincu Juve de porter le kilt et que tous les autres participants à la soirée sont en smoking, une polémique éclate entre les deux hommes. L'inspecteur maintient que la tenue de soirée officielle en Ecosse est le kilt, alors que le commissaire affirme que c'est le smoking. Un peu plus tard, Juve suit Alexandre, le maître d'hôtel, jusqu'à sa chambre. Extraits de la conversation :

« Permettez-moi de faire un compliment à Monsieur le commissaire.
-Allez-y, allez-y !
-Monsieur le commissaire porte très bien le kilt.
-Ah ! Mais au fait, je voulais vous demander : est-ce que ça se porte toujours ?
-Naturellement ! En soirée, tout le monde devrait porter le kilt.
-Et mon assistant qui me soutenait le contraire ! Donc, j'avais raison !
-Mais les traditions se perdent. Tous ces hommes en pantalon, c'est d'un triste ! »


Mauvaise foi aussi en fin de film, toujours envers l'inspecteur Bertrand. Lorsque les choses semblent mal tourner, Juve ne cesse de répéter à l'attention de son adjoint « VOUS l'avez raté ! ». Mais lorsque la fusée est désintégrée et que Juve croit Fantômas mort, c'est « JE l'ai eu ! »

Autre classique du registre de Fufu, la langue de Shakespeare. La première scène où Juve apparaît est une conversation téléphonique avec Lord MacRashley, dont voici les termes :

« Yes, my lord ! Yes, my lord ! I beg your pardon, my lord, but in my opinion I am sure, mais alors I am tout à fait sure, que c'est un coup de Fantômas !... Oh ! I am confuse. It is a great honneur for me to be invited in your château.
-Vous êtes invité avec votre assistant.
-Very well, my lord ! I accept.
-A demain, Monsieur Juve !
-At tomorrow, my lord, at tomorrow! »


L'hégémonie funésienne sur ce troisième film va de pair avec le développement du rôle de l'inspecteur Bertrand, d'où un certain nombre de scènes de comédies très plaisantes entre les deux hommes. Hormis celles déjà citées, il y a l'histoire du merle, pendant la chasse au renard :

« Où est mon cheval ?
-Là-bas !
-Je ne le vois pas !
-Si, regardez ! Sous le merle !
-Y'a pas de cheval sous le merle !
-Si.
-Eh ! Bien, maintenant, je ne vois plus le merle !
-Vous voyez le cheval ?
-Oui!
-Au-dessus !
-Ah ! Oui ! Je vois le merle ! »


Lorsque Bertrand retrouve enfin le cheval, il doit faire la courte-échelle à un Juve plus désagréable que jamais, qui n'arrive pas à monter sur la monture récalcitrante. Mais dès qu'il est installé sur le cheval et que Bertrand demande comment il va rentrer, la réponse fuse :

« Vous vous débrouillez ! Allez chercher votre cheval et merci ! »

Juve ignore qu'il s'agit du cheval de Fantômas, équipé d'un émetteur-récepteur de radio. Les hommes de Fantômas, inquiets de ne pas avoir de ses nouvelles, choisissent ce moment pour l'appeler. Le hasard fait que le cheval remue les lèvres comme si c'était lui qui prononçait les phrases réceptionnées :

« Alors, patron, quand est-ce qu'on rentre ? Commence à se faire tard ! Alors, on rentre ?
-Euh ! Oui. Passez devant, je vous suis ! »
, bafouille le pauvre Juve, qui croit que le cheval parle, et s'imagine à nouveau victimes d'hallucinations ! A son retour, il préfère se mettre au lit :

« Vous savez, il m'a parlé le cheval ! Où est-il ?
-Euh ! On est en train de l'interroger...
-Il a avoué ?
-Oh ! Oui...
-Alors tant mieux ! Oh ! Mais où sommes-nous ?
-On vous a installé dans la chambre voisine de celle de Lord MacRashley. Comme ça, nous veillons sur lui, et je veille sur vous. »


Mais le commissaire ne va pas tarder à trouver son adjoint un peu trop familier. En voulant border son chef, Bertrand échappe par mégarde son revolver dans le lit. Très ennuyé, il commence à tâter partout, à regarder sous les draps, sans se rendre compte que Juve ne dort pas. Il faut voir la tête de De Funès, excédé par ces gesticulations, et qui finit par croire que l'inspecteur Bertrand a des mœurs spéciales ! Il met fin à l'épisode sèchement :

« Et alors ?
-J'ai oublié mon pistolet dans votre lit.
-Vous croyez que ça prend ?... Pffft ! Est-ce possible ?.... Quelle horreur !... »


Le lendemain, Juve et Bertrand mettent au point leur plan avec Lord MacRashley (donc Fantômas) :

« A ce moment-là, je surgis !
-Nous surgissons !
-Vous surgissez !
-Ils surgissent ! »


A plusieurs reprises, on se rend compte que Bertrand est plus courageux que son patron. Ainsi, alors que Juve semble terrorisé par l'histoire du chemin des trois pendus, Bertrand lance un dédaigneux « Mais c'est une légende, voyons ! Il n'y a rien à craindre ». Et lorsque les deux policiers se retrouvent à la merci de Fantômas, dans les sous-sols du château, il est évident que Juve est plus disposé à collaborer que Bertrand, qui l'incite à résister.

L'excitation de Juve est habilement exploitée par Fantômas, qui n'a aucun mal à faire passer son ennemi pour un déséquilibré. On avait vu dans l'opus précédent comment le « premier policier de France » se retrouvait chez les fous. Ici, avant même l'histoire du cheval qui parle, ce sont les séquences des pendus et sur Lord MacRashley mort dans sa chambre qui ridiculisent le malheureux commissaire. Un moment très cocasse se produit lorsque MacRashley surgit alors que Juve vient de le trouver mort dans sa chambre (en fait, c'était Fantômas qui faisait le mort) :

Juve : « Ah ! Ça ! Mais vous n'êtes pas dans mon lit ? »
Lord MacRashley : « Dites donc ! Je le saurais ! »
Lady MacRashley : « Ne vous inquiétez pas, commissaire, tout cela est bien naturel ! »
Juve : « Comment cela ? Je trouve votre mari mort dans ma chambre et peu après il sort de la sienne, et vous trouvez cela naturel ? »
Lady MacRashley : « Nous avons tous notre double dans l'au-delà. C'était son double, tout simplement ! »
Juve : « Mettez-vous bien dans la tête que je ne crois pas aux fantômes !.... Oh ! Mais je comprends tout ! (à MacRashley) « C'est toi, hein ? C'est toi Fantômas ! Tu as assassiné Lord MacRashley et tu as pris sa place ! Donne-moi ton masque ! Allez, donne-moi ton masque ! » (joignant le geste à la parole).
Lord MacRashley : « Enfin, commissaire, vous voyez bien que je n'ai pas de masque ! Monsieur Juve, c'est assez de familiarités ! Bonsoir ! »

Séquence du même type lorsque Juve trouve MacRashley pendu dans sa chambre, sauf que cette fois-ci il s'agit du véritable lord, et c'est Fantômas qu'il retrouve à sa place à la table du petit-déjeuner.

« Oh ! Quelle horreur !
-Je vous en prie ! Modérez vos expressions !
-Mais venez vous voir, vous êtes pendu, vous êtes comme ça ! »


Comme toujours, Juve voit Fantômas là où il n'est pas, mais n'aura aucun soupçon pendant les nombreux jours qui suivront envers Lord MacRashley. Les occasions de lui enlever son masque ne vont pourtant pas manquer !

La méfiance de Juve envers le spiritisme est habilement exploitée. Réticent, le commissaire n'accepte de participer à la séance organisée par Lady MacRashley que suite à l'insistance de cette dernière car, selon elle, les yeux de Juve prouvent qu'il doit être un médium extraordinaire. Fandor et Hélène achèvent de convaincre Juve de se montrer galant avec sa charmante hôtesse. Le courant est coupé juste au moment où le petit doigt du commissaire entre en contact avec celui de Lady MacRashley. Du coup, Juve le retire soudainement, se croyant responsable de l'incident ! Jugé réfractaire par Lady MacRashley, Juve en profite pour laisser ses compagnons faire tourner les tables sans lui et va se coucher, non sans susciter une cascade de rires en raison de son kilt malencontreusement relevé, qui laisse voir ses sous-vêtements.

Avec De Funès, le comique n'attend même pas d'être au château pour se déchaîner. Ainsi, l'arrivée à l'aéroport. Juve croit que la foule qui se masse devant l'avion n'attend que lui :

« Oh ! Regardez ! Regardez ! Les jolies fleurs, comme c'est gentil ! »

Mais les jolies fleurs sont destinées à une diva qui sort de l'avion peu après. Ce quiproquo suscite l'hilarité de Fandor, Hélène et Bertrand, et les sourires ne se dissipent qu'à l'arrivée d'André Berthier, venu attendre le petit groupe avec sa voiture.

Quelques scènes comiques sont jouées par d'autres que Louis de Funès. Surtout, la scène du maharadjah est fort réussie. Le maharadjah de Kinpurah détonne parmi les riches invités au conseil de guerre de Lord MacRashley. Il annonce par l'intermédiaire de son interprète qu'il est le plus lourdement taxé par Fantômas, à qui il doit remettre à la fin de chaque année l'équivalent de son poids de diamants bruts. Le maharadjah étant obèse, le caustique Richard lui propose de lui donner l'adresse d'un excellent masseur qui lui fera perdre au moins cinquante kilos d'ici à la fin de l'année. La philosophie du maharadjah, présentée sous forme du proverbe « La foudre frappe, mais la pluie de l'orage fait fleurir le cerisier », ne semble guère intéresser les participants...

Concernant les parties non comiques, la plus intéressante est la première scène, lorsque Fantômas présente son movie box, sorte de lecteur de DVD portable d'anticipation, et rare gadget de ce troisième film, plus avare en ce domaine que son prédécesseur.





POINTS FAIBLES :

La poursuite à cheval, suivie des séquences de préparatifs de Fandor et Hélène dans la cabane, et l'intrusion de ces derniers par surprise dans le château, toutes ces scènes de la dernière partie du film provoquent une certaine baisse d'intérêt. Alors que minuit sonne, on voit très bien que la scène a été tournée en plein jour, et le soleil de minuit en France n'est guère crédible...

Alors que Mylène Demongeot est en progrès dans son jeu d'actrice, Jean Marais, sans doute déçu par son passage en second plan, ne semble pas très motivé. Lorsqu'il annonce « Cette fois tu as perdu, Fantômas ! », le ton sonne faux, mais alors vraiment faux.

Les scènes de cadavres et de pendus dans la chambre sont drôles, mais à partir de la troisième cela commence à faire beaucoup. Sans doute aurait-il été judicieux de limiter leur nombre à deux.






ACCUEIL :

L'accueil du public est toujours chaleureux, bien que les entrées soient en légère baisse par rapport aux deux premiers films de la série avec 3 millions et demi de spectateurs. Le succès continue à se prolonger à l'étranger, en Espagne avec plus de 2 millions de spectateurs, en Italie et en Russie.

La saga des Fantômas a enregistré 60 millions d'entrées en Union soviétique. Ce succès phénoménal suscite l'intérêt des producteurs, qui prévoient de tourner là-bas le quatrième volet de la série, intitulé Fantômas à Moscou. On peut d’ailleurs y déceler une certaine logique : un gangster qui veut taxer les riches a toutes les chances de plaire dans un pays communiste...

L'amertume de Jean Marais quant au déclin de son influence et les prétentions financières exorbitantes, tant de Marais que de De Funès, provoqueront l'abandon du projet. Fantômas contre Scotland Yard constitue donc la fin de la série.

Au final, la saga des Fantômas fut meilleure que celle des Gendarme. Déjà plus intéressante dans son concept initial, la série bénéficié du fait qu'avec seulement trois films à son actif, elle n'a pas eu le loisir de décliner, tandis que les Gendarme n'ont pas eu cette chance...





SYNTHESE :

Très bonne conclusion pour une série de trois films qui auront marqué la carrière de Louis de Funès.
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Louis de Funès (1914 - 1983) - Page 9 Empty Re: Louis de Funès (1914 - 1983)

Message  Invité Ven 23 Nov 2012 - 22:35

Une très bonne émission de France Culture, avec les mauvaises critiques de l'époque du Masque et la Plume en live et un commentaire de De Funès sur le rire 'intellectuel' hilarant:
http://www.franceculture.fr/emission-une-vie-une-oeuvre-louis-de-funes-1914-1983-2012-11-17
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Message  Philo Sam 24 Nov 2012 - 10:07

Bientôt 30 ans.
Sacré Fufu !!!


Dernière édition par Philo le Sam 24 Nov 2012 - 18:34, édité 1 fois
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Message  Invité Sam 24 Nov 2012 - 18:12

France 2 propose une soirée spéciale Louis De Funès mardi 11 décembre
2012. En première partie de soirée est diffusé un documentaire inédit
consacré à l’acteur dans le cadre de la collection documentaire Un
Jour/un destin. À partir de 22h40, la soirée se poursuit avec le film Le
Petit Baigneur réalisé par Robert Dhéry.

Pourquoi sont-ils
encore, près de trente ans après sa mort, des millions de
téléspectateurs à suivre Louis de Funès dans les scènes mythiques du
Corniaud, de La Grande Vadrouille ou encore de la série des Gendarmes ?
Qui se cache derrière le masque de l’humour ? Une nouvelle fois, les
équipes d’Un jour/un destin vous révèlent une personnalité plus complexe
et plus intime. Vous découvrirez notamment l’influence de son épouse
Jeanne sur les plateaux, mais aussi un père de famille angoissé par la
peur que tout s’arrête. Car Louis de Funès a attendu de nombreuses
années avant de devenir une star du cinéma français comme Bourvil.
D’ailleurs, ses relations avec l’autre génie de l’humour ont-elles
toujours été sereines ? Enfin, comment le tournage des Aventures de
Rabbi Jacob a-t-il finalement révélé la face la plus cachée de son
personnage ?

À l’aide d’images d’archives et des témoignages de
ses proches et de ses partenaires à l’écran, Un jour/un destin raconte
un acteur populaire et tourmenté. En plateau, Laurent Delahousse reçoit
Mylène Demongeot, Claude Gensac, France Rumilly (sœur Clotilde dans la
série des Gendarmes) et Michel Galabru pour évoquer leurs souvenirs
communs avec Louis de Funès.
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Message  phildlm Sam 15 Déc 2012 - 23:30


LE GENDARME DE SAINT-TROPEZ****



Production : Société Nouvelle de Cinématographie
Scénario : Jacques VILFRID, Richard BALDUCCI
Adaptation : Jacques VILFRID, Jean GIRAULT
Dialogues : Jacques VILFRID
Réalisation : Jean GIRAULT
Musique : Raymond LEFEVRE
Paroles : André PASCAL (« Do you Saint-Tropez »)





Le gendarme Cruchot, veuf avec une jeune fille de dix-huit ans, exerce sa fonction avec zèle dans un village des Hautes-Alpes jusqu'au jour où il est nommé adjudant à Saint-Tropez. Il fait la connaissance de son supérieur, l'adjudant-chef Gerber, et de ses hommes, avec qui il se montre intraitable. Habitué à arrêter des braconniers et des voleurs de poules, le brave gendarme n'est pas au bout de ses surprises, entre chasse aux nudistes et frasques de sa fille, devenue mythomane pour épater les jeunes snobs de la Côte d'Azur.



GENESE :

Le Gendarme de Saint-Tropez est le film qui, avant même Le Corniaud et Fantômas, va installer Louis de Funès au rang d'immense vedette française du cinéma comique. Les personnages de la saga ont été créés par Richard Balducci, qui a bien senti le potentiel de Fufu pour interpréter ce genre de petits chefs autoritaires, mielleux avec leurs supérieurs et insupportables avec leurs subordonnés.

L'adjudant Cruchot est tout à fait dans la lignée du genre comique que Louis de Funès connaissait par cœur, voir par exemple son personnage de gendarme dans Ni vu, ni connu. La différence, c'est que le film dispose de plus gros moyens financiers, et les vues superbes de Saint-Tropez vont s'ajouter au talent de l'acteur, parvenu au sommet de son art, pour produire un succès inégalé pour De Funès, succès populaire qui perdurera jusqu'à sa mort.

Les producteurs cherchent avant tout la réussite commerciale à moindre coût. S'ils ne vont pas lésiner sur les moyens matériels, ils vont économiser sur les acteurs, n'engageant aucune vedette à gros cachet, sachant que Louis n'était pas encore très onéreux comme acteur principal.

Michel Galabru se souvient d'avoir surpris une conversation significative :

« Sur ce film, vous mettez De Funès, et puis vous engagez des ringards. Les autres acteurs, je ne veux pas les payer ! »

Galabru eut une pensée émue pour les malheureux acteurs qui allaient être engagés sur le film en question, et découvrit par la suite qu'il était l'un d'entre eux, et même le principal d'entre eux...





REALISATEUR :

Jean Girault, cinéaste honni par les partisans du cinéma d'auteur, va prendre les commandes du film, et réalisera d'ailleurs l'ensemble de la saga.

A compter de cette époque, il devient le metteur en scène favori de Louis de Funès, qui apprécie la liberté quasi totale qu'il lui laisse dans l'interprétation de ses personnages. Girault n'est là que pour la partie technique de la réalisation, et laisse les coudées libres à son acteur principal concernant sa façon d'interpréter ou les petits changements de scénario de dernière minute, coutumiers avec Fufu, toujours créatif lorsqu'il s'agit d'améliorer un script par l'ajout de nouveaux gags.




DECORS :

La séquence pré-générique, censée se dérouler dans les Hautes-Alpes, a été tournée en fait sur la petite commune de Belvédère, dans les Alpes-Maritimes. Les autres scènes d'extérieurs ont utilisé à merveille les décors naturels de Saint-Tropez et de ses environs, le lieu le plus célèbre étant évidemment l'ancienne gendarmerie de Saint-Tropez, alors que les scènes d'intérieurs ont été tournées dans les studios de la Victorine à Nice.

Ce film inaugure une recette gagnante qui sera renouvelée à cinq reprises pendant près de vingt ans : scènes comiques de Louis et de ses acolytes se déroulant toujours par beau temps, en plein été, au sein des magnifiques paysages azuréens de Saint-Tropez et alentours. C'est bien connu, le ciel est toujours bleu à Saint-Tropez, en tous cas c'est le sentiment que peuvent avoir les spectateurs après avoir vu les six films de la série...

Côté voitures, la célèbre Mustang de Ford joue un rôle important. Le modèle rouge présenté est magnifique. Mais ce qui reste le plus dans les mémoires est bien entendu la Deux-Chevaux de Sœur Clotilde...





GENERIQUE :

Après une assez longue séquence pré-générique en noir-et-blanc, le générique provoque un choc, tant par la tonalité presque agressive des premières notes de musique que par le contraste entre la grisaille qui précède et les couleurs de Saint-Tropez nimbée de lumière, avec son soleil et son ciel bleu immaculé. Comme le remarque Nicole Cruchot en arrivant : « C'est magnifique ! ».

Preuve du handicap constitué par le noir-et-blanc, la séquence pré-générique a purement et simplement été zappée lors d'une diffusion du film sur TF1 il y a quelques années, un dimanche soir. Le film a donc débuté sur le générique et ses vues en couleur de Saint-Tropez. Il est vrai que l'on peut suivre le scénario sans avoir vu Cruchot dans les Hautes-Alpes, mais il est évidemment très dommageable que, par peur que la « ménagère de cinquante ans » ne change de chaîne à la vue du noir-et-blanc, les responsables de la chaîne commerciale aient éliminé une séquence de cinq minutes loin d'être dénuée d'intérêt.

La musique très militaire composée par Raymond Lefèvre sera réutilisée dans la plupart des films de la série. Bien adaptée aux aventures de Cruchot et Compagnie, elle n'a cependant rien d'exceptionnel, et je la trouve inférieure aux compositions de Vladimir Cosma qu'on trouvera sur les films des années soixante-dix.

En pire, il faut se coltiner la chanson de Nicole « Dou you, Dou you, Saint-Tropez », lors des scènes avec les jeunes oisifs... A tout prendre, le meilleur moment musical est finalement la chanson d'Henri Salvador Zorro est arrivé !, dont un extrait du refrain est diffusé lors de la scène des rêves.

Le générique final se déroule sur fond de défilé de nos gendarmes entre deux groupes de majorettes, sur la rue principale de Saint-Tropez, et inaugure une tradition incontournable, au point qu'on pourrait croire que ce sont les mêmes images qui ont conclu les six films, si on ne constatait le vieillissement de Fufu lors des dernières versions.





SCENARIO :

Si j'écris que le scénario de ce film est particulièrement bien agencé et a révolutionné le cinéma, cela apparaîtra comme un trait d'humour. Qu'on se le dise, la saga des Gendarme n'aura jamais de scénarios égalant ceux des films de Gérard Oury. On a affaire avant tout à une succession de gags, le talent des acteurs assurant le spectacle et le succès de la série.

Le gendarme Ludovic Cruchot fait respecter la loi d'une main de fer dans la petite commune des Hautes-Alpes où il vit en compagnie de sa fille Nicole. Son quotidien de représentant de l'ordre, veuf avec un enfant, est peuplé d'arrestations de braconniers, de voleurs de poules et de pêcheurs de poissons trop petits selon les règlements. Passionné par son travail, Cruchot n'hésite pas à tendre des pièges à ses adversaires, par exemple en imitant des caquètements de poules pour les prendre la main dans le sac.

Nicole s'ennuie dans ce village perdu où les loisirs ne sont pas légion, la seule occupation de Cruchot semblant être de chanter dans une chorale...

Un jour, la grande nouvelle arrive : Cruchot est muté dans le Var avec un galon de plus ! Nicole découvre avec ravissement les paysages de la Côte d'Azur, et le Chef Cruchot fait la connaissance de son supérieur l'adjudant Jérôme Gerber et de ses hommes. Toujours zélé, il a dressé une demi-douzaine de contraventions entre sa sortie de l'autocar et son arrivée à la gendarmerie, mais Gerber apprécie peu ce « cadeau », surtout lorsqu'il découvre que la voiture du maire de la ville se trouve parmi les victimes.

Les premières journées de travail ne sont guère éprouvantes puisque les gendarmes passent leur temps à pêcher, jouer à la pétanque et faire la sieste. Alors que ses acolytes rêvent de vahinés et de héros de péplum ou de cinéma, les songes de Cruchot sont plus actifs : il se voit à la guerre, en train de faire des prisonniers.

La tranquillité se termine lorsque des nudistes se révèlent coriaces : il s'avère impossible de les prendre en flagrant délit, en raison d'un guetteur perché au sommet d'un arbre, qui les prévient à chaque tentative de Gerber et de ses hommes. Résultat : les nudistes ont le temps de se rhabiller avant l'arrivée des forces de l'ordre.

L'adjudant Gerber est désespéré par cette succession d'échecs, et Cruchot décide d'imposer à ses hommes un entraînement physique éprouvant afin d'améliorer leurs performances. La stratégie est totalement revue car, fort de ses conclusions tirées de l'analyse de données contradictoires, entre le nudiste « homme tout nu » et le gendarme « homme tout habillé avec un uniforme », Ludovic estime que la seule chance de réussite est de placer un gendarme dénudé parmi les vrais nudistes.

Face à l'absence de candidat pour se mettre nu au milieu des nudistes, Cruchot tire au sort le «volontaire », qui s'avère être le gendarme Fougasse, déçu par la tricherie de son chef, que le véritable tirage au sort avait désigné. Fougasse désire conserver «un tout petit slip », mais Ludovic ne veut pas en entendre parler.

L'opération est un succès total, et l'adjudant-chef Gerber, qui a laissé Cruchot et ses subordonnés faire tout le travail, vient défiler devant les nudistes arrêtés en scandant « JE les ai eus ! » en signe de triomphe.

Nicole rencontre plus de difficultés d'adaptation avec les jeunes fils à papa de Saint-Tropez. Lasse des quolibets reçus en raison de sa tenue vestimentaire désuète, elle s'achète une robe à la dernière mode, mais son striptease improvisé devant la gendarmerie, sous les regards ravis des hommes de Cruchot, scandalise son père. La robe qu'il choisit d'acheter à la place provoque l'hilarité des jeunes de Saint-Tropez.

Pour être adoptée par les jeunes, Nicole se fait passer pour la fille d'un milliardaire américain, en vacances à Saint-Tropez sur son magnifique yacht. Manque de chance, un des jeunes, amoureux de Nicole, croit que la voiture garée devant le yacht appartient au père de cette dernière, et l'emprunte au cours de la nuit, malgré l'opposition de Nicole. La voiture, une superbe Mustang décapotable, s'enlise dans un fossé, en pleine campagne. Nicole prévient son père. Furieux de risquer sa carrière à cause d'une bêtise de sa fille, Cruchot répare l'automobile et la ramène sur le port, non sans avoir failli être surpris par deux de ses hommes. Il ignore que le coffre contient un Rembrandt volé dans un musée.

Le lendemain, Nicole rencontre un de ses camarades alors qu'elle fait les courses en compagnie de son père. Nicole supplie Ludovic de jouer le jeu, lui demandant de se faire passer pour Archibald Ferguson, un milliardaire américain propriétaire d'un yacht. Cruchot, réticent, est contraint d'accepter et compose un milliardaire en vacances, qui « fait sa popote sur son yacht ». Mais les parents du camarade de sa fille, un couple de snobs, l'invitent à une réception mondaine.

Cruchot finit par céder à sa fille et s'habille en milliardaire, costume blanc et chapeau assorti, pour se rendre à la réception. Un concours de circonstances le met en possession du tableau volé, que son hôte découvre sans surprise. Pensez donc, quoi de plus naturel qu'un américain excentrique ayant fait fortune dans le coton ait acquis un Rembrandt ?

C'est alors que surgit l'adjudant Gerber, invité à la réception en tant que chef de la police locale. Cruchot réussit à lui échapper et à s'enfuir, mais laisse le tableau, dont Boiselier, son hôte, parle à Gerber. L'adjudant, qui enquête sur le vol du Rembrandt, est intrigué et demande à voir le tableau, qu'il identifie immédiatement. Gerber découvre avec stupéfaction que « Mademoiselle Ferguson » n'est autre que la fille de Cruchot. Face aux témoignages des gendarmes Merlot et Fougasse, qui ont identifié Cruchot au volant de la Mustang, sa conclusion est évidente : le malheureux Cruchot, qui la veille encore était pour lui le type même du gendarme exemplaire, devient une vipère, un vulgaire voleur de tableaux infiltré au sein de la gendarmerie. Et voilà la brigade lancée aux trousses de Ludovic !

Que devient notre brave Cruchot pendant ce temps ? Il est fait prisonnier par le véritable voleur, le propriétaire du yacht. Nicole et ses amis, qui ont tout compris, interviennent au moment où le malfaiteur s'apprêtait à faire disparaître ce témoin gênant. Les bandits sont arrêtés, et c'est le jour de gloire pour Cruchot, qui livre les coupables à Gerber au moment où celui-ci arrivait pour l'arrêter.





DISTRIBUTION :

Louis de Funès compose un Ludovic Cruchot à la fois autoritaire et sympathique. Autoritaire et nerveux avec ses hommes, allant parfois jusqu'à l'ignoble, il est servile envers son chef l'adjudant Gerber, même s'il ne va pas jusqu'à employer les « Mmmmmmh ! » de flatterie que l'acteur utilise souvent en face des puissants. Sympathique tout de même par son courage face à l'adversité et par sa vie familiale, l'affection qu'il éprouve pour sa fille, illustrée par ce dialogue :
« Mais Papa, je veux juste m'habiller comme tout le monde...
-Mais tu n'es pas tout le monde, tu es ma fille ! »

Il semble que Cruchot compense l'absence de sa femme en jouant au « père poule ».

Michel Galabru tient le rôle de l'adjudant Gerber, et ne le lâchera pas jusqu'à la fin de la saga. Il a hérité du rôle après le désistement de Pierre Mondy, qui a renoncé pour une pièce de théâtre. Son personnage est ambigu envers Cruchot. Il semble le tenir en sa plus haute estime, mais ne perd pas une occasion de le dénigrer au tournant, comme s'il y avait une rivalité entre eux. Que par la suite, Gerber soit jaloux de Josépha expliquera cette rivalité, mais ici Cruchot n'a pas d'épouse fortunée et attirante. La relation de méfiance envers les deux hommes est donc singulière, et probablement motivée par les effets comiques recherchés. Le fait est que Gerber conclut un peu vite et avec une satisfaction visible à la culpabilité de Cruchot, il est vrai encouragé par les persiflages de Fougasse et de Merlot.

Justement, les deux hommes principaux de Gerber et Cruchot sont les gendarmes Fougasse et Merlot, respectivement interprétés par Jean Lefebvre et Christian Marin, deux excellents acteurs qui sont sous-employés sur ce film, mais moins cependant que les duettistes Guy Grosso et Michel Modo, interprètes des gendarmes Tricard et Berlicot, et réduits à de la quasi-figuration. Dans les films suivants, ces quatre acteurs jouent souvent des rôles particuliers qui les distinguent des autres : par exemple, l'un flatte Gerber pendant qu'un autre courtise Cruchot. Ici, hormis la scène avec Jean Lefebvre en nudiste, le quatuor n'est vraiment pas à la fête.

Geneviève Grad, c'est Nicole, la fille de Ludovic. Blonde et jolie, Nicole veut absolument sympathiser avec les jeunes de Saint-Tropez. Les premiers contacts sont difficiles, mais la nouvelle venue est définitivement acceptée dès lors qu'elle se fait passer pour la fille d'un milliardaire en provenance d'Hawaï. Il n'empêche que, une fois démasquée, un de ses camarades jugera que son vrai père est plutôt sympa, et qu'elle n'avait nullement besoin d'en inventer un autre. Sa prestation fort honnête n'a pas ouvert les voies du succès à Geneviève Grad. Sentant peut-être qu'elle sera éternellement perçue comme « la fille du Chef Cruchot », tout comme Michèle Mercier est toujours restée Angélique, alors que Romy Schneider elle-même a eu énormément de mal à se défaire du personnage de Sissi, elle décide de prendre de la distance avec le cinéma après son troisième et dernier Gendarme. Par la suite, elle deviendra antiquaire, puis employée de mairie.

Le très mondain André-Hugues Boiselier est incarné par le formidable Claude Piéplu, absolument sensationnel dans cette caricature de bourgeois snob et branché, amateur de réceptions chics dans sa villa de Saint-Tropez.

France Rumilly joue Sœur Clotilde, cette religieuse sympathique qui prend sa Deux-Chevaux pour un bolide de Formule 1. Ce personnage rencontre un franc succès et deviendra un incontournable de la saga. Enfin, soyons sérieux : peut-on imaginer un Gendarme sans Sœur Clotilde et sa Deux-Chevaux ?

Les autres rôles sont très peu développés, confirmant les désirs des producteurs. A signaler tout de même la présence de Maria Pacôme, dont le jeu caustique s'exprime à plein rendement dans le rôle d'Emilie Lareine-Leroy ( !), une veuve joyeuse de la bonne société, immédiatement attirée par l'exotique et richissime Archibald Ferguson. Et bien sûr celui qui deviendra un monument de la télévision pour avoir présenté le jeu éternel d'Armand Jammot Des chiffres et des lettres, puis le non moins légendaire Fort Boyard : le sémillant Patrice Laffont, ici en jeune séducteur tropézien.

Cécilia, l'épouse de Gerber, est interprétée par Nicole Vervil, et le paysan au tracteur par Fernand Sardou, à l'époque célèbre comédien de théâtre, mais aujourd'hui devenu avant tout « le père de Michel ». Sacha Briquet est un vendeur de vêtements, et comme il se doit une « folle » de première catégorie, Jacques Famery le prince oriental lors de la réception, et Paul Bisciglia son pourvoyeur en jeunes filles.

Dans le secteur du yacht se trouvent les bandits et leur personnel : M. Harpers, le chef, a une apparence très « british », mais est en fait un Italien du nom de Giuseppe Porelli, tout comme son principal homme de main, interprété par Gabriele Tinti. On retrouvera ce comédien dans plusieurs films français, dont La folie des grandeurs, encore avec De Funès, ou Le passager de la pluie de René Clément, avec Charles Bronson et Marlène Jobert. Jean Droze est le matelot sentimental qui entend faire la leçon à Harpers au sujet de sa « fille abandonnée ».

Dans la bande de jeunes, outre Patrice Lafont, on reconnaît Daniel Cauchy dans le rôle de Richard, Franck Vilcourt dans celui de Christophe Boiselier et Pierre Gare dans celui de Daniel. Quant à la brune et peu farouche Jessica, elle est interprétée par Sylvie Bréal.





TEMPS FORTS :

On trouve de très bons moments dès la séquence pré-générique, avec la scène dans l'église, où le voleur de poules grille la politesse à Cruchot au sein de la chorale, au grand ravissement du prêtre, séduit par sa voix de ténor.

L'arrivée à Saint-Tropez est dominée par le premier contact entre Cruchot et le duo Merlot-Fougasse, vite convaincu du tort que va leur créer le nouveau chef, et surtout par les contraventions dressées par notre Ludovic, contre un patron de bar qui n'a pas mis l'affiche réglementaire sur la répression de l'ivresse publique, contre une marchande de poissons pour « tentative de corruption de fonctionnaire », et même contre la voiture de Monsieur le Maire, coupable d'être garée sur un passage pour piétons. Gerber se charge de calmer les ardeurs de son nouvel adjoint, affirmant que le maire a forcément eu « un moment d'inattention ».

Les attitudes typiques du comique « funésien » sont mises en exergue dans les séquences montrant les loisirs des gendarmes. Même si le fait n'est pas explicitement révélé, il semble que les siestes, les parties de pêche ou de pétanque se déroulent pendant les heures de travail. Quoi qu'il en soit, Cruchot fait preuve d'une déférence rare envers Gerber. Il fait le ménage autour des boules de pétanque lorsque son chef va jouer et n'hésite pas à tricher pour le faire gagner. Il néglige les jolies étoiles de mer pêchées par Fougasse, mais s'extasie devant les oursins de Gerber. Pour ne pas être en reste, il s'accapare d'un oursin pêché par Merlot, et le présente comme le fruit de sa propre pêche. Il charge Merlot d'ouvrir l'oursin à sa place, et lorsque Gerber se plaint qu'il n'y ait « pas grand-chose », il fait remarquer que « c'est lui (Merlot) qui l'a ouvert ». ( !)

Avec la scène des rêves, c'est le caractère particulier de Cruchot qui est un peu plus dévoilé. Même en dormant, Ludovic reste toujours actif. Pendant que ses collègues se voient en héros de péplum ou en compagnie de jolies femmes, il rêve d'une guerre où il parvient à faire des prisonniers alors que les balles sifflent autour de lui.

La partie consacrée aux nudistes est sans doute celle qui a eu un des plus gros succès. Il est vrai que l'air gêné de Jean Lefebvre au milieu des naturistes, avec son journal pour cacher ce que la décence interdit de voir, est un moment mémorable. L'entraînement imposé par Gerber n'est pas mal non plus, et se double d'un véritable conditionnement psychologique. Les hommes doivent répondre « Oui, chef ! » à tout ce que leur dit Cruchot, y compris à des phrases comme « Le prénom de ta mère ? » ou « Je suis le droit et la justice ! ».

Autre séquence marquante, celle du trajet en voiture de Cruchot avec Sœur Clotilde. Insérée au sein de l'histoire du vol de la voiture, à un moment où le film menace de s'enliser, elle vient relancer de manière éclatante la mécanique burlesque. Le soulagement de Ludovic, heureux d'en finir avec les kilomètres à pied pour ramener de l'essence, fait vite place à l'angoisse lorsqu'il constate la façon de conduire de la religieuse : vitesse excessive, multiples débordements sur la gauche de la chaussée, virages pris à pleine vitesse, murs égratignés, rien n'est épargné au malheureux gendarme, qui finit par réciter son acte de contrition. La scène se conclut en beauté lorsque Cruchot sort de la Deux-Chevaux :

« Merci ma sœur ! Mais dîtes moi : vous conduisez... Euh !... Vous n'avez jamais eu d'accident ?
-Je ne conduis que depuis hier ! (la tête que fait De Funès !) Au revoir, mon fils !
-Au revoir, Monsieur l'abbé ! »


Mais le sommet du film est constitué par la rencontre entre Cruchot et les Boiselier, et la réception qui en découle. Christophe Boiselier, accompagné de ses parents, rencontre Nicole et son père, qui sortent d'une boulangerie. Le jeune homme décide de présenter les prétendus Ferguson à ses parents.

« Mes respects, M. Ferguson ! Je vais chercher mes parents !
-Mais pourquoi ce godelureau m'appelle-t-il Ferguson ?
-Je ne sais pas, papa... »

(Les Boiselier s'approchent)
« Je t'en supplie, Papa, joue le jeu, sinon je suis perdue !
-Perdue ?
-Tu as un yacht et nous sommes milliardaires ! »


Le très mondain André-Hugues Boiselier est immédiatement séduit pas ce milliardaire décontracté qui s'est habillé en paysan pour faire ses courses avec un petit cabas, et l'invite à une réception.

« Je serais bien venu, mais je ne peux pas, à cause de mon costume...
-Papa veut dire le dernier, celui qu'il s'est fait faire à Honolulu...
-Pas de cérémonie entre nous, venez comme vous voudrez !
-Justement, c'est mon jour de repos. Enfin, je veux dire, je ne vais point au golf, je récupère !
-Oh ! Mais c'est un cabas que vous avez là ! Comme c'est amusant !
-Oui, j'aime bien faire les courses moi-même, ma popote sur mon yacht, et aussi laver mes six voitures pour me détendre !
-Je devrais essayer ! A bientôt, M. Ferguson !
-Il est capable de le faire, l'imbécile ! »


Non moins hilarantes les scènes lors de la réception. Cruchot s'est fait une apparence de milliardaire excentrique avec son ensemble blanc et son chapeau. Il réussit à duper tout le monde sans difficultés, depuis Boiselier jusqu'à la veuve Lareine-Leroy. Bien servi par d'excellents partenaires (Claude Piéplu et Maria Pacôme), Fufu se déchaîne et donne à son personnage une sorte de délectation à ridiculiser ces snobinards de la haute société, qu'il méprise.

« Votre yacht est magnifique. Quand pourrons-nous le visiter ?
-Euh ! Pas encore, parce qu'on vient de refaire les peintures, et ça sèche très lentement...
-Mais alors comment faites-vous ?
-Eh ! Bien, je me tâche! Mon tailleur est débordé, il m'envoie douze costumes par semaine, de Glasgow.
-Alors vous habitez la Nouvelle-Orléans depuis plusieurs générations… Vous êtes dans le coton, je suppose ?
-Non, je suis dans la ouate.
-J'ignorais qu'il y eut une différence ! C’est très intéressant !
-Ah ! Si ! La ouate, le coton... Mais enfin, c’est technique, ça n’intéresse pas les dames…
-Moi tout m’intéresse, surtout la Nouvelle-Orléans.
-Ce doit être une ville passionnante. Ces vieilles maisons de bois, ces ruelles sordides où, dans des tripots affreusement mal famés, les indigènes vont s’enivrer en jouant du trombone... Ce doit être hallucinant, prodigieux, dites ?
-Ecoutez ! C'est absolument indescriptible de démence géniale !"


Et lorsque Boiselier présente Emilie Lareine-Leroy :

« Madame Lareine-Leroy... Notre pauvre Lareine-Leroy nous a quittés il y a six mois.
-C'est une perte irremplaçable...
-Et comment faites-vous depuis ?
-J'essaie de survivre... »


Maria Pacôme joue ostensiblement la veuve joyeuse, d'où l'effet comique obtenu lorsqu'elle prononce ces phrases.

L'arrivée impromptue de l'adjudant Gerber oblige Cruchot à se cacher, avant de pouvoir quitter la réception en douce. En jouant à Colin-Maillard, Cruchot tâte le képi de son chef, et se hâte de prendre la fuite. Il frôle la catastrophe lorsqu'il bute dans Gerber en reculant. Il improvise alors une danse en masquant son visage à l'aide d'un disque vinyle : une scène irrésistible !

Ensuite, il se dissimule sous la robe et le voile d'une musulmane. C'est alors qu'un prince le prend pour une jeune fille qu'un pourvoyeur lui a procurée pour son harem. Cruchot repousse ses avances tant bien que mal, avant que le prince, vexé, ne finisse par le démasquer ! Ludovic s'enfuit, mais tombe sur Emilie et danse avec elle pour se cacher de Gerber. Il lance à Nicole « A la maison ! », et Madame Lareine-Leroy croit que la phrase lui est destinée, qu'il s'agit d'un rendez-vous amoureux !

Peut-être moins restées gravées dans l'imaginaire collectif que les nudistes et la religieuse folle du volant, ces scènes avec Piéplu et Pacôme sont celles qui me font attribuer au film la note maximum.




POINTS FAIBLES :

Les scènes avec les jeunes oisifs constituent l'incontestable point faible du film. Ces adolescents attardés, ces fils à papa sont assez insupportables avec leurs plaisanteries douteuses qui ne font pas rire. Donc, la longue séquence du vol de la Mustang n'est guère passionnante, et on peut en dire autant de la scène en discothèque avec la chanson de Nicole, « Do you, do you, Saint-Tropez ? »

Le semblant d'intrigue sur le vol de tableau, les bandits d'opérette ne sont guère attirants, et le dénouement d'un niveau équivalent. D'accord, l'intrigue est bon enfant, mais en arriver à nous montrer les trois bandits ficelés clamer d'un air enthousiaste : « Oui, nous sommes coupables, oui Cruchot nous a eus, Cruchot c'est de la graine de général !», voilà qui dépasse les limites et n'est pas drôle du tout.





ACCUEIL :

Le film rencontre un franc succès, et même un triomphe avec plus de sept millions d'entrées en France. Louis de Funès s'exporte aussi très bien, notamment en Europe : l'Espagne, l'Allemagne et l'Italie lui réservent un très bon accueil.

La légende De Funès commence, et n'est pas prête de s'interrompre.






SYNTHESE :

Un classique dans la filmographie de Louis, et le meilleur de la série des Gendarme.
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Message  Invité Mar 18 Déc 2012 - 15:35

Merci pour cette nouvelle analyse Phil!

Le lien du dossier a été publié sur l'excellent site Autour de Louis de Funès!
http://nimotozor99.free.fr/nouveau.htm

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Message  phildlm Mer 19 Déc 2012 - 23:10

Steed3003 a écrit:Merci pour cette nouvelle analyse Phil!

Le lien du dossier a été publié sur l'excellent site Autour de Louis de Funès!
http://nimotozor99.free.fr/nouveau.htm

Diable! Nous devenons célèbres!... J'avance bien en ce moment, "Le gendarme à New-York" est presque prêt. Ensuite, il ne restera plus que "Les bons vivants" avant que la deuxième époque soit terminée. Very Happy
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Message  Invité Jeu 20 Déc 2012 - 0:25

Super Phil! Very Happy
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Message  phildlm Mar 25 Déc 2012 - 19:25


LE GENDARME A NEW-YORK***



Production : Société Nouvelle de Cinématographie
Scénario : Jacques VILFRID,
Adaptation : Jacques VILFRID, Jean GIRAULT
Dialogues : Jacques VILFRID
Réalisation : Jean GIRAULT
Musique : Raymond LEFEVRE et Paul MAURIAT





La brigade de Saint-Tropez est désignée pour participer au congrès mondial de la gendarmerie, qui va se dérouler à New-York. Les participants ne sont pas autorisés à emmener leurs épouses et enfants, d'où la déception de Nicole Cruchot, qui rêve de visiter New-York. Elle décide de passer outre et s'embarque sur le France. Arrêtée à son arrivée à New-York en tant que passagère clandestine, repérée par un journaliste en quête de sensationnel et par un membre de la délégation des gendarmes italiens, qui en tombe amoureux, Nicole n'a pas fini de donner des soucis à son père.



GENESE :

Après le succès du Gendarme de Saint-Tropez, les producteurs ne vont pas laisser passer l'aubaine de renouveler un succès commercial aussi facile. C'est donc sans surprise qu'un second Gendarme est mis en route tout juste un an après le succès du premier.

Plus étonnante est l'idée de situer l'action à New-York, qui va conférer au film un aspect très atypique dans la série. Il est vrai qu'à l'époque du tournage, personne ne pensait que la saga compterait six films...





REALISATEUR :

Pas besoin de chercher bien loin, c'est évidemment Jean Girault qui est retenu comme réalisateur, le couple De Funès-Girault apparaissant tellement naturel.






DECORS :

Les décors sont un des points forts du film, qui s'avère véritablement dépaysant. Seules l'introduction et la conclusion ont été tournées à Saint-Tropez. Entre les deux, les prises de vues ont fait escale à l'aéroport de Nice, à Paris, au Havre et sur le paquebot France (à l'époque, la France ne l'avait pas laissé tomber, donc on l'appelait encore ainsi...)

Sur le France, les touristes prenaient De Funès et compagnie pour de véritables douaniers. Le commandant eut l'idée de leur projeter le premier film de la série. Ensuite, les passagers se précipitèrent sur les acteurs pour obtenir des autographes.

L'essentiel des extérieurs ont été tournés à New-York. Jean Lefèvre ne fit pas le déplacement. La production lui trouva une maladie, puis un accident pour justifier son absence lors des prises de vues dans les rues de la ville aux gratte-ciel.

Quant aux scènes d'intérieur, elles furent tournées aux studios de Boulogne.





GENERIQUE :

Le générique de début intervient assez vite, après une courte séquence d'introduction. Générique très représentatif de la série puisqu'il s'agit du défilé des gendarmes quittant Saint-Tropez au son d'une musique de fanfare.

Pour le final, c'est encore une musique de fanfare et le très classique défilé, gendarmes et majorettes.

En milieu de film, on nous ressort une nouvelle chanson de Nicole (et voici que vient l'envie d'insérer un « smilie » avec les yeux en l'air, ou de pousser un gigantesque soupir). Notre jeune française blonde chante son désespoir d'être loin de la France et de Saint-Tropez, bien qu'ailleurs « les garçons soient gentils »... On pourrait lui répondre qu'elle n'avait qu'à obéir aux ordres de son père et à y rester, à Saint-Tropez. Mais la chanson n'est pas du blues, juste un petit air de variétés encore plus ennuyeux que le Dou you, Saint-Tropez de l'opus précédent. Heureusement, Geneviève Grad n'a pas voulu faire carrière dans la chanson...





SCENARIO :

Une des principales idées reçues sur Louis de Funès est qu'il participait à des films souvent médiocres, que les producteurs se reposaient sur sa seule présence et ne travaillaient pas le scénario, et qu'il était obligé de compenser ces manques par son seul talent. Il faut bien admettre que l'idée n'est pas si reçue que ça, mais une réalité concernant certains films, en particulier ceux de Serge Korber et... la série des Gendarme.

Ici, le scénario est quasi-inexistant. Il existe un fil rouge, les mésaventures de Nicole et les ennuis qu'elle cause à son père, et ce fil conducteur sert tant bien que mal de lien entre des scènes comiques plus ou moins réussies.

On a donc affaire à un film moyen, mais sauvé par le génie de Louis de Funès, absolument phénoménal sur certaines scènes. Il est vrai qu'en ce milieu des années 60, Fufu est en pleine forme, au sommet de son art. Mais imaginons le même film sans lui. Le même film sans lui ? Mais ce serait tout simplement un joli nanar du style Mon curé chez les nudistes. Soyons honnêtes : dans Le gendarme à New-York, en dehors de superbes décors et de Louis de Funès, il n'y a rien, ou pas grand-chose.

De plus, l'absence sur les scènes américaines de Jean Lefebvre, comique le plus accompli en dehors de De Funès, est préjudiciable. Tout comme le choix hasardeux d'expatrier nos représentants de l'ordre chez l'oncle Sam, quoique le résultat soit relativement satisfaisant de ce point de vue, alors qu'on pouvait craindre le pire. Car le gendarme de Saint-Tropez sans Saint-Tropez, c'est un peu comme le Père Noël sans Noël...

C'est donc la brigade de Saint-Tropez qui va représenter la France au congrès mondial de la gendarmerie, dans la ville de New-York. Cruchot fait ses adieux à sa fille Nicole, furieuse de ne pas faire partie du voyage. Mais les ordres sont formels : les participants au congrès ne doivent pas faire le déplacement avec leur famille. Les gendarmes passent le relais à leurs remplaçants puis partent pour Nice où ils prennent l'avion direction Paris. Ensuite, trajet en train jusqu'au Havre, où ils doivent s'embarquer sur le paquebot France à destination de New-York.

La chance sourit à Nicole sous la forme d'un camarade tropézien qui part en voiture pour la villa de ses parents, à Deauville. Le godelureau accepte de faire un détour jusqu'au Havre pour y déposer la demoiselle Cruchot. Et voilà notre fille de gendarme embarquée sur le France en tant que passagère clandestine !

Pendant ce temps, l'adjudant Gerber et ses hommes découvrent le magnifique paquebot, guidés par Cruchot qui les fait tourner en rond tellement le bateau est immense. Au programme du voyage, entraînement avec la tenue de sauvetage, loisirs variés et... cours d'anglais dispensés par un connaisseur avisé de la langue de Shakespeare, Ludovic Cruchot himself.

Lors d'une visite sur le pont, Cruchot aperçoit Nicole et se demande s'il n'a pas des visions, puisque sa fille a le temps de s'enfuir pendant qu'il confie ses doutes à l'adjudant-chef Gerber.

A l'arrivée à New-York, Nicole est arrêtée en tant que passagère clandestine, qui plus est dépourvue de passeport. La chance lui fait un nouveau clin d'œil avec l'intrusion d'un reporter de seconde zone en manque de fait divers pour son journal. Désireux de bâtir un conte de fées pour lecteurs naïfs, il propose à la jeune fille, qui prétend être orpheline, de régler ses problèmes avec la police et l'immigration en échange de sa collaboration. Raconter son histoire de « jeune orpheline française qui rêvait de voir New-York » n'est pas très difficile, aussi Nicole accepte-t-elle sans sourciller.

L'installation à New-York est moins mouvementée pour nos gendarmes, réduits à cinq suite à l'hospitalisation de Fougasse, malade depuis le dernier jour de la traversée. Malgré le barrage de la langue, le séjour est agréable. Il serait même idyllique s'il n'y avait cette escouade de carabiniers italiens, qui ridiculise les tropéziens au baby-foot et au bowling. Gerber, furieux, rend Cruchot responsable de ces humiliations, qui avaient d'ailleurs commencé dès la traversée avec l'incapacité de la brigade à effectuer correctement l'exercice de sauvetage.

La collision entre Nicole et son père a lieu sur des studios de télévision. Nicole est invitée pour chanter, sur l'instigation du journaliste, alors que les gendarmes sont présents en tant que participants au congrès. Cruchot voit sa fille sur un écran de télévision, puis l'aperçoit à l'autre bout du studio et se lance à sa poursuite jusqu'au foyer chrétien pour jeunes filles, où le scribouillard l'a logée. Gerber et les autres gendarmes le croient mentalement perturbé, puisqu'ils n'ont pas vu Nicole. Le malheureux Ludovic sème un beau désordre dans le YWCA, où les hommes ne sont pas admis. La police accepte de passer l'éponge, et le chef Gerber se porte garant de la conduite de son subordonné.

A peine sorti du commissariat, Ludovic aperçoit sa fille avant qu'elle ne monte dans un taxi, et renouvelle ses velléités de poursuite. Résultat : il se retrouve en psychanalyse. Allongé sur le divan, Cruchot se laisse aller à raconter ses frustrations de jeunesse et, malgré des méthodes peu orthodoxes, la thérapie à base d'autosuggestion (en regardant brûler la flamme d'une allumette...) semble efficace. Cruchot est guéri en une seule séance, qui a tout de même coûté cent dollars...

Contrainte de fuir le YWCA, Nicole trouve refuge chez un couple d'épiciers italiens, parents d'un membre de la délégation des carabiniers qui est tombé amoureux de "l'orpheline" depuis la traversée sur le France.

Revenu à l'état normal, Cruchot propose à Gerber, désireux de montrer à ses hommes ses talents culinaires, de lui trouver dans New-York de la viande sans cellophane. La recherche est longue et difficile, mais l'opiniâtre gendarme réussit à dénicher la boucherie adéquate. Hélas ! A peine sorti de la boutique, un voyou lui dérobe son paquet. Cruchot se lance à sa poursuite, et parvient à l'arrêter et à le livrer à la police. Le malfrat était recherché depuis longtemps, ce qui offre à Ludovic une revanche : le policier qui l'avait réprimandé le félicite chaleureusement !

Après avoir dégusté le steak trop cuit et très, très relevé de l'adjudant Gerber, les gendarmes manifestent un certain ennui. La discipline leur manque, mais Cruchot et Gerber vont vite se charger de combler leurs besoins...

Le lendemain matin, Cruchot découvre la photo de sa fille dans le journal. Il se fait traduire l'article, qui parle de la romance entre la petite orpheline française qui voulait voir New-York et le jeune et beau gendarme italien. Lors de l'affrontement au base-ball avec les Italiens, Cruchot est tellement motivé qu'il ridiculise ses adversaires. Après la police, les prétentieux italiens : c'est la seconde revanche pour le fier petit gendarme français. Il cuisine habilement l'italien « amoureux » et finit par obtenir l'adresse du refuge de Nicole.

Ludovic récupère sa fille chez le couple d'épiciers italiens, et s'enfuit en se déguisant en chinois. Il s'agit de préparer le retour en France de sa progéniture sans se faire surprendre par Gerber. Nicole regagne l'aéroport dans une malle, non sans quelques problèmes avec la police locale, à qui sa disparition a été signalée, ainsi qu'avec un chauffeur de taxi qui croit que Cruchot a dissimulé un cadavre dans la malle !

Finalement, Nicole regagne la France en se faisant passer pour une hôtesse de l'air en transit, pendant que son père fait tout son possible pour retarder le départ du groupe de gendarmes : pas question de voyager dans le même avion que l'hôtesse improvisée... Tout s'est donc déroulé pour le mieux pour nos héros... sauf qu'ils sont démasqués par l'adjudant Gerber à l'arrivée à Saint-Tropez, la faute à un détail stupide : Nicole est venue accueillir son père vêtue de la robe que ce dernier lui avait achetée à New-York, en compagnie de Gerber !





DISTRIBUTION :

Louis de Funès porte le film à lui seul dans son rôle de Cruchot. Doté d'inspirations géniales, il se montre absolument irrésistible.

Michel Galabru campe un adjudant Gerber égal à lui-même, toujours prêt à prendre Cruchot comme bouc émissaire, malgré l'éternel numéro de lèche-bottes que lui sert son adjoint.

On ne peut que regretter l'absence de Jean Lefebvre sur le séjour à New-York, qui constitue l'essentiel du film. En effet, le gendarme Fougasse recèle un potentiel comique intéressant, dont on a eu un aperçu lors de la scène du cours d'Anglais. Ses seules apparitions en tant que malade geignard, lors du séjour à New-York, ne sont pas très drôles.

C'est aussi sur le paquebot que Christian Marin a sa meilleure scène. Il se trouve que Merlot, parti acheté des cigarettes pour l'ensemble du groupe, arrive horriblement en retard lors de l'exercice de secours, et avec son équipement porté de manière fantaisiste, ce qui provoque l'hilarité de la délégation transalpine.

Guy Grosso et Michel Modo jouent les gendarmes de complément Tricard et Berlicot, de façon discrète mais efficace.

Geneviève Grad est bien servie avec un rôle central, encore plus développé que sur le film précédent. Sans l'indisciplinée Nicole, le scénario aurait été inexistant, et le film se serait résumé à une série de gags.

Le premier film avait déjà fait la part belle aux décors plutôt qu'à la distribution. Dans ce deuxième, la tendance se confirme et elle est même accentuée. Décors multiples et de rêve mais, en dehors des acteurs récurrents, on ne trouve même plus de seconds rôles d'envergure comme Claude Piéplu ou Maria Pacôme. Il ne subsiste que des seconds (et même troisièmes...) couteaux..

France Rumilly, notre Sœur Clotilde, ne fait qu'une apparition dans une voiture américaine. On a donc affaire au seul des six films de la série où la fameuse Deux-Chevaux est aux abonnés absents.

Le seul autre acteur relativement connu est Pierre Tornade, qui joue le médecin du paquebot. Mais qui a entendu parler de Alan Scott, l'interprète, d'ailleurs quelconque, du journaliste ? De Mario Pisu, le carabinier amoureux de Nicole ? Ou de Jean-Pierre Bertrand, l'ami de Nicole, celui qui l'a conduite au Havre ? Même réflexion concernant Roger Lumont, le réceptionniste, François Valorbe, l'interprète, et Albert Augier, le présentateur de télévision.

Les interprètes des autres gendarmes italiens, qui ne font il est vrai que de la figuration, sont eux aussi d'illustres inconnus, à l'exception de Jean Droze et Dominique Zardi, habitués des petits rôles sur les films de Louis. La surprise est de ne pas retrouver Zardi en compagnie de son acolyte habituel Henri Attal.

Quelques américains ont été engagés en sus d'Alan Scott, notamment pour interpréter les policiers : Steve Eckhardt, Colin Higgins, Percival Russel ne font que des apparitions, alors que Billy Kearns tient le rôle plus conséquent du lieutenant de police qui réprimande Cruchot, avant de le féliciter. Swen est l'interprète du psychiatre et Leroy Haynes celui du chauffeur de taxi.

Enfin, Tibério Murgia joue l'épicier italien qui héberge Nicole.






TEMPS FORTS :

Louis de Funès offre quelques séquences mémorables extrêmement réussies, qui donnent son rythme au film et le sauvent de la médiocrité. Depuis Cruchot qui tape sur l'avion pour en éprouver la solidité, jusqu'à Gerber « psychanalisé » après avoir vu Nicole vêtue en hôtesse de l'air en train de fermer la porte de l'avion qu'il vient de rater, quel festival de notre Fufu !

Pour expliquer le bruit fait par sa fille, cachée dans la salle de bains, Cruchot tente de faire croire à des trépidations du métro, alors que les gendarmes se trouvent au 56ème étage ! De Funès vêtu en Chinois est hilarant, et c'est encore plus drôle quand Gerber s'en aperçoit, après avoir cru s'être trompé de porte.

Il faut voir la tête que fait Cruchot en écoutant l'interprète lui traduire l'article relatant la romance de sa fille, la prétendue orpheline, dans le journal américain. Et aussi la visite guidée du France, sous l'égide d'un Louis de Funès aussi perdu que ses compagnons, qui les fait tourner en rond tout en feignant de s'y retrouver sur son plan, entre les différents « Sun desk » ! Excellent aussi le « Je vous hais ! Mais ne le dites à personne.. » susurré par Cruchot à l'adresse de Fougasse, pendant l'exercice de sauvetage raté.

Mais les deux passages les plus irrésistibles sont la leçon d'anglais et l'irruption dans l'hôtel pour jeunes filles.

Après que Cruchot lui ait proposé de prendre un Martini « on the rrrockkkks », Gerber, persuadé que son adjoint est un cador dans la langue de Shakespeare et donc des Yankees, lui demande de donner quelques cours à lui et à ses hommes. Gestes à l'appui, Ludovic explique la différence entre « My taylor is rich » et « My taylor is not rich » (geste montrant des poches vides), et entre « My flowers are beautiful » et « My flowers are not beautiful. » (il mime une fleur fanée qui s'avachit).

Outre l'accent épouvantable de tous les participants, y compris Cruchot, et leurs difficultés à prononcer les « the » avec la langue entre les dents, la leçon est agrémentée par les séances de flatterie de Cruchot envers Gerber, alors que ce dernier est aussi lamentable que les autres. Fougasse, élève plus doué qu'il n'en a l'air, fait justement remarquer à Ludovic : « Your attitude is not juste ! »

Les nostalgiques des années 70 (et peut-être les autres aussi...) se souviennent probablement de la chanson disco des « Village People » intitulée YMCA. Je me suis longtemps demandé ce que signifiaient ces mystérieuses initiales, jusqu'à ce que j'apprenne qu'il s'agissait des Young Men Christian Association, autrement dit des foyers chrétiens pour jeunes garçons. Il existe bien sûr l'équivalent pour les jeunes filles, les woman, en l'espèce les YWCA. C'est donc dans un YMCA que Cruchot fait irruption, à la recherche de Nicole.

Il commence par demander à la réceptionniste « Do you speak english ? » ( !) avant de se reprendre : « Ah ! Oui, c'est vrai ! The girl come here, sa chambre, la room, le numéro de la room ?»

La matrone lui fait remarquer que les hommes ne sont pas admis dans cet établissement, seulement les dames, mais Cruchot bafouille :
« Je ne suis pas une dame! I am the father, the father with the barbe... »

Quelques bons passages à l'actif de Galabru : sa façon de cuisiner, et ses hommes qui, mine de rien, lui envoient quelques réflexions bien senties sur son incompétence en la matière (viande cuite comme de la semelle, excès d'épices...). Mais aussi son arrivée à l'hôtel, quand il ne trouve rien de mieux à dire au réceptionniste que les seuls mots d'anglais qu'il connaît :

« My flowers are beautiful ! »

Ou encore la dispute entre Merlot et lui :

« My flowers are beautiful !
-Your flowers are NOT beautiful !
-My flowers ARE BEAUTIFUL!
-Vos flowers sont tarte !»


Les deux hommes manquent d'en venir aux mains !





POINTS FAIBLES :

Le fait est rare dans les De Funès de l'époque, mais on recense plusieurs passages décevants dans ce deuxième volet de la saga des Gendarme, tant et si bien que ce film est probablement le plus faible des quatre de la série tournés avant la crise cardiaque de l'acteur.

Passons sur les temps morts lors de la visite de New-York et sur les rébarbatives histoires entre le journaliste, son patron, la police et Nicole, ainsi que sur la « performance » de celle dernière à la télévision, avec sa chanson idéale pour un concours de mièvrerie.

La caricature des italiens coléreux représentés par l'épicier et surtout son épouse, la « grosse mamma », n'est pas amusante, et celle de la psychanalyse avec les allumettes encore moins. Allongé sur le divan, Louis de Funès arrive tout de même à nous dérider par sa jalousie d'enfance contre le « gros Lulu », ce rival honni dont il s'est vengé plus tard en le coinçant à un carrefour en flagrant délit d'infraction.

La scène qui tombe le plus à plat est la parodie de West Side Story, même pas sauvée par le « Merci, Maria » final judicieux de Fufu. A regarder avec la touche avance rapide.

Un film peut décevoir par l'échec de certaines scènes, mais aussi par l'absence de certaines autres, qu'on aurait aimer y trouver. Une bonne petite escapade en Deux-Chevaux avec Sœur Clotilde aurait été la bienvenue, mais le scénario s'est contenté de la faire apparaître dans une grosse voiture américaine lors de la poursuite de Cruchot pour rattraper sa fille. L'effet comique réside justement dans le fait que le pauvre Cruchot, échaudé par son expérience précédente, refuse l'aide que lui propose la religieuse. Il n'empêche que la poursuite, même en voiture américaine à la place de la Deux-Chevaux, aurait été préférable.

Sans doute une telle scène de cascades en automobile était-elle trop compliquée à organiser dans une ville comme New-York. Et puis cette scène n'était pas encore devenue un classique, la marque de fabrique de la série. Les scénaristes remédieront à cette erreur lors des opus suivants.





ACCUEIL :

Le film rencontre un succès moindre que celui du Gendarme de Saint-Tropez, et inférieur à la majorité des films de Louis sortis lors de ces années fastes, mais réalise tout de même un très bon score avec cinq millions et demi d'entrées en France. Performance d'autant plus appréciable que les suites données à des triomphes ont souvent produit des bides retentissants.

Le succès se prolonge en Europe, où De Funès continue à asseoir sa popularité.




SYNTHESE :

Inférieur aux autres Gendarme de l'époque, ce Gendarme à New-York se revoit toujours avec plaisir grâce à la performance que l'on aurait pu qualifier de hors du commun... si ce n'était une habitude avec lui, de l'acteur principal.
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Louis de Funès (1914 - 1983) - Page 9 Empty Re: Louis de Funès (1914 - 1983)

Message  phildlm Sam 29 Déc 2012 - 22:30


LES BONS VIVANTS****


Production : TRANSIER Films, les films CORONA
Scénario : Michel AUDIARD, Albert SIMONIN
Adaptation : Michel AUDIARD, Albert SIMONIN
Dialogues : Michel AUDIARD
Réalisation : Georges LAUTNER, Gilles GRANGIER
Musique : Michel MAGNE



En 1946, les maisons closes deviennent illégales. C'est la consternation dans l'établissement tenu par Monsieur Charles et Madame Blanche. Les pensionnaires préparent leurs bagages et pensent à leur reconversion, et le bon M. Charles leur offre à chacune un cadeau-souvenir. Bien des années plus tard, la préférée du tenancier, une certaine Lucette, est devenue baronne et intente un procès aux voleurs qui ont eu l'outrecuidance de lui dérober la lanterne rouge offerte par M. Charles, son plus précieux souvenir de jeunesse. Quelque part ailleurs, dans une petite ville de province, un brave notable sans histoires, agent d'assurances et trésorier d'un club de sport, va voir sa vie transformée par la rencontre avec une des anciennes pensionnaires de M. Charles et Mme Blanche.




GENESE :

Injustement snobé dans la filmographie de Louis de Funès, Les Bons vivants, également commercialisé sous le titre Un Grand Seigneur, marque la rencontre entre un grand, un immense acteur en la personne de notre Fufu, et un grand, un immense dialoguiste qu'on ne présente plus, le fameux Michel Audiard. Autant l'autre immense acteur de ce film, Bernard Blier, avait l'habitude de jouer sur de tels dialogues, autant Louis de Funès était étranger au petit monde du truculent Audiard.

Il s'agit d'un film à sketches, avec pour lien entre les différentes histoires la destinée singulière d'une lanterne que l'on devine rouge, bien que l'emploi du noir-et-blanc ne permette pas de vérifier ce détail de façon formelle.

Ce film montre de façon éclatante à quel point les faiblesses d'un scénario peuvent être très largement compensées par les performances d'acteurs et des dialogues particulièrement savoureux, Audiard, Blier et De Funès s'avérant égaux à eux-mêmes, c'est-à-dire géniaux.




REALISATEURS :

Gilles Grangier fut le réalisateur de nombreux films avec Jean Gabin, et fit souvent appel à Michel Audiard pour les dialogues, par exemple sur le célèbre Le cave se rebiffe.

Georges Lautner, fils de l'actrice Renée Saint-Cyr, débute dans le cinéma après la guerre, en occupant des petits boulots. Décorateur, puis assistant-réalisateur, il devient metteur en scène et se spécialise dans les comédies. Il connaît un grand succès avec Les Tontons Flingueurs et Les Barbouzes, deux parodies de films policiers ou d'espionnage bien servies par un groupe d'excellents comédiens (Lino Ventura, Bernard Blier, Francis Blanche...) et les dialogues percutants de Michel Audiard. Plus tard, il travaillera aussi avec Jean-Paul Belmondo.

Tout metteur en scène a son acteur fétiche : Gabin pour Grangier, et une actrice pour Lautner avec Mireille Darc, qu'il était rare de ne pas retrouver dans ses réalisations.




DECORS :

Le film est essentiellement tourné en studios. Ceci n'empêche pas une certaine qualité, notamment sur les décors de la maison close, lors du premier sketch. Sur le deuxième, l'action se déroule essentiellement dans un tribunal, d'où moins d'attraits à ce niveau. Lors du troisième sketch, on remarque un portrait de Guy de Maupassant dans la chambre de M. Haudepin, le notable interprété par Louis de Funès, qui devient peu à peu souteneur. Cet élément n'a sûrement pas été choisi par hasard : Maupassant est un ancêtre de l'épouse de Louis, et a beaucoup écrit sur les maisons closes et les prostituées.

La première scène du film montre M. Charles entrain de décrocher la lanterne, devant la porte d'entrée de son établissement. On remarque qu'il se situe au numéro 221, allusion très claire au célèbre One-Two-Two, le lupanar de prestige situé au 122, rue de Provence, très renommé dans les années trente et quarante.





GENERIQUE :

Le générique est dans la lignée de tous les génériques de films des années cinquante et du début des années soixante, c'est-à-dire consternant de banalité, surtout si on le compare aux génériques que l'on connaîtra à partir des années soixante-dix. Il est clair qu'avant cette période, le générique était très secondaire pour les producteurs et réalisateurs de cinéma.

La musique de Michel Magne est telle que celle des autres génériques de l'époque, avec un aspect vieillot accentué aux tonalités années cinquante. Magne a fait beaucoup mieux, même dans les années soixante, voir ses compositions jazzy sur Les Barbouzes.






SCENARIO :

On a donc affaire à un film à sketches, genre importé d'Italie et qui connut un certain succès dans les années cinquante et soixante, mais de nos jours complètement abandonné. Toutes les histoires tournent autour du thème de la prostitution organisée, et certains acteurs se retrouvent dans deux des trois sketches, ce qui concourt à donner une certaine cohérence au film. Outre les acteurs, un accessoire particulier, une lanterne rouge, objet qui servait d'enseigne aux maisons de tolérance, se retrouve dans les trois histoires. Ainsi, cette lanterne rouge sert de fil de la même couleur.

Le 13 avril 1946 est votée la loi Marthe Richard, ordonnant la fermeture des maisons closes. Le terme est d'ailleurs très discutable, une maison close étant par nature déjà fermée. L'expression « cessation d'activité » paraît donc beaucoup plus appropriée.

Aventurière et affabulatrice, résistante du mois de septembre, elle-même ancienne prostituée dès l'âge de seize ans dans des maisons d'abattage où elle recevait plus de cinquante clients par jour, contaminée par la syphilis avant d'intégrer des maisons moins sordides et de mener une vie bourgeoise grâce à son mariage, Marthe Richard se retrouve à la tête d'une coalition hétéroclite allant des cléricaux du MRP aux communistes, en opposition aux radicaux de la Troisième République, partisans de la tolérance envers les maisons du même nom. Par la suite, elle expliquera avoir été manipulée par des politiciens et reviendra de manière ambiguë sur ses positions. Toujours est-il qu'elle n'avait pas manqué de s'assurer que l'article prévoyant la destruction du fichier national des prostituées, où elle figurait toujours, était bien appliqué...

Une ambiance morose règne dans l'établissement huppé tenu par M. Charles et son épouse Mme Blanche. La police arrive et rappelle au tenancier que l'établissement devra avoir cessé toute activité le soir même. Les pensionnaires parlent de leurs projets : certaines veulent se recycler dans les cabarets, d'autres ont l'intention d'ouvrir un commerce, ou de poursuivre leurs activités à l'étranger.

La bonne prévient Mme Blanche qu'elle n'ouvrira les volets (ouvrir les volets, quelle honte !) qu'à la dernière minute, juste avant son départ. Même le médecin attitré de l'établissement ne se voit pas, après vingt ans de « médecine galante », soigner des varicelles ou des coqueluches.

Survient alors M. Marcel, patron du Grand Huit, un établissement réputé de Toulon. M. Marcel n'a pas l'intention d'obtempérer à l'application de la « loi scélérate ». Il annonce que trente-sept tauliers ont fondé un comité de résistance et préparent un défilé de revendications de leurs pensionnaires, censé rameuter plus de mille dames de petite vertu. M. Charles, pessimiste sur les chances de réussite, refuse de rejoindre ce comité et fait comprendre à son visiteur que la partie est irrémédiablement perdue.

Les préparatifs du départ se poursuivent, et M. Charles doit éconduire deux clients belges, venus pour le salon de l'auto et ignorants du changement de législation en France. Ulcéré par les sommes dérisoires proposées par le marchand de mobilier, qui entend bien profiter de la situation, M. Charles décide d'offrir un meuble ou un objet en cadeau à chacune de ses pensionnaires.

Pour M. Charles, c'est la fin d'un monde. Il cède à la demande de ses protégées, et va écouter une dernière fois en leur compagnie le piano mécanique jouer Les Chevaliers de la Lune, dans une ambiance de désespoir extrême. Lucette, la plus douée de ses pensionnaires, celle à qui il a prédit un brillant avenir en raison de sa classe naturelle, est absente. Il conserve à son intention l'enseigne de l'établissement, une jolie lanterne que l'on devine rouge.

M. Charles ne s'est pas trompé. En raison de la fragilité de ses jambes, Lucette décide de poursuivre ses lucratives activités en voiture, et les voitures dans lesquelles elle monte sont de plus en plus grosses, alors que les chiens de compagnie sont de plus en plus petits, et leurs maîtres de moins en moins pauvres...

De fil en aiguille, Lucette, rebaptisée Barbara, finit par épouser le très âgé baron Seychelles de Hautpas, qui décède quelques mois plus tard en faisant d'elle sa légataire universelle. Devenue baronne, l'ancienne prostituée mène grand train dans l'hôtel particulier légué par son époux. Une nuit, deux cambrioleurs dérobent les bijoux enfermés dans le coffre-fort de feu le baron, mais aussi la lanterne rouge que Barbara-Lucette avait précieusement conservée en souvenir de sa jeunesse.

Arrêté quelques temps plus tard, un des malfaiteurs ne comprend pas l'attitude de la baronne lors de son procès. Alors qu'il a restitué la totalité des bijoux, d'une valeur de cent millions, la péronnelle semble se désintéresser des joyaux, et ne se préoccupe que de récupérer une lanterne sans valeur ! Le malfrat nie avoir eu un complice, et ignore que c'est son acolyte qui avait dérobé la lanterne à son insu, d'où ses dénégations sincères.

Alors que, face à l'absence de facture, l'avocat de la défense met en doute l'existence de la lanterne, la partie civile produit deux témoins du don fait à la baronne. Le premier témoin n'est autre que M. Charles, reconverti en mareyeur à Bourges (il est bien naturel qu'un ancien maquereau en chef devienne marchand de poissons...). Il atteste avoir donné l'enseigne à Mlle Lucette. Il en profite pour la féliciter de sa brillante ascension sociale, et lui apprend une triste nouvelle : la mort de Mme Blanche sème la consternation dans le public du procès, composé pour partie d'anciennes pensionnaires amies de Lucette.

Le second témoin est M. Marcel, ce qui pose plusieurs problèmes : en premier lieu, ce témoin se présente menotté car il est emprisonné à la suite de trois condamnations pour proxénétisme. Bien qu'il se présente en tant que « promoteur d'affaires », l'impression produite est défavorable, les affaires en question consistant à envoyer des « tricoteuses » à domicile, sous prétexte que des messieurs auraient du mal à trouver leur bonheur dans le prêt-à-porter... De plus, s'il peut assurer avoir vu M. Charles manifester son intention d'offrir la lanterne à Lucette, M. Marcel n'a en fait jamais rencontré cette dernière...

Malgré ses efforts, la baronne ne parvient pas à récupérer la lanterne. A sa sortie du tribunal, elle retrouve son nouvel ami, un riche entrepreneur américain...

Héloïse, une ancienne pensionnaire de M. Charles, s'est reconvertie dans le racolage de rue. De passage dans une petite ville où se déroule un congrès, pourvoyeur de clientèle selon son proxénète, elle se trouve aux prises avec un policier désireux de l'arrêter, et supplie un passant de la recueillir chez lui pour quelques heures, le temps d'échapper au fonctionnaire trop zélé.

Le passant, c'est M. Léon Haudepin, agent général d'assurances et trésorier de l'Athlétic Club de judo de sa ville. Ce paisible notable célibataire vit avec sa vieille gouvernante, et après avoir manifesté quelques réticences, craignant d'avoir affaire à une criminelle, accepte d'aider Héloïse, rassuré par son activité de prostituée qu'elle ne lui a pas caché exercer. Haudepin cloue le bec du policier, qu'il connaît, et rentre chez lui accompagné de la jeune femme.

Outrée, la gouvernante somme Léon de choisir entre Héloïse et elle : la mégère se retrouve licenciée illico presto. Haudepin accepte de loger son invitée pour la nuit, mais ne vient pas la rejoindre entre les draps. Ce que la péripatéticienne considère comme un sommet de vertu, voire d'héroïsme, n'est en fait qu'une attirance exclusive de Léon pour les petites brunes un peu boulottes. Or, Héloïse est une grande blonde maigrichonne...

La demoiselle a raconté à son hôte son enfance malheureuse : son père fusillé par les Allemands... pour avoir déserté de la LVF, le corps des collaborationnistes volontaires pour combattre le « péril bolchevique » ; sa mère tondue à la Libération. Léon n'est pas dupe, mais la jeune femme, qui se sent bien dans cette paisible maison, va trouver un moyen de prolonger son séjour.

Le lendemain matin, Haudepin reçoit un collègue de l'Athlétic Club pour le petit-déjeuner. Le nommé Paul Arnaud se montre circonspect face à l'invitée de Léon, dont il a tout de suite deviné la profession. Grippée, Héloïse obtient de rester chez Léon pour la journée. Et lorsque le soir venu, son bienfaiteur se demande comment il va faire pour recevoir ses invités lors de la prochaine réunion du club, qui va se tenir chez lui, Héloïse se propose de remplacer la gouvernante, en compagnie d'une de ses amies.

L'amie en question se prénomme Sophie. C'est une très belle brune, pas plus farouche que sa congénère, et dotée d'un caractère tout aussi sociable malgré l'avalanche de malheurs qui se seraient paraît-il abattus sur elle... Lors de la réunion, Sophie tape dans l'œil de Paul, dont toutes les réticences initiales ont vite fait de s'évanouir. A l'image des autres invités, M. Paul manifeste plus d'intérêt pour les deux serveuses que pour le discours de Léon, relatif aux nouveaux statuts du club. Le maître des lieux en conçoit un énervement certain. Néanmoins, en guise de « témoignage d'amitié », les participants décident à l'unanimité de tenir désormais toutes les réunions chez lui. La cadence de ces assemblées est elle-même jugée insuffisante, et passe de une par mois à deux par semaine...

Dès le lendemain, Paul prétexte un oubli de chapeau pour revenir chez Léon au moment où celui-ci part au travail, reste toute la journée avec Sophie, et repart aussi enrhumé qu'elle. Il vante les qualités de Sophie, la douceur de sa peau, à un autre membre du club, qui insiste pour être invité.

Peu à peu, sous des prétextes divers, d'autres filles investissent la maison de M. Léon, qui commence à ressembler à un véritable lupanar, les « réunions » étant devenues quotidiennes. Si Léon ne semble pas participer aux joutes, il en tire un profit substantiel en tant que « trésorier » du club, grâce à l'augmentation continuelle, et volontaire, des « cotisations ».

Un soir, un souteneur vient réclamer des dédommagements à M. Léon, pour lui avoir pris une de ses filles. Frappé par le maquereau, le pauvre Léon se retrouve malade, choyé dans son lit par ses pensionnaires féminines. Et voilà M. Haudepin, ce fier notable qui mettait un point d'honneur à arriver à son agence avant ses employés pour donner l'exemple, qui fait l'apprentissage de la paresse, découvre que la compétence de son personnel permet à l'agence de très bien fonctionner sans lui, et fait traîner sa convalescence !

Plusieurs mois plus tard, au prix d'un effort surhumain, M. Haudepin décide de sortir de chez lui. Héloïse et Sophie lui ont acheté des vêtements neufs. Sceptique face au chapeau qu'il trouve un peu trop clair, Léon accepte d'étrenner sa nouvelle tenue. Coiffé d'un chapeau de gangster et chaussé de crocodile blanc, Léon a tout à fait l'allure d'un maquereau des années trente...

Le soir de Noël, M. Paul rentre de sa promenade en colère. Il a appris qu'on l'accuse en ville de « vivre comme un nabab », et que des bonnes âmes se plaignent de voir chez lui des lumières allumées à des heures avancées de la nuit, et de curieuses « ombres chinoises » par-delà de multiples fenêtres. Il propose donc que, désormais, les persiennes soient closes en permanence, meilleur moyen selon lui de ne pas oublier de les fermer.

Ces demoiselles s'empressent de fermer les volets, et Léon montre le cadeau de Noël qu'il fait au club : la lanterne rouge de M. Charles, volée ensuite à Lucette ! Léon lui-même se charge de l'accrocher à l'entrée de sa demeure. Ainsi, la boucle est bouclée !





DISTRIBUTION :

Louis de Funès ne participe qu'au dernier sketch, il est vrai le plus long (quarante minutes). Ce qui frappe est la nature de son rôle, assez différente de ses compositions habituelles. Pas spécialement coléreux, ni tyrannique avec les humbles, l'agent d'assurances Léon Haudepin est plutôt sympathique, donc à l'opposé des personnages généralement incarnés par Louis.

C'est Bernard Blier la vedette des deux premiers sketches. Ce formidable comédien campe un extraordinaire M. Charles, ce tenancier de maison galante qui perd son « outil de travail » le jour où « l'intolérance » entraîne l'arrêt de certaines activités.

On ne pouvait trouver mieux que Dominique Davray pour donner vie à Mme Blanche, l'épouse de M. Charles, tant cette actrice était à son affaire dans les rôles de mère maquerelle. Plus tard, Françoise Brion prendra le relais, mais dans un registre plus bourgeois, nettement moins truculent, donc moins efficace.

Franck Villard, autre figure des films de truands et du monde d'Audiard, interprète M. Marcel, alter ego de M. Charles à Toulon, et décidé à combattre la loi « scélérate », avant que M. Marcel ne lui fasse comprendre que c'est inutile.

Aline Bertrand, c'est Pauline, la sous-maîtresse, Henri Virlojeux le médecin désabusé et Jacques Marin le repreneur du mobilier, comme de bien entendu véreux.

Les prostituées sont interprétées par Mireille Darc, une Héloïse enrhumée chez M. Charles tout comme plus tard chez Léon, Micheline Luccioni, Michelle Bardollet, Yori Bertin, Françoise Vatel et Catherine Samie.

Jacques Legras et Jean-Luc Bideau jouent les clients belges ignorants de la nouvelle loi. Voilà pour le premier sketch.

Dans le deuxième, Andréa Parisy tient la vedette avec Bernard Blier. Son allure distinguée est parfaitement adaptée au rôle de l'ancienne prostituée de maison close Lucette, devenue la poule de luxe Barbara puis par son mariage la baronne Seychelles de Hautpas.

Duo de choc pour incarner les voleurs avec Jean Lefebvre, le malheureux Léonard qui ne comprend rien à cette histoire de lanterne, et plus en retrait Jean Carmet, le vrai coupable, présent au tribunal mais dans le public, car son complice ne l'a pas dénoncé.

Darry Cowl assure la défense de l'accusé, alors que Bernard Dhéran représente la partie civile et Pierre Bertin préside le tribunal. Bernard Blier, Franck Villard et Aline Bertrand sont les rescapés du premier sketch.

De bons acteurs aussi dans le troisième sketch pour donner la réplique à Louis de Funès. Paul Arnaud, ami de M. Haudepin et membre de l'Athlétic Club, est interprété par Jean Richard, comme toujours excellent.

On retrouve Mireille Darc, déjà présente dans le premier sketch, et dans le rôle des autres demoiselles de petite vertu la piquante Bernadette Lafont, toujours à l'aise lorsqu'il s'agit de jouer les aguicheuses sensuelles, et la Sud-Américaine Maria-Rosa Rodriguez, que De Funès a déjà rencontrée sur Pouic-Pouic (sous le pseudonyme de Yana Chouri) et retrouvera sur Le Grand Restaurant dans un rôle de secrétaire inconditionnelle de son patron de président.

Le souteneur est une autre vieille connaissance de Louis puisqu'il s'agit de Guy Grosso. Andrée Tainsy ne s'attarde guère puisqu'elle joue la vieille gouvernante renvoyée par Léon. L'inspecteur Grannu ne fait pas de vieux os non plus, présent dans une seule scène sous les traits d’Albert Rémy.

On aperçoit Juliette Mills en infirmière, et les autres membres de l'Athlétic Club sont interprétés par Hubert Deschamps, Gabriel Gobin, Lucien Frégis et Philippe Castelli. Ce dernier fait également office de narrateur sur tout le film, fonction qu'il a occupée avec bonheur sur plusieurs films de Lautner.





TEMPS FORTS :

Le thème abordé est déjà un point fort. Les maisons closes, la prostitution, les souteneurs, que voilà une mine de situations comiques et de dialogues truculents concoctés par le maître en la matière Michel Audiard ! Si l'on ne s'arrête pas aux apparences et aux aspects purement burlesques, la nostalgie de l'époque des lupanars d'antan est évidente, de même que le constat, très lucide, de la vanité de la loi Marthe Richard : dans le deuxième sketch, on montre un souteneur qui continue ses activités sous d'habiles couvertures, phénomène devenu courant ; et le troisième semble être une ode à l'inéluctabilité du retour des maisons galantes, sous une forme ou sous une autre.

Autres atouts majeurs, la présence de comédiens de très haut niveau comme De Funès et Blier et bien entendu d'un dialoguiste comme Audiard.


Le premier sketch, La Fermeture, est d'un niveau d'ensemble relevé, petite merveille d'humour animée par un extraordinaire Bernard Blier. La virtuosité des dialogues, combinée au talent de Blier, fait mouche et l'on a droit à un véritable festival « Audiardo-Bliesque ».

Dominique Davray seconde remarquablement le grand Bernard, et Henri Virlogeux est très bon aussi en médecin désabusé par la perte de son principal client. Il trouve également une petite mine à celui-ci et lui conseille le repos, d'où ce dialogue entre M. Charles et Mme Blanche :

«Le toubib m'a regardé dans le blanc de l'œil et il m'a flanqué le traczyre : il m'a ordonné l'arrêt complet pour surmenage.
-De toutes façons, qu'on ferme sur décret ou sur ordonnance... »


La séquence des cadeaux et des adieux autour du piano qui joue pour la dernière fois est également fort réussie. Comme le dit M. Charles avec des trémolos dans la voix :

« C'est la fin d'un monde... »


Le deuxième sketch, Le Procès, est le plus faible mais aussi le plus court, malgré la très bonne composition d'André Parisy, parfaite en ancienne prostituée devenue baronne, rôle parfaitement idoine pour une actrice aussi classe.

Darry Cowl se montre assez drôle en avocat de la défense, mais c'est l'intervention de M. Charles qui va relancer l'intérêt, qui allait alors en s'amenuisant. M. Charles a bien vieilli, il porte une moustache et s'est reconverti dans la vente de poissons. Nouvelle superbe prestation de Bernard Blier en entrepreneur « mis à la rue par le décret scélérat après 25 ans de labeur », et inquiet en raison des progrès du « matérialisme athée » qui réduit la vente de poissons pendant les périodes de carême. Franck Villard, qui lui succède à la barre, est nettement moins convaincant.


Le troisième sketch, Les Bons Vivants, est évidemment porté par la prestation de Louis de Funès. Un des sommets du film est la scène du petit-déjeuner avec Paul Arnaud, le lendemain de l'arrivée d'Héloïse. Jean Richard, partenaire de choix pour Fufu, ironise au sujet de la nouvelle venue. Réaction immédiate de Paul-De Funès :

« Assez, hein ! Ça suffit ! Les sous-entendus et les propos salaces, j'ai horreur de ça, surtout le matin ! Elle est de très bonne famille, voilà !
-Et où l'as-tu trouvée ?
-Euh !... Dans la rue...
-C'est bien ça !
-Comment ?
(Il se met à bafouiller en composant des mimiques inimitables) Non ! Hier soir, je rentrais tranquillement chez moi, comme ça... et elle est passée, elle m'a dit « Monsieur ! » Voilà... Y'avait les autres, là, avec leurs chapeaux... Qu'est-ce que tu voulais dire ?... »

L'attitude et les mimes de De Funès sont très drôles lorsque, arrivé en retard à son cabinet d'assurances, il prétexte un mal de ventre et repart aussitôt.

L'ambiguïté autour du personnage incarné par Louis est intéressante. On ne sait à quel point M. Léon est naïf, ou à quel point il fait semblant de ne rien voir... Toujours est-il qu'il profite bien de la situation, et montre au cours de la scène finale qu'il n'est pas dupe, avec l'ordre de fermeture des volets et l'achat de la lanterne.





POINTS FAIBLES :

Hormis quelques passages en retrait dans le deuxième sketch, très peu de faiblesses dans ce film. Aucun acteur décevant, même si tous ne peuvent se hisser dans la stratosphère occupée par Blier et De Funès.

Bien sûr, le scénario est peu développé et le lien entre les sketches n'est pas forcément facile à faire, mais le talent des acteurs, metteurs en scène et comédiens compense très largement ces quelques défauts.





ACCUEIL :

Pour un film parfois jugé secondaire, Les Bons vivants attire 1 400 000 spectateurs. Evidemment, ce score peut paraître médiocre si on le compare aux autres films de Louis depuis qu'il est devenu le comique français le plus populaire, mais le noir-et-blanc est alors à l'agonie, et n'attire plus guère le spectateur.

Le résultat est donc satisfaisant. La notoriété naissante de Louis de Funès a pu aider, tout comme les dialogues de Michel Audiard.





SYNTHESE :

Un film méconnu mais très drôle, à découvrir ou à faire découvrir.


Dernière édition par Phil DLM le Lun 31 Déc 2012 - 0:44, édité 12 fois
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Message  Invité Sam 29 Déc 2012 - 22:36

Voilà un film de De Funès que je ne connais pas.
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Message  phildlm Sam 29 Déc 2012 - 23:13

Patricks a écrit:Voilà un film de De Funès que je ne connais pas.
Cela illustre parfaitement ce que j'écris dans ma synthèse...
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Message  Dearesttara Sam 29 Déc 2012 - 23:19

Moi non plus, mais c'est aussi à ça que servent les critiques ! cheers
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