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Série "El Ministerio del Tiempo"

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Message  Estuaire44 Mar 17 Nov 2015 - 6:14

Tiempo de venganza (1-07, ****)
Date de diffusion : 06 avril 2015
Epoque visitée : 1843, Isabelle II

En 1843, la jeune reine Isabelle II, âgée de 14 ans, exige de tout connaître du Ministère du Temps et de visiter une institution qui fascine son imagination juvénile. Or Leiva, l’agent renégat s’est échappé de la prison médiévale du Ministère. Il va tenter d’assassiner la Reine dans les locaux du Ministère, afin d’obtenir la fermeture de celui-ci. Amelia, Julián et Alonso sont dépêchés afin de l’arrêter, tandis qu’Irène est suspectée de complicité, car ayant été recrutée par Leiva dans les années 1960. Julián a lui comme objectif de passer une journée avec sa bien-aimée !

Cet épisode fait la part belle à l’aventure, n’hésitant pas à démultiplier les lieux et les époques où les adversaires s’entrecroisent à un rythme effréné, sans parler d’un Julián allant retrouver sa défunte bien aimée. La percussion entre deux Ministères d’époques différentes et les allées et venues entre les Portes réalisées par l’entreprenant Lerva entrainent d’ailleurs parfois un amusant fractionnement de l’image en split screen, afin de pouvoir suivre simultanément tous les prolongements de cette affaire, à la fois complexe temporellement et menée à un rythme d’enfer. Le recours à cette technique, jointe à la narration  d’une faction terroriste s’emparant de la famille royale et tentant de détruire le Ministère suscite ainsi un joli clin d’œil à la série 24h Chrono, tout au long d’un pastiche très enlevé. A l’instar des aventures de Jack Bauer, il n’y a d’ailleurs pas ici de happy end, même victorieux nos amis se voient plus que jamais écartelés entre les époques et en butte aux impératifs immobiles du Ministère (particulièrement Irène et Julián), ce qui laisse entrevoir un final de saison lourd en tensions accumulées.

Si on peut regretter que la reine Isabelle II ne soit présentée qu’en devenir, elle dont le règne s’étendit sur tout une moitié troublée du XIXème siècle, le volet historique ne se voit pas sacrifié aux péripéties et affrontements (l’opus demeurant sans nul doute le plus violent de la saison). On apprécie en particulier l’évocation des guerres carlistes, ces absurdes bouffées de conflit médiéval surgissant au moment où les voisins de l’Espagne convergent vers l’industrialisation et l’ère moderne, symptômes d’un décrochage toujours plus marqué du pays et annonciatrices des drames du siècle suivant. Le propre passé du Ministère est également approfondi, avec une évocation de la rébellion passée de Lerva tel un passé maudit. L’homme conserve des traces de sa grandeur passée, maila folie homicide qui l’habite désormais se montre réellement terrifiante.  En opposition, l’épisode rend un bel hommage au Sous-secrétaire, en qui le devoir transparait comme un surmoi parfois rude, mais non dépourvu d’humanité, lui permettant de faire face au caractère vertigineux de sa mission.


Isabelle II (1830-1904) hérita du trône d’Espagne à peine âgée de trois ans. Pour cela son père, Ferdinand VII avait aboli la loi salique en vigueur dans la dynastie des Bourbons, réservant le pourvoir aux mâles. Cette décision fut contestée par son frère Charles, dont l’opposition à sa nièce allait donner lieu aux guerres dites carlistes, qui devaient périodiquement embraser le nord du pays durant tout le XIXème siècle. Ce conflit préfigura la Guerre civile, car les libéraux se rangèrent derrière Isabelle et les partisans de l’Espagne la plus traditionnelle derrière Charles (Carlos V), mais ceux-ci furent en définitive vaincus. Lassée par un règne obscurci par de nombreux troubles politiques et autres pronunciamientos, voyant de plus l’Espagne se placer dans l’orbite française, Isabelle, que la politique ne passionna jamais,  finit par abdiquer en faveur de son fils en 1870 et par se retirer à Paris.
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Message  Estuaire44 Mar 17 Nov 2015 - 13:36

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Message  Estuaire44 Mer 18 Nov 2015 - 18:35

La leyenda del tiempo (1-08, ****)
Date de diffusion : 13 avril 2015
Epoque visitée : 1923, la Résidence des Etudiants, Lorca, Dalí et Buñuel

En 1926, des répétitions du Don Juan Tenorio se déroulent à la Résidence des Étudiants, auxquelles participent Dalí, Buñuel et Lorca. Or il s’avère que l’affiche du spectacle, peinte par Dalí, comporte le dessin d’une tablette tactile ! Envoyés sur place, Amelia, Alonso et Julián effectuent des découvertes et des rencontres exacerbant leurs frustrations accumulées quant à l’interdiction d’influer sur leurs tragédies personnelles. Tout se passe comme si la mission était un piège subtil destiné à les inciter à se rebeller contre le Ministère. Le trio parvient à arrêter Lola (qui achetait à bas prix les œuvres du jeune Dalí pour les revendre en 2015), mais il s’avère que l’instigatrice du complot était Irène, traumatisée par la mort de Leiva. Tandis que le Sous-secrétaire lui pardonne, chacun des trois protagonistes réagit de manière différente à la tentation.

Dès une magnifique scène pré générique, chorale et bouleversante, le récit nous indique que ce final de saison va se centrer sur le parcours personnel dramatique des héros, au terme de premiers pas au sein du Ministère du Temps couronnés par ailleurs de succès. De fait l’affaire du jour, le trafic d’œuvres d’art développé par Lola, se voit rapidement expédiée. On note au passage qu’une intrigue similaire s’étant déroulée dans le City of Death de Doctor Who, Léonard de Vinci y préfigurant Dalí. Si cette brièveté prive la chute de Lola d’une partie de son écho, elle permet de porter à son plus haut point d’intérêt le profil psychologique toujours particulièrement attachant de nos héros. Chacune des portes de sortie qu’ils ont choisi, cette fois au figuré, débouche sur une scène brillant par son astuce comme par son humanité. Défier frontalement le Destin signifie une issue particulièrement cruelle pour Julián tandis qu'à l’exact opposé le déni d'Amelia et son fatalisme laissent tout un chapitre ouvert pour la période à venir. Touché par la grâce du théâtre, le rude Alonso nous émeut et l’inspiration qu'il y puise, lui permettant opérer le juste choix, nous offre l'une des scènes les plus fortes et originales de la saison.

Par ailleurs, l’épisode développe les points forts usuels de la série. La reconstitution d’époque s’impose une nouvelle fois comme remarquable, de même que les recréations des figures historiques rencontrées. Mis en valeurs par l’intrique Lorca et Dalí se voient magnifiquement interprétés et dotés de leurs accents respectifs. Le divertissant Dalí manifeste ainsi une légère intonation catalane, annonciatrice de la version caricaturale qui deviendra bien plus tard la sienne, quand il s’auto-parodiera en permanence. De son côté la douceur de l’accent andalou de Lorca apporte un précieuse véracité au personnage. Le grand poète apparaît lui- même idéalement choisi, tant les thématiques de la destinée et de la mort, si présentes à travers son œuvre et son parcours, trouvent un écho particulier dans le ressenti de Julián, avec lequel s’établit une connexion dramatiquement très forte. La hiérarchie du Ministère a également droit à plusieurs scènes intenses, parfois bouleversantes. On apprécie qu’un faux suspense ne soit pas tenté autour du sort d’Irène, dont on sait bien qu’elle reste absolument indispensable au programme. On la retrouvera elle aussi avec plaisir, lors d’une deuxième saison promettant déjà beaucoup.


Jordi Hurtado, qui joue ici son propre rôle, est un présentateur vedette de TVE. Il a notamment animé de très nombreux jeux télévisés depuis les années 80. Le caméo le montre être secrètement un agent du Ministère. Il a ainsi apporté à Cervantès le matériel d’écriture dont celui-ci avait besoin pour conclure Don Quichotte !

Les étudiants répètent la pièce Don Juan Tenorio (1844), de José Zorrilla, grand poète et dramaturge espagnol du XIXème siècle. C’est à travers cette pièce que l’on se représente le mythe de Don Juan en Espagne, à l’instar de Molière en France.

La Résidence des Etudiants (Residencia de Estudiantes) s’installa en 1915 à proximité du Musée des sciences naturelles de Madrid. Cette création gouvernementale, très novatrice pour l’Espagne d’alors, avait pour objectif de favoriser les échanges créatifs entre étudiants en diverses disciplines, à l’occasion de créations ou d’ouvrages communs, mais aussi de libres débats. De grands intellectuels étrangers y étaient régulièrement conviés, notamment français. Son existence est perçue comme un moment particulier de l’histoire artistique et intellectuelle espagnole (mais aussi scientifique), car elle permit la rencontre féconde d’artistes et d’écrivains appelés à devenir les plus marquants de cette génération de l’entre deux guerres connaissant un écho international. L’épisode nous fait ainsi rencontrer Federico García Lorca, Luis Buñuel et Salvador Dalí, mais aussi l’auteur Pepín Bello ou la grande actrice Rosita Díaz Gimeno. Franco fit fermer l’établissement dès 1939, elle sera réouverte lors du retour de la Démocratie.
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Le Ministère du Temps referme ses Portes, la suite dans quelques mois !
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Message  Invité Ven 27 Nov 2015 - 21:01

Présentation et guide de la première saison sont en ligne! cheers

http://theavengers.fr/index.php/hors-serie/annees-2000/el-ministerio-del-tiempo-2015
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Message  Estuaire44 Dim 29 Nov 2015 - 17:51

Première bande annonce de la saison 2
(Primer avance de la segunda temporada)

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Message  Estuaire44 Lun 8 Fév 2016 - 11:54

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Message  Estuaire44 Mar 16 Fév 2016 - 21:00

Le premier épisode de la deuxième temporada vient d'être diffusé et les critiques sont pour l'instant très bonnes. Il nous entraine en 1079, dans le doux pays valencien, au Levant de la terre d'Espagne. L'action a pour sujet Rodrigo Díaz de Vivar, el Cid Campeador, héros national et grande figure de la Reconquista, tué par maladresse par deux agents temporels du Ministère. L'équipe de choc de l'institution la plus secrète du Royaume parviendra-t-elle à rétablir la continuité historique, alors qu'elle-même se remet difficilement de la crise de fin de saison dernière ? La réponse bientôt, je vais tâcher de regarder et chroniquer les épisodes au fil de l'eau.


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Message  Dearesttara Mer 17 Fév 2016 - 0:59

Apparemment, tuer un personnage historique est plus facile pour le ministère que pour le Doc ou dans TZ ; ces gars-là peuvent décidément s'amuser plus, c'est cool.
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Message  Estuaire44 Jeu 18 Fév 2016 - 10:25

Portrait de la talentueuse Aura Garrido, l'interprète d'Amelia, an La montée ibérique
http://lamonteeiberique.com/aura-garrido-lactrice-qui-marque-son-temps/

A propos de la réouverture du Ministère
http://lamonteeiberique.com/el-ministerio-del-tiempo-reouvre-ses-portes/
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Message  Estuaire44 Ven 19 Fév 2016 - 18:28

Tiempo de Leyenda (2-01, ****)
Date de diffusion : 15 février 2016
Époque visitée : 1099, le Cid Campeador

Résumé :

Suite aux troubles récents, l’émissaire du Président du Gouvernement, l’ambitieuse Susana Torres,  conteste l’autorité du Sous-secrétaire. Afin de renforcer son équipe, ce dernier réintègre Irene. Il doit cependant faire face à la défection de Julián, qui, ébranlé, décide de prendre du champ en quittant le Ministère par l’une des Portes. Or, suite à la découverte d’une nouvelle tombe, il semble soudain que deux différents Cid aient inexplicablement existé. Escortée d’Alonso et de Spinola, Amelia est envoyée près de Valence en 1099, peu de temps avant la mort du héros, afin de résoudre cette énigme. Elle découvre que l’authentique Cid a péri en 1079, durant un combat, du fait de l’intervention malencontreuse de deux agents du Ministère des années 1960 venus filmer ses exploits. Avec la complicité de Jimena (Chimène), l’un d’entre eux se fait depuis secrètement passer pour lui, afin de sauvegarder au mieux la continuité historique. Hélas, il périt un mois trop tôt, mais Alonso le remplace à son tour lors d’une bataille décisive contre les Sarrazins, achevant de résoudre la crise.

Critique :

El Ministerio del Tiempo apparaît au meilleur de sa forme à l’occasion du lancement de sa deuxième saison. Olivares manifeste derechef la même étonnante habilité pour insérer les interventions, fortunées ou non, du Ministère au sein du déroulement historique. La mise en place de deux Cid distincts accompagne ainsi à merveille la dualité de la vie ardente de Rodrigo Díaz de Vivar, d’abord mercenaire impitoyable (allant jusqu’à parfois combattre les chrétiens pour le compte des seigneurs musulmans), ensuite devenu l’âme de la résistance de la belle Valence face à l’envahisseur. L’intervention d’Alonso, revêtant à son tour l’identité du héros afin de galvaniser ses hommes face aux hordes ennemies, rejoint également le mythe selon lequel le cadavre du Cid fut porté à cheval avant le combat, faisant croire à sa survie. De manière toujours fluide, l’auteur enrichit le récit de multiples informations, composant un portrait très humain du Cid et de Chimène, en dialoguant avec subtilité sur la distinction entre Histoire et Légende.

L’épisode séduit également pas son refus d’un manichéisme facile, L’imposteur ne compose en rien un profiteur opportuniste, c’est-à-dire l’adversaire habituel de ce type d’histoires. . Bien au contraire il abandonne sa vie et sa famille afin de remplir son devoir, un piège se refermant sur toute son existence. Il va de même pour Alonso, prêts à tous les sacrifices pour que survive la légende du Cid et que s’accomplisse son destin. L’écho rencontré par la figue du héros auprès des Espagnols de toutes les époques en constitue un vibrant hommage. Ce mélange de fatalisme et de résilience digne face au destin répond à un sentiment très espagnol (ou castillan, selon ce que l’on voudra). Il se retrouve lors de l’interpellation de Spinola par Amelia, autour des conséquences de ses choix. A-côté de l’émouvante Chimène, elle aussi au rendez-vous du devoir, Amelia devient le témoin bouleversé des vies de ces hommes pour qui tout cède à l’honneur. Aura Garrido s’avère impériale dans cette version plus tragique et tourmentée qu’à l’ordinaire d’Amelia. Olivares parachève son travail en agrégeant à cette thématique les parcours du Sous-secrétaire et d’Irene, mais aussi d’un Julián débutant une requête de rédemptions. Un magistral exemple de rebond après le départ d’un comédien clef, Rodolfo Sancho se mettant en quasi congé du Ministère.

Cette ambition moraliste n’empêche par l’opus de demeurer vivant et spectaculaire, grâce à une reconstruction médiévale soignée et évocatrice, ainsi qu’à une mise en scène alerte, n’hésitant à dépeindre sans fards les combats de l’époque. On regrettera simplement un abus de palette graphique visant à rendre par trop spectaculaire l’armée ennemie approchant de la citadelle du Cid toutes proportions gardées, on se croirait face à la horde de Sauron convergeant vers Minas Tirith à travers les Champs du Pelennor. Élément indispensable de la série, l’humour perdure malgré la tonalité tragique des événements. Il en va ainsi des petits anachronismes coutumiers, de inépuisable Velázquez, de la complicité virile d’Alonso et Spinola (ce dernier apprenant à connaître les colères froides d’Amelia)  et, surtout de cet antiaméricanisme gaillard, en rien atténué en deuxième saison. Le portrait de Charlton Heston, en interprète du Cid totalement inculte et si hollywoodien, se révèle hilarant.

Anecdotes :

Rodrigo Díaz de Vivar (1043-1099), dit le Cid Campeador (le seigneur guerrier), fut une grande figure de la Reconquête. D’abord chevalier bien en cour auprès du Roi de Castille, il tomba en disgrâce et devint un mercenaire successivement au service des multiples souverains chrétiens ou musulmans participant à ce conflit complexe et aux alliances perpétuellement changeantes. Ses victoires lui valant un grand renom, il se réconcilie avec son Roi, Alfonso VI, et s’empare de la prestigieuse cité de Valence, capitale du Levant, en 1088. Il y règne toutefois en prince quasi indépendant, jusqu’à provoquer une nouvelle brouille avec le souverain. Le Cid parvient à sauver Valence de l’invasion almoravide en provenance du Maroc et s’installe comme Roi de Valence, de 1094 à sa mort. Au-delà de son parcours triasique, la légende du Cid l’a propulsé comme héros national espagnol et comme une figure de la littérature européenne. En France, il est ainsi évoqué par la célèbre tragi-comédie Le Cid de Corneille (1636) ou encore par La Légende des Siècles de Victor Hugo (1859).

Le Ministère a identifié l’épée principale du Cid, la célèbre Tizona (la Braise), dans la tombe de son légitime propriétaire. La légende veut que le Cid l’ait prise au Roi Baucar du Maroc après une prouesse d’armes à Valence. Elle fut effectivement enterrée à ses côtés. Aujourd’hui plusieurs musées espagnols revendiquent sa possession, aucune de ces épées n’étant définitivement reconnue comme étant la légendaire Tizona.

L’imposteur reconstitue le parcours du Cid à partir de sa connaissance du Cantar de mio Cid. Cette chanson de geste, la plus ancienne connue en Espagne, se diffusa dès la mort du héros. Elle contribua puissamment à installer la figure mythique du Cid, dont elle donne une vision romancée de sa vie itinérante déjà haute en couleurs. Grâce à son érudition, Amelia sait distinguer ce qui relève de l’Histoire ou de la légende et perce à jour la supercherie.

L’agent soigné par Julián est pressé de revenir en moins 142, où il est chargé de veiller sur Viriate. Ce berger lusitanien mena une révolte armée contre Rome, qui s’étendit à la plus grande partie de la péninsule ibérique. Il accumula les succès militaires, mais périt en moins 139, assassiné par des traîtres. Par ailleurs libérée de la menace carthaginoise, Rome put dès lors facilement écraser la rébellion.

Désespéré d’avoir la vie de ses compagnons en danger par ses tentatives de rejoindre son épouse, et par l’impossibilité de désormais la rejoindre. Julián quitte le Ministère en franchissant l’une des Portes, afin de retrouver un sens à sa vie. Du fait d’autres engagements, l’acteur Rodolfo Sancho doit en effet alléger sa présence durant le tournage de la série, où il n’effectuera plus que des apparitions ponctuelles. Il est néanmoins prévu qu’il participe à un feuilleton audio diffusé sur Radio Nacional et narrant les aventures solo de Julián.

Mar Saura (Susana Torres), ancienne Miss Barcelone 1992, se fit connaître comme mannequin puis comme actrice et animatrice vedette de la télévision espagnole. Parmi les récentes séries espagnoles à succès, elle participe notamment à Ángel o demonio, Cuentame un cuento et à Los Misterios de Laura. Cette chroniqueuse de mode très influente est également l’épouse du président de la fédération équestre espagnole.

Ambrosio Spinola, grand général du Siècle d’or, est ici de retour après avoir participé à l’épisode Cómo se reescribe el Tiempo (1.03). Durant l’inter saison, la production fut à l’écoute des fans de la série, les très actifs Ministericos, qui firent savoir quels personnages historiques déjà croisés ils désiraient revoir. Lope de Vega sera également du nombre.

Le Ministère du Temps envoie initialement ses agents filmer le Cid afin de permettre à Charlton Heston de l’incarner, afin que soit tourné l’épique film italo-américain Le Cid (1961). Il narre le conflit entre Rodrigo Díaz de Vivar et les Almoravides pour le Royaume de Valence, avec Sophia Loren dans le rôle de Chimène. Le film, précieux pour l’économie et le prestige espagnols, fut largement tourné en Castille et autour de Peníscola, au nord du Levant, dont les fortifications figurèrent les murailles de Valence. La production bénéficia effectivement des conseils érudits de Ramón Menéndez Pidal (1869-1968), grand universitaire et médiéviste espagnol, ici présenté comme l’un des dirigeants du Ministère.

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Message  Estuaire44 Sam 20 Fév 2016 - 14:41

Générique "façon années 80" , réalisé par un fan

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Message  Estuaire44 Lun 22 Fév 2016 - 14:25

TVE vend le format du Ministère du Temps à des producteurs américains et portugais. La série sera adaptée à l'Histoire de ces pays. Des négociations sont en cours ailleurs, notamment en France.
http://www.elconfidencialdigital.com/medios/TVE-Ministerio-Tiempo-Unidos-Portugal_0_2660133961.html
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Message  Estuaire44 Ven 4 Mar 2016 - 11:57

El tiempo en sus manos (2-02, ***)
Date de diffusion : 2202/2016
Époque visitée : diverses,  la rue Antonio Grilo

Résumé :

En 1981, à Madrid, le policier Jesús Méndez est surnommé "Pacino" par ses collègues, du fait de sa ressemblance avec l’acteur dans le film Serpico. Il traque un serial killer s’en prenant depuis des années à des mères célibataires résidant dans une même rue. Le père de Pacino enquêtait déjà là-dessus en 1946 et a été ébranlé jusqu’au suicide quand il a vu l’homme inexplicablement disparaitre dans une armoire. Poursuivant l’individu, Pacino pénètre dans l’armoire et parvient dans notre époque. Repéré, il parvient à convaincre le Sous-secrétaire de sa bonne foi et il fait dès lors équipe avec la Patrouille du Temps, afin de résoudre l’affaire. Mais le but de Pacino n’est pas seulement d’arrêter l’assassin, mais bien d’annuler ses crimes. En découle une enquête éclatée sur deux époques, 1946 et 1886, au terme de laquelle, malgré sa désobéissance, ses qualités lui valent d’être intégré à la Patrouille. Parallèlement, on apprend qu’Irène est l’informatrice de Susana Torres.

Critique :

L’épisode prend astucieusement le parti pris opposé de la britannique Life on Mars, à laquelle on songe beaucoup durant tout le récit : cette fois c’est un policier des années 70/80 qui s’en vient dans notre époque, suscitant un choc culturel souvent savoureux. Interprété avec toute une flamme intérieure par Hugo Silva, Pacino se révèle un homme entièrement dédié à son drame familial, mais à la personnalité suffisamment riche pour échapper aux clichés inhérents à la vengeance (Bonjour, je m'appelle Inigo Montoya, tu a tué mon père, prépare-toi a mourir). Il s’avère idéalement taillé pour remplacer Julián, élément également rebelle au sein de l’équipe, mais aussi suffisamment différent pour apporter un renouvellement (savoir-faire policier, aptitude aux coups tordus, alternance d’époque).

Même si cela induit un certain ralentissement de l’action en milieu de récit, Olivares n’hésite d’ailleurs pas à consacrer du temps à développer le relationnel entre le nouveau venu et les autres membres du Ministère, tout en dépeignant l’évolution de l’organisation, entre la quête de Julián et la nouvelle trahison avérée d’Irène. Le serial killer n’est en rien édulcoré, certaines scènes de meurtre s’avèrent montrées avec crudité et impact, tandis que l’amateur des X-Filés s’amusera des convergences avec 4D, l’assassin ne se dissimulant pas ici en passant d’un univers miroir à l’autre, mais d’un temps à l’autre. Évidemment le spectateur pourrait se sentir frustré d’une approche somme toute rapide des années 80 madrilènes, mais le sujet a déjà été traité en première saison (Qualquier Tiempo pasado).

Plus gênant, la multiplicité d’époques abordées, brièvement et d’un point de vue uniquement fonctionnel au sein de l’intrigue, fait que l’on y pénètre de manière beaucoup moins immersive que lors des opus précédents. De même, l’absence de personnages ou évènements historiques marquants, en dehors d’un abominable fait divers, réduit le pouvoir évocateur du scénario, même si l’ensemble demeure habilement mené. On préfère l’option d’un compagnon d’aventures permanent, tissant un vrai relationnel, à l’option qu’aurait pu constituer des invités historiques éphémères, comme Spinola précédemment. Olivares ni ne maîtrise, ni ne se soucie, du jeu subtil des paradoxes temporels s’enchevêtrant, mais il a raison d’avancer que ce n’est pas le sujet de la série et d’accorder la primauté à l’aventure.

Anecdotes :

Quand le Sous-secrétaire décrit le Ministère à Pacino, celui-ci estime qu’il s’agit d’une histoire à la Mortadelo y Filemón. Il s’agit de deux héros d’une bande dessinée lancée en 1958 (184 albums à ce jour) et très populaire en Espagne. Pastichant le style des films et séries d’espionnage des années 60, elle décrit les aventures et mésaventures de deux agents secrets à qui il advient des catastrophes absurdes du fait de leur totale incompétence. On peut ici témoigner que lire Mortadelo y Filemón représente un excellent moyen d’apprendre la langue espagnole !

Depuis le XIXème siècle, le tueur en série a assassiné une vingtaine de femmes à différentes époques, mais toutes ses victimes résidaient dans la rue Antonio Grilo, à Madrid. L’épisode joue ainsi sur la noire légende de cette rue bien réelle. Pourtant relativement courte, celle-ci a effectivement accumulé au fil des siècles un nombre anormalement élevé de meurtres ou de morts violentes, sans qu’aucune corrélation ne puisse être découverte, et sans qu’une explication ne puisse être donnée à cette aberration statistique observée depuis 1776. Le phénomène est particulièrement marqué au numéro 3 de la rue, l’édifice ayant totalisé 8 meurtres abominables en à peu près 70 ans : homme saigné à mort, épouse et enfants tués à coups de marteau, fille mère étranglant son bébé... Un grand nombre de fœtus humains y a également été découvert, le bâtiment abritant apparemment des avortements durant les années 40 et 50.

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Message  séribibi Ven 4 Mar 2016 - 12:23

Estuaire44 a écrit:Poursuivant l’individu, Pacino pénètre dans l’armoire et parvient dans notre époque. (.../...) cette fois c’est le policier des années 70/80 qui s’en vient dans notre époque,

Je n'ai pas compris le "dans "notre" époque", c'est-à-dire actuellement ou bien en 1886 ?
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Message  Estuaire44 Ven 4 Mar 2016 - 13:49

En 2016, actuellement.
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Message  Estuaire44 Ven 4 Mar 2016 - 14:12

Une IS de plus :

Quand le serial killer tue la mère de famille après avoir assommé Pacino, le discours de démission du Président du Gouvernement Adolfo Suárez vient de débuter à la télévision. Cela situe le drame au 29 janvier 1981, à 19h40. Depuis juillet 1976, cet ancien dirigeant franquiste modéré, issu de l’opus Dei, dirigeait le gouvernement ayant mené à bien la Transition démocratique, sous l’égide de S. M. Don Juan Carlos. En 1977, Suárez remporta les premières élections générales libres de l’après Franquisme et mit en place un gouvernement centriste. Usé politiquement, épuisé par l’ampleur de la tâche et pessimiste quant à une prévisible prochaine réaction militaire (la tentative de coup d’État de Tejero surviendra le 23 février), il finit par démissionner. Le Roi l’anoblira en l’élevant au rang de Duc, en remerciement de ses services envers la Couronne et le démocratie.
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Message  Estuaire44 Ven 4 Mar 2016 - 15:12

Photo de tournage : la diabolique Susana Torres dans le bureau du Sous-secrétaire (Mar Saura)  queen

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Message  Estuaire44 Sam 5 Mar 2016 - 22:27

Tiempo de hidalgos (2-03, ****)
Date de diffusion : 29/02/2016
Époque visitée : 1604, Miguel de Cervantes et L’Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche

Résumé :

Gil Pérez, l’agent supervisant le Siècle d’Or, avertit le Ministère que Cervantes n’a pas déposé le manuscrit de Don Quichotte à l’imprimerie. En fait l’écrivain a vendu le document aux agents américains de Darrow, pour une fortune. Cervantes crée ainsi sa propre compagnie théâtrale, domaine où il n’a jamais percé et sur lequel son rival Lope de Vega règne en maître. Alonso et Amelia s’infiltrent dans les répétitions et entreprennent de saboter la pièce, n’y parvenant que grâce à un coup de pouce du Destin. Gil et Pacino mènent l’enquête et découvrent que Darrow s’intéresse désormais à Lope de Vega. Ils tendent une souricière lors du rendez-vous mais Amelia refuse que l’on fasse courir des risques au plus grand dramaturge espagnol. Finalement, après avoir empêché son suicide, la Patrouille emmène Cervantes en 2016, lui faisant croire qu’un rêve lui révèle la gloire de son œuvre. Il décide alors de réécrire Don Quichotte. Pendant ce temps, Irène fait évader Lola, qui rejoint la conspiration de Susana Torres, celle-ci apparaissant liée à Darrow.


Critique :

Après que l’opus précédent eut installé le nouveau membre émérite de la Patrouille du Temps, Tiempo de hidalgos ale mérite de développer efficacement l’univers de la série. La toujours sublime et vénéneuse Susana continue de tisser sa toile, tandis que l’organisation Darrow effectue un retour réussi en concurrent récurrent du Ministère, toujours désireuse de piller les trésors culturels de l’Espagne, après l’affaire du Guernica. L’amateur des séries d’espionnage des Sixties appréciera le développement de ce style d’histoires opposant deux organisations antagonistes mais parfois si semblables, comme les deux faces d’une même pièce. Etabli dès la première saison, l’amusant parallèle avec Au-cœur du Temps se poursuit, les agents de Darrow se dématérialisant  en passant d’une époque à l’autre, tout comme les aventureux voyageurs du Chronogyre.

La série continue par ailleurs à totalement assumer un anti-américanisme toujours aussi caustique. Olivares pratique également un judicieux rappel des personnages précédemment rencontrés, avec le toujours savoureux et passablement blasé Gil Pérez, mais aussi l’extraordinaire Lope de Vega. Cet auteur passionnément amoureux de l’amour (mais aussi infatué de lui-même), nous offre de merveilleuses retrouvailles avec Amelia, devisant au sein d’un jardin ensoleillé de Madrid,  autour d’un verre de l’un des vins espagnols si capiteux, de cet enchantement  puissant et mystérieux existant entre hommes et femmes. Lors de cette radieuse parenthèse, on remarque d’ailleurs que le charme féminin se montre irrésistible, Lope ne se formalisant pas outre mesure de découvrir Amelia telle que lors de leur rencontre si intime à l’ombre de l’Invincible Armada, près de vingt ans plus tôt.

Mais c’est bien autour de la figure de Cervantes que se focalise l’attention. Comme à son accoutumée, Olivares enrichit son récit, sans l’appesantir, de nombreuses informations sur la vie et l’œuvre du grand écrivain, tout en insistant avec humour sur la rivalité avec Lope de Vega. Comme avec ce dernier, le scénariste se montre par ailleurs toujours plaisamment irrévérencieux, ne décrivant  pas Cervantes en majesté, mais bien vivant, avec les petits ridicules de tout un chacun, coexistant avec  la puissance de son verbe. Olivares sait aussi nous surprendre en ne dépeignant pas tant El Quijote que le théâtre du temps, à travers des répétions que les tentatives de sabotage menées par Alonso et Amelia rendent souvent hilarantes.

En définitive, l’épisode rend un bel hommage à cet art sublimantles ambitions de ses acteurs et que rien ne parvient à arrêter, hormis le Destin lui-même. La langue espagnole, le Castillan, s’invite elle-même à la fête, les dialogues finement ciselés rendant compte des richesses de ses différentes facettes, de l’argot madrilène de Pacino jusqu’à la poésie lyrique de Cervantes. A travers des péripéties astucieuses, un humour très présent et une jolie reconstitution d’époque, Olivares continue à développer le relationnel de ses personnages. Il oppose notamment la personnalité  et les méthodes de l’érudite et non violente Amelia au rusé et plus enclin à l’action directe Pacino, un antagonisme accru par rapport à Julián, où la sagesse d’Alonso intervient parfois en arbitre.

Au total l’épisode constitue un parfait manifeste des atouts du Ministère du Temps, même si Olivares pourra par la suite difficilement continuer à relativiser l’influence de Doctor Who. Les répétions aux côtés de Cervantes et l’évocation de la magie du théâtre rappellent ainsi furieusement  The Shakespeare Code (3.02), où Ten et Martha rendaient pareillement visite à Shakespeare au Globe. En outre la très belle séquence voyant l’auteur découvrir à notre époque l’écho rencontré par son œuvre rejoint Eleven et Amy procédant de la sorte avec Van Gogh, pareillement pour éviter un suicide, même si le Destin l’emporte toujours (Vincent and the Doctor, 5.10).

Anecdotes :

Afin de mener son enquête, Pacino se fait passer pour un membre de la Santa Hermandad. Il s’agit de l’ancêtre de la police actuelle, originellement des hommes armés et financés par les villes de l’Espagne médiévale afin de pourchasser les criminels. En 1476Isabelle la Catholique les unifia en une unique administration royale. La Santa Hermandad devint alors le premier véritable corps de police existant en Europe. En 1834, après l’épisode napoléonien, elle est dissoute au profit d’une administration modernisée, sur le modèle de la Sûreté parisienne.

Amelia est surnommée « Enciclopedia Espasa » par Pacino. Editée initialement entre 1908 et 1930 par la maison Espasa, régulièrement modernisée depuis, l’Enciclopedia universal ilustrada europeo-americana est devenue la plus grande encyclopédie de langue espagnole existant au XXème siècle et l’une des plus développées au monde. Elle comporte aujourd’hui 116 volumes, 175 000 pages, 200 millions de mots, 200 000 illustrations et 100 000 biographies.

Une partie de l’action se déroule à La Granjilla, parc créé de 1563 à 1566 par Philippe II non loin de l’Escorial, près de Madrid. Le site est aujourd’hui classé, ses jardins et bâtiments constituent l’un des plus beaux exemples du style architectural du Siècle d’Or.  

Tout comme son rival Lope de Vega, Miguel de Cervantes Saavedra connut une jeunesse aventureuse et itinérante, typique du Siècle d’Or espagnol. Il se rendit ainsi en Italie, puis perdit l’usage de sa main gauche à la bataille navale de Lépante (1571) et fut l’otage des Barbaresques, à Alger, de 1575 à 1580. Il s’inspira notamment de ses mésaventures pour publier en 1605 L’Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche. Cette irrésistible parodie des romans de chevalerie, et satire au vitriol de la société de son temps, apparaît comme un livre inépuisable, toujours considéré aujourd’hui comme le plus grand roman national. La langue espagnole est d’ailleurs communément désignée comme celle de Cervantes, à l’instar du français et de Molière. Même si redécouvertes postérieurement, ses pièces ne connurent par contre aucun succès au théâtre, à son grand désespoir, la scène madrilène était en effet alors dominée par les comédies de Lope. Il ne parvint jamais à monter Los Baños de Argel, la pièce ici en répétitions.

La chanson écoutée par le Sous-secrétaire est Vivo cantando, de Salomé, qui représenta l’Espagne lors de l’Eurovision 1969, à Madrid. La chanson, qu’il considère comme excellente, avait alors dû partager la première place du tournoi avec le Royaume-Uni, les Pays-Bas et la France (représentée par Un jour, un enfant, de Frida Boccara). Le Sous-secrétaire étant furieux de qu’il désigne comme une mission ayant échoué, on peut supposer que, dans une première version de l’Histoire, l’Espagne avait triomphé seule ! Il s’agit de la seconde et dernière victoire à ce jour de l’Espagne à l’Eurovision, l’année précédente elle avait gagné avec La, la, la, de la chanteuse Massiel. Suite à un tirage au sort, la compétition 1970 se déroula aux Pays-Bas.


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Message  Estuaire44 Dim 6 Mar 2016 - 8:57

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Message  Estuaire44 Dim 6 Mar 2016 - 12:32

Joli shooting pour Mar Saura, mannequin mais aussi grande spécialiste de rôles de vilaines : une diablesse dans Angel o Demonio, la méchante reine dans l'épisode Blancheneige de Cuentame un cuento et Susana dans El Ministerio del Tiempo
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Message  Estuaire44 Jeu 10 Mar 2016 - 13:42

El monasterio del Tiempo (2-04, **)
Date de diffusion : 07 mars 2016
Époque visitée : 1808, Napoléon à Tordesillas

Résumé :

A la veille du Noël 1808, Napoléon gracia trois prisonniers accusés d’espionnage, à la demande de la mère supérieure du couvent de Santa Clara, où il séjournait alors. Or celle-ci meurt subitement, avant d’avoir pu prononcer sa supplique. L’un des trois condamnés à mort étant l’un des ancêtres d’Adolfo Suárez, le Sous-secrétaire Salvador envoie la Patrouille du Temps régler la situation, flanquée de sa secrétaire Angustias, au parfait profil pour remplacer la mère supérieure. Après moult péripéties parfois surprenantes, la mission est un succès mais une mauvaise surprise attend les héros à leur retour : grâce à la complicité d’Irène et mettant à profit la fuite non résolue de Julián, Susana Torres à contraint Salvador à la démission. Elle le remplace désormais à son poste.



Critique :

Davantage qu’un épisode de Noël, comme il en donne initialement l’impression, El Monasterio del Tiempo revêt rapidement l’allure d’une comédie totalement débridée. Chaque situation se voit exclusivement traitée sous l’angle de l’humour, ce qui produit des effets certes le plus souvent hilarants au cas par cas. Il en va ainsi des angoisses et maladresses de la novice Angustias lors de sa première mission, des différentes erreurs tournant infailliblement à la catastrophe commises par une pour une fois peu inspirée Amelia ou du contraste entre la personnalité de Pacino et le rôle de prêtre qu’il a endossé (avec notamment une succession de confessions tout à fait surréalistes). La palme revient sans doute aux inquiétudes d’Alonso, homme du Siècle d’Or confronté aux mystères du XXIème siècle, dont l’insondable énigme du fonctionnement d’un frigidaire. Encore faut-il rajouter à cela les émois de deux fiancés chauds bouillants et des personnages français joyeusement caricaturaux, à l’image des séries des années 60 : accents outrés et perpétuels airs d’accordéon jaillis de nulle part.

Ay que vodevil ! finit par s’exclamer Angustias devant le rythme d’enfer des péripéties humoristiques, mais l’on frôle malheureusement plutôt la farce, tant cette accumulation de gags finit par ôter tout enjeu et intensité dramatique à l’intrigue. C’est d’autant plus dommage que cela survient à l’occasion d’un rendez-vous particulièrement relevé en la personne de l’Empereur (mais peut-être est-ce un point de vue français). De plus certaines plaisanteries s’avèrent passablement lourdes, comme la supposée homosexualité d’un Maréchal Ney poursuivant sans cesse Pacino de ses assiduités. Amusant, l’épisode se regarde néanmoins sans réel déplaisir, d’autant que l’action s’insère au sein du magnifique décor d’un authentique couvent espagnol, ce qui apporte de l’authenticité à l’ensemble. Surtout, le scénario effectue un joli contrepied en peignant Napoléon, le grand envahisseur, sous des traits finalement humains et chaleureux, porté par un savoureux sabir franco-hispano-italien. L’interprétation de Fernando Cayo s’avère irrésistible, comme souvent dans cette série. Le triomphe de la toujours stylée et perfide Susana Torres dramatise également efficacement les enjeux du prochain épisode.

Anecdotes :

Après l’importante défaite de Bailén survenue en juillet 1808 et chassant l’armée française d’Andalousie, l’Empereur se rendit personnellement en Espagne en novembre. Son but de guerre était de rétablir la situation de son frère ainé Joseph, récemment chassé de Madrid par la rébellion. A la tête de 90 000 hommes, Napoléon va remporter toute une série de succès sur les Anglo-espagnols, lui ouvrant in fine la route de la capitale en décembre : l’une des rares victoires majeures de cette Guerre d’Espagne qui allait s’avérer un gouffre pour l’Empire. Une tempête de neige le força à passer la nuit de Noël au couvent de Santa Clara, près de Tordesillas, où survint effectivement l’anecdote servant de sujet à l’épisode. L’Empereur gracia trois prisonniers suspectés d’espionnage, sur l’intercession de la mère supérieure.

Quand le Sous-secrétaire évoque Tordesillas, Amelia demande si la mission va concerner Jeanne la Folle (1479-1555). Cette fille des Rois Catholiques Isabelle et Ferdinand, premier souveraine en titre de toute l’Espagne, sombra définitivement dans la folie, suite à la mort de son mari bien aimé, Philippe de Habsbourg, dit le Beau. Ferdinand la fit interner à Tordesillas et elle ne régna jamais effectivement, le pouvoir passant à son fils, le futur Charles Quint. Juana la Loca est devenue une figure tragique de l’histoire d’Espagne, inspirant de nombreux écrivains et cinéastes.

Outre Adolfo Suarez, le Ministère conserve des arbres généalogiques précis de tous les personnages notables de l’histoire d’Espagne, veillant à ce qu’ils demeurent inaltérés quelques soient les soubresauts du Temps. Suarez fut le Président du Gouvernement menant à bien la Transition démocratique de l’après Franco, il a été évoqué précédemment lors de l’épisode El Tiempo en sus manos.

Voyant Amelia déguisée en bonne sœur, Pacino la surnomme Sœur Citroën. Sor Citroën fut une comédie espagnole à succès de 1967, narrant les aventures d’une nonne impulsive et tonique, conduisant périlleusement une 2CV. Elle est en fait très proche de Sœur Clotilde, le personnage récurrent de la saga du  Gendarme de Saint-Tropez, interprétée par France Rumilly.

Julián apparaît très brièvement durant l’épisode. Les podcasts réalisés parallèlement à la série par Radio Nacional nous apprennent qu’il aide désormais de son savoir médical les soldats participant à la Guerre hispano-américaine de Cuba (1898). Le désastreux conflit débouche sur l’indépendance de l’île, devenue en fait un dominion américain, tout comme les dernières colonies espagnoles des Caraïbes et du Pacifique.

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Le triomphe de Susana :

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Message  Estuaire44 Mer 16 Mar 2016 - 3:10

Un virus de otro Tiempo (2-05, ****)
Date de diffusion : 14 mars 2016
Époque visitée : 1918, la Grippe espagnole

Résumé :

Irène se rend en 1918, afin d’aider à l’accouchement de Carmen Amaya, future gloire du Flamenco, elle y contracte le virus de la grippe espagnole. Contrairement au protocole et à l’avis du Dr. Vargas, Susana fait revenir Irène, secrètement son amante. Le virus s’échappe et se communique à tout le Ministère. Susana doit ordonner une quarantaine, coupant le bâtiment du reste du monde mais aussi des équipes en mission dans le passé, incapables de s’en retourner. Plusieurs morts sont à déplorer est des figures du Ministère sont contaminées, comme Alonso ou Velázquez, mais les traitements modernes viennent à bout de la maladie. Entretemps Pacino et Amelia découvrent que le Dr. Vargas s’appétait à vendre un échantillon du virus à un groupe pharmaceutique allemand.

Critique :

L’épisode permet de varier la routine des missions de la Patrouille du Temps à travers l’Histoire d’Espagne, tout comme certains épisodes de Stargate SG-1 s’insérait au sein du SGC. Olivares a la grande habilité de mener à bien ce renouvellement bienvenu sans que la spécificité historique de la série n’en soit altérée. Cette fois c’est l’évènement qui vient au devant des héros, en l’occurrence l’un des pires cauchemars du siècle passé, dont l’horreur se voit éloquemment relatée au fil des évènements. Un regard cynique pourrait également évoquer un retour de boomerang, les Espagnols se voyant confrontés à une épidémie morelle, tout comme les Précolombiens de naguère. Le furent à leur contact. Cette dimension documentaire s’adjoint comme toujours efficacement à l’action principale, celle-ci revêtant la forme d’un récit de catastrophe médicale classique, mais éprouvé et solide.Le récit s’enrichit de prolongements propres au Ministère du Temps, comme les équipes en mission abandonnées à leur sort, ou la présence de personnalités du passé parmi les malades, menaçant la continuité historique d’un séisme majeur.

A cet égard, on apprécie particulièrement la présence de la sympathique et très nature María Pita, autorisant quelques amicales plaisanteries sur la Galice (accent, vocabulaire, passion culinaire de cette magnifique contrée pour le poulpe !). Dans cette série l’humour ne perd décidément jamais ses droits ! On apprécie qu’au-delà du suspense clinique, Olivares privilégie une nouvelle fois l’humain, se centrant sur l’étude de caractère de ses protagonistes soudainement confrontés à un mort probable. Il échappe au piège du mélodrame hospitalier en plomb, pour plutôt les dépeindre évoquant les grands moments de leur vie, autant de scènes souvent réellement émouvantes, et interprétées sans outrance. Tandis que Pacino et Amelia débutent une relation déjà contrariée, les antagonistes séduisent également par leur complexité dépourvue de tout manichéisme, que cela soit Vargas ou la propre Susana Torres, prête à prendre des risques insensés pour Irène. L’étoile de la nouvelle Sous-secrétaire commence déjà à pâlir, tandis que son prédécesseur attend benoitement son heure. Si quelqu'un t'a offensé, ne cherche pas à te venger. Assieds-toi au bord de la rivière et bientôt tu verras passer son cadavre.


Anecdotes :

De nombreux figurants participant à la scène voyant Susana réunir l’ensemble des fonctionnaires dans le patio du Ministère sont en fait des Ministericos. La production a ainsi permis à tout un groupe de ces fans de la série d’y figurer, après des échanges sur Internet.

Présentée ici comme l’une des agents du ministère, María Pita (1560-1643) est une héroïne galicienne similaire à Jeanne Hachette en France. En 1589, la flotte du redoutable corsaire anglais Francis Drake s’en vint donner l’assaut  au grand port de La Corogne. Durant la bataille, elle se porta sur les remparts et abattit un porte-drapeau adverse d’un coup de pique, galvanisant ainsi l’énergie des défenseurs. L’Anglais fut définitivement repoussé et la ville sauvée. Outre l’histoire galicienne, María Pita est également devenue une figure de référence pour les mouvements féministes espagnols.

Grâce à Salvador, Amelia peut s’entretenir avec Gregorio Marañón (1887-1960), lui aussi présenté comme un Agent du Ministère. Ce grand humaniste et intellectuel, engagé politiquement comme républicain, fut une figure de proue de médecine espagnole de l’entre deux guerres, menant d’importantes recherches dans le domaine de l’endocrinologie. En 1918 il fut l’un des reposnables sanitaires luttant contre l’épidémie de la grande grippe et représenta l’Espagne  au tire de la coopération internationale. .

Due à une souche H1N1 particulièrement virulente et propagé par les retours des soldats, la grande grippe de 1918-1919 occasionna un désastre mondial. Elle connut un nombre victimes oscillant entre 50 et 100 millions selon les études, davantage que le conflit s’achevant alors. Elle demeure aujourd’hui encore la pandémie la plus mortelle de l’histoire, dépassant la Peste noire de 1347-1352 et sa trentaine de millions de victime. Cette grippe reste désignée comme « espagnole », non pas parce qu’elle toucha particulièrement l’Espagne, mais parce qu’il s’agissait d’un des rares pays où elle fut évoquée publiquement. L’Espagne était en effet demeurée neutre durant la Grande Guerre, tandis que les journaux de tous les autres pays occidentaux étaient encore soumis à la censure militaire. Le sujet y fut dissimulé pour ne pas créer de panique et les journaux français en parlèrent comme d’une maladie strictement espagnole, s’arrêtant miraculeusement à la frontière des Pyrénées.

Irène veille à ce que l’accouchement difficile de Carmen Amaya se déroule bien. Carmen Amaya (1918-1963) fut un chanteuse et danseuse Flamenco connaissant une grande popularité, issue d’une famille gitane catalane très pauvre. Elle transposa avec succès cette danse dans le cinéma espagnol des années 30 (Maria de la O, 1936), avant de développer sa carrière en Amérique latine et aux USA durant la Guerre Civile. Décédée prématurément d’une maladie rénale, Carmen Amaya exerça une influence majeure sur le Flamenco, développant notamment avec élégance le mouvement des jambes, alors que les danseuses se préoccupaient jusque là surtout des mouvements des bras.


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Message  Estuaire44 Mar 22 Mar 2016 - 17:04

Tiempo de magia (2-06, **)
Date de diffusion : 21 mars 2016
Époque visitée : 1924, Houdini et Argamasilla

Résumé :

En 1924, à Madrid, Joaquín María Argamasilla a réuni autour de lui un cercle d’intellectuels fascinés par sa faculté de voir à travers la matière solide, comme avec des rayons X. Secrètement Agent du Ministère, il annonce se rendre aux USA pour se confronter à Houdini. La Patrouille du Temps se joint incognito au voyage, suspectant à juste titre qu’il va en fait révéler les secrets du Ministère à John Edgar Hoover. Mais Argamasilla agit par idéalisme démocratique et se laisse convaincre par la Patrouille, tandis qu’Harrow, refusant que l’état fédéral connaisse le voyage dans le temps, tente de l’assassiner. Les investigations de la Patrouille et d’Irène dévoilent la traitrise de Susana, dès lors remplacée par Salvador.

Critique :

Une nouvelle fois l’épisode du jour brille par la qualité de la reconstitution historique. C’est particulièrement vrai lors de la séquence madrilène, mais le regard porté sur l’Amérique de la Prohibition vaut également le coup d’œil. Même si la contrainte budgétaire s’y fait davantage ressentir, faire voyager la Patrouille en dehors de l’Espagne permet de renouveler le décorum. On avouera également que les tenues et les chapeaux des années 1920 siéent particulièrement à la grande beauté d’Aura Garrido. On apprécie également certains retournements de situations savoureux et une rivalité toujours plus accrue et féroce entre le Ministère et Darrow, d’autant que la série connaît ici un pic dans son antiaméricanisme proverbial, mais elle n’épargne pas l’Espagne non plus, loin s’en faut.

Malheureusement ces points forts se voient largement minorés par de préjudiciables coups de canifs apportés à l’épatante formule de la série : des aventures historiques sans quasiment aucun aspect de Science-fiction, hormis les Portes elles-mêmes. Le scénario accorde une  trop grande importance  aux pouvoirs présentés comme avérés d’Houdini (supposé capable de se déplacer dans le Temps !) ou d’Argamasilla, mais aussi aux imaginaires d’un Pacino et aux dons médiumniques soudainement découverts chez Amelia. Le récit se rapproche trop d’un récit fantastique, où l’Histoire intervient davantage comme simple décor que comme actrice à part entière de l’action.

Le Ministère du Temps perd en spécificité d’autant que ce type d’histoires est déjà narré par le Docteur contemporain, un horizon indépassable même en une période où le programme de la BBC n’est plus à son meilleur niveau. Le grand espace consacré à cet aspect réduit d’autant celui consacré à la chute de Susana, ridiculement accéléré alors qu’il s'agissait de l’aboutissement d’un important fil rouge de la première moitié de saison. Pour y parvenir, l’intrigue rend soudainement la belle ténébreuse tout à fait crédule et inopérante. Ce n’est jamais bon signe quand un personnage change de personnalité ou de dimension pour se plier aux exigences scénaristiques.

Anecdotes :

Dans le cercle des admirateurs d’Argamasilla,  on remarque la présence de Ramón María del Valle-Inclán (1866-1936), auteur galicien comptant parmi les auteurs espagnols les plus marquants du XXème siècle. Ce grand dramaturge et figure de proue de toute une génération d’écrivains à travers revues et romans fut également un observateur féroce de la cour d’Isabelle II et du déclin espagnol de son époque.

Authentique aristocrate, Joaquín María Argamasilla de la Cerda y Elio, Marquis de Santacara (1905-1985), fit sensation dans la haute société madrilène des années 1920, en affirmant disposer d’une vue supranormale, très similaire à celle qui caractérisera ultérieurement Superman, lui permettant notamment de voir à travers le métal. Le 6 mai 1924, par défi,  il réalisa à New York une démonstration publique de ses pouvoirs devant le célèbre mage et contorsionniste Houdini. Celui-ci, sur le tard, s’était spécialisé dans la dénonciation des escrocs, à une époque de vogue de la voyance et du spiritisme. L’épisode évoque d’ailleurs comment cette profession de foi provoqua une rupture de l’amitié entre Houdini et sir Arthur Conan-Doyle, crédule passionné du genre. La démonstration tourna à la déroute d’Armagasilla, Houdini découvrant les diverses supercheries utilisées. Cela mit un terme à la carrière surnaturelle du Marquis, qui consacra par la suite son imagination au cinéma et au théâtre.

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Message  Estuaire44 Mar 29 Mar 2016 - 18:46

Premier double épisode pour le Ministère, je le traiterai la semaine prochaine, après avoir vu la seconde partie.
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Message  Estuaire44 Jeu 7 Avr 2016 - 2:42

Tiempo de valientes (2-07-08, ***)
Date de diffusion : 28 mars et 04 avril 2016
Époque visitée : 1898, la Guerre hispano-américaine aux Philippines, les Derniers de Baler

Résumé :

Julián, qui avait quitté Cuba pour échapper à la vigilance de Susana Torres, exerce désormais comme dans le service médical de l’armée espagnole, également en confit avec les Etats-Unis aux Philippines. Salvador récupère la direction du Ministère, mais doit faire face à une inspection décrétée par le Gouvernement suite aux troubles précédents, l’occasion pour les protagonistes de se confronter à leur passé. Ayant par hasard repéré Julián, Salvador envoie Alonso le récupérer, une mission remplie malgré le piège du siège de Baler. La Patrouille du Temps se reconstitue, tandis que Pacino, comprenant les sentiments d’Amelia et devant s’occuper de sa famille, intègre le Ministère de 1981.

Critique :

Tiempo de valientes constitue le premier double épisode du Ministère du Temps, et force est de constater que la série, d’habitude si tonique et habile, ne gère qu’imparfaitement le franchissement de cap. La faute en revient majoritairement à la première partie, bien trop éclatée en divers récits à l’intérêt inégal. Au lieu de se développer à la Courteline, l’inspection du Ministère, pourtant un sujet en or, se voit uniquement utilisé  afin de plonger les différents protagonistes dans des histoires passablement mélodramatiques et quelques révélations passablement gratuites (le sosie de l’épouse d’Alonso, Ernesto se découvrant un fils caché, Amelia pestant de devoir s’occuper de la paperasse et regrettant Julián, etc. Tout ceci s’étire sans intensité dramatique ni réelle dynamique.

Hormis le plaisir de retrouver Rodolfo Sancho, à la présence toujours étonnante, l’histoire principale de Julián se résume ici à une interminable mise en place, entre scènes hospitalières lacrymales et marche de Manille jusqu’à Baler accompagnée de dialogues assez fades et d’une mise peu imaginative. Le plus triste demeure sans doute que l’intégration fluide des données historiques au sein de l’action principale, d’ordinaire l’un des grands atouts du programme, résulte quasiment absente à l’issue de la première partie. Olivares n’a dès lors d’autre ressource que de recourir au procédé ultra banal du panneau explicatif, afin de présenter le siège de Baler. Découvrir l’auteur réduit à une telle extrémité alors même qu’il dispose ici de bien davantage qu’à l’ordinaire reste confondant ! Mais Olivares rebondit en proposant ensuite une seconde partie de récit ayant totalement gommé les défauts de la première.

Exit (purement et simplement) les diverses histoires issues de l’inspection et exit celle-aussi, dont on entend plus du tout parler. Une manœuvre vigoureuse mais nécessaire, permettant de centrer les débats autour du siège et du suspense psychologique qu’impulse son huis-clos, tout en installant une dénonciation convaincante des horreurs de la guerre. Les différents personnages rencontrés se montrent le plus souvent bouleversants et dénués de manichéisme, tandis que la réalisation récupère quelques couleurs. Le retour du fils prodigue au sein de son foyer apporte toute l’émotion que l’on pouvait en espérer, tandis que la série sait ménager une porte de sortie élégante et un bel hommage à Pacino. Tout comme le Jonas de Stargate SG-1, il aura su prendre une dimension bien supérieure à celle de simple remplaçant. Demeure malgré tout l’impression que tout ceci aurait pu être efficacement condensé en un épisode classique.

Anecdotes :

D’avril à août 1898 se déroula la Guerre hispano-américaine voyant les USA soutenir militairement les rebellions en cours dans les ultimes composantes de l’empire colonial espagnol, essentiellement Cuba, Guam, Porto Rico et les Philippes. Malgré le courage de la troupe, l’armée espagnole obsolète céda face à une puissance américaine en pleine affirmation après la parenthèse de la Guerre de Sécession et céda rapidement. Le conflit reste d’ailleurs désigne en Espagne comme le « Désastre de 98 », au terme duquel ces différentes territoires passèrent dans la zone d’influence de Washington (traité de Paris, 10 décembre 1898).

L’épopée héroïque des Derniers de Baler (los Ultimos de Baler) a été célébrée en Espagne comme l’un des rares évènements sauvant l’honneur national au cours du Désastre de 98. Dans l’île de Luçon, un détachement isolé de l’armée espagnole soutint un siège de 337 jours (du 30 juin 1898 au 02 juin 1899), enfermé dans l’église du petit village isolé de Baler et cerné par les rebelles. Coupés du monde, les soldats prirent pour un piège l’annonce du Traité de Paris et continuèrent leur combat alors même que l’armée espagnole avait évacué l’archipel, d’où leur surnom de Derniers. La capitulation ne survient que quand ils crurent ce qu’affirmaient les journaux leur étant communiqués et ils furent autorisés à évacuer les lieux avec les honneurs de la guerre. Le siège fut narré dans un livre paru en 1904 (El sitio de Baler) et dans un film de 1945 (Los Ultimos de Filipinas), tous deux évoqués à la fin de l’épisode. Depuis 2003, le jour de l’amitié entre les Philippines et l’Espagne est célébré le 30 juin, en  honneur des Derniers.

Après la diffusion de la seconde partie du double opus, TVE surprit les amateurs de la série en annonçant que la diffusion des cinq derniers épisodes  de la saison était repoussée d’un nombre indéterminé de semaines, suite à des difficultés de production.

Parmi ses ex-compagnes qu’il visite à travers le Temps, Ernesto rencontre la Muse du peintre cordouan Julio Romero de Torres (1871-1930). Ce dernier est connu pour ses nombreuses peintures de femmes alliant un grand réalisme des corps à des sujets oscillant entre l’étrange et le symbolisme. La scène de la rencontre, au décorum très andalou, évoque ses plus célèbres tableaux, dont Naranjas y limones (Oranges et citrons, 1927).

Afin de séduire Amélia, Pacino l’invite à une soirée séries télé. Ils regardent Historias para no dormir, une anthologie horrifique à succès de TVE (1966-1982). Celle-ci entremêlait des adaptations de classiques du genre et des scénarios originaux.

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Message  Estuaire44 Jeu 7 Avr 2016 - 10:59

La Chine devient le nouveau pays à avoir acquis les droits de la série, en vue d'une adaptation nationale
http://planeta.eldesmarque.com/tv-y-series/el-ministerio-del-tiempo-tendra-una-version-china
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Message  Estuaire44 Ven 8 Avr 2016 - 16:20

Le journal El Mundo (à peu près le Figaro espagnol) dépeint le succès toujours grandissant des séries espagnoles à l'étranger, avec comme figures de proue le Ministère et Vis a vis (série carcérale féminine d'Antena 3, un peu moins féroce que Capadocia et bien meilleure qu'Orange is the New Black). Les négociations seraient très avancées avec la la France et l'Allemagne concernant El Ministerio del Tiempo.
http://www.elmundo.es/television/2016/04/08/5706bf17ca474112628b457c.html
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Message  Dearesttara Ven 8 Avr 2016 - 16:23

Je serais tout à fait partant pour une version française de cette série. La Sci-fi a toujours autant de mal à s'implanter chez nous, et le mêler à l'historique quelque peu didactique serait une excellente idée. C'était du reste la formule initiale des épisodes dans le passé de Doctor Who.
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Message  Estuaire44 Ven 8 Avr 2016 - 16:33

Oui, cela peut toucher un large public en alliant découverte de Histoire et aventures, avec un léger piquant SF qui éviterait surtout d'être trop présent ou tapageur. Jacques Martin en avait d'ailleurs eu l'intuition au début des années 80, avec son excellente émission Les Voyageurs de l'Histoire.
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Message  Camarade Totoff Sam 9 Avr 2016 - 15:05

Je serai également très intéressé par une adaptation française. D'abord, j'adore l'histoire et la voir depuis le point de vue espagnol serait plus que nouveau. En outre, les critiques d'Estuaire m'ont mises en appétit ! Pourvu que cela se fasse !
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Message  Estuaire44 Mar 12 Avr 2016 - 15:32

C'est au tour d'El Pais (un peu Le Monde espagnol) de s'intéresser au succès de la série, qui vient de remporter un beau succès au MIPTV, à Cannes. Le Mexique et le Brésil sont les plus récents acquéreurs du concept.
http://cultura.elpais.com/cultura/2016/04/08/television/1460128945_060737.html


Par ailleurs TVE a annoncé que le hiatus actuel sera très court, la série sera très bientôt de retour pour les cinq derniers épisodes de la saison.
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