CHAPEAU MELON ET BOTTES DE CUIR - LE MONDE DES AVENGERS
Bonjour,
Soyez le(la) bienvenu(e) sur le forum français de référence concernant Chapeau Melon et Bottes de cuir !
.
ATTENTION : Afin de pouvoir rester avec nous et éviter d'être automatiquement désinscrit au bout d'un mois, il vous est demandé au minimum de vous présenter dans le fil adéquat : https://avengers.easyforumpro.com/t6101-votre-presentation-ici
Merci ! Et bon forum !!
CHAPEAU MELON ET BOTTES DE CUIR - LE MONDE DES AVENGERS
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
-40%
Le deal à ne pas rater :
-40% sur le Pack Gaming Mario PDP Manette filaire + Casque filaire ...
29.99 € 49.99 €
Voir le deal

Romans de Fantasy

3 participants

Page 8 sur 8 Précédent  1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8

Aller en bas

Romans de Fantasy - Page 8 Empty Re: Romans de Fantasy

Message  Estuaire44 Jeu 28 Mar 2024 - 14:41

Merci pour cette critique très riche, je suis d'accord sur une certain décrochage de la trilogie en cette ultime étape. Le Miroir d'Ambre n'est pas dépourvu d 'intérêt, il nous propose une aventure aux accents sombres et à la fin douce-amère, qui explore des thèmes profonds, sans doute trop car il le fait à la manière d'un livre pour la jeunesse, c'est à dire de manière accentuée et démonstrative. Cela vaut effectivement  pour la critique virulente du fait religieux. Mais si le livre  soulève des questions pertinentes, il présente aussi des lacunes et des incohérences évidentes.

Notamment parce qu'il ne se se penche que sur ses protagonistes, laissant trop largement de côté les personnages secondaires. L'action se déroule également sur différents fronts set tous n'ont pas la même consistance, contrairement au final de la Roue du Temps. Ou de l'Hérésie d'Horus de manière immanente, car la fin des fins il n'y a que l'Empereur. Globalement ce dernier volet  accentue les divers défauts des précédents  mais parvient à faire en sorte que ses principales vertus demeurent présentes dans sa lecture, quoique amoindries. Ce n'est pas un naufrage, mais en Fantasy le fond ne fait pas tout, la forme du récit et le façonnement de l'univers comptent énormément.

Sinon Will et Lyra qui tombent amoureux, mais qui décident, pour le bien de l'Univers, de fermer les ponts entre les mondes et donc de demeurer irrémédiablement séparés, on est bien d'accord que c'est Ten et Rose avant l'heure. C'était dans un autre monde, avant Disney Who.

Vaste sujet, l'eschatologie monothéiste reste traditionnellement la Jérusalem céleste, cité parfaite offerte par Dieu à l'Humanité, mais qui sera aussi Son tabernacle, donc transcendante de notre monde. Dieu et l'Humanité y seront de nouveau réunis, comme au Jardin d’Éden : en dehors de ce monde, où l'Humanité s'en alla errer après sa révolte. Oui, tels les Elfes enfin revenus en Valinor, à travers la Voie étroite.

« L'Esprit se saisit de moi et l'Ange me transporta au sommet d'une très haute montagne. Il me montra la Ville sainte, la Jérusalem qui descendait du Ciel, envoyée par Dieu, resplendissante de la gloire de Dieu. »

Estuaire44
Empereur
Empereur

Date d'inscription : 10/04/2007

Dearesttara et Camarade Totoff aiment ce message

Revenir en haut Aller en bas

Romans de Fantasy - Page 8 Empty Re: Romans de Fantasy

Message  Dearesttara Jeu 28 Mar 2024 - 15:40

Merci Estuaire ! Effectivement, il semble que Pullman ait eu le défaut inverse de Jordan, avec sa négligence des persos secondaires, plus que jamais un pilier indispensable en fiction, quel que soit le genre.
Tout à fait, j'ai aussi pensé à Ten et Rose. Vu que Doctor Who a fait appel à des romanciers de temps à autre, ça m'amuserait de voir Pullman écrire un épisode. Enfin, son ton réussirait-il à se couler dans le moule de Disney ? Pas sûr. Enfin, RTD semble à son aise donc y a un espoir.
Dearesttara
Dearesttara
Roi (Reine)
Roi (Reine)

Age : 33
Localisation : Charenton (94)
Date d'inscription : 08/02/2010

Estuaire44 aime ce message

Revenir en haut Aller en bas

Romans de Fantasy - Page 8 Empty Re: Romans de Fantasy

Message  Estuaire44 Jeu 4 Avr 2024 - 17:41

Une jolie sélection de Classiques de l'Imaginaire (pas lu La Voie des Rois, ni Le Passe-Miroir)

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
Estuaire44
Estuaire44
Empereur
Empereur

Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007

Revenir en haut Aller en bas

Romans de Fantasy - Page 8 Empty Re: Romans de Fantasy

Message  Dearesttara Jeu 4 Avr 2024 - 19:53

Relativement mainstream mais ça a l'air solide comme sélection. Ma liste s'allonge encore. Prévu de lire La voie des rois cette année : Sanderson avait raison, La Roue du Temps était un excellent argument publicitaire pour ses romans à lui.
Dearesttara
Dearesttara
Roi (Reine)
Roi (Reine)

Age : 33
Localisation : Charenton (94)
Date d'inscription : 08/02/2010

Estuaire44 aime ce message

Revenir en haut Aller en bas

Romans de Fantasy - Page 8 Empty Re: Romans de Fantasy

Message  Estuaire44 Jeu 4 Avr 2024 - 20:03

Belle carte de visite, en effet ! hi
Estuaire44
Estuaire44
Empereur
Empereur

Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007

Dearesttara aime ce message

Revenir en haut Aller en bas

Romans de Fantasy - Page 8 Empty Re: Romans de Fantasy

Message  Dearesttara Lun 8 Avr 2024 - 21:49

Génie bannie pour avoir accordé trop de voeux aux humains, Alba Whitmore réside en tant que jeune humaine immortelle sur Hibernia, îles irlandaises en proie à l'anéantissement alors que les eaux engloutissent peu à peu la Terre. Elle garde bien caché le secret de la fertilité de ses terres. Le jour où le royaume Cymry envoie le dangereux et séduisant ambassadeur Lethan Alcor pour l'espionner et lui voler son secret, c'est l'existence de tout le peuple d'Hibernia qui est en jeu.

Porcelaine sous les ruines avait tout pour ne pas me plaire : une romance fantasy bien plus romance que fantasy et sans grandes surprises. Pourtant ce 3e roman d'Ada Vivalda réussit une très convaincante variation autour de ce genre usé jusqu'à la corde, tout en conservant de la fantasy l'esprit plutôt que la lettre.

Sous un autre nom, Vivalda avait écrit un inabouti mais prometteur 1er roman, Derniers jours d'un monde oublié (chroniqué ici d'ailleurs), et on y trouve les mêmes forces et faiblesses, mais aussi un net progrès. La substance narrative demeure encore son point faible, il se passe assez peu de choses au cours de ce lancinant duo/duel entre Alba et Lethan, tandis que l'opposition Cymry, certes planante, reste à l'arrière-plan la plupart du temps. Comme souvent dans la romance, Vivalda parie beaucoup sur un twist final, mais bien trop prévisible pour susciter la surprise. Le trope utilisé est devenu commun dans les romances relevant de l'Imaginaire, mais son effet demeure tout de même puissant.

On pourrait critiquer son worldbuilding de low fantasy comme ultra-minimaliste, mais son choix se porte vers une épure saisissant une essence de la fantasy. Dans cette Irlande inondée et pluvieuse, mais aux paysages renversants, où hommes et femmes travaillent la terre sous le regard imparfait mais vif de leur dirigeante, où trône un majestueux château poli par les âges, où se déroulera une étonnante bataille finale, où des rêves rappellent un passé glorieux mais à jamais perdu, l'autrice, sans quitter la Terre (à l'exception de quelques pages), nous transporte bien dans un autre monde. Les ajouts fantastiques (génies, pouvoirs discrets, animaux magiques) sont très ponctuels et adornent davantage qu'ils ne forment cet esprit fantasy. Il me semble que c'est un parti pris qu'on retrouve dans Gormenghast. Le paradoxe est que le worldbuilding de Derniers jours... était bien plus développé mais l'immersion n'était pas aussi forte que l'épure de Porcelaine sous les ruines. Comme quoi, less is more.

C'est évidemment la romance centrale qui est l'intérêt, genre dont je suis très peu friand. Aurais-je su que ce roman était avant tout de la "romantasy" que de la fantasy, je ne suis pas sûr que je l'aurais acheté. C'est pourquoi je suis heureux de m'être laissé tromper tant la version des "enemies to lovers" ici m'a paru singulièrement aboutie. Développant à fond la double face de ces personnages — Alba puissante et fragile, Lethan odieux séducteur et humaniste débordant — puis les fusionnant jusqu'à brouiller les lignes, Vivalda triomphe à nouveau sur son point fort : les personnages. Grâce à une connaissance claire des enjeux et dilemmes, l'artificiel rapprochement classique entre l'homme et la femme parait fluide, organique, logique, naturel. Son style mature et personnel, avec rapprochements torrides et interrompus, et éloignements glaciaux où couve la passion, compte beaucoup dans son succès. Il y a parfois quelques lourdeurs et répétitions mais franchement, le jour où j'écris une romance dans un roman de fantasy, je sais que je relirai Porcelaine sous les ruines. En dépouillant progressivement chaque personnage de leurs masques, jusqu'à ce qu'ils se retrouvent à nu, dans un suspense aussi amoureux que dramatique, le livre se lit très bien. Less is more est encore la règle, puisque Vivalda se montre bien plus érotique avec son style implicite, suggestif que les descriptions crues habituelles du genre.

Malgré une intrigue maigre, Porcelaine sous les ruines offre une réussie variation dans le genre romance tout en captant à merveille l'esprit de la fantasy sans la lettre. Cinquième roman français de fantasy que je lis et enfin un que je range avec plaisir dans ma bibliothèque. (***)

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]


Dernière édition par Dearesttara le Mar 9 Avr 2024 - 14:34, édité 1 fois
Dearesttara
Dearesttara
Roi (Reine)
Roi (Reine)

Age : 33
Localisation : Charenton (94)
Date d'inscription : 08/02/2010

Estuaire44 aime ce message

Revenir en haut Aller en bas

Romans de Fantasy - Page 8 Empty Re: Romans de Fantasy

Message  Camarade Totoff Mar 9 Avr 2024 - 13:08

Estuaire44 a écrit:Une jolie sélection de Classiques de l'Imaginaire (pas lu La Voie des Rois, ni Le Passe-Miroir)

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Fort intéressant et qui me donne matière pour un avenir...semi-éloigné. J'ai noté Lucien de Samosate, "Fondation" et "La voie des rois". Et reprendre les Annales bien sûr. Misère ! Quelqu'un sait comment figer le Temps ?
Camarade Totoff
Camarade Totoff
Prince(sse)
Prince(sse)

Age : 44
Localisation : Vitry sur Seine
Date d'inscription : 26/02/2015

Dearesttara aime ce message

Revenir en haut Aller en bas

Romans de Fantasy - Page 8 Empty Re: Romans de Fantasy

Message  Estuaire44 Mar 9 Avr 2024 - 14:19

Merci à Dear pour cette nouvelle découverte d'Ada Vivalda, je pense d'avoir encore rien lu d'elle jusqu'ici. Cette Irlande alternative forme un beau sujet en soi, elle me fait un peu songer à une version light de l'Albion de Warhammer Fantasy, qui synthétise joliment plusieurs mythes liés aux iles britanniques.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
Estuaire44
Estuaire44
Empereur
Empereur

Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007

Dearesttara aime ce message

Revenir en haut Aller en bas

Romans de Fantasy - Page 8 Empty Re: Romans de Fantasy

Message  Dearesttara Mar 9 Avr 2024 - 15:43

Merci pour le lien, c'est passionnant à lire ! Shocked
Dearesttara
Dearesttara
Roi (Reine)
Roi (Reine)

Age : 33
Localisation : Charenton (94)
Date d'inscription : 08/02/2010

Estuaire44 aime ce message

Revenir en haut Aller en bas

Romans de Fantasy - Page 8 Empty Re: Romans de Fantasy

Message  Dearesttara Jeu 25 Avr 2024 - 11:31

Après trois romans en demi-teinte, c'est avec plaisir que je me joins aux choeurs de louange du Camarade et d'Estuaire car Mortimer, 4e volume du Disquemonde de Terry Pratchett, est bien la réussite qu'on attendait. L'humour de Pratchett revenant au beau fixe avec enfin une histoire plus fortement charpentée.

Assez malicieusement, Terry Pratchett s'attaque au Bildungsroman. Tous les codes y sont : jeune homme un poil paria, mentor bourru mais juste, rencontres sentimentales, apprentissage de la vie et de la croissance intérieure, traversée des classes sociales... Il a aussi l'audace de prendre un thème de SF, les paradoxes temporels, mais en en faisant sa propre version fantasy, avec les codes similaires : gaffe temporelle-recollage épuisant de morceaux-réalité se dévidant. Mais au lieu de ventiler ces codes façon puzzle et de se perdre ou dans une course à l'échalote mal maîtrisée (Huitième couleur/Huitième sortilège) ou dans un hors sujet complet (Huitième fille), Pratchett réfrène enfin son délire et lui pose un solide cadre d'où partent un, deux puis trois récits différents. Alors les descriptions délirantes, les réflexions hilarantes et les fulgurances d'absurdité s'enchaînent à vive allure tout en restant collés à l'évolution des personnages. L'humour au service de l'histoire plutôt que l'inverse, Pratchett, sous son délire, en revient à un moule plus classique mais aussi plus porteur et efficace. Certes, l'auteur n'échappe pas à un certain zapping avec des voyages frénétiques s'enchaînant sur quasi toutes les contrées du disque, mais avec un récit plus solide, l'effet excessif des aventures de Rincevent est assourdi. Tout en profitant des us et coutumes de certaines contrées vraiment pas piquées des hannetons. Il me semble qu'avec Mortimer, Pratchett a le bon sens de renoncer à suivre les pas d'Adams, un des rares auteurs pouvant se permettre de tout balancer grâce à son génie burlesque sans égal.

Si Mortimer fonctionne, c'est avant tout grâce à ses personnages enfin incarnés et pas juste prétextes aux vannes. J'aime bien le touchant portrait de Morty, jeune maladroit qui à la fin... reste encore maladroit mais qui a visiblement gagné en bouteille. Que ce soit en action, en initiative ou en sagesse, l'évolution est accomplie. Sa vision désormais désabusée du monde est toutefois adoucie par le mariage final et la gracieuse salutation de La Mort. Il est notre ancrage tout le long de cette aventure joyeusement fêlée, un équilibre parfait entre drama, émotion et humour-tornade en pleine forme. Voire une certaine poésie quand Morty est face à certaines âmes quittant ce monde, souvent avec sérénité (telle la sorcière des bois). Ysabell et Kéli m'ont paru plus ternes mais elles savent faire preuve d'initiative et d'astuce, que ce soit en s'opposant crânement à la fatalité (Keli) ou en corrigeant les excès de ses messieurs (Ysabell). J'aurais bien repris plus d'Albert, personnage gouleyant et mordant et au coeur d'un assez futé twist. Coupefin compose comme un cousin de Rincevent par son incapacité monstrueuse mais qui se manifeste autrement que par le générateur d'improbabilités qui semblait coller à la peau de son confrère. Chaque scène avec lui est une embardée décalée qu'on goûte à chaque fois. Mort reste assez mystérieux mais son alliage de philosophie et d'inéluctabilité compose un fascinant personnage, rendu plus trouble encore après son expérience de l'humanité. Après l'humour foiré de la Huitième Fille, on se surprend à rire encore et encore à chaque rencontre déviante (coup de coeur pour le duel entre l'Empereur et le Vizir à coups de formules de politesse claquées au sol).

Les récits secondaires voyant La Mort apprendre les plaisirs humains ou Albert échouant comme un grand son masterplan sont plus gratuits mais toujours aussi délectables par le contraste constant entre ces personnages sis dans leurs douces folies et les pauvres bougres autour d'eux (la Mort en commis de cuisine j'ai failli ne pas m'en remettre). Je note aussi qu'après trois romans bien chastes, Mortimer est truffée d'allusions sexuelles, on en reste certes à une retenue anglaise mais chaque saillie piquante réjouit et fait rire par son irruption inattendue. Cerise sur le gâteau, la réapparition de personnages précédents est parfaite et je pense que ce sera un des grands plaisirs des romans de revoir ces personnages de temps à autre. SURTOUT LA MORT, ON L'AIME D'AMOUR CETTE MORT.

La réussite n'est certes pas complète. L'absence d'antagoniste de nom demeure un problème (le Duc reste une silhouette). Je ne vois pas en quoi Keli proclamée reine changerait quoi que ce soit à la marée du temps retrouvant ses marques. Le duel final est certes à couper le souffle mais la résolution touche vraiment au deus ex machina, voire au ta gueule c'est magique. A tout prendre, je préférais encore le duel dans la plus haute tour de l'Université dans le Huitième sortilège.

Qu'importe, Mortimer offre enfin au Disquemonde sa première aventure vraiment aboutie, bien structurée, riche en humour, en absurde et en personnages attachants. (****)
Dearesttara
Dearesttara
Roi (Reine)
Roi (Reine)

Age : 33
Localisation : Charenton (94)
Date d'inscription : 08/02/2010

Estuaire44 et Camarade Totoff aiment ce message

Revenir en haut Aller en bas

Romans de Fantasy - Page 8 Empty Re: Romans de Fantasy

Message  Estuaire44 Jeu 25 Avr 2024 - 13:49

Critique enthousiaste et enthousiasmante ! 1010

La Mort est certainement,j le personnage le plus populaire du Disque auprès des lecteurs. A juste titre, même si Esmé, Vimaire, le Patricien et le brillant collectif de l'UI (mes chouchous) forment de rudes challengers. On va le revoir souvent, comme passeur ou comme protagoniste, son équipe un peu moins, je le crains. Pratchett va bien rester sur cette ligne de romans plus classiquement structurés, bienvenue derechef sur le Disque-Monde !
Estuaire44
Estuaire44
Empereur
Empereur

Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007

Dearesttara aime ce message

Revenir en haut Aller en bas

Romans de Fantasy - Page 8 Empty Re: Romans de Fantasy

Message  Dearesttara Jeu 25 Avr 2024 - 14:28

L'avenir s'annonce bien alors, merci Estuaire ! cheers
Dearesttara
Dearesttara
Roi (Reine)
Roi (Reine)

Age : 33
Localisation : Charenton (94)
Date d'inscription : 08/02/2010

Estuaire44 aime ce message

Revenir en haut Aller en bas

Romans de Fantasy - Page 8 Empty Re: Romans de Fantasy

Message  Dearesttara Sam 27 Avr 2024 - 12:51

Lu Le lion, la sorcière blanche et l'armoire magique, 1er volume du Monde de Narnia de C.S. Lewis. C'est un cas intéressant d'un roman dont on comprend pourquoi il est un classique, encore aujourd'hui, mais dont le style et la structure datées le rend à mon sens moins attirant pour quiconque a passé l'âge du public-cible.

A mon sens, la grande force de C.S. Lewis est son talent pour le merveilleux. Certains romanciers objectivement supérieurs comme Jordan ou Tolkien nous immergent avec puissance dans leurs mondes grâce à leur savant worldbuilding, Lewis n'a étonnamment pas besoin d'une telle application. Déchaînant la pleine force des archétypes des contes de fées, il sait manifester l'enchantement de la découverte d'un nouveau monde en quelques phrases. Howard savait aussi aller à l'économie mais moins pour l'immersion que pour l'action explosive immédiate. C'est bien simple, je suis entré dans Narnia avec la même célérité et soudaineté que Lucy Pevensie, et ce monde m'a paru aussi réel que la Terre. J'ai été impressionné et subjugué par la Terre du Milieu et tant d'autres mondes de l'Imaginaire, et ils m'ont parfois enchanté. Chez Narnia, l'envoûtement est permanent. La profusion généreuse de créatures fantastiques, d'artefacts, de paysages extraordinaires, est mirobolante. Tandis qu'on retrouve un certain goût pour une vie traditionnaliste, avec le rapport à la Nature, le travail et la vie quotidienne célébrées, d'une manière finalement assez voisine de Tolkien, grand ami de Lewis. Bon Tolkien n'aurait jamais écrit une métaphore aussi transparente que Aslan/Jésus-Christ, jusqu'à transposer quasi toutes les étapes de sa vie d'adulte, mais cela imprime une sorte de grandeur mythologique qui sied tout à fait.

Une autre force de l'auteur est sa concentration. Tous les romans de Narnia sont relativement courts mais hautement concentrés en action, pas une page se déroule sans un évènement, un rebondissement, une menace suspendue. Si Lewis voulait garder les enfants de plain-pied dans Narnia et ne plus les lâcher, le pari est réussi, et cela s'étend aux adultes.

Malheureusement, ce roman est aussi entâché par de puissants défauts. En premier lieu, un style excessif et lourd. Je pense que lu à un enfant, c'est une lecture inoubliable. Passée l'enfance, les répétitions, les sur-explications, les phrases lourdes et interminables, deviennent vite agaçantes. Il est ironique que ce qui rompt l'immersion avec Narnia n'est pas le fond mais la forme. Il n'y a qu'à faire la comparaison avec Le Hobbit, autre culte du livre pour enfants, mais à la prose plus dynamique, pour voir à quel point Lewis me semble enfermé dans des conventions aujourd'hui difficilement lisibles. Cela s'étend aux personnages, assez peu développés. Edmund, le plus intéressant en néo-Judas tenté par les sous d'argent euh les loukoums, en reste finalement à un égarement passager. Le voir cependant en roi de justice à la fin témoigne de la conviction enthousiaste de Lewis dans le pardon et la rédemption, prodiguement données par Aslan, évidemment. Les valeurs chrétiennes donnent un vrai fond au livre, mais avec de meilleurs personnages, cela aurait été plus frappant. La Sorcière est le mal absolu soit la pire option pour un méchant, menaçante mais prévisible et de carton-pâte. On note aussi un certain passéisme avec les garçons en mode action (Peter étant le leader par droit d'aînesse) et les filles en mode arrière-garde. Mais ce sexisme apparent me semble adouci par le fait que dans l'histoire, ces mesdames font bien davantage avancer l'action que ces messieurs, ce qui me paraît un point important à retenir avec les accusations de sexisme dont Lewis fait l'objet (je ne sais pas encore pour le racisme). L'investissement émotionnel paraît en tous cas peu présent. L'apparition du Père Noël, désolé, j'ai trouvé ça plus ridicule qu'autre chose.

Plusieurs problèmes de structure sont également apparents. A plusieurs reprises, la Sorcière pourrait triompher (elle a mille occasions de tuer Edmund, ce qui suffirait à anéantir la prophétie) mais n'en fait rien, parce que voilà, c'est tout. Les batailles sont à peine décrites, même Tolkien y consacrait quelques pages, là c'est juste le néant. Les apartés du narrateur au lecteur fonctionnent sur le jeune lectorat. Passé 10 ans, ce quatrième mur est juste intempestif. La mort d'Aslan frappe par sa mise à mort longue et sordide, même si elle est un décalque de la flagellation et de la crucifixion du Christ. Sa résurrection était évidente mais du coup vide pas mal de son sens sa mort car nous ne sommes pas dans le ton mythique de la Bible mais dans un roman pour enfants. L'impact paraît bien moins fort. J'aurais plus apprécié une mort plus longue d'Aslan, quitte à le ressusciter que bien après (même le Christ a mis 3 jours, Aslan c'est juste quelques heures).

Bref, je vais continuer ma lecture de Narnia, les pouvoirs d'immersion, d'enchantement et de rythme de Lewis sont éblouissants mais son style et une certaine faiblesse de la structure font qu'il y ait des chances que je n'apprécie pas autant Narnia que je le souhaiterais. Je ferai certainement des chroniques de plusieurs des livres en même temps. (**)
Dearesttara
Dearesttara
Roi (Reine)
Roi (Reine)

Age : 33
Localisation : Charenton (94)
Date d'inscription : 08/02/2010

Estuaire44 aime ce message

Revenir en haut Aller en bas

Romans de Fantasy - Page 8 Empty Re: Romans de Fantasy

Message  Estuaire44 Dim 28 Avr 2024 - 12:07

Encore une superbe critique, merci ! Very Happy

Petit détail : Le Lion, la Sorcière blanche et l'Armoire magique constitue le premier tome du cycle dans l’ordre de publication, mais le deuxième dans l’ordre de narration. Chronologiquement ses évènements sont précédés par ceux du roman Le Neveu du Magicien. Cela peut-être intéressant de le lire en préambule du reste, car il narre la création du Monde de Narnia. Il met ainsi en exergue le Merveilleux que Dear a justement compté parmi les atouts de Lewis, tout en apportant un surplus de Worldbuilding.

Ceci étant je rejoins pas mal de points de la critique. J’ai beaucoup apprécié le sens du Merveilleux du livre et son symbolisme souvent poétique, un roman davantage d’atmosphère que d’intrigue. Par contre je regrette effectivement qu’il ne tente jamais de dépasser se dimension de livre purement pour enfants, que l’on ressent continuellement, bien davantage même que que chez le Hobbit vis-à-vis du LOTR (non , je n’ai pas encore essayé les bouquins Black Library pour la jeunesse, ce défi mental reste à relever). La dédicace à Lucy Barfield est un bijou.

Ce choix marqué pour l’enfance présente plusieurs conséquences : un langage très simple, parfois limité, volontiers directif. Le tout avec un refus de représenter la violence, que cela soit dans les affrontements directs, ou dans la description de la psyché de la Sorcière. Je viens de finir de boucler Le Sang d’Aenarion, un bouquin Warhammer Fantasy opposant les jumeaux Thyrion et Teclis, héros elfiques, à N’Kari, Démon majeur et Gardien des Secrets de Slaanesh, et on va dire que cela diverge beaucoup dans le portrait de l’antagoniste, ses oeuvres et ses pompes. Donc oui, on est en manque de développement des personnages, de contexte et pourquoi pas de scènes de tortures extatiques et sensuelles.

Cela explique aussi qu’il s‘agisse d’un des rares romans dont je dois admettre que la version cinéma est bien meilleure. L'adaptation est très bonne, presque à la lettre. Et le film mettre beaucoup plus en valeur les personnalités des personnages, ce dont le récit avait précisément besoin. Il accroît le spectaculaire, sans altérer l’allégorie. J’ai lu la suite de Narnia voilà bien longtemps, mais je me souviens l’avoir appréciée, même si on en reste au même style d’écriture, là où les Harry Potter ont su faire évoluer leur narration avec l’âge des protagonistes (incidemment on ne fait pas plus Queer et Trans que N’Kari ou le Dieu des Sombres Plaisirs, mais bref, ne soyons pas taquins).

Ceci dit, une fois ses auto-limites reconnues, j’ai beaucoup aimé le style de Lewis. De plus, dans sa simplicité, il est construit et raconté de telle manière que tout lecteur de tout âge peut apprécier l'histoire sans jamais ressentir de condescendance de la part de l'auteur. .ni simplicité lorsqu'il s'agit de déverser l'intrigue sur les pages. De plus, par son imagination, un lecteur adulte saura compléter ce que l’auteur a souhaité dissimuler aux enfants, cela peut même en devenir ludique.

Le roman demeure très intelligemment construit en sous-main, ce qui explique qu’il soit devenu un Classique intemporel et multigénérationnel, même avec un impact moindre que le plus complet LOTR. On peut aussi applaudir le fait qu’il s’agisse d’un roman autonome, avec sa propre conclusion, tout comme chez Tolkien. Le lecteur peut choisir à sa guise de poursuivre ou pas son voyage, pas comme chez certain auteur où il stationne sur une aire d’autoroute depuis des années.
Estuaire44
Estuaire44
Empereur
Empereur

Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007

Dearesttara et Camarade Totoff aiment ce message

Revenir en haut Aller en bas

Romans de Fantasy - Page 8 Empty Re: Romans de Fantasy

Message  Dearesttara Dim 28 Avr 2024 - 22:23

Merci pour cet excellent retour, Estuaire ! cheers J'ai prévu de lire les Chroniques dans l'ordre de publication. Je n'ai pas encore vu les films mais ça viendra. Tu fais bien de me dire que tu les a trouvés bons car chaque roman est assez court, donc pour remplir un film je m'interroge, honnêtement. La pique à GRRM devient un vrai running gag ici Laughing

Y a des bouquins Black Library pour la jeunesse ? Shocked
Dearesttara
Dearesttara
Roi (Reine)
Roi (Reine)

Age : 33
Localisation : Charenton (94)
Date d'inscription : 08/02/2010

Estuaire44 aime ce message

Revenir en haut Aller en bas

Romans de Fantasy - Page 8 Empty Re: Romans de Fantasy

Message  Estuaire44 Dim 28 Avr 2024 - 23:18

Oui, il s'agit des Warhammer Adventures, qui racontent les aventures de très jeunes gens dans W40K ou Warhammer Fantasy. Les Univers et antagonistes sont strictement les mêmes que sur les autres étagères de la Black Library, mais GW vise expressément les 8-12 ans, d'où une certaine interrogation de ma part. Rien lu encore de la gamme, il faut dire qu'elle n'existe qu'en Anglais.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Étant destinée à la jeune génération, elle est largement disponible en dématérialisé et en audio books, avec les voix de David Tennant (pour la SF) et Billy Piper (pour la Fantasy). Je soupçonne que cela doit quelque peu ressembler à Doctor Who...

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
Estuaire44
Estuaire44
Empereur
Empereur

Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007

Dearesttara aime ce message

Revenir en haut Aller en bas

Romans de Fantasy - Page 8 Empty Re: Romans de Fantasy

Message  Dearesttara Lun 29 Avr 2024 - 10:25

Ah tout de même. J'applaudis le casting des audiobooks, évidemment cheers
Dearesttara
Dearesttara
Roi (Reine)
Roi (Reine)

Age : 33
Localisation : Charenton (94)
Date d'inscription : 08/02/2010

Estuaire44 aime ce message

Revenir en haut Aller en bas

Romans de Fantasy - Page 8 Empty Re: Romans de Fantasy

Message  Camarade Totoff Lun 29 Avr 2024 - 13:40

J'avais le projet de lire "Les Chroniques de Narnia" : c'est officiel, je vais lire les Chroniques de Narnia ! Dès que possible, évidemment. Vous êtes des dealers de livres redoutables et je suis si faible...

J'ai vu tous les films et je les ai bien aimés moi aussi. C'est vrai qu'avec un peu de culture chrétienne, les analogies sautent aux yeux ! Aslan est le plus évident effectivement. Dans le film "L'Odyssée du passeur d'aurore" (3ème film mais 5ème livre je crois), il dit même quelque chose comme quoi "son royaume n'est pas de ce monde" et que, lorsqu'on y entre, on n'en revient pas. Ceci dit, c'est très agréable à regarder.
Camarade Totoff
Camarade Totoff
Prince(sse)
Prince(sse)

Age : 44
Localisation : Vitry sur Seine
Date d'inscription : 26/02/2015

Estuaire44 et Dearesttara aiment ce message

Revenir en haut Aller en bas

Romans de Fantasy - Page 8 Empty Re: Romans de Fantasy

Message  Contenu sponsorisé


Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas

Page 8 sur 8 Précédent  1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8

Revenir en haut

- Sujets similaires

 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum