Série "Kaamelott"

Dans la série des grands malades :

https://www.francetvinfo.fr/culture/cinema/cinema-un-fan-de-kaamelott-va-battre-le-record-officieux-de-visionnages-du-film-d-alexandre-astier_4773107.html#xtor=EPR-919-[NLculture]-20210916-[content14]

Estuaire44 a écrit:Peloton d'exécution au Masque et la Plume

https://www.franceinter.fr/cinema/pourquoi-kaamelott-d-alexandre-astier-n-a-pas-du-tout-seduit-les-critiques-du-masque-la-plume

Les gougnafiers !

Il n'y en a pas un qui connaisse la série mais ça ne les empêche pas de donner un avis sentencieux à grands renforts de formules choc. Ex : "Sting qui joue comme un fish & ship", OK pour l'idée mais cette phrase ne rime à rien et il y en a légion comme ça. Mais qu'ils aillent au Diable faire des analyses à deux ronds d'un film danois ou disserter avec extase sur une coproduction moldavo-roumaine !

DVD-Covid n°4 Vu Kaamelott Volet 1, film entièrement calibré pour les amateurs de la série, sans avoir vu celle-ci on passera à côté de l'essentiel de son grand atout : les multiples retrouvailles entre Arthur et les siens. Elle sont drôles et dialoguées avec le bon goût de la série d'antan, portées par des comédiens dont le plaisir d'être là s'avère le plus souvent communicatif. Une réussite vécue en écho avec les retrouvailles par les fans, et c'est tant mieux car il faut bien dire que le film ne développe guère autre chose ensuite. Astier a voulu être exhaustif envers sa bande et n'oublie personne, hormis Yvain, dont on avait parlé à la réunion, mais aussi  le Maître d'Armes, je crois (pas vu, en tout cas).

Aussi plaisant soit-il, le procédé prend ainsi beaucoup de temps et se révèle très haché rencontre par rencontre. Ce dernier point n'est pas si gênant, car on retrouve un séquençage en épisodes assez similaire à la dernière période de la série, comme une saison supplémentaire agrégée, ce qui participe également, à sa manière, aux retrouvailles. Mais l'on pouvait aussi espérer toute une dimension supplémentaire lors du portage au cinéma, et le film hélas échoue à apporter l'allant et le souffle  que cela nécessitait.

Outre la structure segmentée du récit, il se complique de fait la tâche en semblant vouloir systématiquement couper court à tout sens épique, alors qu'il aurait pu trouver là là le développement souhaité. Il en va ainsi  de ces digressions romaines tombant à chaque fois comme un cheveu sur la soupe et coupant l'élan sans rien apporter de bien concret. Excalibur tombant comme en panne d'essence rappelle les gags plombés du MCU sans que nous soit expliqué précisément pourquoi elle redémarre (version plasma, SVP), à l'occasion d'un duel hélas dépourvu de toute chorégraphie.

Le plus grave reste l'absence d'antagoniste, Lancelot se voyant réduit à une coquille vide, incapable d'établir la moindre stratégie digne de ce nom. Dans ces conditions le récit tourne assez à vide, même si la cinématographie se perçoit malgré tout grâce aux costumes et aux superbes extérieurs. J'ai beaucoup aimé tout l'aspect musical et visuel, hormis l'excès de bouffonnerie des costumes burgondes. Au total j'ai malgré tout passé un bon moment grâce à l'humour (et parfois l'émotion) de retrouvailles avec des amis de longue date. Ce cap franchi, on espère du volet 2 une intrigue davantage dimensionnée. (***)

Alors, je suis pas trop d'accord pour le parallèle entre Arthur et Lancelot comme usés et rendus dépressifs  par le pouvoir. Arthur s'est épuisé à tenter de bâtir un royaume, de  faire  progresser la société, d'aimer son épouse (sa montée à la fenêtre reste le meilleur moment du film, enfin un succès) et de trouver le Graal, qui sont quatre moyens de trouver un sens à une destinée qu'il n'a jamais choisi et envers laquelle il ressent tout un syndrome de l'imposteur. Quatre échecs qui débouchent sur la dépression. Lancelot lui ne fait strictement rien du pouvoir, hormis dilapider le trésor royal et écraser le peuple d'impôts afin de payer des  mercenaires pour tuer Arthur. Ce n'est pas le même profil : Lancelot est un chevalier ayant connu une chute morale et qui vit depuis dans la hantise du châtiment. C'est ce poids qui le taraude et l'épuise, pas l'exercice du pouvoir.

Concernant la dépression d'Arthur, je trouve que toute la séquence Furadja n'apporte rien d'utile, puisque toute la série tardive a déjà été très explicite sur les rapports entre Arthur et sa destinée. On a déjà exploré sa jeunesse romaine, avec déjà un amour à la conclusion cruelle (Aconia). Ici on rajoute simplement, un trauma de plus sans que cela soit vraiment nécessaire, à mon sens. Arthur n'a pas besoin de cela pour épargner celui qui fut son ami et son soutien. C'est Arthur. Toute l'entreprise ne justifie pas ces nombreux flashbacks, certes superbes, qui viennent encore plus hacher une action déjà très segmentée de rencontre en rencontre avec les vieux de la vieille. Cela ne contribue pas à donner de l'allant au récit et le jeu n'en vaut pas la chandelle.

Sur le fait que Lancelot ne soit qu'un prétexte  pour analyser Athur, je pense que cela pourrait validement être le cas si le film avait opté pour être une étude psychologique d'Arthur, comme Rohmer l'a fait pour Perceval. Mais le Volet 1, par son budget, ses extérieurs, ses déploiements guerriers, sa communication, etc., prend aussi l'option d'être un vrai film de Fantasy (et c'est d'ailleurs très positif qu'un film français se lance ainsi, l'Académie des Césars vient de signifier tout son appui à cette audacieuse tentative, chapeau bas). Mais quand on épouse un genre, on en épouse aussi les règles. Dès lors Lancelot, oui, doit aussi devenir l'Antagoniste, donc apporter un challenge et des moments forts, apporter une impulsion cruciale au récit. Or c'est bien trop rarement le cas, le voir demeurer figé et incapable de réagir quand Camelot est pris d'assaut est terrible pour un film qui n'assume pas pleinement ses choix. Ce qui caractérise les productions françaises de Fantasy reste trop souvent d'être françaises avant que d'être de Fantasy.

Sinon, oui, je suis d'accord pour dire que  ce volet 1 est une retrouvaille et une introduction, le développement du récit se trouvera dans le volet 2. Je le regarderai aussi, bien sûr, et j'en attends beaucoup. Notamment concernant le Dieux, qui me semblent avoir une attitude parfois capricieuse, sinon erratique (Excalibur, la défaveur de Lancelot...), là_dessus ce serait bien que la Réponse apporte des réponses. Oui itou, le  jeu gallois, une perte de temps !

Astier prépare la suite :

https://www.20minutes.fr/arts-stars/cinema/3260019-20220326-kaamelott-2-alexandre-astier-annonce-date-tournage-suite-trilogie?xtor=EPR-212-[nl%20pop]---0d8959972136c3a74598fe57ae6a2eb4@2&utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=pop&_ope=eyJndWlkIjoiMGQ4OTU5OTcyMTM2YzNhNzQ1OThmZTU3YWU2YTJlYjQifQ%3D%3D

La musique de Kaamelott mise en avant :

https://www.francetvinfo.fr/culture/cinema/kaamelott-premier-volet-en-cine-concert-a-lyon-le-public-au-rendez-vous-et-alexandre-astier-touche-par-cette-mise-en-avant-de-la-musique-de-son-film_5747759.html#xtor=EPR-919-[NLculture2022]-20230402&pid=726375-1454831019-2a46c449

Dearesttara a écrit:C'est gentil ! En fait, je suis totalement DVD, mais je n'ai pas de lecteur

J'ai un lecteur externe. je peux te le prêter à la prochaine réunion. Sinon, j'ai revu ce film avec plaisir et émotion. Il m'avait ravi à sa sortie et fait regarder la série d'un autre oeil. J'ai mieux saisi le projet d'Alexandre Astier à la lumière (crépusculaire) du film.

Détail amusant : Anne Girouard n'a pas tout à fait la même voix que dans la série où elle était particulièrement perchée (la voix bien sûr).

Et puis j'ai aimé que Merlin réussisse quelque chose même s'il s'agit simplement d'un tunnel !

Amusant pour un personnage dont l'historicité est plus que contestable !