Série "The Tudors"

Je viens de finir de voir la première saison des Tudors, diffusée sur Arte et je dois dire que je ne comprends absolument pas le succès de cette série. L’Histoire et ses principaux acteurs s’y voient caricaturés à l’extrême, dans une succession de scénettes privilégiant systématiquement le choc à la subtilité, jusqu’à lasser le téléspectateur. Aucune profondeur d’écriture, simplement une vulgarité maligne, d’autant que les personnages agissent sur un mode très contemporain, jusqu’à l’absurde. L’interprétation se limite à un défilé de belles gueules sans réel talent, et la vulgarité de l’ensemble laisse parfois pantois. Evidemment les erreurs historiques se comptent à foison mais c’est réellement la simplification extrême de la psychologie des personnages historiques et de la diplomatie européenne qui désole. Deux exceptions à ce marasme : la prestation effectivement croustillante de Sam Neill en Cardinal Wolsey (écrasant littéralement le reste de la distribution, hormis l’interprète de Catherine d’Aragon, très sensible) et la présence rigolote de Callum Blue, le très jeté Mason de Dead Like Me, une caution anglaise bien trouvée. Le reste est à oublier au plus vite, on se situe bien loin de Rome.

Oui, je conçois qu’il faille donner de la vie aux personnages et éviter l’académisme. Mais tout de même, l’acharnée partie à trois opposant Henry, François et Charles Quint se déroule à une époque absolument passionnante pour l’Europe et en particulier l’Angleterre : résurrection après la terrible Guerre des Deux Roses, entrée tardive dans la Renaissance, fleuraison de l’Humanisme, désynchronisation politique, religieuse et culturelle avec le reste de l’Europe, inauguration de la diplomatie du Soldat sur le Continent qui fera fortune, début de l’épopée maritime d’un Royaume qui entamera son essor prodigieux sous le règne d’Elisabeth, fille d’Henry et Anne… Sans m’attendre à un documentaire, j’attendais d’une reconstitution historique d’au moins ressentir l’effervescence de cette époque où le vent du grand large commence à souffler sur l’Angleterre. A la place de cela j’ai principalement eu droit à du marivaudage médiocrement inspiré et à quelques galipettes en chambre. D’où une légère frustration, avec le sentiment que l’on a pris l’Histoire en otage pour donner un alibi à tout ceci.

Je n’ai pas du tout accroché à Jonathan Rhys Meyers, mais la VF y est peut-être pour quelque chose. En l’état je trouve que son jeu consiste essentiellement à

- Vociférer et déplacer de l'air. Jeune mâle bien bâti il y arrive correctement
- Poser devant la caméra tout en tentant simultanément de faire de grands yeux et de froncer du sourcil. Un exploit malaisé qui semble l’absorber totalement.

Nathalie Dormer s’en sort mieux c’est vrai, elle pétille joliment mais on reste très loin de ce que Madeline Zima a pu nous offrir par ailleurs. Et puis, le problème avec les personnages historiques c’est que l’on sait comment tout cela finit. Cette passion prend dès lors un tour bien cruel qui empêche de s’amuser comme dans Californication.