Culture

avé l'accent de Paris ^^

Pour info, la Cinémathèque vient de lancer un somptueux cycle Eric Rohmer, des chefs d’œuvre à foison.
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Je serai dessus, elle m'intéresse pour des raisons évidentes. Oui, le côté choral aurait été plus intéressant, mais ce n'est pas le mode de narration préféré des séries françaises. Ce sera amusant de la comparer avec Mozart in the jungle, série envoyant balancer tout réalisme à la corbeille, mais ayant le mérite de rappeler le réel côté rock'n'roll qui existe dans notre milieu.

L'Histoire vue par le gars Usul

Vu le pilote de Philharmonia. J'ai lu récemment dans un mémoire universitaire qu'une série était réaliste non quand elle imite la réalité (de telles séries se compte sur les doigts d'une main), mais qu'elle donne l'impression de réel. On peut dire sans crainte que Philharmonia a bien suivi la définition au pied de la lettre tant elle accumule les idioties jusqu'à me faire saigner des yeux (non des oreilles, Beethoven, Schifrin et Dvorak sont des valeurs sûres), mais fera sans doute illusion au néophyte. Après tout, je ne m'offusque pas que Les Experts, Dr.House ou Ally McBeal donnent des visions totalement fausses de la police, de la médecine, et des avocats. Mais pour le plaisir de distiller mon venin, je vais donc énumérer les grandioses erreurs du premier épisode :

- Qu'un(e) chef(fe) dès son premier jour rétrograde un musicien ne m'a pas étonné, la cheffe est vraisemblablement inspirée de Laurence Equilbey, une nana qui avait viré la moitié de son choeur dès sa prise de fonctions. Par contre, qu'elle nomme une petite nana de 20 ans premier violon m'a laissé sur le cul. Non, premier violon n'est pas un poste où joue le meilleur violon (ce que la jeunette est peut-être), c'est un poste qui demande management (tu as en charge la totalité de ton pupitre), heures supplémentaires interminables à décider des coups d'archet, syndicalisme dense car tu es l'intermédiaire entre le chef et les musiciens, et autres activités qu'une toute jeune musicienne présente que depuis un an dans l'orchestre au sixième rang, ne peut pas avoir.

- La cheffe a apparemment une méthode "moderne" pour diriger les musiciens. Ancient is the new modern alors, car avec la maestra, on fait un bond de 40 ans en arrière avec un management relevant des anciens chefs tyrans, qui ont disparu quand les musiciens d'orchestre ont embrassé les vertus du syndicalisme dans les années 80, ce genre de chefs ne passerait plus aujourd'hui.

- Les recommandations de la cheffe aux musiciens sont surtout d'ordre expressif, et rarement musicales, ce qui est un contresens total. 

- Un chef ne dit jamais "4, 5" avant de battre à cinq temps. C'est une habitude des chefs de jazz, mais certainement pas de classique (souvenirs de mon prof qui me rappelait à l'ordre quand je débutais).

- Je veux bien croire qu'un orchestre soit vent debout contre un chef, c'est hélas une détestable tradition française (aucun orchestre anglo-saxon ne ferait de telles farces), mais tous les musiciens sont juste détestables. Oui, il peut y avoir des musiciens qui soient des sales types, mais la quasi-totalité, c'est un peu fort.


Et pourtant, tout cela est secondaire, ce sont des arrangements certes pathétiques avec le réel, mais qui sont dans le contrat nécessaire de la fiction. Je ne peux m'appuyer sur elles pour juger de la qualité de la série. Mais si on analyse la fiction elle-même, on n'est hélas pas plus avancés.

Mozart in the jungle était tout aussi irréaliste que Philharmonia, mais c'était très assumé. Or, l'histoire, la mise en scène de Philarmonia veulent absolument qu'on y croit. La scénariste, qui s'est un peu documentée quand même, rappelle quelques vérités fondamentales à mon milieu... mais elle le fait avec une écriture tellement grossière, que toutes ces vérités sonnent faux : l'orchestre et le chef sur le ring dès le premier contact, oui, c'est courant, mais c'est montré avec un sens désordonné de la caricature. Coller les pages de la partition d'un chef pour le faire chier au moment du concert, je pourrais à la rigueur comprendre pour donner une leçon à un chef débutant, mais aucun musicien n'oserait faire une telle chose pour une pro. C'est non seulement faux mais aussi logique (que le timbalier s'étonne que la cheffe connaisse par coeur la 6e de Beethoven m'a fait bien rire, c'est comme s'étonner qu'un groupe de métal connaisse par coeur les chansons de Metallica). Lala me dirait bien que le sexisme ne prend pas de gants, et oui, mon milieu est hélas l'un des plus sexistes de toutes les professions, mais les réflexions sexistes dans la série sont amenées avec la délicatesse d'un déménagement de contrebasses, c'est surligné à mort. Tout se passe comme si la scénariste avait pris sa documentation et ses anecdotes vraies, et avait brodé une histoire autour. On y croit pas.

Sinon, défaut habituel des séries françaises : dialogues sur-écrits, mise en scène de téléfilm, acting souvent à la ramasse (la cheffe prononçant d'un ton sentencieux "domptez votre colère" en allongeant bien les syllabes m'a occasionné le genre de fou rire que je pousse devant un nanar). Mais le rythme est vif, le soap habituel n'est nippon ni mauvais, la BO est bien sûr un régal. Je mets (**) et je suivrai les autres épisodes, mais pas de doute : France 2 a déjà son nouvel échec série de l'année.

Je confirme sur pas mal de points. Oui, la nomination houleuse de la cheffe est crédible, mais ils ne parlent pas du reste, qui demande une franche suspension d'incrédulité. Après, les nombreuses imprécisions de la série ne m'ont pas trop gêné (voir ma critique du pilote plus haut), c'est davantage le mélange tellement français d'acting médiocre, de policier et de soap, qui m'a barbé. Mozart in the jungle est peut-être encore plus irréaliste, mais a le mérite de ne pas se prendre au sérieux, chose que Philharmonia commet dans les grandes largeurs.

Histoire d'une catastrophe musicale

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Quelques sujets intéressants au bac Philo cette année, que l'on peut d'ailleurs illustrer avec des séries...

Est-il possible d’échapper au temps ? (Code Quantum, Dr Who, Poupée russe, Continuum)
À quoi bon expliquer une œuvre d’art ? (Palettes, Raiders of the Lost Art)
La pluralité des cultures fait-elle obstacle à l’unité du genre humain ? (New American Girls, Black-ish, Au fil des jours)
Reconnaître ses devoirs, est-ce renoncer à sa liberté ? (Designated Survivor, The Crown)
La morale est-elle la meilleure des politiques ? (The West Wing, House of Cards, Game of Thrones)