Série "Le Voyageur des Siècles"
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Série "Le Voyageur des Siècles"
Scientifique du XIXème siècle, François d’Audigné a, un beau jour de 1885, la vive surprise de rencontrer un jeune homme affirmant être son petit neveu Philippe, en provenance de la lointaine année 1981 ! En poursuivant les recherches de son aïeul, Philippe d’Audigné a fabriqué une machine à voyager dans le temps, la Chronosphère./ Il a également mis au point des miroirs permettant de contempler le reflet d’autres époques, tombant ainsi amoureux d’une magnifique aristocrate de l’Ancien Régime finissant. Or il a découvert avec horreur que celle-ci va être guillotinée durant la Terreur ! Il vient demander à son grand oncle de l’aider à sauver l’élue de son cœur, tout en ignorant que celle-ci est également l’une de ses ancêtres. Les deux Chrononautes remontent les Corridors du Temps jusqu’en 1788, mais échouent à convaincre la belle de s’enfuir. Philippe n’a plus qu’une seule solution : révéler ses connaissances technologiques au roi Louis XVI, afin d’empêcher que la Révolution ait lieu. L’évènement va connaître des conséquences pour le moins inattendues…
Le Voyageur des Siècles constitué une minisérie de six heures et quatre épisodes, abordant le thème majeur de la Science-fiction que représente le voyage dans le Temps, soit une rareté absolue au sein de la télévision française. Le texte a été écrit par le comédien Noël-Noël et réalisée par Jean Dréville, pour lequel il tourna souvent après-guerre, Le duo espéra longtemps le vendre au cinéma, mais n’obtint durant près de vingt années que des refus réitérés. Il se résigna à opter pour une série télévisée, tournée en un peu plus de deux mois fin 1969, par Telfrance, avec un modeste budget. L’ORTF acquit le programme, mais le relégua dans une programmation estivale bouche-trou. Diffusé en aout 1971, tout comme La Brigade des Maléfices, Le Voyageur des Siècles connut ainsi un succès limité. Par la suite Noël-noël adapta en un roman de la Bibliothèque verte ce qu’il surnomme judicieusement sa « Julevernerie moderne ». Destiné à la jeunesse, le connait une issue plus heureuse que la version télévisuelle.
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Déçu par le rejet du cinéma, Noël-Noël n’interpréta pas François d’Audigné et le rôle sera confié à Robert Vattier, tandis que Philippe sera incarné par Hervé Jolly. Ce choix va s’avérer judicieux : François s’avère un délicieux narrateur du récit et les deux comédiens, travaillant en parfaite intelligence, installent un lien très fort entre leurs personnages. Le reste de la distribution se montrera également de qualité. De talentueux acteurs, souvent en provenance du théâtre, vont tenir les différents rôles de la production, pour des résultats souvent savoureux. Roger Carel deviendra ainsi un étonnant Bonaparte que l’absence de Révolution aura réduit à l’été de bonnetier ! Roland Giraud sera un speaker, Pierre Mirat, Louis XVI, et Katia Tchenko, une bergère. La série bénéficie également d’une mise en scène alerte, qui, même pourvue de moyens modestes, bénéficiera du savoir-faire traditionnel de l’ORTF en matière de reconstitution historique. Le ton se montre souvent plaisamment humoristique, porté par le sens de la fantaisie de Noël-Noël et épousant le dynamisme de son récit.
Le Voyageur des Siècles présente également le vif intérêt de présenter un panorama étendu de la thématique du déplacement temporel : vision d’un Futur hypothétique et emprunt de merveilleux, visite de riches heures du passé, renco-+ntres de personnalités historiques, paradoxe à la René Barjavel (Le Voyageur Imprudent), ou bien encore ébouriffante Uchronie. Les péripéties se développent selon un procédé efficace, voyant nos étonnants voyageurs intervenir toujours davantage sur l’Histoire, jusqu’à la bouleverser. Puis, la Destinée retrouvera inéluctablement son cours normal, se referment tel un piège sur les infortunés explorateurs. Jusqu’au bout la question d la possibilité ou non de modifier l’Histoire aura apporté un véritable suspense à lz quêté de l’exalté Philippe.
Outre quelques aspects plaisamment désuets, le programme manifeste une vitalité et une audace tranchant avec nombre de productions de l’époque, rendant la découverte de ce chef-d’œuvre encore délectable aujourd’hui. En cet été 1971, la digne ORTF n’eut (à son corps défendant) brièvement guère à envier à la BBC et à son trépidant Seigneur du Temps. En 2012, Le Voyageur des Siècles est édité en DVD par l’INA, dans le cadre de sa belle collection des Inédits Fantastiques.
Le Voyageur des Siècles constitué une minisérie de six heures et quatre épisodes, abordant le thème majeur de la Science-fiction que représente le voyage dans le Temps, soit une rareté absolue au sein de la télévision française. Le texte a été écrit par le comédien Noël-Noël et réalisée par Jean Dréville, pour lequel il tourna souvent après-guerre, Le duo espéra longtemps le vendre au cinéma, mais n’obtint durant près de vingt années que des refus réitérés. Il se résigna à opter pour une série télévisée, tournée en un peu plus de deux mois fin 1969, par Telfrance, avec un modeste budget. L’ORTF acquit le programme, mais le relégua dans une programmation estivale bouche-trou. Diffusé en aout 1971, tout comme La Brigade des Maléfices, Le Voyageur des Siècles connut ainsi un succès limité. Par la suite Noël-noël adapta en un roman de la Bibliothèque verte ce qu’il surnomme judicieusement sa « Julevernerie moderne ». Destiné à la jeunesse, le connait une issue plus heureuse que la version télévisuelle.
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Déçu par le rejet du cinéma, Noël-Noël n’interpréta pas François d’Audigné et le rôle sera confié à Robert Vattier, tandis que Philippe sera incarné par Hervé Jolly. Ce choix va s’avérer judicieux : François s’avère un délicieux narrateur du récit et les deux comédiens, travaillant en parfaite intelligence, installent un lien très fort entre leurs personnages. Le reste de la distribution se montrera également de qualité. De talentueux acteurs, souvent en provenance du théâtre, vont tenir les différents rôles de la production, pour des résultats souvent savoureux. Roger Carel deviendra ainsi un étonnant Bonaparte que l’absence de Révolution aura réduit à l’été de bonnetier ! Roland Giraud sera un speaker, Pierre Mirat, Louis XVI, et Katia Tchenko, une bergère. La série bénéficie également d’une mise en scène alerte, qui, même pourvue de moyens modestes, bénéficiera du savoir-faire traditionnel de l’ORTF en matière de reconstitution historique. Le ton se montre souvent plaisamment humoristique, porté par le sens de la fantaisie de Noël-Noël et épousant le dynamisme de son récit.
Le Voyageur des Siècles présente également le vif intérêt de présenter un panorama étendu de la thématique du déplacement temporel : vision d’un Futur hypothétique et emprunt de merveilleux, visite de riches heures du passé, renco-+ntres de personnalités historiques, paradoxe à la René Barjavel (Le Voyageur Imprudent), ou bien encore ébouriffante Uchronie. Les péripéties se développent selon un procédé efficace, voyant nos étonnants voyageurs intervenir toujours davantage sur l’Histoire, jusqu’à la bouleverser. Puis, la Destinée retrouvera inéluctablement son cours normal, se referment tel un piège sur les infortunés explorateurs. Jusqu’au bout la question d la possibilité ou non de modifier l’Histoire aura apporté un véritable suspense à lz quêté de l’exalté Philippe.
Outre quelques aspects plaisamment désuets, le programme manifeste une vitalité et une audace tranchant avec nombre de productions de l’époque, rendant la découverte de ce chef-d’œuvre encore délectable aujourd’hui. En cet été 1971, la digne ORTF n’eut (à son corps défendant) brièvement guère à envier à la BBC et à son trépidant Seigneur du Temps. En 2012, Le Voyageur des Siècles est édité en DVD par l’INA, dans le cadre de sa belle collection des Inédits Fantastiques.
Estuaire44- Empereur
- Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007
Re: Série "Le Voyageur des Siècles"
Ton article me rappelle quelque chose. Déjà vu cette tête à l'écran, oui.
Philo- Fondateur
- Age : 72
Localisation : Paris
Date d'inscription : 01/10/2005
Re: Série "Le Voyageur des Siècles"
L'homme au tricorne (***)
- Quelle féérie que la Science !
En 1981, la Baronne d’Audigné engage un détective afin qu’il retrouve son frère disparu, Philippe. Ce brillant scientifique étudiait les écrits d’un ancêtre du XIXème siècle, François d’Audigné, et a été aperçu pour la dernière fois à Luzarches. Les recherches ne donnent rien, même si une grotte est découverte sur place, contenant un squelette vieux de deux cents ans. En 1885 le secrétaire de François révèle à trois scientifiques que son maître, disparu durant cinq jours, est réapparu à Luzarches. Très affaibli, François est mort après avoir eu le temps de consigner un étonnant récit. Philippe a en effet parachevé ses recherches, notamment la machine à voyager dans le temps et les miroirs reflétant le passé, avant de lui rendre une surprenante visite.
Astucieusement, L’homme au tricorne projette d’emblée le téléspectateur de 1971 dans la thématique du voyage temporel, dont il dévoile les deux facettes en se déroulant exclusivement dans le futur et le passé. La partie prenant place en 1981 revêt la forme d’un prologue (La mystérieuse disparition de Philippe d’Aubigné), mais c’est l’ensemble de l’épisode qui constitue un préambule de l’aventure temporelle des protagonistes, mettant en place une situation passablement embrouillée. Au rebours de la tranchante efficacité anglo-saxonne, on apprécie que le décor se voie planté à la française, c’est à dire avec force dialogues, souvent aussi brillants que dilatoires, le tout sur un ton volontiers divertissant.
A cet égard, l’entretien entre la Baronne et le détective se montre particulièrement réussi. Malgré qu’une seule décennie se soit écoulée, plusieurs merveilles technologiques ont bouleversé le monde, Dréville sachant les mettre en scène avec un vrai sens de l’évocation poétique, malgré des moyens limités. Une verve chansonnière, assez proche de celle de la Brigade des Maléfices, anime les débats, ces progrès ne faisant que souligner la persistance des travers humains, avec à la clé une plaisante comédie sociale, légère mais acidulée. Face au solide Gérard Darrieu, la raffinée France Delahalle interprète avec brio une grande dame, certes incisive et imbue d’elle-même, mais aussi d’une intelligence pénétrante, la seule à percevoir l’étrange aventure dans laquelle s’est lancé son frère. Un personnage très riche, impeccablement porté par un élégant jeu théâtral. Les émissions télévisées (animées par Georges de Caunes dans son propre rôle et un très jeune Roland Giraud) insèrent quelques gags quasi satiriques venant joliment compléter l’ensemble.
Cependant, la suite du prologue déçoit singulièrement, lors de la particulièrement fastidieuse visite de la grotte de Luzarches. Dréville n’a aucun moyen d’animer ces décors minimalistes, où se déroule une suite de témoignages et explications verbeuse et statique. Le simple dessin présenté plus tard par Philippe à François, autrement plus clair et synthétique, rend l’ensemble totalement inutile. La découverte du squelette, d’emblée présenté comme celui de Philippe, jette toutefois une ombre menaçante sur la suite du récit. On s’inquiète quand le récit bascule tout à la fois dans la seconde partie et en 1885, car, dans un premier temps, la description de l’époque ne se dépare pas d’une simple imagerie d’Epinal. Toutefois le récit incorpore rapidement de nombreuses passerelles humoristiques entre les deux époques, de même qu’il résout plusieurs énigmes secondaires de manière amusante. Surtout, il introduit avec naturel le corps principal de la série, lors de la rencontre entre les deux d’Audigné.
L’évènement suscite un vrai regain d’intérêt. Les deux comédiens fonctionnent très bien ensembles, apportant une dimension réellement humaine aux personnages, la maturité de François se réjouissant de l’exaltation juvénile de Philippe, tandis que ce dernier est ravi d’enfin communiquer avec son mentor. Le métier supérieur de Robert Vattier rend le pittoresque François particulièrement gouleyant, difficile de pas songer au Comte de Champignac, chez Spirou. Les conversations autour de la machine à remonter le Temps (enfin, du « Bloc Chronomique ») et des miroirs s’avèrent passionnantes par leur enthousiasme communicatif, mais aussi par leur poésie. Bien davantage que chez H. G. Wells, nous nous situons ici dans une Science-fiction authentiquement française, relevant pleinement de ce merveilleux scientifique cher à Jules Verne et à Maurice Renard. Ce dernier auteur illumine particulièrement le récit, car la belle fantaisie des miroirs reflets du passé se retrouve dans son superbe roman Le Maître de la Lumière (1947). Le recours à de nombreux dessins et photographies enjolive encore davantage l’épisode. Concluant idéalement l’opus, la découverte que les reflets de deux quidams sont en fait ceux du Roi Soleil et de Molière suscite un sentiment vertigineux chez le spectateur, comparable à celui ressenti lors de la révélation du glaive troyen dans l’épisode La Revanche des Dieux de Time Tunnel. Les portes du Temps sont sur le point de s’ouvrir.
Noël-Noël, auteur de la série, connut une éclectique carrière durent les années 30 : comédien, pianiste, chansonnier, dessinateur pour Le Canard enchaîné et L’Humanité... Après-guerre, il perce au cinéma comme acteur et scénariste, notamment en collaboration avec le réalisateur Jean Dréville (La Cage aux Rossignols, 1945 ; Les casse-pieds, 1948). Avant de se retirer durant les années 70, il devient un comédien populaire, entremêlant rôles comiques et chansons (Les Vieux de la Vieille, 1960).
Jean Dréville, réalisateur de la série, a plusieurs fois fonctionné en duo avec Noël-Noël, acteur et scénariste, dans le cinéma français d’après-guerre. Partiellement écrit par Noël-Noël, son film La Cage aux Rossignols (1945) inspira Les Choristes (2004). Dréville est également connu pour avoir donné à Bourvil son premier rôle (La ferme du pendu, 1945). Le Voyageur des Siècles reste sa dernière mise en scène.
Le texte original de la série fut écrit par Noël-Noël en 1931, pour servir de base à un film. Le projet ne se réalisa pas, car jugé trop onéreux et risqué par la profession. En 1971, l’auteur l’adapte pour la Bibliothèque Verte (opus n° 443, illustré par Jacques Pecnard), avec une conclusion plus heureuse.
Noël-Noël fut un ami de René Barjavel, ce qui explique sans doute l’importante influence du Voyageur imprudent sur son texte.
Robert Vattier (Pr. François d'Audigné), grand ami de Pierre brasseur, fut avant tout un homme de théâtre. Il participa toutefois régulièrement aux films de Marcel Pagnol, dont il fut l’un des acteurs favoris. Il fut ainsi le M. Brun de la Trilogie marseillaise ou l’abbé de L'élixir du révérend père Gaucher. Vattier publia en 1961 des mémoires pétillants d’humour, Les souvenirs de Monsieur Brun, retraçant le parcours cinématographique de Pagnol.
Hervé Jolly (Philippe d'Audigné) réalise une belle carrière télévisuelle, dont deux participations aux Brigades du Tigre. Mais il est avant un très important acteur de voix, pour les dessins animés et les doublages divers. Il est ainsi la voix française de Clint Eastwood depuis 1999, amis aussi celle d’Alec Baldwin ou de Tom Berenger. Il assure également le commentaire hors champ de nombreux documentaires.
France Delahalle (la Baronne), compagne de Georges Herbert, fut une grande figure du théâtre français. Elle codirigea durant 20 ans le théâtre Saint-Georges. Elle n’apparut qu’épisodiquement à l’écran, mais participa à plusieurs reprises à Au théâtre ce soir.
De Caunes annonce la diffusion de Noix de Coco. Il s’avère prophétique, car la pièce de Marcel Achard (1935) sera bien diffusée l’année suivante dans Au théâtre ce soir, le 11 décembre 1972.
L’un des trois scientifiques arrive au château avec trois heures de retard, le Général Boulanger se trouvait dans son train et chaque village traversé tenait à organiser une cérémonie. Populaire ministre de la guerre, Boulanger voyage en effet en 1886 (et non 1885) à travers toute la France, allant de banquets en cérémonie. Il va devenir le fer de lance des nationalistes, son mouvement, le Boulangisme, semblant même un temps menacer la République. Condamné pour complot, il doit néanmoins s’exiler en Belgique en 1899, où il se suicidera.
- Quelle féérie que la Science !
En 1981, la Baronne d’Audigné engage un détective afin qu’il retrouve son frère disparu, Philippe. Ce brillant scientifique étudiait les écrits d’un ancêtre du XIXème siècle, François d’Audigné, et a été aperçu pour la dernière fois à Luzarches. Les recherches ne donnent rien, même si une grotte est découverte sur place, contenant un squelette vieux de deux cents ans. En 1885 le secrétaire de François révèle à trois scientifiques que son maître, disparu durant cinq jours, est réapparu à Luzarches. Très affaibli, François est mort après avoir eu le temps de consigner un étonnant récit. Philippe a en effet parachevé ses recherches, notamment la machine à voyager dans le temps et les miroirs reflétant le passé, avant de lui rendre une surprenante visite.
Astucieusement, L’homme au tricorne projette d’emblée le téléspectateur de 1971 dans la thématique du voyage temporel, dont il dévoile les deux facettes en se déroulant exclusivement dans le futur et le passé. La partie prenant place en 1981 revêt la forme d’un prologue (La mystérieuse disparition de Philippe d’Aubigné), mais c’est l’ensemble de l’épisode qui constitue un préambule de l’aventure temporelle des protagonistes, mettant en place une situation passablement embrouillée. Au rebours de la tranchante efficacité anglo-saxonne, on apprécie que le décor se voie planté à la française, c’est à dire avec force dialogues, souvent aussi brillants que dilatoires, le tout sur un ton volontiers divertissant.
A cet égard, l’entretien entre la Baronne et le détective se montre particulièrement réussi. Malgré qu’une seule décennie se soit écoulée, plusieurs merveilles technologiques ont bouleversé le monde, Dréville sachant les mettre en scène avec un vrai sens de l’évocation poétique, malgré des moyens limités. Une verve chansonnière, assez proche de celle de la Brigade des Maléfices, anime les débats, ces progrès ne faisant que souligner la persistance des travers humains, avec à la clé une plaisante comédie sociale, légère mais acidulée. Face au solide Gérard Darrieu, la raffinée France Delahalle interprète avec brio une grande dame, certes incisive et imbue d’elle-même, mais aussi d’une intelligence pénétrante, la seule à percevoir l’étrange aventure dans laquelle s’est lancé son frère. Un personnage très riche, impeccablement porté par un élégant jeu théâtral. Les émissions télévisées (animées par Georges de Caunes dans son propre rôle et un très jeune Roland Giraud) insèrent quelques gags quasi satiriques venant joliment compléter l’ensemble.
Cependant, la suite du prologue déçoit singulièrement, lors de la particulièrement fastidieuse visite de la grotte de Luzarches. Dréville n’a aucun moyen d’animer ces décors minimalistes, où se déroule une suite de témoignages et explications verbeuse et statique. Le simple dessin présenté plus tard par Philippe à François, autrement plus clair et synthétique, rend l’ensemble totalement inutile. La découverte du squelette, d’emblée présenté comme celui de Philippe, jette toutefois une ombre menaçante sur la suite du récit. On s’inquiète quand le récit bascule tout à la fois dans la seconde partie et en 1885, car, dans un premier temps, la description de l’époque ne se dépare pas d’une simple imagerie d’Epinal. Toutefois le récit incorpore rapidement de nombreuses passerelles humoristiques entre les deux époques, de même qu’il résout plusieurs énigmes secondaires de manière amusante. Surtout, il introduit avec naturel le corps principal de la série, lors de la rencontre entre les deux d’Audigné.
L’évènement suscite un vrai regain d’intérêt. Les deux comédiens fonctionnent très bien ensembles, apportant une dimension réellement humaine aux personnages, la maturité de François se réjouissant de l’exaltation juvénile de Philippe, tandis que ce dernier est ravi d’enfin communiquer avec son mentor. Le métier supérieur de Robert Vattier rend le pittoresque François particulièrement gouleyant, difficile de pas songer au Comte de Champignac, chez Spirou. Les conversations autour de la machine à remonter le Temps (enfin, du « Bloc Chronomique ») et des miroirs s’avèrent passionnantes par leur enthousiasme communicatif, mais aussi par leur poésie. Bien davantage que chez H. G. Wells, nous nous situons ici dans une Science-fiction authentiquement française, relevant pleinement de ce merveilleux scientifique cher à Jules Verne et à Maurice Renard. Ce dernier auteur illumine particulièrement le récit, car la belle fantaisie des miroirs reflets du passé se retrouve dans son superbe roman Le Maître de la Lumière (1947). Le recours à de nombreux dessins et photographies enjolive encore davantage l’épisode. Concluant idéalement l’opus, la découverte que les reflets de deux quidams sont en fait ceux du Roi Soleil et de Molière suscite un sentiment vertigineux chez le spectateur, comparable à celui ressenti lors de la révélation du glaive troyen dans l’épisode La Revanche des Dieux de Time Tunnel. Les portes du Temps sont sur le point de s’ouvrir.
Noël-Noël, auteur de la série, connut une éclectique carrière durent les années 30 : comédien, pianiste, chansonnier, dessinateur pour Le Canard enchaîné et L’Humanité... Après-guerre, il perce au cinéma comme acteur et scénariste, notamment en collaboration avec le réalisateur Jean Dréville (La Cage aux Rossignols, 1945 ; Les casse-pieds, 1948). Avant de se retirer durant les années 70, il devient un comédien populaire, entremêlant rôles comiques et chansons (Les Vieux de la Vieille, 1960).
Jean Dréville, réalisateur de la série, a plusieurs fois fonctionné en duo avec Noël-Noël, acteur et scénariste, dans le cinéma français d’après-guerre. Partiellement écrit par Noël-Noël, son film La Cage aux Rossignols (1945) inspira Les Choristes (2004). Dréville est également connu pour avoir donné à Bourvil son premier rôle (La ferme du pendu, 1945). Le Voyageur des Siècles reste sa dernière mise en scène.
Le texte original de la série fut écrit par Noël-Noël en 1931, pour servir de base à un film. Le projet ne se réalisa pas, car jugé trop onéreux et risqué par la profession. En 1971, l’auteur l’adapte pour la Bibliothèque Verte (opus n° 443, illustré par Jacques Pecnard), avec une conclusion plus heureuse.
Noël-Noël fut un ami de René Barjavel, ce qui explique sans doute l’importante influence du Voyageur imprudent sur son texte.
Robert Vattier (Pr. François d'Audigné), grand ami de Pierre brasseur, fut avant tout un homme de théâtre. Il participa toutefois régulièrement aux films de Marcel Pagnol, dont il fut l’un des acteurs favoris. Il fut ainsi le M. Brun de la Trilogie marseillaise ou l’abbé de L'élixir du révérend père Gaucher. Vattier publia en 1961 des mémoires pétillants d’humour, Les souvenirs de Monsieur Brun, retraçant le parcours cinématographique de Pagnol.
Hervé Jolly (Philippe d'Audigné) réalise une belle carrière télévisuelle, dont deux participations aux Brigades du Tigre. Mais il est avant un très important acteur de voix, pour les dessins animés et les doublages divers. Il est ainsi la voix française de Clint Eastwood depuis 1999, amis aussi celle d’Alec Baldwin ou de Tom Berenger. Il assure également le commentaire hors champ de nombreux documentaires.
France Delahalle (la Baronne), compagne de Georges Herbert, fut une grande figure du théâtre français. Elle codirigea durant 20 ans le théâtre Saint-Georges. Elle n’apparut qu’épisodiquement à l’écran, mais participa à plusieurs reprises à Au théâtre ce soir.
De Caunes annonce la diffusion de Noix de Coco. Il s’avère prophétique, car la pièce de Marcel Achard (1935) sera bien diffusée l’année suivante dans Au théâtre ce soir, le 11 décembre 1972.
L’un des trois scientifiques arrive au château avec trois heures de retard, le Général Boulanger se trouvait dans son train et chaque village traversé tenait à organiser une cérémonie. Populaire ministre de la guerre, Boulanger voyage en effet en 1886 (et non 1885) à travers toute la France, allant de banquets en cérémonie. Il va devenir le fer de lance des nationalistes, son mouvement, le Boulangisme, semblant même un temps menacer la République. Condamné pour complot, il doit néanmoins s’exiler en Belgique en 1899, où il se suicidera.
Estuaire44- Empereur
- Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007
Estuaire44- Empereur
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Date d'inscription : 10/04/2007
Re: Série "Le Voyageur des Siècles"
Je l'ai vu lors de sa première diffusion (j'avais douze ans). Mais sans rediffusions, j'ai à peu près tout oublié. L'été, les séries de SF/Fantastiques françaises étaient programmées ("Les compagnons de Baal" juillet août sept 1968, L'homme sans visage juillet août 1975, la duchesse d'Avila juillet 1973), les français étant jugés trop "cartésiens" pour apprécier".
Invité- Invité
Re: Série "Le Voyageur des Siècles"
Cela change lentement, LOST a été diffusée par TF1 en tant que série estivale...
L'album de famille (1-02, ***)
Philippe entreprend de sonder le passé, grâce au miroir de François, qui, situé en 1884, permet d’entrevoir plus clairement l’Ancien Régime ! Tel un album de famille animé, les images de leurs ancêtres communs se révèlent au fil de reflets toujours plus lointains. Philippe est séduit quand il retrouve le beau visage de celle qui semble être la gouvernante anglaise d’une de leurs aïeules, en 1788. Amoureux, il convainc François de l’accompagner jusqu’au règne de Louis XVI, afin de la retrouver. Le voyage temporel se déroule sans incident, les deux explorateurs se rendant ensuite de Luzarches jusqu’au Paris prérévolutionnaire, dont la visite les enthousiasme.
Avec un coup très sûr, le titre de l’épisode désigne le meilleur passage de celui-ci. Apercevoir les reflets des habitants successifs du château développe bien entendu la fascination habituelle existant autour de la notion de voyage temporel. Mais, entremêlant grands évènement et souvenirs de famille, commentée avec émotion, ironie ou enthousiasme par François, cette découverte nous rappelle que les destinées individuelles constituent la chair vive de l’Histoire, bien davantage que les récitations de dates ou au fracas de l’évènementiel. Nous nous situons plus près d’un Georges Duby que d’un Jean Favier. La scène continue également à tracer le portrait des deux héros, unis par leur passion de l’exploration, mais avec un Philippe pour lequel la dame de ses pensées prime déjà sur toute autre considération, tant l’amour reste le sentiment le plus égoïste qui soit.
Les nouvelles mirifiques révélations sur l’année 1981 apportent moins de densité humaine mais valent pour leur humour fantaisiste et chansonnier. Tout comme dans Brigade des Maléfices, il s’agit surtout de souligner les travers de la société contemporaine du spectateur de 1971 et de ses développements modernistes. On observe d’ailleurs que l’on retrouve ici l’idée du tourisme spatial , exprimée dans l’un des meilleurs épisodes de cette autre série de l’été 1971, Voir Vénus et mourir Parmi un inventaire à la Prévert, certaines impressionnant toutefois par leur acuité, même si les termes techniques actuels ne sont pas usités : voitures téléguidées par ordinateurs (en 2015 on y vient doucement mais sûrement), cultures hydroponiques, déplacement ultrarapide sur rail supraconducteur…
Si les limites budgétaires de la production rendent assez minimaliste le plateau de la grotte de Luzarches, la découverte du fameux monolithe produit malgré tout son effet. A la fois élégant et mystérieux, il rend un bel hommage à l’habilité des créateurs des décors. Les amateurs de Doctor Who (qui devraient probablement s’enthousiasmer pour Le Voyageur des Siècles) s’amuseront en constatant une légère ressemblance entre le Bloc Chronomique en pavé droit et le TARDIS, tous les deux se dématérialisant d’ailleurs de similaire façon. De plus la « clef magnétique » permettant à Philippe d’ouvrir la porte de sa grotte sonique évoque également le Tournevis sonique du Docteur, lui servant pareillement à actionner les serrures. Les images de la vision/déconstruction de la Tour Eiffel et du Palais de Chaillot convainquent moins, à ce stade on partage l’enthousiasme de François désirant embarquer sans plus de digression. De plus le procédé visuel adapte trop manifestement celui du classique de 1960, La Machine à explorer le Temps.
Une fois en 1788, le parcours de Luzarches jusqu’à Paris, puis la visite de la future Ville lumière, constituent sans doute le Talon d’Achille de l’Opus. La pauvreté des moyens mis en œuvre (décors minimalistes noyés dans l’ombre, nombre très restreint de seconds rôles, caméra peu mobile…) sollicité vraiment trop la bienveillance et l’imagination du spectateur. Surtout on attend d’un feuilleton télévisé qu’il nous raconte une intrigue, or tout ceci tourne rapidement au documentaire , avec un François énumérant anecdotes et points d’histoire de rue en rue, sans que rien d’autre ne se passe vraiment, hormis une échauffourée où Philippe paie de sa personne. On se croirait par moments dans le Métronome de Lorànt Deutsch, davantage que dans une fiction. Les Docteurs classique sont vécu de pareilles explorations (sans autres éléments de Science-fiction qu’eux-mêmes), amis ont toujours su allier narration et instruction. Demeurent quelques plaisants impromptus, l’humour facétieux des dialogues de Noël-Noël et le charme des comédiens (y compris d’une Katia Tchenko fugacement découverte en bergère). Mais l’on reste en l’attente d’une histoire accompagnant l’Histoire.
Katia Tchenko (la Bergère), encore ici en début de carrière, va connaître un parcours éclectique. Elle devient une figure emblématique des films « pittoresques » des années 70 et 80 : Les Charlots font l’Espagne (1972) , Les Bidasses au pensionnat (1978), Mon curé chez les nudistes (1982), L’Emir préfère les blondes (1983), etc. Son charme et sa vivacité lui valent aussi de beau succès au théâtre et à la télévision. Elle participe également à des opérettes et devient meneuse de revue aux Folies Bergères (bouclant ainsi la boucle avec Le Voyageur des Siècles !).
http://www.nanarland.com/acteurs/acteur-katiatchenko-katia-tchenko.html
La pension où vont dormir les voyageurs a accueilli précédemment Jean-Honoré Fragonard (1732-1806), dont plusieurs œuvres licencieuses visibles au Louvre adornent l’établissement. D’extraction modeste, le peintre exerça en effet principalement à paris. Malgré une solide carrière classique, ce sont ses toiles érotiques qui lui vaudront le succès auprès de la cour de Louis XV, aux mœurs libertines. Il entre à l’Académie, mais sera ruiné par la Révolution, qui le privera de sa clientèle aristocratique, tandis que Napoléon le fera expulser du Louvre. Il meurt au Palais-Royal, en pleine défaveur.
Visitant le Paris de 1788, Philippe et François ne manquent pas l’occasion de visiter le joyeux Palais-Royal d’alors. En 1780 Louis-Philippe d’Orléans (le futur Philippe Egalité) amené l’une des plus grandes opérations immobilière en installant de nombreux cafés, restaurants, spectacle, galeries et salons de jeu autour du jardin du palais des Orléans. Le lieu va devenir le lieu à la mode de la société parisienne, libertine et huppée. Petits marquis et demi-mondaines y feront assaut de mots d’esprit et de galantes entreprises. Le lieu survit à la Révolution mais pas à la réaction moralisatrice du roi Louis-Philipe qui ferme en 1836 les établissements ouverts par son père.
L'album de famille (1-02, ***)
Philippe entreprend de sonder le passé, grâce au miroir de François, qui, situé en 1884, permet d’entrevoir plus clairement l’Ancien Régime ! Tel un album de famille animé, les images de leurs ancêtres communs se révèlent au fil de reflets toujours plus lointains. Philippe est séduit quand il retrouve le beau visage de celle qui semble être la gouvernante anglaise d’une de leurs aïeules, en 1788. Amoureux, il convainc François de l’accompagner jusqu’au règne de Louis XVI, afin de la retrouver. Le voyage temporel se déroule sans incident, les deux explorateurs se rendant ensuite de Luzarches jusqu’au Paris prérévolutionnaire, dont la visite les enthousiasme.
Avec un coup très sûr, le titre de l’épisode désigne le meilleur passage de celui-ci. Apercevoir les reflets des habitants successifs du château développe bien entendu la fascination habituelle existant autour de la notion de voyage temporel. Mais, entremêlant grands évènement et souvenirs de famille, commentée avec émotion, ironie ou enthousiasme par François, cette découverte nous rappelle que les destinées individuelles constituent la chair vive de l’Histoire, bien davantage que les récitations de dates ou au fracas de l’évènementiel. Nous nous situons plus près d’un Georges Duby que d’un Jean Favier. La scène continue également à tracer le portrait des deux héros, unis par leur passion de l’exploration, mais avec un Philippe pour lequel la dame de ses pensées prime déjà sur toute autre considération, tant l’amour reste le sentiment le plus égoïste qui soit.
Les nouvelles mirifiques révélations sur l’année 1981 apportent moins de densité humaine mais valent pour leur humour fantaisiste et chansonnier. Tout comme dans Brigade des Maléfices, il s’agit surtout de souligner les travers de la société contemporaine du spectateur de 1971 et de ses développements modernistes. On observe d’ailleurs que l’on retrouve ici l’idée du tourisme spatial , exprimée dans l’un des meilleurs épisodes de cette autre série de l’été 1971, Voir Vénus et mourir Parmi un inventaire à la Prévert, certaines impressionnant toutefois par leur acuité, même si les termes techniques actuels ne sont pas usités : voitures téléguidées par ordinateurs (en 2015 on y vient doucement mais sûrement), cultures hydroponiques, déplacement ultrarapide sur rail supraconducteur…
Si les limites budgétaires de la production rendent assez minimaliste le plateau de la grotte de Luzarches, la découverte du fameux monolithe produit malgré tout son effet. A la fois élégant et mystérieux, il rend un bel hommage à l’habilité des créateurs des décors. Les amateurs de Doctor Who (qui devraient probablement s’enthousiasmer pour Le Voyageur des Siècles) s’amuseront en constatant une légère ressemblance entre le Bloc Chronomique en pavé droit et le TARDIS, tous les deux se dématérialisant d’ailleurs de similaire façon. De plus la « clef magnétique » permettant à Philippe d’ouvrir la porte de sa grotte sonique évoque également le Tournevis sonique du Docteur, lui servant pareillement à actionner les serrures. Les images de la vision/déconstruction de la Tour Eiffel et du Palais de Chaillot convainquent moins, à ce stade on partage l’enthousiasme de François désirant embarquer sans plus de digression. De plus le procédé visuel adapte trop manifestement celui du classique de 1960, La Machine à explorer le Temps.
Une fois en 1788, le parcours de Luzarches jusqu’à Paris, puis la visite de la future Ville lumière, constituent sans doute le Talon d’Achille de l’Opus. La pauvreté des moyens mis en œuvre (décors minimalistes noyés dans l’ombre, nombre très restreint de seconds rôles, caméra peu mobile…) sollicité vraiment trop la bienveillance et l’imagination du spectateur. Surtout on attend d’un feuilleton télévisé qu’il nous raconte une intrigue, or tout ceci tourne rapidement au documentaire , avec un François énumérant anecdotes et points d’histoire de rue en rue, sans que rien d’autre ne se passe vraiment, hormis une échauffourée où Philippe paie de sa personne. On se croirait par moments dans le Métronome de Lorànt Deutsch, davantage que dans une fiction. Les Docteurs classique sont vécu de pareilles explorations (sans autres éléments de Science-fiction qu’eux-mêmes), amis ont toujours su allier narration et instruction. Demeurent quelques plaisants impromptus, l’humour facétieux des dialogues de Noël-Noël et le charme des comédiens (y compris d’une Katia Tchenko fugacement découverte en bergère). Mais l’on reste en l’attente d’une histoire accompagnant l’Histoire.
Katia Tchenko (la Bergère), encore ici en début de carrière, va connaître un parcours éclectique. Elle devient une figure emblématique des films « pittoresques » des années 70 et 80 : Les Charlots font l’Espagne (1972) , Les Bidasses au pensionnat (1978), Mon curé chez les nudistes (1982), L’Emir préfère les blondes (1983), etc. Son charme et sa vivacité lui valent aussi de beau succès au théâtre et à la télévision. Elle participe également à des opérettes et devient meneuse de revue aux Folies Bergères (bouclant ainsi la boucle avec Le Voyageur des Siècles !).
http://www.nanarland.com/acteurs/acteur-katiatchenko-katia-tchenko.html
La pension où vont dormir les voyageurs a accueilli précédemment Jean-Honoré Fragonard (1732-1806), dont plusieurs œuvres licencieuses visibles au Louvre adornent l’établissement. D’extraction modeste, le peintre exerça en effet principalement à paris. Malgré une solide carrière classique, ce sont ses toiles érotiques qui lui vaudront le succès auprès de la cour de Louis XV, aux mœurs libertines. Il entre à l’Académie, mais sera ruiné par la Révolution, qui le privera de sa clientèle aristocratique, tandis que Napoléon le fera expulser du Louvre. Il meurt au Palais-Royal, en pleine défaveur.
Visitant le Paris de 1788, Philippe et François ne manquent pas l’occasion de visiter le joyeux Palais-Royal d’alors. En 1780 Louis-Philippe d’Orléans (le futur Philippe Egalité) amené l’une des plus grandes opérations immobilière en installant de nombreux cafés, restaurants, spectacle, galeries et salons de jeu autour du jardin du palais des Orléans. Le lieu va devenir le lieu à la mode de la société parisienne, libertine et huppée. Petits marquis et demi-mondaines y feront assaut de mots d’esprit et de galantes entreprises. Le lieu survit à la Révolution mais pas à la réaction moralisatrice du roi Louis-Philipe qui ferme en 1836 les établissements ouverts par son père.
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Re: Série "Le Voyageur des Siècles"
Le grain de sable (1-03, ****)
Philippe et François quittent la capitale, pour se rendent dans leur demeure familiale, en Bourgogne. Ils y font connaissance de leur ancêtre fondateur du domaine, dit Coco Bel-Œil car borgne. Surtout, ils découvrent qu’en fait l’élué de Philippe est la Comtesse Catherine, et non la gouvernante écossaise, Mary d’Hobson. Leur très lointaine parenté par alliances ne freine par les ardeurs de Philippe, qui, malgré les mises en garde de François, s’efforce en vain de la convaincre de fuir la France pour éviter d’être guillotinée dans cinq ans, en 1793. Elle le prend pour un fou et le duo doit retourner à Paris. Philippe convainc François de s’adresser à Louis XVI, afin d’éviter que la révolution n’ait lieu, ainsi sauver Catherine malgré elle.
Les échanges entre le secrétaire et les trois éminents scientifiques amis de François rythment le récit d’une manière agréablement surannée. On pense beaucoup aux narrations accompagnant plusieurs films de Sacha Guitry, avec le même plaisir de l’esprit et des bons mots (La légion d’honneur est comme une maladie chronique, cela commence par des rougeurs, cela se poursuit par des boutons et cela se termine parfois par des plaques). Certes leurs réactions face à un récit aussi fantastique peuvent parfois sembler irréalistes, mais c’est avec gourmandise mais qu’ils introduisent le second temps du feuilleton.
On y retrouve nos intrépides voyageurs enfin se décider à poursuivre leur aventure, quittant leur rôle de témoins (sinon de touristes temporels), pour pleinement devenir les protagonistes de leur aventure. Leur odyssée à travers Paris, puis, via les grands chemins de France, vers la Bourgogne revêt la forme d’hilarantes scénettes. Celles-ci vont judicieusement varier les types d’humour. Avec sa rondeur et son timbre gouleyant, Jean-Marie Proslier campe ainsi un maitre tailleur que l’on croirait jailli du Bourgeois gentilhomme, irrésistible de fatuité et de snobisme ridicule.
Le malicieux parallèle établi entre les tracas du périple en calèche et la circulation automobile se développe avec brio, accompagné d’une pétillante narration évoquant les Mini-chroniques de Goscinny. La rencontre avec La Fayette produit évidemment son effet, tout juxtaposant un savoureuse ironie entre son aspiration au repos et l’orage révolutionnaire approchant. On apprécie que la mise en scène de Dréville apporte de la vie au récit, laissant toute sa place au petit peuple de Paris et des Provinces et nous révélant quelques plaisants à-côtés de l’époque (comme le chanteur de complaintes en ancêtre de la télévision).
On se régale, purement et simplement. L’euphorie se poursuit quand les D’Aubigné rallient enfin leur demeure. On savoure un caustique panorama de la petite noblesse provinciale de l’Ancien Régime finissant, engoncée dans ses privilèges et ses certitudes, trompant son ennui oisif en miment les fastes et l’esprit de la lointaine capitale. Jacques Harden incarne avec panache un Coco Bel-œil à la fois brutal et fantasque, cristallisant tous les travers de sa caste. Anne-Marie Carrière se trouve à son affaire en gouvernante écossaise pocharde d’une verve toute chansonnière. Le beau décor du château et du jardin apporte à la mise en scène un luxe tombant à point nommé, accompagné de jolis morceaux de clavecin. Le sommet de l’épisode réside bien entendu dans la rencontre tant attendue avec la Comtesse.
La superbe et aristocratique Myriam Feune de Colombi lui apporte une élégante théâtralité, tout à fait dans le registre de la Comédie française d’alors. Le récit évite habilement de la dépeindre en Colombine : derrière ses bonnes manières elle partage bien les mêmes préjugés que son mari Nos voyageurs apportent beaucoup d’humour à leur pérégrinations et les tentatives infructueuse de Philippe pour séduire son élue (jusqu'à s’approprier les poésies de Verlaine) apporte un plaisant humour de répétition. Rien de manque au succès de l’opus, la décision de changer le cours de l’Histoire lui valent un tonitruant cliffhanger final.
Rencontré durant le voyage, La Fayette est interprété par Michel Le Royer. Il s’agit d’un clin d’eoil inséré par Dréville, l’acteur ayant déjà incarné le Héros d’Amérique dans l’un de ses précédents films, La Fayette (1962). Ancien de la comédie française et figure régulière d’Au théâtre ce soir, Le Royer est également connu pour les séries Le Chevalier de Maison Rouge (1963) et Corsaires et Flibustiers (1966).
Anne-Marie Carrière (Mary d'Audson) fut une actrice et une humoriste très populaire. Outre le cinéma, elle participe à plusieurs émissions de télévision et de radio télévisées (C’est pas sérieux, L’oreille en coin, Le Francophonissime) et connaît un grand succès sur les scènes parisiennes. Elle est la seule femme à devenir une chansonnière de premier rang au cours des années 60 et 70.
Myriam Feune de Colombi (Catherine d'Aubigné), pensionnaire durant onze ans de La Comédie Française, demeure avant tout une comédienne de théâtre. Elle dirige depuis 1984 le Théâtre Montparnasse.
Suite à une erreur de montage, François apparaît dépourvu de moustache, avant qu’elle ne soit effectivement rasée.
Pour réparer la statue de son jardin, le Comte Xavier, dit Coco Bel-Œil, fait appel à Jean-Antoine Houdon (1741-1828). Il s’agit du plus grand sculpteur français du XVIIème siècle, réputé pour ses statues et bustes en marbre. Il réalise notamment les bustes des premiers présidents américains et de nombreuses grandes personnalités françaises, ce qui lui vaut le surnom de « Sculpteur des Lumières ».
Philippe et François quittent la capitale, pour se rendent dans leur demeure familiale, en Bourgogne. Ils y font connaissance de leur ancêtre fondateur du domaine, dit Coco Bel-Œil car borgne. Surtout, ils découvrent qu’en fait l’élué de Philippe est la Comtesse Catherine, et non la gouvernante écossaise, Mary d’Hobson. Leur très lointaine parenté par alliances ne freine par les ardeurs de Philippe, qui, malgré les mises en garde de François, s’efforce en vain de la convaincre de fuir la France pour éviter d’être guillotinée dans cinq ans, en 1793. Elle le prend pour un fou et le duo doit retourner à Paris. Philippe convainc François de s’adresser à Louis XVI, afin d’éviter que la révolution n’ait lieu, ainsi sauver Catherine malgré elle.
Les échanges entre le secrétaire et les trois éminents scientifiques amis de François rythment le récit d’une manière agréablement surannée. On pense beaucoup aux narrations accompagnant plusieurs films de Sacha Guitry, avec le même plaisir de l’esprit et des bons mots (La légion d’honneur est comme une maladie chronique, cela commence par des rougeurs, cela se poursuit par des boutons et cela se termine parfois par des plaques). Certes leurs réactions face à un récit aussi fantastique peuvent parfois sembler irréalistes, mais c’est avec gourmandise mais qu’ils introduisent le second temps du feuilleton.
On y retrouve nos intrépides voyageurs enfin se décider à poursuivre leur aventure, quittant leur rôle de témoins (sinon de touristes temporels), pour pleinement devenir les protagonistes de leur aventure. Leur odyssée à travers Paris, puis, via les grands chemins de France, vers la Bourgogne revêt la forme d’hilarantes scénettes. Celles-ci vont judicieusement varier les types d’humour. Avec sa rondeur et son timbre gouleyant, Jean-Marie Proslier campe ainsi un maitre tailleur que l’on croirait jailli du Bourgeois gentilhomme, irrésistible de fatuité et de snobisme ridicule.
Le malicieux parallèle établi entre les tracas du périple en calèche et la circulation automobile se développe avec brio, accompagné d’une pétillante narration évoquant les Mini-chroniques de Goscinny. La rencontre avec La Fayette produit évidemment son effet, tout juxtaposant un savoureuse ironie entre son aspiration au repos et l’orage révolutionnaire approchant. On apprécie que la mise en scène de Dréville apporte de la vie au récit, laissant toute sa place au petit peuple de Paris et des Provinces et nous révélant quelques plaisants à-côtés de l’époque (comme le chanteur de complaintes en ancêtre de la télévision).
On se régale, purement et simplement. L’euphorie se poursuit quand les D’Aubigné rallient enfin leur demeure. On savoure un caustique panorama de la petite noblesse provinciale de l’Ancien Régime finissant, engoncée dans ses privilèges et ses certitudes, trompant son ennui oisif en miment les fastes et l’esprit de la lointaine capitale. Jacques Harden incarne avec panache un Coco Bel-œil à la fois brutal et fantasque, cristallisant tous les travers de sa caste. Anne-Marie Carrière se trouve à son affaire en gouvernante écossaise pocharde d’une verve toute chansonnière. Le beau décor du château et du jardin apporte à la mise en scène un luxe tombant à point nommé, accompagné de jolis morceaux de clavecin. Le sommet de l’épisode réside bien entendu dans la rencontre tant attendue avec la Comtesse.
La superbe et aristocratique Myriam Feune de Colombi lui apporte une élégante théâtralité, tout à fait dans le registre de la Comédie française d’alors. Le récit évite habilement de la dépeindre en Colombine : derrière ses bonnes manières elle partage bien les mêmes préjugés que son mari Nos voyageurs apportent beaucoup d’humour à leur pérégrinations et les tentatives infructueuse de Philippe pour séduire son élue (jusqu'à s’approprier les poésies de Verlaine) apporte un plaisant humour de répétition. Rien de manque au succès de l’opus, la décision de changer le cours de l’Histoire lui valent un tonitruant cliffhanger final.
Rencontré durant le voyage, La Fayette est interprété par Michel Le Royer. Il s’agit d’un clin d’eoil inséré par Dréville, l’acteur ayant déjà incarné le Héros d’Amérique dans l’un de ses précédents films, La Fayette (1962). Ancien de la comédie française et figure régulière d’Au théâtre ce soir, Le Royer est également connu pour les séries Le Chevalier de Maison Rouge (1963) et Corsaires et Flibustiers (1966).
Anne-Marie Carrière (Mary d'Audson) fut une actrice et une humoriste très populaire. Outre le cinéma, elle participe à plusieurs émissions de télévision et de radio télévisées (C’est pas sérieux, L’oreille en coin, Le Francophonissime) et connaît un grand succès sur les scènes parisiennes. Elle est la seule femme à devenir une chansonnière de premier rang au cours des années 60 et 70.
Myriam Feune de Colombi (Catherine d'Aubigné), pensionnaire durant onze ans de La Comédie Française, demeure avant tout une comédienne de théâtre. Elle dirige depuis 1984 le Théâtre Montparnasse.
Suite à une erreur de montage, François apparaît dépourvu de moustache, avant qu’elle ne soit effectivement rasée.
Pour réparer la statue de son jardin, le Comte Xavier, dit Coco Bel-Œil, fait appel à Jean-Antoine Houdon (1741-1828). Il s’agit du plus grand sculpteur français du XVIIème siècle, réputé pour ses statues et bustes en marbre. Il réalise notamment les bustes des premiers présidents américains et de nombreuses grandes personnalités françaises, ce qui lui vaut le surnom de « Sculpteur des Lumières ».
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Re: Série "Le Voyageur des Siècles"
Le bonnetier de la rue Tripette (1-04, ***)
Philippe et Français parviennent à communiquer leurs révélations à Louis XVI, via le serrurier Gamain. Ils se rendent en 1808, afin de constater les bouleversements opérés. Grâce à Lavoisier, les informations scientifiques de Philippe ont donné lieu à de mirifiques inventions : téléphone, voitures radio… Mais la Révolution a éclaté en Allemagne, dont les armées ont battu les troupes françaises et menacent désormais Paris ! Les voyageurs retrouvent Bonaparte, devenu bonnetier, espérant que son génie militaire puisse sauver la France. Mais ils apprennent que Catherine est morte depuis 10 ans, dans un accident automobile. Découragés, les d’Aubigné annulent l’histoire alternative, mais Philippe refuse d’abandonner Catherine. Une violent dispute éclate alors, et il se , tue accidentellement avec son arme magnétique. Grièvement blessé, François a le temps de rallier 1884, avant de mourir à son tour
Jusqu’au bout Le Voyageur des Siècles se sera montré brillamment caustique avec l’Ancien régime, fustigeant ses travers avec une humour acéré. L’ultime étape nous narre ainsi les petits ridicules de la cour royale, sous l’œil d’un Louis XVI bonasse mais insignifiant. Au passage, on apprécie les extérieurs tournés dans les jardins de Versailles, tandis que la Galerie des Glaces se voit reconstituée avec un joli trucage, en arrière fond.
Le bouleversement entrepris par nos héros apporte un souffle nouveau au récit, en le basculant dans l’Uchronie, sous-famille particulièrement exigeante des histoires de voyages dans le temps, mais au combien porteuse. Le genre a valu de grands romans à la Science-fiction (Pavane, Chroniques des années noires, la Maître du haut Château, l’Age de la Déraison…), mais avait fait l’objet de bien peu de série télévisées en 1971, d’où une belle audace pour Noël-Noël. Au Cœur du Temps n’avait jamais osé sauter le pas, et le Docteur maîtrise trop son sujet pour se laisser aller à de telles facéties. La série se conforme idéalement aux deux nécessités d’une Uchronie ambitieuse : expliciter précisément le point de divergence historique et en révéler l’ampleur des conséquences d’une manière progressive et intégrée au récit. Une agréable fantaisie parachève ce stimulant panorama, avec ces chaises à porteur motorisées ou ces téléphones antédiluviens.
Hélas, Le Voyageur des Siècles retombe dans le travers de la simple émission historique lors de la quête de Bonaparte, occasion de multiplier jusqu’à plus soif les détails de son par parcours. Le procédé devient fastidieux à force de rencontres et d’anecdotes dédiées uniquement aux passionnés du sujet, tandis que l’intrigue piétine. Ce sentiments se voit renforcé par la révérence toute en imagerie d’Epinal manifestée par l’auteur envers l’Empereur, bien loin de l’ironie manifestée envers la royauté ou la société contemporaine. On peut observer là une convergence, Au Cœur du Temps ayant également versé dans l’hagiographie impériale (Le Règne de la Terreur) et le Docteur considérant lui même le Corse avec respect dès Prisoners of Conciergerie, entre autres épisodes. L’extraordinaire performance de Roger Carel nous dédommage toutefois de notre attente, campant, non pas une caricature facile, mais un homme hanté par une destinée dont il se sent frustré d’une manière immanente et indicible. Cette vision ne manque certes pas de grandeur.
La fin cruelle du récit nous choque, tant nous avons sympathisé avec de duo d’étranges voyageurs, enthousiaste et audacieux. Mais, outre l’influence manifeste de Barjavel (on ne joue pas impunément avec l’Histoire), il s’agit finalement d’une conclusion logique, tant la aura su utiliser les multiples différences existant entre Philippe et François comme un moteur de son récit, en les portant progressivement à incandescence. Le regard porté sur l’Amour comme sentiment à la fois terriblement puissant et égoïste nous change agréablement des bluettes coutumières.
Le Voyageur des Siècles aura su nous captiver et nous divertir jusqu’à son terme. Sa tonalité chansonnière et malicieuse rencontre un plaisant écho chez La Brigade des Maléfices, envers des travers très contemporains. Ces deux séries, relevant du Fantastique ou de la Science-fiction, forment un enthousiasmant diptyque, en cet été 1971 où elles auront fait pénétrer comme par effraction une fantaisie de qualité et authentiquement française au sein des grilles de programme de la digne et cartésienne ORTF.
François Gamain a réellement existé. Il avait gagné la confiance de Louis XVI, en l’initiant aux techniques de la serrurerie, passion du Roi, avant de trahir son maître en 1792. Il révéla l’existence de la fameuse Armoire de Fer à la Convention, qui le pensionna. Il avait fabriqué ce compartiment secret placé dans la chambre de Louis aux tuileries, contenant la correspondance de ce dernier.
Bonaparte reçoit à diner le capitaine Bourrienne, un ancien condisciple de l’école militaire de Brienne. Dans notre réalité il fur le secrétaire de l’Empereur et l’un de ses rares amis, avant d’être partiellement disgracié pour des malversations. Il se rallie aux Bourbons en 1814, continuant sa carrière politique et financière sous la Restauration. Ses Mémoires demeurent une source d’informations sur l’Empereur et son époque.
Pierre Mirat (Louis XVI) a été un second rôle régulier du cinéma et de la télévision, tout en connaissant une belle carrière sur les planches. Outre la série Le temps des copains (1961), il reste avant tout connu pour les publicités Ducros et leur fameux slogan des années 70 et 80 : À quoi ça sert que Ducros se décarcasse ?.
Philippe et Français parviennent à communiquer leurs révélations à Louis XVI, via le serrurier Gamain. Ils se rendent en 1808, afin de constater les bouleversements opérés. Grâce à Lavoisier, les informations scientifiques de Philippe ont donné lieu à de mirifiques inventions : téléphone, voitures radio… Mais la Révolution a éclaté en Allemagne, dont les armées ont battu les troupes françaises et menacent désormais Paris ! Les voyageurs retrouvent Bonaparte, devenu bonnetier, espérant que son génie militaire puisse sauver la France. Mais ils apprennent que Catherine est morte depuis 10 ans, dans un accident automobile. Découragés, les d’Aubigné annulent l’histoire alternative, mais Philippe refuse d’abandonner Catherine. Une violent dispute éclate alors, et il se , tue accidentellement avec son arme magnétique. Grièvement blessé, François a le temps de rallier 1884, avant de mourir à son tour
Jusqu’au bout Le Voyageur des Siècles se sera montré brillamment caustique avec l’Ancien régime, fustigeant ses travers avec une humour acéré. L’ultime étape nous narre ainsi les petits ridicules de la cour royale, sous l’œil d’un Louis XVI bonasse mais insignifiant. Au passage, on apprécie les extérieurs tournés dans les jardins de Versailles, tandis que la Galerie des Glaces se voit reconstituée avec un joli trucage, en arrière fond.
Le bouleversement entrepris par nos héros apporte un souffle nouveau au récit, en le basculant dans l’Uchronie, sous-famille particulièrement exigeante des histoires de voyages dans le temps, mais au combien porteuse. Le genre a valu de grands romans à la Science-fiction (Pavane, Chroniques des années noires, la Maître du haut Château, l’Age de la Déraison…), mais avait fait l’objet de bien peu de série télévisées en 1971, d’où une belle audace pour Noël-Noël. Au Cœur du Temps n’avait jamais osé sauter le pas, et le Docteur maîtrise trop son sujet pour se laisser aller à de telles facéties. La série se conforme idéalement aux deux nécessités d’une Uchronie ambitieuse : expliciter précisément le point de divergence historique et en révéler l’ampleur des conséquences d’une manière progressive et intégrée au récit. Une agréable fantaisie parachève ce stimulant panorama, avec ces chaises à porteur motorisées ou ces téléphones antédiluviens.
Hélas, Le Voyageur des Siècles retombe dans le travers de la simple émission historique lors de la quête de Bonaparte, occasion de multiplier jusqu’à plus soif les détails de son par parcours. Le procédé devient fastidieux à force de rencontres et d’anecdotes dédiées uniquement aux passionnés du sujet, tandis que l’intrigue piétine. Ce sentiments se voit renforcé par la révérence toute en imagerie d’Epinal manifestée par l’auteur envers l’Empereur, bien loin de l’ironie manifestée envers la royauté ou la société contemporaine. On peut observer là une convergence, Au Cœur du Temps ayant également versé dans l’hagiographie impériale (Le Règne de la Terreur) et le Docteur considérant lui même le Corse avec respect dès Prisoners of Conciergerie, entre autres épisodes. L’extraordinaire performance de Roger Carel nous dédommage toutefois de notre attente, campant, non pas une caricature facile, mais un homme hanté par une destinée dont il se sent frustré d’une manière immanente et indicible. Cette vision ne manque certes pas de grandeur.
La fin cruelle du récit nous choque, tant nous avons sympathisé avec de duo d’étranges voyageurs, enthousiaste et audacieux. Mais, outre l’influence manifeste de Barjavel (on ne joue pas impunément avec l’Histoire), il s’agit finalement d’une conclusion logique, tant la aura su utiliser les multiples différences existant entre Philippe et François comme un moteur de son récit, en les portant progressivement à incandescence. Le regard porté sur l’Amour comme sentiment à la fois terriblement puissant et égoïste nous change agréablement des bluettes coutumières.
Le Voyageur des Siècles aura su nous captiver et nous divertir jusqu’à son terme. Sa tonalité chansonnière et malicieuse rencontre un plaisant écho chez La Brigade des Maléfices, envers des travers très contemporains. Ces deux séries, relevant du Fantastique ou de la Science-fiction, forment un enthousiasmant diptyque, en cet été 1971 où elles auront fait pénétrer comme par effraction une fantaisie de qualité et authentiquement française au sein des grilles de programme de la digne et cartésienne ORTF.
François Gamain a réellement existé. Il avait gagné la confiance de Louis XVI, en l’initiant aux techniques de la serrurerie, passion du Roi, avant de trahir son maître en 1792. Il révéla l’existence de la fameuse Armoire de Fer à la Convention, qui le pensionna. Il avait fabriqué ce compartiment secret placé dans la chambre de Louis aux tuileries, contenant la correspondance de ce dernier.
Bonaparte reçoit à diner le capitaine Bourrienne, un ancien condisciple de l’école militaire de Brienne. Dans notre réalité il fur le secrétaire de l’Empereur et l’un de ses rares amis, avant d’être partiellement disgracié pour des malversations. Il se rallie aux Bourbons en 1814, continuant sa carrière politique et financière sous la Restauration. Ses Mémoires demeurent une source d’informations sur l’Empereur et son époque.
Pierre Mirat (Louis XVI) a été un second rôle régulier du cinéma et de la télévision, tout en connaissant une belle carrière sur les planches. Outre la série Le temps des copains (1961), il reste avant tout connu pour les publicités Ducros et leur fameux slogan des années 70 et 80 : À quoi ça sert que Ducros se décarcasse ?.
Estuaire44- Empereur
- Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007
Re: Série "Le Voyageur des Siècles"
Très bonne critiques.
J'avoue que je n'avais jamais entendu parler de cette serie avant tes chroniques, Estuaire... Apparemment, elle fut très peu rediffusée à la TV, ceci expliquant peut être cela.
J'avoue que je n'avais jamais entendu parler de cette serie avant tes chroniques, Estuaire... Apparemment, elle fut très peu rediffusée à la TV, ceci expliquant peut être cela.
séribibi- Roi (Reine)
- Age : 58
Localisation : Mont de Marsan
Date d'inscription : 13/12/2007
Re: Série "Le Voyageur des Siècles"
Le dossier Le Voyageur des Siècles par Estuaire est en ligne!
http://theavengers.fr/index.php/hors-serie/annees-1970/le-voyageur-des-siecles-1971
http://theavengers.fr/index.php/hors-serie/annees-1970/le-voyageur-des-siecles-1971
Invité- Invité
Re: Série "Le Voyageur des Siècles"
Jamais entendu parler avant aujourd'hui non plus mais la critique est super bien faite. L'histoire est vraiment intéressante. Il y avait de l'idée à l'époque. Dommage que Joséphine et Julie Lescaut aient pris la relève !
Camarade Totoff- Prince(sse)
- Age : 44
Localisation : Vitry sur Seine
Date d'inscription : 26/02/2015
Re: Série "Le Voyageur des Siècles"
Merci !
Diffusée en plein été, la série n'a pas eu le retentissements qu'elle mérite, elle vaut vraiment le coup d'oeil. La collection de DVD "Les Inédits Fantastiques" de l'INA recèle pas mal de pépites de la sorte, parfois un peu oubliées aujourd’hui, c'est très intéressant. Je pense faire Les Compagnons de Baal un de ces jours, si je trouve le temps.
Des pages enthousiastes sur le Voyageur des Siècles et sur plein d'autres petits bijoux SF/Fantastiques de la télévision française dans cet excellent livre, que je recommande chaudement. Les années 60 et la première moitié des 70 ont été nettement plus riches sur ce sujet que ce que l'on imagine parfois. Effectivement, c'était bien avant Joséphine !
Diffusée en plein été, la série n'a pas eu le retentissements qu'elle mérite, elle vaut vraiment le coup d'oeil. La collection de DVD "Les Inédits Fantastiques" de l'INA recèle pas mal de pépites de la sorte, parfois un peu oubliées aujourd’hui, c'est très intéressant. Je pense faire Les Compagnons de Baal un de ces jours, si je trouve le temps.
Des pages enthousiastes sur le Voyageur des Siècles et sur plein d'autres petits bijoux SF/Fantastiques de la télévision française dans cet excellent livre, que je recommande chaudement. Les années 60 et la première moitié des 70 ont été nettement plus riches sur ce sujet que ce que l'on imagine parfois. Effectivement, c'était bien avant Joséphine !
Estuaire44- Empereur
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Date d'inscription : 10/04/2007
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