25 - No Time To Die - 2021

Dans Opération Tonnerre cela doit être avec l'infirmière, durant le séjour en maison de repos au début du film.

Oui, toutes ces scènes sont plus que limites, ce qui me dérange c'est que ce soit lui qui le dise et de manière aussi abrupte, pour mettre en valeur son propre film (à mon avis). Cela ne me plait jamais quand l'on critique des œuvres précédentes, ou des rôles précédents, en vue de promotion.

Vu Mourir peut attendre et c'est une bonne surprise.

Je commencerais par un mea culpa. Dans un message du 28 février 2020, je me montrais sceptique sur l'apport réel de Phoebe Waller-Bridge ; ce sur quoi notre ami Dear me reprenait. Et bien, il avait raison et j'avais complètement tort. Par rapport aux précédents films, celui-ci aligne des personnages féminins dont aucun n'est inutile, purement fonctionnel ou simplement destiné à faire joli. Chacun est bien travaillé. Je ne sais pas si elle a aussi joué un rôle dans d'autres points du scénario mais j'ai trouvé qu'il y avait de vrais plages de douceur voire de tendresse (je pèse mes mots) mais qui ne sombrent jamais dans le sentimentalisme. Résolument, il y a quelque chose de neuf dans l'écriture.

On a vraiment la sensation de voir un James Bond car, même plus sensible et tourmenté (un peu d'émotion sur la tombe de Vesper, RIP), l'action n'est jamais loin et le film aligne un nombre certains de scènes dignes de la saga, comme cette poursuite en voiture en Italie au tout début du film et les différents combats. On retrouve les "marqueurs" essentiels; la section Q et son patron, contraint de faire des heures sup', les gadgets, Monneypenny, et surtout M (je ne crois pas qu'avant Ralph Fiennes, les "M" avaient droit à leur patronyme complet alors qu'on entend plusieurs fois "Mallory") avec ses prises de becs contre un agent rétif ou trop perspicace, qu'on réprimande mais que l'on apprécie professionnellement et personnellement.

Aucun temps morts, même ces plages plus calmes que je signalais plus haut. C'est mené sans génie particulier mais avec une réelle efficacité comme savent le faire les réalisateurs de James Bond (n'est pas Sam Mendès qui veut et lui est plus une exception que la règle). C'est un peu long et le final me laisse perplexe mais le positif l'emporte très largement.

Enfin, je dois admettre que, fragilisé par des mois de propagande estuairienne, j'ai, tel un zombie, rejoint la cohorte des sectateurs d'Ana de Armas qui est magnifique et qui surtout compose une Paloma efficace, solide, pleine d'humour (à toutes les scènes ou presque); en résumé, une James Bond Girl moderne. Comme le disent les Napolitains, vedi Napoli e pue muori. On remplace Napoli par Ana et ça marche aussi. Mais mourir peut attendre (****).

Le film divise, c'est clair. mais il y a pire que de dire du mal de vous, c'est qu'on n'en parle pas du tout ! Je ne sais plus qui a dit ça.

Le film nominé pour trois Oscars (son, effets spéciaux et chanson originale). Par ailleurs la rumeur court qu'après cet ultime au-revoir, à No Time To Die comme à Daniel Craig, les producteurs annonceraient très vite le nom du successeur après la cérémonie. Rien d'officiel pour le moment.

https://www.mi6-hq.com/news/three-oscar-nominations-for-no-time-to-die-220208

J'aurais nommé Ana de Armas dans la catégorie "Meilleur costume" !

Bien aimé No Time To Die, même s'il a ses défauts et ne rivalisera pas avec Skyfall. Débouché de toute l'ère Craig, le film doit en gérer toute l'option feuilletonnante, d'où une première demi-heure essentiellement dédiée à des récapitulatifs peu stimulants. Même dynamisée par une séquence d'action spectaculaire, hélas trop révélée par la promo, tout cela paraît bien long, on regrette l'efficacité des entrées en matière des films d'antan. Par ailleurs, si j'en apprécie la chanson de Billie Eilish, tellement bondienne dans l'âme, les images du générique m'ont laissé de marbre. C'est sans doute dans ce premier segment que le film enregistre l'essentiel de sa demi-heure de trop.

Par ailleurs j'ai regretté des combats trop limités à des fusillades (le final fait jeu vidéo FPS à mort), ainsi qu'un duo de méchants globalement décevant. Le « tueur invincible » du jour est en carton, Cyclope n'a rien pour lui, à part le gadget de l’œil, qui s'avère continuellement une faiblesse davantage qu'une force. Il est continuellement battu d'un bout à l'autre du film, perd tous ses moyens quand on lui balance une... tasse de thé à la figure (…). Bref. Le « Génie du Mal »  se montre convainquant sur le volet vengeance familiale, recette éprouvée mais sûre, mais beaucoup moins sur ses visées mondiales, beaucoup trop floues. On ne sait jamais qui sont ses commanditaires et vendre l'arme au plus offrant semble contradictoire avec toute sa rhétorique. Ses entretiens avec Bond m'ont semblé ampoulés et creux au possible, alors même que les dialogues du reste du film résultent souvent bien ajustés. Rami Malek a le mérite de se battre pour le rôle, mais ne peut éviter que sa prestation, sans apparaître hors sujet comme celle de Mathieu Amalric, ne tourne néanmoins à vide.

Par contre je n'ai absolument pas compris l'espèce de procès en « Wokisme » parfois intenté au film. Apparemment cela en a ulcéré certains que le matricule « 007 » échoit désormais à une femme noire, mais le film ne présente aucune ambiguïté : James Bond en est bien le héros et non pas Nomi, qui se voit d'ailleurs plutôt réduite aux utilités (on ne voit absolument rien de sa propre enquête). On a aussi pointé du doigt qu'il ne couche plus, mais il passe l'essentiel du film à être en couple avec Madeleine (avec laquelle il n'est pas du tout asexué) et avec Paloma tout se passe beaucoup trop vite, hélas. Par ailleurs la saga a toujours su saisir l'air de son temps, donc effectivement nous ne sommes plus face au Bond des années Connery, mais cela ne date pas du film.

Beaux paysages et action sont au rendez-vous et le film connaît finalement peu de temps morts une fois lancé. Les péripéties demeurent certes classiques, mais efficacement agencées, à l'image de la mise en scène. Comme c'est devenu une tradition depuis Skyfall, les amusants clins d’œil au passé abondent, la dimension de couple suscitant un focus justifié sur Au service secret de Sa Majesté. L'un des indubitables points forts de No Time To Die réside également dans le soin apporté aux seconds rôles, tous impeccablement dialogués et interprétés, un vrai plaisir. Le petit monde de Bond pétille réellement, avec un relationnel fort gouleyant avec la nouvelle 007, Moneypenny, Q, M... J'ai adoré chacune de ces scènes, entre complicité et chamailleries, toujours sur un ton très British. Q est désormais davantage fidèle à la tradition, mais comme on adore celle-ci, ce n'est pas vraiment un problème. La retraite de Bond lui autorise un franc parler inédit avec M, d'où des éclairs assez jouissifs. Toujours formidable, Ralph Fiennes apporte une vraie richesse au personnage, il est le digne héritier de Judi Dench. J'espère vraiment qu'ils seront là derechef, après la Régénération de Bond.

Les autres invités se montrent à la hauteur. Les adieux, temporaires, à Leiter se montrent touchants et Blofeld a droit à une superbe séance de rattrapage après un SPECTRE mi-figue, mi-raisin. Sa confrontation avec Bond percute autrement que celle avec Safin et Christoph Waltz remet superbement les pendules à l'heure. Que dire de la prestation d'Ana de Armas, sinon qu'elle est parvenue à surpasser toutes mes espérances ? Toute la, si brève, apparition de Paloma véhicule un enchantement, une joie, une vitalité, un humour, une sensualité faisant de la scène l'un des clous du spectacle. L'euphorie nous gagne et l'on se surprend à chantonner la si cubaine "Paloma", un sourire béat aux lèvres.

Si a tu ventana llega una Paloma,
Trátala con cariño que es mi persona,
Cuéntale tus amores bien de mi vida,
Corónala de flores que es cosa mía.

Merci, Ana.

Mais le maître atout de No Time to Die réside bien dans la fabuleuse prestation de Daniel Craig, d'ailleurs toujours si complice avec Ana. La palette d'émotions de son jeu justifie pleinement le pari du film, comme d'ailleurs de l'arc tout entier qu'aura constitué son ère. Il apporte toute une humanité à Bond, homme entre les deux femmes ayant constitué les rivages de son extraordinaire odyssée. Il sait faire passer la sensation du temps qui passe, comme de la véracité de son amour envers Madeleine, ou encore les regrets de ce qui n'adviendra pas, lors d'un final à qui il permet d'échapper au mélodrame. Son Bond confère au film toute sa dimension de bilan, sans jamais paraître édulcoré, demeurant toujours aussi létal et dans l'action quand il le faut. Il forme un très beau couple avec Léa Seydoux, que j'ai trouvé aussi convaincante que dans SPECTRE, même avec l'effet de surprise en moins. Un beau succès pour conclure son parcours, hélas une nouvelle fois marqué par une Opposition pas assez à la hauteur, comme ce fut trop souvent le cas durant les années Craig, à la considérable exception de Silva. (***)

Deux BAFTA pour le film, celui du montage et celui du meilleur espoir (Rising Star) pour Lashana Lynch, prix décerné par le public.

La (au combien) scène finale du film fut tournée aux iles Féroé, et non en Extrême Orient. Pour  commémorer l'évènement, les autorités locales ont fait installer... une pierre tombale.

J'ai écouté ou réécouté les autres titres en compétition (merci à Durendal) et, oui, vraiment c'est bien celle-ci la meilleure. Zéro pour celle d'Encanto (Dos Origuitas), en particulier, du sucre.

Dearesttara a écrit:Sacré Paul, il en rate pas une !

Mais il n'a pas tort non plus.

En même temps, qu'il n'ait pas eu envie de coucher avec Olga Kurylenko qui tire la tronche tout au long du film, c'est un peu normal. Elle refroidirait un braisier infernal. Résister à Gemma Arterton, là par contre...C'est important de manger cinq fruits et légumes par jour donc croquer une "strawberry", c'est toujours ça de pris !

Sur Mourir peut attendre, ton argument est on ne peut plus pertinent ! Bien vu !