Série " Designated Survivor "

Très emballé par la première saison de Designated Survivor, le nouvelle série de Kieffer Sutherland. Certes celle-ci renoue une énième fois avec l’inépuisable fascination exercée par la Présidence des USA, mais de manière assez originale. En effet tous les autres Présidents télévisuels, lumineux ou ténébreux, de 24, de West Wing, de House of Cards, etc. concordaient sur le fait qu’occuper le Bureau ovale était le terme d’un long parcours pour lequel ils étaient taillés.

Or ici on imagine que l’ensemble du Cabinet et du Congrès est assassiné lors d’un monstrueux attentat survenu durant le Discours sur l’état de l’Union, avec un effet choc (la vision des flammes surplombant un Capitole anéanti valant bien celle de la fameuse bombe atomique explosant dans la banlieue de Los Angeles devant un Bauer impuissant). Le Survivant désigné existe vraiment, il s’agit d‘un membre très secondaire de l’Administration n’assistant pas à ce moment solennel de la démocratie américaine, précisément pour devenir le nouveau Président en cas de drame.

L’intérêt de la série est que cela survient à Tom Kirkman, homme sympathique et Secrétaire au logement, mais totalement dépassé par la tâche et par son destin, au moment où toute la Nation se tourne vers lui à son heure la plus sombre. Le récit devient la narration d’une crise majeure, politique et diplomatique, mais aussi le combat personnel d’un homme pour surpasser sa condition et ses limites initiales. On a parfois l’impression d’assister à un vaste épisode de TZ, où le cauchemar est devenu réalité pour Monsieur tout le monde, mais où celui-ci est bien décidé à se rebiffer avant que d’être emporté et que Rod Serling n'ait prononcé son épitaphe. Mais rien n’est simple et tout sera combat. On prend fait et cause pour lui comme rarement.

Outre le réalisme documenté du maelstrom que sont devenus la Maison blanche et Washington et la savante narration de toutes les dimensions de la crise, la série vaut également pour son impeccable distribution. Kieffer Sutherland s’avère aussi surprenant que convaincant dans sa peinture d’un Président d’abord KO debout puis donnant tout pour difficilement sauver l’essentiel face au Chaos, là où Jack serait allé chercher les terroristes avec les dents (bien plantées dans leur gorge). Natascha McElhone joue une émouvante Première Dame, à l’univers considérablement plus traditionnel que la Karen de Californication. En Chef de Cabinet, la magnifique Italia Ricci confirme tout son talent, elle qui se bâtit vaillamment dans Supergirl par sauver une Silver Banshee aussi déplorablement écrite qu’aux pires heures de Smallville. Maggie Q se glisse avec naturel dans le rôle de l’Agente spéciale du FBI chargée de l’enquête.

De fait l’intrigue policière se voit habilement utilisée pour relayer et aérer le thriller politique. C’est d’ailleurs peut être la seul légère réserve suscitée par  cette saison : malgré un mode narratif très différent, on finit par trouver un système évoquant 24, où le focus principal serait passé de la CAT au Bureau ovale, les deux séries ne sont pas si différenciées que la promo a pu nous le vendre. On se demande aussi comment Designated Survivor saura évoluer quand sa spécificité aura disparu une fois la crise réglée, mais en attendant, la série se suit avec un vif intérêt jamais démenti.

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