Série "Boulevard du Palais"
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Série "Boulevard du Palais"
Serie policière tirée du roman "Les Orpailleurs" de Thierry Jonquet.
Elle contient 17 saisons, chaque saison contenant entre 2 et 6 épisodes. Elle a débuté en 99 et se finit en 2017. Elle n'aura pas de véritable fin, France 2 ayant décidé d'annuler la série après le tournage de la derniere saison.
La juge d'instruction Nadia Lintz fait équipe avec le commandant Gabriel Rovere pour élucider des crimes. Ce qui est intéressant dans cette série, ce ne sont pas forcément les enquêtes, sympas à suivre mais assez banales, non ce qui est intéressant et touchant ce sont les relations entre les différents personnages. Que se soit entre les deux personnages principaux ou leur interactions avec les personnages secondaires: Pluvinage, médecin légiste et poète macabre n'hésitant pas à faire partager ses aspirations littéraires au beau milieu d'une autopsie, le lieutenant Dimeglio que l'on voit au début assez rustre et finalement le personnage qui se révèle le plus attachant de part sa loyauté envers Rovere et même Nadia. Ceux qui entourent Nadia sont Isy, ancien déporté et père de substitution et le duo Mme Rivière, Greffière et Pascal Jadot, substitut du procureur de la République. Un duo que l'on voit jusqu'à la saison 9. En saison 10, changement au niveau des personnages. Nous ne voyons plus ni Mme Rivière ni Pascal. La première est remplacée par Charlotte, une greffière beaucoup plus jeune ce qui amène Nadia à avoir une autre relation. Le second se voit délaissé au profit d'une valse de substitut du procureur qui n'ont pas les mêmes relations amicales avec Nadia, même aucune. Jusqu'à l'arrivée d'Adèle, substitute et amie d'enfance de Nadia qui entraînera notre héroïne vers plus de folie et de spontanéité.
Et puis il y a un autre personnage qu'on ne mentionne pas. Mais que l'on voit sans arrêt: Paris. Elle est l'âme de cette série, le témoin des meurtres, des enquêtes, des ballades sur les quais de Rovere et Nadia, des crises d'alcoolisme de Rovere. Elle abrite les déambulations physiques et psychiques de nos deux héros. On déambule de rues en rues que se soit rue de Belleville, Canal de l'ourcq ou l'esplanade de la BNF. Et bien sur ce fameux boulevard du Palais où justice est rendue. On va également de bar en bar et ça picole pas mal ( les beuveries entre Rovere et Pluvinage sont toujours de grands moments).
Rovere et Nadia sont hantés par de lourds passés familiaux. La question du lien familial est quelque chose de non naturel pour eux. La perte de l'enfant concernant Rovere. Quant à Nadia, elle porte le poids de la collaboration de son père avec le régime nazi, le père vendant les biens appartenant aux juifs. Toute cette culpabilité qu'ils ressentent les amène à fuire quand les relations affectives deviennent trop poussées. Et depuis son drame, Rovere est en proie à l'alcoolisme,toujours armé de son flacon de cognac.
Comment ces deux là arrivent à s'entendre : en se chamaillant tout en s'aimant beaucoup. Un attachement qui ne s'avouera jamais, un amour jamais concrétisé car la culpabilité les freine à la construction d'une relation amoureuse aboutit. Pourtant chacun semble percevoir les sentiments de l'autre mais il est rare qu'ils aient une explication franche là-dessus. Rovere attendra la saison 17 pour laisser parler son cœur. C'est rageant de voir un ship non assouvi alors qu'on a des regards, de la jalousie, des balades sur les bords du quai. Il est quelque fois explicité que ces deux là auraient pu avoir une histoire "dans une autre vie, dans un autre contexte".
J'ai tendance à préférer la première partie de la série allant jusqu'à la saison 9. La réalisation était plus simple, les enquêtes moins inutilement alambiquées et la fraîcheur des relations entre les personnages beaucoup plus présente. Apres je comprends que l'on doive bousculer un peu plus les personnages. À partir de la saison 10, Nadia se retrouve sans Isy, sans Mme Riviere et sans Pascal. Elle se retrouve dans des terrains relationnels moins confortables et est obligée d'explorer et de montrer d'autres facettes de sa personnalité. De mûrir. Elle doit collaborer avec des substituts qu'elle n'apprécie pas forcément et se retrouve comme figure de mentor avec sa nouvelle greffière.
J'ai passé des moments très agréables à suivre et faire un rewatch de cette série et à souffrir le martyr devant ce ship.
Je ne vais pas faire une critique de tous les épisodes mais sûrement de quelques uns, les must see.
Elle contient 17 saisons, chaque saison contenant entre 2 et 6 épisodes. Elle a débuté en 99 et se finit en 2017. Elle n'aura pas de véritable fin, France 2 ayant décidé d'annuler la série après le tournage de la derniere saison.
La juge d'instruction Nadia Lintz fait équipe avec le commandant Gabriel Rovere pour élucider des crimes. Ce qui est intéressant dans cette série, ce ne sont pas forcément les enquêtes, sympas à suivre mais assez banales, non ce qui est intéressant et touchant ce sont les relations entre les différents personnages. Que se soit entre les deux personnages principaux ou leur interactions avec les personnages secondaires: Pluvinage, médecin légiste et poète macabre n'hésitant pas à faire partager ses aspirations littéraires au beau milieu d'une autopsie, le lieutenant Dimeglio que l'on voit au début assez rustre et finalement le personnage qui se révèle le plus attachant de part sa loyauté envers Rovere et même Nadia. Ceux qui entourent Nadia sont Isy, ancien déporté et père de substitution et le duo Mme Rivière, Greffière et Pascal Jadot, substitut du procureur de la République. Un duo que l'on voit jusqu'à la saison 9. En saison 10, changement au niveau des personnages. Nous ne voyons plus ni Mme Rivière ni Pascal. La première est remplacée par Charlotte, une greffière beaucoup plus jeune ce qui amène Nadia à avoir une autre relation. Le second se voit délaissé au profit d'une valse de substitut du procureur qui n'ont pas les mêmes relations amicales avec Nadia, même aucune. Jusqu'à l'arrivée d'Adèle, substitute et amie d'enfance de Nadia qui entraînera notre héroïne vers plus de folie et de spontanéité.
Et puis il y a un autre personnage qu'on ne mentionne pas. Mais que l'on voit sans arrêt: Paris. Elle est l'âme de cette série, le témoin des meurtres, des enquêtes, des ballades sur les quais de Rovere et Nadia, des crises d'alcoolisme de Rovere. Elle abrite les déambulations physiques et psychiques de nos deux héros. On déambule de rues en rues que se soit rue de Belleville, Canal de l'ourcq ou l'esplanade de la BNF. Et bien sur ce fameux boulevard du Palais où justice est rendue. On va également de bar en bar et ça picole pas mal ( les beuveries entre Rovere et Pluvinage sont toujours de grands moments).
Rovere et Nadia sont hantés par de lourds passés familiaux. La question du lien familial est quelque chose de non naturel pour eux. La perte de l'enfant concernant Rovere. Quant à Nadia, elle porte le poids de la collaboration de son père avec le régime nazi, le père vendant les biens appartenant aux juifs. Toute cette culpabilité qu'ils ressentent les amène à fuire quand les relations affectives deviennent trop poussées. Et depuis son drame, Rovere est en proie à l'alcoolisme,toujours armé de son flacon de cognac.
Comment ces deux là arrivent à s'entendre : en se chamaillant tout en s'aimant beaucoup. Un attachement qui ne s'avouera jamais, un amour jamais concrétisé car la culpabilité les freine à la construction d'une relation amoureuse aboutit. Pourtant chacun semble percevoir les sentiments de l'autre mais il est rare qu'ils aient une explication franche là-dessus. Rovere attendra la saison 17 pour laisser parler son cœur. C'est rageant de voir un ship non assouvi alors qu'on a des regards, de la jalousie, des balades sur les bords du quai. Il est quelque fois explicité que ces deux là auraient pu avoir une histoire "dans une autre vie, dans un autre contexte".
J'ai tendance à préférer la première partie de la série allant jusqu'à la saison 9. La réalisation était plus simple, les enquêtes moins inutilement alambiquées et la fraîcheur des relations entre les personnages beaucoup plus présente. Apres je comprends que l'on doive bousculer un peu plus les personnages. À partir de la saison 10, Nadia se retrouve sans Isy, sans Mme Riviere et sans Pascal. Elle se retrouve dans des terrains relationnels moins confortables et est obligée d'explorer et de montrer d'autres facettes de sa personnalité. De mûrir. Elle doit collaborer avec des substituts qu'elle n'apprécie pas forcément et se retrouve comme figure de mentor avec sa nouvelle greffière.
J'ai passé des moments très agréables à suivre et faire un rewatch de cette série et à souffrir le martyr devant ce ship.
Je ne vais pas faire une critique de tous les épisodes mais sûrement de quelques uns, les must see.
Dernière édition par Lala le Lun 8 Aoû 2022 - 22:47, édité 1 fois
Lala- Duc(hesse)
- Age : 38
Localisation : Paris
Date d'inscription : 05/10/2005
Estuaire44, mrs.peel6568, TorriGilly, Dearesttara et Camarade Totoff aiment ce message
Re: Série "Boulevard du Palais"
Magnifique présentation, Lala, bravo ! Tu me rappelles d'excellents souvenirs. C'est une des rares séries policières que j'ai régulièrement suivie car le duo central me faisait tellement rêver et captiver. Hâte de lire tes chroniques !
Dearesttara- Roi (Reine)
- Age : 33
Localisation : Charenton (94)
Date d'inscription : 08/02/2010
Lala aime ce message
Re: Série "Boulevard du Palais"
Excellente présentation, merci pour les épisodes à venir ! L'une de mes séries policières françaises préférées, avec Les Petits Meurtres, le Maigret de Cremer et Police District. On voit aussi superbement Paris (un Paris peut-être un peu plus suranné et mythifié) chez Nestor Burma, mais c'est davantage une série de détective privé.
Estuaire44- Empereur
- Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007
Lala et Dearesttara aiment ce message
Re: Série "Boulevard du Palais"
Je ne connais cette série que de nom mais cette très belle, très riche et très passionnée introduction donne envie de la découvrir. Très impatient de te lire.
Camarade Totoff- Prince(sse)
- Age : 44
Localisation : Vitry sur Seine
Date d'inscription : 26/02/2015
Lala aime ce message
Re: Série "Boulevard du Palais"
Episode 1 saison 1-La jeune fille et la mort
Realisation : Jacques Malaterre
Scenario : Thierry Jonquet et Marie Guilmineau
Le docteur Dutertre a été retrouvé mort dans son cabinet médical. La nouvelle juge d’instruction va devoir retrouver le coupable accompagnée du commandant Gabriel Rovere tout en instruisant parallèlement un dossier d’agression d’un libraire faisant écho à son passé familial.
Avec cette première affaire on a un bon petit groupe de personnages soit témoins soit suspects mais certains interviennent trop tard alors qu’ils auraient pu donner plus de dynamisme à l’enquête. Et je pense notamment aux enfants du mort. Vincent donne du fil à retordre à Rovere et Aline est une bonne fouteuse de boxon. Le duo qu’elle forme avec sa sœur cachée est diablement efficace.
Eliane Serail est une bonne suspecte et en plus de ça attachante. Son lien avec la victime intéressant à suivre. Une ancienne associée avec qui il est parti faire de l’humanitaire en pensant changer les choses. Alors Eliane et Dutertre sont assez touchants dans leur désir de partir pour accomplir quelque chose, d’avoir un rêve et finalement se rendre compte que le rêve s’effrite petit à petit. Revenir à la case départ. S'y faire et s’adapter c’est tout autre chose. Bon Dutertre devait également des sous à Eliane, il y avait des tensions donc hop dans la liste des suspects.
Autre suspecte : Laurence Delahaye, une patiente toxico. Toxico donc ça fait frétiller Rovere et surtout un témoin a vu une femme brune sortir du bâtiment. Donc hop dans la team des suspects (et pendant ce temps là on ne voit toujours pas Aline).
Dutertre est dépeint comme quelqu’un qui n’aimait personne par une ancienne connaissance. Et là on pourrait mettre des nuances. Car pour être médecin il faut savoir être vers les autres. Et ce qui ressort des différents témoignages c’est que le toubib voulait être auprès des toxico, des sidéens, des migrants, des laissés-pour-compte mais avait visiblement du mal à gérer ses relations personnelles.
Et en parlant de père, on va parler du passé de Nadia qui a beaucoup de mal avec une affaire annexe :la dégradation d’une librairie et violences sur le libraire. Il s’avère que la librairie vend des ouvrages nazis et négationnistes. Ce qui permet de mettre l’index sur le passé de Nadia. De la voir remuée jusqu’à vouloir remettre le dossier à quelqu’un d’autre.De plus,elle refuse de voir son père à l’hôpital alors que celui-ci est mourant. Elle essaie de fuir, d’échapper mais avec beaucoup de difficulté. Et c’est sans compter sur son ex mari qui vient la chercher à la sortie du tribunal pour la trainer de force à l’hosto. Elle essaie même de fuir sa mère. La scene où elle le voit depuis la fenêtre de la chambre de soin est cruelle. Nadia a fait un gros effort pour aller le voir, les larmes au bord des yeux de part ce qu’il a fait et par la connaissance de sa possible mort prochaine et voilà ce père, la voyant enfin, détourne le regard. Elle n’était plus là. Ce sont devenus des étrangers.
Ce qui nous surprend dès les premières minutes c’est la façon dont sont filmés Rovere et Nadia. Celle-ci est sur ses rollers allant rejoindre son amie Maryse pour boire un café et parler coup de cœur et histoire d’un soir. Par conséquent on nous la présente comme énergique, joviale et tournée vers la vie et l’espoir. Alors que le montage nous fait passer directement sur Rovere qui est dejà sur les lieux du crime. Jean François Balmer affiche un air sombre, désabusé. Il est accompagné du médecin légiste Pluvinage absolument heureux de voir un mort. Renforcé par le sourire en coin d’Olivier Saladin et son œil rieur. Celle qui fait le lien entre ces deux opposés c’est Maryse qui est la substitute du procureur. Rovere et son équipe la connaissent, l’estime, on se salue et on respecte l’espace de chacun et merci au revoir.
On nous embarque dans ce palais qui grouille de monde, ouvert sur l'extérieur et on fait connaissance avec les différents pôles, les différentes fonctions : juge d’instruction, juge, le procureur, le président du tribunal. On voit même des conversations entre différents mis en cause . À noter une discussion savoureuse entre les agresseurs du libraire et une dame âgée interpellée pour escroquerie.
Ça parle beaucoup dans ce Palais, ça rigole, ça travaille, ça essaie de séduire tandis que dans les locaux de la brigade criminelle c’est une autre ambiance. On voit surtout le bureau de Rovere et son duo avec Dimeglio. Parfois il y a Choukroun mais celui-ci n’a pas encore un role important. Ha il y a les souris quand même. Et pendant que Nadia passe des petites soirées sympas avec Maryse et Bastien qui tente désespérément de séduire sa nouvelle collègue, Rovere lui préfère se saouler avec Pluvinage.
Et Rovere et Nadia alors ? Ils se rencontrent comment ? He bien Maryse qui sent que la gestion du dossier est bien plus complexe et qu’il ne sera pas réglé en 48h demande au procureur de le donner à quelqu’un d’autre. La procédure tombe par conséquent dans les main d’un juge d’instruction…et ho Nadia est juge d’instruction. Leur première scène est faite de tension. Tout d’abord Nadia ne le connaît pas et lui dit qu’elle ne reçoit que sur rendez vous. Rovere est étonné de cette façon d’accueillir mais il s’en fiche. Il rentre dans le bureau, il est flic, il est là pour bosser. Formalité d’usage et hop on passe à la procédure parce que le temps presse et il commence à faire tard. Rovere lui fait part de ses dernières découvertes et directement nous avons un désaccord entre eux. Rovere est persuadé que Laurence Delahaye peut-être une coupable idéale. Nadia n’est pas d’accord et lui demande de s’ouvrir à d’autres pistes. En plus elle s’aperçoit qu’il boit en plein service. Rencontre parfaite à tous les niveaux. Les scénaristes ne cherchent pas à nous séduire avec eux. Nadia et Rovere vont devoir s’habituer l’un à l’autre et faire avec, s’adapter. Tout comme le spectateur qui va devoir s’adapter à ce flic alcoolique, pas aimable, têtu et à cette relation désaccordée. C’est à nous de faire l’effort de s’attacher à eux. Ils ne sont pas parfaits, juste humains. Ils se débrouillent comme ils peuvent avec leur poubelles internes. De plus la greffière prévient Nadia qu’elle doit tenir tête à cette brigade criminelle. Nous voilà prévenu : Nadia va devoir pousser les murs et faire face aux préjugés. Elle voit bien que Rovere la considère comme «une petite jeune qui n’a pas vu grand chose".
Et parce qu’ils ne peuvent pas n'être qu’un duo en totale désharmonie, Nadia et Rovere prennent le temps de se connaitre et d’essayer de se comprendre. Nadia va jusque dans l’antre intime de Rovere vu qu’elle pénètre dans sa maison et découvre une balançoire et une chambre d’enfant abandonnées.
L' épisode se termine par Nadia marchant seule sur les quais de Paris, regardant l’horizon. Et c’est avec plaisir que l’on veut bien continuer de marcher avec elle quelques saisons. D’autant qu’un compagnon de balade viendra la rejoindre. (***)
La minute poétique de Pluvinage.
La bouche d’une fille qui avait longtemps reposé dans les roseaux
Etait si rongée,
Quand on ouvrit la poitrine l’œsophage était si troué.
Enfin dans une tonnelle sous le diaphragme
On trouva un nid de jeunes rats.
L’un des petits frères était mort.
Les autres vivaient des reins et du foie.
Ils buvaient le sang froid ; ils avaient
vécu ici une belle jeunesse.
Ils eurent aussi une mort rapide et belle
On les jeta tous dans l’eau.
Ah, comme piaillaient les petits museaux !
"Belle Jeunesse" de Benn Gottfried.
Et voici le lien pour ceux qui seraient intéressés par la version originale, en allemand
https://poussiere-virtuelle.com/belle-jeunesse-poeme-gottfried-benn/
( Je paie un verre à une prochaine réunion à la personne qui saura me restituer le texte dans la langue natale du poète)
Realisation : Jacques Malaterre
Scenario : Thierry Jonquet et Marie Guilmineau
Le docteur Dutertre a été retrouvé mort dans son cabinet médical. La nouvelle juge d’instruction va devoir retrouver le coupable accompagnée du commandant Gabriel Rovere tout en instruisant parallèlement un dossier d’agression d’un libraire faisant écho à son passé familial.
Avec cette première affaire on a un bon petit groupe de personnages soit témoins soit suspects mais certains interviennent trop tard alors qu’ils auraient pu donner plus de dynamisme à l’enquête. Et je pense notamment aux enfants du mort. Vincent donne du fil à retordre à Rovere et Aline est une bonne fouteuse de boxon. Le duo qu’elle forme avec sa sœur cachée est diablement efficace.
Eliane Serail est une bonne suspecte et en plus de ça attachante. Son lien avec la victime intéressant à suivre. Une ancienne associée avec qui il est parti faire de l’humanitaire en pensant changer les choses. Alors Eliane et Dutertre sont assez touchants dans leur désir de partir pour accomplir quelque chose, d’avoir un rêve et finalement se rendre compte que le rêve s’effrite petit à petit. Revenir à la case départ. S'y faire et s’adapter c’est tout autre chose. Bon Dutertre devait également des sous à Eliane, il y avait des tensions donc hop dans la liste des suspects.
Autre suspecte : Laurence Delahaye, une patiente toxico. Toxico donc ça fait frétiller Rovere et surtout un témoin a vu une femme brune sortir du bâtiment. Donc hop dans la team des suspects (et pendant ce temps là on ne voit toujours pas Aline).
Dutertre est dépeint comme quelqu’un qui n’aimait personne par une ancienne connaissance. Et là on pourrait mettre des nuances. Car pour être médecin il faut savoir être vers les autres. Et ce qui ressort des différents témoignages c’est que le toubib voulait être auprès des toxico, des sidéens, des migrants, des laissés-pour-compte mais avait visiblement du mal à gérer ses relations personnelles.
Et en parlant de père, on va parler du passé de Nadia qui a beaucoup de mal avec une affaire annexe :la dégradation d’une librairie et violences sur le libraire. Il s’avère que la librairie vend des ouvrages nazis et négationnistes. Ce qui permet de mettre l’index sur le passé de Nadia. De la voir remuée jusqu’à vouloir remettre le dossier à quelqu’un d’autre.De plus,elle refuse de voir son père à l’hôpital alors que celui-ci est mourant. Elle essaie de fuir, d’échapper mais avec beaucoup de difficulté. Et c’est sans compter sur son ex mari qui vient la chercher à la sortie du tribunal pour la trainer de force à l’hosto. Elle essaie même de fuir sa mère. La scene où elle le voit depuis la fenêtre de la chambre de soin est cruelle. Nadia a fait un gros effort pour aller le voir, les larmes au bord des yeux de part ce qu’il a fait et par la connaissance de sa possible mort prochaine et voilà ce père, la voyant enfin, détourne le regard. Elle n’était plus là. Ce sont devenus des étrangers.
Ce qui nous surprend dès les premières minutes c’est la façon dont sont filmés Rovere et Nadia. Celle-ci est sur ses rollers allant rejoindre son amie Maryse pour boire un café et parler coup de cœur et histoire d’un soir. Par conséquent on nous la présente comme énergique, joviale et tournée vers la vie et l’espoir. Alors que le montage nous fait passer directement sur Rovere qui est dejà sur les lieux du crime. Jean François Balmer affiche un air sombre, désabusé. Il est accompagné du médecin légiste Pluvinage absolument heureux de voir un mort. Renforcé par le sourire en coin d’Olivier Saladin et son œil rieur. Celle qui fait le lien entre ces deux opposés c’est Maryse qui est la substitute du procureur. Rovere et son équipe la connaissent, l’estime, on se salue et on respecte l’espace de chacun et merci au revoir.
On nous embarque dans ce palais qui grouille de monde, ouvert sur l'extérieur et on fait connaissance avec les différents pôles, les différentes fonctions : juge d’instruction, juge, le procureur, le président du tribunal. On voit même des conversations entre différents mis en cause . À noter une discussion savoureuse entre les agresseurs du libraire et une dame âgée interpellée pour escroquerie.
Ça parle beaucoup dans ce Palais, ça rigole, ça travaille, ça essaie de séduire tandis que dans les locaux de la brigade criminelle c’est une autre ambiance. On voit surtout le bureau de Rovere et son duo avec Dimeglio. Parfois il y a Choukroun mais celui-ci n’a pas encore un role important. Ha il y a les souris quand même. Et pendant que Nadia passe des petites soirées sympas avec Maryse et Bastien qui tente désespérément de séduire sa nouvelle collègue, Rovere lui préfère se saouler avec Pluvinage.
Et Rovere et Nadia alors ? Ils se rencontrent comment ? He bien Maryse qui sent que la gestion du dossier est bien plus complexe et qu’il ne sera pas réglé en 48h demande au procureur de le donner à quelqu’un d’autre. La procédure tombe par conséquent dans les main d’un juge d’instruction…et ho Nadia est juge d’instruction. Leur première scène est faite de tension. Tout d’abord Nadia ne le connaît pas et lui dit qu’elle ne reçoit que sur rendez vous. Rovere est étonné de cette façon d’accueillir mais il s’en fiche. Il rentre dans le bureau, il est flic, il est là pour bosser. Formalité d’usage et hop on passe à la procédure parce que le temps presse et il commence à faire tard. Rovere lui fait part de ses dernières découvertes et directement nous avons un désaccord entre eux. Rovere est persuadé que Laurence Delahaye peut-être une coupable idéale. Nadia n’est pas d’accord et lui demande de s’ouvrir à d’autres pistes. En plus elle s’aperçoit qu’il boit en plein service. Rencontre parfaite à tous les niveaux. Les scénaristes ne cherchent pas à nous séduire avec eux. Nadia et Rovere vont devoir s’habituer l’un à l’autre et faire avec, s’adapter. Tout comme le spectateur qui va devoir s’adapter à ce flic alcoolique, pas aimable, têtu et à cette relation désaccordée. C’est à nous de faire l’effort de s’attacher à eux. Ils ne sont pas parfaits, juste humains. Ils se débrouillent comme ils peuvent avec leur poubelles internes. De plus la greffière prévient Nadia qu’elle doit tenir tête à cette brigade criminelle. Nous voilà prévenu : Nadia va devoir pousser les murs et faire face aux préjugés. Elle voit bien que Rovere la considère comme «une petite jeune qui n’a pas vu grand chose".
Et parce qu’ils ne peuvent pas n'être qu’un duo en totale désharmonie, Nadia et Rovere prennent le temps de se connaitre et d’essayer de se comprendre. Nadia va jusque dans l’antre intime de Rovere vu qu’elle pénètre dans sa maison et découvre une balançoire et une chambre d’enfant abandonnées.
L' épisode se termine par Nadia marchant seule sur les quais de Paris, regardant l’horizon. Et c’est avec plaisir que l’on veut bien continuer de marcher avec elle quelques saisons. D’autant qu’un compagnon de balade viendra la rejoindre. (***)
La minute poétique de Pluvinage.
La bouche d’une fille qui avait longtemps reposé dans les roseaux
Etait si rongée,
Quand on ouvrit la poitrine l’œsophage était si troué.
Enfin dans une tonnelle sous le diaphragme
On trouva un nid de jeunes rats.
L’un des petits frères était mort.
Les autres vivaient des reins et du foie.
Ils buvaient le sang froid ; ils avaient
vécu ici une belle jeunesse.
Ils eurent aussi une mort rapide et belle
On les jeta tous dans l’eau.
Ah, comme piaillaient les petits museaux !
"Belle Jeunesse" de Benn Gottfried.
Et voici le lien pour ceux qui seraient intéressés par la version originale, en allemand
https://poussiere-virtuelle.com/belle-jeunesse-poeme-gottfried-benn/
( Je paie un verre à une prochaine réunion à la personne qui saura me restituer le texte dans la langue natale du poète)
Dernière édition par Lala le Dim 21 Aoû 2022 - 6:51, édité 1 fois
Lala- Duc(hesse)
- Age : 38
Localisation : Paris
Date d'inscription : 05/10/2005
Estuaire44, Dearesttara et Camarade Totoff aiment ce message
Re: Série "Boulevard du Palais"
Enthousiasme jubilant devant cette première critique, une belle introduction notamment de Rovere-Nadia, tout en justesse. Merci Lala !
Dans quel sens frétiller ?
Lala a écrit:Autre suspecte : Laurence Delahaye, une patiente toxico. Toxico donc ça fait frétiller Rovere
Dans quel sens frétiller ?
Dearesttara- Roi (Reine)
- Age : 33
Localisation : Charenton (94)
Date d'inscription : 08/02/2010
Re: Série "Boulevard du Palais"
Merci pour cette présentation très complète ! C'était bien vu que la relation entre Nadia et Rovere se bâtisse progressivement, les Petits Meurtres ont opéré de même en saison 2. Le petit monde du Pais apporte effectivement beaucoup à la série.
Estuaire44- Empereur
- Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007
Re: Série "Boulevard du Palais"
Merci Lala ^^
Philo- Fondateur
- Age : 72
Localisation : Paris
Date d'inscription : 01/10/2005
Re: Série "Boulevard du Palais"
Très intéressant à lire ! Bravo !
Camarade Totoff- Prince(sse)
- Age : 44
Localisation : Vitry sur Seine
Date d'inscription : 26/02/2015
CHAPEAU MELON ET BOTTES DE CUIR - LE MONDE DES AVENGERS :: Les SÉRIES TÉLÉ, FILMS, ACTEURS, ACTRICES & autres Artistes :: Les Séries Télé
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