Livres : lequel préférez-vous ?

Cyd Child, doublure cascade de Diana Rigg, Linda Thorson et Joanna Lumley, ainsi qu'authentique championne de judo, fait paraître ses mémoires : Judo, The Avengers & Me.

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Rodney Marshall, fils du scénariste Roger Marshall et auteur de nombreux livres sur les séries anglaises des années 60 (dont plusieurs ouvrages collectifs sur Chapeau Melon), vient de publier "Diabolical Masterminds", un guide d'épisodes de la saison 4. Le livre (en Anglais) semble très prometteur, j'en ferai une petite critique le moment venu.  

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Les non-anglophones remercient d'avance !

Diabolical Masterminds débute par une brillante introduction, que Rodney Marshall agence habilement afin qu'elle converge vers l'objet de son livre. Il expose ainsi en quoi les séries anglaises d'aventures des 60's furent une révolution, puis en quoi Chapeau Melon en demeure la meilleure et enfin en quoi la saison 4  constitue l'apogée des Avengers. Un joli effet de perspective, narré avec fluidité et composant toute une synthèse d'un moment particulier de l'histoire des séries télé. Au passage, on apprécie l'hommage aux années Cathy Gale, fondatrices, tout en trouvant un tantinet cruel le portrait de  l'ère Tara King, dépeinte comme la période où la série se serait mise à s'auto-caricaturer. Affaire de goût.

Par la suite l'ouvrage revêt la forme d'un classique guide d'épisodes, comme on a pu en lire pour des séries très diverses (Buffy, Angel, Xéna, X-Files, Stargate SG-1, Star Trek, Supernatural...), décomposant chaque opus en grille de lecture. Les amateurs de Chapeau Melon seront en terrain connu puisqu'il s'agit d'une formule proche d'une bonne partie des sites dédiés à la série, à commencer par le Monde des Avengers, d'ailleurs cité dans la bibliographie (je ne vais pas mentir, cela fait plaisir à l'ego quand on a participé à l'écriture de ce guide-ci).

L'important reste l'intérêt des rubriques retenues et celles deu bouquin composent un joli mix entre les incontournables (résumé, critique, guests, localisations, thématique...) et d'autres plus spécifiques à Chapeau Melon comme il sied (Tag, surréalisme, Champagne, appartement, Excentriques, Diabolical Mastermind...). Ce kaléidoscope s'avère rendre parfaitement compte des différentes facettes des épisodes de cette époque de la série. Composé avec soin, cd digest de la saison 4 remplit complètement son office, aussi bien invoquer des souvenirs qu'accompagner une éventuelle revue des épisodes.

On regrettera toutefois une certaine austérité de la rédaction (encore renforcée par la totale absence d'iconographie, évidemment pour limiter les coûts), là où d'autres guides d'épisodes ont pu parier sur l'humour de leurs commentaires pour palier au côté scolaire ou encyclopédique de l'ouvrage. On se souvient en particulier de s'être bien amusé avec les guides non officiels de la Princesse Guerrière ou de la Tueuse de Sunnydale. Mais on admet sans mal que pour l'auteur il s'agisse d'une affaire sérieuse, puisque rendant aussi hommage à son père ayant tant contribué au succès de la saison.

La conclusion tire le bilan de cette promenade dans les aventures monochromes de Mrs Peel, réaffirmant le goût de Marshall pour cette période mais en sachant admettre que chacun peut trouver son bonheur dans l'une ou l'autre des périodes de cette série au combien évolutive et contrastée que fut Chapeau Melon, sans vraiment de rivale sur ce point-là. L'occasion aussi pour l'auteur de revenir sur quelques points sur lesquels il ne s'était pas arrêté, comme les compositeurs de la bande son.

Surtout, avec les notations (de une à cinq étoiles, mais aucun épisode en a moins de deux) attribuées à chaque opus, il a la bonne idée de pousser à son terme le mouvement impulsé par l'introduction : désigner ses meilleurs épisodes de la meilleure saison, de la meilleure série d'aventures des Sixties. Les trois pires aussi, on a aussi un Flop 3 à côté du Top. On apprécie que l'auteur assume pleinement  ses choix à l'issue de ce guide finement ciselé,qui devrait ravir les différents fans (anglophones) des Avengers. (****)

Lu L’Article de la Mort (Deadline, 1965), roman écrit par Patrick Macnee et Peter Leslie. Le livre est traduit par Martin Winckler, grand spécialiste es séries (hormis quand il aborde les X-Files, bref). Un réel plaisir, mais mitigé. Le sujet : des déclarations des autorités se voient mystérieusement truquées dans les éditions européennes des journaux anglais. Devenues insultantes pour les alliés de l’Empire, elles provoquent une vague d’hostilité anti  britannique sur tout le Continent et mettent en danger le gouvernement. Steed et Mrs Peel vont découvrir qu’il s’agit d’un complot mené par une organisation fasciste, la Confrérie, visant à s’emparer du pouvoir avec des complicité internes dans la presse de Fleet Street.

Le livre comporte de nombreux atouts. D’abord l’humour caractéristique de Patrick Macnee (il faut absolument lire ses mémoires) avec lequel il assaisonne un portrait très développé de Steed. On s‘amuse beaucoup avec un héros demeuré très semblable à celui de la série (hormis en saison 1), mais dont les côtes volontiers snobs,  sybarites et florentins se voient mis en avant avec saveur. On s’amuse bien. Mrs Peel se voit de son côté volontiers érotisée, avec, là aussi, des éléments effectivement présents dans la série mais avec un effet loupe (suggestives tenues d’action, oppositions et combats féminins, bondage coquin…). On n’aura pas l’hypocrisie de s’en plaindre, d’autant que la talentueuse amatrice prend pleinement sa part dans le succès de la mission.

Par ailleurs, même relativement bref, un roman représente considérablement plus de volume qu’un épisode et ce changement de format se voit traité de différentes manières. D’abord en recourant à la Britishness de la saison 4, ce qui nous vaut une agréable balade dans les quartiers huppés de Londres, la ville se voyant abordée avec une précision supérieure à celle de l’Avengerland. L’insularité permet aussi de broder quelques... considérations envers le Continent, avec des phrases du type (verbatim) : « A leur manière poussiéreuse et vaguement minable, les bureaux des passeports et douanes d’Orly et du Bourget ne pouvaient renfermer autre chose que de la bureaucratie française ». Sic.

L’intrigue accorde également une large place au mystère du moyen de la substitution d’articles par d’autres, ce qui nous vaut tout un long développement sur le fonctionnement d’un journal de l’époque, de la rédaction à la presse, puis à la distribution en Europe. Cet aspect purement documentaire m’a passionné (tout un monde disparu), même si, objectivement, il empiète sur les scènes d’action, mais aussi sur la fantaisie des épisodes de la saison 4. De fait, on se retrouve plutôt sur la tonalité de la saison 2 ou  de celle du Saint. On pense notamment à un épisode comme The Mauritius Penny, pour l’aspect docu comme pour celui d’une conspiration fasciste contre le Gouvernement, et à Intercrime pour la tueuse allemande bien lestée en clichés pas piqués des vers.

Cet effet de distorsion avec l’ère Emma Peel se retrouve dans d’autres éléments, comme la présence d’un « Patron » de Steed, évoquant One-Ten et consorts, le développement d’une enquête dense et classique comme cœur du projet (avec des coupables pas si aisés à déterminer), un voyage à l’étranger (Pays-Bas), ou encore une intervention conséquente des forces de l’ordre. Par bien des côtés nous nous situons encore dans le monde réel. Via l’effet dévastateur des articles mensongers présentant une apparence de vérité, on apprécie d’ailleurs vivement une brillante prémonition des Fake News actuelles.

Toutefois cette distorsion devient réellement gênante concernant Mrs Peel, tant on a souvent l’impression que le roman a été initialement écrit pour Cathy Gale. Cela vaut pour son appartement, plein d’électronique pousse-boutons, mais surtout son caractère, tant les interactions avec Steed donnent lieu de sa part a de l’agacement et à des prises de bec. On imagine mal Emma traiter Steed d’« égoïste », d’« égocentrique », etc. Cela perturbe la lecture et l’assimilation à la série. D’autant que Macnee a publié deux romans (Canards mortels sera bientôt chroniqué) et qu’il n’aurait rien eu de choquant à ce que chacune des collaboratrices de Steed ait le sien (tous deux publiés avant Tara, que je n’aurais garde d’oublier). Le symbole de tout ceci demeure la terne intégration du fameux « Mrs Peel, on a besoin de nous » à travers une conversation téléphonique des plus prosaïques.

Tel quel, le roman se lit avec plaisir et curiosité, on y retrouve bien plusieurs éléments de la série, mais on espère que Canards mortels se situera de plain-pied dans l’ère Emma Peel. (***)

Comme quoi, vivre dans l'Angleterre éternelle n'empêche pas d'avoir de justes prémonitions !

Merci pour cette critique joliment critique.

Lu Canards mortels, second roman de Patrick Macnee et Peter Leslie (Dead Duck, 1966), toujours traduit par le X-Phile absolu qu’est Martin Winckler.

Dans une région isolée de la côte de l’Est-Anglie, plusieurs morts inexpliquées surviennent brusquement. Un phénomène qui n’échappe pas à Steed et Mrs Peel, venus en villégiature dans la contrée. Ils s’élancent sur la piste de canards empoisonnés au curare et vont découvrir un projet particulièrement sinistre.

Le livre compte plusieurs atouts, notamment de régler d’emblée le problème de distorsion d’identité entre Cathy Gale et Emma Peel, qui avant tant pénalisé le roman précédent. Cette fois-ci on a bien Emma , en particulier dans le domaine essentiel du relationnel avec Emma Peel, mais aussi d’autres détails comme l’amusante multiplication de son érudition multiple. Elle a ainsi étudié les mathématiques fondamentales, mais y a aussi acquis une expertise en toxicologie du curare, c’est « c’est un sujet passionnant », etc.

Plus globalement, la grande réussite  du roman consiste à avoir su embrasser l’atmosphère de la saison 4, là où son prédécesseur en demeurait aux saisons précédentes. La présence de deux authentiques Diabolical Masterminds (et de leurs pièges mortels) et d’un délirant complot suffisamment grand train y contribue beaucoup, de même qu’une thématique très anglaise dans l’approche sociétale. Contrairement aux années Emma Peel, le supérieur de Steed demeure par contre présent, mais de manière bien plus expéditive que lors de L’article de la mort, il s’agissait sans doute de créer une continuité entre les deux romans. Une romance est également narrée entre deux personnages secondaires, ce qui n’arrive jamais dans la série.

Le littoral isolé dans lequel se déroule l’action demeure suffisamment désert pour que l’on attouche ici aussi à  l’Avengerland, là où L’Article de la mort se déroulait dans un contexte urbain très peuplé. Loin de Londres, la découverte en soi très intéressante de l’Est-Anglie rurale (et humide!) confère également au livre comme un cachet d’épisode à thème, comme un mélange de A Surfeit of H²O et Castle De'ath pour le cachet local.

Toutefois le livre n’apparaît pas exempt de tous défauts. Une fois la situation posée (une succession de morts, bien sûr), notamment via un brillantissime chapitre dédié à une autopsie très Chapeau Melon par son côté insolite (Winckler l’aura sans doute préféré à celles menées par Scully),  le récit peine à trouver un second souffle. En effet après que Steed, toujours dépeint avec un vif humour, ait très vite résolu l’affaire tout se résume à des tentatives répétées (et répétitives, à force) d’infiltration de la résidence des deux Masterminds. J’en ai compté quatre au total, ce qui fait que l’histoire semble s’enliser après avoir couru dans sa première partie. Sans doute l’histoire aurait-elle davantage fonctionné au plus bref format télévisuel, avec de plus de belles images de la région.

Canards Mortels manque également plusieurs rendez-vous. Ainsi Emma Peel n’accomplit rien de réellement consistant du point de vue action, elle ne fait essentiellement que commenter  les « exploits » de Steed, ici particulièrement central. Lors de la traditionnelle confrontation finale, elle se fait même voler la vedette par une alliée occasionnelle de Steed. Découvrir Emma demeurer inconsciente durant toute ctte séquence, et dans une posture de Damsell in Distress qui ne dépayserait pas le Saint, s’avère anti-climatique au possible.

Il en va de même pour le duo de Masterminds, dont l’aura ne cesse de diminuer au fil de récit, pour finir  en vieillards plus pathétiques qu’autre chose (Doctor Who sont-ils appelés, sans doute en référence à First !). En fin de partie, ils se voient d’ailleurs confondus par une mise en scène achevant de les muer en pauvres dupes, or l’Opposition ne doit jamais devenir pitoyable, car que devient dès lors le mérite des Héros ? De plus le procédé résulte peu crédible et semble relever davantage de Mission Impossible que de Chapeau Melon, même si  Z.Z. aurait sans doute apprécié.

Au total, malgré ces imperfections, Canards Mortels apporte comme un épisode supplémentaire à une saison 4 de haut vol. Tout comme L’article de la mort, il représentera une plaisante curiosité pour les amateurs des Avengers. (***)

C'est très vrai, en particulier Tara fut nettement plus souvent chloroformée d'Emma !  

Dans L'Article de la mort aussi Emma est capturée avant d'être sauvée  par Steed, mais auparavant elle aura au moins mené un beau combat, perdu uniquement par malchance. ici rien, de la passivité face à deux vieillards.

Je note avec saveur l'incongruité de la situation de départ : des canards meurent empoisonnés dans une région désolée donc on appelle des espions ! C'est surréaliste comme truc !

A l'instar des autres volumes de la collection « La Fabrique des Héros » (Hermione, Milou, Batman, Maigret, Nosferatu, etc.), Emma Peel, Bottes de cuir contre chapeau melon de Stephen Sarrazin applique à une figure de la Pop Culture une formule  similaire aux Que sais-je ? de la mythologique époque pré Internet.  A l'image des QSJ, on a ici affaire à un  condensé en une centaine de pages petit format de l'essentiel d'un sujet, Emma Peel se substituant aux finances publiques, aux cultures céréalières, voire à la navigation fluviale. Le résultat en est à peu près le même : pour les néophytes curieux il s'agira d'un ouvrage fort pratique car judicieusement synthétique, mais les connaisseurs ne connaîtront guère d'épiphanies mirobolantes.

Dès son introduction, le bouquin pose Emma Peel en icône féministe, et l'on apprécie l'honnêteté de l'auteur, qui ne tente pas de survendre son sujet. Outre qu'elle  été éphémère, la trajectoire féministe de Mrs Peel n'a en effet pas suscité une vogue, il faudra encore attendre longtemps avant que les personnages féminins s'affirment régulièrement dans les séries télé. De plus, il s'agit d'un féminisme encore non formulé ou théorisé (contrairement aux rieuses années que nous vivons), essentiellement matérialiste. Mrs Peel est une femme de pouvoir, à travers tous ses attributs. Ici l'auteur se réfère à Monique Wittig, autrice féministe des années 60, j'avoue que cette référence-là m'est passée au dessus.

Par la suite, le livre indique quelques éléments biographiques de Diana Rigg et de contextualisation de Chapeau Melon (les séries d'espionnage d'alors, la mode...). Là encore c'est bien condensé et écrit, mais sans surprise non plus. On éprouve un vrai regain d'intérêt à travers diverses analyses d'épisodes (The Town of No Return, The Murder market, A Touch of Brimstone) traçant un portrait perspicace de l'héroïne en femme libre, mais aussi  de la série elle-même et de son relationnel avec l'imaginaire anglais. Steed est ainsi montré  comme intégrant progressivement la liberté féminine au contact d'Emma, ce qui l'entraîne à changer de comportement, une vraie révolution culturelle pour un ancien officier  très enserré dans les modèles de hiérarchie masculine au début de leur relation.

De fait, on pourrait remonter cela à Cathy Gale, mais le livre évoque hélas très peu cette période. Les fameux appartements des héros se voient également abordés comme une hétérotopie, selon le concept du contemporain Michel Foucault : une utopie culturelle sise dans un lieu réel. La manière dont la série installe le non dit de leur relation est également analysée avec finesse. Un chapitre nous propose une jolie rétrospective des représentations de la voiture et de la femme à l'écran durant les Sixties, pour déboucher sur une peinture de la Lotus Élan comme symbole de la liberté d'Emma. Il est dommage que la trépidante A.C. Cobra d'Honey West, la cousine américaine de Mrs Peel, ait été omise. Un autre nous entraîne dans le Swinging London, aux côtés de Mrs Peel, mais aussi de Diana Rigg. Difficile de ne pas songer à Murder in Soho et à son mémorable bûcher funéraire de toute une époque.  

Quoique mis efficacement en perspective par l'auteur, ces éléments demeurent globalement connus des amateurs, mais Stephen Sarrazin, spécialiste du Japon et de son cinéma (Les Cahiers) parvient à nous prendre dépourvu grâce à deux chapitres dédiés aux arts martiaux selon Emma Peel, un joli moyen de questionner l'ethnocentrisme de la série à travers son rapport à l'Asie. On serait curieux de connaître son avis quant à l'inénarrable épisode japonais d'Adam Adamant Lives !, More Deadly Than the Sword. On aurait également pu regretter un livre presque exclusivement centré sur la seule saison 4 mais Sarrazin dédie tout un chapitre réussi à cet amour n'ayant jamais dit son nom, à travers Epic, The Hidden Tiger et, bien entendu, l'emblématique Return of the Cybernauts. Puis il conclue son étude avec le départ d'Emma et ses ultimes épisodes.

Un livre intéressant, parfois frustrant, souvent captivant. Il donne envie de découvrir d'autres opus de la collection. (****)

Merci pour ces éléments, je ne connaissais pas du tout et effectivement c’est édifiant.

Voilà ce qu’indique le livre, en plus de placer un livre de Wittig dans sa bibliographie (Les Guérillères, 1969). C'est à propos des attributs de Mrs Peel, notamment l'argent, l'indépendance qu'autorise le veuvage, l'absence de toute référence à la maternité, son intellect et son érudition supérieurs...

Une part du projet de l’actrice et du personnage pourrait s’inscrire dans le matérialisme féministe de Monique Wittig, son engagement à rompre avec le contrat hétérosexuel, à considérer la femme en tant que classe sociale. Une catégorie politique et économique distincte de l’homme, qui disparaîtra lorsque l’homme, en tant que classe, s’éteindra. L’actrice, mariée à deux reprises et mère d’une fille, a maintes fois précisé sa distance à l’égard de semblables positions.  

Pour ce que j’en ai lu, je reconnais toutefois  à l’écrivaine d’avoir une plume :

Usant de stratagèmes, il a fermé ton entendement, il a tissé autour de toi un long texte de défaites qu’il a baptisées nécessaires à son bien-être, à sa nature. Il a inventé ton histoire. Mais le temps vient où tu écrases le serpent sous ton pied, le temps vient où tu peux crier, dressée, pleine d’ardeur et de courage. Le Paradis est à l’ombre des épées.

L'Ordre du Calice Sanglant n'est pas loin !

Effectivement cela aurait nécessité davantage d'explications, Emma n'est pas misandre par nature. Effectivement elle combat surtout des hommes, mais c'est par ce qu'ils sont majoritaires chez les criminels et les tueurs et elle connaît aussi plusieurs affrontements impitoyables avec des femmes. A la rigueur cela conviendrait mieux  à Cathy Gale du fait des prises de bec (d'ailleurs de plus en plus complices) avec Steed. Et encore, elle a eu des relations amoureuses hétérosexuelles.

Critique passionnante suivi d'un débat non moins passionnant ! Merci messieurs pour cette séance culturelle de haute volée ! J'en apprends tous les jours grâce à vous !

Beaucoup aimé Judo, The Avengers & Me, les souvenirs de Cyd Child. Évacuons d'emblée le sujet qui fâche : l'évocation de Chapeau Melon ne représente qu'un quart du livre, à travers trois chapitres, certes conséquents, sobrement intitulés Emma, Tara et Purdey. Pour le reste il y a bien des allusions (notamment un chapitre dédié l'amour des animaux partagé avec Diana Rigg) mais lr livre aborde aussi les autres étapes de sa carrière et surtout son expérience de sportive au niveau international. Cette vaste partie est intéressante, elle aborde toute une époque où le sport féminin était encore considéré comme accessoire, il faut voir d'où l'on part. Honnêtement je ne l'ai toutefois que survolée, le judo et le sport en général ne me captivant pas, mais le témoignage est aussi limpide que précieux.

Je vais me centrer sur Chapeau melon. Le témoignage de Cyd Child s'avère captivant, il complète celui du The Avengers, The Inside Story de Macnee car c'est celui d'une petite main abordant sans fards les côtés moins Champagne du tournage d'une série télé. C'est aussi un bel éclairage sur le métier de doublure cascade, nous montrant là aussi les combats  menés : pour être pleinement reconnu par Equity, pour obtenir un système d'assurances, pour que ce soit des femmes qui doublent les femmes... Tout en menant un travail harassant et dangereux, mais aussi en se tenant en permanence à la disposition du tournage au cas où il y ait le moindre souci avec la vedette. Mais Cyd indique que le plus difficile fut la totale invisibilité, car la production niait purement et simplement l'existence des cascadeurs.

Ainsi j'ai cru naïvement que le fameux tournicotis de The Living Dead (présent sur la couverture), où son visage se montre particulièrement visible, se devait à une mise en scène dilettante, mais non. La réalisation a exigé qu’elle refasse le tour de plus en plus vite tout en gardant le bonhomme sur les dos, en espérant que son visage se voit moins. Un exercice épuisant et amer, car exécuté uniquement pour continuer à affirmer qu’elle n’existait pas. Des anecdotes comme cela il y en a plusieurs, apportant un éclairage moins glamour et pétillant qu’à l’accoutumée sur le tournage de la série. Comme par exemple le fait qu’au début de leur collaboration Diana et Cyd ne disposaient que d’un seul costume qu’elles devaient s’échanger continuellement, la production désirant faire des économies. Ce qui posait bien sûr problème au-delà des mensurations différentes, mais Diana y mis rapidement bon ordre, la voix de la cascadeuse débutante ne portant guère.

Les tenues de cuir furent également abandonnées car elle ne parvenait ps à effectuer les cascades sans les abîmer : trop cher. Cyd Child raconte sans-façon ses anecdotes, avec sincérité  et sans rechercher le mot d’esprit, sa simplicité touchera souvent le lecteur. Ses souvenirs sont souvent classés par épisode, ce qui rend la lecture plus aisée pour l’amateur ayant les scènes correspondantes en tête. Un très riche ensemble de photographies de tournage, souvent en couleurs, renforce encore l’immersion. Outre les évènements , la cascadeuse s’attache aussi aux rencontres effectuées dans l’aventure, avant tout Ray Austin, mentor exigeant mais protecteur et puis bien sûr Diana Rigg, avec la quelle elle connut une excellente entente, le livre a aussi le mérite de les faire revivre dans leur vérité. Pat Macnee apparaît très peu, assez logiquement puisqu’ils ne tournèrent que rarement ensemble.

Et puis Linda Thorson, narrant sans fard leur relation un temps difficile, la jeune actrice ayant décidé de faire ses preuves en effectuant et voyant en elle comme une rivale. Cyd Child ne cache pas qu’elle connut alors une période réellement difficile financièrement, ce qui apparemment ne troubla guère Linda (même présents les cascadeurs n’étaient payés que pour une apparition à l’écran). On aime beaucoup que, malgré toutes ces avanies et difficultés, conserve un enthousiasme intact pour la série en en parle avec beaucoup d’attachement, le livre ne se montre jamais misérabiliste, bien au contraire. Cyd conclue joliment son parcours avec les TNA, l’expérience accumulée et le prestige de ses compétitions internationales, faisant désormais d’elle le mentor. Joanna Lumley a d’ailleurs écrit une adorable introduction en souvenir d’une expérience qu’elle a beaucoup aimé.

Un livre très intéressant, riche en anecdotes révélatrices sur la  prosaïque réalité d’un tournage dans des Années 60 souvent magnifiées. Et, en filigrane, un attachant portrait de Cyd Child, courageuse  et volontaire, ne renonçant jamais à son enthousiasme. (****)

Annonce d'une publication en avril d'un livre de jeux et de quizz dédié aux Avengers. L'auteur est une sympathique figure du Fandom, de Chapeau melon comme des séries UK des Sixties. Bon, d'après les trois questions ici indiquées, cela devrait être jouable pour les amateurs.

https://quoitmedia.co.uk/product/the-avengers-the-official-quiz-book