Neige brûlante (Hot Snow)

Suppléments Optimum

Commentaires audios
Les commentaires audios de Léonard White sont intéressants et forment un historique d’ensemble, du lancement des Avengers jusqu’à la saison 2. Mais ils demeurent frustrants car ils n’abordent Hot Snow qu’en toute fin de parcours, en en demeurant totalement déconnectés jusque là. Par ailleurs, Steed et Macnee ne sont quasiment pas cités. Bon, j'ai noté ce que j'ai compris, mon Anglais est très perfectible !

Dans ses commentaires audio, Leonard White évoque des souvenirs de Police Surgeon, qu’il a du prendre en cours alors qu’il produisait déjà Armchair Mystery Theatre (1960-1965). L’arrêt de Police Surgeon, décidée par Sydney Newman, sans réelle explication, fut une grande surprise, White envisageant un parcours nettement plus long. Newman décida dans la foulé e de lancer une nouvelle série en conservant en particulier Ian Hendry. White n’a disposé que de neuf semaines pour lancer les Avengers. A partir de l’expérience de Police Surgeon, un grande liberté fut laissée aux auteurs pour crée un nouveau format. L’équipe n’avait alors pas du tout conscience de participer à un moment historique de la télévision britannique ou à un projet particulièrement ambitieux, pour les studios il s’agissait d’une production comme une autre. Il n’y avait pas de grand plan Avengers, série dont l’évolution fut progressive et parfois accidentelle.

Avec le recul, White estime que la disparition de la grande majorité de la saison reste très frustrante. La saison fut un grand tremplin pour Hendry, jusqu’à son départ par le cinéma, favorisé par la grève des acteurs, qui paralysa la production des Avengers durant des mois. Sa décision fut une surprise pour l’équipe, au moment où l’activité reprenait. Il fallut dénicher de toute urgence un interprète pour reprendre des textes à l’écriture déjà avancée , d’où le maintien d’un docteur. Le temps gagné grâce aux épisodes King permis une réorientation de la série vers de nouveaux personnages, Cathy Gale et Vénus Smith. Le départ de Hendry devint une chance car il força les auteurs à devenir plus imaginatifs. Au cours de la saison 2, un teste s’est opéré, opposant les deux femmes, à la personnalité et à l’environnement différents et développant des interactions extrêmement diverses avec Steed. L’évolution fut continue, et personne n’a réellement inventé les Avengers d’un coup. White indique cependant que l’émulation et la créativité de l’équipe, l’absence de barrières entre ses membres, était exemplaire.

Quoique racontant des histoires distinctes, Neige Brûlante était connecté à l’épisode suivant ; Brought to Book, par un cliffhanger. C’est ensemble, qui comportait plusieurs personnages communs, qui assurait le lancement de la série. Il s’agit d’une pratique unique car les Avengers ne devaient plus ensuite recourir au format du double épisode. C’est dans Brought to Book que Steed achevait de convaincre Keel de former un duo avec lui, les Vengeurs. La scène clé de neige Brûlante demeure l’assassinat de la fiancée de Keel, auquel le réalisateur Don Leaver apporte beaucoup d’impact.

A noter un défaut lors du lancement de Neige brûlante, où l’on se retrouve sur des images de Passage à tabac. L’épisode débute ensuite. Le DVD a la bonne idée de conclure l’épisode par un résumé écrit des évènements, succédant à la première partie conservée.

Suppléments
Les suppléments comportent par ailleurs une présentation de Police Surgeon, ainsi que le pilote de cette série, Easy money.

On trouve également des photos des différents épisodes de cette première saison (où Steed arbore déjà à l’occasion parapluie et chapeau melon), mais aussi des textes écrits (scripts articles de presse).

Livret
Inséré dans le premier coffret (saisons 1 et 2) se trouve un superbe guide papier des épisodes de la saison 1. Il se décompose en une présentation synthétique de chacun (distribution, auteur metteur en scène, résumé), accompagné d’une quantité impressionnante de photos et d’articles de presse de l’époque. Un petit bijou, avivant cependant le regret de l’absence de la majeure partie de ces épisode car on n’aura jamais eu autant l’impression de les toucher du bout des doigts. Parmi les informations contenues dans les textes figurent notamment les suivantes.

Peu avant la diffusion d’Hot Snow, un article souligne a similitude du Dr Keel avec le rôle déjà tenu par Ian Hendry dans Police Surgeon, le Dr Brent. L’absence de relation avec la police apporte cependant une nouveauté, la croisade solitaire de Keel contre le mal s’avérant un concept très porteur. Ian Hendry estime que Keel est plus intéressant à jour que Bent, par son mélange de dureté et de compassion. A connexion personnelle avec le drame initial le rend plus dur et suscite d’avantage d’action. L’intérêt du personnage et des scénarios l’ont convaincu, alors qu’au départ il n’avait pas envie de jouer de nouveau un médecin Leonard White confirme avoir donné instruction au pool d’auteurs (où figure Brian Clemens) de mettre l’accent sur l’action mais aussi sur la recherche d’endroits originaux, évitant autant que possible les clichés. Un certain Patrick Macnee, 38 ans, ancien d’Eton, jouera un mystérieux individu aidant le docteur. Le jovial Macnee est de retour d’un séjour à Hollywood et au Canada et son personnage est destiné à contrebalancer l’idéalisme de Keel. Macnee confie que son alter ego sera un prédateur (A wolf with the women) ne reculant devant aucun moyen pour parvenir à ses fins. Quoique travaillant indirectement avec les policiers, il n’est guère populaire chez eux. Le seul personnage féminin récurrent sera tenu par Ingrid Hafner (23 ans), qui servait déjà d’assistante infirmière à Bent dans Police Surgeon. Le journaliste peut cependant déjà affirmer que les filles glamour ne manqueront pas, invitées pour un seul épisode.

Dans deux articles écrits durant la diffusion de cette première saison, Patrick Macnee indique à un journaliste désirer revenir à sa maison de Malibu, même si aucun travail ne l’attend aux Etats Unis. Il éprouve de la nostalgie pour la Californie ensoleillée. Il avoue avoir été nomade toute sa vie, estimant que découvrir de nouveaux endroits et de nouvelles personnes est plus important que l’argent. Il apprécie cependant de travailler sur les Avengers, car les producteurs ne craignent pas d’y insuffler de l’humour. Macnee avoue également qu’il existe de nombreuses similitudes entre lui et Steed : bonnes manières éducation anglaise, goût pour l’aventure. Il évoque également plusieurs éléments de sa biographie, que l’on peut d’ailleurs retrouver dans ses mémoires.

Le TARDIS peut se matérialiser n'importe où et n'importe quand, y compris dans le pilote des Avengers (13' 51''). Or ce dernier  est antérieur à celui de Doctor Who, comme quoi The  Magic Blue Box peut effectivement voyager à travers le Temps !

Revu Hot Snow pour les 60 ans et je rejoins la critique avec ce sentiment d'un pilote absolument opposé à ce que deviendra par la suite la série, avec une absence totale de stylisation surréaliste. Bien au contraire c'est le réalisme à tout crin qui est recherché. Keel et sa fiancée se bécotent sur la bouche (télé UK, 1961), décors et costumes très standards, de extérieurs londoniens populeux et non pas vides, intrigue criminelle classique digne du Saint... Même les méchants sont simplement pittoresques, hormis leur chef préfigurant de manière très amusante Blofeld tel qu'on le verra ensuite dans Bons Baisers de Russie (ou alors le Dr. gang, pour les amateurs).

Au lieu d'un défilé de meurtres pour rire, on en a un seul, mais émotionnellement dévastateur et où l'on voit du sang, même si le N&B et la qualité de l'image atténuent l'effet. Tout ceci, et le portrait d'un amour simple et sincère au sein du couple apporte un vrai impact dramatique à la tragédie. Cela justifie également la transformation du paisible médecin en Vengeur, Batman n'est pas loin. Par contre une petite réserve nouvelle, je trouve cette fois que le jeu du chat et de la souris dans le cabinet médical, avec le tueur, s'éternise un tantinet (près des 2/3 de l'action). Évidemment Steed manque cruellement à l'appel, ce qui renforce encore le sentiment d'altérité globale.  Toujours amusant apercevoir le TARDIS et son policeman ! Peut-être que tout ceci se déroule non loin de Coal Hill School ?

A la base, on a donc une série policière classique même si Brian Clemens est déjà dans le pool des scénaristes (2 épisodes de mémoire pour la saison 1, aucuns pour la suivante). A quel moment quelqu'un va-t-il se dire qu'on pourrait délirer un peu plus ?

Le processus créatif de Chapeau melon et bottes de cuir est un des plus fascinant que je connaisse (le meilleur même, mais ce n'est que mon avis) qui fait passer une banale série policière qui aurait disparu des mémoires en une perle inclassable intemporelle !

Petit regret : peut-être jugée trop courte, la partie préservée de l'épisode est manquante  dans la saison 1 telle que mise en ligne sur Madelen. La Trapéziste, Passage à tabac et Tunnel of Fear sont par contre présents. Si le sous-titrage français est bien sûr apprécié, seule la VO est disponible, cela vaut pour les six saisons. .