11 - Moonraker - 1979
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Re: 11 - Moonraker - 1979
Moonraker (Moonraker, 1979, )
Le 26 juin 1979 Londres découvre les nouvelles aventures de James Bond, intitulées Moonraker. Et non pas Rien que pour vos yeux, comme l’annonçait pourtant en 1977 L’espion qui m’aimait, dans le traditionnel message du générique de fin. Mais comment s’expliquait un tel bouleversement, inédit jusque là ?
Tout simplement la période Roger Moore renouait avec l’un de ses vieux démons, le suivisme forcené de la mode. Or les années 70 viennent d’enregistrer plusieurs grands succès au cinéma dans le domaine de la Science-fiction, en particulier Rencontre du Troisième Type et La Guerre des Etoiles, tous deux sortis précisément en 1977. Avec un opportunisme passablement vénal les producteurs vont tenter de prendre en marche le train du succès. L’opération est menée avec fracas (envol du budget, tentative avortée de faire coïncider le lancement du film avec le décollage de la première navette) mais aussi manque de discernement. En effet, l’esprit des James Bond va se voir dénaturer par une incorporation massive d’éléments exogènes, lui faisant perdre sa précieuse spécificité au profit d’un récit peu relevé et inférieur à ses modèles. La leçon de Vivre et laisser mourir a été oubliée : une science fiction caricaturale et sans génie va polluer le film, tout comme jadis l’accumulation des clichés les plus éculés de Blaxploitation. On ne gagne rien à se renier, surtout pour s’élancer dans des voies sans issues.
L’aventure achève de basculer dans le ridicule du fait de nombreuses maladresses pour le moins confondantes. Le thème de l’apocalypse programme par un malade mégalomane désirant se bâtir son propre Jardin d’Eden évoque à l’identique celui de l’opus précédent, suscitant une redite trahissant un manque d’ambition et d’imagination pour le moins contrariant. Le film ne recule pas devant certains « hommages » (emprunts) manifestes, comme la reprise du légendaire indicatif de Rencontre du Troisième Type accompagnant un digicode, voire le Ainsi parlait Zarathoustra de Richard Strauss, déjà employé avec un éclat unique dans la première partie de 2001 Odyssée de l’espace, lors du lancement de la chasse dans la résidence de Drax.
Le pire demeure néanmoins le ridicule achevé des la pseudo bataille spatiale réalisée à grands coups de rayons lasers et de tenues en papier aluminium, dans un ensemble très disco. Sarah Brightman et les Hot Gossip en restitueront d’ailleurs très fidèlement l’ambiance l’année suivante dans le clip kitchissime de I Lost My Heart to a Starship Trooper. Avec de nouveau Strauss en ouverture… La volonté acharnée de vouloir ainsi adapter à marche forcée tous les ingrédients de 007 (base du méchant, bataille finale, girls… ) au moule de la science fiction basique finit tout simplement par provoquer le rire. Les amateurs de la « littérature spéculative », comme on a longtemps dit en France, éprouveront eux quelques réels agacements devant la vision réductrice et idiote qu’en offre ce film.
Les faiblesses du film ne se limitent malheureusement pas à cette sortie de route. En effet, Moonraker apparaît comme un Bond particulièrement statique et verbeux, où les scènes de dialogues guère percutants se multiplient, tandis que les scènes d’action réellement au-dessus du lot brillent par leur rareté. En dehors de la séquence d’ouverture, tout juste distingue-t-on quelques saillants : la centrifugeuse emballée ou la bataille des téléphériques. Les chiens lâchés aux trousses de la malheureuse Corinne Dufour nous valent une scène certes à la féroce cruauté, hélas en partie éventée par le fait que la belle ait eu le temps de mettre des chaussures de sport particulièrement voyantes… De même, M, Q et Moneypenny n’ont guère de dialogues croustillants à défendre... Lewis Gilbert semble moins énergique et audacieux que lors de L’espion qui m’aimait, rejoignant le faible ouvrage réalisé par Hamilton lors de Vivre et laisser mourir.
Il faut dire que les deux films se rejoignent par la trame très mince du scénario, dans les deux cas un simple prétexte pour justifier les déplacements de 007. Précisons que l’histoire n’a pratiquement plus rien à voir avec le roman de Fleming. Il s’agit la reprise d’un film méconnu de 1966, Ramdam à Rio (avec Mike Connors), au thème très proche et lui même pastiche de 007. Tout cela, avec une accentuation concomitante de l’aspect comique du 007 de Roger Moore, produit un récit déséquilibré par une place trop important accordée à un humour d’ailleurs souvent assez sot et enfantin (on commence à viser la cible jeune, devenue essentielle pour un succès au cinéma). Les gags démonstratifs se succèdent (lutte dans la verrerie, passage de l’ambulance, ineptie de la gondole motorisée…) et il faut bien dire que l’on pense à une version au premier degré total du Magnifique quand Bond abat un lointain sniper dissimulé dans un arbre, tout comme Bob Saint-Clar depuis la voiture de Tatiana. Trop de pastiche tue le pastiche mais aussi l’intensité dramatique du film.
Un dernier élément vient saper la crédibilité du film, la surabondance du placement de produits, jusqu’à l’indigeste. Ce phénomène s’observait bien entendu dès l’époque Connery, mais l’on passe ci véritablement de l’artisanal à l’industriel ! Alors que la société Film Media Consultant devient en coulisse le bras armé d’EON en ce domaine, on assiste non seulement à la multiplication de massages peu subtilement placés (un summum à peine croyable est atteint avec les divers panneaux publicitaires devant lesquels passe l’ambulance) mais aussi à un changement de nature des produits. Auparavant l’on se cantonnait au luxe (Champagnes, montres...) désormais l’on ne rechigne plus à musarder du côté de la consommation de masse, avec notamment le soda Seven Up ayant visiblement investi beaucoup dans l’affaire. Cette tendance ne fera que se confirmer par la suite, conférant à certains 007 le profil de vrais catalogues publicitaires.
Et pourtant tout n’est pas uniformément mauvais dans Moonraker. La mélodieuse chanson de John Barry nous permet de retrouver Shierley basset, à laquelle Les génériques de James Bond réussissent toujours admirablement. Hormis une double absurdité initiale (un 747 de ligne capable de transporter une navette et celle-ci voyageant avec le plein de carburant…) la séquence d’ouverture reste un chef d’œuvre du genre, sans doute l’une des plus spectaculaires et justement célèbres de cet exercice de style. Filmer une cascade aussi insensée que ce vertigineux duel en chute libre nécessita 88 sauts à 3000 mètres d’altitude et une logistique insensée. Le résultat se voit à l’écran, avec des images d’un réalisme criant. Il est donc dit que Moonraker peut dépenser avec efficience son considérable budget ! Les décors toujours admirables de Ken Adam en constituent une autre illustration avec une base de lancement finalement plus impressionnante que la station spatiale. Les superbes paysages de rigueur répondant à l’appel, avec Venise et Rio justement mises à l’honneur.
Tout simplement la période Roger Moore renouait avec l’un de ses vieux démons, le suivisme forcené de la mode. Or les années 70 viennent d’enregistrer plusieurs grands succès au cinéma dans le domaine de la Science-fiction, en particulier Rencontre du Troisième Type et La Guerre des Etoiles, tous deux sortis précisément en 1977. Avec un opportunisme passablement vénal les producteurs vont tenter de prendre en marche le train du succès. L’opération est menée avec fracas (envol du budget, tentative avortée de faire coïncider le lancement du film avec le décollage de la première navette) mais aussi manque de discernement. En effet, l’esprit des James Bond va se voir dénaturer par une incorporation massive d’éléments exogènes, lui faisant perdre sa précieuse spécificité au profit d’un récit peu relevé et inférieur à ses modèles. La leçon de Vivre et laisser mourir a été oubliée : une science fiction caricaturale et sans génie va polluer le film, tout comme jadis l’accumulation des clichés les plus éculés de Blaxploitation. On ne gagne rien à se renier, surtout pour s’élancer dans des voies sans issues.
L’aventure achève de basculer dans le ridicule du fait de nombreuses maladresses pour le moins confondantes. Le thème de l’apocalypse programme par un malade mégalomane désirant se bâtir son propre Jardin d’Eden évoque à l’identique celui de l’opus précédent, suscitant une redite trahissant un manque d’ambition et d’imagination pour le moins contrariant. Le film ne recule pas devant certains « hommages » (emprunts) manifestes, comme la reprise du légendaire indicatif de Rencontre du Troisième Type accompagnant un digicode, voire le Ainsi parlait Zarathoustra de Richard Strauss, déjà employé avec un éclat unique dans la première partie de 2001 Odyssée de l’espace, lors du lancement de la chasse dans la résidence de Drax.
Le pire demeure néanmoins le ridicule achevé des la pseudo bataille spatiale réalisée à grands coups de rayons lasers et de tenues en papier aluminium, dans un ensemble très disco. Sarah Brightman et les Hot Gossip en restitueront d’ailleurs très fidèlement l’ambiance l’année suivante dans le clip kitchissime de I Lost My Heart to a Starship Trooper. Avec de nouveau Strauss en ouverture… La volonté acharnée de vouloir ainsi adapter à marche forcée tous les ingrédients de 007 (base du méchant, bataille finale, girls… ) au moule de la science fiction basique finit tout simplement par provoquer le rire. Les amateurs de la « littérature spéculative », comme on a longtemps dit en France, éprouveront eux quelques réels agacements devant la vision réductrice et idiote qu’en offre ce film.
Les faiblesses du film ne se limitent malheureusement pas à cette sortie de route. En effet, Moonraker apparaît comme un Bond particulièrement statique et verbeux, où les scènes de dialogues guère percutants se multiplient, tandis que les scènes d’action réellement au-dessus du lot brillent par leur rareté. En dehors de la séquence d’ouverture, tout juste distingue-t-on quelques saillants : la centrifugeuse emballée ou la bataille des téléphériques. Les chiens lâchés aux trousses de la malheureuse Corinne Dufour nous valent une scène certes à la féroce cruauté, hélas en partie éventée par le fait que la belle ait eu le temps de mettre des chaussures de sport particulièrement voyantes… De même, M, Q et Moneypenny n’ont guère de dialogues croustillants à défendre... Lewis Gilbert semble moins énergique et audacieux que lors de L’espion qui m’aimait, rejoignant le faible ouvrage réalisé par Hamilton lors de Vivre et laisser mourir.
Il faut dire que les deux films se rejoignent par la trame très mince du scénario, dans les deux cas un simple prétexte pour justifier les déplacements de 007. Précisons que l’histoire n’a pratiquement plus rien à voir avec le roman de Fleming. Il s’agit la reprise d’un film méconnu de 1966, Ramdam à Rio (avec Mike Connors), au thème très proche et lui même pastiche de 007. Tout cela, avec une accentuation concomitante de l’aspect comique du 007 de Roger Moore, produit un récit déséquilibré par une place trop important accordée à un humour d’ailleurs souvent assez sot et enfantin (on commence à viser la cible jeune, devenue essentielle pour un succès au cinéma). Les gags démonstratifs se succèdent (lutte dans la verrerie, passage de l’ambulance, ineptie de la gondole motorisée…) et il faut bien dire que l’on pense à une version au premier degré total du Magnifique quand Bond abat un lointain sniper dissimulé dans un arbre, tout comme Bob Saint-Clar depuis la voiture de Tatiana. Trop de pastiche tue le pastiche mais aussi l’intensité dramatique du film.
Un dernier élément vient saper la crédibilité du film, la surabondance du placement de produits, jusqu’à l’indigeste. Ce phénomène s’observait bien entendu dès l’époque Connery, mais l’on passe ci véritablement de l’artisanal à l’industriel ! Alors que la société Film Media Consultant devient en coulisse le bras armé d’EON en ce domaine, on assiste non seulement à la multiplication de massages peu subtilement placés (un summum à peine croyable est atteint avec les divers panneaux publicitaires devant lesquels passe l’ambulance) mais aussi à un changement de nature des produits. Auparavant l’on se cantonnait au luxe (Champagnes, montres...) désormais l’on ne rechigne plus à musarder du côté de la consommation de masse, avec notamment le soda Seven Up ayant visiblement investi beaucoup dans l’affaire. Cette tendance ne fera que se confirmer par la suite, conférant à certains 007 le profil de vrais catalogues publicitaires.
Et pourtant tout n’est pas uniformément mauvais dans Moonraker. La mélodieuse chanson de John Barry nous permet de retrouver Shierley basset, à laquelle Les génériques de James Bond réussissent toujours admirablement. Hormis une double absurdité initiale (un 747 de ligne capable de transporter une navette et celle-ci voyageant avec le plein de carburant…) la séquence d’ouverture reste un chef d’œuvre du genre, sans doute l’une des plus spectaculaires et justement célèbres de cet exercice de style. Filmer une cascade aussi insensée que ce vertigineux duel en chute libre nécessita 88 sauts à 3000 mètres d’altitude et une logistique insensée. Le résultat se voit à l’écran, avec des images d’un réalisme criant. Il est donc dit que Moonraker peut dépenser avec efficience son considérable budget ! Les décors toujours admirables de Ken Adam en constituent une autre illustration avec une base de lancement finalement plus impressionnante que la station spatiale. Les superbes paysages de rigueur répondant à l’appel, avec Venise et Rio justement mises à l’honneur.
Dernière édition par Estuaire44 le Dim 6 Déc 2009 - 2:43, édité 1 fois
Estuaire44- Empereur
- Date d'inscription : 10/04/2007
Re: 11 - Moonraker - 1979
Le public hexagonal éprouvera également un vrai plaisir devant la touche française très marquée du film, inédite depuis Opération Tonnerre. Une importante partie du tournage se déroula en effet en France (notamment pour des raisons fiscales), les immenses décors de Moonraker mobilisant notamment les studios de Billancourt, Boulogne et Epinay. Beaubourg et son modernisme contribuèrent également aux industries Drax. Vaux-le-Vicomte et ses jardins apportent leur magnificence d’un goût parfait, de m^me que le château de Guermantes. Mais cette dimension française nous permet également de découvrir nombre de comédiens français bien connus, dispersés tout au long du film dans des apparitions parfois improbables. Découvrir un Jean-Pierre Castaldi ou un Georges Beller (entre autres) dans un 007 reste plaisant. On avouera un coup de cœur particulier pour Guy Delorme, second rôle émérite du cinéma et de la télévision des années 60, voué aux rôles de félons et de spadassins, que l’on retrouve ici parfaitement dans son emploi mais trop brièvement.
Mais l’apport principal de notre beau pays à Moonraker demeure ce grand comédien français qu’est Michael Lonsdale, au timbre si particulier. Il se montre impérial dans sa composition d’un Drax à l’ironie acérée, homme du monde dont le raffinement dissimule une folie mégalomaniaque d’une noirceur rarement atteinte par les autres adversaires de monde. Le ténébreux Lonsdale (à l’anglais parfait) intériorise éloquemment ce délire morbide et flirtant avec le nazisme : Drax sera un adversaire dont la déviance s’exprime par un sadisme glacé et un délire débité sur un ton faussement paisible, particulièrement déstabilisant. Sa brusque explosion de colère contre Requin n’en prend que plus d’impact, stupéfiant le spectateur. La prestation de Lonsdale s’impose comme le sauf-conduit d’un film qu’elle sauve de la déroute. On notera cependant une impossibilité supplémentaire quand les hurlements de Drax se poursuivront dans le vide : il est bien connu que, dans l’espace, personne ne vous entend crier.
On craint un moment que le tandem proverbial génie du mal / tueur inexorable ne puisse marcher que sur une seule jambe, tant le sbire ninja de Drax manque de personnalité, même si performant au combat. Heureusement il a la bonne idée de prestement quitter la scène, au profit du toujours imposant Requin. Celui-ci apporte un vrai coup de fouet à l’opposition mais l’on regrette que la prédisposition marquée du film pour un humour peu subtil s’étende jusqu’à lui. L’espion qui m’aimait lui avait apporté un équilibre parfait entre menace et drôlerie, mais cette dernière prédomine bien trop ici, le personnage devenant totalement cartoonesque. On a franchement l’impression de voir Vil Coyote traquer Bip Bip ! On atteint un paroxysme avec le final voyant Requin et sa blonde dulcinée saluer avec le sourire 007 tandis que la station par en morceaux… C’est d’une crétinerie stupéfiante, même si l’amateur des Avengers s’amusera à comparer le destin de Jaws à celui de Tara King, tous deux en orbite aux dernières nouvelles connues…
Roger Moore, qui commence doucement à prendre de l’âge, défend toujours excellemment sa version de Bond. Il conserve son panache et son brio au personnage, y compris au milieu des situations les plus déconcertantes. Il a fort à faire car sa compagne du jour ne vient que fort médiocrement à la rescousse. Lois Chiles (Dallas) est une fort jolie femme, mais la fadeur de son jeu rejoint le pu d’éclat de Holly Goodhead. Après le Major Amasova, les auteurs s’amusent à susciter une nouvelle pseudo rivale à 007, cette fois issue de l’Ouest. Bien entendu cela tourne encore plus court que précédemment, avec une comédienne de plus dépourvue de la flamme dégagée par Barbara Bach. Sa manière d’annoncer « c’est notre dernière chance, James » au moment de détruire la dernière capsule nous vaut un grand moment d’humour involontaire. On se croirait vraiment dans une caricature narquoise de Star Trek.
Au-delà de cette figure peu relevée, reconnaissons à Moonraker de se montrer peu chiche en figures féminines (étrangement silencieuses la plupart du temps). Il s’agit là d’un domaine où la France se devait de se montrer à la hauteur de sa réputation et le gant se voit relevé. Blanche Ravalec (Dolly), Anne Lonnberg (la guide), Catherine Serre (Comtesse Lubintski, Le Gendarme et les Gendarmettes) ou bien encore la rousse Françoise Gayat (Lady Victoria Devon) mettent fort bien en valeur leurs personnages. Corinne Cléry, révélée en 1976 par le sulfureux Histoire d’O domine cependant ce charmant aréopage par sa grâce et le joli brin d’authentique talent qu’elle manifeste. On ne peut que regretter que sa carrière se soit essentiellement limitée par la suite à des productions cantonnées au marché italien. Notons qu’en 1979 elle retrouvera Richard Kiel et Barbara Bach dans L’Humanoide (1979), nanar SF gratiné au dernier degré (vraiment), que l’on ne peut que vigoureusement recommander. La très sensuelle Manuela clôt ce défilé de charme. Elle ne doit probablement son salut face à Requin que du fait de la mort Corinne Dufour. Deux de ses collaboratrices assassinées dans le même film, cela aurait pu porter préjudice au prestige du Monsieur. Two is a crowd…
Mooraker, apprécié avec modération par une grande partie des fans de 007, constitue la preuve par l’exemple des ravages que le manque d’ambition narrative et le suivisme à tout crin peuvent susciter. C’est d’autant plus rageant que les talents artistiques et d’interprétation n’y font pas défaut, bien au contraire, mais asservis à une histoire totalement hors sujet dans le cadre d’un James Bond.
Moonraker, le plus cher des 007 de Roger Moore, marque un véritable big bang budgétaire, avec 34 millions de dollars, pour seulement 13 consacrés à L’espion qui m’aimait. Le public suivit, avec des recettes perçant pour la première fois le plafond des 200 millions de dollars (202,7), un exploit qui devra attendre Goldeneye pour être renouvelé. Par la suite le box office de Moore ne cessera de décroître. En France (sortie le 10 octobre), il réalisa 3 971 274 entrées. La décrue ultérieure allait s’avérer également inexorable dans l’Hexagone.
Mais l’apport principal de notre beau pays à Moonraker demeure ce grand comédien français qu’est Michael Lonsdale, au timbre si particulier. Il se montre impérial dans sa composition d’un Drax à l’ironie acérée, homme du monde dont le raffinement dissimule une folie mégalomaniaque d’une noirceur rarement atteinte par les autres adversaires de monde. Le ténébreux Lonsdale (à l’anglais parfait) intériorise éloquemment ce délire morbide et flirtant avec le nazisme : Drax sera un adversaire dont la déviance s’exprime par un sadisme glacé et un délire débité sur un ton faussement paisible, particulièrement déstabilisant. Sa brusque explosion de colère contre Requin n’en prend que plus d’impact, stupéfiant le spectateur. La prestation de Lonsdale s’impose comme le sauf-conduit d’un film qu’elle sauve de la déroute. On notera cependant une impossibilité supplémentaire quand les hurlements de Drax se poursuivront dans le vide : il est bien connu que, dans l’espace, personne ne vous entend crier.
On craint un moment que le tandem proverbial génie du mal / tueur inexorable ne puisse marcher que sur une seule jambe, tant le sbire ninja de Drax manque de personnalité, même si performant au combat. Heureusement il a la bonne idée de prestement quitter la scène, au profit du toujours imposant Requin. Celui-ci apporte un vrai coup de fouet à l’opposition mais l’on regrette que la prédisposition marquée du film pour un humour peu subtil s’étende jusqu’à lui. L’espion qui m’aimait lui avait apporté un équilibre parfait entre menace et drôlerie, mais cette dernière prédomine bien trop ici, le personnage devenant totalement cartoonesque. On a franchement l’impression de voir Vil Coyote traquer Bip Bip ! On atteint un paroxysme avec le final voyant Requin et sa blonde dulcinée saluer avec le sourire 007 tandis que la station par en morceaux… C’est d’une crétinerie stupéfiante, même si l’amateur des Avengers s’amusera à comparer le destin de Jaws à celui de Tara King, tous deux en orbite aux dernières nouvelles connues…
Roger Moore, qui commence doucement à prendre de l’âge, défend toujours excellemment sa version de Bond. Il conserve son panache et son brio au personnage, y compris au milieu des situations les plus déconcertantes. Il a fort à faire car sa compagne du jour ne vient que fort médiocrement à la rescousse. Lois Chiles (Dallas) est une fort jolie femme, mais la fadeur de son jeu rejoint le pu d’éclat de Holly Goodhead. Après le Major Amasova, les auteurs s’amusent à susciter une nouvelle pseudo rivale à 007, cette fois issue de l’Ouest. Bien entendu cela tourne encore plus court que précédemment, avec une comédienne de plus dépourvue de la flamme dégagée par Barbara Bach. Sa manière d’annoncer « c’est notre dernière chance, James » au moment de détruire la dernière capsule nous vaut un grand moment d’humour involontaire. On se croirait vraiment dans une caricature narquoise de Star Trek.
Au-delà de cette figure peu relevée, reconnaissons à Moonraker de se montrer peu chiche en figures féminines (étrangement silencieuses la plupart du temps). Il s’agit là d’un domaine où la France se devait de se montrer à la hauteur de sa réputation et le gant se voit relevé. Blanche Ravalec (Dolly), Anne Lonnberg (la guide), Catherine Serre (Comtesse Lubintski, Le Gendarme et les Gendarmettes) ou bien encore la rousse Françoise Gayat (Lady Victoria Devon) mettent fort bien en valeur leurs personnages. Corinne Cléry, révélée en 1976 par le sulfureux Histoire d’O domine cependant ce charmant aréopage par sa grâce et le joli brin d’authentique talent qu’elle manifeste. On ne peut que regretter que sa carrière se soit essentiellement limitée par la suite à des productions cantonnées au marché italien. Notons qu’en 1979 elle retrouvera Richard Kiel et Barbara Bach dans L’Humanoide (1979), nanar SF gratiné au dernier degré (vraiment), que l’on ne peut que vigoureusement recommander. La très sensuelle Manuela clôt ce défilé de charme. Elle ne doit probablement son salut face à Requin que du fait de la mort Corinne Dufour. Deux de ses collaboratrices assassinées dans le même film, cela aurait pu porter préjudice au prestige du Monsieur. Two is a crowd…
Mooraker, apprécié avec modération par une grande partie des fans de 007, constitue la preuve par l’exemple des ravages que le manque d’ambition narrative et le suivisme à tout crin peuvent susciter. C’est d’autant plus rageant que les talents artistiques et d’interprétation n’y font pas défaut, bien au contraire, mais asservis à une histoire totalement hors sujet dans le cadre d’un James Bond.
Moonraker, le plus cher des 007 de Roger Moore, marque un véritable big bang budgétaire, avec 34 millions de dollars, pour seulement 13 consacrés à L’espion qui m’aimait. Le public suivit, avec des recettes perçant pour la première fois le plafond des 200 millions de dollars (202,7), un exploit qui devra attendre Goldeneye pour être renouvelé. Par la suite le box office de Moore ne cessera de décroître. En France (sortie le 10 octobre), il réalisa 3 971 274 entrées. La décrue ultérieure allait s’avérer également inexorable dans l’Hexagone.
Estuaire44- Empereur
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Re: 11 - Moonraker - 1979
Quand je regarde Moonraker, j’arrête au moment du décollage dans la fusée…
Invité- Invité
Re: 11 - Moonraker - 1979
Je serai moins féroce que les "posteurs" précédents envers cet opus revu hier.Si les invraisemblances,lors de la bataille dans l'espace,sautent aux yeux (on peut admettre que Drax,en tant que diabolical mastermind patenté,bénéficie d'un matériel futuriste,mais que l'armée US dispose en 1980 de rayons laser starwarsiens,ça ne tient pas la route),l'ensemble du film est moins caricatural que par ex. "Vivre..." rediffusé la semaine précédente.La gondole-hovercraft n'est pas plus absurde qu'une voiture sous-marin...On notera que James entame avec entrain la destruction de Venise qu'il poursuivra méthodiquement quelques décennies plus tard,preuve qu'il a de la suite dans les idées.
On retient bien sur la prestation de Lonsdale,dans le role qui l'a vraiment révélé au grand public.Retour de Kiel en "Requin" que 007 traite méchamment de "tueur au petit pied" (mais aux dents longues!),sa romance finale et son changement de camp ne s'imposaient pas.Je me souviens qu'il avait participé à une émission télé à la sortie du film.
Je regrette l'élimination rapide de la toute belle Corinne Clery,dont la fuite dans la forèt m'a rappelé une scène un peu similaire dans "La Bete" de Walerian Borowczik (pas sur de l'orthographe)
Comme souvent,les scènes de poursuite sont un peu longuettes.Séquences "à faire" (parachute,téléphérique...) réussies,on reste scotché sur son canapé meme si l'issue ne fait aucun doute!
Le coté "tour du monde" (USA,Brésil,Italie...)fait aussi partie des règles du jeu,mais parait cette fois un peu artificiel.L'aspect "catalogue de vente" n'est pas encore trop voyant.Pour la 2ème fois James utilise une Seiko LCD,avec laquelle il plonge.Des possesseurs de cette montre en ont fait de meme,las,elle n'était pas encore étanche à cette date,du coup son fabricant a du remettre...les pendules à l'heure en la transformant en "waterproof"!
On retient bien sur la prestation de Lonsdale,dans le role qui l'a vraiment révélé au grand public.Retour de Kiel en "Requin" que 007 traite méchamment de "tueur au petit pied" (mais aux dents longues!),sa romance finale et son changement de camp ne s'imposaient pas.Je me souviens qu'il avait participé à une émission télé à la sortie du film.
Je regrette l'élimination rapide de la toute belle Corinne Clery,dont la fuite dans la forèt m'a rappelé une scène un peu similaire dans "La Bete" de Walerian Borowczik (pas sur de l'orthographe)
Comme souvent,les scènes de poursuite sont un peu longuettes.Séquences "à faire" (parachute,téléphérique...) réussies,on reste scotché sur son canapé meme si l'issue ne fait aucun doute!
Le coté "tour du monde" (USA,Brésil,Italie...)fait aussi partie des règles du jeu,mais parait cette fois un peu artificiel.L'aspect "catalogue de vente" n'est pas encore trop voyant.Pour la 2ème fois James utilise une Seiko LCD,avec laquelle il plonge.Des possesseurs de cette montre en ont fait de meme,las,elle n'était pas encore étanche à cette date,du coup son fabricant a du remettre...les pendules à l'heure en la transformant en "waterproof"!
Nicolas- Marquis(e)
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Re: 11 - Moonraker - 1979
J'aime bien ce Bond, comme tous les Bond-Moore d'ailleurs (sauf "Dangereusement vôtre", là faut pas exagérer non plus ).
séribibi- Roi (Reine)
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Date d'inscription : 13/12/2007
Re: 11 - Moonraker - 1979
Je ne regarde plus les Bond à la télé, je les ai tous en VHS et DVD. Mais "Moonraker" qui m'avait déçu à l'époque fait figure de chef d'oeuvre à côté de Quantum of solace aujourd'hui.
La télévision ne les diffuse pas dans l'ordre et si j'ai envie de me faire une cure 007, je les regarde à partir de dr no. Il y en a un qui est monté dans mon estime, c'est "On ne vit que deux fois", alors que le suivant que j'encensais jadis manque cruellement de la présence de Sean Connery.
C'est triste mais ce reboot sans gunbarrel, c'est toute une époque qui a été fichue en l'air. Il faudrait pouvoir (mais je ne sais pas faire) remonter les films avec Craig en y ajoutant le gunbarrel, certains se sont amusés à le faire d'après Kevin/Lord Sinclair avec "Jamais plus jamais".
La télévision ne les diffuse pas dans l'ordre et si j'ai envie de me faire une cure 007, je les regarde à partir de dr no. Il y en a un qui est monté dans mon estime, c'est "On ne vit que deux fois", alors que le suivant que j'encensais jadis manque cruellement de la présence de Sean Connery.
C'est triste mais ce reboot sans gunbarrel, c'est toute une époque qui a été fichue en l'air. Il faudrait pouvoir (mais je ne sais pas faire) remonter les films avec Craig en y ajoutant le gunbarrel, certains se sont amusés à le faire d'après Kevin/Lord Sinclair avec "Jamais plus jamais".
Invité- Invité
Estuaire44- Empereur
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Date d'inscription : 10/04/2007
Re: 11 - Moonraker - 1979
Gerry Anderson proposa une adaptation de Moonraker à Eon en 1973 , à la demande de Harry Saltzman himself .
Avant que Roger Moore ne signe même pour Vivre et Laisser Mourir !
Nombre de ses idées se retrouvèrent ensuite mysterieusement dans différents scripts de l' Espion qui m'aimait , à tel point qu'il poursuivit alors Eon en justice et finit par obtenir gain de cause ...
Tous les détails dans mon prochain bouquin ...
Avant que Roger Moore ne signe même pour Vivre et Laisser Mourir !
Nombre de ses idées se retrouvèrent ensuite mysterieusement dans différents scripts de l' Espion qui m'aimait , à tel point qu'il poursuivit alors Eon en justice et finit par obtenir gain de cause ...
Tous les détails dans mon prochain bouquin ...
Re: 11 - Moonraker - 1979
Je suis en train de relire le bouquin de fleming "entourloupe dans l'azimut" (moonraker) et le trouve vraiment mauvais.
De plus Bond étant au MI6 ne peut intervenir en territoire anglais,alors que l'affaire relève de MI5 ou Scotland yard. Toute l'action se passe vers Douvres.
C'était vraiment inadaptable en l'état à l'écran, même du temps des premiers Sean Connery.
De plus Bond étant au MI6 ne peut intervenir en territoire anglais,alors que l'affaire relève de MI5 ou Scotland yard. Toute l'action se passe vers Douvres.
C'était vraiment inadaptable en l'état à l'écran, même du temps des premiers Sean Connery.
Invité- Invité
Re: 11 - Moonraker - 1979
Sir Mallory a écrit:Gerry Anderson proposa une adaptation de Moonraker à Eon en 1973 , à la demande de Harry Saltzman himself .
Avant que Roger Moore ne signe même pour Vivre et Laisser Mourir !
Nombre de ses idées se retrouvèrent ensuite mysterieusement dans différents scripts de l' Espion qui m'aimait , à tel point qu'il poursuivit alors Eon en justice et finit par obtenir gain de cause ...
Tous les détails dans mon prochain bouquin ...
On se demande bien pourquoi lors de la première mouture de "L'espion qui m'aimait" (source Bondmag 009/juin 1994), le scénariste Cary Bates proposait une adaptation de ... Moonraker, avec Hugo Drax, kidnappant un sous marin nucléaire, aidé de deux tueurs pluto et plato, et avec le retour de tatiana romanova de FRWL. Si on avait utilisé Hugo Drax pour l'espion qui m'aimait, le nom était perdu pour une adaptation de Moonraker ensuite.
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Re: 11 - Moonraker - 1979
Revu ce soir "Moonraker" qui comportait quelques bons moments que j'avais oublié (La centrifugeuse, les girl surtout corinne dufour/corinne clery, ), on retrouve l'atmosphère de "Vivre et laisser mourir", alors que je n'avais retenu que les gags. Le film rappelle aussi "les diamants sont éternels". Le dernier Bond de Bernard Lee. Le film aurait été cent fois mieux avec moins d'humour (le chris craft à Venise). A partir de Rio, le film part en quenouille. J'ai failli le mettre dernier.
1. L'homme au pistolet d'or
2. Goldfinger
3. On ne vit que deux fois
4. Opération tonnerre
5. L'espion qui m'aimait
6. Vivre et laisser mourir
7. Les diamants sont éternels
8. Bons baisers de Russie
9. Moonraker (abus de scènes d'humour)
10. James Bond contre dr no (a mal vieilli)
11. Au service secret de sa majesté (raté)
1. L'homme au pistolet d'or
2. Goldfinger
3. On ne vit que deux fois
4. Opération tonnerre
5. L'espion qui m'aimait
6. Vivre et laisser mourir
7. Les diamants sont éternels
8. Bons baisers de Russie
9. Moonraker (abus de scènes d'humour)
10. James Bond contre dr no (a mal vieilli)
11. Au service secret de sa majesté (raté)
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Re: 11 - Moonraker - 1979
C'est plus trop la même maintenant.Patricks a écrit:Revu ce soir "Moonraker" qui comportait quelques bons moments que j'avais oublié (La centrifugeuse, les girl surtout corinne dufour/corinne clery, )
séribibi- Roi (Reine)
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Re: 11 - Moonraker - 1979
Ce film contient la cascade la plus incroyable de la série : le saut en parachute lors de la séquence prégénérique. Il serait impensable de reproduire une chose pareille de nos jours, tout serait truqué !
séribibi- Roi (Reine)
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Re: 11 - Moonraker - 1979
Corinne Cléry de retour à Vaux-le-Vicomte
http://www.leparisien.fr/seine-et-marne-77/vaux-le-vicomte-la-james-bond-girl-de-1979-de-retour-sur-les-lieux-du-tournage-20-10-2018-7924068.php
http://www.leparisien.fr/seine-et-marne-77/vaux-le-vicomte-la-james-bond-girl-de-1979-de-retour-sur-les-lieux-du-tournage-20-10-2018-7924068.php
Estuaire44- Empereur
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