Eurovision

Appréciation partagée mais le mot "formaté" est très juste.

A une réserve près : ils chantent tous en espagnol ! Comment ? Ils n'ont pas encore compris qu'au concours NRJ Award Europe+ Australie et Kazakhstan, défendre sa langue natale est rédhibitoire ! Pas assez "international". Mais bravo à elles et à eux.

Après écoute des versions intégrales, ma préférence va à la mélodieuse Galicienne Yoly Saa, qui outre l'interprétation de ses propres chansons, est également compositrice pour Luz Casal. J'aime bien l'idée d'aller à l'Eurovision avec un clip mexicain et des percussions sud-américaines, c'est assez ultime comme stratégie de la win. Et puis la voiture du clip me parle.

Une préfiguration de l'Eurovision 2024 ? Non, je rêve là...

A part ça, l'Eurovision n'est pas politique :

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Le Festival de Benidorm est sur le point de débuter. Comme chaque année, à travers plusieurs télécrochets diffusés sur TVE, ce sera l'occasion pour le public de choisir la chanson représentant l'Espagne à l'Eurovision. Rendez-vous le samedi 03 février pour connaître le résultat. Les candidats ont chacun réalisé un clip, dont Yoly Saa, que décidément j'aime bien.

Et se prend une polémique dans les dents !

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Vox et la presse ultra conservatrice (abc) sont également vent debout contre la chanson, notamment pour les tenues très queer des danseurs et pour être ultra Woke (comme quoi...). Pedro Sánchez a cette fois répondu que la fachosphère aurait sans doute préféré Cara al Sol, mais que la chanson lui plaisait bien comme était.  Œuvre de Primo de Rivera, Cara al Sol fut l'hymne de la Phalange puis de l'armée nationaliste durant la Guerre civile, et enfin du Movimiento durant tout le régime franquiste. L'équivalent de notre Maréchal, nous voilà, en quelque sorte ...

Face au soleil avec ma nouvelle chemise
que tu brodas de rouge hier,
si la mort me trouve et qu'elle m'emporte,
et que je ne te voie plus jamais.

Je prendrai place aux côtés de mes compagnons
qui montent la garde sur les étoiles,
l'air impassible,
présents dans notre effort.

Si on te dit que je suis tombé,
c'est que je suis parti à la place qui m'attend là-haut.

Reviendront victorieux, les drapeaux
au pas allègre de la paix,
arborant 5 roses,
les flèches de mon faisceau.

Il rira de nouveau le printemps,
que les cieux, la terre, la mer espèrent.

Debout, légions, vainquez,
car en Espagne, l'aube commence à poindre.

Tout à fait, cela fait partie des contradictions et complexités de Primo de Rivera, ce fasciste absolu qui fut parfois surnommé le "Romantique" pour le lyrisme de ses textes. Il compta de nombreux amis à gauche, mais aussi chez les poètes et les artistes de son temps. Il fut ainsi très proche de Salvador Dali et Federico García Lorca, qu'il tenta de rallier à la Phalange et avec qui il partagea le même destin.

En fait, ce n'est pas si surprenant car une partie du fascisme vient de la gauche. Mussolini était un instituteur socialiste et le titre officiel du parti nazi est "parti national-socialiste des travailleurs allemands".

Maintenant parler de "fascisme" pour l'Espagne m'interroge un peu (je fais mon historien pointilliste). D'abord, sa définition est complexe (cf. Pierre Milza, >Les fascismes, Point-Seuil). Ensuite, il est polémique. A l'exception de l'Italie (le seul régime authentiquement "fasciste"), il n'est quasiment jamais repris par ceux à qui on l'accole mais toujours employé par leurs adversaires de gauche pour qui, est "fasciste" tous ceux qui s'opposent à leurs idéaux.

En outre, dans le fascisme, tel que Mussolini l'a défini, il y a l'idée d'un "homme nouveau". Le fascisme a fait bon ménage avec le futurisme de Marinetti. Il croit en la modernité, le machinisme, la vitesse. Alors que la droite espagnole est conservatrice. Le fascisme italien s'est accommodé de la monarchie pour gouverner mais a terminé en régime républicain (à Salo) alors que Franco est un monarchiste pur sucre (il a d'ailleurs rétabli formellement la monarchie dès 1947). En outre, le fascisme est anti-religieux ce que ne fut ni Primo de Rivera et encore moins Franco. Il y a sans doute eu d'authentiques fascistes en Espagne (je pense au beau-frère du Caudillo Ramon Serrano Suner) mais ils furent vite mis à la niche.

Toutefois, ce que j'apprends sur Primo de Rivera m'incite à vouloir trouver une biographie sur le personnage. J'ai le sentiment de le connaître trop peu et mal.

Qu'il s'agisse d'une droite réactionnaire et ultra catholique et non pas de Fascisme à l'état chimiquement pur, je dirais plutôt cela du père, le dictateur des années 1920. Concernant le fils, il a toujours installé le Fascisme italien comme référence de ses écrits. C'est d'ailleurs l'arrivée d'Hitler au pouvoir en janvier 1933 qui lui donnera l'impulsion pour créer la Phalange, en octobre de la même année. Il multipliera les signes de convergence : uniformes, salut archétypal, et jusqu'à une reprise visuelle de ces faisceaux antiques ayant donné son nom au Fascisme.

Dans ce qu'il appelait le "national-syndicalisme", socle idéologique cette Phalange première version, on trouve des éléments très proches du Fascisme, y compris dans sa volonté de restauration d'un Empire historique et d'affirmation de l'unité nationale sur les séparatismes (la droite traditionaliste compose avec). Il y a bien quelques références au Catholicisme, mais étonnamment peu. D'ailleurs dans les paroles  de Cara al Sol, composée à cette époque,  quand il évoque les héros tombés au combat il parle de « là-haut » et d'« étoiles », non pas du Paradis, du Christ-Roi ou des Saints. Pour la droite espagnole de l'époque, c'est quasiment un texte laïc (je n'ose pas écrire "athée"). Certains éléments du Fascisme manquent également, comme effectivement la volonté de construire un Homme nouveau. Car, enfin, pourquoi vouloir créer un Homme nouveau quand on est Espagnol ?

Au fil des années 30, pour agrandir son mouvement demeuré restreint, car justement exogène à la culture espagnole, il intégrera dans la Phalange différents partis de droite traditionaliste. Son indéniable charisme personnel y joue pour beaucoup, le prestige de son nom également Cela accroîtra l'influence du Catholicisme (et de l'armée) au sein du mouvement, mais il s'agira alors d'opportunisme politique, pas de conviction pure. Après l'exécution de Primo de Rivera, Franco au pouvoir amplifiera cette évolution jusqu'à substituer le Movimiento à la Phalange et ce l'on a pu nommer le "National-Catholicisme" à cette brève tentative d'un Fascisme espagnol. Le régime franquiste mettra "l'Absent" au cœur de sa propagande, mais le Caudillo, qui n'éprouva jamais qu'un mépris glacial pour tout ce qui ne provenait pas de la Sainte Terre d'Espagne, se défiera toujours de cette "pensée italienne". Dieu, le Caudillo et l'Espagne, cela suffira toujours.

Il fallait s'y attendre : l'émission satirique de la chaine catalane TV3 vient de proposer sa propre version de la chanson, en substituant "Facha" (facho) à "Zorra" et nulle autre qu'Isabel Diaz Ayuso à Nebulossa. S'en suit un bilan totalement délirant de son action chanté haut et clair par Isabel et la promesse que l'on en a encore rien vu car "mon heure approche". Les deux chanteurs sexy (?) l'accompagnant sont son féal Almeida, maire de Madrid, et Aznar, ancien Président du Gouvernement et éternelle Statue du Commandeur du PP. Tous deux suent sans et eau à l'idée de qui va devoir annoncer à Albert (le Galicien) qu'il est viré. Et honnêtement elle se laisse écouter cette chanson, je dois dire.  

C'est génial comme truc ! Et elle s'écoute très bien effectivement cette chanson !

La vidéo est devenue totalement virale, Isabel a même dû y réagir hier lors d'une grande interview télé. Cela ne lui a d'ailleurs pas déplu, elle a déroulé sur la "jalousie naturelle" qu'inspire Madrid, et puis, comme disait Oscar Wilde : "Qu'on parle de vous, c'est affreux. Mais il y a une chose pire : c'est qu'on n'en parle pas."

La vidéo a été réalisée par la même équipe que celle sur Manuel Valls quittant Barcelone, qui avait également fait du bruit chez nous.

Israël participera bien à l'Eurovision :

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Les organisateurs avaient peur d'une ambiance un peu Mossad...

Nouvelle polémique avec Israël :

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Un grand classique de la diplomatie : ne pas pas refuser une proposition (ici la participation d'Israël) mais l'assortir de telles conditions que l'on sait pertinemment que l'autre partie ne pourra que dire non. C'est déjà ce que Franco avait pratiqué face à Hitler lors de l'Entrevue d'Hendaye (mais aussi à celles de Bordighera et Montpellier) : ne pas dire non à une entrée en guerre de l'Espagne, mais demander en échanger des territoires que ni l'allié italien ou vichyssois ne voulaient lui concéder. C'est une méthode aussi efficace que cynique.

Cette fois, c'est bon pour Israël :

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Deux Français pour représenter l'Arménie :

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