Donna Summer 1948-2012

Voilà, excellent résumé: la classe, c'est ce qui la distinguait de nombre de ses consoeurs. J'étais et je reste un grand fan de Donna Summer, qui est même numéro 2 au classement de mes artistes musicaux préférés. Hier soir encore je me suis passé quelques extraits de spectacles et clips trouvés sur YouTube, car hélas! il n'existe pas de "Ultimate Donna", aucune compilation en DVD regroupant ses meilleures chansons, et pourtant il y en avait.

On parle beaucoup de son décès aujourd'hui à la télévision, alors même que ses plus grands succès datent des années 70 et, à un dégré moindre, 80, mais elle a tellement marqué son époque...

Ce qu'ils oublient de mentionner, c'est le rôle essentiel joué par l'italo-germano-suisse Giorgio Moroder dans sa carrière. Tous ses tubes des années 70 sont l'oeuvre du duo Moroder-Pete Bellotte. Moroder est un bon compositeur, mais son génie réside dans le fait qu'il est un arrangeur exceptionnel, et si je préfère Donna à nombre d'autres artistes américains, c'est probablement car ses chansons étaient composées par des européens. Quand elle a quitté Moroder-Bellotte au début des années 80, sa carrière a décliné, malgré le succès de "She works hard for the money" (moi, je n'aime pas trop...). Elle n'a retrouvé le sommet qu'à l'occasion de l'album de 1989, fruit d'une collaboration avec Stock, Aitken et Waterman, notamment grâce à l'excellent "Love's about to change my heart", construit comme ses tubes des années 70 pour mettre en valeur sa voix exceptionnelle: début comme une ballade puis brusques envolées. Le trio de producteurs londoniens était très fier de travailler avec une de leurs idoles, et encore une fois ses meileures chansons étaient l'oeuvre d'européens...

Mes chansons préférées restent le fameux "Last dance" et le légendaire "I feel love". Dans les médias, ils parlent plus du tube qui l'a fait connaître, "Love to love you, baby", que de "I feel love", mais "I feel love" est exceptionnel dans le genre musique électronique au rythme hypnotique, beaucoup plus que "Love to love you, baby".

J'adore aussi "One upon a time", "Dim all the light", "Love's about to change my heart", un morceau moins connu comme "Journey to the center of my heart", mais aussi "Wasted", "Could it be magic", "On the radio", "MacArthur Park". Les chansons purement disco, basées sur des vocaux très aigus et des arrangements violons-guitare basse restent mes préférées, mais j'aime aussi beaucoup la période qui a suivi quand, dès 1977, Moroder évoluait déjà vers la New-Wave avec l'album "Bad Girls", d'où est extrait le duo inséparable "Hot Stuff-Bad Girls". "Hot Stuff" est sans doute la chanson qui a le plus marqué en France puisque lorsqu'ils passent Donna à la radio, c'est celle-ci qui revient le plus souvent.

Donna s'est fait connaître par des chansons où, sur idée de Giorgio Moroder, elle poussait des cris érotiques, quasi orgasmiques, puis un album comme "Bad Girls" ayant pour thème les prostituées, avec un morceau intitulé "Hot Stuff", et sans qu'il n'y ait chez elle la moindre once de vulgarité. Par la suite, elle s'est tournée vers la religion. De famille très croyante, elle était devenue limite intégriste, et avait perdu de sa popularité auprès de son public homosexuel, qui lui était acquis depuis "I feel love" (morceau repris par plusieurs "icônes" gay comme Kylie Minogue, Madonna et Jimmy Somerville), en tenant paraît-il des propos extrêmement durs contre les homos, ce qu'elle avait contesté par la suite.

Le seul de ses concerts édité en DVD date d'un concert spécial pour la télévision: "Live and more et encore", datant de 1999. Intéressant, même si je regrette que les musiciens n'aient pas repris les excellentes lignes de basse des titres originaux, ce qui est gênant pour des titres comme "Last dance" ou "On the radio". Par contre, l'entrée en matière est excellente avec une version de "MacArthur Park" supérieure à l'original, où l'on voyait qu'elle n'avait rien perdu de sa voix.

Sa voix, justement, c'est ce qui la distinguait de la plupart de ses homologues de la pop et du disco. Habituellement, les "grandes voix" ne font pas carrière dans ce style de musique (voir Aretha Franklin, qui avait un style très différent). Elle était probablement la seule véritable grande voix qui exerçait dans le style pop/dance/disco, et c'est aussi ce qui faisait sa spécificité et la raison pour laquelle elle était une de mes idoles.

A propos de grandes voix, elle avait fait un duo avec Barbra Streisand, accouché dans la douleur puisqu'à l'époque, la prétentieuse Streisand la considérait comme une "nouvelle venue sans talent" . Barbra Streisand ne chantera jamais ce "no more tears (enough is enough)" (pourtant le seul morceau apprécié par le fils de Streisand dans le répertoire de sa mère...), alors que cette très bonne chanson narrant l'histoire d'une femme se révoltant contre ce que son mari lui fait subir fut très souvent au programme des concerts de Donna. En 1999, elle l'a chantée en duo avec Tina Arena.

Donna avait aussi repris en anglais le "Con te partiro" du chanteur italien aveugle, devenu "I will go with you".

Ce soir, je suis triste. Je ne savais pas que Donna était malade, au contraire d'Aretha Franklin (dont on peut craindre qu'elle ne la rejoigne un de ses jours car le cancer du pancréas laisse rarement plus de 2 ans de survie), donc cette nouvelle m'a stupéfait.

Plus ça va, plus je suis persuadé que je porte la poisse. Le malheur s'est abattu sur la plupart des gens que j'aime le plus, parents ou célébrités: ma maman est décédée à 72 ans suite à une tragédie, Louis de Funès est mort à 69 ans, Kylie Minogue a eu un cancer à 37 ans, et maintenant Donna Summer qui meurt du cancer à 63 ans.

Si vous voulez vous faire vieux, faites en sorte que je ne vous aime pas...

J'aime quelques chansons de Michael Jackson, mais c'est vrai qu'il n'arrivait pas à la cheville de Donna, ni même à son talon, d'ailleurs.

Oui, très bon choix que la version maxi de "Il feel love". Il existe même un remix de 15 minutes de Patrick Cowley, mais moins réussi que la version que tu as mise en ligne.

Disons que pour moi, si ce n'est pas l'équivalent pour toi du décès de Muriel Baptiste, cela s'en approche assez tout de même. C'est vrai qu'elle ne sortait plus guère de disques, son dernier abum remonte à 2008, je ne l'avais pas acheté car il était de style RnB, donc pas trop mon truc. C'est clair que sa grande période, c'est les années 70, un peu les années 80, puis elle a surtout vécu sur son acquis comme nombre d'artistes.

Par contre, elle faisait encore pas mal de prestations live, à les regarder sur YouTube on voit qu'elle avait beaucoup grossi, peut-être est-ce le coeur qui n'a pas supporté son traitement.

D'après ses proches, son cancer du poumon serait dû à des substances toxiques qu'elle aurait inhalées le 11 septembre 2001 suite à l'effondrement des tours jumelles. Elle ne doit pas être la seule dans ce cas, ce nuage de poussières a dû provoquer pas mal de dégâts à retardement, un peu comme la radioactivité va en faire à Fukushima.

Il y a controverse sur cet album. Certains le considèrent comme bâclé, d'autres comme très bon. Je fais partie de la seconde catégorie puisque c'est mon préféré, juste devant "Bad girls" et "A love trilogy". Hormis le concept même de ce double album, le conte de fées qui en fait fait l'équivalent audio d'une comédie musicale, Moroder et Bellotte ont trouvé les instruments idéaux, plus encore que sur les précédents. Voir la basse sur la première partie, excellente, avec le fameux "Once upon a time" (une de mes préférées tous albums confondus), mais aussi "Fairy tale high" et "Say something nice".

Passons sur les ballades du milieu de l'album (je n'ai jamais adhéré aux ballades de Donna), "Dance into my life" est très agréable. Puis "Rumour has it" est en effet excellent. Je suis moins convaincu par "I love you", mais en revanche très enthousiaste pour "Happily ever after", deuxième meilleur morceau de l'album après "One upon a time".

Un album en tous cas très caractéristique du style disco.