Elvire
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Dearesttara
Lala
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CHAPEAU MELON ET BOTTES DE CUIR - LE MONDE DES AVENGERS :: Le CAFÉ Avengers (Ouvert sous modération)
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Elvire
Et voilà la dernière création des Poussins Terribles.
Une pièce d'avantage destinée aux adultes
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Elvire, fille de ministre, rencontre un homme dont elle ignore tout. Celui-ci va la posseder jusqu'à épuisement et la quitter. Privée de tout repère, la jeune femme perd peu à peu la raison.
Elvire raconte le parcours sentimental et chaotique d'une femme. Du rêve amoureux à la désillusion. De la stabilité à la transmission de la folie.
Date: 18,19,26 Juillet à 21h.
Une pièce d'avantage destinée aux adultes
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Elvire, fille de ministre, rencontre un homme dont elle ignore tout. Celui-ci va la posseder jusqu'à épuisement et la quitter. Privée de tout repère, la jeune femme perd peu à peu la raison.
Elvire raconte le parcours sentimental et chaotique d'une femme. Du rêve amoureux à la désillusion. De la stabilité à la transmission de la folie.
Date: 18,19,26 Juillet à 21h.
Lala- Duc(hesse)
- Age : 38
Localisation : Paris
Date d'inscription : 05/10/2005
Re: Elvire
Rraaaaaaah, je suis au Portugal pendant toute la seconde quinzaine de juillet. Je ne pourrais pas être là...
Dommage, car la passion amoureuse, jusqu'à la folie, c'est un de mes thèmes favoris.
Bonne chance, Lala. Et s'il y'a une reprise ensuite, n'hésite pas...
Dommage, car la passion amoureuse, jusqu'à la folie, c'est un de mes thèmes favoris.
Bonne chance, Lala. Et s'il y'a une reprise ensuite, n'hésite pas...
Dearesttara- Roi (Reine)
- Age : 33
Localisation : Charenton (94)
Date d'inscription : 08/02/2010
Re: Elvire
Justement nous jouons pendant le mois de Septembre au Théâtre du Temps
Lala- Duc(hesse)
- Age : 38
Localisation : Paris
Date d'inscription : 05/10/2005
Re: Elvire
Un rapport avec Don Juan ?
Pour les mêmes raisons, ce sera plutôt en Septembre pour moi aussi. Par ailleurs cela m'intéresserait vraiment s'il y avait des matinées (histoire de revenir dans mon Val de Marne pas trop tard. en métro...). Pas encore de représentations et déjà un public exigeant.
Pour les mêmes raisons, ce sera plutôt en Septembre pour moi aussi. Par ailleurs cela m'intéresserait vraiment s'il y avait des matinées (histoire de revenir dans mon Val de Marne pas trop tard. en métro...). Pas encore de représentations et déjà un public exigeant.
Estuaire44- Empereur
- Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007
Re: Elvire
Et bien ça a un rapport avec Don Juan dans le sens où on s'inspire du personnage de Dona Elvire mais pour la transposer au 21e siècle afin de parler de la condition des femmes. Une Elvire et un Juan c'est quoi aujourd’hui ? Ba quelque chose de plutôt malsain dans le sens où elle est totalement aliénée par un manipulateur.
Des représentations dans la matinée ? Heu...Non pas pour l'instant :)Mais venez quand même il y en aura pour tous les goûts: de l'amour, de l'alcool, un club sado-masochiste (et costumes qui vont avec), des sous-entendus, un rapport de force.
Des représentations dans la matinée ? Heu...Non pas pour l'instant :)Mais venez quand même il y en aura pour tous les goûts: de l'amour, de l'alcool, un club sado-masochiste (et costumes qui vont avec), des sous-entendus, un rapport de force.
Lala- Duc(hesse)
- Age : 38
Localisation : Paris
Date d'inscription : 05/10/2005
Re: Elvire
Lala a écrit: il y en aura pour tous les goûts: de l'amour, de l'alcool, un club sado-masochiste (et costumes qui vont avec), des sous-entendus, un rapport de force.
Y'a pas à dire, t'as un don pour faire ta réclame !
Dearesttara- Roi (Reine)
- Age : 33
Localisation : Charenton (94)
Date d'inscription : 08/02/2010
Re: Elvire
Vu la programmation sur Internet pour septembre au Théâtre du Temps (après le Passage vers les Etoiles, c'est très Doctor Who tout ça). Je viendrai à l'une des séances du dimanche, sans doute le 01/09. La nouvelle affiche est bien, je préférais un peu l'ancienne.
Estuaire44- Empereur
- Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007
Re: Elvire
Quand tu seras plus sûr, préviens-moi que je t'accompagne.
Dearesttara- Roi (Reine)
- Age : 33
Localisation : Charenton (94)
Date d'inscription : 08/02/2010
Re: Elvire
Moi, je veux savoir qui va être masochisté(e) ?
Philo- Fondateur
- Age : 72
Localisation : Paris
Date d'inscription : 01/10/2005
Re: Elvire
Lala cherche un figurant, si le coeur t'en dit...
Réservation enregistrée pour le 1/09 à 16h ! J'amène des accessoires (va voir s'il reste des chaînes et des fouets...).
Réservation enregistrée pour le 1/09 à 16h ! J'amène des accessoires (va voir s'il reste des chaînes et des fouets...).
Dearesttara- Roi (Reine)
- Age : 33
Localisation : Charenton (94)
Date d'inscription : 08/02/2010
Re: Elvire
Si le moustachu est à quatre pattes en string cuir avec une muselière dans la pièce, je viens !
Invité- Invité
Re: Elvire
Si le chauve vient avec un gode dans le cul et l'autre dans la bouche, je viens en string cuir et muselière.
Philo- Fondateur
- Age : 72
Localisation : Paris
Date d'inscription : 01/10/2005
Re: Elvire
Etant malheureusement bloqué au boulot, je ne pourrai aller qu'à la séance du dimanche 15.
Estuaire44- Empereur
- Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007
Re: Elvire
Rôôôôôôôôôôô. J'aurais souhaité que l'on y soit tous les deux. Bon, tant pis. Sauf contrordre, je serai pour ma part bien là demain.
Dearesttara- Roi (Reine)
- Age : 33
Localisation : Charenton (94)
Date d'inscription : 08/02/2010
Re: Elvire
On a les photos après ?Philo a écrit:Si le chauve vient avec un gode dans le cul et l'autre dans la bouche, je viens en string cuir et muselière.
Evelyne- Duc(hesse)
- Age : 58
Localisation : Toulon (83)
Date d'inscription : 14/03/2008
Re: Elvire
J'y serai aussi !Estuaire44 a écrit:Etant malheureusement bloqué au boulot, je ne pourrai aller qu'à la séance du dimanche 15.
mrs.peel6568- Modératrice
- Age : 31
Localisation : Paris
Date d'inscription : 29/11/2009
Re: Elvire
Compte à rebours lancé, Lala est dans les startings block !
Estuaire44- Empereur
- Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007
Re: Elvire
Ok, je pense que je vais réserver aussi pour le 15. Plus on est de cinglés, puis on zygomatise !
Dearesttara- Roi (Reine)
- Age : 33
Localisation : Charenton (94)
Date d'inscription : 08/02/2010
Re: Elvire
Merci à ce petit gredin de Dearesttara qui m'a fait finalement la surprise de venir aujourd’hui .
Lala- Duc(hesse)
- Age : 38
Localisation : Paris
Date d'inscription : 05/10/2005
Re: Elvire
Your welcome !
ELVIRE
REVIEW SANS SPOILERS.
Scénario : Laura Dallo et Guilhem Loupiac
Mise en scène : Guilhem Loupiac
Distribution : Axelle Delisle (Elvire), Vincent Marbeau (Juan), Anna Apresyan (rôles divers), Laura Dallo (Amandine), Guilhem Loupiac (Ben)
Transposition fidèle au départ, puis prenant plus de liberté, de l'épouse de Don Juan dans notre XXIe siècle, Elvire est toutefois bien loin de se résumer à un exercice de style. Tant dans un scénario subtilement agencé qu'une mise en scène évocatrice, la pièce démontre une remarquable maîtrise de ce genre malaisé qu'est le drame sentimental, parfois mâtiné de moments comiques qui loin de désamorcer la tragédie ne font que la renforcer, selon un principe cher à Eugène Ionesco.
La première chose qui frappe est la qualité littéraire du texte. Plus proche de Rohmer qu'un Judd Apatow - malgré tout le respect que j'ai pour ce dernier - les dialogues sont admirablement ciselés, et déclamés de surcroît par un casting résolument impeccable et très professionnel. Que ce soient des monologues de folie, des dialogues douloureux mais sans pathos, chaque mot a son importance, chaque réplique est soigneusement calculée. Contrairement à un plaisant mais sous-écrit Marouchka et Molotoff dont les 30 minutes paraissaient parfois longs, rien de tel dans une Elvire deux fois plus longue mais ne souffrant aucune baisse de régime. Le tempo reste modéré mais c'est pour mieux ressentir toutes les frustrations de l'héroïne, toute sa rage d'avoir fait l'expérience de l'amour à sens unique, qui suit un crescendo progressif - via le chagrin, la folie, puis la vengeance - jusqu'à une double explosion finale cependant discutable.
En sept scènes et autant d'atmosphères très différentes, une lente descente aux enfers conduite de main de maître. La tragédie des différents tableaux de l'exposition cède la place à une hilarante scène de pantomime que n'aurait pas renié les Marx Brothers. Avec seulement quelques sons, et des acteurs allant dans tous les sens dans un accelerando burlesque, la scène se révèle in fine dramatique par sa fin brutalement douloureuse. Une dramedy somptueuse qui prend encore plus d'ampleur dans une scène d'anniversaire dirigée par notre Lala nationale. Comme à son habitude, Lala nous démontre que dans le rôle du taureau dans un magasin de porcelaine rouge, elle n'a de leçons à recevoir de personne. Si Lala a le rôle le plus comique, elle a aussi le rôle le plus tragique, car elle incarne une fille vulgaire et misandre, seul rempart qu'elle ait trouvé pour ne pas se laisser bouffer par des hommes aussi salauds qu'elle.
En revanche, le rôle du Nice Guy, intimidé par une Elvire devenue froide et impérieuse, manque singulièrement de charisme, et amoindrit même le but recherché qui était de montrer une Elvire incapable de s'engager de nouveau. Car Ben a autant de charme qu'une huitre dessechée, le talent de Guilhem Loupiac n'est pas en cause, mais son rôle détonne auprès de tous. Dois-je le dire ? Cela m'a un peu gêné. Il est le pendant du Don Ottavio de l'opéra de Mozart, l'autre influence de la pièce, mais quand on sait que malgré ses superbes airs de ténor, Ottavio a un intérêt dramatique limité... L'autre influence de Molière et Da Ponte est quand Elvire tente - sans succès - d'avertir les futures proies du séducteur. Anna Apresyan incarne avec talent ces femmes dont le désir fait perdre la tête, tout en se montrant d'une remarquable dureté. La scène 5 est un mémorable échange où chacune tente de faire le plus de mal possible à l'autre rien que par des répliques bien blessantes.
Axelle Delisle campe une Elvire moderne, 25 ans, très jolie fille (le casting féminin, adepte de tenues très très sexy, semble sorti tout droit d'un concours de mannequins), avec une intensité foudroyante. Elle tient vraiment la pièce à bout de bras. Elle retranscrit très bien un désir qui la dépasse, qui la fait se consumer de folie et d'un amour-haine, le tout avec une sobriété effrayante, là où il aurait été tellement facile de cabotiner. Sa scène de folie est stupéfiante de naturel. Vincent Marbeau joue un Don Juan moderne, qui perd en psychologie (moins subversif et fouillé que ses modèles) ce qu'il gagne en machiavélisme et en amertume, car même le bourreau aussi a des fantômes qui le hantent. Son monologue finissant le premier tableau est glaçant au plus haut point. Ses airs charmeurs et trompeurs, ses paroles brillantes mais creuses reflètent tout à fait l'excitation qui s'empare de lui quand il cherche une nouvelle conquête. Cela est évident dans la première et la dernière scène.
Dans les cinq premières scènes, désespoir, folie, comédie sonnant volontairement faux, s'enchaînent avec brio. C'est là que se pose la question de l'épilogue en deux temps, qui tire la pièce vers un spectaculaire qui me laisse assez dubitatif. La scène de délire où Juan s'imagine dans un club SM est certes très stimulante visuellement - les trois héroïnes arborant des tenues très osées, surtout notre Lala chérie, très généreuse sur ce point - mais dont la gratuité peut être mise en question. C'est cette fameuse scène dont Lala nous parlait et qui avait l'air d’intéresser les mâles de ce forum. Autant le dire tout de suite, vous ne serez point déçus, oh oui ! Toutefois, comme émanation d'un délire de Don Juan, dont le cerveau est uniquement préoccupé par le sexe, cela peut s'expliquer. On aurait alors affaire à un remake en plus "corsé" de la scène du "dernier avertissement" lancé par le spectre dans la pièce de Molière.
Le final, où sexe, sang, et larmes se rejoignent dans une fusion totale, étant dans la même veine que la scène précédente, est tout aussi discutable. Malgré l'ambiguité des dernières répliques, même impression de tirer la pièce de l'intimisme où elle se baignait pour aller dans une "épate" pleine d'effet. Mais on retrouve finalement un effet très TZ, avec une chute morale mais dépourvue du moindre happy end, tandis que le personnage d'Anna acquiert une nouvelle dimension très inquiétante. De plus, la fusion éros-thanatos est dans tous les cas réussie. Si on peut ne pas accrocher à ce dénouement, la scène est en elle-même bien minutée, superbement réalisée.
Qu'ai-je aimé dans cette pièce ? Tout, c'est clair : la conviction des auteurs, leur texte magnifique, une émotion sincère qui suinte à chaque scène, une utilisation de la comédie à des fins dramatiques, l'investissement complet des comédiens à fond dans leur rôle, une mise en scène avec des décors crédibles... et étant homme, j'ai été très sensible à la séduction exacerbée du trio féminin. On ne voit pas du tout le temps passer. C'est du remarquable théâtre contemporain, et je suis très fier des auteurs et de leurs interprètes. BRAVO !!!
REVIEW SANS SPOILERS.
Scénario : Laura Dallo et Guilhem Loupiac
Mise en scène : Guilhem Loupiac
Distribution : Axelle Delisle (Elvire), Vincent Marbeau (Juan), Anna Apresyan (rôles divers), Laura Dallo (Amandine), Guilhem Loupiac (Ben)
Transposition fidèle au départ, puis prenant plus de liberté, de l'épouse de Don Juan dans notre XXIe siècle, Elvire est toutefois bien loin de se résumer à un exercice de style. Tant dans un scénario subtilement agencé qu'une mise en scène évocatrice, la pièce démontre une remarquable maîtrise de ce genre malaisé qu'est le drame sentimental, parfois mâtiné de moments comiques qui loin de désamorcer la tragédie ne font que la renforcer, selon un principe cher à Eugène Ionesco.
La première chose qui frappe est la qualité littéraire du texte. Plus proche de Rohmer qu'un Judd Apatow - malgré tout le respect que j'ai pour ce dernier - les dialogues sont admirablement ciselés, et déclamés de surcroît par un casting résolument impeccable et très professionnel. Que ce soient des monologues de folie, des dialogues douloureux mais sans pathos, chaque mot a son importance, chaque réplique est soigneusement calculée. Contrairement à un plaisant mais sous-écrit Marouchka et Molotoff dont les 30 minutes paraissaient parfois longs, rien de tel dans une Elvire deux fois plus longue mais ne souffrant aucune baisse de régime. Le tempo reste modéré mais c'est pour mieux ressentir toutes les frustrations de l'héroïne, toute sa rage d'avoir fait l'expérience de l'amour à sens unique, qui suit un crescendo progressif - via le chagrin, la folie, puis la vengeance - jusqu'à une double explosion finale cependant discutable.
En sept scènes et autant d'atmosphères très différentes, une lente descente aux enfers conduite de main de maître. La tragédie des différents tableaux de l'exposition cède la place à une hilarante scène de pantomime que n'aurait pas renié les Marx Brothers. Avec seulement quelques sons, et des acteurs allant dans tous les sens dans un accelerando burlesque, la scène se révèle in fine dramatique par sa fin brutalement douloureuse. Une dramedy somptueuse qui prend encore plus d'ampleur dans une scène d'anniversaire dirigée par notre Lala nationale. Comme à son habitude, Lala nous démontre que dans le rôle du taureau dans un magasin de porcelaine rouge, elle n'a de leçons à recevoir de personne. Si Lala a le rôle le plus comique, elle a aussi le rôle le plus tragique, car elle incarne une fille vulgaire et misandre, seul rempart qu'elle ait trouvé pour ne pas se laisser bouffer par des hommes aussi salauds qu'elle.
En revanche, le rôle du Nice Guy, intimidé par une Elvire devenue froide et impérieuse, manque singulièrement de charisme, et amoindrit même le but recherché qui était de montrer une Elvire incapable de s'engager de nouveau. Car Ben a autant de charme qu'une huitre dessechée, le talent de Guilhem Loupiac n'est pas en cause, mais son rôle détonne auprès de tous. Dois-je le dire ? Cela m'a un peu gêné. Il est le pendant du Don Ottavio de l'opéra de Mozart, l'autre influence de la pièce, mais quand on sait que malgré ses superbes airs de ténor, Ottavio a un intérêt dramatique limité... L'autre influence de Molière et Da Ponte est quand Elvire tente - sans succès - d'avertir les futures proies du séducteur. Anna Apresyan incarne avec talent ces femmes dont le désir fait perdre la tête, tout en se montrant d'une remarquable dureté. La scène 5 est un mémorable échange où chacune tente de faire le plus de mal possible à l'autre rien que par des répliques bien blessantes.
Axelle Delisle campe une Elvire moderne, 25 ans, très jolie fille (le casting féminin, adepte de tenues très très sexy, semble sorti tout droit d'un concours de mannequins), avec une intensité foudroyante. Elle tient vraiment la pièce à bout de bras. Elle retranscrit très bien un désir qui la dépasse, qui la fait se consumer de folie et d'un amour-haine, le tout avec une sobriété effrayante, là où il aurait été tellement facile de cabotiner. Sa scène de folie est stupéfiante de naturel. Vincent Marbeau joue un Don Juan moderne, qui perd en psychologie (moins subversif et fouillé que ses modèles) ce qu'il gagne en machiavélisme et en amertume, car même le bourreau aussi a des fantômes qui le hantent. Son monologue finissant le premier tableau est glaçant au plus haut point. Ses airs charmeurs et trompeurs, ses paroles brillantes mais creuses reflètent tout à fait l'excitation qui s'empare de lui quand il cherche une nouvelle conquête. Cela est évident dans la première et la dernière scène.
Dans les cinq premières scènes, désespoir, folie, comédie sonnant volontairement faux, s'enchaînent avec brio. C'est là que se pose la question de l'épilogue en deux temps, qui tire la pièce vers un spectaculaire qui me laisse assez dubitatif. La scène de délire où Juan s'imagine dans un club SM est certes très stimulante visuellement - les trois héroïnes arborant des tenues très osées, surtout notre Lala chérie, très généreuse sur ce point - mais dont la gratuité peut être mise en question. C'est cette fameuse scène dont Lala nous parlait et qui avait l'air d’intéresser les mâles de ce forum. Autant le dire tout de suite, vous ne serez point déçus, oh oui ! Toutefois, comme émanation d'un délire de Don Juan, dont le cerveau est uniquement préoccupé par le sexe, cela peut s'expliquer. On aurait alors affaire à un remake en plus "corsé" de la scène du "dernier avertissement" lancé par le spectre dans la pièce de Molière.
Le final, où sexe, sang, et larmes se rejoignent dans une fusion totale, étant dans la même veine que la scène précédente, est tout aussi discutable. Malgré l'ambiguité des dernières répliques, même impression de tirer la pièce de l'intimisme où elle se baignait pour aller dans une "épate" pleine d'effet. Mais on retrouve finalement un effet très TZ, avec une chute morale mais dépourvue du moindre happy end, tandis que le personnage d'Anna acquiert une nouvelle dimension très inquiétante. De plus, la fusion éros-thanatos est dans tous les cas réussie. Si on peut ne pas accrocher à ce dénouement, la scène est en elle-même bien minutée, superbement réalisée.
Qu'ai-je aimé dans cette pièce ? Tout, c'est clair : la conviction des auteurs, leur texte magnifique, une émotion sincère qui suinte à chaque scène, une utilisation de la comédie à des fins dramatiques, l'investissement complet des comédiens à fond dans leur rôle, une mise en scène avec des décors crédibles... et étant homme, j'ai été très sensible à la séduction exacerbée du trio féminin. On ne voit pas du tout le temps passer. C'est du remarquable théâtre contemporain, et je suis très fier des auteurs et de leurs interprètes. BRAVO !!!
Dearesttara- Roi (Reine)
- Age : 33
Localisation : Charenton (94)
Date d'inscription : 08/02/2010
Re: Elvire
Très belle critique, Dear, précise et exhaustive !
Impatient de découvrir tout cela le 15. Bravo à la troupe d'avoir été prête dès la première.
Don Juan, dont le cerveau est uniquement préoccupé par le sexe
Seule interrogation de ma part, car cela se rapproche plutôt de Casanova et de son exaltation de la "performance". Don Juan est porté par tout un arrière plan libertaire et rebelle, quasi pré révolutionnaire (ni Dieu ni maître), j'espère que ce côté n'est pas entièrement gommé.
Impatient de découvrir tout cela le 15. Bravo à la troupe d'avoir été prête dès la première.
Don Juan, dont le cerveau est uniquement préoccupé par le sexe
Seule interrogation de ma part, car cela se rapproche plutôt de Casanova et de son exaltation de la "performance". Don Juan est porté par tout un arrière plan libertaire et rebelle, quasi pré révolutionnaire (ni Dieu ni maître), j'espère que ce côté n'est pas entièrement gommé.
Estuaire44- Empereur
- Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007
Re: Elvire
Merci pour cette critique qui résume tout à fait notre discussion après le spectacle.
Lala- Duc(hesse)
- Age : 38
Localisation : Paris
Date d'inscription : 05/10/2005
Re: Elvire
Très encourageant !
Mais on jugera sur pièces...
Mais on jugera sur pièces...
Estuaire44- Empereur
- Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007
Re: Elvire
Elvire est financée à 100% sur Ulule. Merci aux personnes du forum qui ont bien voulu donner une petite contribution. On s'occupe très vite de vos contreparties.
Lala- Duc(hesse)
- Age : 38
Localisation : Paris
Date d'inscription : 05/10/2005
Re: Elvire
Le compte à rebours s'approchait dangereusement de la fin. Bonne nouvelle !
Dearesttara- Roi (Reine)
- Age : 33
Localisation : Charenton (94)
Date d'inscription : 08/02/2010
Re: Elvire
Très bonne nouvelle en effet !
Estuaire44- Empereur
- Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007
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