Série "Maigret" avec Bruno Cremer
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Re: Série "Maigret" avec Bruno Cremer
C'est exactement ça !
Shok Nar- Baron(ne)
- Date d'inscription : 14/09/2015
Re: Série "Maigret" avec Bruno Cremer
Chronique 12 :
Maigret – Volume 2 – Episode 4 : Maigret et le fantôme
Première diffusion : 13/05/1994
D’après Maigret et le fantôme (1963) – Roman
Scénario : Henri de Turenne, Akli Tadjer
Réalisation : Hannu Kahakorpi
Interprétation : Heinz Bennent (Junker), Elisabeth Bourgine (Mirella), Timo Torikka (Ari), Nadine Spinoza (Paulette), Annie Bertin (Mme Lognon), Paavo Pentikäinen (Bergen), Jonathan Hutchings (Stanley Hobson), Taneli Mäkelä (Carl), Sanna Saarijärvi (l'hôtesse de l'air), Milka Ahlroth (l'hôtesse de l'hôpital), Esko Pesonen (Lognon)
Résumé : L’inspecteur Lognon est abattu dans une d’Hellsinki. Avant de sombrer dans l’inconscience, il a le temps de prononcer le mot : « fantôme ». Maigret part pour la Finlande afin d’enquêter sur la tentative de meurtre qui vient de frapper son inspecteur, dont tout le monde ignorait la présence à l’étranger. Il vivait apparemment chez une call girl et rêvait de « l’affaire de sa vie »…
Note : 3 sur 4
Critique :
Curieux choix que d’adapter ce Maigret tardif, pas des plus réussis de Simenon. Mais pourtant, la sauce prend plutôt bien dans son ensemble.
Pour sa première délocalisation à l’étranger, la série frappe assez juste. Coproduction européenne oblige, les caméras de Maigret se posent à un vol d’avion dans la magnifique d’Hellsinki. L’intrigue originelle se déroule à Paris, mais qu’à cela ne tienne, un petit tour d’adaptation et cela passe tout seul. On oublie assez vite les agissements de Maigret qui travaille à son habitude, en ne se préoccupant pas vraiment de la hiérarchie qui est au dessus de lui et encore moins celle-ci sur laquelle il n’a pourtant aucune autorité légale.
Mais l’intrigue est bien ficelée, la vérité sur ce fantôme nous en apprendra beaucoup sur le monde de l’art et ses méandres illégaux. C’est surtout l’occasion d’assister à un nouveau duo d’acteurs, entre Maigret/Cremer et Junker/Bennent. Beaucoup de rondeurs, beaucoup de jeux de jambes entre eux avant une certaine cassure, une froideur travaillée et une confrontation finale encore brillante. Faire de cet homme au statut social fort un être en réalité totalement faible et soumis à une femme qu’il aime mais qui, elle, le méprise, était une excellente idée.
Le scénario se suit donc, avec plaisir, au fil des rencontres entre Maigret et cette Finlande où il se sent parfois mal à l'aise. Un très bon gag à ce propos : au restaurant, lorsque Maigret se fait traduire le menu par Ari. Sa moue à l’annonce du steak de renne est un régal, d’autant plus lorsqu’il décide de ne pas prendre de risquer et d’opter pour une valeur sûre : le hareng pommes à l’huile. C’est en effet une des caractéristiques de cet épisode. Après nous avoir offert l’étouffant Témoins récalcitrants, la série, pour (à l’époque) son dernier épisode, offrait une sortie à Maigret des plus légères, pleine d’humour, teintée des agréables paysages de la Finlande (le film est, à cet égard, une bande annonce publicitaire et touristique un peu trop appuyée par moment). Le jeune inspecteur Ari se révèle un précieux auxiliaire pour Maigret, qui ne démérite en rien de ses collaborateurs habituels. Il est même bien plus efficace qu’eux par moments. Son au revoir au commissaire à la fin du film, lorsqu’il lui demande s’il peut l’appeler « patron » est une belle marque de respect et ajoute encore de l’émotion à une jolie scène.
La réalisation parvient à conserver l’esprit de Simenon bien que tout y soit étranger. La présence de Bruno Cremer fait beaucoup pour cela, car sa stature impose directement la patte de Maigret. Mais il faut réellement saluer le travail de metteur en scène qui s’en imprègne, s’en nourrit et parvient à restituer l’univers de Maigret tout en gardant un pied en Finlande.
Les points faibles alors ? Un grain d’image assez laid, faute aux caméras finlandaises sur place qui n’étaient certainement pas de la même qualité que d’ordinaire. Il y a comme un écran de poussière permanent sur l’image qui est assez désagréable à regarder, surtout lorsque l’on voit la qualité globale du portage de la série en DVD.
L’interprétation ensuite, qui n’est pas forcément très heureuse. Elizabeth Bourgine joue faux et on ne croit ni à son numéro d’artiste peintre, ni à sa femme du monde et même pas à l’ancienne demi mondaine qu’elle était. Et surtout, problème impardonnable : Lognon ! Le personnage est tout de même à l’origine de l’histoire. Certes, on ne le voit pratiquement pas : il disparait au bout d’une minute de film. Mais pourquoi diable avoir choisi un comédien jouant aussi mal (il ne marche pas, il sautille !), et surtout, oui surtout, pourquoi ne pas avoir doublé sa voix en français au moment où il prononce le mot : « fantôme ». L’acteur dit le mot avec un accent finnois à couper au couteau (on croirait même qu’il ne sait pas ce qu’il dit) et cela ruine tout l’effet voulu à ce moment là : l’empathie avec lui est balayée par un éclat de rire tonitruant de notre part. Alors que la série double (affreusement mal) ses comédiens tchèques, elle ne prend même pas une minute pour doubler ce personnage qui lance le film ? C’est une réelle faute de goût dans un film aux dialogues si réussis.
Toutes ces raisons empêchent Maigret et le fantôme d’obtenir ainsi la note maximale.
Distribution
Heinz Bennent : (1921-2011) Comédien allemand de cinéma et de théâtre, ses rôles les plus marquants dans le Dernier métro de François Truffaut, Espion lève toi d’Yves Boisset et dans Clair de femme de Costa-Gavras. On l’a vu également à plusieurs reprises dans Derrick.
Elisabeth Bourgine : Née en 1957, on l’a surtout vue à la television (Nestor Burma, Commissaire Moulin, Julie Lescault) mais également chez Pinoteau (La septième cible). C’est une actrice récurrente de la série Meurtre au paradis depuis 2011.
Timo Torikka : Né en 1958 en Finlande, il est diplômé par le Conservatoire finlandais en 1982. L’un de ses rôles majeurs est dans le film Talvisota (1989) et dans Maigret (il reviendra dans Maigret en Finlande). Il a écrit et réalisé une adaptation très personnelle du Seigneur des années pour la télévision, intitulé Le Hobbit.
Henri de Turenne : Né en 1921, c’est un écrivain, journaliste et scénariste spécialisé dans les feuilletons historiques pour la télévision française. Fils d’un as de la Première guerre mondiale, il a travaillé sur Fort Saganne et sur la série documentaire Apocalypse.
Akli Tadjer : Né en 1954, écrivain français d’origine marocaine, il naît à Paris où il grandit et devient journaliste. Un voyage en Algérie lui inspire plusieurs romans et il a écrit quelques téléfilms.
Hannu Kahakorpi : Né en 1946, c’est un réalisateur, acteur et producteur finnois, il n’a pratiquement travaillé que pour la télévision, en créant notamment la série à succès Kotikatu.
Anecdotes :
Cet épisode faillit être le dernier pour Bruno Cremer. Celui-ci avait freiné des quatre fers avant de s’engager dans la série et signé un contrat qui couvrait exclusivement douze épisodes et pas un de plus. Il ne tenait pas à s’enfermer dans ce rôle. Ainsi, Maigret et le fantôme devait être l’ultime épisode avec Cremer. Et pourtant, il se laissa finalement convaincre de réenfiler l’imperméable du plus célèbre commissaire de France. A nouveau pour douze épisodes. En se promettant bien que cette fois, ce seraient les derniers !
D’après Maigret et le fantôme (1963) – Roman
Scénario : Henri de Turenne, Akli Tadjer
Réalisation : Hannu Kahakorpi
Interprétation : Heinz Bennent (Junker), Elisabeth Bourgine (Mirella), Timo Torikka (Ari), Nadine Spinoza (Paulette), Annie Bertin (Mme Lognon), Paavo Pentikäinen (Bergen), Jonathan Hutchings (Stanley Hobson), Taneli Mäkelä (Carl), Sanna Saarijärvi (l'hôtesse de l'air), Milka Ahlroth (l'hôtesse de l'hôpital), Esko Pesonen (Lognon)
Résumé : L’inspecteur Lognon est abattu dans une d’Hellsinki. Avant de sombrer dans l’inconscience, il a le temps de prononcer le mot : « fantôme ». Maigret part pour la Finlande afin d’enquêter sur la tentative de meurtre qui vient de frapper son inspecteur, dont tout le monde ignorait la présence à l’étranger. Il vivait apparemment chez une call girl et rêvait de « l’affaire de sa vie »…
Note : 3 sur 4
Critique :
Curieux choix que d’adapter ce Maigret tardif, pas des plus réussis de Simenon. Mais pourtant, la sauce prend plutôt bien dans son ensemble.
Pour sa première délocalisation à l’étranger, la série frappe assez juste. Coproduction européenne oblige, les caméras de Maigret se posent à un vol d’avion dans la magnifique d’Hellsinki. L’intrigue originelle se déroule à Paris, mais qu’à cela ne tienne, un petit tour d’adaptation et cela passe tout seul. On oublie assez vite les agissements de Maigret qui travaille à son habitude, en ne se préoccupant pas vraiment de la hiérarchie qui est au dessus de lui et encore moins celle-ci sur laquelle il n’a pourtant aucune autorité légale.
Mais l’intrigue est bien ficelée, la vérité sur ce fantôme nous en apprendra beaucoup sur le monde de l’art et ses méandres illégaux. C’est surtout l’occasion d’assister à un nouveau duo d’acteurs, entre Maigret/Cremer et Junker/Bennent. Beaucoup de rondeurs, beaucoup de jeux de jambes entre eux avant une certaine cassure, une froideur travaillée et une confrontation finale encore brillante. Faire de cet homme au statut social fort un être en réalité totalement faible et soumis à une femme qu’il aime mais qui, elle, le méprise, était une excellente idée.
Le scénario se suit donc, avec plaisir, au fil des rencontres entre Maigret et cette Finlande où il se sent parfois mal à l'aise. Un très bon gag à ce propos : au restaurant, lorsque Maigret se fait traduire le menu par Ari. Sa moue à l’annonce du steak de renne est un régal, d’autant plus lorsqu’il décide de ne pas prendre de risquer et d’opter pour une valeur sûre : le hareng pommes à l’huile. C’est en effet une des caractéristiques de cet épisode. Après nous avoir offert l’étouffant Témoins récalcitrants, la série, pour (à l’époque) son dernier épisode, offrait une sortie à Maigret des plus légères, pleine d’humour, teintée des agréables paysages de la Finlande (le film est, à cet égard, une bande annonce publicitaire et touristique un peu trop appuyée par moment). Le jeune inspecteur Ari se révèle un précieux auxiliaire pour Maigret, qui ne démérite en rien de ses collaborateurs habituels. Il est même bien plus efficace qu’eux par moments. Son au revoir au commissaire à la fin du film, lorsqu’il lui demande s’il peut l’appeler « patron » est une belle marque de respect et ajoute encore de l’émotion à une jolie scène.
La réalisation parvient à conserver l’esprit de Simenon bien que tout y soit étranger. La présence de Bruno Cremer fait beaucoup pour cela, car sa stature impose directement la patte de Maigret. Mais il faut réellement saluer le travail de metteur en scène qui s’en imprègne, s’en nourrit et parvient à restituer l’univers de Maigret tout en gardant un pied en Finlande.
Les points faibles alors ? Un grain d’image assez laid, faute aux caméras finlandaises sur place qui n’étaient certainement pas de la même qualité que d’ordinaire. Il y a comme un écran de poussière permanent sur l’image qui est assez désagréable à regarder, surtout lorsque l’on voit la qualité globale du portage de la série en DVD.
L’interprétation ensuite, qui n’est pas forcément très heureuse. Elizabeth Bourgine joue faux et on ne croit ni à son numéro d’artiste peintre, ni à sa femme du monde et même pas à l’ancienne demi mondaine qu’elle était. Et surtout, problème impardonnable : Lognon ! Le personnage est tout de même à l’origine de l’histoire. Certes, on ne le voit pratiquement pas : il disparait au bout d’une minute de film. Mais pourquoi diable avoir choisi un comédien jouant aussi mal (il ne marche pas, il sautille !), et surtout, oui surtout, pourquoi ne pas avoir doublé sa voix en français au moment où il prononce le mot : « fantôme ». L’acteur dit le mot avec un accent finnois à couper au couteau (on croirait même qu’il ne sait pas ce qu’il dit) et cela ruine tout l’effet voulu à ce moment là : l’empathie avec lui est balayée par un éclat de rire tonitruant de notre part. Alors que la série double (affreusement mal) ses comédiens tchèques, elle ne prend même pas une minute pour doubler ce personnage qui lance le film ? C’est une réelle faute de goût dans un film aux dialogues si réussis.
Toutes ces raisons empêchent Maigret et le fantôme d’obtenir ainsi la note maximale.
Distribution
Heinz Bennent : (1921-2011) Comédien allemand de cinéma et de théâtre, ses rôles les plus marquants dans le Dernier métro de François Truffaut, Espion lève toi d’Yves Boisset et dans Clair de femme de Costa-Gavras. On l’a vu également à plusieurs reprises dans Derrick.
Elisabeth Bourgine : Née en 1957, on l’a surtout vue à la television (Nestor Burma, Commissaire Moulin, Julie Lescault) mais également chez Pinoteau (La septième cible). C’est une actrice récurrente de la série Meurtre au paradis depuis 2011.
Timo Torikka : Né en 1958 en Finlande, il est diplômé par le Conservatoire finlandais en 1982. L’un de ses rôles majeurs est dans le film Talvisota (1989) et dans Maigret (il reviendra dans Maigret en Finlande). Il a écrit et réalisé une adaptation très personnelle du Seigneur des années pour la télévision, intitulé Le Hobbit.
Henri de Turenne : Né en 1921, c’est un écrivain, journaliste et scénariste spécialisé dans les feuilletons historiques pour la télévision française. Fils d’un as de la Première guerre mondiale, il a travaillé sur Fort Saganne et sur la série documentaire Apocalypse.
Akli Tadjer : Né en 1954, écrivain français d’origine marocaine, il naît à Paris où il grandit et devient journaliste. Un voyage en Algérie lui inspire plusieurs romans et il a écrit quelques téléfilms.
Hannu Kahakorpi : Né en 1946, c’est un réalisateur, acteur et producteur finnois, il n’a pratiquement travaillé que pour la télévision, en créant notamment la série à succès Kotikatu.
Anecdotes :
Cet épisode faillit être le dernier pour Bruno Cremer. Celui-ci avait freiné des quatre fers avant de s’engager dans la série et signé un contrat qui couvrait exclusivement douze épisodes et pas un de plus. Il ne tenait pas à s’enfermer dans ce rôle. Ainsi, Maigret et le fantôme devait être l’ultime épisode avec Cremer. Et pourtant, il se laissa finalement convaincre de réenfiler l’imperméable du plus célèbre commissaire de France. A nouveau pour douze épisodes. En se promettant bien que cette fois, ce seraient les derniers !
Dernière édition par Shok Nar le Dim 4 Oct 2015 - 19:57, édité 1 fois
Shok Nar- Baron(ne)
- Age : 43
Localisation : Sarthe
Date d'inscription : 14/09/2015
Re: Série "Maigret" avec Bruno Cremer
Chronique 13 :
Maigret – Volume 2 – Episode 5 : Maigret et l’écluse n° 1
Première diffusion : 21/10/1994
D’après L’écluse n° 1 (1933) – Roman
Scénario : Christian Rullier
Réalisation : Olivier Schatzky
Interprétation : Jean Yanne (Ducrau), Georges Staquet (Gassin), Jean-Claude Frissung (Janvier), Edwige Navarro (Aline), Eric Berger (Jean), Isabelle Pradau (Françoise), Céline Samie (Mathilde), Françoise Bertin (Catherine), Brigitte Defrance (la concierge), Talila (Rose), Catherine Oudin (Jeanne), Jean O'Cottrell (commissaire Collin), Rémy Darcy (le médecin
Résumé : Emile Ducrau, riche industriel spécialisé dans les transports fluviaux, manque de se faire assassiner d’un coup de couteau, une nuit. Jeté à l’eau, il survit à l’agression et exige de la police qu’elle retrouve son agresseur, qu’il prétend ne pas avoir vu. Maigret a des doutes à ce sujet et découvre rapidement que tout le monde en veut à Ducrau, sa famille qu’il hait, ses collègues qu’il méprise, ses amis au nombre restreint…
Note : 4 sur 4
Critique :
On poursuit avec une nouvelle perle : L’écluse n° 1, qui non content d’être un des meilleurs romans de la première période des Maigret, se targue également de connaître une adaptation brillante, somptueuse. Episode splendide, servi par une atmosphère crépusculaire et bercé d’une musique tendre, ce premier film de la deuxième série des Maigret/Cremer, frappe très fort. Il s’agissait de montrer que rien n’avait changé et que le retour du commissaire s’annonçait sous le meilleur jour. Bruno Cremer paraît cependant un tout petit peu plus âgé dans ce film que dans le précédent. Cela peu paraître logique, puisqu’il entame son deuxième contrat (et les tournages ont bien été un peu espacés), mais lors de la diffusion de l’Ecluse n° 1, seulement six mois s’étaient écoulés. Mais peut-être n’est-ce que la coupe de cheveux de plus en plus grisonnante de Cremer qui accentue cette impression.
Maigret est face, une fois n’est pas coutume, à une tentative de meurtre et non un cadavre. Ce changement de perspective est original et permet de s’intéresser de près à la personnalité de la victime. Et cela nous offre d’observer un des plus magnifiques face à face de la série. Qui d’autre pouvait incarner Ducrau avec une telle force que Jean Yanne ? Avec son phrasé si caractéristique, son ton teinté de mépris à chaque parole, il crève littéralement l’cran, écrasant Maigret dans la première partie du film, puis, brisé, fatigué, éreinté dans la seconde. Le personnage est odieux, résolument infâme et rien ne semble pouvoir le racheter. Jean Yanne a souvent joué ce genre de salauds détestables mais que l’on apprécie quand même. Il apporte ainsi au personnage de Ducrau, des élans d’humanité au sein d’une noirceur absolue. L’évolution forcée qu’il subit à la mort de son fils nous révèle cette facette que le personnage (et l’acteur) tente de cacher à tout prix. Son expression lorsque le commissaire évoque la petite Aline ou celle face à l’annonce de la mort de Jean est extraordinaire. Brisé mais ne pouvant l’admettre devant quiconque, hormis Maigret, incapable de prononcer l’éloge funèbre de son propre fils, Ducrau se retrouve perdu, sans repère. Lui, l’homme fort, implacable, dictateur à qui l’on doit obéissance, n’a pu empêcher le suicide de son enfant.
Maigret va donc dérouler son enquête autour de la personnalité écrasante de cet homme, Ducrau, archétype du « je me suis fait tout seul », tranquillement, mais avec une sorte d’amertume au cœur. Rarement on l’aura vu éprouver autant de sympathie pour les personnes qui entourent Ducrau. Il plaint sincèrement sa famille, en particulier le fils aîné, Jean, jeune homme partagé entre l’amour d’une femme et celui de son père, père qui l’étouffe, lui donne sans cesse des raisons de le haïr, semble lui-même le détester, mais qui, finalement, se révèle (trop tard) paternel. Cette belle empathie est très agréable à voir, car si Maigret a ses têtes dans la plupart des épisodes (il est souvent capable de gestes de tendresse), il ne franchit que rarement la frontière qui sépare le monde du Quai des orfèvres du monde « normal ». Ce changement d’attitude est plus que bienvenue, surtout dans une histoire aussi triste (mais je n’ai pas dit « noire », pour une fois).
L’épisode dresse le portrait de personnages ambigus, brisés par la vie et le destin, et qui marchent vers une fin inéluctable. Le marinier ivrogne, Gassin, ne peut qu’arpenter les quais, inexorablement, tout gorgé de colère envers son seul ami. Aline, fragile, un peu simple, est bloquée à jamais avec son bébé sur les bras. Madame Ducrau, soumise à un mari ignoble, est incapable d’exprimer un quelconque amour filial et n’avance que vers la mort et la solitude. Et tous les comédiens choisis pour incarner ces personnages sont remarquables : pas de fausse note, même dans les seconds rôles, chacun est parfaitement à sa place.
La réalisation, sobre, utilise des images grisâtres de jour, sur les bords de la Seine. Le brouillard en profite pour s’installer, soulignant la froidure du tournage, manifestement pluvieux. La nuit, de très beaux bleus permettent aux personnages de se détacher, souvent avec une silhouette dorée en éclairage. Certains plans sont magnifiquement filmés et montés, en particulier l’interminable ascension de Ducrau et Maigret dans l’escalier de l’immeuble où habite Jean Ducrau. Cette scène parvient à montrer une simple progression d’étage, sans dialogue, dans un véritable escalier exigüe, et ce, sans que l’on s’ennuie. La symbolique d’une montée à l’échafaud est flagrante et rend la séquence pesante mais très belle. Le corps de Jean Ducrau, pendu et exhibé, renvoie ensuite au cadavre de Bébert, pendu de la même façon et lui aussi exhibé.
Le final, implacable, prend aux tripes. Pas de machination, pas de grande révélation, juste une terrifiante logique humaine qui pousse des êtres éperdus de chagrin à commettre l’irréparable. Une histoire entre un père et un fils incapables de se comprendre, une histoire de culpabilités, de trahison, de secrets et de mensonges.
Un début en fanfare pour cette seconde période et un épisode pivot du deuxième coffret.
Distribution
Jean Yanne : (1933-2003) Acteur, chanteur, humoriste, scénariste et réalisateur français. Il commence un apprentissage d’ébénisterie, rapidement abandonné, puis des études de journalisme, et devient pigiste pour nombre de journaux. IL écrit ensuite des sketchs pour des cabarets où il démarre réellement une carrière d’artiste. Il poursuit ses participations à plusieurs journaux et radios, se lance dans la chanson comme compositeur et interprète, et dans des émissions humoristiques (avec Jacques Martin, Roger Pierre et Jean-Marc Thibault) et des parodies de chansons à la mode. Révélé dans Week-end de Godard et surtout pour son rôle dans Que la Bête meure, il enchaîne avec Le boucher où il se révèle inquiétant, meurtrier mais tendre également. Voulant changer de registre (car on le cantonne à des rôles de personnages insensibles), il se lance dans la réalisation en 1972 avec Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil (où il fustige le monde de la radio), puis Moi y’en a vouloir des sous en 1973 (contre la politique cette fois), Les Chinois à Paris, Chobizenesse, Je te tiens, tu me tiens par la barbichette. Son plus gros succès public sera avec Deux heures moins le quart avant Jésus Christ avedc Coluche et Serrault. Pilier des Grosses têtes jusqu’à sa mort, il participe activement à l’émission de Laurent Ruquier On va s’gêner en 2000. IL est également l’inventeur du slogan Il est interdit d’interdire.
Georges Staquet : (1932-2011) Après avoir goûté le monde des mines dans son Nord natal, il suit une troupe de théâtre jusqu’à Paris et devient chef de chauffe. Il ne débute réellement qu’à 30 ans sa carrière de chanteur et d’acteur (travaillant pour Planchon, Casadesus). On le voit longuement au cinéma (Week-end, avec Jean Yanne, justement, Le mur de l’Atlantique avec Bourvil, La Zizanie avec de Funès, Le maître d’école avec Coluche, La vie et rien d’autre avec Noiret, Germinal avec Depardieu), à la télévision (Les cinq dernières minutes, Les rois maudits) et au théâtre.
Eric Berger : Né en 1969, il suit le Cours Florent avant d’entrer au Conservatoire de Paris. Il joue au téhâtre, à la télévision et au cinéma dès les années 1990. Il se fait connaître du grand public grâce au rôle titre Tanguy en 2001. On l’a vu aux côtés de Lionnel AStier sur les planches en 2011 dans Pouic-Pouic, dans Le petit Nicolas et dans Profilages à la télévision.
Olivier Schatzky : Réalisateur et scénariste français, né en 1949, on lui doit quelques épisodes de la série Chez Maupassant ainsi que l’écriture et la réalisation de la série Ceux de 14.
Anecdotes :
Citations
Emile Ducrau : « Voici Berthe, ma fille : une intelligence née… mais qui ne s’est pas développée. »
Emile Ducrau : « Si je disais aux gens où j’ai vraiment passé la nuit, on me prendrait pour un monstre. Mais y’a que dans un bobinard que j’ai pu pleurer comme un veau avec des femelles qui me croyaient saouls et qui pataugeaient dans mon portefeuille. »
D’après L’écluse n° 1 (1933) – Roman
Scénario : Christian Rullier
Réalisation : Olivier Schatzky
Interprétation : Jean Yanne (Ducrau), Georges Staquet (Gassin), Jean-Claude Frissung (Janvier), Edwige Navarro (Aline), Eric Berger (Jean), Isabelle Pradau (Françoise), Céline Samie (Mathilde), Françoise Bertin (Catherine), Brigitte Defrance (la concierge), Talila (Rose), Catherine Oudin (Jeanne), Jean O'Cottrell (commissaire Collin), Rémy Darcy (le médecin
Résumé : Emile Ducrau, riche industriel spécialisé dans les transports fluviaux, manque de se faire assassiner d’un coup de couteau, une nuit. Jeté à l’eau, il survit à l’agression et exige de la police qu’elle retrouve son agresseur, qu’il prétend ne pas avoir vu. Maigret a des doutes à ce sujet et découvre rapidement que tout le monde en veut à Ducrau, sa famille qu’il hait, ses collègues qu’il méprise, ses amis au nombre restreint…
Note : 4 sur 4
Critique :
On poursuit avec une nouvelle perle : L’écluse n° 1, qui non content d’être un des meilleurs romans de la première période des Maigret, se targue également de connaître une adaptation brillante, somptueuse. Episode splendide, servi par une atmosphère crépusculaire et bercé d’une musique tendre, ce premier film de la deuxième série des Maigret/Cremer, frappe très fort. Il s’agissait de montrer que rien n’avait changé et que le retour du commissaire s’annonçait sous le meilleur jour. Bruno Cremer paraît cependant un tout petit peu plus âgé dans ce film que dans le précédent. Cela peu paraître logique, puisqu’il entame son deuxième contrat (et les tournages ont bien été un peu espacés), mais lors de la diffusion de l’Ecluse n° 1, seulement six mois s’étaient écoulés. Mais peut-être n’est-ce que la coupe de cheveux de plus en plus grisonnante de Cremer qui accentue cette impression.
Maigret est face, une fois n’est pas coutume, à une tentative de meurtre et non un cadavre. Ce changement de perspective est original et permet de s’intéresser de près à la personnalité de la victime. Et cela nous offre d’observer un des plus magnifiques face à face de la série. Qui d’autre pouvait incarner Ducrau avec une telle force que Jean Yanne ? Avec son phrasé si caractéristique, son ton teinté de mépris à chaque parole, il crève littéralement l’cran, écrasant Maigret dans la première partie du film, puis, brisé, fatigué, éreinté dans la seconde. Le personnage est odieux, résolument infâme et rien ne semble pouvoir le racheter. Jean Yanne a souvent joué ce genre de salauds détestables mais que l’on apprécie quand même. Il apporte ainsi au personnage de Ducrau, des élans d’humanité au sein d’une noirceur absolue. L’évolution forcée qu’il subit à la mort de son fils nous révèle cette facette que le personnage (et l’acteur) tente de cacher à tout prix. Son expression lorsque le commissaire évoque la petite Aline ou celle face à l’annonce de la mort de Jean est extraordinaire. Brisé mais ne pouvant l’admettre devant quiconque, hormis Maigret, incapable de prononcer l’éloge funèbre de son propre fils, Ducrau se retrouve perdu, sans repère. Lui, l’homme fort, implacable, dictateur à qui l’on doit obéissance, n’a pu empêcher le suicide de son enfant.
Maigret va donc dérouler son enquête autour de la personnalité écrasante de cet homme, Ducrau, archétype du « je me suis fait tout seul », tranquillement, mais avec une sorte d’amertume au cœur. Rarement on l’aura vu éprouver autant de sympathie pour les personnes qui entourent Ducrau. Il plaint sincèrement sa famille, en particulier le fils aîné, Jean, jeune homme partagé entre l’amour d’une femme et celui de son père, père qui l’étouffe, lui donne sans cesse des raisons de le haïr, semble lui-même le détester, mais qui, finalement, se révèle (trop tard) paternel. Cette belle empathie est très agréable à voir, car si Maigret a ses têtes dans la plupart des épisodes (il est souvent capable de gestes de tendresse), il ne franchit que rarement la frontière qui sépare le monde du Quai des orfèvres du monde « normal ». Ce changement d’attitude est plus que bienvenue, surtout dans une histoire aussi triste (mais je n’ai pas dit « noire », pour une fois).
L’épisode dresse le portrait de personnages ambigus, brisés par la vie et le destin, et qui marchent vers une fin inéluctable. Le marinier ivrogne, Gassin, ne peut qu’arpenter les quais, inexorablement, tout gorgé de colère envers son seul ami. Aline, fragile, un peu simple, est bloquée à jamais avec son bébé sur les bras. Madame Ducrau, soumise à un mari ignoble, est incapable d’exprimer un quelconque amour filial et n’avance que vers la mort et la solitude. Et tous les comédiens choisis pour incarner ces personnages sont remarquables : pas de fausse note, même dans les seconds rôles, chacun est parfaitement à sa place.
La réalisation, sobre, utilise des images grisâtres de jour, sur les bords de la Seine. Le brouillard en profite pour s’installer, soulignant la froidure du tournage, manifestement pluvieux. La nuit, de très beaux bleus permettent aux personnages de se détacher, souvent avec une silhouette dorée en éclairage. Certains plans sont magnifiquement filmés et montés, en particulier l’interminable ascension de Ducrau et Maigret dans l’escalier de l’immeuble où habite Jean Ducrau. Cette scène parvient à montrer une simple progression d’étage, sans dialogue, dans un véritable escalier exigüe, et ce, sans que l’on s’ennuie. La symbolique d’une montée à l’échafaud est flagrante et rend la séquence pesante mais très belle. Le corps de Jean Ducrau, pendu et exhibé, renvoie ensuite au cadavre de Bébert, pendu de la même façon et lui aussi exhibé.
Le final, implacable, prend aux tripes. Pas de machination, pas de grande révélation, juste une terrifiante logique humaine qui pousse des êtres éperdus de chagrin à commettre l’irréparable. Une histoire entre un père et un fils incapables de se comprendre, une histoire de culpabilités, de trahison, de secrets et de mensonges.
Un début en fanfare pour cette seconde période et un épisode pivot du deuxième coffret.
Distribution
Jean Yanne : (1933-2003) Acteur, chanteur, humoriste, scénariste et réalisateur français. Il commence un apprentissage d’ébénisterie, rapidement abandonné, puis des études de journalisme, et devient pigiste pour nombre de journaux. IL écrit ensuite des sketchs pour des cabarets où il démarre réellement une carrière d’artiste. Il poursuit ses participations à plusieurs journaux et radios, se lance dans la chanson comme compositeur et interprète, et dans des émissions humoristiques (avec Jacques Martin, Roger Pierre et Jean-Marc Thibault) et des parodies de chansons à la mode. Révélé dans Week-end de Godard et surtout pour son rôle dans Que la Bête meure, il enchaîne avec Le boucher où il se révèle inquiétant, meurtrier mais tendre également. Voulant changer de registre (car on le cantonne à des rôles de personnages insensibles), il se lance dans la réalisation en 1972 avec Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil (où il fustige le monde de la radio), puis Moi y’en a vouloir des sous en 1973 (contre la politique cette fois), Les Chinois à Paris, Chobizenesse, Je te tiens, tu me tiens par la barbichette. Son plus gros succès public sera avec Deux heures moins le quart avant Jésus Christ avedc Coluche et Serrault. Pilier des Grosses têtes jusqu’à sa mort, il participe activement à l’émission de Laurent Ruquier On va s’gêner en 2000. IL est également l’inventeur du slogan Il est interdit d’interdire.
Georges Staquet : (1932-2011) Après avoir goûté le monde des mines dans son Nord natal, il suit une troupe de théâtre jusqu’à Paris et devient chef de chauffe. Il ne débute réellement qu’à 30 ans sa carrière de chanteur et d’acteur (travaillant pour Planchon, Casadesus). On le voit longuement au cinéma (Week-end, avec Jean Yanne, justement, Le mur de l’Atlantique avec Bourvil, La Zizanie avec de Funès, Le maître d’école avec Coluche, La vie et rien d’autre avec Noiret, Germinal avec Depardieu), à la télévision (Les cinq dernières minutes, Les rois maudits) et au théâtre.
Eric Berger : Né en 1969, il suit le Cours Florent avant d’entrer au Conservatoire de Paris. Il joue au téhâtre, à la télévision et au cinéma dès les années 1990. Il se fait connaître du grand public grâce au rôle titre Tanguy en 2001. On l’a vu aux côtés de Lionnel AStier sur les planches en 2011 dans Pouic-Pouic, dans Le petit Nicolas et dans Profilages à la télévision.
Olivier Schatzky : Réalisateur et scénariste français, né en 1949, on lui doit quelques épisodes de la série Chez Maupassant ainsi que l’écriture et la réalisation de la série Ceux de 14.
Anecdotes :
Citations
Emile Ducrau : « Voici Berthe, ma fille : une intelligence née… mais qui ne s’est pas développée. »
Emile Ducrau : « Si je disais aux gens où j’ai vraiment passé la nuit, on me prendrait pour un monstre. Mais y’a que dans un bobinard que j’ai pu pleurer comme un veau avec des femelles qui me croyaient saouls et qui pataugeaient dans mon portefeuille. »
Shok Nar- Baron(ne)
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Date d'inscription : 14/09/2015
Re: Série "Maigret" avec Bruno Cremer
Chronique 14 :
Maigret – Volume 2 – Episode 6 : Cécile est morte
Première diffusion : 28/10/1994
D’après Cécile est morte (1940) – Roman
Scénario : Alexandre et Denys de la Patellière, Christian Watton
Réalisation : Denys de la Patellière
Interprétation : Claude Piéplu (Dandurand), Sophie Caffarel (Cécile), Annick Alane (Louise), Jean-Claude Frissung (Janvier), Jean-Pierre Gos (Lucas), Anne Bellec (Mme Maigret), Arnaud Giovaninetti (Gérard), Vanessa Guedj (Nouchi), François Clavier (juge Mathieu), Eva Ionesco (Florence)
Résumé : Cécile veut parler au Commissaire Maigret. Elle a d’importantes révélations à lui faire. Mais c’est toujours pareil Cécile. Elle raconte beaucoup d’histoires… Elle croit qu’un inconnu va et vient la nuit dans l’appartement où elle vit avec sa tante. Affabulations d’une jeune fille en mal de sensations. Et ce matin, une fois de plus, Maigret fait patienter Cécile. Il la verra plus tard. Un légionnaire a semble-t-il assassiné sa femme en profitant d’une permission. Il a autre chose à faire que d’écouter Cécile. C’est urgent, mais tant pis. Lorsque Maigret, enfin, s’intéresse à elle, il est trop tard… Cécile est morte. Etranglée dans les couloirs du Palais de Justice, à quelques mètres à peine de son bureau. Peu après, Maigret découvre que sa tante a été assassinée. Le Commissaire porte rapidement son attention sur le voisin de Cécile, l’étrange Dandurand…
Note : 4 sur 4
Critique :
Dans la série des odieux, je demande Claude Piéplu ! Après un Jean Yanne infâme, voici Claude Piéplu le détestable, l’ignoble, le vicieux. Cécile est morte est, une fois de plus, un duel de comédiens. On change de registre cependant, nous arpentons ici les huileux appartements bourgeois et Dandurand/Piéplu, fraie dans les hautes sphères. Son personnage très haut en couleur, est un avocat douteux, rayé du barreau, mais ayant conservé des relations avec tout le « milieu » parisien. Suave, charmeur, bien éduqué, cultivé, il est tout en verve et se croit en permanence en plaidoiries. Il fait partie des rares adversaires de Maigret lui ayant fait perdre son sang froid.
Cécile est morte c’est avant tout cela, ce duel. Mais pas seulement. C’est également un épisode extrêmement important pour saisir toute la personnalité de Maigret, qui s’exprime en miroir inversé de celui de Dandurand. L’avocat « répugnant » comme le désigne le commissaire lui-même, n’a aucune conscience. C’est un être que l’égoïsme et la haine de ses semblables a façonné. Il est dans le mépris des petites classes, les « besogneux », les « inutiles ». Il extrapole quant à la sexualité même de Maigret, gonflé d’orgueil et de suffisance, lorsqu’il exprime pour lui tout le mépris du monde à l’idée que le commissaire n’ait jamais fait l’amour à une autre femme que la sienne : « c’est effrayant des gens comme ça ». Là où l’avocat voit une une erreur de la nature, Maigret y voit une normalité, la fidélité à son épouse étant une force du personnage, force mise à mal part un homme qui le révulse. Les scènes de tendresse entre Jules et sa femme sont autant de témoignages de sa droiture personnelle. Et ce ne sont pas les fantastiques plaidoiries de l’ancien avocat dans le bureau du juge qui les mettront à mal, évidemment.
L’autre thème de l’épisode est la culpabilité. Celle du commissaire d’abord, à l’égard de la défunte. Il s’en veut de ne pas avoir écouté Cécile, de ne pas avoir pris en compte ses suppliques et les avoir mises sur le compte de fadaises. Comme il l’explique au frère de Cécile : « Je l’aimais bien ta sœur. Je la trouvais si faible, si fragile… » Et son impuissance à avoir pu l’aider le mine. « Des fois, je ne comprends pas les choses assez vite », ajoute-t-il. Alors il s’acharne, non pas contre Dandurand comme le croit le Juge Mathieu, mais à découvrir qui a tué la petite Cécile. Pour que justice soit faite et que, sans doute, pour que le poids de sa conscience se fasse un peu moins lourd. Cela nous renvoie également à la culpabilité d’un légionnaire. Cette histoire secondaire, que l’on pourrait croire inutile dans le métrage, est au contraire d’une rare force. Maigret reçoit les aveux d’un camarade de légion de son suspect et confesse avoir tenté d’abuser de la femme de son ami et l’avoir tué sous le coup de la colère. L’homme, que son capitaine traite de salaud, se libère lui aussi de sa culpabilité, rongé par le remords. Maigret, à l’écoute de ces aveux, semble lui-même plus apaisé, comme si le fait que la vérité ait éclose sur cette autre affaire, allait lui permettre d’avancer dans la sienne. Une scène brève, forte, intense, excellemment jouée et filmée.
L’enquête avance en effet tranquillement, au rythme tranquille habituel de la série. Un peu accaparé par la personnalité de Dandurand qu’il soupçonne très vite (et nous aussi), Il met bien un certain temps à démêler le vrai du faux dans cette histoire. Tout le monde lui ment. Du frère de la victime, « maniaque de la persécution » comme il l’appelle, à Louise, l’amie de tante Juliette, qui entretenait avec Dandurand des relations troubles. C’est dans le passé qu’il faudra chercher la clef de l’énigme, dans un passé sordide, comme fréquemment dans les Maigret. Une fausse preuve en main (c’est assez rare pour le noter), il pourra enfin coincer Dendudrand au cours d’une nouvelle scène mémorable entre les deux hommes (plus un juge), ultime confrontation haute en couleurs, offrant à l’occasion l’un des meilleurs dialogues de la série.
Pas de fausse note donc, l’image est très belle, parfaitement éclairée et filmée (très jolie reconstitution des événements du crime). La mise en scène ose les plans séquences, avec de lents mouvements de caméra et quelques perspectives intéressantes. La musique est assez discrète mais souligne habilement les scènes dramatiques sans en faire trop. La distribution est, une fois de plus, exemplaire. Notons la sympathie du juge Mathieu à l’égard du commissaire
L’un des tous meilleurs épisodes, Cécile est morte trouve une place de choix au cœur de la meilleure période de la série. A voir et à revoir.
Distribution
Claude Piéplu : (1923-2006) Acteur français ayant suivi les cours de Maurice Escande, il est engagé en 1944 au théâtre des Mathurins et joue aux côtés de Gérard Philippe et Maria Casarès. Il échoue deux fois au concours d’entrée du Conservatoire de Paris et entre alors dans la compagnie de Jacques Fabri (Les joyeuses comères de Windsor). Il jouera ensuite dans plus de 175 pièces de théâtre (Shakespeare, Ionesco, Musset, de Obaldia, Molière). Sa voix particulière l’amène également à doubler nombre de dessins animés (il fut LA voix des Shadoks). Il joue régulièrement au cinéma, en compagnie notamment de Louis de Funès qui faisait régulièrement appel à lui, et sous la direction des plus grands (Christian-Jacques, Becker, Dhréy, Duvivier, Mocky, Girault, Miller, Bunuel, Oury, Jugnot, etc.). Son dernier rôle au cinéma est celui de Panoramix dans le premier volet des aventures cinématographiques des aventures d’Astérix en 1999. Il participe à nombre de téléfilms et de séries (Palace) jusqu’en 1997 pour Entre terre et mer. Homme distingué, raffiné, collectionneur, militant du théâtre vivant, antinucléaire, il fut membre du comité de parrainage de la Coordination française pour la Décennie de la culture de paix et de non-violence, et également membre du Conseil mondial de la paix.
Sophie Caffarel : Elle n’a que très peu tourné au cours de sa brève carrière. Ses dernières apparitions furent dans trois épisodes de Plus belle la vie en 2004. Elle officie davantage sur les planches, comme comédienne et metteur en scène (Hugo, Feydeau, Strindberg, Molière. Sous le nom de Fanny Carel, elle publie deux romans A ma sœur du bout du monde et Le cœur ouvert et trois pièces de théâtre pour la jeunesse Inséprarables !, Baignade dangereuse et Fleur d’hiver en 2014. Dans la série Nuits blanches, France Inter a diffusé en 2008 une première fiction, Des vacances profitables ! et une seconde, en 2010, Toute une mère avec ses accessoires.
Annick Alane : Née en 1925, cette actrice bretonne œuvre sur les planches depuis les années 50. En 1970, elle interprète le rôle titre des Joyeuses commères de Windsor sous la direction de Jacques Fabri aux côtés de Claude Piéplu et de son fils Bernard Alane (célèbre comédien de doublage). Elle alterne le répertoire classique (Shakespeare, Molière, Wilde, Williams, Guitry) et le boulevard (Poiret, Ruquier, Clark) et on la voit évoluer dans des petits rôles au cinéma dans nombre de films populaires (Hibernatus, Pour la peau d’un flic, Garçon !, Trois hommes et un couffin, La totale !, Germinal, le magasin des suicides) et à la télévision (Pause café, les cinq dernières minutes, le comte de Monte-Cristo, Louis la brocante, Joséphine ange gardien, etc.) Elle fut l’une des plus populaires comédiennes de l’émission Au théâtre ce soir des années 60 à 80. Elle obtient le Molière de la comédienne dans un second rôle pour Tailleur pour dames en 1994 et en 2001 pour La chatte sur un toit brûlant.
Arnaud Giovaninetti : Comédien issu du Conservatoire, il obtient le Prix Louis Jouvet en 1988 et débute au cinéma en 1990. On l’a vu à cette occasion dans L4Amant, Profil bas, et à la télévision (il incarne notamment Henri de Monfreid en 2006 dans les Lettres de la Mer Rouge). Depuis 2008, il tient un rôle régulier dans Voici venir l’orage, série de Nina Companeez.
Eva Ionesco : Née en 1965, elle est la fille de photographe controversée Irina Ionesco. Elle est principalement connue pour avoir, enfant été poussée par sa mère en particulier à poser comme modèle pour des photos érotiques. Ces photos mettant en scène une très jeune enfant nue et érotisée provoque de grandes controverses. À onze ans, elle pose nue en couverture du Spiegel. A la fin des années 1970, toujours mineure, elle joue dans des films érotiques, depuis censurés car jugés pédopornographiques. Elle jouera ensuite beaucoup de seconds rôles au cinéma.
Denys de la Patellière : (1921-2013) Réalisateur et scénariste français, il s’engage durant la Seconde guerre mondiale dans l’Armée de la Libération. A la fin du conflit, il se lance dans le cinéma. Il commence comme ouvrier développeur de pellicule, puis comme monteur. Il sera assistant réalisateur de Maurice Labro, Georges Lacombe et Georges Lampin. IL réalise son premier long métrage, Les Aristocrates en 1955 avec Pierre Fresnay. On lui doit le salaire du péché avec Danielle Darrieux (1955), Retour de Manivelle avec Michèle Morgan (1956), Les grandes familles avec Gabin (1958), Un taxi pour Tobrouk avec Ventura (1960) et, enfin Prêtres interdits, son film testament, en 1973 avec Robert Hossein. Il poursuit sa carrière à la télévision. Un Maigret avec Jean Richard en 1978 (Les témoins récalcitrants), et un second avec CRemer : l’Affaire Saint-Fiacre.
Alexandre de la Patelllière : Né en 1971, fils de Denys de la Patellière, il collabore avec son père comme scénariste, comme assistant réalisateur, script doctor, puis directeur de production. Il écrit en 2010 la pièce de théâtre Le prénom, qui est adapté au cinéma avec Patrick Bruel.
Anecdotes :
Citations
«Dandurand : Cécile vous estimait : je suppose que vous êtes estimable, elle se trompait rarement sur les gens. Elle, elle ne l’était pas. Envieuse, un peu lâche, pas désirable : elle n’avait rien pour elle, la pauvre fille ! Si, peut-être son amour pour son frère… A un moment, j’ai même pensé, qu’elle et lui…
Juge Mathieu : Vous parlez d’une morte !
Dandruand : Mais je sais, monsieur le juge, je sais, c’est moi qui l’ait tué ! »
« Maigret : Non, monsieur le juge, je n’ai pas gagné. Et je ne vais pas passer une bonne nuit. Parce qu’avec mon fameux flair, comme vous dites, j’ai rien compris… Et Cécile est morte ! »
D’après Cécile est morte (1940) – Roman
Scénario : Alexandre et Denys de la Patellière, Christian Watton
Réalisation : Denys de la Patellière
Interprétation : Claude Piéplu (Dandurand), Sophie Caffarel (Cécile), Annick Alane (Louise), Jean-Claude Frissung (Janvier), Jean-Pierre Gos (Lucas), Anne Bellec (Mme Maigret), Arnaud Giovaninetti (Gérard), Vanessa Guedj (Nouchi), François Clavier (juge Mathieu), Eva Ionesco (Florence)
Résumé : Cécile veut parler au Commissaire Maigret. Elle a d’importantes révélations à lui faire. Mais c’est toujours pareil Cécile. Elle raconte beaucoup d’histoires… Elle croit qu’un inconnu va et vient la nuit dans l’appartement où elle vit avec sa tante. Affabulations d’une jeune fille en mal de sensations. Et ce matin, une fois de plus, Maigret fait patienter Cécile. Il la verra plus tard. Un légionnaire a semble-t-il assassiné sa femme en profitant d’une permission. Il a autre chose à faire que d’écouter Cécile. C’est urgent, mais tant pis. Lorsque Maigret, enfin, s’intéresse à elle, il est trop tard… Cécile est morte. Etranglée dans les couloirs du Palais de Justice, à quelques mètres à peine de son bureau. Peu après, Maigret découvre que sa tante a été assassinée. Le Commissaire porte rapidement son attention sur le voisin de Cécile, l’étrange Dandurand…
Note : 4 sur 4
Critique :
Dans la série des odieux, je demande Claude Piéplu ! Après un Jean Yanne infâme, voici Claude Piéplu le détestable, l’ignoble, le vicieux. Cécile est morte est, une fois de plus, un duel de comédiens. On change de registre cependant, nous arpentons ici les huileux appartements bourgeois et Dandurand/Piéplu, fraie dans les hautes sphères. Son personnage très haut en couleur, est un avocat douteux, rayé du barreau, mais ayant conservé des relations avec tout le « milieu » parisien. Suave, charmeur, bien éduqué, cultivé, il est tout en verve et se croit en permanence en plaidoiries. Il fait partie des rares adversaires de Maigret lui ayant fait perdre son sang froid.
Cécile est morte c’est avant tout cela, ce duel. Mais pas seulement. C’est également un épisode extrêmement important pour saisir toute la personnalité de Maigret, qui s’exprime en miroir inversé de celui de Dandurand. L’avocat « répugnant » comme le désigne le commissaire lui-même, n’a aucune conscience. C’est un être que l’égoïsme et la haine de ses semblables a façonné. Il est dans le mépris des petites classes, les « besogneux », les « inutiles ». Il extrapole quant à la sexualité même de Maigret, gonflé d’orgueil et de suffisance, lorsqu’il exprime pour lui tout le mépris du monde à l’idée que le commissaire n’ait jamais fait l’amour à une autre femme que la sienne : « c’est effrayant des gens comme ça ». Là où l’avocat voit une une erreur de la nature, Maigret y voit une normalité, la fidélité à son épouse étant une force du personnage, force mise à mal part un homme qui le révulse. Les scènes de tendresse entre Jules et sa femme sont autant de témoignages de sa droiture personnelle. Et ce ne sont pas les fantastiques plaidoiries de l’ancien avocat dans le bureau du juge qui les mettront à mal, évidemment.
L’autre thème de l’épisode est la culpabilité. Celle du commissaire d’abord, à l’égard de la défunte. Il s’en veut de ne pas avoir écouté Cécile, de ne pas avoir pris en compte ses suppliques et les avoir mises sur le compte de fadaises. Comme il l’explique au frère de Cécile : « Je l’aimais bien ta sœur. Je la trouvais si faible, si fragile… » Et son impuissance à avoir pu l’aider le mine. « Des fois, je ne comprends pas les choses assez vite », ajoute-t-il. Alors il s’acharne, non pas contre Dandurand comme le croit le Juge Mathieu, mais à découvrir qui a tué la petite Cécile. Pour que justice soit faite et que, sans doute, pour que le poids de sa conscience se fasse un peu moins lourd. Cela nous renvoie également à la culpabilité d’un légionnaire. Cette histoire secondaire, que l’on pourrait croire inutile dans le métrage, est au contraire d’une rare force. Maigret reçoit les aveux d’un camarade de légion de son suspect et confesse avoir tenté d’abuser de la femme de son ami et l’avoir tué sous le coup de la colère. L’homme, que son capitaine traite de salaud, se libère lui aussi de sa culpabilité, rongé par le remords. Maigret, à l’écoute de ces aveux, semble lui-même plus apaisé, comme si le fait que la vérité ait éclose sur cette autre affaire, allait lui permettre d’avancer dans la sienne. Une scène brève, forte, intense, excellemment jouée et filmée.
L’enquête avance en effet tranquillement, au rythme tranquille habituel de la série. Un peu accaparé par la personnalité de Dandurand qu’il soupçonne très vite (et nous aussi), Il met bien un certain temps à démêler le vrai du faux dans cette histoire. Tout le monde lui ment. Du frère de la victime, « maniaque de la persécution » comme il l’appelle, à Louise, l’amie de tante Juliette, qui entretenait avec Dandurand des relations troubles. C’est dans le passé qu’il faudra chercher la clef de l’énigme, dans un passé sordide, comme fréquemment dans les Maigret. Une fausse preuve en main (c’est assez rare pour le noter), il pourra enfin coincer Dendudrand au cours d’une nouvelle scène mémorable entre les deux hommes (plus un juge), ultime confrontation haute en couleurs, offrant à l’occasion l’un des meilleurs dialogues de la série.
Pas de fausse note donc, l’image est très belle, parfaitement éclairée et filmée (très jolie reconstitution des événements du crime). La mise en scène ose les plans séquences, avec de lents mouvements de caméra et quelques perspectives intéressantes. La musique est assez discrète mais souligne habilement les scènes dramatiques sans en faire trop. La distribution est, une fois de plus, exemplaire. Notons la sympathie du juge Mathieu à l’égard du commissaire
L’un des tous meilleurs épisodes, Cécile est morte trouve une place de choix au cœur de la meilleure période de la série. A voir et à revoir.
Distribution
Claude Piéplu : (1923-2006) Acteur français ayant suivi les cours de Maurice Escande, il est engagé en 1944 au théâtre des Mathurins et joue aux côtés de Gérard Philippe et Maria Casarès. Il échoue deux fois au concours d’entrée du Conservatoire de Paris et entre alors dans la compagnie de Jacques Fabri (Les joyeuses comères de Windsor). Il jouera ensuite dans plus de 175 pièces de théâtre (Shakespeare, Ionesco, Musset, de Obaldia, Molière). Sa voix particulière l’amène également à doubler nombre de dessins animés (il fut LA voix des Shadoks). Il joue régulièrement au cinéma, en compagnie notamment de Louis de Funès qui faisait régulièrement appel à lui, et sous la direction des plus grands (Christian-Jacques, Becker, Dhréy, Duvivier, Mocky, Girault, Miller, Bunuel, Oury, Jugnot, etc.). Son dernier rôle au cinéma est celui de Panoramix dans le premier volet des aventures cinématographiques des aventures d’Astérix en 1999. Il participe à nombre de téléfilms et de séries (Palace) jusqu’en 1997 pour Entre terre et mer. Homme distingué, raffiné, collectionneur, militant du théâtre vivant, antinucléaire, il fut membre du comité de parrainage de la Coordination française pour la Décennie de la culture de paix et de non-violence, et également membre du Conseil mondial de la paix.
Sophie Caffarel : Elle n’a que très peu tourné au cours de sa brève carrière. Ses dernières apparitions furent dans trois épisodes de Plus belle la vie en 2004. Elle officie davantage sur les planches, comme comédienne et metteur en scène (Hugo, Feydeau, Strindberg, Molière. Sous le nom de Fanny Carel, elle publie deux romans A ma sœur du bout du monde et Le cœur ouvert et trois pièces de théâtre pour la jeunesse Inséprarables !, Baignade dangereuse et Fleur d’hiver en 2014. Dans la série Nuits blanches, France Inter a diffusé en 2008 une première fiction, Des vacances profitables ! et une seconde, en 2010, Toute une mère avec ses accessoires.
Annick Alane : Née en 1925, cette actrice bretonne œuvre sur les planches depuis les années 50. En 1970, elle interprète le rôle titre des Joyeuses commères de Windsor sous la direction de Jacques Fabri aux côtés de Claude Piéplu et de son fils Bernard Alane (célèbre comédien de doublage). Elle alterne le répertoire classique (Shakespeare, Molière, Wilde, Williams, Guitry) et le boulevard (Poiret, Ruquier, Clark) et on la voit évoluer dans des petits rôles au cinéma dans nombre de films populaires (Hibernatus, Pour la peau d’un flic, Garçon !, Trois hommes et un couffin, La totale !, Germinal, le magasin des suicides) et à la télévision (Pause café, les cinq dernières minutes, le comte de Monte-Cristo, Louis la brocante, Joséphine ange gardien, etc.) Elle fut l’une des plus populaires comédiennes de l’émission Au théâtre ce soir des années 60 à 80. Elle obtient le Molière de la comédienne dans un second rôle pour Tailleur pour dames en 1994 et en 2001 pour La chatte sur un toit brûlant.
Arnaud Giovaninetti : Comédien issu du Conservatoire, il obtient le Prix Louis Jouvet en 1988 et débute au cinéma en 1990. On l’a vu à cette occasion dans L4Amant, Profil bas, et à la télévision (il incarne notamment Henri de Monfreid en 2006 dans les Lettres de la Mer Rouge). Depuis 2008, il tient un rôle régulier dans Voici venir l’orage, série de Nina Companeez.
Eva Ionesco : Née en 1965, elle est la fille de photographe controversée Irina Ionesco. Elle est principalement connue pour avoir, enfant été poussée par sa mère en particulier à poser comme modèle pour des photos érotiques. Ces photos mettant en scène une très jeune enfant nue et érotisée provoque de grandes controverses. À onze ans, elle pose nue en couverture du Spiegel. A la fin des années 1970, toujours mineure, elle joue dans des films érotiques, depuis censurés car jugés pédopornographiques. Elle jouera ensuite beaucoup de seconds rôles au cinéma.
Denys de la Patellière : (1921-2013) Réalisateur et scénariste français, il s’engage durant la Seconde guerre mondiale dans l’Armée de la Libération. A la fin du conflit, il se lance dans le cinéma. Il commence comme ouvrier développeur de pellicule, puis comme monteur. Il sera assistant réalisateur de Maurice Labro, Georges Lacombe et Georges Lampin. IL réalise son premier long métrage, Les Aristocrates en 1955 avec Pierre Fresnay. On lui doit le salaire du péché avec Danielle Darrieux (1955), Retour de Manivelle avec Michèle Morgan (1956), Les grandes familles avec Gabin (1958), Un taxi pour Tobrouk avec Ventura (1960) et, enfin Prêtres interdits, son film testament, en 1973 avec Robert Hossein. Il poursuit sa carrière à la télévision. Un Maigret avec Jean Richard en 1978 (Les témoins récalcitrants), et un second avec CRemer : l’Affaire Saint-Fiacre.
Alexandre de la Patelllière : Né en 1971, fils de Denys de la Patellière, il collabore avec son père comme scénariste, comme assistant réalisateur, script doctor, puis directeur de production. Il écrit en 2010 la pièce de théâtre Le prénom, qui est adapté au cinéma avec Patrick Bruel.
Anecdotes :
Citations
«Dandurand : Cécile vous estimait : je suppose que vous êtes estimable, elle se trompait rarement sur les gens. Elle, elle ne l’était pas. Envieuse, un peu lâche, pas désirable : elle n’avait rien pour elle, la pauvre fille ! Si, peut-être son amour pour son frère… A un moment, j’ai même pensé, qu’elle et lui…
Juge Mathieu : Vous parlez d’une morte !
Dandruand : Mais je sais, monsieur le juge, je sais, c’est moi qui l’ait tué ! »
« Maigret : Non, monsieur le juge, je n’ai pas gagné. Et je ne vais pas passer une bonne nuit. Parce qu’avec mon fameux flair, comme vous dites, j’ai rien compris… Et Cécile est morte ! »
Shok Nar- Baron(ne)
- Age : 43
Localisation : Sarthe
Date d'inscription : 14/09/2015
Re: Série "Maigret" avec Bruno Cremer
Chronique 15 :
Maigret – Volume 2 – Episode 7 : Maigret et la tête d’un homme
Première diffusion : 23/02/1996
D’après La tête d’un homme (1931) – Roman
Scénario : Christian Rullier
Réalisation : Juraj Herz
Interprétation : Emmanuel Salinger (Radek), Marisa Berenson (Mrs Crosby), Jay Benedict (Mr Crosby), Jean-Claude Frissung (Janvier), René Remblier (Dufour), Eric Prat (Torrence), Olivier Achard (Heurtin), Eric Desmarestz (juge Benneau), Zora Jandova (Edna), Pierre Baillot (Moers)
Résumé : Heurtin est condamné à mort pour un double meurtre. La veille de son exécution, il s’évade de prison. L’évasion est coordonnée par Maigret qui croit Heurtin innocent et espère qu’il le conduira jusqu’au véritable coupable et le garde sous surveillance. Mais, au petit matin, il perd sa trace. Une nouvelle piste le mène jusqu’au bar américain La coupole…
Note : 4 sur 4
Critique :
Encore un épisode remarquable, véritable œuvre d’art envoutante, à la trame parfaitement construite, à la mécanique huilée et implacable, une merveille de « roman noir ».
Maigret et la tête d’un homme pose la difficile question de l’erreur judiciaire et des moyens de s’en prémunir. Maigret a déroulé une enquête (aperçue en générique) qui l’a menée tout droit à un assassin, preuves à l’appui, mais ne s’en contente pas. Tout désigne Heurtin mais l’homme ne semble pas capable de commettre un double meurtre. Maigret met donc au point ce plan insensé, dont le secret sera rapidement éventé, et fait évader son suspect, malgré la défiance du juge Benneau pour ce plan. La chasse à l’homme s’engage. Bien que cela ne soit pas réellement le sujet de l’épisode, les scènes sont cependant intenses, dotées d’un très beau suspens et même d’humour. Voir Maigret en planque, faire évacuer une chambre d’hôtel borgne par ses occupants (de ceux qui louent les chambres à l’heure) est très sympathique. Heurtin parvient à s’enfuir suite à un concours de circonstances bien trouvé (et permet une petite scène d’action fort plaisante dans une série si calme) et Maigret doit alors tout reprendre depuis le début.
Tandis que le commissaire délègue à ses inspecteurs la tâche ingrate de chercher son homme, il reprend les pièces matérielles du dossier, et les examine avec soin. Plaisir rare : nous voyons le retour de Moers dans une très bonne scène de police scientifique autour d’une lettre anonyme dans une splendide lumière bleue. Cette piste l’amène à s’intéresser au bar de la Coupole, lieu hautement cosmopolite, peuplé d’êtres futiles avec lequel le commissaire n’a guère de sympathies. Ici, Maigret remarque d’étranges manèges entre un Américain, Crosby (neveu d’une des deux victimes), Heurtin (qui tente en vain de rentrer à la coupole) et surtout Radek, un ex-étudiant en médecine tchèque, intelligent, supérieur, paranoïaque qui intrigue énormément le commissaire.
Encore une fois, comme dans tous les meilleurs épisodes de la série, c’est la confrontation entre Maigret et ce personnage qui apporte tout le sel à une intrigue (déjà fort bien écrite) et emporte le morceau. Radek fait parti des meilleurs adversaires de Maigret. Tout de suffisance, de morgue et au bord de la folie. Son duel avec le commissaire reste dans les annales comme un des sommets de la série. Salinger brouille les pistes en jouant au chat et à la souris, certain de sa supériorité face à Maigret, et convaincu que la médiocrité et l’intelligence limitée de Heurtin ne pourront jamais l’atteindre. Esthète, « stratège » comme le définit Moërs, Radek n’abandonnera sa suffisance qu’à l’ultime épreuve pour lui : la confrontation, la dénonciation par Heurtin et le piège tendu par Maigret pour l’attraper. Emmanuel Salinger joue à la perfection cet être diabolique, dérangé mais génial. On peut cependant s’étonner qu’un rôle de Tchèque ait été confié à un Français quand des Tchèques jouent des Français dans le même épisode…
Le reste de la distribution est également à la hauteur, même si, personnellement, la composition de Marisa Berenson ne m’émeut pas, faute à une actrice assez glaciale et que je n’apprécie pas spécialement. Mais cela reste une affaire de goût, car le personnage fonctionne. Jay Benedict me paraît beaucoup plus convaincant, évoluant du charmeur au traqué. Le retour d’Eric Desmarestz dans le rôle du toujours pénible juge Benneau est également une bonne surprise. Le voir s’attribuer le mérite de la réussite finale de l’affaire est savoureux. Ses affrontements avec Maigret sont particulièrement tendus, le juge réclamant presque la tête de Maigret à la place de celle d’Heurtin.
Autre particularité : la bande originale. La musique habituelle de la série est absente ici, ou à tout le moins, réorchestrée d’une façon un peu grandiloquente, presque digne d’un film d’épouvante des années 50 comme en produisait la Hammer. Si, sur le coup, le fait peut paraître assez étrange, il met en réalité bien en valeur les images de Juraj Herz, tantôt chaudes lorsqu’il s’agit du bar (où là, la musique américaine est bien sûr omniprésente) et tantôt froide lorsque l’on se concentre sur Heurtin (prison, fuite, guillotine, etc.).
Maigret et la tête d’un homme constitue ainsi, avec L’éclusé n°1 et Cécile est morte, une superbe trilogie d’épisode, avec des thèmes communs (folie, opposition, crime crapuleux). Il est dommage qu’à la diffusion originelle, cette belle unité ait été brisée, en décalant la diffusion de cette affaire. Replacée dans son contexte de production, il est fort plaisant de les enchaîner et d’en apprécier similitudes et différences.
Un des meilleurs épisodes, tout simplement.
Distribution
Emmanuel Salinger : Né en 1964, il débute avec Arnaud Desplechin dans La Vie des morts puis pour la Sentinelle (sur laquelle il obtient le Prix Michel Simon en 1992). Il tient un rôle régulier dans Deux flics sur les docks de 2011 à 2014.
Marisa Berenson : Née en 1947 à New York, belle sœur d’Anthony Perkins, elle débute en 1964 comme mannequin qui lui apporte une très grande renommée. Familière des boites à la mode, elle commence dans les années 70 une carrière au cinéma. Elle n’a que peu tournée, mais avec les plus grands réalisateurs (Visconti, Irving, Eastwood) mais son film le plus célèbre est sans conteste Barry Lyndon, de Stanley Kubrick.
Jay Benedict : Acteur américain né en 1951, il est principalement connu pour son rôle du Capitaine John Kieffer dans Foyle’s War, en Grande-Bretagne. Apparu dans Star Wars IV : Un nouvel espoir, la version longue d’Aliens, on l’a vu plus récemment dans The Dark Knight Rises et Moonwalkers.
Juraj Herz : Né en 1934, ce réalisateur tchèque échappe de peu aux camps de la mort durant la seconde guerre mondiale, mais sa famille n’a pas cette chance. Adulte, il s’engage dans une carrière cinématographique comme assistant réalisateur (Le Miroir aux alouettes, 1963) mais également comme comédien et metteur en scène de théâtre. Il réalise en 1968 son premier film : L’incinérateur de cadavres qui sera censuré. Il a, tout au long de sa carrière, rencontré nombre de problèmes avec les censeurs officiels du parti communiste de Tchécoslovaquie. IL se tourne vers l’adaptation de contes, en Allemagne, dans les années 80. On le revoit en 1996 sur un autre grand Maigret : Maigret a peur.
Anecdotes :
Quinzième épisode tourné, en 1994, il ne fut inexplicablement diffusé qu’en vingt-et-unième position, en 1996.
Citations :
« Juge Benneau :Vous voyez, monsieur le commissaire, notre expérience a été concluante. Nous ne pouvons qu’en être satisfait. [Désignant sa voiture] Je vous raccompagne ? »
« Maigret : Non, merci. Nous avons besoin de marcher ».
D’après La tête d’un homme (1931) – Roman
Scénario : Christian Rullier
Réalisation : Juraj Herz
Interprétation : Emmanuel Salinger (Radek), Marisa Berenson (Mrs Crosby), Jay Benedict (Mr Crosby), Jean-Claude Frissung (Janvier), René Remblier (Dufour), Eric Prat (Torrence), Olivier Achard (Heurtin), Eric Desmarestz (juge Benneau), Zora Jandova (Edna), Pierre Baillot (Moers)
Résumé : Heurtin est condamné à mort pour un double meurtre. La veille de son exécution, il s’évade de prison. L’évasion est coordonnée par Maigret qui croit Heurtin innocent et espère qu’il le conduira jusqu’au véritable coupable et le garde sous surveillance. Mais, au petit matin, il perd sa trace. Une nouvelle piste le mène jusqu’au bar américain La coupole…
Note : 4 sur 4
Critique :
Encore un épisode remarquable, véritable œuvre d’art envoutante, à la trame parfaitement construite, à la mécanique huilée et implacable, une merveille de « roman noir ».
Maigret et la tête d’un homme pose la difficile question de l’erreur judiciaire et des moyens de s’en prémunir. Maigret a déroulé une enquête (aperçue en générique) qui l’a menée tout droit à un assassin, preuves à l’appui, mais ne s’en contente pas. Tout désigne Heurtin mais l’homme ne semble pas capable de commettre un double meurtre. Maigret met donc au point ce plan insensé, dont le secret sera rapidement éventé, et fait évader son suspect, malgré la défiance du juge Benneau pour ce plan. La chasse à l’homme s’engage. Bien que cela ne soit pas réellement le sujet de l’épisode, les scènes sont cependant intenses, dotées d’un très beau suspens et même d’humour. Voir Maigret en planque, faire évacuer une chambre d’hôtel borgne par ses occupants (de ceux qui louent les chambres à l’heure) est très sympathique. Heurtin parvient à s’enfuir suite à un concours de circonstances bien trouvé (et permet une petite scène d’action fort plaisante dans une série si calme) et Maigret doit alors tout reprendre depuis le début.
Tandis que le commissaire délègue à ses inspecteurs la tâche ingrate de chercher son homme, il reprend les pièces matérielles du dossier, et les examine avec soin. Plaisir rare : nous voyons le retour de Moers dans une très bonne scène de police scientifique autour d’une lettre anonyme dans une splendide lumière bleue. Cette piste l’amène à s’intéresser au bar de la Coupole, lieu hautement cosmopolite, peuplé d’êtres futiles avec lequel le commissaire n’a guère de sympathies. Ici, Maigret remarque d’étranges manèges entre un Américain, Crosby (neveu d’une des deux victimes), Heurtin (qui tente en vain de rentrer à la coupole) et surtout Radek, un ex-étudiant en médecine tchèque, intelligent, supérieur, paranoïaque qui intrigue énormément le commissaire.
Encore une fois, comme dans tous les meilleurs épisodes de la série, c’est la confrontation entre Maigret et ce personnage qui apporte tout le sel à une intrigue (déjà fort bien écrite) et emporte le morceau. Radek fait parti des meilleurs adversaires de Maigret. Tout de suffisance, de morgue et au bord de la folie. Son duel avec le commissaire reste dans les annales comme un des sommets de la série. Salinger brouille les pistes en jouant au chat et à la souris, certain de sa supériorité face à Maigret, et convaincu que la médiocrité et l’intelligence limitée de Heurtin ne pourront jamais l’atteindre. Esthète, « stratège » comme le définit Moërs, Radek n’abandonnera sa suffisance qu’à l’ultime épreuve pour lui : la confrontation, la dénonciation par Heurtin et le piège tendu par Maigret pour l’attraper. Emmanuel Salinger joue à la perfection cet être diabolique, dérangé mais génial. On peut cependant s’étonner qu’un rôle de Tchèque ait été confié à un Français quand des Tchèques jouent des Français dans le même épisode…
Le reste de la distribution est également à la hauteur, même si, personnellement, la composition de Marisa Berenson ne m’émeut pas, faute à une actrice assez glaciale et que je n’apprécie pas spécialement. Mais cela reste une affaire de goût, car le personnage fonctionne. Jay Benedict me paraît beaucoup plus convaincant, évoluant du charmeur au traqué. Le retour d’Eric Desmarestz dans le rôle du toujours pénible juge Benneau est également une bonne surprise. Le voir s’attribuer le mérite de la réussite finale de l’affaire est savoureux. Ses affrontements avec Maigret sont particulièrement tendus, le juge réclamant presque la tête de Maigret à la place de celle d’Heurtin.
Autre particularité : la bande originale. La musique habituelle de la série est absente ici, ou à tout le moins, réorchestrée d’une façon un peu grandiloquente, presque digne d’un film d’épouvante des années 50 comme en produisait la Hammer. Si, sur le coup, le fait peut paraître assez étrange, il met en réalité bien en valeur les images de Juraj Herz, tantôt chaudes lorsqu’il s’agit du bar (où là, la musique américaine est bien sûr omniprésente) et tantôt froide lorsque l’on se concentre sur Heurtin (prison, fuite, guillotine, etc.).
Maigret et la tête d’un homme constitue ainsi, avec L’éclusé n°1 et Cécile est morte, une superbe trilogie d’épisode, avec des thèmes communs (folie, opposition, crime crapuleux). Il est dommage qu’à la diffusion originelle, cette belle unité ait été brisée, en décalant la diffusion de cette affaire. Replacée dans son contexte de production, il est fort plaisant de les enchaîner et d’en apprécier similitudes et différences.
Un des meilleurs épisodes, tout simplement.
Distribution
Emmanuel Salinger : Né en 1964, il débute avec Arnaud Desplechin dans La Vie des morts puis pour la Sentinelle (sur laquelle il obtient le Prix Michel Simon en 1992). Il tient un rôle régulier dans Deux flics sur les docks de 2011 à 2014.
Marisa Berenson : Née en 1947 à New York, belle sœur d’Anthony Perkins, elle débute en 1964 comme mannequin qui lui apporte une très grande renommée. Familière des boites à la mode, elle commence dans les années 70 une carrière au cinéma. Elle n’a que peu tournée, mais avec les plus grands réalisateurs (Visconti, Irving, Eastwood) mais son film le plus célèbre est sans conteste Barry Lyndon, de Stanley Kubrick.
Jay Benedict : Acteur américain né en 1951, il est principalement connu pour son rôle du Capitaine John Kieffer dans Foyle’s War, en Grande-Bretagne. Apparu dans Star Wars IV : Un nouvel espoir, la version longue d’Aliens, on l’a vu plus récemment dans The Dark Knight Rises et Moonwalkers.
Juraj Herz : Né en 1934, ce réalisateur tchèque échappe de peu aux camps de la mort durant la seconde guerre mondiale, mais sa famille n’a pas cette chance. Adulte, il s’engage dans une carrière cinématographique comme assistant réalisateur (Le Miroir aux alouettes, 1963) mais également comme comédien et metteur en scène de théâtre. Il réalise en 1968 son premier film : L’incinérateur de cadavres qui sera censuré. Il a, tout au long de sa carrière, rencontré nombre de problèmes avec les censeurs officiels du parti communiste de Tchécoslovaquie. IL se tourne vers l’adaptation de contes, en Allemagne, dans les années 80. On le revoit en 1996 sur un autre grand Maigret : Maigret a peur.
Anecdotes :
Quinzième épisode tourné, en 1994, il ne fut inexplicablement diffusé qu’en vingt-et-unième position, en 1996.
Citations :
« Juge Benneau :Vous voyez, monsieur le commissaire, notre expérience a été concluante. Nous ne pouvons qu’en être satisfait. [Désignant sa voiture] Je vous raccompagne ? »
« Maigret : Non, merci. Nous avons besoin de marcher ».
Dernière édition par Shok Nar le Jeu 8 Oct 2015 - 13:50, édité 1 fois
Shok Nar- Baron(ne)
- Age : 43
Localisation : Sarthe
Date d'inscription : 14/09/2015
Re: Série "Maigret" avec Bruno Cremer
Chronique 16 :
Maigret – Volume 2 – Episode 8 : Maigret se trompe
Première diffusion : 04/11/1994
D’après Maigret se trompe (1953) – Roman
Scénario : Dominique Roulet
Réalisation : Joyce Bunuel
Interprétation : Bernadette Lafont (Mme Brault), Danielle Lebrun (Mme Gouin), Brigitte Catillon (Antoinette Ollivier), Anny Romand (Melle Decaux), François Perrot (Gouin), Isabelle Petit-Jacques (Mme Cornet), Jean-Claude Frissung (Janvier), Rebecca Potok (Alberte), Frédérique Lopez (Louise), Luc Lavandier (Pierrot), Annie Grégorio (la nourrice)
Résumé : Louise Fillon, prostituée de luxe, est abattue, chez elle, d’une balle de petit calibre. Enceinte, les soupçons de Maigret se portent rapidement vers l’un de ses riches amants, le professeur Gouin, habitant dans le même immeuble. Le second petit ami de Louise, Pierrot, est en fuite, mais Maigret s’obstine à penser que tout mène au professeur Gouin, dont l’entourage n’est fait que de femmes, de son épouse à son assistante, en passant pour sa belle-sœur. Etrangement, Maigret tarde à l’interroger…
Note : 1 sur 4
Critique :
Il faut toujours une exception pour confirmer une règle. Celle qui veut que Maigret soit confronté à un personnage d’envergure est ici plus que valable, dans son exception donc. Le mieux est l’ennemi du bien, et Maigret se trompe en est la parfaite illustration. Maigret doit faire face ici non pas à une forte personnalité mais à cinq ! Et c’est bien trop, comme nous allons le constater.
On se perd en effet, dans les méandres d’une enquête peu palpitante et passablement confuse. Nous ne comprenons pas les agissements de Maigret qui se fourvoie donc dans une affaire des plus simples en apparence mais qui prend des allures de roman de gare (pour finir dedans d’ailleurs), sans aucune logique apparente. Maigret se trompe ? C’est possible. Mais nous n’en voyons pas la raison. Le commissaire, particulièrement avare de confidence dans cet épisode, ne nous livre rien de ses pensées. A son habitude, il n’échaffaude aucune hypothèse et nous en sommes réduits à des conjectures : tout accuse le professeur Gouin d’avoir assassiné sa maîtresse. Maigret suit donc cette piste, en alternant les interrogatoires de sa femme, de sa belle-sœur et de son assistante, en s’offrant plusieurs détours chez la bonne de la victime. Il se désintéresse très vite de la piste du fiancé, qui n’apporte strictement rien à l’intrigue, si ce n’est davantage de digression.
Pourquoi donc Maigret patiente-t-il plus d’une heure de film (mais plusieurs jours d’investigation) avant d’aller questionner l’homme qui apparaît (faussement) comme le principal suspect ? Pourquoi cette attente ? Pour quel motif ne respecte-t-il aucune des procédures policières courantes ? Faut-il chercher la réponse dans la phrase de Mme Gouin ? « On ne dérange pas un homme comme le professeur Gouin ». Ce serait bien la première fois que nous verrions le commissaire s’embarrasser de ce genre de considération, comme s’il devait ménager un grand praticien, lui qui ne se gène pas avec les juges ou les ministres.
Non, il faut plutôt y voir un simple bon sens : Maigret se perd à suspecter un homme que tout accuse. Mais, s’il se donnait la peine de réellement l’interroger, il découvrirait l’être abject qu’il est, livré dans sa vérité odieuse certes, mais bien réelle : l’homme n’est coupable que d’être un affreux misogynes imbu de lui-même. Infidèle, oui : il le clame haut et fort. Mais menteur, pas du tout. Maigret, en le questionnant dès le départ, comprendrait aussitôt son erreur et porterait immédiatement son attention dans la bonne direction. Si tel était le cas, cette énigme serait au mieux bouclée en une demi-heure (en poussant bien) et il n’y aurait pas de film.
Alors on nous invente cette sorte d’attente, très longue, incompréhensible, qui nous amène enfin vers la confrontation avec le professeur Gouin. Et c’est là que le bas blesse une seconde fois. L’entretien qui aurait du être le sommet du film en ressort consternant de platitude. Non pas à cause de la très bonne performance de François Perrot, mais parce que le personnage s’est trop fait désiré et que nous n’en avons à peu près plus rien à faire de lui, de sa femme de sa maîtresse ou de son poisson rouge. Nous avons déjà vu sa femme, dont l’interrogatoire révèle une personnalité étrange, allant comme un gant à Danièle Lebrun ; nous avons vu la belle-sœur, bibliothécaire glaçon (une belle caricature pour le coup), nous avons vu également la bonne qui en sait trop et dont on tire les vers du nez (cocasse Bernadette Laffont) et nous avons également eu droit au numéro de l’assistante et maîtresse d’occasion, dont on ne sait si elle tend vers la femme fatale, la femme libérée ou la femme soumise (sans doute un peu des trois à la fois). Beaucoup trop de personnalités qui se débattent et surnagent comme elles le peuvent, chacune tirant un peu la couverture à elle, mais sans que personne ne vienne vraiment emporter le morceau.
La fin du film est ridicule : Maigret, en planque, ne bouge pas, se fait enfermer par le coupable dans une pièce, finit par sortir on ne sait comment, et se précipite stupidement à la poursuite du meurtrier. Pourquoi stupidement ? Parce qu’il sait où il se rend et qu’il lui serait aisé de l’arrêter à cet instant. Mais cela ne permettrait pas à Maigret, le raccommodeur de destinée, de permettre l’ultime échappée, celle de Mme Gouin, devenue complice, et qu’il protège dans un sursaut de bonté d’âme.
La seule véritable force de l’épisode réside dans son interprétation, car les acteurs sont véritablement remarquables, chacun dans leur style. La réalisation est honnête, les couleurs un peu plus vives qu’à l’ordinaire, ce qui n’est pas forcément désagréable et nous procurent une fausse impression de légèreté. Le montage apparaît comme idiot, comme nous l’avons vu précédemment, de part cette insistance de Maigret à mal faire son travail, mais ce découpage est manifestement du au scénario en lui-même, bancal et mal fichu.
Le coffret 2 s’achève donc sur une fausse note, un raté, nous laissant une impression peu agréable.
Distribution
Bernadette Lafont : (1938-2013) Se destinant à la danse, elle suit des cours à l’Opéra de Nîmes. Elle bonne élève, elle décroche son baccalauréat à 16 ans. A Paris, elle rencontre François Truffaut et devient l’égérie de la Nouvelle Vague, avec des films remarqués comme Les Mistons (1957), Le beau Serge, A double tour (1959), Compartiment tueurs (1965). Actrice également de films populaires, on la voit dans Les Bons vivants, Un idiot à Paris, La fiancée du pirate, La maman et la [censuré]. Sa carrière connaît un creux mais on la revoit dans les années 80 dans de nombreux films de Jean-Pierre Mocky, ainsi que dans Inspecteur Lavardin, Masques et l’Effrontée (qui lui vaut le César de la meilleure actrice dans un second rôle en 1985). Elle continue de tourner à la télévision (jusqu’à sa mort, en 2013, dans Scènes de ménage). Elle était la mère de l’actrice Pauline Lafont, décédée accidentellement en 1988.
Danielle Lebrun : Née en 1937, elle obtient un Premier prix au conservatoire et passe deux ans à la Comédie française. Elle officie principalement sur les planches, alternant les registres tragiques, comiques ou même franchement burlesques. Elle est surtout connue du grand public pour les adaptations télévisions de Marivaux et de Musset et ses nombreuses participations à Au théâtre ce soir. On la voit au cinéma dans Camille Claudel et Uranus, à la télévision aux côtés de Claude Brasseur pour Les Nouvelles aventures de Vidocq et Dans le rôle d’Yvonne de Gaule dans le Grand Charles aux côtés de Bernard Farcy. En 2011, 53 ans après son premier passage, elle est à nouveau engagée à la Comédie française. Elle était déjà apparue dans un Maigret avec Jean Richard, en 1988, Maigret et l’inspecteur Malgracieux.
Brigitte Catillon : Actrice et scénariste née en 1951, elle obtient plusieurs nominations aux Césars ainsi qu’aux Molières, sans jamais décrocher la récompense. Elle alterne le théâtre (Kafka, Shakespeare, Racine, Marivaux, Bergman, Guitry, Bedos) et le cinéma (Le Quart d’heure américain, Louis, enfant roi, La parenthèse enchantée, le Goût des autres, Ne le dis à personne, Amour et turbulences). A la télévision, on l’a vue dans Alice Nevers, Jean Moulin, et Les petits meurtres d’Agatha Christie.
François Perrot : Né en 1954, il débute au théâtre dans la troupe de Louis Jouvet puis passe au TNP de Jean Vilar. Spécialiste des rôles de notables, on le verra dans Les liaisons dangereuses de Vadim en 1960, Les innocents aux mains sales de Chabrol, Le Corps de mon ennemi de Verneuil, ainsi que dans Coup de torchon et La vie et rien d’autre pour Tavernier, toujours dans des personnages élégants et bourgeois. On le voit dans de nombreuses séries télévisées prestigieuses (Châteauvallon, le Château des oliviers, La Prophétie d’Avignon, etc.). Au théâtre, il remporte un grand succès dans Les seins de Lola, de Maria Pacôme.
Annie Grégorio : Née en 1957, elle se fait remarquer dès 1982 dans le Petit théâtre de Bouvard. Figure importante de la télévision (Tramontane, Merci les enfants vont bien, Marie Bernard l’empoisonneuse, la Prophétie d’Avignon aux côtés de François Perrot, Week-end chez les toqués, Crimes et botanique, Commissaire Laviolette), elle officie sur les planches pour Bernard Murat (Guitry, Feydeau) et Jean-Michel Ribes (Dubillard, Gourio) et au cinéma (Désiré, Les Sœurs soleil, Au secours, j’ai 30 ans !, l’Antidote, et sera à l’affiche des Visiteurs 3 en 2016. On retrouvera sa gouaille et son accent délicieux en 1996 dans Maigret en meublé. On l’avait vu aux côtés de Jean Richard dans la première série des Maigret, en 1988 dans La morte qui assassina.
Dominique Roulet : (1949-1999) Ecrivain, scénariste et réalisateur, il a écrit une dizaine de romans dont Les dossiers de l’inspecteur Lavardin dont il signe l’adaptation télévisuelle et au cinéma pour Charbol avec Jean Poiret (Inspecteur LAvardin, Poulet au vinaigre). Il a écrit ensuite surtout pour Les Cordiers, juge et flic.
Joyce Sherman Buñuel : Née en 1941, Bunuel est une réalisatrice et scénariste française d'origine américaine. Elle fut marié à Juan Luis Bunuel, fils du cinéaste Luis Bunuel. Elle réalise nombre d’épisodes de série pour la télévision française depuis 1979 (Julie LEscaut, Madame le consul, Commissaire Moulin, Sœur Thérèse.com, Le Juge est une femme et surtout Clem).
D’après Maigret se trompe (1953) – Roman
Scénario : Dominique Roulet
Réalisation : Joyce Bunuel
Interprétation : Bernadette Lafont (Mme Brault), Danielle Lebrun (Mme Gouin), Brigitte Catillon (Antoinette Ollivier), Anny Romand (Melle Decaux), François Perrot (Gouin), Isabelle Petit-Jacques (Mme Cornet), Jean-Claude Frissung (Janvier), Rebecca Potok (Alberte), Frédérique Lopez (Louise), Luc Lavandier (Pierrot), Annie Grégorio (la nourrice)
Résumé : Louise Fillon, prostituée de luxe, est abattue, chez elle, d’une balle de petit calibre. Enceinte, les soupçons de Maigret se portent rapidement vers l’un de ses riches amants, le professeur Gouin, habitant dans le même immeuble. Le second petit ami de Louise, Pierrot, est en fuite, mais Maigret s’obstine à penser que tout mène au professeur Gouin, dont l’entourage n’est fait que de femmes, de son épouse à son assistante, en passant pour sa belle-sœur. Etrangement, Maigret tarde à l’interroger…
Note : 1 sur 4
Critique :
Il faut toujours une exception pour confirmer une règle. Celle qui veut que Maigret soit confronté à un personnage d’envergure est ici plus que valable, dans son exception donc. Le mieux est l’ennemi du bien, et Maigret se trompe en est la parfaite illustration. Maigret doit faire face ici non pas à une forte personnalité mais à cinq ! Et c’est bien trop, comme nous allons le constater.
On se perd en effet, dans les méandres d’une enquête peu palpitante et passablement confuse. Nous ne comprenons pas les agissements de Maigret qui se fourvoie donc dans une affaire des plus simples en apparence mais qui prend des allures de roman de gare (pour finir dedans d’ailleurs), sans aucune logique apparente. Maigret se trompe ? C’est possible. Mais nous n’en voyons pas la raison. Le commissaire, particulièrement avare de confidence dans cet épisode, ne nous livre rien de ses pensées. A son habitude, il n’échaffaude aucune hypothèse et nous en sommes réduits à des conjectures : tout accuse le professeur Gouin d’avoir assassiné sa maîtresse. Maigret suit donc cette piste, en alternant les interrogatoires de sa femme, de sa belle-sœur et de son assistante, en s’offrant plusieurs détours chez la bonne de la victime. Il se désintéresse très vite de la piste du fiancé, qui n’apporte strictement rien à l’intrigue, si ce n’est davantage de digression.
Pourquoi donc Maigret patiente-t-il plus d’une heure de film (mais plusieurs jours d’investigation) avant d’aller questionner l’homme qui apparaît (faussement) comme le principal suspect ? Pourquoi cette attente ? Pour quel motif ne respecte-t-il aucune des procédures policières courantes ? Faut-il chercher la réponse dans la phrase de Mme Gouin ? « On ne dérange pas un homme comme le professeur Gouin ». Ce serait bien la première fois que nous verrions le commissaire s’embarrasser de ce genre de considération, comme s’il devait ménager un grand praticien, lui qui ne se gène pas avec les juges ou les ministres.
Non, il faut plutôt y voir un simple bon sens : Maigret se perd à suspecter un homme que tout accuse. Mais, s’il se donnait la peine de réellement l’interroger, il découvrirait l’être abject qu’il est, livré dans sa vérité odieuse certes, mais bien réelle : l’homme n’est coupable que d’être un affreux misogynes imbu de lui-même. Infidèle, oui : il le clame haut et fort. Mais menteur, pas du tout. Maigret, en le questionnant dès le départ, comprendrait aussitôt son erreur et porterait immédiatement son attention dans la bonne direction. Si tel était le cas, cette énigme serait au mieux bouclée en une demi-heure (en poussant bien) et il n’y aurait pas de film.
Alors on nous invente cette sorte d’attente, très longue, incompréhensible, qui nous amène enfin vers la confrontation avec le professeur Gouin. Et c’est là que le bas blesse une seconde fois. L’entretien qui aurait du être le sommet du film en ressort consternant de platitude. Non pas à cause de la très bonne performance de François Perrot, mais parce que le personnage s’est trop fait désiré et que nous n’en avons à peu près plus rien à faire de lui, de sa femme de sa maîtresse ou de son poisson rouge. Nous avons déjà vu sa femme, dont l’interrogatoire révèle une personnalité étrange, allant comme un gant à Danièle Lebrun ; nous avons vu la belle-sœur, bibliothécaire glaçon (une belle caricature pour le coup), nous avons vu également la bonne qui en sait trop et dont on tire les vers du nez (cocasse Bernadette Laffont) et nous avons également eu droit au numéro de l’assistante et maîtresse d’occasion, dont on ne sait si elle tend vers la femme fatale, la femme libérée ou la femme soumise (sans doute un peu des trois à la fois). Beaucoup trop de personnalités qui se débattent et surnagent comme elles le peuvent, chacune tirant un peu la couverture à elle, mais sans que personne ne vienne vraiment emporter le morceau.
La fin du film est ridicule : Maigret, en planque, ne bouge pas, se fait enfermer par le coupable dans une pièce, finit par sortir on ne sait comment, et se précipite stupidement à la poursuite du meurtrier. Pourquoi stupidement ? Parce qu’il sait où il se rend et qu’il lui serait aisé de l’arrêter à cet instant. Mais cela ne permettrait pas à Maigret, le raccommodeur de destinée, de permettre l’ultime échappée, celle de Mme Gouin, devenue complice, et qu’il protège dans un sursaut de bonté d’âme.
La seule véritable force de l’épisode réside dans son interprétation, car les acteurs sont véritablement remarquables, chacun dans leur style. La réalisation est honnête, les couleurs un peu plus vives qu’à l’ordinaire, ce qui n’est pas forcément désagréable et nous procurent une fausse impression de légèreté. Le montage apparaît comme idiot, comme nous l’avons vu précédemment, de part cette insistance de Maigret à mal faire son travail, mais ce découpage est manifestement du au scénario en lui-même, bancal et mal fichu.
Le coffret 2 s’achève donc sur une fausse note, un raté, nous laissant une impression peu agréable.
Distribution
Bernadette Lafont : (1938-2013) Se destinant à la danse, elle suit des cours à l’Opéra de Nîmes. Elle bonne élève, elle décroche son baccalauréat à 16 ans. A Paris, elle rencontre François Truffaut et devient l’égérie de la Nouvelle Vague, avec des films remarqués comme Les Mistons (1957), Le beau Serge, A double tour (1959), Compartiment tueurs (1965). Actrice également de films populaires, on la voit dans Les Bons vivants, Un idiot à Paris, La fiancée du pirate, La maman et la [censuré]. Sa carrière connaît un creux mais on la revoit dans les années 80 dans de nombreux films de Jean-Pierre Mocky, ainsi que dans Inspecteur Lavardin, Masques et l’Effrontée (qui lui vaut le César de la meilleure actrice dans un second rôle en 1985). Elle continue de tourner à la télévision (jusqu’à sa mort, en 2013, dans Scènes de ménage). Elle était la mère de l’actrice Pauline Lafont, décédée accidentellement en 1988.
Danielle Lebrun : Née en 1937, elle obtient un Premier prix au conservatoire et passe deux ans à la Comédie française. Elle officie principalement sur les planches, alternant les registres tragiques, comiques ou même franchement burlesques. Elle est surtout connue du grand public pour les adaptations télévisions de Marivaux et de Musset et ses nombreuses participations à Au théâtre ce soir. On la voit au cinéma dans Camille Claudel et Uranus, à la télévision aux côtés de Claude Brasseur pour Les Nouvelles aventures de Vidocq et Dans le rôle d’Yvonne de Gaule dans le Grand Charles aux côtés de Bernard Farcy. En 2011, 53 ans après son premier passage, elle est à nouveau engagée à la Comédie française. Elle était déjà apparue dans un Maigret avec Jean Richard, en 1988, Maigret et l’inspecteur Malgracieux.
Brigitte Catillon : Actrice et scénariste née en 1951, elle obtient plusieurs nominations aux Césars ainsi qu’aux Molières, sans jamais décrocher la récompense. Elle alterne le théâtre (Kafka, Shakespeare, Racine, Marivaux, Bergman, Guitry, Bedos) et le cinéma (Le Quart d’heure américain, Louis, enfant roi, La parenthèse enchantée, le Goût des autres, Ne le dis à personne, Amour et turbulences). A la télévision, on l’a vue dans Alice Nevers, Jean Moulin, et Les petits meurtres d’Agatha Christie.
François Perrot : Né en 1954, il débute au théâtre dans la troupe de Louis Jouvet puis passe au TNP de Jean Vilar. Spécialiste des rôles de notables, on le verra dans Les liaisons dangereuses de Vadim en 1960, Les innocents aux mains sales de Chabrol, Le Corps de mon ennemi de Verneuil, ainsi que dans Coup de torchon et La vie et rien d’autre pour Tavernier, toujours dans des personnages élégants et bourgeois. On le voit dans de nombreuses séries télévisées prestigieuses (Châteauvallon, le Château des oliviers, La Prophétie d’Avignon, etc.). Au théâtre, il remporte un grand succès dans Les seins de Lola, de Maria Pacôme.
Annie Grégorio : Née en 1957, elle se fait remarquer dès 1982 dans le Petit théâtre de Bouvard. Figure importante de la télévision (Tramontane, Merci les enfants vont bien, Marie Bernard l’empoisonneuse, la Prophétie d’Avignon aux côtés de François Perrot, Week-end chez les toqués, Crimes et botanique, Commissaire Laviolette), elle officie sur les planches pour Bernard Murat (Guitry, Feydeau) et Jean-Michel Ribes (Dubillard, Gourio) et au cinéma (Désiré, Les Sœurs soleil, Au secours, j’ai 30 ans !, l’Antidote, et sera à l’affiche des Visiteurs 3 en 2016. On retrouvera sa gouaille et son accent délicieux en 1996 dans Maigret en meublé. On l’avait vu aux côtés de Jean Richard dans la première série des Maigret, en 1988 dans La morte qui assassina.
Dominique Roulet : (1949-1999) Ecrivain, scénariste et réalisateur, il a écrit une dizaine de romans dont Les dossiers de l’inspecteur Lavardin dont il signe l’adaptation télévisuelle et au cinéma pour Charbol avec Jean Poiret (Inspecteur LAvardin, Poulet au vinaigre). Il a écrit ensuite surtout pour Les Cordiers, juge et flic.
Joyce Sherman Buñuel : Née en 1941, Bunuel est une réalisatrice et scénariste française d'origine américaine. Elle fut marié à Juan Luis Bunuel, fils du cinéaste Luis Bunuel. Elle réalise nombre d’épisodes de série pour la télévision française depuis 1979 (Julie LEscaut, Madame le consul, Commissaire Moulin, Sœur Thérèse.com, Le Juge est une femme et surtout Clem).
Shok Nar- Baron(ne)
- Age : 43
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Date d'inscription : 14/09/2015
Re: Série "Maigret" avec Bruno Cremer
Bon, une petite pause s'impose^^
Shok Nar- Baron(ne)
- Age : 43
Localisation : Sarthe
Date d'inscription : 14/09/2015
Re: Série "Maigret" avec Bruno Cremer
Ca fait déjà une nouvelle saison de faite, quel rythme, bravo !
Dearesttara- Roi (Reine)
- Age : 33
Localisation : Charenton (94)
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Re: Série "Maigret" avec Bruno Cremer
J'essaie d'être efficace. Merci. :)
Shok Nar- Baron(ne)
- Age : 43
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Date d'inscription : 14/09/2015
Re: Série "Maigret" avec Bruno Cremer
Belle performance en effet !
Estuaire44- Empereur
- Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
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Shok Nar- Baron(ne)
- Age : 43
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Date d'inscription : 14/09/2015
Re: Série "Maigret" avec Bruno Cremer
Shok Nar, déjà Chevalier ? Bravo
Très belle contribution pour Maigret !
Merci pour tous.
Très belle contribution pour Maigret !
Merci pour tous.
Philo- Fondateur
- Age : 72
Localisation : Paris
Date d'inscription : 01/10/2005
Re: Série "Maigret" avec Bruno Cremer
Thanks a lot :)
J'attaquerai le volume 3 dès que j'ai fini de faire la saison 1 des Murdochs,
J'attaquerai le volume 3 dès que j'ai fini de faire la saison 1 des Murdochs,
Shok Nar- Baron(ne)
- Age : 43
Localisation : Sarthe
Date d'inscription : 14/09/2015
Re: Série "Maigret" avec Bruno Cremer
Le volume 2 de Maigret est en ligne!
http://theavengers.fr/index.php/hors-serie/annees-1990/maigret-bruno-cremer-1991-2005/maigret-bruno-cremer-volume-2
http://theavengers.fr/index.php/hors-serie/annees-1990/maigret-bruno-cremer-1991-2005/maigret-bruno-cremer-volume-2
Invité- Invité
Re: Série "Maigret" avec Bruno Cremer
C'est énorme !
Shok Nar- Baron(ne)
- Age : 43
Localisation : Sarthe
Date d'inscription : 14/09/2015
Re: Série "Maigret" avec Bruno Cremer
Le Volume 3 est en cours, mais je suis actuellement un peu loin de mon ordi, donc ça sera pour un peu plus tard, ;-)
Shok Nar- Baron(ne)
- Age : 43
Localisation : Sarthe
Date d'inscription : 14/09/2015
Re: Série "Maigret" avec Bruno Cremer
Maigret is BACK !
Chronique 17 :
Première diffusion : 17/03/1995
D’après Maigret et la vieille dame (1949) – Roman
Scénario : Catherine Ramberg, David Delrieux
Réalisation : David Delrieux
Interprétation : Odette Laure (Valentine), Béatrice Agenin (Arlette), Bernard Freyd (Charles), Olivier Cruveiller (Castaing), Philippe Morier-Genoud (Théo), André Chaumeau (Homère), Pierre Cassignard (Henri), Philippe Beglia (Charlie), Annie Jouzier (Mimi), Alain Rimoux (le directeur de la PJ)
Résumé : Valentine Besson vient trouver Maigret pour lui expliquer que sa bonne, Rose, est morte empoisonnée à sa place. Le député Charles Bessons, beau-fils de Valentine, se débrouille pour que Maigret soit chargé officiellement de l'enquête. Le commissaire s’insinue alors dans la vie de Valentine et fouille le passé de la famille Besson, de son entourage ainsi que celui de ses domestiques. Il découvre des personnages hétéroclites, détestant tous la vieille dame, de sa fille volage, à son second beau-fils apprenti écrivain ou Homère, le taiseaux jardinier de Valentine.
Note : 1 sur 4
Critique :
C’est sur un épisode bien fade que s’ouvre le troisième coffret des Maigret, bien qu’en termes de production il se situât environ au milieu du contrat de Bruno Cremer. Faute à de nombreux défauts et maladresses, qui plombent allègrement le ton, le rythme et la saveur du métrage.
Premier écueil : le scénario. Il est difficile de se passionner pour cette histoire de vieille dame que l’on a tenté d’assassiner. L’intrigue est bourrée de clichés : la vieille femme est insupportable, tout le monde la déteste, mais pourquoi, au fond la tuer ? Aucun mobile apparent, des circonvolutions scénaristiques pour nous faire croire à d’invraisemblables coïncidences : bref, rien qui ne retient l’attention. On ne se passionne guère pour cette enquête au fil de promenades interminables et de déjeuners savoureux. Maigret progresse avec une lenteur particulièrement exaspérante ici, faute à des dialogues percutants. Rarement ces échanges auront été aussi insipides et exaspérèrent longs. Il ne ressort rien de ces scènes, si ce n’est une impression d’ennui. Quant au final, rocambolesque, il survient comme un cheveu sur la soupe et c’est presqu’un coup de chance que Maigret soit là pour procéder aux arrestations.
Second problème : la réalisation. Aucun rythme, pas de composition, des mouvements de caméra inutiles, et un mauvais éclairage. Pour un épisode non-parisien, on aurait espéré une valorisation des décors, une exposition des lieux procurant une atmosphère à l’épisode. Les meilleurs Maigret magnifient leurs décors, que ce soit dans le flamboyant ou dans le sordide. Mais ici, pas moyen de ressentir quelque chose, aucune appropriation émotionnelle des lieux. Ceux-ci demeurent quelconques et donc sans intérêt. Et ce ne sont pas les quelques déambulations de Maigret dans les rues qui y changeront quelque chose. On se demande où est Etretat, si fortement retranscrit par Simenon dans le roman.
Troisième égarement de l’épisode, et non des moindres : la distribution. Nous ne le répéterons jamais assez, la force des Maigret réside en grande partie dans la confrontation du commissaire avec une figure d’envergure, la plupart du temps un brillant adversaire. Ce n’est pas le cas dans Maigret et la vieille dame. Cette dernière n’a rien d’exceptionnel. Odette Laure ne joue pas très bien, et son personnage est insupportable tout le film. Maniérée et dotée d’une voix haut perchée agaçante, elle ne suscite qu’irritation : difficile dans ces conditions de compatir à son malheur et de s’intéresser à l’enquête à son sujet. Plus l’épisode avance, plus on en vient à détester ce personnage et ce n’est pas le final qui nous donnera tort. Le reste de la distribution n’est pas mieux loti. L’inspecteur Castaing n’a aucun charisme (Rendez nous Torrence ! Rendez nous Janvier !), Bernard Freyd sort un banal numéro d’homme politique soucieux d’éviter le scandale dans son interprétation de Charles Besson, et les autres personnages sonnent faux. Théo n’exprime rien que du vide, Homère est lui aussi pénible, et Pierre Cassignard, dans le rôle d’Henri, joue tout simplement mal. Seule Béatrice Agenin donne le ton juste en interprétant Arlette, une femme détestant sa mère, adorant son mari, mais ne pouvant s’empêcher de se jeter au cou de tous les hommes qu’elle croise pour donner un semblant de sens à son existence. Le personnage est très « simenonien », parfaitement interprété mais n’empêche pas l’épisode d’être raté.
Au total : Un épisode long et sans saveur, dont on comprend mal qu’il ait retenu l’intérêt des producteurs. Oubliable.
Distribution
Odette Laure : (1917-2004) Comédienne française, elle a surtout joué au théâtre et à la télévision. On l’a vu à de nombreuses reprises dans Au théâtre ce soir, La brune que voilà, Le mari, la femme et la mort, Joyeuses Pâques et dans plusieurs séries comme Les dames de cœur, Julien Fontanes magistrat, Madame et ses flics et Entre terre et mer.
Béatrice Agenin : Née en 1950, cette comédienne intègre la Comédie Française en 1974 et la quitte en 1984. Partenaire de Jean-Paul Belmondo dans Cyrano de Bergerac, Kean et La dame de chez Maxims, elle joue également à la télévision (Une famille formidable) et est également comédienne de doublage (elle a ainsi prêtée sa voix à Sharon Stone, Rebecca de Mornay ou Melanie Griffith). Elle met également en scène des créations théâtrales.
Bernard Freyd : Né en 1939, ce touche à tout joue aussi bien pour le théâtre, la télévision que le cinéma. Sur les planches il interprète aussi bien Courteline, Beaumarchais, Marivaux, Ionesco, Labiche que Molière. Il joue au cinéma pour Berri, Verneuil, Lelouch, et dans de nombreux téléfilms. Il reviendra dans la série dans Maigret chez le ministre.
Philippe Morier-Genoud : Né en 1944, on a pu le voir dans Au revoir les enfants, Cyrano de Bergerac et plus récemment dans Kaamelott ; Il prête sa voix à César dans Astérix et le domaine des dieux d’Alexandre Astier.
André Chaumeau : (1924-2013) Comédien de cinéma et de télévision, il enchaînera pendant 50 ans des petits rôles sans jamais sortir de l’anonymat. Il a joué en 1980 aux côtés de Jean Richard dans Maigret et le charretier de la Providence.
Catherine Ramberg : Outre plusieurs épisodes de Maigret, elle écrit pour la télévision de nombreux téléfilms et a collaboré à l’écriture du film La source des femmes en 2011.
David Delrieux : Scénariste et réalisateur français, il tourne des téléfilms et des épisodes de série depuis les années 80. On lui doit notamment la saga de l’été La prophétie d’Avignon.
Chronique 17 :
Maigret – Volume 3 – Episode 1 : Maigret et la vieille dame
Première diffusion : 17/03/1995
D’après Maigret et la vieille dame (1949) – Roman
Scénario : Catherine Ramberg, David Delrieux
Réalisation : David Delrieux
Interprétation : Odette Laure (Valentine), Béatrice Agenin (Arlette), Bernard Freyd (Charles), Olivier Cruveiller (Castaing), Philippe Morier-Genoud (Théo), André Chaumeau (Homère), Pierre Cassignard (Henri), Philippe Beglia (Charlie), Annie Jouzier (Mimi), Alain Rimoux (le directeur de la PJ)
Résumé : Valentine Besson vient trouver Maigret pour lui expliquer que sa bonne, Rose, est morte empoisonnée à sa place. Le député Charles Bessons, beau-fils de Valentine, se débrouille pour que Maigret soit chargé officiellement de l'enquête. Le commissaire s’insinue alors dans la vie de Valentine et fouille le passé de la famille Besson, de son entourage ainsi que celui de ses domestiques. Il découvre des personnages hétéroclites, détestant tous la vieille dame, de sa fille volage, à son second beau-fils apprenti écrivain ou Homère, le taiseaux jardinier de Valentine.
Note : 1 sur 4
Critique :
C’est sur un épisode bien fade que s’ouvre le troisième coffret des Maigret, bien qu’en termes de production il se situât environ au milieu du contrat de Bruno Cremer. Faute à de nombreux défauts et maladresses, qui plombent allègrement le ton, le rythme et la saveur du métrage.
Premier écueil : le scénario. Il est difficile de se passionner pour cette histoire de vieille dame que l’on a tenté d’assassiner. L’intrigue est bourrée de clichés : la vieille femme est insupportable, tout le monde la déteste, mais pourquoi, au fond la tuer ? Aucun mobile apparent, des circonvolutions scénaristiques pour nous faire croire à d’invraisemblables coïncidences : bref, rien qui ne retient l’attention. On ne se passionne guère pour cette enquête au fil de promenades interminables et de déjeuners savoureux. Maigret progresse avec une lenteur particulièrement exaspérante ici, faute à des dialogues percutants. Rarement ces échanges auront été aussi insipides et exaspérèrent longs. Il ne ressort rien de ces scènes, si ce n’est une impression d’ennui. Quant au final, rocambolesque, il survient comme un cheveu sur la soupe et c’est presqu’un coup de chance que Maigret soit là pour procéder aux arrestations.
Second problème : la réalisation. Aucun rythme, pas de composition, des mouvements de caméra inutiles, et un mauvais éclairage. Pour un épisode non-parisien, on aurait espéré une valorisation des décors, une exposition des lieux procurant une atmosphère à l’épisode. Les meilleurs Maigret magnifient leurs décors, que ce soit dans le flamboyant ou dans le sordide. Mais ici, pas moyen de ressentir quelque chose, aucune appropriation émotionnelle des lieux. Ceux-ci demeurent quelconques et donc sans intérêt. Et ce ne sont pas les quelques déambulations de Maigret dans les rues qui y changeront quelque chose. On se demande où est Etretat, si fortement retranscrit par Simenon dans le roman.
Troisième égarement de l’épisode, et non des moindres : la distribution. Nous ne le répéterons jamais assez, la force des Maigret réside en grande partie dans la confrontation du commissaire avec une figure d’envergure, la plupart du temps un brillant adversaire. Ce n’est pas le cas dans Maigret et la vieille dame. Cette dernière n’a rien d’exceptionnel. Odette Laure ne joue pas très bien, et son personnage est insupportable tout le film. Maniérée et dotée d’une voix haut perchée agaçante, elle ne suscite qu’irritation : difficile dans ces conditions de compatir à son malheur et de s’intéresser à l’enquête à son sujet. Plus l’épisode avance, plus on en vient à détester ce personnage et ce n’est pas le final qui nous donnera tort. Le reste de la distribution n’est pas mieux loti. L’inspecteur Castaing n’a aucun charisme (Rendez nous Torrence ! Rendez nous Janvier !), Bernard Freyd sort un banal numéro d’homme politique soucieux d’éviter le scandale dans son interprétation de Charles Besson, et les autres personnages sonnent faux. Théo n’exprime rien que du vide, Homère est lui aussi pénible, et Pierre Cassignard, dans le rôle d’Henri, joue tout simplement mal. Seule Béatrice Agenin donne le ton juste en interprétant Arlette, une femme détestant sa mère, adorant son mari, mais ne pouvant s’empêcher de se jeter au cou de tous les hommes qu’elle croise pour donner un semblant de sens à son existence. Le personnage est très « simenonien », parfaitement interprété mais n’empêche pas l’épisode d’être raté.
Au total : Un épisode long et sans saveur, dont on comprend mal qu’il ait retenu l’intérêt des producteurs. Oubliable.
Distribution
Odette Laure : (1917-2004) Comédienne française, elle a surtout joué au théâtre et à la télévision. On l’a vu à de nombreuses reprises dans Au théâtre ce soir, La brune que voilà, Le mari, la femme et la mort, Joyeuses Pâques et dans plusieurs séries comme Les dames de cœur, Julien Fontanes magistrat, Madame et ses flics et Entre terre et mer.
Béatrice Agenin : Née en 1950, cette comédienne intègre la Comédie Française en 1974 et la quitte en 1984. Partenaire de Jean-Paul Belmondo dans Cyrano de Bergerac, Kean et La dame de chez Maxims, elle joue également à la télévision (Une famille formidable) et est également comédienne de doublage (elle a ainsi prêtée sa voix à Sharon Stone, Rebecca de Mornay ou Melanie Griffith). Elle met également en scène des créations théâtrales.
Bernard Freyd : Né en 1939, ce touche à tout joue aussi bien pour le théâtre, la télévision que le cinéma. Sur les planches il interprète aussi bien Courteline, Beaumarchais, Marivaux, Ionesco, Labiche que Molière. Il joue au cinéma pour Berri, Verneuil, Lelouch, et dans de nombreux téléfilms. Il reviendra dans la série dans Maigret chez le ministre.
Philippe Morier-Genoud : Né en 1944, on a pu le voir dans Au revoir les enfants, Cyrano de Bergerac et plus récemment dans Kaamelott ; Il prête sa voix à César dans Astérix et le domaine des dieux d’Alexandre Astier.
André Chaumeau : (1924-2013) Comédien de cinéma et de télévision, il enchaînera pendant 50 ans des petits rôles sans jamais sortir de l’anonymat. Il a joué en 1980 aux côtés de Jean Richard dans Maigret et le charretier de la Providence.
Catherine Ramberg : Outre plusieurs épisodes de Maigret, elle écrit pour la télévision de nombreux téléfilms et a collaboré à l’écriture du film La source des femmes en 2011.
David Delrieux : Scénariste et réalisateur français, il tourne des téléfilms et des épisodes de série depuis les années 80. On lui doit notamment la saga de l’été La prophétie d’Avignon.
Shok Nar- Baron(ne)
- Age : 43
Localisation : Sarthe
Date d'inscription : 14/09/2015
Re: Série "Maigret" avec Bruno Cremer
Merci :)
C'est ça d'être en vacances ^^
C'est ça d'être en vacances ^^
Shok Nar- Baron(ne)
- Age : 43
Localisation : Sarthe
Date d'inscription : 14/09/2015
Re: Série "Maigret" avec Bruno Cremer
Good job !!
Philo- Fondateur
- Age : 72
Localisation : Paris
Date d'inscription : 01/10/2005
Re: Série "Maigret" avec Bruno Cremer
Bon, désolé pour le retard pris. Mais ma télé est morte et j'ai pas les sous pour m'en racheter une à l'heure actuelle. Du coup, je suis forcé de tout visionner sur ordinateur et je déteste ça, d'où mes retards.
Mais bon, allez, on se force un peu, et on s'y remet ;-)
Chronique 17 :
Première diffusion : 16/06/1995
D’après Vente à la bougie (1939) – Nouvelle
Scénario : Pierre Granier Deferre, Dominique Roulet
Réalisation : Pierre Granier Deferre
Interprétation : Etienne Chicot (Fred), Daniel Gélin (Nicolas), Michèle Moretti (Juliette), Pierre Forest (Groult), Frédéric Pierrot (Canut), Gilles Treton (Gentil), Margot Abascal (Thérèse), Lionel Astier (docteur Breton), Henri Lambert (Borchain), Stéphane Boucher (inspecteur Claudel)
Résumé : Terriblement grippé, Maigret est coincé dans une auberge de Vendée, une nuit pluvieuse. Venu issu pour faire parler un ancien criminel repenti afin qu’il dénonce ses anciens complices, le commissaire est pratiquement le témoin d’un meurtre crapuleux commis dans l’établissement. Maigret fait boucler l’auberge et, tantôt de son lit, tantôt d’un fauteuil de la salle commune, il commence à reconstituer la nuit du crime. Les clients de l’auberge étaient venus assister à une vente aux enchères, dite « vente à la bougie », afin d’acquérir une maison du village, où serait caché un trésor datant de la Seconde Guerre Mondiale…
Note : 1 sur 4
Critique :
Premier épisode adapté d’une nouvelle et non d’un roman de Simenon et donc un gros changement dans la production. Dorénavant, les scénaristes prendront davantage de liberté avec les Maigret et pas toujours pour le meilleur, comme nous le constatons ici.
Faire d’une nouvelle un long métrage appelle à bon nombre de changements et de développements absents de l’histoire originelle. Celle-ci est ici largement développée par de longs dialogues et comporte deux intrigues. La première, celle de l’assassinat de Borchain, occupe la majeure partie du métrage, mais ne recèle guère de surprise ou d’objet d’attention. La seconde, assez brève et diluée dans la première, concerne l’extorsion d’informations que tente Maigret sur Fred, patron de l’auberge, ancien malfrat. Est-ce parce que la complicité entre les deux acteurs est visible qu’elle apparaît comme mieux réussie, en dépit de son caractère d’intrigue de second plan ?
Le film souffre d’un défaut qui aurait du faire sa force : le huis clos. L’histoire ne quitte jamais l’auberge, se déroule exclusivement en intérieur, sur une longue journée d’enquête. L’idée de boucler le commissaire et ses suspects en un lieu unique, sans échappatoire possible, était plutôt bonne. Mais l’exploitation qui en est faite est catastrophique : les personnages ne se livrent jamais, n’évoluent pas, l’affaire piétine en d’inutiles mouvements de caméras ne créant aucun rythme dans une affaire dont on se moque éperdument. Il nous semble assister à une interminable séance de théâtre filmé dans ce qu’il a de plus terne et de plus fade. La mise en scène, sans éclat, paresseuse, ne permet jamais d’accrocher le regard sur un élément original.
Maigret avance, bonhomme, au petit bonheur la chance, avec un cerveau d’abord embrumé de fièvre (justifiant sa lenteur à démêler le vrai du faux), puis avec son instinct coutumier, jusqu’à confondre les criminels avec une aisance de magicien. Aucune preuve à l’appui, juste un vague soupçon que le commissaire transforme en certitude et des suspects qui craquent, comme trop fréquemment dans les mauvaises histoires policières, juste parce que Maigret les regarde avec trop d’insistance.
L’un des éléments les plus dommageables de l’épisode est que nous ne retrouvons aucun élément familier de Maigret : malade, il range sa pipe. Il téléphone à Madame Maigret, mais on aurait préféré qu’elle soit à ses côtés. Les inspecteurs réguliers ne sont pas là, le Quai des Orfèvres nous manque, de même que l’odeur du bistrot et le fricandeau à l’oseille.
Les digressions concernant l’ensemble des personnages ne font que rallonger une sauce bien trop claire pour qu’elle puisse prendre. Rien n’aide à renforcer l’intérêt du spectateur. Entre le douanier timide persuadé que sa fiancée est une oie blanche, cette dernière qui fricote avec tout ce qui bouge, les joueurs de cartes mous, indolents et peu bavards, vraiment rien ne surnage dans ces sous-intrigues. Pas d’antagoniste d’envergure, pas d’adversaire à la mesure de Maigret. C’est le mort, finalement, qui semble le plus intéressant, dans les rares scènes intéressantes du film : les reconstitutions.
Le film souffre également d’une distribution largement en deçà des standards auxquels la série nous avait habitué jusque là. Daniel Gélin en est un parfait exemple : sous-employé dans un rôle uniquement comique, il disparaît très vite et nous laisse guère de souvenir. Il est dommage qu’un comédien de son acabit soit à ce point limité dans son jeu. On aurait apprécié que sa participation à la série soit digne de ceux qui l’ont précédé (Lonsdale, Yanne, Bouquet, etc.) et seuls Etienne Chicot dans son numéro de repenti tire son épingle du jeu à l’occasion ainsi que Lionnel Astier lors de ses rares apparitions (amusant de déjà deviner Léodagan de Carmélide sous les traits du docteur Breton).
Cette vente à la bougie apparaît donc comme une curieuse parenthèse dans la série, un épisode un peu à part, hors du temps, et sans grand intérêt.
Distribution
Etienne Chicot : Né en 1949, cet acteur, scénariste et compositeur suit le Cour Simon dans les années 70 avant de rejoindre le TNP en 1971. Au cinéma, il co-écrit le scénario du Plein de super, dont il signe également la partition. Il participe à l’opéra rock Gomina de William Sheller, ce qui lui permet d’intégrer Starmania en 1979 où il interprète le milliardaire Zéro Janvier, qui le rend célèbre. Au cinéma il brille dans Après la pluie, Hôtel des Amériques, gomez & Tavarès ou Da Vinci Code. A la télévision, il apparaît aussi bien dans Commissaire Moulin, Navarro, M2decins de nuit ou Nicolas Le Floch.
Daniel Gélin : (1921-2002) C’est aux cours de Réné Simon, à Paris, que Daniel gélin découvre sa vocation de comédien. Se tournant sur les conseils de son maître vers les rôles dramatiques, ilentre au Conversatoire où il fait la connaissance de Louis Jouvet. Il cotoie Maria Casarès et Jacques Charron. Ami de Louis de Funès, il permet à ce dernier d’obtenir ses premiers succès au cinéma (LA tentation de Barbizon, 1945) et de Funès lui en sera toujours reconaissant (il appelait Daniel Gélin : « ma chance »). Jeune premier ténébreux dans les années 50, il reste une des figures les plus attachantes du cinéma français tout au long de sa carrière, y compris vers la fin de sa vie dans des rôles de vieillards au grand cœur. Il joue au théâtre pendant cinq décennies (Molière, Cocteau, Sagan, Sartre, Anouilh, Brisville), et tourne pour les plus grands au cinéma (Guitry, Costa-Gavras, Delanoy, Gaspard-Hui, Chabrol, Duras, Oury, de Broca, Mocky). Il était apparu dans le rôle du clocard dans Maigret et le clochard avec Jean Richard en 1982 et dans un grand nombre de téléfilms et de séries télévisées.
Michèle Moretti : Née en 1940. La comédienne évolue aussi bien à la télévision (Merci les enfants vont bien, Navarro, l’Instit), au cinéma (Lelouch, Leroi, Téchiné, Bourdon, Jaoui) et occasionnellement au théâtre.
Lionel Astier : Né en 1953, ce comédien de théâtre, de télévision et de cinéma, est une figure régulière du petit écran depuis les années 70, où on le retrouve dans des rôles de méchants et de bourgeois. Il n’apparaît qu’occasionnellement au cinéma mais écrit, et en scène et interprète nombre de pièces de théâtre (Mort d’un critique, Vestido de luxe, Mayonesa, Le fou, la dame et les esprits). Il se rend célèbre et populaire pour le grand public dans son rôle de Léodagan de Carmélide dans la série Kaamelott en 2004, série créée, écrite, mise en scène et interprétée par son fils, Alexandre et à laquelle participe toute sa famille (ses femmes et ex-femmes, son second fils Simon, sa belle fille, ses petits-enfants, etc. ) Il triomphe dans son adaptation de Pouic-Pouic pendant trois ans.
Pierre Granier Deferre : (1927-2007) Réalisateur de cinéma principalement, il fait partie de ceux qui s’opposent à la Nouvelle vague dans les années 60. Célèbre dans les années 70 pour ses films engagés (La Horse, le Chat, la Veuve Couderc, la Cage, Adieu poulet, le Toubib), ses films passent davantage inaperçus par la suite sans jamais cesser de tourner. Il se reconvertit à la télévision dans les années 90 (trois Maigret à son actif, l’enfant de chœur, la fenêtre ouverte) puis uniquement comme scénariste : il écrit en particulier dix épisodes de Maigret jusqu’à la fin de la série. Son fils, Denys Granier-Deferre participe également à la série (réalisant Maigret chez les riches)
Dominique Roulet : (1949-2009) Auteur de romans , il écrit pour le cinéma (Canicule, Poulet au vinaigre, Inspecteur Lavardin, Room service), et pour la télévision (en plus de hui Maigret, on lui doit des scénarios de Commissaire Moulin et sept épisodes des Cordiers, juge et flic).
Mais bon, allez, on se force un peu, et on s'y remet ;-)
Chronique 17 :
Maigret – Volume 3 – Episode 2 : Maigret et la vente à la bougie
Première diffusion : 16/06/1995
D’après Vente à la bougie (1939) – Nouvelle
Scénario : Pierre Granier Deferre, Dominique Roulet
Réalisation : Pierre Granier Deferre
Interprétation : Etienne Chicot (Fred), Daniel Gélin (Nicolas), Michèle Moretti (Juliette), Pierre Forest (Groult), Frédéric Pierrot (Canut), Gilles Treton (Gentil), Margot Abascal (Thérèse), Lionel Astier (docteur Breton), Henri Lambert (Borchain), Stéphane Boucher (inspecteur Claudel)
Résumé : Terriblement grippé, Maigret est coincé dans une auberge de Vendée, une nuit pluvieuse. Venu issu pour faire parler un ancien criminel repenti afin qu’il dénonce ses anciens complices, le commissaire est pratiquement le témoin d’un meurtre crapuleux commis dans l’établissement. Maigret fait boucler l’auberge et, tantôt de son lit, tantôt d’un fauteuil de la salle commune, il commence à reconstituer la nuit du crime. Les clients de l’auberge étaient venus assister à une vente aux enchères, dite « vente à la bougie », afin d’acquérir une maison du village, où serait caché un trésor datant de la Seconde Guerre Mondiale…
Note : 1 sur 4
Critique :
Premier épisode adapté d’une nouvelle et non d’un roman de Simenon et donc un gros changement dans la production. Dorénavant, les scénaristes prendront davantage de liberté avec les Maigret et pas toujours pour le meilleur, comme nous le constatons ici.
Faire d’une nouvelle un long métrage appelle à bon nombre de changements et de développements absents de l’histoire originelle. Celle-ci est ici largement développée par de longs dialogues et comporte deux intrigues. La première, celle de l’assassinat de Borchain, occupe la majeure partie du métrage, mais ne recèle guère de surprise ou d’objet d’attention. La seconde, assez brève et diluée dans la première, concerne l’extorsion d’informations que tente Maigret sur Fred, patron de l’auberge, ancien malfrat. Est-ce parce que la complicité entre les deux acteurs est visible qu’elle apparaît comme mieux réussie, en dépit de son caractère d’intrigue de second plan ?
Le film souffre d’un défaut qui aurait du faire sa force : le huis clos. L’histoire ne quitte jamais l’auberge, se déroule exclusivement en intérieur, sur une longue journée d’enquête. L’idée de boucler le commissaire et ses suspects en un lieu unique, sans échappatoire possible, était plutôt bonne. Mais l’exploitation qui en est faite est catastrophique : les personnages ne se livrent jamais, n’évoluent pas, l’affaire piétine en d’inutiles mouvements de caméras ne créant aucun rythme dans une affaire dont on se moque éperdument. Il nous semble assister à une interminable séance de théâtre filmé dans ce qu’il a de plus terne et de plus fade. La mise en scène, sans éclat, paresseuse, ne permet jamais d’accrocher le regard sur un élément original.
Maigret avance, bonhomme, au petit bonheur la chance, avec un cerveau d’abord embrumé de fièvre (justifiant sa lenteur à démêler le vrai du faux), puis avec son instinct coutumier, jusqu’à confondre les criminels avec une aisance de magicien. Aucune preuve à l’appui, juste un vague soupçon que le commissaire transforme en certitude et des suspects qui craquent, comme trop fréquemment dans les mauvaises histoires policières, juste parce que Maigret les regarde avec trop d’insistance.
L’un des éléments les plus dommageables de l’épisode est que nous ne retrouvons aucun élément familier de Maigret : malade, il range sa pipe. Il téléphone à Madame Maigret, mais on aurait préféré qu’elle soit à ses côtés. Les inspecteurs réguliers ne sont pas là, le Quai des Orfèvres nous manque, de même que l’odeur du bistrot et le fricandeau à l’oseille.
Les digressions concernant l’ensemble des personnages ne font que rallonger une sauce bien trop claire pour qu’elle puisse prendre. Rien n’aide à renforcer l’intérêt du spectateur. Entre le douanier timide persuadé que sa fiancée est une oie blanche, cette dernière qui fricote avec tout ce qui bouge, les joueurs de cartes mous, indolents et peu bavards, vraiment rien ne surnage dans ces sous-intrigues. Pas d’antagoniste d’envergure, pas d’adversaire à la mesure de Maigret. C’est le mort, finalement, qui semble le plus intéressant, dans les rares scènes intéressantes du film : les reconstitutions.
Le film souffre également d’une distribution largement en deçà des standards auxquels la série nous avait habitué jusque là. Daniel Gélin en est un parfait exemple : sous-employé dans un rôle uniquement comique, il disparaît très vite et nous laisse guère de souvenir. Il est dommage qu’un comédien de son acabit soit à ce point limité dans son jeu. On aurait apprécié que sa participation à la série soit digne de ceux qui l’ont précédé (Lonsdale, Yanne, Bouquet, etc.) et seuls Etienne Chicot dans son numéro de repenti tire son épingle du jeu à l’occasion ainsi que Lionnel Astier lors de ses rares apparitions (amusant de déjà deviner Léodagan de Carmélide sous les traits du docteur Breton).
Cette vente à la bougie apparaît donc comme une curieuse parenthèse dans la série, un épisode un peu à part, hors du temps, et sans grand intérêt.
Distribution
Etienne Chicot : Né en 1949, cet acteur, scénariste et compositeur suit le Cour Simon dans les années 70 avant de rejoindre le TNP en 1971. Au cinéma, il co-écrit le scénario du Plein de super, dont il signe également la partition. Il participe à l’opéra rock Gomina de William Sheller, ce qui lui permet d’intégrer Starmania en 1979 où il interprète le milliardaire Zéro Janvier, qui le rend célèbre. Au cinéma il brille dans Après la pluie, Hôtel des Amériques, gomez & Tavarès ou Da Vinci Code. A la télévision, il apparaît aussi bien dans Commissaire Moulin, Navarro, M2decins de nuit ou Nicolas Le Floch.
Daniel Gélin : (1921-2002) C’est aux cours de Réné Simon, à Paris, que Daniel gélin découvre sa vocation de comédien. Se tournant sur les conseils de son maître vers les rôles dramatiques, ilentre au Conversatoire où il fait la connaissance de Louis Jouvet. Il cotoie Maria Casarès et Jacques Charron. Ami de Louis de Funès, il permet à ce dernier d’obtenir ses premiers succès au cinéma (LA tentation de Barbizon, 1945) et de Funès lui en sera toujours reconaissant (il appelait Daniel Gélin : « ma chance »). Jeune premier ténébreux dans les années 50, il reste une des figures les plus attachantes du cinéma français tout au long de sa carrière, y compris vers la fin de sa vie dans des rôles de vieillards au grand cœur. Il joue au théâtre pendant cinq décennies (Molière, Cocteau, Sagan, Sartre, Anouilh, Brisville), et tourne pour les plus grands au cinéma (Guitry, Costa-Gavras, Delanoy, Gaspard-Hui, Chabrol, Duras, Oury, de Broca, Mocky). Il était apparu dans le rôle du clocard dans Maigret et le clochard avec Jean Richard en 1982 et dans un grand nombre de téléfilms et de séries télévisées.
Michèle Moretti : Née en 1940. La comédienne évolue aussi bien à la télévision (Merci les enfants vont bien, Navarro, l’Instit), au cinéma (Lelouch, Leroi, Téchiné, Bourdon, Jaoui) et occasionnellement au théâtre.
Lionel Astier : Né en 1953, ce comédien de théâtre, de télévision et de cinéma, est une figure régulière du petit écran depuis les années 70, où on le retrouve dans des rôles de méchants et de bourgeois. Il n’apparaît qu’occasionnellement au cinéma mais écrit, et en scène et interprète nombre de pièces de théâtre (Mort d’un critique, Vestido de luxe, Mayonesa, Le fou, la dame et les esprits). Il se rend célèbre et populaire pour le grand public dans son rôle de Léodagan de Carmélide dans la série Kaamelott en 2004, série créée, écrite, mise en scène et interprétée par son fils, Alexandre et à laquelle participe toute sa famille (ses femmes et ex-femmes, son second fils Simon, sa belle fille, ses petits-enfants, etc. ) Il triomphe dans son adaptation de Pouic-Pouic pendant trois ans.
Pierre Granier Deferre : (1927-2007) Réalisateur de cinéma principalement, il fait partie de ceux qui s’opposent à la Nouvelle vague dans les années 60. Célèbre dans les années 70 pour ses films engagés (La Horse, le Chat, la Veuve Couderc, la Cage, Adieu poulet, le Toubib), ses films passent davantage inaperçus par la suite sans jamais cesser de tourner. Il se reconvertit à la télévision dans les années 90 (trois Maigret à son actif, l’enfant de chœur, la fenêtre ouverte) puis uniquement comme scénariste : il écrit en particulier dix épisodes de Maigret jusqu’à la fin de la série. Son fils, Denys Granier-Deferre participe également à la série (réalisant Maigret chez les riches)
Dominique Roulet : (1949-2009) Auteur de romans , il écrit pour le cinéma (Canicule, Poulet au vinaigre, Inspecteur Lavardin, Room service), et pour la télévision (en plus de hui Maigret, on lui doit des scénarios de Commissaire Moulin et sept épisodes des Cordiers, juge et flic).
Shok Nar- Baron(ne)
- Age : 43
Localisation : Sarthe
Date d'inscription : 14/09/2015
Re: Série "Maigret" avec Bruno Cremer
Merci pour la chronique et bon courage !
Estuaire44- Empereur
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Date d'inscription : 10/04/2007
Shok Nar- Baron(ne)
- Age : 43
Localisation : Sarthe
Date d'inscription : 14/09/2015
Re: Série "Maigret" avec Bruno Cremer
Et c'est reparti pour un tour. Content que ça reprenne !
Dearesttara- Roi (Reine)
- Age : 33
Localisation : Charenton (94)
Date d'inscription : 08/02/2010
Re: Série "Maigret" avec Bruno Cremer
Shok Nar a écrit:Bon, désolé pour le retard pris. Mais ma télé est morte et j'ai pas les sous pour m'en racheter une à l'heure actuelle. Du coup, je suis forcé de tout visionner sur ordinateur et je déteste ça, d'où mes retards.
Aie, désolé Shok, conseil pour les télés à prix cassés - Le Bon Coin, au moins pour un dépannage en attendant d'avoir un peu de sous de côté.
Attention à bien prendre Full HD avant le changement de normes TNT HD en Avril. Toutes les télés qui n'acceptent pas le format MP4 ne recevront plus la TNT:
http://www.programme-tv.net/news/tv/66657-tnt-faudra-t-il-changer-votre-television-le-5-avril-2016/
Pour vérifier si votre TV est compatible:
Comment savoir si ma télévision sera compatible ? Il suffit par exemple de se positionner sur Arte (canal 7 de la TNT) et vérifier si le logo Arte HD apparaît. Vous pouvez également vérifier la notice de votre équipement ?
Je referme la parenthèse conso et je suis ravi de te relire en tout cas!
Invité- Invité
Re: Série "Maigret" avec Bruno Cremer
Merci les gens pour vos retours ET pour le conseil conso, car je n'y connais pas grand chose en télé, j'avoue.
je vais regarder ça.
je vais regarder ça.
Shok Nar- Baron(ne)
- Age : 43
Localisation : Sarthe
Date d'inscription : 14/09/2015
Re: Série "Maigret" avec Bruno Cremer
Faut vraiment que je trouve une télé, moi ! ^^
Chronique 19 :
Première diffusion : 09/09/1995
D’après Les vacances de Maigret (1947) – Roman
Scénario : Pierre Joassin, Catherine Ramberg
Réalisation : Pierre Joassin
Interprétation : Alain Doutey (Dr Delaunay), Anne Bellec (Mme Maigret), Ronny Coutteure (commissaire Mansuy), Catherine Aymerie (Odette Delaunay), Christine Divito (Liliane Godreau), Vincent Grass (Francis), Yolande Moreau (Madame Popineau), Pierre Laroche (le juge de Folletier), Etienne Draber (M. Lourceau), Dominique Mac Avoy (Mme Lourceau), Jeanine Godinas (la mère supérieure), Yvette Merlin (Mademoiselle Rinquet), Valérie Coton (Soeur Marie des Anges), Mireille Bailly (Olga), Gil Lagay (Duffieux), André Simon (Pinchard), Alice de Visscher (Claudine)
Résumé : Le couple Maigret est en vacances en Belgique, chez les Lourceaux, la famille de Madame Maigret. Cette dernière est victime d’une grave crise d’appendicite et doit être opérée d’urgence. Dans sa chambre d’hôpital, une jeune femme dans un état grave ne cesse de gémir. Le soir, Maigret découvre dans la poche de sa veste un mot griffonné l’enjoignant de s’intéresser à la jeune fille. Celle-ci, belle-sœur du Docteur Delaunay, le praticien ayant opéré Madame Maigret, est tombée de la voiture du médecin alors qu’elle roulait. Maigret commence à s’intéresser de près au Docteur Delaunay que toute la ville désigne comme coupable.
Note : 3 sur 4
Critique :
Le niveau remonte avec cet épisode de belle facture, tourné en Belgique (communes de Bouillon, Marche-en-Famenne et La Roche), doté d’une solide distribution et d’une histoire assez originale.
L’adaptation délocalise l’intrigue de la Vendée à la Belgique pour une coproduction avec la RTBF et c’est une excellente idée. Le pays est magnifiquement photographié, dans ce froid hivernal, entre ses brumes et ses forêts montagneuses. Outre un changement dans le nom d’un des protagonistes (Bellamy devient Delaunay), le scénario suit assez fidèlement le livre, un des meilleurs de son auteur et l’enquête officieuse de Maigret n’en a que plus de poids.
Suivant son instinct coutumier, le commissaire s’intéresse donc de près à la belle-sœur du Docteur Delaunay, à la fois pour tromper son ennui mais également par curiosité, sentant sans doute instinctivement que quelque chose ne va pas. Evidemment, son flair habituel ne le trompe pas et c’est avec délicatesse, en marchant sur des œufs, l’air de rien, qu’il va remonter le fil ténu de la vérité. Une vérité toute simple, comme il se doit dans un Maigret, mais particulièrement bien amenée, avec son lot de révélation, d’enquête, d’investigation, de surprise aussi et de retournement de situation. Hésitant tout d’abord à qualifier cette affaire « d’enquête pour tentative de meurtre », ne voulant pas voir en Delaunay un coupable de prime abord, c’est la personnalité du médecin qui, peu à peu, l’amènera vers la solution.
La personnalité de Delaunay énerve sans aucun doute Maigret et lui met la puce à l’oreille. Notable local, ami des plus hauts fonctionnaires de l’Etat, l’homme prétend n’avoir rien à cacher, ouvrant sa demeure à un commissaire français, sans aucun mandat officiel. Cette attitude pousse Maigret à le soupçonner. Lorsqu’une adolescente, que Maigret a vu s’enfuir de chez Delaunay, est retrouvée morte au bord d’un canal, ce soupçon se mue en certitude. Dès lors, il s’acharne, avec beaucoup de subtilité cependant, à coincer son coupable. Mais Delaunay, en dépit de l’évident talent de son interprète Alain Doutey, manque un peu d’envergure, de charisme et de panache. Faute à des dialogues sans doute trop sages entre lui et Maigret, une attitude amicale sans être mielleuse et leurs affrontements n’ont pas le punch suffisant pour retenir pleinement l’attention.
Les relations entretenues par Maigret avec le commissaire Mansuy (impeccablement interprété par le regretté Rony Coutteure) sont en revanche des plus délectables. Le policier Belge est d’abord ravi de faire découvrir « sa » police à son homologue français. Puis, suite à la mort de l’adolescente, son attitude se mue en hostilité sourde à l’égard de Maigret qu’il en vient presque à supplier de partir de lui foutre la paix. Finalement, convaincu malgré lui de la culpabilité du médecin, il se range, à contrecœur, à l’avis de Maigret. L’homme, presqu’un notable lui-même, n’arrive pas à se résigner à « emmerder » ces personnes qu’il estime intouchables. Mais sa foi en la vérité le rachète totalement et l’on sent que Maigret éprouve une grande sympathie pour lui.
Madame Maigret est ici développée comme jamais dans la série, mais son éclipse finale est regrettable. Personnage extrêmement attachant et jouée avec une justesse rare par Anne Bellec, il est navrant que les scénaristes ne l’aient pas davantage exploité. Le reste de la distribution se révèle à la hauteur, solide, et bien dirigé.
La réalisation est de bonne facture, quoiqu’extrêmement classique. Les quelques scènes tournées en caméra épaule sont ratées, comme à leur habitude, ce style ne convenant absolument pas à la série, bien plus à l’aise dans les longs travellings sur rails ou les mouvements de grande ampleur filmés à l’aide d’une grue. Quelques longueurs et aller et retour sont à regretter vers la fin du film et ralentissent un peu trop le rythme. Reste cependant une belle image, un peu grise, des décors magnifiques et une musique discrète, rehaussant simplement les scènes sans en faire trop. Quelques scènes très drôles sont à noter, en plus de celles de Ronny Coutteure, notamment celle où Maigret redonne son clairon au clochard en cellule et où il s’esclaffe au son de l’instrument.
Un beau Maigret, intelligent et fin.
Distribution
Alain Doutey : Né en 1944 à Paris, il suit les cours de Jean-Laurent Cochet et se consacre longuement au cinéma (chez Lamoureux, Oury, Korber, Tachella, Chabrol, Polanski, Lelouch, Baroux) mais surtout à la télévision, apparaissant dans nombre de séries et de feuilletons (le Vent des moissons, la Dame de Berlin, Orages d’été, les Grandes marées, les Yeux d’Hélène, Belle époque) et de téléfilms. Il était déjà apparu dans l’univers de Maigret aux côtés de Jean Richard, en 1984 dans la Nuit du carrefour)
Ronny Coutteure : (1951-2000) Comédien, réalisateur et metteur en scène Belge, il écrit et interprète de nombreux one-man show. C’est en France, principalement dans le Nord, qu’il travaille au théâtre. Comédien sympathique, chaleureux et populaire, il défend ardemment la culture et le patrimoine du Nord de la France. Il écrit une pièce, Arlequin au pays noir et met en scène Eden et London. Célèbre pour son rôle du serveur dans la série Palace qu’il avait créé dans Merci, Bernard. Il acquiert une renommée internationale en incarnant Rémy Beaudouin, le compagnon d’arme belge d’un certain Indiana Jones dans Les aventures du jeune Indiana Jones. Il crée au théâtre l’opéra les Contes d’un buveur de bière, et donnait des cours de « biérologie » dans estaminet-théâtre. Il se suicide par pendaison le 21 juin 2000.
Vincent Grass : Déjà vu dans Maigret chez les Flamands, ce comédien Belge, né en 1949, doublera la voix de Bruno Cremer dans l’ultime épisode de la série, Maigret et l’étoile du Nord, Cremer, très malade, n’ayant pu lui-même postsynchroniser sa voix.
Yolande Moreau : Née en 1953 à Bruxelles, cette comédienne et réalisatrice Belge débute dans des spectacles pour enfants avant d’écrire un premier one-woman-show, Sale affaire : du sexe au crime, et débute au cinéma pour Agnès Varda. Rejoignant la troupe de Jérôme Deschamps et Macha Makeïeff dont elle devient un des piliers, elle se fait connaître du grand public avec le spectacle des Deschiens. Elle réalise son premier film en 2004 : Quand la mer monte, pour lequel elle remporte le César du meilleur premier film et le César de la meilleure actrice. Elle en remporte un second en 2008 pour Séraphine.
Pierre Laroche : (1931-2014) Comédien, réalisateur et scénariste belge, il fut Professeur au conservatoire de Bruxelles. Il reçoit un Eve du théâtre pour sa mise en scène de Timide au palais. En 2007, il participe au téléfilm L’affaire Sacha Guitry.
Etienne Draber : Acteur français, il est lauréat du Conservatoire et travaille notamment avec Jean-Louis Barrault. Abonné aux seconds rôles pour le cinéma, on le voit aussi bien chez Schulman, Zidi, Malle, Chabrol ou Leconte. Visage familier du public, il joue dans de nombreuses séries à succès (Le miel et les abeilles, Les Garçons de la Plage, La Crim’, Plus belle la vie) et de nombreuses pièces de théâtre (Anouilh, Molière, Lamoureux, Joffo, Goldoni).
Pierre Joassin : Réalisateur belge né en 1948 à Amay, il réalise son premier film en 1987, Gros cœurs, avec Bernard Le Coq, Fanny Cottençon et Rony Coutteure. Il œuvre surtout à la télévision (Les Cordiers, Sauveur Giordan) et est revenu à deux reprises dans la série pour Maigret et l’inspecteur Cadavre et Les scrupules de Maigret.
Chronique 19 :
Maigret – Volume 3 – Episode 3 : Les vacances de Maigret
Première diffusion : 09/09/1995
D’après Les vacances de Maigret (1947) – Roman
Scénario : Pierre Joassin, Catherine Ramberg
Réalisation : Pierre Joassin
Interprétation : Alain Doutey (Dr Delaunay), Anne Bellec (Mme Maigret), Ronny Coutteure (commissaire Mansuy), Catherine Aymerie (Odette Delaunay), Christine Divito (Liliane Godreau), Vincent Grass (Francis), Yolande Moreau (Madame Popineau), Pierre Laroche (le juge de Folletier), Etienne Draber (M. Lourceau), Dominique Mac Avoy (Mme Lourceau), Jeanine Godinas (la mère supérieure), Yvette Merlin (Mademoiselle Rinquet), Valérie Coton (Soeur Marie des Anges), Mireille Bailly (Olga), Gil Lagay (Duffieux), André Simon (Pinchard), Alice de Visscher (Claudine)
Résumé : Le couple Maigret est en vacances en Belgique, chez les Lourceaux, la famille de Madame Maigret. Cette dernière est victime d’une grave crise d’appendicite et doit être opérée d’urgence. Dans sa chambre d’hôpital, une jeune femme dans un état grave ne cesse de gémir. Le soir, Maigret découvre dans la poche de sa veste un mot griffonné l’enjoignant de s’intéresser à la jeune fille. Celle-ci, belle-sœur du Docteur Delaunay, le praticien ayant opéré Madame Maigret, est tombée de la voiture du médecin alors qu’elle roulait. Maigret commence à s’intéresser de près au Docteur Delaunay que toute la ville désigne comme coupable.
Note : 3 sur 4
Critique :
Le niveau remonte avec cet épisode de belle facture, tourné en Belgique (communes de Bouillon, Marche-en-Famenne et La Roche), doté d’une solide distribution et d’une histoire assez originale.
L’adaptation délocalise l’intrigue de la Vendée à la Belgique pour une coproduction avec la RTBF et c’est une excellente idée. Le pays est magnifiquement photographié, dans ce froid hivernal, entre ses brumes et ses forêts montagneuses. Outre un changement dans le nom d’un des protagonistes (Bellamy devient Delaunay), le scénario suit assez fidèlement le livre, un des meilleurs de son auteur et l’enquête officieuse de Maigret n’en a que plus de poids.
Suivant son instinct coutumier, le commissaire s’intéresse donc de près à la belle-sœur du Docteur Delaunay, à la fois pour tromper son ennui mais également par curiosité, sentant sans doute instinctivement que quelque chose ne va pas. Evidemment, son flair habituel ne le trompe pas et c’est avec délicatesse, en marchant sur des œufs, l’air de rien, qu’il va remonter le fil ténu de la vérité. Une vérité toute simple, comme il se doit dans un Maigret, mais particulièrement bien amenée, avec son lot de révélation, d’enquête, d’investigation, de surprise aussi et de retournement de situation. Hésitant tout d’abord à qualifier cette affaire « d’enquête pour tentative de meurtre », ne voulant pas voir en Delaunay un coupable de prime abord, c’est la personnalité du médecin qui, peu à peu, l’amènera vers la solution.
La personnalité de Delaunay énerve sans aucun doute Maigret et lui met la puce à l’oreille. Notable local, ami des plus hauts fonctionnaires de l’Etat, l’homme prétend n’avoir rien à cacher, ouvrant sa demeure à un commissaire français, sans aucun mandat officiel. Cette attitude pousse Maigret à le soupçonner. Lorsqu’une adolescente, que Maigret a vu s’enfuir de chez Delaunay, est retrouvée morte au bord d’un canal, ce soupçon se mue en certitude. Dès lors, il s’acharne, avec beaucoup de subtilité cependant, à coincer son coupable. Mais Delaunay, en dépit de l’évident talent de son interprète Alain Doutey, manque un peu d’envergure, de charisme et de panache. Faute à des dialogues sans doute trop sages entre lui et Maigret, une attitude amicale sans être mielleuse et leurs affrontements n’ont pas le punch suffisant pour retenir pleinement l’attention.
Les relations entretenues par Maigret avec le commissaire Mansuy (impeccablement interprété par le regretté Rony Coutteure) sont en revanche des plus délectables. Le policier Belge est d’abord ravi de faire découvrir « sa » police à son homologue français. Puis, suite à la mort de l’adolescente, son attitude se mue en hostilité sourde à l’égard de Maigret qu’il en vient presque à supplier de partir de lui foutre la paix. Finalement, convaincu malgré lui de la culpabilité du médecin, il se range, à contrecœur, à l’avis de Maigret. L’homme, presqu’un notable lui-même, n’arrive pas à se résigner à « emmerder » ces personnes qu’il estime intouchables. Mais sa foi en la vérité le rachète totalement et l’on sent que Maigret éprouve une grande sympathie pour lui.
Madame Maigret est ici développée comme jamais dans la série, mais son éclipse finale est regrettable. Personnage extrêmement attachant et jouée avec une justesse rare par Anne Bellec, il est navrant que les scénaristes ne l’aient pas davantage exploité. Le reste de la distribution se révèle à la hauteur, solide, et bien dirigé.
La réalisation est de bonne facture, quoiqu’extrêmement classique. Les quelques scènes tournées en caméra épaule sont ratées, comme à leur habitude, ce style ne convenant absolument pas à la série, bien plus à l’aise dans les longs travellings sur rails ou les mouvements de grande ampleur filmés à l’aide d’une grue. Quelques longueurs et aller et retour sont à regretter vers la fin du film et ralentissent un peu trop le rythme. Reste cependant une belle image, un peu grise, des décors magnifiques et une musique discrète, rehaussant simplement les scènes sans en faire trop. Quelques scènes très drôles sont à noter, en plus de celles de Ronny Coutteure, notamment celle où Maigret redonne son clairon au clochard en cellule et où il s’esclaffe au son de l’instrument.
Un beau Maigret, intelligent et fin.
Distribution
Alain Doutey : Né en 1944 à Paris, il suit les cours de Jean-Laurent Cochet et se consacre longuement au cinéma (chez Lamoureux, Oury, Korber, Tachella, Chabrol, Polanski, Lelouch, Baroux) mais surtout à la télévision, apparaissant dans nombre de séries et de feuilletons (le Vent des moissons, la Dame de Berlin, Orages d’été, les Grandes marées, les Yeux d’Hélène, Belle époque) et de téléfilms. Il était déjà apparu dans l’univers de Maigret aux côtés de Jean Richard, en 1984 dans la Nuit du carrefour)
Ronny Coutteure : (1951-2000) Comédien, réalisateur et metteur en scène Belge, il écrit et interprète de nombreux one-man show. C’est en France, principalement dans le Nord, qu’il travaille au théâtre. Comédien sympathique, chaleureux et populaire, il défend ardemment la culture et le patrimoine du Nord de la France. Il écrit une pièce, Arlequin au pays noir et met en scène Eden et London. Célèbre pour son rôle du serveur dans la série Palace qu’il avait créé dans Merci, Bernard. Il acquiert une renommée internationale en incarnant Rémy Beaudouin, le compagnon d’arme belge d’un certain Indiana Jones dans Les aventures du jeune Indiana Jones. Il crée au théâtre l’opéra les Contes d’un buveur de bière, et donnait des cours de « biérologie » dans estaminet-théâtre. Il se suicide par pendaison le 21 juin 2000.
Vincent Grass : Déjà vu dans Maigret chez les Flamands, ce comédien Belge, né en 1949, doublera la voix de Bruno Cremer dans l’ultime épisode de la série, Maigret et l’étoile du Nord, Cremer, très malade, n’ayant pu lui-même postsynchroniser sa voix.
Yolande Moreau : Née en 1953 à Bruxelles, cette comédienne et réalisatrice Belge débute dans des spectacles pour enfants avant d’écrire un premier one-woman-show, Sale affaire : du sexe au crime, et débute au cinéma pour Agnès Varda. Rejoignant la troupe de Jérôme Deschamps et Macha Makeïeff dont elle devient un des piliers, elle se fait connaître du grand public avec le spectacle des Deschiens. Elle réalise son premier film en 2004 : Quand la mer monte, pour lequel elle remporte le César du meilleur premier film et le César de la meilleure actrice. Elle en remporte un second en 2008 pour Séraphine.
Pierre Laroche : (1931-2014) Comédien, réalisateur et scénariste belge, il fut Professeur au conservatoire de Bruxelles. Il reçoit un Eve du théâtre pour sa mise en scène de Timide au palais. En 2007, il participe au téléfilm L’affaire Sacha Guitry.
Etienne Draber : Acteur français, il est lauréat du Conservatoire et travaille notamment avec Jean-Louis Barrault. Abonné aux seconds rôles pour le cinéma, on le voit aussi bien chez Schulman, Zidi, Malle, Chabrol ou Leconte. Visage familier du public, il joue dans de nombreuses séries à succès (Le miel et les abeilles, Les Garçons de la Plage, La Crim’, Plus belle la vie) et de nombreuses pièces de théâtre (Anouilh, Molière, Lamoureux, Joffo, Goldoni).
Pierre Joassin : Réalisateur belge né en 1948 à Amay, il réalise son premier film en 1987, Gros cœurs, avec Bernard Le Coq, Fanny Cottençon et Rony Coutteure. Il œuvre surtout à la télévision (Les Cordiers, Sauveur Giordan) et est revenu à deux reprises dans la série pour Maigret et l’inspecteur Cadavre et Les scrupules de Maigret.
Shok Nar- Baron(ne)
- Age : 43
Localisation : Sarthe
Date d'inscription : 14/09/2015
Re: Série "Maigret" avec Bruno Cremer
Allez, faut rattraper un peu ce retard : deux today !
Chronique 20 :
Première diffusion : 01/11/1996
D’après Maigret a peur (1953) – Roman
Scénario et réalisation : Claude Goretta
Interprétation : Jean-Paul Roussillon (Julien Chabot), Didier Flamand (Alain Vernoux), Raymond Gérôme (Hubert Vernoux), Maurice Aufair (Féron), Jean-Michel Noirey (Chabiron), Gilles Gaston-Dreyfus (Chalus), Lara Guirao (Louise), Leyla Aubert (Lucile Vernoux), Pierre Ruegg (Arsène, le maître d'hôtel), Aladin Reibel (Lomel), Yvette Merlin (la mère de Chabot)
Résumé : Revenant d’un congrès de criminologie, Maigret rend visite à un vieil ami juge d’instruction, résidant à Fontenay-Le-Comte, une petite ville de province. Interpellé dans le train par un notable, Hubert Vernoux, qui le pense en visite pour l’affaire des crimes en série agitant Fontenay. A peine arrivé sur place, un troisième crime est commis. La population s’est déjà trouvé un coupable : les Vernoux. Embarrassé de gêner son ami le juge Chabot, Maigret prend peur que l’affaire ne dégénère…
Note : 4 sur 4
Critique :
Voici un Maigret « noir », l’un des plus sombres de toute la série et sans aucun doute le meilleur du genre. Baignant dans une atmosphère aussi crépusculaire que poisseuse, une luminosité faite de grisaille, de pluie et d’éclairages nocturnes, Maigret a peur est une merveille de mécanique policière, utilisant le thème bien connu du tueur en série, mais maniant ce dernier d’une main de maître, impeccablement écrit, tourné et interprété. Les coups de théâtre et retournements de situation sont particulièrement bien amenés, au fil d’un rythme plus soutenu qu’à l’ordinaire.
L’intrigue tourne exclusivement autour de passants, sauvagement agressés et tués, de nuit, dans cette ville de province inondée de pluie. L’opinion publique désigne un coupable : les Vernoux, notables désargentés et probablement dégénérés. Maigret s’intéresse à deux personnalités : le docteur Alain Vernoux et son père, croisé dans le train, le chef de famille Hubert Vernoux. Le premier, médecin qui n’exerce pas, s’intéresse à la psychiatrie. Etrange, bizarre, les yeux exorbités, son comportement étrange intrigue Maigret et l’inquiète. Le second, huileux, hautain, typique de la noblesse décadente, intéresse également Maigret, sans qu’il n’y voie matière à crime. Confronté aux crainte de son ami le juge, Maigret repense à cet étrange personnage, interprété d’une main de maître par Raymond Gérôme, et tente de s’en faire une opinion tandis qu’un nouveau crime est commis
Dès lors, la personnalité des très curieux membres de cette famille ne va cesser de hanter le commissaire, qui prend peur, comme l’indique le titre de l’épisode, peur que quelque chose de vraiment grave et d’horrible ne survienne. Craintes justifiées, car les cadavres pleuvent sur Fontenay. Il faudra tout le flair de Maigret, toute sa patience, et surtout son humanité pour comprendre, sur le tard, ce qui s’est réellement passé. C’est sa compassion qui amène le commissaire sur le sinueux chemin de la vérité.
Pour mieux nous égarer, la mise en scène utilise nombre d’artifices ingénieux et rares dans la série. Ainsi, lorsque Maigret tente de visualiser dans le docteur Y un coupable, celui-ci brandit devant lui un couteau, l’air dément, le regard halluciné, et la scène reprend son court. Ce bref instant nous fait pénétrer dans la psyché et l’imagination du commissaire. Si l’effet peut paraître grotesque de prime abord, il s’inscrit dans une démonstration de Grand-Guignol, qui imprègne l’épisode, le faisant suinter de sordide, sans tomber dans l’excès.
Le scénario nous présente un Maigret tout en nuances, en rondeur, mais également en porte à faux par rapport à son ami Chabot. Il ne veut pas de cette affaire, mais ne peut laisser son ancien camarade d’école seul face à une enquête aussi trouble. Il s’y plonge donc, malgré lui, ennuyé, inquiet, effrayé. Bruno Cremer nous transmet cette tension avec beaucoup de talent, plus en forme que jamais.
Le reste de la distribution est impeccable, une fois de plus. Raymond Gérôme, impérial, est aussi à l’aise dans les scènes le présentant comme un grand notable, que dans celles, encore plus belles, où tout son désespoir se fait jour. Jean-Paul Roussillon est délicieux, subtil, tout en nuances dans son rôle de juge d’instruction et ami de Maigret. Quant à Didier Flamand, il incarne avec brio le difficile rôle du docteur Vernoux, personnage à la psychologie complexe. Les seconds rôles ne sont pas en reste et évoluent dans les magnifiques décors de Seyssel, Belley et Saint-Rambert (Ain).
Le final, brillant, est l’un des tous meilleurs de la série.
Distribution
Jean-Paul Roussillon : (1931-2009) Acteur et metteur en scène français, il obtient en 1951 un premier prix de comédie classique au conservatoire ce qui lui permet immédiatement d’intégrer la Comédie-Française où il incarnera 115 rôles et signera 31 mises en scène. Hors Comédie-Française, il joue Anouilh, Pinget, Duras, Achard et Tchekov à de très nombreuses reprises, jusqu’à sa mort. Il joue dans une centaine de films et de téléfilms, prêtant sa voix unique et son jeu tout en subtilités pour des séries (Novaceck) ou des films à succès (Week-end à Zuydcoote, Twist again à Moscou, LA Fille de l’air, On connaît la chanson, Une hirondelle a fait le printemps). En 1987, aux côtés de Jean Richard, il apparaît dans Un échec de Maigret. Il était titulaire de trois Molières du comédien et d’un César du meilleur acteur dans un second rôle.
Didier Flamand : Né en 1947. Il écrit et réalise La Vis, film qui obtient le César du meilleur court métrage en 1993 et fut nommé aux Oscars en 1994. Comédien, auteur et metteur en scène, il écrit cinq spectacles et œuvre sur les planches mais surtout à la télévision et au cinéma. Eternel second rôle, il a travaillé pour Bunuel, Duras, Enrico, Cayatte, Wenders, Balasko, Timsit, Klapisch ou Bouchitey. A la télévision, on a pu l’apprécier dans Imogène, Alice Nevers le juge est une femme, Julie Lescaut, Les belles-sœurs, une chance de trop, Stavisky l’escroc du siècle.
Raymond Gérôme : (1920-2002) Acteur belge, il débute au théatre national de Bruxelles, dont il assurera la direction artistique jusqu’en 1952. En 1954, il s’installe à Paris et sa carrière prend un nouvel essor en côtoyant et en travaillant avec les plus grands noms du théâtre et du cinéma français. Grand metteur en scène, il travaille à la Comédie-Française, au Gymnase, à la Madeleine et au théâtre Montparnasse. Il travaille avec Danielle Darrieux, Pierre Brasseur, Paul Meurisse, Jean-Pierre Aumont pour le théâtre. Au cinéma, on le voit dans Le cerveau, La princesse de Clèves, l’Affaire des poisons et pour la télévision dans de nombreux téléfilms (Les cinq dernières minutes, Lagardère, l’Affaire Seznec). Il est Sherlock Holmes dans Le chien des Baskerville pour Au théâtre ce soir. Il participe à l’opéra de Salvador Dali Être Dieu et prête sa voix si caractéristique à de nombreux dessins animés : Pocahontas, Fievel au Far West, etc. Austère, distingué, flegmatique, il a marqué toute une génération de spectateurs et de comédiens.
Maurice Aufair : Né en 1932, ce comédien suisse étudie au Conservatoire de Genève. Il interprète de nombreux rôles pour théâtre radiophonique. Il a joué sous la direction de Jean Vilar, Jean-Paul Roussillon et a joué de nombreux rôles pour la télévision (Docteur Sylvestre, L’heure Simenon) et a prêté sa voix à l’ours Paddington. Il fut également professeur de diction à Genève.
Jean-Michel Noirey : Comédien français, il obtient le premier prix du Cours Simon et débute sa carrière dans les années 80 il est à la fois meneur de troupes pour l’Eden Théâtre, il écrit et met en scène des spectacles (La Saison des Blessures), travaille pour le cinéma (Pécas, Giovanni, Chabrol, Blier, Tavernier), la télévision (Boulevard du palais, Une femme d’honneur, Chez Maupassant, Nicolas Le Floch, Commissaire Magellan) et dans la musique en écrivant et interprétant de nombreux spectacles musicaux. Il a également sorti quatre albums. On a pu le voir à trois reprises dans les Maigret avec Jean Richard (Maigret se trompe, Maigret à Vichy, La caves du Majestic).
Gilles Gaston-Dreyfus : Comédien français, il se fait connaître aux côtés d’Edouard Baer sur Canal+ dans Centre de visionnage. Au cinéma, il tourne pour Boisset, Pinoteau, Tavernier, Dupontel ou Ridley Scott. A la télévision, on le voit dans Louis Page, Navarro, Central Nuit, Le juge est une femme ou Le retour d’Arsène Lupin mais aussi au théâtre.
Chronique 20 :
Maigret – Volume 3 – Episode 4 : Maigret a peur
Première diffusion : 01/11/1996
D’après Maigret a peur (1953) – Roman
Scénario et réalisation : Claude Goretta
Interprétation : Jean-Paul Roussillon (Julien Chabot), Didier Flamand (Alain Vernoux), Raymond Gérôme (Hubert Vernoux), Maurice Aufair (Féron), Jean-Michel Noirey (Chabiron), Gilles Gaston-Dreyfus (Chalus), Lara Guirao (Louise), Leyla Aubert (Lucile Vernoux), Pierre Ruegg (Arsène, le maître d'hôtel), Aladin Reibel (Lomel), Yvette Merlin (la mère de Chabot)
Résumé : Revenant d’un congrès de criminologie, Maigret rend visite à un vieil ami juge d’instruction, résidant à Fontenay-Le-Comte, une petite ville de province. Interpellé dans le train par un notable, Hubert Vernoux, qui le pense en visite pour l’affaire des crimes en série agitant Fontenay. A peine arrivé sur place, un troisième crime est commis. La population s’est déjà trouvé un coupable : les Vernoux. Embarrassé de gêner son ami le juge Chabot, Maigret prend peur que l’affaire ne dégénère…
Note : 4 sur 4
Critique :
Voici un Maigret « noir », l’un des plus sombres de toute la série et sans aucun doute le meilleur du genre. Baignant dans une atmosphère aussi crépusculaire que poisseuse, une luminosité faite de grisaille, de pluie et d’éclairages nocturnes, Maigret a peur est une merveille de mécanique policière, utilisant le thème bien connu du tueur en série, mais maniant ce dernier d’une main de maître, impeccablement écrit, tourné et interprété. Les coups de théâtre et retournements de situation sont particulièrement bien amenés, au fil d’un rythme plus soutenu qu’à l’ordinaire.
L’intrigue tourne exclusivement autour de passants, sauvagement agressés et tués, de nuit, dans cette ville de province inondée de pluie. L’opinion publique désigne un coupable : les Vernoux, notables désargentés et probablement dégénérés. Maigret s’intéresse à deux personnalités : le docteur Alain Vernoux et son père, croisé dans le train, le chef de famille Hubert Vernoux. Le premier, médecin qui n’exerce pas, s’intéresse à la psychiatrie. Etrange, bizarre, les yeux exorbités, son comportement étrange intrigue Maigret et l’inquiète. Le second, huileux, hautain, typique de la noblesse décadente, intéresse également Maigret, sans qu’il n’y voie matière à crime. Confronté aux crainte de son ami le juge, Maigret repense à cet étrange personnage, interprété d’une main de maître par Raymond Gérôme, et tente de s’en faire une opinion tandis qu’un nouveau crime est commis
Dès lors, la personnalité des très curieux membres de cette famille ne va cesser de hanter le commissaire, qui prend peur, comme l’indique le titre de l’épisode, peur que quelque chose de vraiment grave et d’horrible ne survienne. Craintes justifiées, car les cadavres pleuvent sur Fontenay. Il faudra tout le flair de Maigret, toute sa patience, et surtout son humanité pour comprendre, sur le tard, ce qui s’est réellement passé. C’est sa compassion qui amène le commissaire sur le sinueux chemin de la vérité.
Pour mieux nous égarer, la mise en scène utilise nombre d’artifices ingénieux et rares dans la série. Ainsi, lorsque Maigret tente de visualiser dans le docteur Y un coupable, celui-ci brandit devant lui un couteau, l’air dément, le regard halluciné, et la scène reprend son court. Ce bref instant nous fait pénétrer dans la psyché et l’imagination du commissaire. Si l’effet peut paraître grotesque de prime abord, il s’inscrit dans une démonstration de Grand-Guignol, qui imprègne l’épisode, le faisant suinter de sordide, sans tomber dans l’excès.
Le scénario nous présente un Maigret tout en nuances, en rondeur, mais également en porte à faux par rapport à son ami Chabot. Il ne veut pas de cette affaire, mais ne peut laisser son ancien camarade d’école seul face à une enquête aussi trouble. Il s’y plonge donc, malgré lui, ennuyé, inquiet, effrayé. Bruno Cremer nous transmet cette tension avec beaucoup de talent, plus en forme que jamais.
Le reste de la distribution est impeccable, une fois de plus. Raymond Gérôme, impérial, est aussi à l’aise dans les scènes le présentant comme un grand notable, que dans celles, encore plus belles, où tout son désespoir se fait jour. Jean-Paul Roussillon est délicieux, subtil, tout en nuances dans son rôle de juge d’instruction et ami de Maigret. Quant à Didier Flamand, il incarne avec brio le difficile rôle du docteur Vernoux, personnage à la psychologie complexe. Les seconds rôles ne sont pas en reste et évoluent dans les magnifiques décors de Seyssel, Belley et Saint-Rambert (Ain).
Le final, brillant, est l’un des tous meilleurs de la série.
Distribution
Jean-Paul Roussillon : (1931-2009) Acteur et metteur en scène français, il obtient en 1951 un premier prix de comédie classique au conservatoire ce qui lui permet immédiatement d’intégrer la Comédie-Française où il incarnera 115 rôles et signera 31 mises en scène. Hors Comédie-Française, il joue Anouilh, Pinget, Duras, Achard et Tchekov à de très nombreuses reprises, jusqu’à sa mort. Il joue dans une centaine de films et de téléfilms, prêtant sa voix unique et son jeu tout en subtilités pour des séries (Novaceck) ou des films à succès (Week-end à Zuydcoote, Twist again à Moscou, LA Fille de l’air, On connaît la chanson, Une hirondelle a fait le printemps). En 1987, aux côtés de Jean Richard, il apparaît dans Un échec de Maigret. Il était titulaire de trois Molières du comédien et d’un César du meilleur acteur dans un second rôle.
Didier Flamand : Né en 1947. Il écrit et réalise La Vis, film qui obtient le César du meilleur court métrage en 1993 et fut nommé aux Oscars en 1994. Comédien, auteur et metteur en scène, il écrit cinq spectacles et œuvre sur les planches mais surtout à la télévision et au cinéma. Eternel second rôle, il a travaillé pour Bunuel, Duras, Enrico, Cayatte, Wenders, Balasko, Timsit, Klapisch ou Bouchitey. A la télévision, on a pu l’apprécier dans Imogène, Alice Nevers le juge est une femme, Julie Lescaut, Les belles-sœurs, une chance de trop, Stavisky l’escroc du siècle.
Raymond Gérôme : (1920-2002) Acteur belge, il débute au théatre national de Bruxelles, dont il assurera la direction artistique jusqu’en 1952. En 1954, il s’installe à Paris et sa carrière prend un nouvel essor en côtoyant et en travaillant avec les plus grands noms du théâtre et du cinéma français. Grand metteur en scène, il travaille à la Comédie-Française, au Gymnase, à la Madeleine et au théâtre Montparnasse. Il travaille avec Danielle Darrieux, Pierre Brasseur, Paul Meurisse, Jean-Pierre Aumont pour le théâtre. Au cinéma, on le voit dans Le cerveau, La princesse de Clèves, l’Affaire des poisons et pour la télévision dans de nombreux téléfilms (Les cinq dernières minutes, Lagardère, l’Affaire Seznec). Il est Sherlock Holmes dans Le chien des Baskerville pour Au théâtre ce soir. Il participe à l’opéra de Salvador Dali Être Dieu et prête sa voix si caractéristique à de nombreux dessins animés : Pocahontas, Fievel au Far West, etc. Austère, distingué, flegmatique, il a marqué toute une génération de spectateurs et de comédiens.
Maurice Aufair : Né en 1932, ce comédien suisse étudie au Conservatoire de Genève. Il interprète de nombreux rôles pour théâtre radiophonique. Il a joué sous la direction de Jean Vilar, Jean-Paul Roussillon et a joué de nombreux rôles pour la télévision (Docteur Sylvestre, L’heure Simenon) et a prêté sa voix à l’ours Paddington. Il fut également professeur de diction à Genève.
Jean-Michel Noirey : Comédien français, il obtient le premier prix du Cours Simon et débute sa carrière dans les années 80 il est à la fois meneur de troupes pour l’Eden Théâtre, il écrit et met en scène des spectacles (La Saison des Blessures), travaille pour le cinéma (Pécas, Giovanni, Chabrol, Blier, Tavernier), la télévision (Boulevard du palais, Une femme d’honneur, Chez Maupassant, Nicolas Le Floch, Commissaire Magellan) et dans la musique en écrivant et interprétant de nombreux spectacles musicaux. Il a également sorti quatre albums. On a pu le voir à trois reprises dans les Maigret avec Jean Richard (Maigret se trompe, Maigret à Vichy, La caves du Majestic).
Gilles Gaston-Dreyfus : Comédien français, il se fait connaître aux côtés d’Edouard Baer sur Canal+ dans Centre de visionnage. Au cinéma, il tourne pour Boisset, Pinoteau, Tavernier, Dupontel ou Ridley Scott. A la télévision, on le voit dans Louis Page, Navarro, Central Nuit, Le juge est une femme ou Le retour d’Arsène Lupin mais aussi au théâtre.
Shok Nar- Baron(ne)
- Age : 43
Localisation : Sarthe
Date d'inscription : 14/09/2015
Re: Série "Maigret" avec Bruno Cremer
Toujours un grand plaisir de te lire Shok Nar en tout cas, je connais très peu la série et tes chroniques me donnent grandement envie de m'y plonger, quel premier épisode conseillerais-tu à un néophyte?
Invité- Invité
Re: Série "Maigret" avec Bruno Cremer
Merci.
Alors, je dirai qu'il faut prendre un épisode classique avec un antagoniste d'envergure (mais attention, antagoniste ne veut pas forcément dire coupable).
Soit :
Coffret 1 :
- Maigret et la grande perche
- Maigret et la maison du juge
Coffret 2 :
- L'écluse numéro 1
- Cécile est morte
Plus atypiques, mais aussi brillants, à essayer ensuite : la nuit du carrefour, la tête d'un homme et Maigret a peur (coffret 3).
Grand classique, sans doute un des meilleurs épisodes : le corps sans tête pourrait être un bon choix également.
Mais, ma madeleine de Proust à moi, mon épisode chouchou, avec Cécile est morte, c'est Les témoins récalcitrants. Mon épisode préféré. Peut-être pas le plus simple pour commencer, mais quelle merveille. Plus facile à apprécier quand on connaît un peu l'oeuvre de Simenon.
Privilégier la période avant la délocalisation à l'étranger. Non pas qu'ils soient ensuite mauvais, mais Prague n'est pas Paris et tout le talent de la réalisation ne me fera jamais le croire. Les acteurs tchèques sont généralement atrocement doublés (quand ils ne jouent pas carrément mal) et c'est parfois pénible à regarder.
Maintenant, globalement, n'importe quel épisode des deux premiers coffrets peut se regarder avec plaisir, même les moins bons.
Alors, je dirai qu'il faut prendre un épisode classique avec un antagoniste d'envergure (mais attention, antagoniste ne veut pas forcément dire coupable).
Soit :
Coffret 1 :
- Maigret et la grande perche
- Maigret et la maison du juge
Coffret 2 :
- L'écluse numéro 1
- Cécile est morte
Plus atypiques, mais aussi brillants, à essayer ensuite : la nuit du carrefour, la tête d'un homme et Maigret a peur (coffret 3).
Grand classique, sans doute un des meilleurs épisodes : le corps sans tête pourrait être un bon choix également.
Mais, ma madeleine de Proust à moi, mon épisode chouchou, avec Cécile est morte, c'est Les témoins récalcitrants. Mon épisode préféré. Peut-être pas le plus simple pour commencer, mais quelle merveille. Plus facile à apprécier quand on connaît un peu l'oeuvre de Simenon.
Privilégier la période avant la délocalisation à l'étranger. Non pas qu'ils soient ensuite mauvais, mais Prague n'est pas Paris et tout le talent de la réalisation ne me fera jamais le croire. Les acteurs tchèques sont généralement atrocement doublés (quand ils ne jouent pas carrément mal) et c'est parfois pénible à regarder.
Maintenant, globalement, n'importe quel épisode des deux premiers coffrets peut se regarder avec plaisir, même les moins bons.
Shok Nar- Baron(ne)
- Age : 43
Localisation : Sarthe
Date d'inscription : 14/09/2015
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