Le Joker (The Joker)

Allez, je commence ma revue par mon épisode préféré, qui demeure inchangé Je ne m'en lasse absolument pas !

C’est un épisode détonnant. Le Joker plante son décor dans l’angoisse et présente des personnages dérangés et dérangeants. Au cœur de la saison 5, à mille lieues de la loufoquerie habituelle des intrigues, des subterfuges, des méchants, et des personnages secondaires qui font la recette de la saison. Le Joker n’est jamais censé être drôle, hormis dans les premières interactions de Steed et Mrs. Peel et dans le tag final, même si là encore, on est loin de se fendre la poire.

Cela a été souvent souligné, Diana Rigg y est magistrale. On s'accorde sur la froideur du personnage qui lui permet d'affronter la situation et de résister à cette ambiance pesante... Quant aux autres acteurs, ils font le job à merveille.

L'une des forces de l'épisode est bien son méchant. Le dangereux criminel n’a pas choisi de s’attaquer directement aux hommes politiques, aux millionnaires ou à toute autre sphère guindée et hautement protégée de la société. Bien que l’on manque de détails sur le déroulement des événements, on comprend qu’il a assassiné de nombreux réfugiés à Berlin quelques temps plus tôt. Si cela avait été raconté dans un épisode, nul doute qu’il aurait été des plus réalistes et des plus sinistres, collant davantage à la période des New Avengers. D’ailleurs, la phrase et le ton employés par Mrs. Peel soulignent la gravité des actes qu’il a commis : « Vous ne pouvez pas justifier les souffrances que vous avez infligées. […] Aucune vie humaine n’est insignifiante ».

Par ailleurs, à l’instar de Henry dans Comment réussir un assassinat, il constitue un vilain profondément humain, un des rares à agir sur le coup de sentiments profonds, aussi odieux soit le personnage. A Berlin, Mrs. Peel a dû user de ses charmes pour le neutraliser et il en est tombé éperdument amoureux : il ne veut pas simplement venger sa capture, il est sur le point de commettre un crime passionnel.

Dès lors, la faiblesse de l’épisode demeure son dénouement : l’anéantissement de ce personnage immonde, pervers, amoureux trahi, après 45 minutes dans une ambiance pensante et stressante, se déroule d’une façon bien trop expéditive et surtout des plus ridicules. Au summum de l’angoisse, Steed l’assomme avec une carte à jouer géante... Et voilà. On s’attend à une exécution, n’importe quelle fin qui soit à la hauteur de cet esprit diabolique... Heureusement, Steed et Mrs. Peel font une très belle sortie.

Et cela m'amène d'ailleurs à un petit détail qui pour moi a son importance. On ne voit quasiment jamais les vilains capturés. A la fin de chaque épisode, Steed et Emma partent, laissant leurs adversaires au sol, qu'ils soient inconscients, ou morts... On imagine qu'une autre équipe vient terminer le travail et leur passe les menottes. Alors pourquoi diable Emma laisse-t-elle glisser son arme sur le fauteuil, qui est bien celle à balles réelles puisqu'elle vient de la ramasser à côté de Ola, à portée de main de Prendergast, alors que celui-ci est très sûrement tout simplement assommé   ?

La fin n'est pas à la hauteur, mais l'épisode reste grandiose...

Belle critique ! J'aime le soin apporté à cet épisode, même si je trouve que le huis clos version Cathy Gale a bien plus d'impact horrifique. La mise en scène est aussi raffinée que dérangeante. Dès le départ la séquence "Mrs Peel We rae needed" indique qu'il va s'agir d'un épisode à part, puisque pour une directement impliquée dans le récit. La conclusion "you are needed" indique aussi qu'il va s'agir d'un récit centré sur Emma, donc déjà prometteur.

On peut avoir comme théorie qu'Emma laisse le révolver à proximité de Prendergast pour lui permettre de se suicider plutôt que de retourner en prison, seule moyen d'échapper à sa souffrance amoureuse. L'octroi de cette porte de sortie pourrait exprimer chez Emma une mauvaise conscience pour le traquenard qu'elle lui a tendu jadis.