Film "Twilight" Fascination

J’ai bien peur que Twilight ne m’ait guère convaincu non plus. La mise en scène certes efficace ne fait preuve n’aucune originalité, n’aucune audace, on en reste à un perpétuel déjà vu. Les très rares scènes d’attaques de vampires sont toute rigoureusement floutées ou dissimulées, édulcorant totalement ce qui n’est plus un récit d’épouvante mais un prétexte malin pour une histoire d’amour très guimauve. Cela en devient franchement risible et donne à Twilight un côté très chochotte. L’histoire se résume à très peu de choses, et se montre beaucoup moins inventive ou ambitieuse qu’un bon épisode de Buffy ou Angel. Elle reste de plus une linéarité et d’une prévisibilité totales, au point que l’on a parfois l’impression d’être un vampire nous même, puisque capable de prévoir ce qui va advenir un bon quart d’heure à l’avance. Le récit use un temps considérable à semer des indices sur la nature vampirique du bellâtre, cela se révèle fastidieux au possible puisqu’on sait déjà la solution de l’énigme, révélée dans une scène à la grandiloquence à peine croyable, tombant totalement à plat. Le principal indice (le vampire végétarien sauve la donzelle d’un accident de voiture) rappelle trait pour trait un modus operandi maintes fois vu dans Smallville la véritable inspiration du film tant cette série est allée loin dans la vacuité, la nunucherie sucrée et le mauvais jeu des comédiens.

D’ailleurs le Vampire passé à la lessiveuse twilight fait furieusement penser à un super héros et perd toute son identité. On le voit ainsi se mouvoir en plein jour sans la moindre difficulté, avec super force, super vitesse, super odorat etc… Ah si, soyons juste, quand il fait grand soleil les vampires voient leur peau se couvrir de… diamants ! Si, si ! Cela a fait se glousser d’extase pas mal de filles de l’assistance (en écrasante majorité) mais l’effet apparaît d’une crétinerie cucul la praline assez désarçonnante, totalement ridicule. Mais très Disco, reconnaissons le. L’univers reste très sommaire, la personnalité des ados à peine esquissée. On remarque une étonnante ressemblance entre le comique balourd de service et Cauet, ce qui manifeste au moins un casting performant. Les membres du Clan sont eux un peu plus différenciés, les deux scènes à la Famille Addams (la maison et le Baseball) sont d’ailleurs les seules du film à éveiller un début d’intérêt. On espère que le roman (non lu) joue davantage là dessus. L’opposition est elle aussi sans aucun cachet, le tueur décrit comme le plus redoutable vu depuis 300 ans se fait dégommer sans difficulté ni scènes marquantes particulières (très mauvais pompage sur Highlander avec un jeu de lumières et de miroirs particulièrement indigent). Son interprète se montre d’ailleurs le plus mauvais du film, chapeau l’artiste, il fallait y parvenir.

Twilight ressort comme un objet marketing très rusé, pillant allègrement diverses sources (Buffy, Anne Rice, Harry Potter version Dolores Ombrage, la Mascarade…) en en lissant toutes les audaces, toutes les fulgurances pour n’en retenir qu’un brouet aromatisé à la praline, visant clairement une cible ado en quête de romance facile et larmoyante. L’entreprise fait froid dans le dos mais cela fonctionne, le public se pâmant d’extase devant les diverses âneries proférées et les scènes pseudo romantiques accumulant les effets faciles, très publicitaires. Une scène proprement effrayant montre les héros refusant le sexe, visiblement quelque chose d’impur. Il ne manquait plus au film que d’être réac et bien pensant. Ce Roméo et Juliette du pauvre aurait pu fonctionner avec un couple d’interprètes magique mais force est de constater qu’on est très loin. Robert Pattinson se montre aussi impavide que dans La Coupe de Feu (où l’on retrouve aussi Tennant, rien à voir), et passe son temps à prendre les poses les plus appuyées et lourdement démonstratives que l’on puisse imaginer, nanti d’un maquillage pseudo gothique fort seyant. Navrant. La jeune (et très craquante) Kristen Stewart vaut par contre le coup d’œil, avec un jeu expressif, dont on devine sans peine qu’il gagnera en subtilité avec les années. Elle tient les promesses du remarquable Into The Wild et s’impose bien comme une comédienne à suivre. Reconnaissons qu’elle rend beaucoup plus supportable le moment d’abattement que constitue le visionnage de Twilight. Très belle partition de Sarah Clarke, dans un rôle aux antipodes de l’inoubliable Nina Myers de 24h, une jolie surprise.

Le film se conclue par la vision de la très très méchante qui s’était enfuie, elle observe nos héros en préparant visiblement un retour de la vengeance de la mort qui tue, pas piqué des hannetons. Trop fort.