Série "Stargate - SG1" (1)

Bon, ben grosse déception pour l’Arche, la Vérité. L’épisode n’apporte rien de nouveau, se contentant de recycler ce qui a été maintes fois vu et revu au cours des périodes précédentes, le tout sans éclat particulier. SG1, qui fut l’une des séries de SF les plus enthousiasmantes, a sans doute duré trop longtemps, sans compter qu’elle s’est perdue en route avec ces histoires d’Oris. Pour refaire fonctionner des rouages aussi usés, il faut un surcroit d’âme et de talent que cet épisode spécial ne possède pas.

Non seulement on sature tout du long à force de redite, mais la série s’est montrée nettement plus brillante par le passé, tant de nombreuses maladresse sont commises. Mitchell se montre toujours aussi fade (et toujours aussi totalement interchangeable avec son collègue de SGA). Ses dialogues d’une insigne pauvreté imbibent littéralement AoT. En effet son importance se révèle bien trop grande, écrasant littéralement les personnages historiques, en particulier Sam et Teal’C, réduits à une partition simpliste et caricaturale (Daniel s’en sort un peu mieux. On peut toujours compter sur Daniel, axiome de base). Un désastre, d'ailleurs l’absence assourdissante d’O’Neill retentit tout au long de l’intrigue. Inutile de préciser que Continuum va jouer gros sur la qualité des retrouvailles avec le patron. Pour être honnête, on a aussi l’impression que notre Amanda Tapping adorée ne semble pas vraiment impliquée par ces postures usées jusqu’à la corde, on la comprend (et puis peut être a-t-elle trouvé refuge au Sanctuaire).

Marrick (le marri pas marrant) succède également à toute une série de personnages de la CIA ou de politicards entravant l’action de Sg. Rien de nouveau, alors qu’il se montre le plus caricatural et inintéressant de tous, symbolisant en cela parfaitement AoT. Les Réplicateurs n’apportent rien de nouveau, c’est du déjà vu, les quelques « nouveautés » de leur programmation n’exerçant aucune influence concrète sur le récit. Du rabâchage, encore, et que Marrick finisse éliminé par le fléau qu’il a déclenché relève du poncif absolu. Bonjour le remake de l’Adam de Buffy, totalement série Z.

Plusieurs maladresse narratives par ailleurs. On est lassé de découvrir SG1 trouver des artefacts miraculeux super anciens réglant des problèmes galactiques (au moins). Une fois, deux fois, trois fois… La scène de moralisme entre Teal’c et Tomin se révèle d’une lourdeur pachydermique. Le côté mythologique est digne de Xéna, l’humour bon enfant en moins. Tout AoT (ou quasiment) est d’un sérieux total assez confondant, où est passée la fameuse distanciation de la série ? On divise l’intrigue en deux segments totalement distincts, un choix rarement judicieux et passablement paresseux.

En l’absence des Oris et de leurs pouvoirs, quelle que soit la puissance es armées demeurant, le récit tourne à vide, sans opposition digne de ce nom (qu’il faille appeler les Réplicateurs à la rescousse est plus un aveu de faiblesse qu’autre chose). L’arrivée de l’Orici se déroule bien trop tardivement pour contrebalancer cela. Et puis, si elle a repris le flambeau, comment expliquer la disparition des pouvoirs, l’extinction des feux etc. c’est absurde, tout comme la facilité avec laquelle Daniel and Co parviennent à l’Arche une fois libérés. Les méchants sont partis aux Flots Bleus, c’est officiel. Que tout cela est écrit sans panache ni imagination, quelle linéaire prévisibilité.

Pour être juste quelques points positifs surnagent. Les effets spéciaux sont de grande qualité, notamment l’apparition enflammée d’Adria (dont la disparition est une copie conforme de celle d’Anubis). Pour tardive qu’elle soit, sa confrontation avec Vala produit son petit effet, Morena Baccarin est d’ailleurs meilleure que dans mon souvenir. Vala (mon gros coup de cœur du SG1 tardif) pétille toujours autant, de même que son duo d’amour vache avec Daniel. Heureusement qu’ils sont là, comme en témoignage du passé. J’aime beaucoup l’interprétation très expressive de Tomin par Tom Guinee. Retrouver le grand Julian Sands est toujours un cadeau, comme dans The L Word. Mais tout ceci demeure dramatiquement insuffisant.

La déception se ressent donc fortement, jusqu’à s’interroger sur la motivation réelle de l’entreprise. De la redite, et pas terroche avec ça. Reste Continuum, si l’on ne croît pas à une déferlante de fracassantes innovations, on compte tout de même sur le Boss (le vrai) et sur ce vieux roublard de Baal (mon chouchou) pour au moins nous faire renouer avec la qualité et la flamme du véritable SG1, dont la momie desséchée qu’est AoT ne donne qu’un bien faible aperçu. IWTB.

Sinon la coiffure de Teal’C est toujours aussi abominable, tout va bien de ce côté.

Continuum redresse la barre après l’échec de Ark of Truth. Ce n’est certes pas la première fois que les voyages temporels sont employés dans la série, mais ils apportent tout de même une spécificité plus grande à l’épisode que les péripéties précédentes. C’est d’autant plus vrai que les figures de style de cet important courant de la Sf sont ici parfaitement couplés au thème des Portes, donnant lieu à un récit riche en rebondissements.

La mise en scène résulte très efficace, avec un amusant alliage des plus vieux trucs de tournage en plateau (le décor mouvant et réfrigéré du bateau) avec des images de synthèse de pointe. Les scènes d’action sont réellement spectaculaires, tandis que la réalisation tire le meilleur parti de l’impressionnant décor naturel arctique. La machine infernale de Ba'al se montre impressionnante, tout en s’insérant astucieusement dans l’univers de la série.

La qualité d’écriture se retrouve également dans le portrait psychologique des personnages. L’épisode emploi à bon escient sa durée supérieure à la normale, au lieu de multiplier les vaines agitations comme dans AoT. Suivre le cheminement des trois rescapés se montre assez émouvant, voire étonnamment mélancolique. Du côté obscur de la force, Continuum ne rate pas les retrouvailles avec le madré Ba'al, en soulignant judicieusement son original pragmatisme au sein des Grands Maîtres. Cliff Simon est toujours génialement fourbe. Sympa aussi de retrouver Apophis pour la dernière. Les Goauld’s s’affirment décidément comme les meilleurs méchants de Stargate. Leplan séquence d'ouverture est absolument fastueux !

Quelques regrets, comme la trop brève participation d‘O’Neill mais le personnage et son interpète sont tellement excellents que ces quelques minutes suffisent à nous réjouir (et à nous donner envie de redécouvrir de vieux épisodes). Mitchell est moins crispant qu’à l’accoutumée, mais tire encore trop la couverture à lui, le SG1 « historique » me semblait plus choral. Enfin les scénaristes n’ont pas d’autre choix que d’accumuler pour Ba'al un manque de bol assez invraisemblable pour justifier sa défaite, mais c’était sans doute inévitable.

Continuum ne se montre pas bouleversant d’originalité mais parvient à tout à fait reconstituer la qualité et l’excitation propres au véritable SG1. Un petit miracle compte tenu de l’usure d’une série qui trouve ici une conclusion digne d’elle, au contraire de bien d’autres.