ELECTION - 1 er tour

10 voix pour la gauche contre 7 pour la droite, toutes à Marine Le Pen. Si j'enlève celle de Patricks qui aurait voulu s'abstenir, ça fait 9 contre 7, soit 56% pour la gauche, c'est-à-dire... le score de Hollande au second tour d'après les sondages. Comme quoi, nous sommes peut-être représentatifs? A part pour le sortant qui a moins de succès ici qu'ailleurs...

Concernant le PS, c'est à moitié vrai. Qu'il y ait en son sein des magouilleurs, c'est un fait, voir à Marseille, mais bon, a-ton déjà vu beaucoup de politiciens honnêtes en Provence-Côte d'Azur?

Par contre, globalement, et historiquement, ils ont assez bien tenu leurs promesses. Si on prend le programme de Mitterrand, la majeure partie des 110 propositions ont été réalisées. Jospin, idem, il avait promis les 35 heures, il les a faites. Depuis 12 ans, j'ai eu environ 150 jours de vacances supplémentaires, soit 5 mois de repos en plus. Ce n'est pas avec la droite que j'aurais obtenu ceci. Et ça n'empêchait pas l'économie de tourner mieux que maintenant, car en contrepartie les entreprises avaient obtenu plus de flexibilité.

Donc, je voterai cette année car je me sens un peu coupable de m'être abstenu trop souvent, notamment en 2002 car Jospin ne méritait pas d'être battu au 1er tour.

Il y a pas mal de promesses dont on peut être sûr qu'elles seront réalisées si Hollande est élu, et ce d'autant plus qu'il ne promet pas la Lune, comme Sarkozy avait fait démagogiquement en 2007 pour être élu. Sur les sujets de société, c'est facile à réaliser, et ça a l'avantage de ne rien coûter, en ces temps de crise: le droit de vote des étrangers aux élections locales, ça sera fait, puisque le Sénat l'a voté aussi. Le mariage homo, idem. (On peut penser ce qu'on veut de ces mesures...) La légalisation sous conditions de l'euthanasie aussi. Quand on pense que Sarkozy est contre alors que 81% des Français sont pour, opinion majoritaire y compris dans les sympathisants de son parti. Tout ça pour récolter les voix de l'intégriste catholique Boutin, c'est à dire trois fois rien.

En économique et social, l'abrogation de la loi TEPA, et donc des baisses d'impôts pour les riches, ça sera fait aussi, aucun doute à avoir. Fait très important: on a appris que l'affiche de campagne du candidat sortant comporte une photo prise en Grèce. C'est un peu un symbole. Il faut savoir que, si la Grèce en est arrivée là où elle est, ce n'est pas à cause de trop de dépenses, mais à cause d'un manque de recettes. En Grèce, les plus aisés, les professions libérales, échappent à l'impôt car ils ne sont jamais vérifiés. Et voilà le résultat! Et qui donc en France a considérablement abaissé les impôts pour les plus aisés, alors qu'ils ont augmenté pour les autres? Sarkozy, bien sûr! Et comme par hasard, on se retrouve en situation difficile sur le plan budgétaire... La conclusion est claire: réélire Sarkozy, c'est conduire la France dans la situation de la Grèce à brève échéance. Si les électeurs de droite avaient un peu de jugeote, il voteraient pour Bayrou qui, lui, est depuis longtemps partisan de la rigueur budgétaire, à contrario de la fuite en avant sarkozyste. Cette élection est importante ne serait-ce que pour ça. C'est notre responsabilité de virer celui qui est en train de nous couler.

La retraite à 60 ans pour ceux qui ont au moins 42 ans de cotisations, ça sera fait aussi, et d'ailleurs ça ne coûtera pas cher. C'est bien la moindre des choses qu'on ne demande pas à ceux qui ont déjà travaillé 42 ans de travailler 44 ou 45 ans.

En politique, l'abrogation de la réforme des collectivités locales, qui comportait un retour à l'ignominieux mode de scrutin majoritaire, dans le but de faire disparaître les partis émergents comme le FN, ou d'autres, elle sera faite aussi. Et c'est tant mieux, car voilà bien la plus aberrante, la plus stupide loi qui ait été votée depuis longtemps, qui n'était en fait qu'une manière d'institutionnaliser le cumul des mandats et de replacer les électeurs sous la coupe des notables locaux, pour le plus grand profit de l'UMP, qui est la championne en la matière.

Oui, il y a tant à faire. Tout ne sera peut-être pas fait, mais on peut faire pas mal quand même, à condition de changer de cap.

Maintenant, c'est sûr que Hollande n'est pas révolutionnaire. Qui a pu croire qu'il allait à lui seul remettre en question le système financier international? Il y a dans son programme un arsenal de mesures destinées à corriger les excès de la finance, à mieux la faire participer à l'effort national. C'était le sens de la déclaration de campagne "contre la finance". Maintenant, que Hollande accorde une interview à un journal anglais, d'ailleurs de gauche (le Guardian) et non un journal financier, pour préciser qu'il n'est pas le gauchiste avec le couteau entre les dents que décrit Sarkozy, je n'y vois rien de répréhensible. Il faut bien de toutes manières un système financier et bancaire international, sans quoi toute l'économie s'effondrerait. En social-démocrate traditionnel, le but de Hollande est d'en corriger certains excès, alors que Sarkozy n'a fait que lui faciliter la tâche et le renforcer dans ses aspects les plus gênants. Cette histoire de "menteur" sur la finance, ce n'est que de la grossière propagande sarkozyste, Pinocchio qui traque les mensonges des autres, ou l'histoire de la paille et de la poutre, donc je ne m'y laisserai pas prendre.

Je constate beaucoup de désillusion, tant à droite qu'à gauche. Allons nous battre le record d'abstentions? Mais l'abstention, ça n'existe pas, ou plutôt ça n'existe que chez les électeurs sans opinion précise. Par contre, un électeur de gauche qui s'abstient, ce n'est pas une abstention, c'est un vote Sarkozy, et un électeur de droite qui va à la pêche, ce n'est pas non plus une abstention, c'est un vote pour Hollande.

Voilà comment je vois les choses. Ce qui est sûr, c'est que je ne m'abstiendrai pas. Parce que les électeurs de Sarkozy, ce sont surtout des riches et des vieux. Et les riches et les vieux, ce sont les catégories qui s'abstiennent le moins. Donc autant éviter toute mauvaise surprise.

Autour de moi, je sens une certaine mobilisation. Même mon père qui va sur ses 80 ans va se traîner avec sa canne pour aller voter, alors qu'il ne pensait pas y retourner un jour, mais il en a tellement marre du sortant.

Par son entrée en campagne agressive, et même violente, Sarkozy a peut-être galvanisé son électorat et raccolé une poignée de voix FN. Mais, par ses agressions contre les pauvres, les jeunes, les chômeurs, les fonctionnaires etc, il a aussi contribué à mobiliser les gens qui lui sont opposés, d'où une certaine stabilité des sondages. Et les retraits de Boutin et Morin, ça lui rapporte quoi? Zéro plus zéro, ça fait toujours zéro...

Je comprends, quoique dans la primaire PS, tu l'as soutenu contre Martine Aubry, qui elle était sur une position beaucoup plus de gauche...

Mais ne vois-tu pas les différences avec Sarkozy? Sarkozy, il lance une campagne réactionnaire à la limite de l'extrême-droite, il s'en prend à tous les faibles, il fait du populisme invétéré: sérieusement, un électeur de gauche peut-il prendre le risque de faire réélire un tel aventurier dont le programme fait furieusement penser à "Travail, famille, patrie"? Bon, ça a peu de chances de se produire, car à droite ils sont encore plus désanchantés de lui, mais sait-on jamais?

En tous cas, j'imagine que ça doit vraiment être peu ragoûtant, l'intérieur du PS, pour que tous les mecs que je connais qui l'ont fréquenté en ressortent dégoûtés au point de vouloir s'abstenir, même face à un adversaire aussi clivant et détestable que le candidat sortant...

J'ai peut-être la vision biaisée par le fait qu'il y a 15 ans, j'étais un petit employé, maintenant, je suis un cadre (petit aussi, d'ailleurs...)

Je constate aussi que dans l'administration, on trouve plus d'électeurs de gauche parmi les encadrants (A) que parmi les employés (C). Les 3 derniers cadres supérieurs que j'ai cotoyés: 1 ancien maire rural divers gauche, 1 ancien candidat sur la liste municipale PS à Nice, avant d'être exclu pour participation à une liste dissidente, 1 bobo écolo à 6500 euros par mois.

Si il y a 2 ans, on nous avait dit que tu prônerais l'abstention à la présidentielle et moi le vote Hollande, on aurait été plutôt surpris, je pense...

Puisque ce topic concerne un sondage politique, voici en exclusivité comment procèdent actuellement les instituts de sondages pour l'élection présidentielle:

-Allô? Ici l'institut CSA (ou BVA ou IPSOS ou Trucmuche ou ce que vous voulez, NDLA). Acceptez-vous de participez à un sondage?
-Oui.
-Pour qui allez-vous voter au 1er tour?
-Marine Le Pen!
-Quoi? Vous voulez voter pour cette fasciste? Vous n'avez pas honte?
-Non.
-Mais c'est affreux! Vous êtes fou! Vous êtes un raciste et un islamophobe! Alors, pour qui allez-vous voter?
-Marine Le Pen!
-Vous savez, méfiez-vous! Et si vos voisins l'apprenaient... Je connais votre adresse, bien sûr je ne leur dirai rien, mais s'ils l'apprenaient quand même... Alors, pour qui allez-vous voter?
-Heu... Sarkozy!
-Ah! Parfait! Merci! Au revoir!
Oui, c'est ça... Au revoir!

Boutade peut-être, mais je ne suis probablement pas loin de la vérité. Un truc bien connu des instituts: ils mettent au téléphone des enquêteurs dont on entend très bien à la voix qu'ils doivent être Noirs ou Maghrébins (pas difficiles pour eux, ils en emploient en masse, discrimination positive et promotion de la "diversité" obligent). On sait que ça influence les réponses, certains dans ce cas n'osent pas dire qu'ils votent FN.

Et à l'arrivée, le Français moyen, voyant que Marine Le Pen stagne dans les sondages, se dit que ça ne sert à rien, qu'il vaut mieux voter utile avec Sarkozy (utile, tu parles...), et le soir de l'élection, le résultat finira par ressembler aux sondages, et on nous dira "vous voyez bien que les sondages sont fiables, ils avaient prévu que Marine Le Pen ne serait pas au second tour".

Et voilà comment on manipule l'élection au profit des candidats du personnel établi, et en particulier du candidat des capitalistes, des banquiers, des rentiers et des friqués, le candidat sortant.

Là, je reconnais, c'est en effet la motivation principale, ne plus avoir Sarkozy. Ceci dit, tu risques de t'abstenir car Hollande pas de gauche, mais à une époque tu envisageais de donner ta voix à De Villiers, qui n'est pas spécialement de gauche...

J'ai l'impression que beaucoup de projets d'abstention viennent du fait que l'élection semble jouée: à droite on n'a pas envie de voter pour le sortant car ça ne servira à rien, il sera battu. A gauche, on se dit que Hollande ne suscite pas d'enthousiasme, et que l'on peut se dispenser de voter pour lui car de toutes façons il sera élu.

Moi, je pense que rien n'est joué. Tout peut évoluer, il ne faut pas vendre la peau de l'Ours Sarkozy avant de l'avoir battu, ce serait le meilleur moyen de perdre. Quand on voit Jack Lang et Ségolène Royal commencer à se disputer le perchoir de l'Assemblée nationale... OK, le sortant est impopulaire et dans une situation difficile, mais on ne peut être certain qu'il sera battu. Il ne faut pas sous-estimer les capacités de propagande sur la masse de TF1 et des médias surpuissants à la solde de Sarkozy.

Bonne illustration: aujourd'hui même, j'ai été contacté sur mon portable par SFR, mon opérateur. Comme d'habitude, voix très colorée... Et moi non plus, je n'ai jamais été interrogé par les sondeurs, et pourtant avec le nombre de sondages qui sortent chaque jour, ça devrait bien finir par tomber sur moi...

Pas de souci à se faire, il ne sera pas à plaindre, surtout qu'il aura la chance rare d'avoir Enrico Macias à ses côtés, même s'il est battu.

A moins que l'impensable arrive (ce qui confirmerait que les Français n'ont rien dans le ventre puisque se foutre de leur gueule pendant 5 ans ne les fait nullement réagir), la première tâche du prochain président sera de désarkozyfier le pays et les esprits.