Vampires

Beaucoup trop d'action à mon goût.

C'est absolument génial !

Estuaire44 a écrit:Certainement le plus intéressant des trois, de toutes façons.

Pas vu la série donc je ne peux me prononcer mais l'extrait mis sur le forum était inquiétant.

Le film est objectivement naze mais, s'il était rediffusé, je crois que je le regarderai encore. C'est tellement bien raté que c'est un plaisir coupable. Je ne le conseillerai pas sauf, peut-être, aux esprits taquins désireux de rigoler devant leur écran après une journée désolante.

Second volet de la série, ce volume devait conserver l’élan initial tout en introduisant suffisamment de nouveauté pour garder de l’intérêt. Le prologue permet ainsi de rappeler ce que sont les Strigoï et les Moroï, les dhampirs et les gardiens puis rappeler le pouvoir spécial de Lissa.

Dans cette histoire, le lecteur se rend compte que Rose mûrit. Lentement certes et non sans rechute (témoin, sa réaction puérile devant le rapprochement de Dimitri et de Tasha Ozéra) mais c’est indéniable. Elle reconnaît elle-même qu’elle a tendance à agir sans réfléchir ; ce qui n’a l’air de rien mais s’en rendre compte est la première étape pour y remédier. Elle comprend pourquoi sa mère est si sèche et combien il est nécessaire parfois de se comporter comme un chef. Elle l’admet difficilement mais elle change.

Après la mise en place du premier volume, il fallait monter en pression. C’est chose faite avec les Strigoï qui quittent la rubrique « légendes » pour devenir des acteurs clés du roman. Richelle Mead est habile dans son sens du suspens car elle commence par nous présenter les effets d’une attaque de ces monstres. On est un peu sur des scènes de crime (le roman commence par Dimitri et Rose arrivant dans une maison transformée en bain de sang), beaucoup plus sur les effets psychologiques. La peur est ainsi une donnée bien plus présente ici, même si l’amour n’est jamais loin (on est dans la bit-lit quand même !). D’autant que les monstres ont changé de stratégie : ils sont désormais capables d’attaquer en groupe et se servent d’humains pour désamorcer les protections magiques des Moroï. Traduction concrète : plus personne n’est en sécurité nulle part ! Cela lance le second mouvement du roman : le regroupement des personnages dans un même lieu ; une luxueuse résidence pour les vacances de fins d’années. Eh ! Oui ! Même les vampires font du ski !

Pour relancer la saga, quoi de mieux que de nouveaux personnages ? On en a effleuré deux ; à savoir Janine Hathaway mère de Rose et Tasha Ozéra, tante de Christian (le petit ami de Lissa). La première est une gardienne expérimentée, très respectée mais une mère absente et c’est bien ce que lui reproche Rose. Les relations mère/fille sont violentes et orageuses avant d’évoluer vers une plus grande compréhension mutuelle sous le poids des événements. La seconde est restée marquée physiquement pour avoir protégé son neveu de ses parents devenus volontairement des Strigoï. Professeur d’arts martiaux, elle est favorable à ce que les Moroï travaillent mais, surtout, se défendent eux-mêmes. Le tabou suprême ! Si Rose apprécie ses idées, elle la prend immédiatement en grippe quand elle apprend que Tasha est proche de Dimitri au point de lui proposer d’être son gardien et plus si affinités. Ce qui est un double uppercut pour Rose ! Là se lit la puérilité de Rose difficilement capable de dépasser sa jalousie maladive au point de se brouiller avec Dimitri. Un troisième personnage fait aussi son entrée en scène de la manière la plus réussie qui soit : Adrian Ivaskhov, en perpétuelle état d’ébriété et fumant largement ; une image de débauché mais il attire Rose tout de suite…qui comprendra ultérieurement qu’Adrian est aussi un spécialiste de « l’esprit », la sixième (mais pas officielle) spécialisation des vampires. Pour résister aux effets néfastes, il boit en permanence. Devenir fou ou être saoul, beau choix ! En tout cas, lui, il flashe sur « la petite dhampir » !

Le point culminant de ce second récit est la confrontation entre Rose et de vrais Strigoï ; savoir que le loup existe ne prépare pas plus le Petit Chaperon Rouge à le rencontrer que Rose vis-à-vis de « vampires immortels » (le concept le plus WTF de la saga puisqu’il suppose des vampires qui ne le sont pas). Suite à une indiscrétion de Rose, ses amis Eddie et Mason (avec qui elle a trop flirté pour avoir été honnête) accompagnée de Mia, qui veut venger ses parents, sont partis à Spokane (Idaho ; l’autre nom de nulle part) combattre des Strigoï ! Rose et Christian les rejoignent pour les ramener mais sont faits prisonniers par Isaïa, un puissant vampire. On a la première description d’un Strigoi (logiquement, on devrait dire strigovitch) : « Il n’en émanait plus la moindre émotion ni la moindre chaleur » (p. 307). Un cercle rouge entoure les paupières, blancheur crayeuse de la peau. La transformation en Strigoï s’appelle ironiquement « éveil » ! Christian et Mia, les deux Moroï, ont un choix à faire : l’un vivra en devenant Strigoï ; l’autre mourra avec Mason, Eddie et Rose. Pour les faire choisir, Isaïa les affame or, comme le dit Rose, « leur endurance est dérisoire » (p. 318). Au terme de longues heures de souffrances très bien décrites, Rose va trouver une solution et devenir le chef du groupe. Elle va même parvenir à décapiter deux Strigoï avec une épée rouillée ! Cet exploit lui vaudra ses deux premières molnija (« éclair » en russe). Pas de félicitations car « l’expérience de la mort ne prêtait pas à sourire » (p. 366).

Au terme de cette expérience traumatisante, et de ce roman qui se lit comme tel, c’est la désescalade entre Mia et Rose (les enjeux montent donc les rivalités d’hier n’ont plus cours), Adrian reste à Saint-Vladimir (rappelons que c’est le vrai nom de « vampire academy ») pour étudier « l’esprit » avec Lissa. Dimitri refuse la proposition de Tasha, avoue ses sentiments à Rose et confirme qu’il fait tout pour les cacher. Il l’embrasse passionnément mais s’arrête car le devoir les sépare encore. Ils ne peuvent pas être ensembles mais ils s’aiment.

Pardon mais qui est-ce ?

C'est l'épatant interprète de Guillermo de la Cruz, le Familier de Nandor, l'un des quatre Vampires de la série What We do In The Shadows. Grand fan de l'Armand d'Anne Rice depuis l'enfance, il fait les quatre volontés de son Maître et s'occupe du Manoir en espérant recevoir un jour (une nuit) le Don Obscur. Hispanique, il n'en est pas moins également un descendant de Van Helsing et donc un Chasseur de Vampires absolument redoutable, ce qui a plusieurs fois été très utile (crucial) pour le Clan. De prime abord, il est le plus gentil et raisonnable de l'équipe, quand on gratte un peu, c'est largement le plus cinglé de tous (hormis Laszlo, bien entendu définitivement hors catégorie).

Sors de ce corps Bela Lugosi !

Je me suis aperçu dernièrement que personne n'avait fait de critiques du roman Dracula sans lequel la folie des vampires n'existerait certainement pas. A l'occasion de ma 3ème lecture dudit roman, je m'y essaye.

La lecture en reste fascinante même après plusieurs lectures. La première partie, celle où Jonathan Harker est en Transylvanie (l'office du tourisme local a dû ramer pour corriger la très mauvais image du coin) dans le château de Dracula. La découverte progressive de l'emprisonnement puis de la véritable nature du comte, la scène avec les Dames, constituent une montée vers l'horreur toujours aussi prenante. C'est ma préférée et de loin.

Je note un détail qui a échappé à toutes les adaptations : Dracula est présenté au départ comme un grand vieillard pourvu d'une moustache blanche bien fournie qui dissimule ses lèvres fines et ses dents aigües. Par la suite, à mesure qu'il absorbe du sang et devient plus puissant, il rajeunit - Stocker insiste là-dessus ; c'est même un des motifs de terreur de Harker quand il le voit à Londres. A ma connaissance, aucun acteur moustachu n'a incarné Dracula et ce rajeunissement n'a presque jamais été exploité.

La seconde séquence se déroule à Whitby avec l'arrivée du Déméter (une coupure de journal et c'est à peu près tout mais la description est saisissante) puis les malheurs de la pauvre Lucy Westenra ; la première victime. C'est alors qu'apparaissent les autres personnages principaux : le docteur Seward et Van Helsing et deux autres plus anecdotiques, Lord Godalming et Quincey Morris. Je dirais que Stocker présente assez schématiquement ses personnages. Van Helsing est le sachant du groupe, Seward son disciple (un duo appelé à se répéter dans les films). Lord Godalming est là parce qu'il est riche et que l'argent aide bien (c'est explicitement dit) et Morris pour l'action. Ce n'est pas ce qu'il y a de plus intéressant. La preuve en est que nous n'entendons parlez d'eux que par les journaux des autres.

Dracula non plus n'a pas droit à la parole. Nous ne saurons jamais ce qu'il pense ni ce qu'il avait précisément en tête en venant à Londres. Il n'est vu que par le prisme de ses adversaires ; ce qui en fait l'antagoniste parfait. Le Tout-Autre. Cette absence ne le rend pas moins présent directement ou indirectement. Mais en ne le faisant pas parler, Stocker a ouvert une brèche dans laquelle les futurs auteurs sur les vampires pourront s'engouffrer (je pense à Fred Saberhagen notamment).

On sent à lire Bram Stocker - son patronyme complet est Abraham comme Van Helsing - que c'est un homme mûr de l'époque victorienne qui écrit. Le ton de Van Helsing envers Lucy puis Mina est un brin paternaliste et les hommes présents font assaut de courage pour protéger les faibles femmes.

Pourtant, Mina est plus que cela. Wilhelmina Murray, épouse Harker, est un personnage fascinant et Stocker, qui n'a que des hommes comme personnages (Lucy est une victime vite évacuée) réussit à créer son seul personnage féminin. Du coup, il en fait l'opposite de Dracula. Il est seul ; elle est entourée. Il est détesté ; elle est aimée. La défaite de Dracula est inscrite dans cette opposition : il est seul contre tous ; il est la Mort ; elle est la Vie (et le roman se termine sur la naissance de son fils).

Aussi quand Dracula frappe Mina, c'est tout le roman qui change de nature. Il n'est plus question de sauver le monde ou l'Empire mais Mina. Elle personnifie tout ce que Dracula n'est pas. Elle est l'Humanité toute entière dans son seul corps. Petit détail ; Dracula ne la transforme pas en vampire quand il surgit dans sa chambre mais l'empoisonne en lui faisant boire de son sang à même la poitrine (la Hammer s'en souviendra). Du coup, elle est toujours humaine mais change petit à petit et ces changements sont scrutés à la loupe par Van Helsing scandant la quatrième partie du roman, la traque de Dracula depuis la mer Noire jusqu'à son château (je laisse de côté la troisième partie, la traque des cercueils dans Londres qui est moins intéressante mais ferait un bon jeu de société ; sauras-tu trouver le dernier cercueil avant que Dracula ne s'éveille ? En fait, il existe déjà un jeu de plateau nommé "Dracula" mais qui est un peu différent de ce que je viens d'écrire).

Ce final est haletant, inquiétant, on serre les dents pour les héros mais c'est tout le roman qui, malgré sa structure épistolaire, ne manque pas de rythme. C'est absolument palpitant à lire et je le relirais une quatrième fois au moins.

Curiosité : Dracula est le méchant mais c'est lui qui est le héros de multiples adaptations ; pas Van Helsing ni Jonathan Harker et pas souvent Mina, parfois malmenée (je pense à "La Ligue des gentlement extraordinaires" qui en fait...une goule car, oui, "vampire" est un substantif masculin. On ne dit pas "une vampire" ni même une "vampiresse" ni "une femme vampire"). J'y vois la conséquence de ce silence que Stocker lui a imposé.

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Dracula inspire toujours :

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Troisième volet de la série, il souffle à merveille le chaud et le froid. Pas de nouveaux personnages dans cet opus mais un approfondissement de ceux déjà présents et assez nombreux.

Le cœur du réacteur, ce sont les cauchemars et les visions du fantôme de Mason qui hantent les nuits et les jours de Rose et qui la perturbent gravement au moins d’altérer son psychisme et de mettre en péril son rôle de gardien.

En effet, ses problèmes surviennent au moment où débutent les exercices de terrain : 6 semaines sans cours où les novices doivent protéger les Moroï comme des gardiens en faisant un rapport quotidien. Les gardiens expérimentés surveillent le tout et simulent des attaques de Strigoï. Or, petite perturbation dans la vie de Rose : on ne lui attribue pas Lissa mais Christian (le petit ami de Lissa), ce qu’elle prend très mal et réagit de manière assez puérile.

Avant d’aller plus loin, notons que l’auteur nous rappelle ce que signifie l’expression « baiser de l’ombre » soit avoir été ressuscité. Cette expression n’est pas nouvelle dans la saga mais l’avoir choisi comme titre de ce troisième volume signifie qu’elle va prendre une très grande importance et tout conditionner.

Au même moment, Lissa veut interrompre son traitement d’antidépresseurs qui inhibent son pouvoir sur l’esprit car elle veut se perfectionner. Or, ce pouvoir a tendance à dérégler le psychisme de ceux qui l’utilise. Avec la magie, il y a toujours un prix à payer. Dans le même temps, un groupe de Moroï de sang royal mené par Jesse (un petit péteux arrogant) essaye de recruter Christian dans un groupe décidé à se battre et qui ne veut pas que les Moroï roturiers pèsent sur les décisions avec cet argument imparable : « Ils ne savent pas rester à leur place » (p.126).

Rose va chercher à se documenter sur les fantômes, apprenant du père Andrew que l’esprit peut s’attarder « surtout si la personne est décédée jeune ou de mort violente » (p.134). ce qui est doublement le cas de Mason. La culpabilité et l’angoisse rongent la jeune fille.

Richelle Mead varie peu les lieux. L’essentiel de l’action se passe à Saint-Vladimir mais il y a un intéressant intermède à la Cour royale dont on apprend qu’elle est située en Pennsylvanie mais loin des grandes villes. Convoquée devant la reine Tatiana, Lissa expose ses idées d’un nécessaire changement. Cet intermède, c’est le procès de Victor Dashkov (cf. « Sœurs de sang ») et c’est Adrian qui a fait le forcing pour que Rose et Lissa y témoignent ; ce qui n’était initialement pas prévu et avait mis Rose fort en colère. Mais cette visite est importante pour la trame générale car Rose comprend qu’avoir reçu le « baiser de l’ombre » est peut-être la raison pour laquelle elle voit les fantômes. La confrontation entre le vieux Moroï et la jeune dhampir est aussi intéressant sur le plan politique car on voit que c’est le plus vieux qui est révolutionnaire (il voulait renverser le pouvoir en place qu’il juge trop conservateur) alors que la jeune est nettement conservatrice (sa rencontre avec Ambrose, dhampir non gardien, en témoigne). La justice est simple chez les vampires : un juge et c’est le souverain qui tranche lorsqu’un membre d’une des familles royales est jugé.

Petite info lâchée mine de rien : le père de Rose (encore inconnu à ce stade) s’appellerait Ibrahim.

Rose devra avouer qu’elle voit des fantômes à ses amis et aux autres gardiens. C’est Adrian, décidément incontournable dans cet opus, qui va fournir une explication globalisante assez effrayante : Rose absorbe la noirceur de l’aura de Lissa, cet aspect dangereux de l’esprit, qui génère des troubles mentaux. Du coup, Lissa reste saine d’esprit tandis que Rose s’enfonce dans la folie. Les fantômes seraient un symptôme de cet état de fait. Inquiétant, pas faux mais, en réalité, incomplet. Les séances chez la psy relèvent de moment d’humour tant Rose est rétive à l’introspection et déteste qu’on réponde à ses questions par d’autres questions.

Le roman souffle le chaud en ce qui concerne la relation entre Rose et Dimitri (colonne vertébrale du monde romanesque de Richelle Mead) avec un nouveau rapprochement au moment du procès de Victor Dashkov. Concernant la vie privée de Rose, le cocasse est que la Reine Tatiana croit que son petit-neveu Adrian a une liaison « scandaleuse » avec Rose ; ce qui n’est pas le cas même si souhaité par ce dernier ! Dimitri, s’il ne croit pas aux fantômes, est présent pour Rose. Il lui donne même le conseil de d’abord penser à elle ; ce qui contredit le principe cardinal « Ils passent avant tout » que les dhampirs appliquent (et intériorisent) avec les Moroï. Cela déstabilise Rose mais le lecteur comprend aussi que « Vampire Academy », non content d’être une saga sentimentale est aussi, et surtout, un roman d’apprentissage et d’apprentissage de l’indépendance, d’être-soi.

Une bascule survient à un moment où la fureur, consécutive à l’absorption de l’énergie malsaine produite par l’utilisation abusive de l’esprit, fait basculer Rose dans la folie furieuse et qu’elle ne s’en sort que parce qu’elle sent l’amour de Dimitri qui la croit capable de réussir donc s’il le croit, c’est qu’elle l’est. Et dans une cabane abandonnée, Rose et Dimitri font l’amour : « Le lit le plus confortable du monde n’avait aucun intérêt si l’on n’aimait pas la personne avec qui on s’y trouvait » (p. 375). Rien à ajouter ! A ce moment du récit, les deux amants font des projets pour plus tard.

Hélas ! Un roman ne serait pas intéressant s’il ne brisait pas les espoirs des héros ! Une attaque de Strigoï, d’une ampleur inédite, déferle sur Saint-Vladimir. A son issue (description haletante et pleine de fureur), une expédition est montée pour récupérer des prisonniers. Et Dimitri ne revient pas. Sans que son corps soit retrouvé. Ce qui ne laisse qu’une seule option.

Effondrée, Rose prend une décision fracassante. Le jour de ses 18 ans, elle démissionne de l’académie, obtient de l’argent d’Adrian contre une promesse et s’en va. Un départ qui brise aussi son amitié pour Lissa ; celle-ci étant blessée d’entendre Rose dire qu’elle veut faire quelque chose pour elle et passer avant les Moroï. Mais, si elle quitte l’Académie, c’est qu’elle a un projet insensé en tête et qui sera l’objet du tome suivant.

Comme cadeau d’anniversaire, Rose a tout perdu.

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