Saga "Tim Burton"
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CHAPEAU MELON ET BOTTES DE CUIR - LE MONDE DES AVENGERS :: Les SÉRIES TÉLÉ, FILMS, ACTEURS, ACTRICES & autres Artistes :: Les Films
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Saga "Tim Burton"
1. Beetlejuice (1988)
2. Edward aux mains d’argent (1990)
3. Ed Wood (1994)
4. Mars Attack ! (1996)
5. Sleepy Hollow (1999)
6. La planète des singes (2001)
7. Big Fish (2003)
8. Charlie et la chocolaterie (2005)
9. Les Noces funèbres (2005)
10. Sweeney Todd (2008)
11. Alice au Pays des merveilles (2010)
12. Dark Shadows (2012)
13. Frankenweenie (2012)
14. Big Eyes (2014)
15. Miss Peregrine et les enfants particuliers (2016)
Camarade Totoff- Prince(sse)
- Age : 44
Localisation : Vitry sur Seine
Date d'inscription : 26/02/2015
Re: Saga "Tim Burton"
L'air de rien comme ça, 15 films.
Philo- Fondateur
- Age : 72
Localisation : Paris
Date d'inscription : 01/10/2005
Re: Saga "Tim Burton"
Philo a écrit:L'air de rien comme ça, 15 films.
Tim Burton est un réalisateur qui sort environ un film tous les deux ans. C'est une moyenne sérieuse. Eastwood et Woody Allen travaillent plus vite ( 1 par an).
Pour le chroniqueur, ce n'est pas un nombre impressionnant. La saga "Sandra Bullock" en comptait 19 et la Hammer en comprend 21 !
Pour le chroniqueur, ce n'est pas un nombre impressionnant. La saga "Sandra Bullock" en comptait 19 et la Hammer en comprend 21 !
Camarade Totoff- Prince(sse)
- Age : 44
Localisation : Vitry sur Seine
Date d'inscription : 26/02/2015
Re: Saga "Tim Burton"
Beetlejuice (Beetlejuice, 1988) ***
Résumé
Adam et Barbara Maitland sont un jeune couple très amoureux et qui adorent leur maison. Malheureusement, suite à leur décès, ils doivent la hanter 125 ans. Ce qui risque d’être long surtout lorsque la famille Deetz, mélange de stupidité et de snobisme, emménage « chez eux » ! Ils veulent à tout prix les chasser.
Critique
Un bon moment que ce film, une comédie horrifique pleine de trouvailles et de drôleries. Dommage que sa structure soit plus celle d’un film à sketches (certes bons) que d’une véritable histoire. On évolue entre le burlesque (scène du mambo) et la poésie macabre (têtes réduites). Cette présence du comique dans le macabre va devenir un marqueur du réalisateur au point que l’on pourra à bon escient créer l’adjectif « burtonien » ; un style immédiatement reconnaissable.
La structure du film est celle de mondes emboîtés et cela commence dès l’ouverture qui est un trompe-l’œil ! Le spectateur est ainsi saisi d’emblée par ce souple mouvement de caméra qui fait dérouler une ville sous nos yeux en même temps qu’une musique entraînante, très dynamique captive l’oreille ; à la fois étrange et drôle. Mais cette ville est une maquette, la reproduction à l’identique de la vraie ville ! Peut-être une manière pour Tim Burton de dire que deux mondes se superposent. Il pousse même l’entourloupe plus loin avec la manière dont il nous présente, en même temps qu’à ses protagonistes, qu’ils sont morts ! On apprécie aussi l’ironie du « Manuel pour personnes mortes ».
Ces mondes emboîtés sont bien évidemment ceux des vivants et des morts et il y a déjà un thème « burtonien » avant la lettre dans la manière dont ils nous sont présentés. Celui des vivants n’a rien de spécial et on sent bien qu’il n’intéresse pas Burton qui le caricature à travers la famille Deetz. Par contre, le monde des morts ! Quand les Maitland cherchent de l’aide pour se débarrasser des nouveaux venus, ils arrivent dans une salle d’attente aux tons jaunes et verts sales, glauque et, après une longue attente (!) rencontrent leur « assistante sociale », Junon, à qui Sylvia Sydney donne une allure élégante – même si la fumée de sa cigarette lui sort par le cou ! – et un peu blasée. La représentation de la Vie éternelle est à la fois hilarante et déroutante : c’est une bureaucratie formaliste, débordée, absolument dénuée de sentiments (« Les resquilleurs seront punis de la double peine capitale », déjà la lutte contre la fraude !). Ultérieurement, le monde des morts sera plus coloré et plus « vivant » chez Burton qui se cherche encore dans cet opus. Notons un fait étrange dans cette salle d’attente : les morts qui patientent (l’éternité c’est long surtout vers la fin !) portent les stigmates de la manière dont ils sont décédés mais pas les Maitland !
Pour habiter ces mondes emboîtés, il fallait des personnages « habités » justement et là aussi, c’est festival ! D’un côté, nous avons la « normalité » des Maitland mais ils sont morts ! Le couple Maitland nous a été présenté en quelques saynètes pleines de joie de vivre. Alec Baldwin et Geena Davis débordent d’énergie et on croit d’emblée à leur couple désireux de profiter de leurs vacances pour fonder une famille et profiter de leur maison qu’ils adorent. Beaux projets interrompus par leur décès. Un décès qui est loin d’être filmé comme une tragédie, presque comme un gag ! De l’autre côté, la famille Deetz est un joli morceau de bravoure ! Charles est très terre-à-terre, Délia est une artiste « branchée » d’un snobisme stupide et la fille de Charles, Lydia, une gothique. On comprend que les Maitland soient effondrés ! Commence un long moment de « cohabitation » entre des morts essayant maladroitement de faire peur (les clichés sur les fantômes sont passés à la moulinette d’une ironie mordante façon « Le fantôme de Canterville » d’Oscar Wilde) et des vivants qui sont loin de tout cela. Sauf Lydia qui voit le couple défunt. Dès sa première scène, Wynona Ryder a crevé l’écran et imposé sa présence. Bien que plus jeune que Jeffrey Jones et Catherine O’Hara, elle profite de son large temps de présence pour leur voler la vedette. La connexion avec Alec Baldwin et Geena Davis est aussitôt une évidence. Elle incarne une fille malheureuse mais sensible en quête d’une raison d’aimer vivre.
C’est tardivement dans le récit que survient le personnage qui lui donne pourtant son titre ! Beetlejuice nous a d’abord été présenté via une publicité à la télé (!!) puis les Maitland font appel à lui pour chasser les Deetz. C’est en effet un « bio-exorciste » (!!!) que le film « L’Exorciste » (vu 2749 fois) fait « rire comme un bossu » ! A la base, Tim Burton voulait Sammy Davis Jr pour le rôle mais la Warner refusa. C’est le producteur David Geffen qui suggéra Michael Keaton. Lequel commença par refuser le rôle car il trouvait le personnage haïssable mais Burton insista et se dit ouvert à tout ce que Keaton pourrait proposer. L’acteur crée un clochard sorcier friand de blattes totalement déjanté, excentrique, d’une grossièreté confondante ! Il va aider les Maitland mais à sa sauce et c’est un mélange de fantaisie délirante et d’horreur ; en outre, le serpent dont il prend la forme a un visage qui n’est pas sans évoquer le Joker de Batman…le film suivant de Burton. Le nom du personnage est « Bételgeuse » ainsi que l’on peut le voir à plusieurs reprises car Michael McDowell faisait référence à l’étoile souvent citée chez Lovecraft mais la Warner se décida pour « Beetlejuice » plus facilement prononçable !
Le final est le meilleur moment du film car il joue sur plusieurs plans simultanément. On a une part dramatique avec Lydia qui veut se suicider et Barbara qui la réconforte (« Être mort ne rend pas la vie plus facile » ; ce film est un festival d’aphorismes délicieux !), loufoque avec les Deetz qui veulent créer un « centre paranormal », un parc d’attraction et un hôtel de luxe car avoir des fantômes chez soi apportent un cachet et une plus-value !!!, le macabre avec la séance de spiritisme qui tourne mal puisque les Maitland risquent de mourir (!), le délirant avec la façon dont Beetlejuice sauve ses clients – une prestation hallucinante de Michael Keaton qui s’est emparé du rôle avec une autorité qui donne une force à chacune de ses apparitions – et on termine avec l’atroce et l’abjecte façon dont le « bio-exorciste » veut se payer de ses efforts. Malgré la tension grandissante et les manières outrancières de Beetlejuice, le spectateur n’a cessé de sourire voire de rire franchement tellement le grotesque est partout. Les dernières scènes montrent qu’un modus vivendi a été trouvé mais c’est surtout Lydia qui est transformée et le sourire, la joie de vivre retrouvé ainsi que l’énergie mise par Wynona Ryder dans ces dernières scènes qui sont toutes pour elle fait vraiment plaisir par leur tendresse. Finalement, mourir n’apparaît pas si terrible !
Anecdotes :
Sortie US : 29 mars 1988 Sortie France : 14 décembre 1988
Le budget était de 15 millions$ dont 1 pour les 300 trucages prévus. Le film en a rapporté 73.
Scénario : Michael McDowell et Warren Skaaren. Michael McDowell (1950-1999) écrivit les scenarii de Darkside, les contes de la nuit noire (1990) et La peau sur les os (1996). Warren Skaaren (1946-1990) écrivit les scenarii de Le flic de Beverly Hills 2 (1987) et Batman (1989).
La musique est signée Danny Elfman. Ce compositeur de musique de films est un ami de Tim Burton depuis 1985 et on lui doit la musique de pratiquement tous les films de ce dernier. Il a aussi composé la musique de Mission : Impossible (1996), Spiderman (2002), Le monde fantastique d’Oz (2013), Justice League (2017). Il écrivit aussi le thème du générique des Simpson (1989) et de Batman : la série animée (1992).
Le tournage se déroula de mars à juin 1987, presque entièrement dans les Culver Studios de Culver City, seules quelques scènes d'extérieurs étant tournées à East Corinth, dans le comté d'Orange (Vermont). Il dura 10 semaines.
Le film a remporté l’Oscar du meilleur maquillage.
La première version du scénario était plus horrifique. Il a été modifié pour être plus comique.
À la suite du succès du film, une série télévisée d'animation du même nom est produite par Nelvana et est diffusée sur ABC puis sur la Fox de 1989 à 1992. Tim Burton en a été le producteur délégué.
Beetlejuice a également eu pour produits dérivés des comic books édités par Harvey Comics. En 1991, Beetlejuice, un récit complet a été publié. En 1992 et 1993, une série Crimebusters On The Haunt a été publié. Un jeu de société inspiré du dessin animé et publié par Canada Games, « Beetlejuice Bone to Pick Game », est sorti en 1990 et une gamme de jouets Beetlejuice est sortie chez Kenner.
Au début du projet de Beetlejuice, c'est Wes Craven qui devait initialement réaliser le film, mais le scénario n'était pas assez horrifique à son goût. Il s'écarta donc du projet et c’est Tim Burton qui sera désigné à sa place.
Selon les dires de Tim Burton, Beetlejuice serait une version parodique de L'Exorciste.
Sur le tournage de Beetlejuice, Tim Burton sympathisa avec Michael Keaton. Il lui proposa alors le rôle de Batman dans son prochain film. Mais la Warner ne voulait pas de lui car son rôle de Beetlejuice lui collait trop à la peau. Après avoir insisté auprès de la production, Tim Burton obtint gain de cause.
Un projet de suite existe depuis 1990. De nombreuses fois remanié, il n’a jamais été officiellement abandonné.
Alec Baldwin/Adam Maitland : acteur américain né Alexander Rae Baldwin III. Il s’agit pratiquement de son premier film. Au cinéma, il a ensuite tourné dans Conversations nocturnes (1988), A la poursuite d’Octobre Rouge (1990), Guet-apens (1994), Coup de foudre à Nothing Hill (1999), Pearl Harbor (2001), Aviator (2004), Raison d’État (2006), To Rome with Love (2012), Blue Jasmine (2013), Mission Impossible : Rogue nation (2015). Il a également tourné pour la télévision : The Doctors (1980-1982), Côte Ouest (1984-1985), Friends (2002), 30Rocks (2006-2013). En 2016, dans le Saturday Night Live, il joue Donald Trump.
Geena Davis/Barbara Maitland : actrice américaine née Virginia Elizabeth Davis, elle fut mannequin. Au cinéma, elle a joué dans Tootsie (1982), La Mouche (1986), Voyageur malgré lui (1988, Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle), Thelma et Louise (1991), Stuart Little (1999), Stuart Little 2 (2002), Stuart Little 3 (2005). Elle a aussi joué pour la télévision : K2000 (1983), La famille de mes rêves (2000-2001), Commander in chief (2006, Golden Globe de la meilleure actrice dans une série dramatique), Grey’s Anatomy (2014-2015), L’Exorciste (2016)
Michael Keaton/Beetlejuice : acteur américain né Michael John Douglas. Dans une vaste filmographie, on peut relever Night Shift (1982), Batman (1989), Batman, le défi (1992), Beaucoup de bruit pour rien (1993), Le Journal (1994), Jackie Brown (1997), Birdman (2014, Golden Globe du meilleur acteur dans un film musical ou une comédie), Spiderman homecoming (2017).
Wynona Ryder/Lydia Deetz : actrice américaine née Winona Laura Horowitz, son second prénom est un hommage à la femme d'Aldous Huxley, Laura Huxley, dont ses parents sont de proches amis. Elle débute sa carrière avec Square Dance (1987) mais c’est Beetlejuice qui lance véritablement sa carrière. Elle retrouve Tim Burton pour Edward aux mains d’argent (1990) puis Frankenweenie (2012). Entre temps, on a pu la voir dans Dracula (1992), La maison aux esprits (1993), Le temps de l’innocence (1993, Golden Globe de la meilleure actrice dans un second rôle), Alien, la résurrection (1997), Un automne à New York (2001), Les vies privées de Pippa Lee (2009), Black Swan (2010). Depuis 2016, elle joue dans la série Stranger Things.
Jeffrey Jones/Charles Deetz : acteur américain, vu au cinéma dans Amadeus (1984), Élémentaire, mon cher…Lock Holmes (1988), Valmont (1989), A la poursuite d’Octobre Rouge (1990), Ed Wood (1994), L’associé du diable (1997), Sleepy Hollow : la légende du cavalier sans tête (1999). Pour la télévision, il a tourné dans la série Deadwood (2004-2006).
Catherine O’Hara/Delia Deetz : actrice canadienne naturalisée américaine, on a pu la voir dans After Hours (1985), Dick Tracy (1990), Maman, j’ai raté l’avion (1990), Maman, j’ai encore raté l’avion (1992), Les désastreuses aventures des orphelins Baudelaire (2004). Elle a doublé deux films de Tim Burton : L’Étrange Noël de Monsieur Jack (1994), Frankenweenie (2012). Elle a tourné aussi pour la télévision : Dream On (1990), Les contes de la crypte (1994), Au-delà du réel, l’aventure continue (1997), Six feet under (2003, 2005).
Glenn Shadix/Otho : acteur américain (1952-2010), il doubla le film d’animation l’Étrange Noël de Monsieur Jack (1994) écrit par Tim Burton qui fit encore appel à lui pour La planète des singes (2001). Il a aussi joué dans Demolition Man (1993). Il décéda des suites d’un traumatisme crânien consécutif à une chute.
Sylvia Sydney/Juno : actrice américaine (1910-1999), il s’agit pratiquement de son dernier film mais elle tourna encore Mars Attack ! (1996) pour Tim Burton. Remarquée à Broadway, elle débute au cinéma en 1927. Citons, entre autres, Une tragédie américaine (1931), Jennie Gerhart (1933), Furie (1936), Agent secret (1936), J’ai le droit de vivre (1937), Casier judiciaire (1938), L’Amour et la Bête (1941), Les Misérables (1952), Hammett (1982). Elle a également tourné pour la télévision : Climax (1955-1957), Playhouse 90 (1957-1958), Ryan’s Hope (1975-1976), Starsky et Hutch (1976), La croisière s’amuse (1981), Magnum (1983), Equalizer (1989), Diagnostic : Meurtre (1993).
Adam et Barbara Maitland sont un jeune couple très amoureux et qui adorent leur maison. Malheureusement, suite à leur décès, ils doivent la hanter 125 ans. Ce qui risque d’être long surtout lorsque la famille Deetz, mélange de stupidité et de snobisme, emménage « chez eux » ! Ils veulent à tout prix les chasser.
Critique
Un bon moment que ce film, une comédie horrifique pleine de trouvailles et de drôleries. Dommage que sa structure soit plus celle d’un film à sketches (certes bons) que d’une véritable histoire. On évolue entre le burlesque (scène du mambo) et la poésie macabre (têtes réduites). Cette présence du comique dans le macabre va devenir un marqueur du réalisateur au point que l’on pourra à bon escient créer l’adjectif « burtonien » ; un style immédiatement reconnaissable.
La structure du film est celle de mondes emboîtés et cela commence dès l’ouverture qui est un trompe-l’œil ! Le spectateur est ainsi saisi d’emblée par ce souple mouvement de caméra qui fait dérouler une ville sous nos yeux en même temps qu’une musique entraînante, très dynamique captive l’oreille ; à la fois étrange et drôle. Mais cette ville est une maquette, la reproduction à l’identique de la vraie ville ! Peut-être une manière pour Tim Burton de dire que deux mondes se superposent. Il pousse même l’entourloupe plus loin avec la manière dont il nous présente, en même temps qu’à ses protagonistes, qu’ils sont morts ! On apprécie aussi l’ironie du « Manuel pour personnes mortes ».
Ces mondes emboîtés sont bien évidemment ceux des vivants et des morts et il y a déjà un thème « burtonien » avant la lettre dans la manière dont ils nous sont présentés. Celui des vivants n’a rien de spécial et on sent bien qu’il n’intéresse pas Burton qui le caricature à travers la famille Deetz. Par contre, le monde des morts ! Quand les Maitland cherchent de l’aide pour se débarrasser des nouveaux venus, ils arrivent dans une salle d’attente aux tons jaunes et verts sales, glauque et, après une longue attente (!) rencontrent leur « assistante sociale », Junon, à qui Sylvia Sydney donne une allure élégante – même si la fumée de sa cigarette lui sort par le cou ! – et un peu blasée. La représentation de la Vie éternelle est à la fois hilarante et déroutante : c’est une bureaucratie formaliste, débordée, absolument dénuée de sentiments (« Les resquilleurs seront punis de la double peine capitale », déjà la lutte contre la fraude !). Ultérieurement, le monde des morts sera plus coloré et plus « vivant » chez Burton qui se cherche encore dans cet opus. Notons un fait étrange dans cette salle d’attente : les morts qui patientent (l’éternité c’est long surtout vers la fin !) portent les stigmates de la manière dont ils sont décédés mais pas les Maitland !
Pour habiter ces mondes emboîtés, il fallait des personnages « habités » justement et là aussi, c’est festival ! D’un côté, nous avons la « normalité » des Maitland mais ils sont morts ! Le couple Maitland nous a été présenté en quelques saynètes pleines de joie de vivre. Alec Baldwin et Geena Davis débordent d’énergie et on croit d’emblée à leur couple désireux de profiter de leurs vacances pour fonder une famille et profiter de leur maison qu’ils adorent. Beaux projets interrompus par leur décès. Un décès qui est loin d’être filmé comme une tragédie, presque comme un gag ! De l’autre côté, la famille Deetz est un joli morceau de bravoure ! Charles est très terre-à-terre, Délia est une artiste « branchée » d’un snobisme stupide et la fille de Charles, Lydia, une gothique. On comprend que les Maitland soient effondrés ! Commence un long moment de « cohabitation » entre des morts essayant maladroitement de faire peur (les clichés sur les fantômes sont passés à la moulinette d’une ironie mordante façon « Le fantôme de Canterville » d’Oscar Wilde) et des vivants qui sont loin de tout cela. Sauf Lydia qui voit le couple défunt. Dès sa première scène, Wynona Ryder a crevé l’écran et imposé sa présence. Bien que plus jeune que Jeffrey Jones et Catherine O’Hara, elle profite de son large temps de présence pour leur voler la vedette. La connexion avec Alec Baldwin et Geena Davis est aussitôt une évidence. Elle incarne une fille malheureuse mais sensible en quête d’une raison d’aimer vivre.
C’est tardivement dans le récit que survient le personnage qui lui donne pourtant son titre ! Beetlejuice nous a d’abord été présenté via une publicité à la télé (!!) puis les Maitland font appel à lui pour chasser les Deetz. C’est en effet un « bio-exorciste » (!!!) que le film « L’Exorciste » (vu 2749 fois) fait « rire comme un bossu » ! A la base, Tim Burton voulait Sammy Davis Jr pour le rôle mais la Warner refusa. C’est le producteur David Geffen qui suggéra Michael Keaton. Lequel commença par refuser le rôle car il trouvait le personnage haïssable mais Burton insista et se dit ouvert à tout ce que Keaton pourrait proposer. L’acteur crée un clochard sorcier friand de blattes totalement déjanté, excentrique, d’une grossièreté confondante ! Il va aider les Maitland mais à sa sauce et c’est un mélange de fantaisie délirante et d’horreur ; en outre, le serpent dont il prend la forme a un visage qui n’est pas sans évoquer le Joker de Batman…le film suivant de Burton. Le nom du personnage est « Bételgeuse » ainsi que l’on peut le voir à plusieurs reprises car Michael McDowell faisait référence à l’étoile souvent citée chez Lovecraft mais la Warner se décida pour « Beetlejuice » plus facilement prononçable !
Le final est le meilleur moment du film car il joue sur plusieurs plans simultanément. On a une part dramatique avec Lydia qui veut se suicider et Barbara qui la réconforte (« Être mort ne rend pas la vie plus facile » ; ce film est un festival d’aphorismes délicieux !), loufoque avec les Deetz qui veulent créer un « centre paranormal », un parc d’attraction et un hôtel de luxe car avoir des fantômes chez soi apportent un cachet et une plus-value !!!, le macabre avec la séance de spiritisme qui tourne mal puisque les Maitland risquent de mourir (!), le délirant avec la façon dont Beetlejuice sauve ses clients – une prestation hallucinante de Michael Keaton qui s’est emparé du rôle avec une autorité qui donne une force à chacune de ses apparitions – et on termine avec l’atroce et l’abjecte façon dont le « bio-exorciste » veut se payer de ses efforts. Malgré la tension grandissante et les manières outrancières de Beetlejuice, le spectateur n’a cessé de sourire voire de rire franchement tellement le grotesque est partout. Les dernières scènes montrent qu’un modus vivendi a été trouvé mais c’est surtout Lydia qui est transformée et le sourire, la joie de vivre retrouvé ainsi que l’énergie mise par Wynona Ryder dans ces dernières scènes qui sont toutes pour elle fait vraiment plaisir par leur tendresse. Finalement, mourir n’apparaît pas si terrible !
Anecdotes :
Sortie US : 29 mars 1988 Sortie France : 14 décembre 1988
Le budget était de 15 millions$ dont 1 pour les 300 trucages prévus. Le film en a rapporté 73.
Scénario : Michael McDowell et Warren Skaaren. Michael McDowell (1950-1999) écrivit les scenarii de Darkside, les contes de la nuit noire (1990) et La peau sur les os (1996). Warren Skaaren (1946-1990) écrivit les scenarii de Le flic de Beverly Hills 2 (1987) et Batman (1989).
La musique est signée Danny Elfman. Ce compositeur de musique de films est un ami de Tim Burton depuis 1985 et on lui doit la musique de pratiquement tous les films de ce dernier. Il a aussi composé la musique de Mission : Impossible (1996), Spiderman (2002), Le monde fantastique d’Oz (2013), Justice League (2017). Il écrivit aussi le thème du générique des Simpson (1989) et de Batman : la série animée (1992).
Le tournage se déroula de mars à juin 1987, presque entièrement dans les Culver Studios de Culver City, seules quelques scènes d'extérieurs étant tournées à East Corinth, dans le comté d'Orange (Vermont). Il dura 10 semaines.
Le film a remporté l’Oscar du meilleur maquillage.
La première version du scénario était plus horrifique. Il a été modifié pour être plus comique.
À la suite du succès du film, une série télévisée d'animation du même nom est produite par Nelvana et est diffusée sur ABC puis sur la Fox de 1989 à 1992. Tim Burton en a été le producteur délégué.
Beetlejuice a également eu pour produits dérivés des comic books édités par Harvey Comics. En 1991, Beetlejuice, un récit complet a été publié. En 1992 et 1993, une série Crimebusters On The Haunt a été publié. Un jeu de société inspiré du dessin animé et publié par Canada Games, « Beetlejuice Bone to Pick Game », est sorti en 1990 et une gamme de jouets Beetlejuice est sortie chez Kenner.
Au début du projet de Beetlejuice, c'est Wes Craven qui devait initialement réaliser le film, mais le scénario n'était pas assez horrifique à son goût. Il s'écarta donc du projet et c’est Tim Burton qui sera désigné à sa place.
Selon les dires de Tim Burton, Beetlejuice serait une version parodique de L'Exorciste.
Sur le tournage de Beetlejuice, Tim Burton sympathisa avec Michael Keaton. Il lui proposa alors le rôle de Batman dans son prochain film. Mais la Warner ne voulait pas de lui car son rôle de Beetlejuice lui collait trop à la peau. Après avoir insisté auprès de la production, Tim Burton obtint gain de cause.
Un projet de suite existe depuis 1990. De nombreuses fois remanié, il n’a jamais été officiellement abandonné.
Alec Baldwin/Adam Maitland : acteur américain né Alexander Rae Baldwin III. Il s’agit pratiquement de son premier film. Au cinéma, il a ensuite tourné dans Conversations nocturnes (1988), A la poursuite d’Octobre Rouge (1990), Guet-apens (1994), Coup de foudre à Nothing Hill (1999), Pearl Harbor (2001), Aviator (2004), Raison d’État (2006), To Rome with Love (2012), Blue Jasmine (2013), Mission Impossible : Rogue nation (2015). Il a également tourné pour la télévision : The Doctors (1980-1982), Côte Ouest (1984-1985), Friends (2002), 30Rocks (2006-2013). En 2016, dans le Saturday Night Live, il joue Donald Trump.
Geena Davis/Barbara Maitland : actrice américaine née Virginia Elizabeth Davis, elle fut mannequin. Au cinéma, elle a joué dans Tootsie (1982), La Mouche (1986), Voyageur malgré lui (1988, Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle), Thelma et Louise (1991), Stuart Little (1999), Stuart Little 2 (2002), Stuart Little 3 (2005). Elle a aussi joué pour la télévision : K2000 (1983), La famille de mes rêves (2000-2001), Commander in chief (2006, Golden Globe de la meilleure actrice dans une série dramatique), Grey’s Anatomy (2014-2015), L’Exorciste (2016)
Michael Keaton/Beetlejuice : acteur américain né Michael John Douglas. Dans une vaste filmographie, on peut relever Night Shift (1982), Batman (1989), Batman, le défi (1992), Beaucoup de bruit pour rien (1993), Le Journal (1994), Jackie Brown (1997), Birdman (2014, Golden Globe du meilleur acteur dans un film musical ou une comédie), Spiderman homecoming (2017).
Wynona Ryder/Lydia Deetz : actrice américaine née Winona Laura Horowitz, son second prénom est un hommage à la femme d'Aldous Huxley, Laura Huxley, dont ses parents sont de proches amis. Elle débute sa carrière avec Square Dance (1987) mais c’est Beetlejuice qui lance véritablement sa carrière. Elle retrouve Tim Burton pour Edward aux mains d’argent (1990) puis Frankenweenie (2012). Entre temps, on a pu la voir dans Dracula (1992), La maison aux esprits (1993), Le temps de l’innocence (1993, Golden Globe de la meilleure actrice dans un second rôle), Alien, la résurrection (1997), Un automne à New York (2001), Les vies privées de Pippa Lee (2009), Black Swan (2010). Depuis 2016, elle joue dans la série Stranger Things.
Jeffrey Jones/Charles Deetz : acteur américain, vu au cinéma dans Amadeus (1984), Élémentaire, mon cher…Lock Holmes (1988), Valmont (1989), A la poursuite d’Octobre Rouge (1990), Ed Wood (1994), L’associé du diable (1997), Sleepy Hollow : la légende du cavalier sans tête (1999). Pour la télévision, il a tourné dans la série Deadwood (2004-2006).
Catherine O’Hara/Delia Deetz : actrice canadienne naturalisée américaine, on a pu la voir dans After Hours (1985), Dick Tracy (1990), Maman, j’ai raté l’avion (1990), Maman, j’ai encore raté l’avion (1992), Les désastreuses aventures des orphelins Baudelaire (2004). Elle a doublé deux films de Tim Burton : L’Étrange Noël de Monsieur Jack (1994), Frankenweenie (2012). Elle a tourné aussi pour la télévision : Dream On (1990), Les contes de la crypte (1994), Au-delà du réel, l’aventure continue (1997), Six feet under (2003, 2005).
Glenn Shadix/Otho : acteur américain (1952-2010), il doubla le film d’animation l’Étrange Noël de Monsieur Jack (1994) écrit par Tim Burton qui fit encore appel à lui pour La planète des singes (2001). Il a aussi joué dans Demolition Man (1993). Il décéda des suites d’un traumatisme crânien consécutif à une chute.
Sylvia Sydney/Juno : actrice américaine (1910-1999), il s’agit pratiquement de son dernier film mais elle tourna encore Mars Attack ! (1996) pour Tim Burton. Remarquée à Broadway, elle débute au cinéma en 1927. Citons, entre autres, Une tragédie américaine (1931), Jennie Gerhart (1933), Furie (1936), Agent secret (1936), J’ai le droit de vivre (1937), Casier judiciaire (1938), L’Amour et la Bête (1941), Les Misérables (1952), Hammett (1982). Elle a également tourné pour la télévision : Climax (1955-1957), Playhouse 90 (1957-1958), Ryan’s Hope (1975-1976), Starsky et Hutch (1976), La croisière s’amuse (1981), Magnum (1983), Equalizer (1989), Diagnostic : Meurtre (1993).
Camarade Totoff- Prince(sse)
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Re: Saga "Tim Burton"
Excellent souvenir de l'époque, en effet ! Des étoiles bien méritées !
Estuaire44- Empereur
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Date d'inscription : 10/04/2007
Re: Saga "Tim Burton"
Edward aux mains d’argent (Edward Scissorhands, 1990) ***
Résumé
Créé par un inventeur mort avant de « l’avoir terminé », Edward vit seul dans un château abandonné. C’est là que Peggy, représentante en cosmétiques, le trouve et le ramène chez elle. Avec ses mains-ciseaux, Edward devient pour un temps la coqueluche du quartier.
Critique
Un des films les plus connus de Tim Burton qui commence à imposer sa patte. Des éléments, comme la banlieue où se passe l’action ressemble à celle de Beetlejuice mais, cette fois, l’ironie grinçante du réalisateur en donne une interprétation toute personnelle. Si le film a d’indéniables qualités, il ne développe pas grand-chose une fois passée la scène d’exposition initiale. Le déroulé est extrêmement linéaire, ce qui ne veut pas dire qu’il ne soit pas intéressant, mais il s’avère sans véritable surprises.
Visuellement, c’est bluffant. D’entrée de jeu, le réalisateur pose une dichotomie révélatrice. La banlieue sans nom est colorée (jusque dans les voitures !) mais abrite des gens absolument conformistes sur lesquels Tim Burton pose un regard acide. Les « commères » du quartier, la dénommée Joyce en tête, en prenne pour leur grade dans un jeu de massacre permanent. Elles sont pathétiques, suiveuses, girouettes et autocentrées. Quelque part, cette banlieue est un peu celle de George Clooney dans son Suburbicon même si Burton place son film dans son époque. En contraste, le château où vit Edward est gris mais Edward lui-même se montre chaleureux. Le château est en hauteur quand toutes les maisons, identiques, sont posées à plat. Le propos du réalisateur est clair et net : Edward n’appartient pas à notre monde.
Tout le propos du film tient en l’acceptation pour un temps d’Edward mais, à part le voir faire de la taille de tout un tas de trucs, que se passe-t-il ? Le pique-nique de présentation et le passage à la télévision d’Edward ont un côté « bête de foire » dérangeant au fort contraste entre le « monstre gentil » et le public intrigué ou bassement intéressé. La causticité de Tim Burton se lit aussi dans cette scène où une femme prend littéralement son pied en se faisant tailler les cheveux. C’est grotesque et il est évident à qui va la sympathie du réalisateur. Plus intéressant, c’est l’évolution de la relation entre Kim, la fille de Peggy et Edward. D’abord franchement hostile (ils ont mal commencé c’est vrai !), elle évolue vers plus de sympathie et une profonde affection.
Le film ne raconte pas grand-chose mais il y a tout de même une évidence : c’est un conte de fée. Pratiquement, une nouvelle version de La Belle et la Bête. Si on oublie ça, le film devient illisible. Comment comprendre que personne ne se soit soucié du château abandonné ? Comment vivait l’inventeur ? Le décor du château n’a absolument rien de réaliste et, lorsque l’on verra des moments du passé d’Edward, c’est une impression d’irréalité poétique que nous éprouvons. Un mélange du gothique et du mécanique mais moins abouti que, plus tard le montrera Crimson Peak. L’idée de Tim Burton était d’arracher Edward à son contexte de conte de fées pour le placer dans le cadre déconcertant des banlieues normalisées privées de sensibilité artistique et qui doivent beaucoup aux souvenirs du jeune Burton. Pour ce dernier, Edward est l’incarnation physique de la solitude. Pour lui, les monstres sont des incompris. Edward est le premier d’entre eux.
La Fox avait d’abord pensé à Tom Cruise pour incarner Edward, ce qui aurait été une idiotie complète car Edward n’est pas un héros mais un anti-héros. Burton voulait que le public regarde Edward sans a priori et a choisi pour cela un quasi-inconnu, Johnny Depp. C’est une réussite complète qui lança la carrière du comédien qui devint un des piliers de l’univers Burton. Durant tout le film, le visage de Johnny Depp est peu expressif mais tout passe par le regard, par la gestuelle et c’est peu à peu qu’Edward s’humanise. C’est le rôle de Kim à qui Wynona Ryder apporte une force qui se révèle peu à peu. C’est à partir du moment où le personnage prend davantage d’importance que le récit bascule. D’abord le visage dur et le corps raide manifestant une vraie hostilité envers Edward, Kim se détend, apprivoise autant qu’elle est apprivoisée (magnifique et très poétique scène de la danse sous les flocons) et l’actrice rend excellemment compte de l’évolution des sentiments de son personnage.
Le film a un dernier titre de gloire et il est tout à l’honneur de Tim Burton dont il montre la fidélité à ceux qu’il admire. Le rôle de l’inventeur, qui crée et élève Edward, est tenu par Vincent Price. Le grand acteur américain, héros des films d’horreur des années 1950 et 1960, était pratiquement tombé dans l’oubli. Très âgé et malade, c’est son dernier rôle mais, grâce à Tim Burton, il a pu sortir la tête haute.
Anecdotes :
Sortie US : 6 décembre 1990. Sortie France : 10 avril 1991
Le budget était de 20 millions $ et a rapporté 86 $
Scénario : Caroline Thompson, d'après une histoire de Tim Burton et Caroline Thompson. Caroline Thompson, lectrice-analyste de scénario, avait publié un roman d’horreur intitulé « Premier né » où un fœtus revenait hanter une femme qui avait avorté. Burton l’avait lu et avait été frappé. Son agent les fit se rencontrer. En ayant vu le dessin d’un garçon ayant des ciseaux à la place des doigts, elle s’est écrié : « N’en dites pas plus, je sais exactement de quoi je vais parler ! » et elle écrivit 70 pages de synopsis. « C’est fondamentalement l’histoire que nous avons filmé » dira Burton. A la base, ils envisageaient une comédie musicale.
Tim Burton considère ce film comme son « plus personnel » : « A l’ origine, il y a un dessin fait depuis longtemps. Il représentait un personnage qui veut toucher tout ce qui l’entoure, mais ne peut le faire, et dont le désir créateur est en même temps un désir destructeur, une ambivalence qui a refait surface au moment de mon adolescence. J’avais alors beaucoup de mal à communiquer avec le reste du monde » (cité par Antoine de Baecque, Tim Burton, Cahiers du cinéma). Il a aussi dit « Il y a en [Edward] une merveilleuse (souligné par Burton) sorte de tristesse. Ce n’est pas une tristesse mauvaise, c’est juste l’étoffe de la vie ».
Pour mettre le film en chantier, Tim Burton créa sa propre boîte de production.
De Johnny Depp : « Tim m’a montré plusieurs dessins de cet Edward. J’avais lu le scénario bien sûr, mais les dessins de Tim disaient tout. J’ai tout de suite senti le personnage, il s’est glissé à l’intérieur de moi » (interview au New York Time Magazine du 9 novembre 2003).
En 1991, Tim Burton mit en chantier un documentaire Conversations avec Vincent mais la mort de l’acteur ne lui permit pas d’achever ce projet.
Le tournage se déroule dans une communauté sise à la périphérie de Dade City, comté de Pasco en Floride. Une cinquantaine de maisons individuelles durent cooptées et les résidents relogés dans un motel du coin pendant trois mois, le temps que les équipes du tournage repeignent leurs demeures en pastel « écume des mers », « jaune bouton d’or », « couleur chair », « bleu sale », réduisent la taille des fenêtres (pour donner une « ambiance paranoïaque ») et aménagent des jardins paysagers. A l’entrée du site du tournage, une pancarte avertissait d’éventuels acheteurs qu’en temps normal, ces propriétés ne ressemblaient pas du tout à cela. Le manoir gothique fut lui construit sur le terrain de tournage de la Fox.
Le tournage fut éprouvant à cause de la chaleur (40°), de l’humidité et des nuisibles.
Johnny Depp/Edward : acteur américain né John Christopher Depp II, il se fait réellement connaître avec ce rôle. Il a également tourné dans Arizona Dream (1992), Donnie Brasco (1997), Las Vegas Parano (1998), Le Chocolat (2000), From Hell (2001), Pirates des Caraïbes (2003, 2006, 2007, 2011, 2017), Public Enemies (2009), Transcendance (2014), Into the wood (2015), Alice de l’autre côté du miroir (2016), Le Crime de l’Orient-Express (2017).
Vincent Price/L’inventeur : acteur américain (1911-1993) débute au théâtre en 1935 et jouera sur scène jusqu’en 1978. Il débute au cinéma avec Service de luxe (1938). C’est avec Laura (1944) qu’apparaît son personnage de dandy à l’allure inquiétante. Il devient emblématique du cinéma d’épouvante : L’homme au masque de cire (1953), La mouche noire (1958), La chute de la maison Usher (1961), La chambre des tortures (1961), Le Corbeau (1963), La malédiction d’Arkham (1963), Je suis une légende (1964), Le cercueil vivant (1969), L’abominable docteur Phibes (1971), Théâtre de sang (1973). Il devient plus rare ensuite mais est appelé pour du doublage : Vincent (1982, court-métrage de Tim Burton), Les treize fantômes de Scooby-Doo (1985), Basile, détective privé (1986).
Dianne Wiest/Peggy Boggs : actrice américaine active sur les deux écrans. Au cinéma, elle a joué dans La Rose pourpre du Caire (1985), Hannah et ses sœurs (1986), les ensorceleuses (1998), L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux (1998), Rage (2009). Pour la télévision, elle a joué dans En analyse (2008-2009) et Blacklist (2014) mais est surtout connu pour sa participation à New York Police Judiciaire (2000-2002).
Alan Arkin/Bill Boggs : acteur américain, il arrête ses études pour former un groupe de musique et débute au théâtre et obtient un Tony Award pour son rôle dans la pièce Enter Laughing. Au cinéma, il a notamment joué dans Les Russes arrivent (1966, Golden Globe du meilleur acteur dans un film musical ou une comédie), Seule dans la nuit (1967), Le cœur est un chasseur solitaire (1968), Sherlock Holmes attaque l’Orient-Express (1976), Big Trouble (1986), Bienvenu à Gattaca (1997), Little Miss Sunshine (2006, Oscar du meilleur acteur dans un second rôle), Max la menace (2008), Argo (2012).
Wynona Ryder, déjà présente dans Beetlejuice, incarne Kim, la fille des Boggs.
Créé par un inventeur mort avant de « l’avoir terminé », Edward vit seul dans un château abandonné. C’est là que Peggy, représentante en cosmétiques, le trouve et le ramène chez elle. Avec ses mains-ciseaux, Edward devient pour un temps la coqueluche du quartier.
Critique
Un des films les plus connus de Tim Burton qui commence à imposer sa patte. Des éléments, comme la banlieue où se passe l’action ressemble à celle de Beetlejuice mais, cette fois, l’ironie grinçante du réalisateur en donne une interprétation toute personnelle. Si le film a d’indéniables qualités, il ne développe pas grand-chose une fois passée la scène d’exposition initiale. Le déroulé est extrêmement linéaire, ce qui ne veut pas dire qu’il ne soit pas intéressant, mais il s’avère sans véritable surprises.
Visuellement, c’est bluffant. D’entrée de jeu, le réalisateur pose une dichotomie révélatrice. La banlieue sans nom est colorée (jusque dans les voitures !) mais abrite des gens absolument conformistes sur lesquels Tim Burton pose un regard acide. Les « commères » du quartier, la dénommée Joyce en tête, en prenne pour leur grade dans un jeu de massacre permanent. Elles sont pathétiques, suiveuses, girouettes et autocentrées. Quelque part, cette banlieue est un peu celle de George Clooney dans son Suburbicon même si Burton place son film dans son époque. En contraste, le château où vit Edward est gris mais Edward lui-même se montre chaleureux. Le château est en hauteur quand toutes les maisons, identiques, sont posées à plat. Le propos du réalisateur est clair et net : Edward n’appartient pas à notre monde.
Tout le propos du film tient en l’acceptation pour un temps d’Edward mais, à part le voir faire de la taille de tout un tas de trucs, que se passe-t-il ? Le pique-nique de présentation et le passage à la télévision d’Edward ont un côté « bête de foire » dérangeant au fort contraste entre le « monstre gentil » et le public intrigué ou bassement intéressé. La causticité de Tim Burton se lit aussi dans cette scène où une femme prend littéralement son pied en se faisant tailler les cheveux. C’est grotesque et il est évident à qui va la sympathie du réalisateur. Plus intéressant, c’est l’évolution de la relation entre Kim, la fille de Peggy et Edward. D’abord franchement hostile (ils ont mal commencé c’est vrai !), elle évolue vers plus de sympathie et une profonde affection.
Le film ne raconte pas grand-chose mais il y a tout de même une évidence : c’est un conte de fée. Pratiquement, une nouvelle version de La Belle et la Bête. Si on oublie ça, le film devient illisible. Comment comprendre que personne ne se soit soucié du château abandonné ? Comment vivait l’inventeur ? Le décor du château n’a absolument rien de réaliste et, lorsque l’on verra des moments du passé d’Edward, c’est une impression d’irréalité poétique que nous éprouvons. Un mélange du gothique et du mécanique mais moins abouti que, plus tard le montrera Crimson Peak. L’idée de Tim Burton était d’arracher Edward à son contexte de conte de fées pour le placer dans le cadre déconcertant des banlieues normalisées privées de sensibilité artistique et qui doivent beaucoup aux souvenirs du jeune Burton. Pour ce dernier, Edward est l’incarnation physique de la solitude. Pour lui, les monstres sont des incompris. Edward est le premier d’entre eux.
La Fox avait d’abord pensé à Tom Cruise pour incarner Edward, ce qui aurait été une idiotie complète car Edward n’est pas un héros mais un anti-héros. Burton voulait que le public regarde Edward sans a priori et a choisi pour cela un quasi-inconnu, Johnny Depp. C’est une réussite complète qui lança la carrière du comédien qui devint un des piliers de l’univers Burton. Durant tout le film, le visage de Johnny Depp est peu expressif mais tout passe par le regard, par la gestuelle et c’est peu à peu qu’Edward s’humanise. C’est le rôle de Kim à qui Wynona Ryder apporte une force qui se révèle peu à peu. C’est à partir du moment où le personnage prend davantage d’importance que le récit bascule. D’abord le visage dur et le corps raide manifestant une vraie hostilité envers Edward, Kim se détend, apprivoise autant qu’elle est apprivoisée (magnifique et très poétique scène de la danse sous les flocons) et l’actrice rend excellemment compte de l’évolution des sentiments de son personnage.
Le film a un dernier titre de gloire et il est tout à l’honneur de Tim Burton dont il montre la fidélité à ceux qu’il admire. Le rôle de l’inventeur, qui crée et élève Edward, est tenu par Vincent Price. Le grand acteur américain, héros des films d’horreur des années 1950 et 1960, était pratiquement tombé dans l’oubli. Très âgé et malade, c’est son dernier rôle mais, grâce à Tim Burton, il a pu sortir la tête haute.
Anecdotes :
Sortie US : 6 décembre 1990. Sortie France : 10 avril 1991
Le budget était de 20 millions $ et a rapporté 86 $
Scénario : Caroline Thompson, d'après une histoire de Tim Burton et Caroline Thompson. Caroline Thompson, lectrice-analyste de scénario, avait publié un roman d’horreur intitulé « Premier né » où un fœtus revenait hanter une femme qui avait avorté. Burton l’avait lu et avait été frappé. Son agent les fit se rencontrer. En ayant vu le dessin d’un garçon ayant des ciseaux à la place des doigts, elle s’est écrié : « N’en dites pas plus, je sais exactement de quoi je vais parler ! » et elle écrivit 70 pages de synopsis. « C’est fondamentalement l’histoire que nous avons filmé » dira Burton. A la base, ils envisageaient une comédie musicale.
Tim Burton considère ce film comme son « plus personnel » : « A l’ origine, il y a un dessin fait depuis longtemps. Il représentait un personnage qui veut toucher tout ce qui l’entoure, mais ne peut le faire, et dont le désir créateur est en même temps un désir destructeur, une ambivalence qui a refait surface au moment de mon adolescence. J’avais alors beaucoup de mal à communiquer avec le reste du monde » (cité par Antoine de Baecque, Tim Burton, Cahiers du cinéma). Il a aussi dit « Il y a en [Edward] une merveilleuse (souligné par Burton) sorte de tristesse. Ce n’est pas une tristesse mauvaise, c’est juste l’étoffe de la vie ».
Pour mettre le film en chantier, Tim Burton créa sa propre boîte de production.
De Johnny Depp : « Tim m’a montré plusieurs dessins de cet Edward. J’avais lu le scénario bien sûr, mais les dessins de Tim disaient tout. J’ai tout de suite senti le personnage, il s’est glissé à l’intérieur de moi » (interview au New York Time Magazine du 9 novembre 2003).
En 1991, Tim Burton mit en chantier un documentaire Conversations avec Vincent mais la mort de l’acteur ne lui permit pas d’achever ce projet.
Le tournage se déroule dans une communauté sise à la périphérie de Dade City, comté de Pasco en Floride. Une cinquantaine de maisons individuelles durent cooptées et les résidents relogés dans un motel du coin pendant trois mois, le temps que les équipes du tournage repeignent leurs demeures en pastel « écume des mers », « jaune bouton d’or », « couleur chair », « bleu sale », réduisent la taille des fenêtres (pour donner une « ambiance paranoïaque ») et aménagent des jardins paysagers. A l’entrée du site du tournage, une pancarte avertissait d’éventuels acheteurs qu’en temps normal, ces propriétés ne ressemblaient pas du tout à cela. Le manoir gothique fut lui construit sur le terrain de tournage de la Fox.
Le tournage fut éprouvant à cause de la chaleur (40°), de l’humidité et des nuisibles.
Johnny Depp/Edward : acteur américain né John Christopher Depp II, il se fait réellement connaître avec ce rôle. Il a également tourné dans Arizona Dream (1992), Donnie Brasco (1997), Las Vegas Parano (1998), Le Chocolat (2000), From Hell (2001), Pirates des Caraïbes (2003, 2006, 2007, 2011, 2017), Public Enemies (2009), Transcendance (2014), Into the wood (2015), Alice de l’autre côté du miroir (2016), Le Crime de l’Orient-Express (2017).
Vincent Price/L’inventeur : acteur américain (1911-1993) débute au théâtre en 1935 et jouera sur scène jusqu’en 1978. Il débute au cinéma avec Service de luxe (1938). C’est avec Laura (1944) qu’apparaît son personnage de dandy à l’allure inquiétante. Il devient emblématique du cinéma d’épouvante : L’homme au masque de cire (1953), La mouche noire (1958), La chute de la maison Usher (1961), La chambre des tortures (1961), Le Corbeau (1963), La malédiction d’Arkham (1963), Je suis une légende (1964), Le cercueil vivant (1969), L’abominable docteur Phibes (1971), Théâtre de sang (1973). Il devient plus rare ensuite mais est appelé pour du doublage : Vincent (1982, court-métrage de Tim Burton), Les treize fantômes de Scooby-Doo (1985), Basile, détective privé (1986).
Dianne Wiest/Peggy Boggs : actrice américaine active sur les deux écrans. Au cinéma, elle a joué dans La Rose pourpre du Caire (1985), Hannah et ses sœurs (1986), les ensorceleuses (1998), L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux (1998), Rage (2009). Pour la télévision, elle a joué dans En analyse (2008-2009) et Blacklist (2014) mais est surtout connu pour sa participation à New York Police Judiciaire (2000-2002).
Alan Arkin/Bill Boggs : acteur américain, il arrête ses études pour former un groupe de musique et débute au théâtre et obtient un Tony Award pour son rôle dans la pièce Enter Laughing. Au cinéma, il a notamment joué dans Les Russes arrivent (1966, Golden Globe du meilleur acteur dans un film musical ou une comédie), Seule dans la nuit (1967), Le cœur est un chasseur solitaire (1968), Sherlock Holmes attaque l’Orient-Express (1976), Big Trouble (1986), Bienvenu à Gattaca (1997), Little Miss Sunshine (2006, Oscar du meilleur acteur dans un second rôle), Max la menace (2008), Argo (2012).
Wynona Ryder, déjà présente dans Beetlejuice, incarne Kim, la fille des Boggs.
Camarade Totoff- Prince(sse)
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Re: Saga "Tim Burton"
Petit avant-goût du prochain Burton. C'est trop chou !
https://www.20minutes.fr/arts-stars/cinema/2288935-20180613-video-dumbo-trop-plein-mignonitude-bande-annonce-remake-tim-burton
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Camarade Totoff- Prince(sse)
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Re: Saga "Tim Burton"
Ed Wood (Ed Wood) ***
Résumé
Passionné de cinéma, mais perpétuellement désargenté, Ed Wood endosse toutes les casquettes pour réaliser des films.
Critique
Un film difficilement classable, une sorte de biopic sur « le plus mauvais réalisateur de tous les temps » tout autant qu’une réflexion sur le cinéma, sur la création en général ainsi qu’une mise en abyme. Si le film manque parfois de rythme, il ne manque pas de sincérité et la tendresse de Burton envers un cinéaste, qu’il considère à l’évidence, comme un devancier, est indéniable. Son Ed Wood s’arme d’optimisme face à l’humiliation et n’est pas aussi naïf et ringard qu’il semblait l’être. C’est un vaillant rêveur. Il incarne l’espérance et l’absence de compréhension que Burton juge méritoire.
A travers la création de trois films réellement réalisés par Ed Wood – Glen or Glenda (Louis ou Louise en VF), La fiancée du monstre et Plan 9 from outer space – Tim Burton met en scène le processus créatif et il n’élude aucun des problèmes techniques et matériels que rencontre ce qu’on rassemble sous le vocable de « production ». Le choix de tourner un film sur Ed Wood permet de raconter tout cela car il a justement connu tous ces problèmes et il s’est démené pour y apporter des solutions. Si Burton passe par la case comédie pour montrer les approximations parfois phénoménales du réalisateur (finir de nuit une scène commencée de jour par exemple) ou les réponses plus ou moins abracadabrantesques trouvées (comment se procurer une pieuvre ?), jamais il ne le fait passer pour un clown. Ce qui ressort des maladresses d’Ed Wood, c’est sa sincérité ; sa passion du cinéma. Comme le dit Johnny Depp dans une scène : « Je veux juste raconter des histoires ». Le film est aussi une satire tendre d’Hollywood quand Wood présente ses projets aux cadres des studios : c’est un mimétisme avec ce qu’a vécu Tim Burton !
Ed Wood est aussi un film sur l’amitié. Toute l’équipe qui entoure Wood est sans doute une vraie troupe de cirque mais la plupart sont des fidèles. A travers eux, c’est toute l’admiration de Tim Burton pour les marginaux, les phénomènes qui ressort. Mais le film raconte surtout la rencontre entre Ed Wood et Bela Lugosi au crépuscule de sa vie. Ce que l’on ressent à travers les scènes entre Johnny Depp et Martin Landau, c’est un véritable « coup de foudre » amical. Lugosi est aussi un père de substitution pour Ed. En retour de cet investissement sentimental (et pécunier), Ed attend de Lugosi qu’il donne de la crédibilité à ses films. Le jeune réalisateur ne cache pas son admiration et le vieil acteur fatigué et rongé par la déchéance est touché par cette joie sincère. A travers sa création, Tim Burton atténue ce qui s’apparente à un processus d’exploitation car Wood fait travailler Lugosi jusqu’à la corde alors que ce dernier est âgé et fatigué. Mais pour retrouver un peu de sa gloire, Lugosi s’aveugle. Procédé psychologique fréquent. Ce sont les meilleurs moments du film et Martin Landau est prodigieux dans son interprétation de Lugosi. Avec un maquillage génial, l’acteur (qui avait 65 ans au moment du tournage) se rajoute dix ans de plus mais surtout montre que la drogue a accéléré le vieillissement (Lugosi est mort à 74 ans). Il ne dissimule pas ses faiblesses mais il montre avec conviction les efforts de Lugosi pour être à la hauteur des attentes de Wood et retrouver un peu de sa gloire d’antan ; quitte à s’abaisser (scène avec la presse à l’hôpital).
La marginalité est présente à différents titres, mais c’est l’ambigüité sexuelle qui est la plus flagrante. Ainsi, Ed a un ami homosexuel qui songe à changer de sexe. Ed, lui-même, s’il proclame aimer les femmes (il en a deux dans le film), se travestit régulièrement et tourne même en tenue féminine ! On a une scène dans laquelle, sur une musique orientale, Wood/Depp fait une danse du ventre ; ce que l’acteur, dans les bonus appelle « un strip-tease dans un abattoir » ! Ce qui nous vaut un joli manifeste pour la différence lorsqu’Ed/Depp s’impose face à un producteur qui est aussi un homme d’Église ! Tim Burton ne juge pas mais il proclame tranquillement le droit à la différence, quelle qu’elle soit. Ed n’hésite plus à se montrer publiquement déguisé, y compris devant Orson Welles ! Cette dernière scène est brève mais, outre que Vincent D’Onofrio incarne avec une grande véracité un des réalisateurs les plus talentueux de l’histoire du cinéma, c’est là que se trouve la quintessence du film avec ce discours simple, bref mais puissant sur la création. « Quand ça marche, ça vaut le coup ».
Pour sa seconde participation aux œuvres de Burton, Johnny Depp réalise une jolie prestation. Son visage mobile reflète parfaitement les états d’âmes et la passion qui anime Ed. Bill Murray incarne Denis, l’ami homosexuel. L’acteur joue avec sobriété et c’est davantage son maquillage et une certaine préciosité qui révèle visuellement la sexualité du personnage. Celui-ci ne cache rien d’ailleurs et nous sommes pourtant dans les années 1950 ; il fallait du courage et c’est par la tranquillité du personnage que l’acteur fait ressentir ce courage. Petite amie de Burton à l’époque, Lisa Marie incarne Vampira, une actrice qui a réellement existé. Ultra maquillé – comme la vraie – Lisa Marie, parfois un peu statique, montre tout de même comment Vampira passe d’un certain dédain envers Ed Wood à membre de sa bande. Si l’amitié est réelle, c’est aussi – et pour le coup Tim Burton n’idéalise pas – qu’ils sont compagnons d’infortune.
Le travail de production est impressionnant. D’abord, on peut souligner le souci de réalisme de Burton qui tourna en noir et blanc ! C’est visuellement très beau et cela montre aussi le respect du réalisateur pour son sujet. Faute de moyens, Ed Wood tournait en noir et blanc. Le côté fauché des productions d’Ed Wood est aussi montré par les plateaux très « épurés » mais, à travers cela, c’est le travail de Burton qui est souligné puisqu’il a fallu reconstituer les studios où Wood tournait. Plutôt que prendre des extraits des œuvres de Wood, Tim Burton les a retournés ! Le réalisateur de 1994 montre donc comment travaillait le réalisateur de 1954 ; cette mise en abyme double et renforce le discours sur la création. Elle se raconte mais on nous la montre en action. C’est un « processus créatif en marche » qui se déroule sous nos yeux. Au-delà d’un film, c’est le cinéma lui-même qui se met en scène.
Anecdotes :
Sortie US : 28 septembre 1994 Sortie France : 21 juin 1995
Scénario : Scott Alexander et Larry Karaszewski d’après le livre Nightmare of Ecstasy de Rudolph Grey
La musique est signée Howard Shore, et non Danny Elfman, le compositeur habituel de Tim Burton, en raison d’un différend artistique qui a opposé les deux hommes pendant L’Étrange Noël de monsieur Jack.
Le budget était de 18 millions $. Le film en a rapporté 5.9 millions. Échec commercial (le pire fiasco de Burton), le film fut un succès critique.
Ed Wood (1924-1978) : réalisateur inapte qui comptait davantage sur la détermination que sur le talent. Ses films bons marchés manquaient souvent de cohérence au niveau du scénario et du montage, péchant aussi par leur rythme, la qualité de la production et le jeu des acteurs.
Le critique Derek Malcom vit dans le film le « tribut affectueux voire admiratif de l’échec jamais érigé ».
La Columbia se retira du projet quand Burton voulut tourner avec une authentique pellicule noir et blanc. C’est Disney qui prit la relève.
Bela Lugosi : De son vrai nom Béla Blaskó (1882-1956), cet acteur naquit en Transylvanie dans l’ancienne Autriche-Hongrie (actuellement Roumanie) et émigra en Allemagne puis aux États-Unis en 1919. Il décroche à Broadway le rôle de Dracula qu’il jouera des centaines de fois. Il reprend le rôle pour le film de Tod Browning (1931) mais, après qu’il ait refusé le rôle de la créature de Frankenstein, sa carrière va se ralentir et se cantonner aux films d’horreur. Traité pour des problèmes de santé avec de la morphine, il en devient dépendant.
Vampira : Maila Nurmi (de son vrai nom Maila Elizabeth Syrjäniemi) fut une actrice finno-américaine (1922-2008) qui crée le personnage de Vampira dans les années 1950 quand elle présente Movie Macabre sur ABC qui diffuse des programmes d’épouvante. Mise sur liste noire pendant le maccarthysme pour ses opinions politiques et sa vie privée jugée trop scandaleuse, elle se retrouve à jouer pour Ed Wood. Son look influença profondément la représentation gothique de la femme vampire.
Le film remporta l’Oscar du meilleur maquillage pour Rick Baker.
Ce sont Harry et Michael Medved dans le livre « The Golden Turkey Award » (1980) qui ont baptisé Ed Wood « pire réalisateur de tous les temps ».
Martin Landau/Bela Lugosi : acteur américain (1928-2017), il se décide pour la comédie à l’exemple de Charles Chaplin. Au cinéma, on a pu le voir dans La Mort aux trousses (1959), Cléopâtre (1963), La plus grande histoire jamais contée (1965), L’île au trésor (1985), Crimes et délits (1990), The X-Files, le film (1998), Sleepy Hollow (1999). Il a également beaucoup tourné pour la télévision : La Quatrième Dimension (1959), Les mystères de l’Ouest (1965), Colombo (1973), FBI : Portés Disparus (2004-2009). Il est surtout connu pour sa participation à Mission : Impossible (1966-1968, Golden Globe du meilleur acteur dans une série télévisée) et Cosmos 1999 (1975-1976). Pour Ed Wood, il reçut l’Oscar du meilleur acteur dans un second rôle.
Sarah Jessica Parler/Dorothy Fuller : actrice américaine, on l’a vu au cinéma dans Footloose (1984), Lune de miel à Las Vegas (1992), Mars Attacks ! (1996), Où sont passés les Morgan ? (2009), Happy New Year (2011). Elle a également tourné pour la télévision, et surtout Sex and the City (1998-2004 ; Golden Globe de la meilleure actrice dans une série télévisée musicale ou comique en 2000, 2001, 2004) adaptée au cinéma (2008, 2010).
Patricia Arquette/Kathy : actrice américaine, elle joue aussi bien au cinéma qu’à la télévision. Sur grand écran, on a pu la voir dans Les Griffes du cauchemar (1987), True Romance (1993), Rangoon (1995), Lost Highway (1997), A tombeau ouvert (1999), Dans la tête de Charles Swan III (2013), Boyhood (2015, Golden Globe et Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle). A la télévision, elle a joué dans Les contes de la crypte (1990), Medium (2005-2011), Boardwalk Empire (2013-2014), Les Experts (2014), Les Experts : Cyber (2014-2016).
Bill Murray/Bunny Breckindrige : acteur américain, vu dans Tootsie (1982), SOS Fantômes (1984), SOS Fantômes 2 (1989), Un jour sans fin (1993), Sexcrimes (1998), Charlie et ses drôles de dames (2000), Lost in translation (2003), A bord du Darjeeling limited (2007), Bienvenue à Zombieland (2009), Moonrise Kingdom (2012), Monument Men (2014), SOS Fantômes (2016).
Lisa Marie/Vampira : Mannequin et actrice américaine, née Lisa Marie Smith. Elle a été la compagne de Tim Burton de 1993 à 2001. C’est son premier rôle au cinéma. Elle sera de tous les films de Burton jusqu’à leur séparation. Depuis, elle a joué dans The lords of Salem (2012), Dominion (2015).
Juliet Landau/Loretta King : actrice américaine, fille de Martin Landau et de Barbara Bain. Elle commence comme ballerine avant de devenir actrice. Ed Wood est un de ses premiers films. Elle a enchaîné avec Theodore Rex (1995) puis de faire beaucoup de doublage. Elle est davantage présente à la télévision : Parker Lewis ne perd jamais (1992), MilleniuM (1999), Esprits criminels (2012) mais elle est plus connue pour son rôle de Drusilla dans Buffy contre les vampires (17 épisodes entre les saisons 2, 5 et 7) et Angel (7 épisodes des saisons 2 et 5). Elle a également coscénarisé deux numéros du comic book Angel : After the Fall (2009).
Jeffrey Jones (Criswell) a joué dans Beetlejuice.
Passionné de cinéma, mais perpétuellement désargenté, Ed Wood endosse toutes les casquettes pour réaliser des films.
Critique
Un film difficilement classable, une sorte de biopic sur « le plus mauvais réalisateur de tous les temps » tout autant qu’une réflexion sur le cinéma, sur la création en général ainsi qu’une mise en abyme. Si le film manque parfois de rythme, il ne manque pas de sincérité et la tendresse de Burton envers un cinéaste, qu’il considère à l’évidence, comme un devancier, est indéniable. Son Ed Wood s’arme d’optimisme face à l’humiliation et n’est pas aussi naïf et ringard qu’il semblait l’être. C’est un vaillant rêveur. Il incarne l’espérance et l’absence de compréhension que Burton juge méritoire.
A travers la création de trois films réellement réalisés par Ed Wood – Glen or Glenda (Louis ou Louise en VF), La fiancée du monstre et Plan 9 from outer space – Tim Burton met en scène le processus créatif et il n’élude aucun des problèmes techniques et matériels que rencontre ce qu’on rassemble sous le vocable de « production ». Le choix de tourner un film sur Ed Wood permet de raconter tout cela car il a justement connu tous ces problèmes et il s’est démené pour y apporter des solutions. Si Burton passe par la case comédie pour montrer les approximations parfois phénoménales du réalisateur (finir de nuit une scène commencée de jour par exemple) ou les réponses plus ou moins abracadabrantesques trouvées (comment se procurer une pieuvre ?), jamais il ne le fait passer pour un clown. Ce qui ressort des maladresses d’Ed Wood, c’est sa sincérité ; sa passion du cinéma. Comme le dit Johnny Depp dans une scène : « Je veux juste raconter des histoires ». Le film est aussi une satire tendre d’Hollywood quand Wood présente ses projets aux cadres des studios : c’est un mimétisme avec ce qu’a vécu Tim Burton !
Ed Wood est aussi un film sur l’amitié. Toute l’équipe qui entoure Wood est sans doute une vraie troupe de cirque mais la plupart sont des fidèles. A travers eux, c’est toute l’admiration de Tim Burton pour les marginaux, les phénomènes qui ressort. Mais le film raconte surtout la rencontre entre Ed Wood et Bela Lugosi au crépuscule de sa vie. Ce que l’on ressent à travers les scènes entre Johnny Depp et Martin Landau, c’est un véritable « coup de foudre » amical. Lugosi est aussi un père de substitution pour Ed. En retour de cet investissement sentimental (et pécunier), Ed attend de Lugosi qu’il donne de la crédibilité à ses films. Le jeune réalisateur ne cache pas son admiration et le vieil acteur fatigué et rongé par la déchéance est touché par cette joie sincère. A travers sa création, Tim Burton atténue ce qui s’apparente à un processus d’exploitation car Wood fait travailler Lugosi jusqu’à la corde alors que ce dernier est âgé et fatigué. Mais pour retrouver un peu de sa gloire, Lugosi s’aveugle. Procédé psychologique fréquent. Ce sont les meilleurs moments du film et Martin Landau est prodigieux dans son interprétation de Lugosi. Avec un maquillage génial, l’acteur (qui avait 65 ans au moment du tournage) se rajoute dix ans de plus mais surtout montre que la drogue a accéléré le vieillissement (Lugosi est mort à 74 ans). Il ne dissimule pas ses faiblesses mais il montre avec conviction les efforts de Lugosi pour être à la hauteur des attentes de Wood et retrouver un peu de sa gloire d’antan ; quitte à s’abaisser (scène avec la presse à l’hôpital).
La marginalité est présente à différents titres, mais c’est l’ambigüité sexuelle qui est la plus flagrante. Ainsi, Ed a un ami homosexuel qui songe à changer de sexe. Ed, lui-même, s’il proclame aimer les femmes (il en a deux dans le film), se travestit régulièrement et tourne même en tenue féminine ! On a une scène dans laquelle, sur une musique orientale, Wood/Depp fait une danse du ventre ; ce que l’acteur, dans les bonus appelle « un strip-tease dans un abattoir » ! Ce qui nous vaut un joli manifeste pour la différence lorsqu’Ed/Depp s’impose face à un producteur qui est aussi un homme d’Église ! Tim Burton ne juge pas mais il proclame tranquillement le droit à la différence, quelle qu’elle soit. Ed n’hésite plus à se montrer publiquement déguisé, y compris devant Orson Welles ! Cette dernière scène est brève mais, outre que Vincent D’Onofrio incarne avec une grande véracité un des réalisateurs les plus talentueux de l’histoire du cinéma, c’est là que se trouve la quintessence du film avec ce discours simple, bref mais puissant sur la création. « Quand ça marche, ça vaut le coup ».
Pour sa seconde participation aux œuvres de Burton, Johnny Depp réalise une jolie prestation. Son visage mobile reflète parfaitement les états d’âmes et la passion qui anime Ed. Bill Murray incarne Denis, l’ami homosexuel. L’acteur joue avec sobriété et c’est davantage son maquillage et une certaine préciosité qui révèle visuellement la sexualité du personnage. Celui-ci ne cache rien d’ailleurs et nous sommes pourtant dans les années 1950 ; il fallait du courage et c’est par la tranquillité du personnage que l’acteur fait ressentir ce courage. Petite amie de Burton à l’époque, Lisa Marie incarne Vampira, une actrice qui a réellement existé. Ultra maquillé – comme la vraie – Lisa Marie, parfois un peu statique, montre tout de même comment Vampira passe d’un certain dédain envers Ed Wood à membre de sa bande. Si l’amitié est réelle, c’est aussi – et pour le coup Tim Burton n’idéalise pas – qu’ils sont compagnons d’infortune.
Le travail de production est impressionnant. D’abord, on peut souligner le souci de réalisme de Burton qui tourna en noir et blanc ! C’est visuellement très beau et cela montre aussi le respect du réalisateur pour son sujet. Faute de moyens, Ed Wood tournait en noir et blanc. Le côté fauché des productions d’Ed Wood est aussi montré par les plateaux très « épurés » mais, à travers cela, c’est le travail de Burton qui est souligné puisqu’il a fallu reconstituer les studios où Wood tournait. Plutôt que prendre des extraits des œuvres de Wood, Tim Burton les a retournés ! Le réalisateur de 1994 montre donc comment travaillait le réalisateur de 1954 ; cette mise en abyme double et renforce le discours sur la création. Elle se raconte mais on nous la montre en action. C’est un « processus créatif en marche » qui se déroule sous nos yeux. Au-delà d’un film, c’est le cinéma lui-même qui se met en scène.
Anecdotes :
Sortie US : 28 septembre 1994 Sortie France : 21 juin 1995
Scénario : Scott Alexander et Larry Karaszewski d’après le livre Nightmare of Ecstasy de Rudolph Grey
La musique est signée Howard Shore, et non Danny Elfman, le compositeur habituel de Tim Burton, en raison d’un différend artistique qui a opposé les deux hommes pendant L’Étrange Noël de monsieur Jack.
Le budget était de 18 millions $. Le film en a rapporté 5.9 millions. Échec commercial (le pire fiasco de Burton), le film fut un succès critique.
Ed Wood (1924-1978) : réalisateur inapte qui comptait davantage sur la détermination que sur le talent. Ses films bons marchés manquaient souvent de cohérence au niveau du scénario et du montage, péchant aussi par leur rythme, la qualité de la production et le jeu des acteurs.
Le critique Derek Malcom vit dans le film le « tribut affectueux voire admiratif de l’échec jamais érigé ».
La Columbia se retira du projet quand Burton voulut tourner avec une authentique pellicule noir et blanc. C’est Disney qui prit la relève.
Bela Lugosi : De son vrai nom Béla Blaskó (1882-1956), cet acteur naquit en Transylvanie dans l’ancienne Autriche-Hongrie (actuellement Roumanie) et émigra en Allemagne puis aux États-Unis en 1919. Il décroche à Broadway le rôle de Dracula qu’il jouera des centaines de fois. Il reprend le rôle pour le film de Tod Browning (1931) mais, après qu’il ait refusé le rôle de la créature de Frankenstein, sa carrière va se ralentir et se cantonner aux films d’horreur. Traité pour des problèmes de santé avec de la morphine, il en devient dépendant.
Vampira : Maila Nurmi (de son vrai nom Maila Elizabeth Syrjäniemi) fut une actrice finno-américaine (1922-2008) qui crée le personnage de Vampira dans les années 1950 quand elle présente Movie Macabre sur ABC qui diffuse des programmes d’épouvante. Mise sur liste noire pendant le maccarthysme pour ses opinions politiques et sa vie privée jugée trop scandaleuse, elle se retrouve à jouer pour Ed Wood. Son look influença profondément la représentation gothique de la femme vampire.
Le film remporta l’Oscar du meilleur maquillage pour Rick Baker.
Ce sont Harry et Michael Medved dans le livre « The Golden Turkey Award » (1980) qui ont baptisé Ed Wood « pire réalisateur de tous les temps ».
Martin Landau/Bela Lugosi : acteur américain (1928-2017), il se décide pour la comédie à l’exemple de Charles Chaplin. Au cinéma, on a pu le voir dans La Mort aux trousses (1959), Cléopâtre (1963), La plus grande histoire jamais contée (1965), L’île au trésor (1985), Crimes et délits (1990), The X-Files, le film (1998), Sleepy Hollow (1999). Il a également beaucoup tourné pour la télévision : La Quatrième Dimension (1959), Les mystères de l’Ouest (1965), Colombo (1973), FBI : Portés Disparus (2004-2009). Il est surtout connu pour sa participation à Mission : Impossible (1966-1968, Golden Globe du meilleur acteur dans une série télévisée) et Cosmos 1999 (1975-1976). Pour Ed Wood, il reçut l’Oscar du meilleur acteur dans un second rôle.
Sarah Jessica Parler/Dorothy Fuller : actrice américaine, on l’a vu au cinéma dans Footloose (1984), Lune de miel à Las Vegas (1992), Mars Attacks ! (1996), Où sont passés les Morgan ? (2009), Happy New Year (2011). Elle a également tourné pour la télévision, et surtout Sex and the City (1998-2004 ; Golden Globe de la meilleure actrice dans une série télévisée musicale ou comique en 2000, 2001, 2004) adaptée au cinéma (2008, 2010).
Patricia Arquette/Kathy : actrice américaine, elle joue aussi bien au cinéma qu’à la télévision. Sur grand écran, on a pu la voir dans Les Griffes du cauchemar (1987), True Romance (1993), Rangoon (1995), Lost Highway (1997), A tombeau ouvert (1999), Dans la tête de Charles Swan III (2013), Boyhood (2015, Golden Globe et Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle). A la télévision, elle a joué dans Les contes de la crypte (1990), Medium (2005-2011), Boardwalk Empire (2013-2014), Les Experts (2014), Les Experts : Cyber (2014-2016).
Bill Murray/Bunny Breckindrige : acteur américain, vu dans Tootsie (1982), SOS Fantômes (1984), SOS Fantômes 2 (1989), Un jour sans fin (1993), Sexcrimes (1998), Charlie et ses drôles de dames (2000), Lost in translation (2003), A bord du Darjeeling limited (2007), Bienvenue à Zombieland (2009), Moonrise Kingdom (2012), Monument Men (2014), SOS Fantômes (2016).
Lisa Marie/Vampira : Mannequin et actrice américaine, née Lisa Marie Smith. Elle a été la compagne de Tim Burton de 1993 à 2001. C’est son premier rôle au cinéma. Elle sera de tous les films de Burton jusqu’à leur séparation. Depuis, elle a joué dans The lords of Salem (2012), Dominion (2015).
Juliet Landau/Loretta King : actrice américaine, fille de Martin Landau et de Barbara Bain. Elle commence comme ballerine avant de devenir actrice. Ed Wood est un de ses premiers films. Elle a enchaîné avec Theodore Rex (1995) puis de faire beaucoup de doublage. Elle est davantage présente à la télévision : Parker Lewis ne perd jamais (1992), MilleniuM (1999), Esprits criminels (2012) mais elle est plus connue pour son rôle de Drusilla dans Buffy contre les vampires (17 épisodes entre les saisons 2, 5 et 7) et Angel (7 épisodes des saisons 2 et 5). Elle a également coscénarisé deux numéros du comic book Angel : After the Fall (2009).
Jeffrey Jones (Criswell) a joué dans Beetlejuice.
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Re: Saga "Tim Burton"
Mars Attacks ! (Mars Attacks ! 1996) ***
Résumé
Des milliers de soucoupes volantes venues de Mars viennent sur Terre. L’évènement provoque des réactions très diverses dans la population ou chez les autorités. Certains préconisent la force et d’autres le pacifisme. Les Martiens vont mettre tout le monde d’accord !
Critique
Véritable pochade sur un thème éculé, ce film est un massacre des élites américaines en règle ! Les personnages sont une telle bande de ratés que le casting eut du mal à se faire ! Des agents ne voulaient pas voir leur « poule aux œufs d’or dans des rôles de loosers » selon le magazine Première !! Mais Jack Nicholson était prêt à tenir tous les rôles !!!
Souvent jubilatoire, Mars Attacks ! n’est cependant pas sans défauts. Il y a trop de personnages. Du coup, l’action n’est pas toujours facile à suivre ; elle se disperse et le rendu est assez haché. Le temps d’exposition est trop long (près d’un tiers du film) et il y a beaucoup de scènes inutiles qui ralentissent le rythme.
En 1962, la Topps Company, société produisant du chewing-gum (ce que mâche Lisa Marie quand son personnage débarque à Washington pour une des meilleures séquences du film), sortit une série de cartes colorées racontant l’invasion de la Terre. On y trouve les principales séquences du film ainsi que l’apparence des Martiens. Pour écrire le film, Tim Burton et le scénariste Jonathan Gems éparpillèrent les cartes sur le sol et sélectionnèrent celles qui leur plaisaient ! Tous deux voulaient que le film ait de l’envergure et concerne une destruction planétaire. Sur ce dernier point, le résultat est très mitigé et se limite à raser Big Ben, le Taj Mahal et l’île de Pâques. La Tour Eiffel est absente mais, consolation, le Président français est le premier à mourir.
Le côté « sale gosse » de Tim Burton se lit aussi dans la manière, particulièrement irrévérencieuse, avec laquelle ces destructions sont faites. Le film se moque aussi de la manière dont la guerre du Golfe (1990-1991) fut présentée à la télévision. Le général Casey est une parodie de Colin Powell. Le choix de « l’arme ultime » est également moqueur et on peut comprendre que tout le monde n’ait pas apprécié ! Dernier pied de nez du réalisateur : les héros qui se révèlent dans ce jeu de massacre sont des enfants noirs qui dézinguent les Martiens avec habileté grâce à leur pratique intensive du jeu d’arcane et un fils de redneck du Kansas considéré comme un bon à rien parce qu’il est moins primaire que sa famille et sa grand-mère « dont l’esprit est déjà dans l’espace » ! Notons que, de la famille présidentielle, seule la fille survit et Tim Burton, qui est un tendre, accorde une fleur pour fin.
Il faut saluer les acteurs qui ont accepté de jouer cette bande de baltringues et, en premier lieu, Jack Nicholson, absolument impérial dans sa satire de Roosevelt (causerie au coin du feu). Il est, de fait, le personnage principal et il tient absolument la barre, tantôt complètement largué, toujours indécis et terminant avec un monologue génial qui ressace tous les clichés du discours pacifiste et bien-pensant. Dans le même ordre d’esprit, Pierce Brosnan interprète un scientifique bête à manger du foin et qui ne comprendra rien à rien de tout le film. En matière de débile profond, Sarah Jessica Parker interprète une greluche satire de certaines présentatrices de télévision et qui « annonce » les décérébrées de la télé-réalité. Dernier ahuri bien gratiné, Rod Steiger dont le personnage est une nouvelle incarnation du Docteur Folamour. On sent que la sympathie de Burton va vers Richie, incarné par le débutant Lukas Haas, qui a des grands yeux ouverts sur le monde et pas collé sur la ligne d’horizon. Un rêveur. Un futur artiste peut-être. Quelque part, c’est le monde du rêve et du spectacle qui sauve une planète que les « réalistes » avaient abandonné.
Anecdotes :
Sortie US : 13/12/1996 Sortie France : 23/02/1997
Scénario : Jonathan Gems d’après les tradings cards « Mars Attacks ! » de la Topps Company.
Le film fait directement allusion au film Le Jour où la Terre s’arrêta de Robert Wise par les méninges martiennes démesurées et les pompeux dialogues scientifique.
Lisa Marie a passé des heures à peaufiner ses déhanchements saccadés réussissant une prouesse à l’écran.
Pour le scénariste Jonathan Gems, c’était l’occasion de tourner un « Plan 9 from outer space (film de Ed Wood) avec un peu plus de moyens bien sûr » (cinemafantastique, 1997).
La première version du scripte coûtait 260 millions de dollars et comptait 60 personnages. Le scénario comportait un index de trois pages pour s’y retrouver. C’est la 15ème version qui fut la bonne pour 80 millions $.
Faute de temps pour la stop-motion, Tim Burton dut recourir aux images de synthèse d’ILM mais en donnant comme consigne que l’on ait l’impression de l’animation en stop-motion.
Le film fut un flop retentissant avec 38 millions de dollars de recettes. Il souffrit de la comparaison avec Indépendance Day.
Le rôle du président français est tenu par le réalisateur Barbet Schroeder qui est Suisse !
Jack Nicholson/Président James Dale : acteur, réalisateur et scénariste américain, il débute en travaillant pour Roger Corman. Il écrit d’abord des scénarii sans trop de succès jusqu’à The Trip (1967) avec Dennis Hopper qui le fera tourner dans Easy Rider (1969) qui relance sa carrière d’acteur. Suivront Cinq pièces faciles (1970), La dernière corvée (1973, Prix d’interprétation masculine à Cannes), Chinatown (1974, Golden Globe du meilleur acteur dans un film dramatique), Vol au-dessus d’un nid de coucou (1975, Oscar du meilleur acteur et Golden Globe) qui fondent sa réputation. En 1980, sa prestation dans Shining, ignoré par l’Académie des Oscars, est saluée. Il a également joué dans Le facteur sonne toujours deux fois (1981), Tendres passions (1983, Oscar du meilleur acteur dans un second rôle et Golden Globe), Les sorcières d’Eastwick (1987), Batman (1989), Des hommes d’honneur (1992), Wolf (1994), Pour le pire et pour le meilleur (1997, Oscar du meilleur acteur et Golden Globe), Les infiltrés (2006).
Glenn Close/Marsha Dale : actrice américaine, vu au cinéma dans Les liaisons dangereuses (1988), Le mystère von Bulöw (1990), La maison aux esprits (1993), Mary Reilly (1996), Les 101 dalmatiens (1996), 102 dalmatiens (2000), Les gardiens de la galaxie (2014), Seven Sisters (2017) et à la télévision dans The Shield (2002), A la Maison-Blanche (2003), Damages (2007-2012) où elle tient le rôle principal.
Annette Bening/Barbara Land : actrice américaine, vue au cinéma dans Valmont (1989), Les Arnaqueurs (1990), Le Président et Miss Wade (1995), American Beauty (1999), Adorable Julia (2004, Golden Globe de la meilleure actrice dans une comédie), Tout va bien (2010, Golden Globe de la meilleure actrice dans une comédie), The Search (2014). Elle a également joué à la télévision : Deux flics à Miami (1987), Les Soprano (2004), American Crime Story-Katrina (2018).
Pierce Brosnan/Donald Kessler : acteur irlando-américain, il débute au théâtre où sa performance dans la première de la pièce The Red Devil Battery Sign lui vaut les félicitations de Tennessee Williams. Il devient célèbre aux États-Unis avec la série Les enquêtes de Remington Steele (1982-1986). Au cinéma, il a tourné dans Madame Doubfire (1993), Le Pic de Dante (1997), Thomas Crown (1999), Le tailleur de Panama (2001), Mamma Mia (2008), The Ghost Writer (2010), Le dernier pub avant la fin du monde (2013), No escape (2015). Il incarna James Bond à quatre reprises entre 1995 et 2002.
Danny DeVito/Rude Gambler : acteur américain, vu au cinéma dans Bananas (1971), Vol au-dessus d’un nid de coucou (1975), A la poursuite du diamant vert (1984), Jumeaux (1988), Batman, le défi (1992), L.A. Confidential (1997), Austin Powers dans Goldmember (2002), Be Cool (2005), Dumbo (2019)
Michael J. Fox/Jason Stone : acteur américain rendu célèbre par la trilogie Retour vers le futur (1985, 1989, 1990), il a aussi joué dans Le Président et Miss Wade (1995), Fantômes contre fantômes (1997). Il tourne aussi pour la télévision : Sacrée famille (1982-1989), Les contes de la crypte (1991), Spin City (1996-2001), Scrubs (2003), The Good Wife (2010-2016), Designated Survivor (2018)
Rod Steiger/Général Decker : acteur américain (1925-2002), vu au cinéma dans Sur les quais (1954), Le jour le plus long (1962), Docteur Jivago (1965), Il était une fois la révolution (1971), La montagne magique (1982), La tête dans le carton à chapeaux (1999)
Lukas Haas/Richie Norris : acteur américain, vu au cinéma dans Witness (1985), Tout le monde dit I love you (1996), Alpha Dog (2006), Inception (2010), Le Chaperon rouge (2011), Lincoln (2012), Transcendance (2014), The Revenant (2015), The First Man (2018). Il tourne aussi pour la télévision : La Cinquième Dimension (1986), Les aventures du jeune Indiana Jones (1993), La Treizième Dimension (2002), Esprits criminels (2005), Touch (2013)
Natalie Portman/Taffy Dale : actrice israélo-américaine née Natalie Hershlag à Jérusalem, c’est une des plus brillantes actrices de sa génération alternant blockbusters et films dramatiques : Léon (1994), Heat (1995), Tout le monde dit I love you (1996), Star Wars épisode I : La menace fantôme (1999), Star Wars épisode II: L’attaque des clones (2002), Closer, entre adultes consentants (2004, Golden Globe de la meilleure actrice dans un second rôle), Star Wars épisode III: La revanche des Siths (2005), V pour Vendetta (2006), My Blueberry Night (2007), Black Swan (2010, Oscar et Golden Globe de la meilleure actrice), Thor (2011), Une histoire d’amour et de ténèbres (2015+ réal), Jane got a gun (2016), Jackie (2016)
Lisa Marie et Sarah Jessica Parker avaient tourné Ed Wood pour Tim Burton.
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Re: Saga "Tim Burton"
Sleepy Hollow, la légende du cavalier sans tête (Sleepy Hollow, 1999)
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Résumé
En 1799, l’inspecteur Ichabod Crane, qui se vante d’être un policier moderne et rationnel, est envoyé par ses supérieurs élucider trois meurtres étranges commis par décapitation dans le bourg isolé de Sleepy Hollow, habité par une communauté hollandaise. Sur place, bien que courtoisement accueilli, l’inspecteur Crane ne s’attire pas la sympathie de la population et se heurte à ce qu’il appelle de la superstition puisque, selon les notables, le coupable de ces meurtres est un cavalier sans tête mort depuis vingt ans !
Critique
Chef d’œuvre de Tim Burton, ce film mêle avec bonheur horreur, émotion et humour noir. Le réalisateur voulait rendre hommage à la mythique Hammer, d’où le choix également de Christopher Lee pour un tout petit rôle. Ironiquement, quand le nom de l’acteur apparaît au générique, il a déjà quitté le tournage ! Ce film s’appuie sur une œuvre majeure du folklore américain mais, plus largement, ce sont les contes de fées qui sont mises à l’honneur avec la recréation de cet univers noir. D’ailleurs, le film est largement tourné en nuances de gris piqueté de couleur. Visuellement, c’est très fort et cela fait ressortir la dimension fantastique du film.
Dans un premier niveau de lecture, il y a l’opposition évidente du rationalisme et du fantastique. Le cœur de Burton ne penche visiblement pas du premier côté tant il se plaît à ridiculiser Ichabod Crane ! La scène où Crane/Depp reconstitue l’attaque est une parodie jouissive des méthodes de la police scientifique ! A aucun moment, la science n’aidera le policier. Par contre, la raison l’aidera à reconstituer l’écheveau des machinations d’ici-bas. Cette opposition s’est vue soulignée d’entrée de jeu entre la scène de poursuite en calèche et le travail de Crane à New York. En outre, le côté « policier » est évacué très vite lorsque les notables – une belle brochette réunie par Burton ! Tous acteurs de talent, choisis « parce qu’ils étaient un peu dingues » selon la formule de Michael Gambon – racontent à Crane la légende du cavalier sans tête.
L’histoire ne vise donc pas tant à savoir qui est le coupable (d’autant que Crane n’est guère doué !) que de permettre à Ichabod d’accepter la possibilité de l’inexpliqué ; d’admettre que la raison ne peut pas tout. La plus grande ruse du Diable est de faire croire qu’il n’existe pas disait le pape Benoît XVI mais, ici, c’est pire encore puisque le cavalier se montre ! L’œuvre au noir est en plein déroulement ! Il est intéressant que l’histoire soit située en 1799 car, ainsi que le souligne Crane, elle appartient au XVIIIème siècle et non au XIXème qui s’annonce comme le siècle du progrès scientifique. C’est comme s’il fallait accepter ce passé infréquentable pour l’exorciser et passer à autre chose. Légende américaine, « La légende du cavalier sans tête » semble dire aux États-Unis qu’il est temps d’abandonner leur passé pour se projeter vers l’avenir. Pour que Ichabod Crane accepte le mystère, il passera par trois rêves (nombre symbolique ainsi que le montrent tous les contes) et, depuis Lovecraft, autre écrivain américain, on sait l’importance du « monde des rêves » ; trois magnifiques séquences mêlant à la fois une poésie onirique donnant l’occasion à Lisa Marie, dans un rôle muet, de se montrer belle et mystérieuse ; et horreur du passé de Crane qu’il revit un peu plus loin à chaque fois. Il ne pourra pas résoudre le mystère avant d’avoir accepté son passé. En ce sens, Sleepy Hollow est un film psychanalytique explorant l’inconscient collectif de l’Amérique et celui particulier de Crane.
L’Histoire a une place particulière. Elle explique en effet la présence du cavalier par les horreurs de la guerre d’indépendance américaine. Ensuite, c’est l’histoire locale qui est en jeu car ce sont les relations établies historiquement entre les personnages qui expliquent le surgissement du cavalier au milieu de la communauté. Une communauté repliée sur elle-même, qui hésite entre faire bloc contre l’étranger (un classique) et exorciser les démons qui la rongent et l’empêche d’avancer. Quelque part, Crane agit à la fois comme un révélateur (il met à jour les tensions) et un psychanalyste (il fait parler les gens). Quand les choses sont dites, elles sont acceptées et peuvent être combattues. Détail croustillant, pour incarner les membres de la communauté flamande, Burton engagea des acteurs britanniques !
Pour aller au fond des choses, Tim Burton a recours aux procédés de l’horreur et c’est une réussite. Les attaques du cavalier sont des merveilles combinant le meilleur de la technique à une musique excellente et une réalisation littéralement inspirée. Une des plus fortes, c’est lorsque le juge veut s’enfuir et que Crane l’interroge. On passe brusquement d’une ambiance sinistre mais « normale » à une ambiance infernale puis, une fois le crime accompli, à une pincée d’humour ! Johnny Depp est absolument génial, au meilleur de sa forme. Il donne corps à Crane en faisant ressortir son ambiguïté, être à la fois dans l’excentricité et dans la fragilité, selon le portrait que trace Burton du personnage.
Anecdotes :
Scénario : Andrew Kevin Walker, auteur de Se7en (1995) ; d’après l’œuvre de Washington Irving. Depuis sa parution, « La légende du cavalier sans tête » a fait l’objet de plusieurs adaptations cinématographiques. En 1896, William K. L. Dickinson en tire un court-métrage (Rip leaing Sleepy Hollow). En 1908 et 1912 sortirent deux Legend of Sleepy Hollow. En 1922, Will Rogers incarne Ichabod Crane dans The Headless Horseman ; rôle repris en 1980 par Jeff Goldblum dans le téléfilm The legend of Sleepy Hollow. En 1958, Clyde Geronimi réalisa un film d’animation, The legend of Sleepy Hollow ; un autre dessin animé fut réalisé en 1999.
Le budget était de 80 millions $. Le film a rapporté 265 millions.
Faute de site intéressant, le film se tourna à Londres, dans une ancienne usine Rolls Royce. En tournant sous un éclairage argentique, il devenait impossible de discerner le décor de l’extérieur. Le village fût bâti en trois mois. Il fut reconstruit sur les terres du domaine de Hambledon, dans le comté de Buckingham. C’est la seule prise de vue extérieur de tout le film.
La forêt a été recrée par Rick Heinrichs qui décrit « l’arbre des morts » comme « la souffrance faite sculpture sur bois ».
Au naturel, Christina Ricci est brune et Miranda Richardson rousse. Elles sont ici toutes les deux blondes.
« J’ai rencontré Christopher Lee, disait Burton au site cranky critic.com en 1999, et c’est comme si je me retrouvai face à Dracula en personne ! »
Les studios proposèrent Mel Gibson, Brad Pitt ou Liam Neeson mais Burton engagea Johnny Depp.
En VO, Crane parle « d’elfes » mais la VF préfère « goules » ; sans doute plus terrible !
Christopher Walken dut porter des lentilles spéciales pour créer le regard effrayant du cavalier. L’acteur n’aimait pas les chevaux, ce qui rendit parfois compliqué son travail. Pour certaines scènes, l’équipe ressortit un cheval mécanique vieux de 40 ans et le remit en service.
L’acteur qui jouait le cavalier devait porter un masque bleu parce que c’est une couleur qui s’efface très facilement sur ordinateur. Cela permettait de donner l’impression qu’il y avait réellement un corps sans tête !
Miranda Richardson/Mary Van Tassel : actrice britannique, vue au cinéma dans Empire du Soleil (1987), The Crying Game (1992), Avril enchanté (1992, Golden globe de la meilleure actrice), Kansas City (1996), The Hours (2002), Harry Potter et la coupe de feu (2005), Harry Potter et les reliques de la mort (2010), Churchill (2017). Elle tourne aussi pour la télévision : La Vipère noire (1986-1989, 1999), Absolutely Fabulous (1994, 2004),
Michael Gambon/Balthus Van Tassel : acteur irlandais, surtout connu pour avoir incarné Dumbledore dans la saga Harry Potter (2004-2011) après le décès de Richard Harris. Il a débuté au théâtre sous la direction de Laurence Olivier. Il a tourné notamment dans Le mystère de la bête humaine (1974), Le Cuisinier, le voleur, sa femme et son amant (1989), Mary Reilly (1996), Gosford Park (2001), Open Range (2003), Raisons d’État (2006), Le Livre d’Eli (2010), Kingsman : le cercle d’or (2017). Commandeur de l’Ordre de l’Empire britannique (1989), il fut anobli chevalier en 1997.
Casper van Diem/Bron : acteur américain, vu au cinéma dans Straship Troopers (1997), Tarzan et la cité perdue (1998) et à la télévision dans On ne vit qu’une fois (1993-1994), Au-delà du réel, l’aventure continue (1997), Titans (2000-2001), Monk (2008-2009, 3 épisodes).
Christina Ricci/Katerina Van Tassel : actrice américaine, révélée par ses participations aux films La Famille Addams (1991) et Les valeurs de la famille Addams (1993), elle joue ensuite dans Las Vegas Parano (1998), Monster (2003), Bel Ami (2012). Elle a aussi tourné pour la télévision : Ally McBeal (2002), Saving Grace (2009), Pan Am (2011-2012).
Richard Griffith/juge Philips : acteur britannique (1947-2013), il joue beaucoup au théâtre et s’est notamment fait connaître en incarnant l’oncle Vernon dans la saga Harry Potter (2001, 2002, 2004, 2007, 2010). Au cinéma, il a également joué dans Superman 2 (1980), Les chariots de feu (1981), Gandhi (1982), Greystoke, la légende de Tarzan (1984), Y a-t-il un flic pour sauver le président ? (1991), Vatel (2000), Hugo Cabret (2011). Il a tourné aussi pour la télévision : Bergerac (1982), Inspecteur Morse (1993), Les contes de Canterbury (1998), Episode (2011). Anobli officier de l’Ordre de l’Empire britannique en 2008. Il décède de complication à la suite d'une chirurgie cardiaque.
Ian McDiarmind/le docteur Lancaster : acteur britannique, surtout connu pour avoir joué le chancelier Palpatine dans Star Wars (1983, 1999, 2002, 2005) et être la voix originale de l’Empereur dans Star Wars : rebels (2018). On l’a vu dans La malédiction de la vallée des rois (1980), Le plus escroc des deux (1988), et The Lost city of Z (2017). Il a également tourné pour la télévision : Les professionnels (1979), Inspecteur Morse (1990), Les aventures du jeune Indiana Jones (1993), MI-5 (2004), Utopia (2014).
Première apparition de Christopher Lee (1922-2015), qui joue le bourgmestre, dans l’univers de Tim Burton. L’acteur britannique reviendra dans Charlie et la chocolaterie, Alice au pays des merveilles (voix) et Dark Shadows.
Michael Gough et Jeffrey Jones sont des habitués de Burton.
Camarade Totoff- Prince(sse)
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Re: Saga "Tim Burton"
La planète des singes (Planet of the Apes, 2001)
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Résumé
En 2029, sur la station spatiale Oberon, des chimpanzés sont entraînés pour les explorations à risque. Lorsque l’un de ces animaux disparaît dans une tempête électromagnétique, Léo Davidson essaie de le retrouver. Mais il perd le contrôle de son module et se retrouve sur une planète étrange où les singes ont pris le pouvoir.
Critique
Deux ans après ce chef-d’œuvre qu’est Sleepy Hollow, Tim Burton réalise son plus mauvais film. Visiblement peu à l’aise avec un blockbuster, il livre là sa réalisation la plus impersonnelle sans grâce ni charme. Lui qui prend beaucoup de plaisir au milieu du fantastique et des monstres se montre emprunté et peu à l’aise avec la science-fiction.
Tout le propos du film se situe au début où les personnages, à diverses occasions (dont un dîner un peu longuet parce que fort didactique) échangent des propos définitifs sur les différentes espèces et leur place respective. Personne n’est vraiment épargné : de Leo avec ses « macaques parlant » aux singes de l’élite où l’on peut remplacer les mots « hommes » et « singes » par « Noirs », « femmes », « homosexuels » etc. pour avoir le discours type du dominant sûr de lui et, par contraste attendu, quelqu’un qui tient le discours inverse, le propos non-conformiste que le spectateur est censé suivre puisque le premier type de discours est tenu par les « méchants » et le second par les « gentils ». Un manichéisme peu subtil plombe tout le propos et la référence aux « groupes des droits de l’homme » (pour qu’ils soient les égaux des singes) donne vraiment un côté bien-pensant au film. Tout cela manque d’ironie et de subtilité ; ce qui aurait sollicité les facultés intellectuels du spectateur au lieu de bassement lui montrer le « bon côté ». Par contre, avec le recul, il y a comme une annonce du discours antispéciste ! Involontaire sans doute mais à écouter.
Une fois que le spectateur a bien intégré les deux camps (personnifiés par le général Thade et Ari pour que l’on ne s’égare pas), le film se réduit à une course poursuite vers un lieu « interdit » forcément (le poncif absolu du récit d’aventure) entre un groupe mixte d’humains en fuite et de singes dissidents et l’armée du vilain général qui a obtenu les pleins pouvoirs d’un Sénat…réduit à un seul singe pour faire court ! Une parodie de Star Wars ! On termine évidemment avec la grande bataille finale qui se réduit très vite à quelques duels individuels ; écueil que Peter Jackson (un temps pressenti pour prendre en charge ce projet) ne saura pas non plus éviter dans La bataille des cinq armées quelques années plus tard. Seul le retournement de situation est surprenant.
Durant l’essentiel du temps, la réalisation de Tim Burton, sans être ratée, manque de magie et se contente d’aligner les scènes. Quelques unes surnagent cependant. La capture des humains au tout début est la conclusion réussit d’une séquence très dynamique ; le héros fuit avec des inconnus devant un danger qui l’est davantage. La traversée du camp militaire filmée de nuit est également très réussie. Le début de la bataille finale est enfin réussi. Tim Burton maîtrise également ses décors. La cité des singes est très bien faite et les intérieurs distingués et bien différenciés. Si la station spatiale est d’un classicisme achevée, les ruines de Calima sont très impressionnantes, jaillissant au soleil au milieu d’un décor désertique. La patte de Burton pourrait se lire aussi dans le refus de la moindre image de synthèse.
Outre son propos politique mal digéré et son absence de dynamisme durant une bonne partie, ce qui plombe définitivement ce film c’est son casting désastreux. Si Tim Roth donne un physique menaçant et altier au général Thade, ou Michael Clarke Duncan de la noblesse au colonel, le choix de Mark Whalberg pour incarner Leo Davidson est une erreur magistrale. S’il est crédible dans les séquences d’action, celles-ci ne sont pas assez nombreuses pour masquer son manque de charisme général et son absence de profondeur lors de séquences qui devraient être des moments importants. Lorsque Davidson évoque les « macaques parlant », l’acteur est incapable de montrer si son personnage croit ou non ce qu’il dit. Les scènes avec Helena Bonham Carter manquent complètement de chaleur alors que l’actrice avait su, elle, donner de l’épaisseur à Ari, et nous donner de l’émotion. Quant à Estella Warren, c’est une catastrophe industrielle à elle toute seule. A part son décolleté généreux, elle ne nous montrera jamais rien. Son regard est vide, son visage plus lisse qu’un miroir. Aucune chaleur ne se dégage des scènes qu’elle partage avec Mark Wahlberg. C’est le cliché complet de la « demoiselle en détresse » ! Même chez Edgar Rice Burrough, le créateur de Tarzan, pourtant pas un as de la psychologie, les personnages et Jane notamment ont plus de fond et dégagent plus de vérité. Le problème avec ce manque d’incarnation, c’est que le spectateur ne croit pas au message et se désintéresse du récit.
Anecdotes :
Le film est une nouvelle adaptation du roman de Pierre Boulle paru en 1963. Il a donné lieu à une saga cinématographique entre 1968 et 1973 (5 films). Il y a également eu une série télévisée en 1974 (1 saison de 14 épisodes, sans succès).
Oliver Stone avait été envisagé comme réalisateur avec Arnold Schwarzenegger comme acteur principal.
Le tournage a commencé alors que le scénario n’était pas achevé. La Fox avait fixé une date de sortie (l’été 2001) avant le début du tournage (qui débuta le 6 décembre 2000 et s’acheva en avril 2001). En 1999, le studio avait abandonné l’idée d’une suite et demanda au scénariste William Broyles Jr de créer quelque chose de nouveau sur une nouvelle planète. Les autres coscénaristes n’ont en réalité procédé qu’à quelques changements (de princesse Ari devient sénatrice).
Avec un bénéfice de 362 millions de dollars, le film fut un succès public mais les critiques décevantes conduisirent à l’annulation d’un projet de suite. Dix ans plus tard, la Fox mettra en chantier un reboot (2011, 2014, 2017).
Charlton Heston a accepté de faire de la figuration en exigeant d’apparaître sous le déguisement d’un singe. Il joue le père de Thade.
Tous les interprètes des singes durent suivre des cours de gestuelle appropriée pour apprendre à se mouvoir comme les grands singes. Les prothèses (conçus par Rick Baker qui avaient déjà confectionné des costumes de singes pour Greystoke et Gorilles dans la brume) devaient être assez souples pour permettre aux acteurs d’exprimer des émotions complexes. Les cours furent dispensés par l’artiste Terry Notary, un ancien du Cirque du Soleil.
Entre 2002 et 2004, une série de romans officiels fut publiée par HarperCollins sous les titres Planet of the Apes : Colony, Force, Resistance et The Fall.
Tim Roth refusa le rôle de Severus Rogue pour participer à la « folie douce » de Burton.
Le site de Derken fut construit à Culver City. Les scènes d’extérieurs se situent à Hawaï et dans l’Utah.
Mark Wahlberg/Leo Davidson : acteur américain, à la longue carrière au cinéma surtout dans les films d’action : Fear (1996), Les Rois du désert (1999), Braquage à l’italienne (2003), Les infiltrés (2006), Shooter, tireur d’élite (2007), Max Payne (2008), Very bad cops (2010), No pain, no gain (2013), Traque à Boston (2016)
Tim Roth/general Thade : acteur britannique, vu dans The Hit (1984), Reservoir Dogs (1992), Pulp Fiction (1994), Rob Roy (1995), Vatel (2000), L’homme sans âge (2007), Grace of Monaco (2014), Les Huit salopards (2015). Pour la télévision, il tourné dans Les contes de la crypte (1991), Lie to me (2009-2011), Twin Peaks (2017).
Helena Bonham Carter/Ari : actrice britannique, arrière-petite-fille d’un Premier ministre du Royaume-Uni, elle devient après La planète des singes, l’épouse de Tim Burton (2001-2014) et jouera dans tous ses films. Au cinéma, sa carrière est très riche : Chambre avec vue (1986) est son premier film. Suivront notamment Hamlet (1990), Frankenstein (1994), Maudite Aphrodite (1996), Fight Club (1999), Le discours d’un roi (2010, BAFTA de la meilleure actrice dans un second rôle), Les Misérables (2012), Alice de l’autre côté du miroir (2016), Ocean’s 8 (2018). Elle est aussi connue pour avoir incarné Bellatrix Lestrange dans la saga Harry Potter (2007, 2009, 2010, 2011). Élevée Commandeur de l’Ordre de l’Empire britannique en 2012.
Michael Clarke Duncan/colonel Attar : acteur américain (1957-2012), il a tourné pour les deux écrans. Au cinéma, on a pu le voir dans Armageddon (1998), La ligne verte (1999), Daredevil (2003), Sin City (2005). A la télévision, il a joué dans Le Rebelle (1995), Les Experts : Manhattan (2005), Mon oncle Charlie (2008-2009), The Finder (2012).
Estella Warren/Daena : mannequin et actrice canadienne, c’est pratiquement son premier rôle. On la verra ensuite dans Driven (2001), Transparency (2010) et à la télévision dans Ghost whisperer (2005), Mental (2009). Elle a reçu le Razzie Awards 2001 pour Driven et La Planète des Singes dans la catégorie « Pire Second Rôle Féminin ».
Paul Giamatti/Limbo : acteur américain, surtout de seconds rôles. On a pu le voir dans Sabrina (1995), Il faut sauver le soldat Ryan (1998), Paycheck (2003), La jeune fille de l’eau (2006), Duplicity (2009), Le monde de Barney (2010, Golden Globe du meilleur acteur dans un film comique ou musical), Very bad trip 2 (2011), Twelve years a slave (2013), San Andreas (2015),
C’est la dernière participation de Lisa Marie (Nova) à un film de Tim Burton.
Camarade Totoff- Prince(sse)
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Camarade Totoff- Prince(sse)
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Re: Saga "Tim Burton"
Big Fish (Big Fish, 2003) **
Résumé
Will Bloom n’a jamais été proche de son père Edward. Mais, lorsqu’il apprend que ce dernier va bientôt mourir, il tente de se rapprocher de cet homme qui, selon lui, s’est caché toute sa vie derrière les histoires extraordinaires qu’il racontait.
Critique
Après le blockbuster qu’était La planète des singes, Tim Burton voulait retrouver un tournage plus modeste. Cette histoire d’incommunicabilité entre un père et son fils ne pouvait que lui parler, puisque ce fut précisément son cas. Il avait perdu le sien en 2000 et avait également changé de compagne et même de ville puisqu’il avait emménagé à Londres. Pour achever le parallèle, à l’instar de Will dans le film, le réalisateur s’apprêtait également à devenir père pour la première fois. On ne peut donc pas douter de la sincérité et de l’engagement du réalisateur dans cette production qui porte bien sa patte. Néanmoins, le résultat n’est pas totalement satisfaisant.
Ainsi, le film, en visant à donner une impression « légèrement exagérée mais pas onirique » pour citer Ewan McGregor laisse une sensation d’entre-deux. L’irréel aurait sans doute été mieux en assumant un fantastique qu’il tient en lisière. La sorcière du premier récit prend place dans une séquence à la fois classique (la demeure rongée par la végétation ; le défi entre gamins) et décalée puisque le héros finit par s’entendre avec la vieille femme ! Mais de « sorcière » point. C’est en fait une histoire intimiste où le fils veut démêler les fils du mystère pour rechercher l’homme qu’était son père.
Le film est construit sur une sorte de flash-back entrecoupés de séquences dans le présent lorsque Will et sa femme Joséphine sont auprès d’Edward et Sarah. Pour Burton, le film est un puzzle. Certes, mais, du coup, sa lisibilité s’en ressent. Les histoires toutes plus abracadabrantesque d’Ed finissent par lasser malgré l’indéniable bonne volonté d’Ewan McGregor qui fut ravi de jouer « un type bien qui aime sa femme et aide les gens ». Certes, mais les bons sentiments ne font pas souvent de bonnes œuvres. Billy Crudup sauve aussi la mise en faisant parfaitement ressortir à la fois la profonde amertume et l’amour qu’il éprouve également pour son père. Tout le monde aime Ed mais lui ne sait pas qui est son père. Pourtant, quand Ed est sur son lit d’hôpital, c’est lui qui va raconter la fin, s’extirpant pour une fois du prosaïsme qu’il incarne. C’est une séquence très émouvante.
La multitude des histoires comporte le défaut inhérent aux films à sketches, l’inégalité. On retrouve cependant de-ci de-là la touche de Tim Burton. Ainsi, c’est dans un cirque qu’Ed croise Sarah qui deviendra sa femme. Le cirque est un univers privilégié pour Burton car il réunit dans un même lieu des personnages « fantastiques » à tous les sens du terme. On retrouve ce lieu dans son Dumbo (2019) et le parallèle va plus loin puisque, dans les deux cas, c’est Danny DeVito qui est le M. Loyal. Ce passage au cirque est aussi une référence au film Freaks, de Tod Browning. La fête foraine se retrouve aussi dans son Miss Peregrine (2016). Autre séquence type, la traversée de la forêt et, là, selon Ewan McGregor, celle-ci est très « Burton-esque » ! Obscurité, brume, arbres tordus et araignées sauteuses !! On reprend des images qu’on aurait pu voir dans Sleepy Hollow mais sur un mode comique qui ne dépareille pas.
La distribution est riche mais l’essentiel du casting tient à trois acteurs. Ewan McGregor qui dégage une sympathie par l’énergie et la bonne humeur qu’il met dans son jeu. Albert Finney tient là un joli rôle pour sa vieillesse. Jamais il n’en fera trop malgré les énormités que paraît débiter Ed. Quand il est qualifié d « d’imposteur », il donne une allure de dignité outragée à son personnage et répond carrément qu’il n’a jamais cessé d’être lui-même dans toute sa vie. Billy Crudup avait un rôle plus ingrat puisque son personnage n’a jamais compris ce père et qu’il en souffre. L’acteur n’enferme cependant pas Will dans cette négativité puisqu’il le joue également aimant avec sa femme et attentionné avec sa mère. Avec justesse, Billy Crudup montre cet homme qui aurait voulu partager quelque chose avec un père qui sera un inconnu presque jusqu’au bout.
Anecdotes :
Sortie US : 9 janvier 2004 Sortie française : 3 mars 2004
Scénario de John August (qui écrira trois autres scenarii pour Burton) d’après Big Fish: A Novel of Mythic Proportions de Daniel Wallace (traduction française, 2004)
Dans le New York Times du 9 novembre 2003, Tim Burton définit ainsi son film: « Big Fish traite de ce qui est réel et de ce qui est imaginaire, de ce qui est vrai et de ce qui ne l’est pas, de ce qui est en partie vrai et de quelle manière, à la fin, tout devient vrai. »
Ewan McGregor a été choisi pour le rôle d’Ed Bloom jeune lorsque les producteurs ont remarqué la similitude frappante entre lui et les photos du jeune Albert Finney, qui joue le rôle d’Ed Bloom âgé.
Même si Edward jeune atterrit en Corée, le ventriloque et sa marionnette parlent le tagalog (langue des Philippines), tandis que les jumelles siamoises et Edward parlent le cantonais (un dialecte chinois). Les soldats qui retirent le ventriloque de la scène parlent le chinois mandarin (langue de la Chine continentale et de Taiwan), tandis que les autres soldats parlent le coréen.
En tant que grande fan de Tim Burton, Marion Cotillard a dormi avec le scénario du film sous son oreiller pendant un mois, jusqu’à ce qu’elle obtienne le rôle.
Le maquillage de la sorcière a pris environ cinq heures à appliquer.
Les scènes d’Auburn devaient à l’origine être tournées sur le campus de l’Université Auburn à Auburn, en Alabama, mais les responsables de l’école ont demandé l’approbation du scénario et la production n’a pas eu le temps d’attendre. Ils ont donc filmé les scènes du Huntingdon College à Montgomery, Alabama à la place.
Bien que Spectre soit une ville fictive, le code postal indiqué sur l’acte de vente de la maison de Jenny est bien réel. 36104 est l’un des codes postaux de Montgomery, Alabama.
Miley Cyrus a un petit rôle en tant que membre du groupe d’amis d’enfance d’Edward.
Même si Helena Bonham Carter a joué un personnage dix ans plus jeune qu’Ewan McGregor, dans la vie réelle, elle a cinq ans de plus que lui.
Quand le jeune Will est dans son bureau UPI à Paris, il reçoit une lettre de sa maison adressée au 2, rue Gabriel dans le 8ème arrondissement. C’est en fait l’adresse de l’ambassade américaine.
La ville de Spectre fut construite sur l’île Jackson, près de Millbreak en Alabama.
Le film rapporta 122 millions de $ et fut un succès public et critique
Ewan McGregor/Ed Bloom jeune : acteur écossais, il est remarqué par Danny Boyle dans Petits meurtres entre amis (1994). Le cinéaste le choisi pour Trainspotting (1996) qui le révèle. Il tournera ensuite dans Star Wars I, II et III (1999, 2002, 2005), Miss Potter (2006), Le rêve de Cassandre (2009), The Ghost Writer (2010), Des saumons dans le désert (2012), Jane got a gun (2015), T2 Trainspotting (2017).
Albert Finney/Ed Bloom âgé : acteur britannique (1936-2019) qui a, entre autres, tourné dans Tom Jones (1963), Voyage à deux (1967), Scrooge (1970, Golden Globe du meilleur acteur dans une comédie), Le crime de l’Orient-Express (1974), Annie (1982), Au-dessous du volcan (1984), Erin Brockovitch, seule contre tous (2000), Ocean’s Twelve (2004), Skyfall (2012).
Billy Crudup/Will Bloom : acteur américain, vu au cinéma dans Sleepers (1996), Mission : Impossible 3 (2006), Watchmen-Les Gardiens (2009), Mange, prie, aime (2010), Jackie (2016).
Jessica Lange/Sandra Bloom âgée : actrice américaine, ancien mannequin, elle fut découverte et lancée par le producteur Dino De Laurentis avec King Kong (1976). Suivront Tootsie (1982, Golden Globe de la meilleure actrice dans un second rôle, Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle), Les moissons de la colère (1984), Les nerfs à vif (1991), Blue Sky (1994, Golden Globe de la meilleure actrice dans un film dramatique, Oscar de la meilleure actrice), Rob Roy (1995), Broken Flowers (2005). Depuis 2011, elle tourne dans la série American Horror Story qui lui apporte le Golden Globe de la meilleure actrice dans une minisérie ou un téléfilm (2013).
Alison Lohman/Sandra Bloom jeune : actrice américaine, vue au cinéma dans Les Associés (2003), La vérité nue (2005), La légende de Beowulf (2007), Ultimate Game (2009), The Duke (2016).
Marion Cotillard/Joséphine : actrice française dont c’est la première apparition dans un film américain qui lui permet de changer de registre après sa participation à la saga Taxi (1998, 2000, 2003). Sa carrière décolle ensuite et compte entre autre Un long dimanche de fiançailles (2004, César de la meilleure actrice dans un second rôle), La Môme (2007, César, Golden Globe, BAFTA et Oscar de la meilleure actrice), Public Enemies (2009), Inception (2010), Les petits mouchoirs (2010), The Dark Knight Rises (2012), De rouille et d’os (2012), Juste la fin du monde (2016), Rock’n Roll (2017).
Steve Buschemi/Norther Winslow : acteur américain, vu au cinéma dans New York Stories (1989), Reservoir Dogs (1992), Fargo (1996), The Big Lebowski (1998), The Island (2005), La mort de Staline (2017). Il tourne aussi pour la télévision : Deux flics à Miami (1986), Homicide (1995), Les Soprano (2004-2006), Urgences (2008), Boardwalk Empire (2010-2014), Miracle Workers (2019)
Helena Bonham Carter (Jenny) et Danny DeVito (Amos Calloway) ont déjà tourné pour Tim Burton.
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Re: Saga "Tim Burton"
Les Noces funèbres (Corpse Bride, 2005)
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Résumé
Après le fiasco de la répétition de son mariage arrangé, Victor va répéter seul en forêt mais, sans le vouloir, il épouse une mystérieuse mariée qui est décédée ! Amené dans le monde des morts, Victor ne trouve pas ce dernier sans attraits.
Critique
Un film fantastique qui montre tout ce que l’animation image-par-image peut avoir de magique. « Un film en prises de vues réelles sur fond bleu ne vous donne pas l’impression d’avoir été là contrairement à ce procédé », affirme Tim Burton et il a ô combien raison ! Comédie musicale tout autant que comédie noire, ce petit bijou manifeste toute la passion du réalisateur pour ces techniques anciennes mais qu’il remet au goût du jour.
Si l’on compare ce film avec Bettlejuice, on notera que Burton a affiné sa conception du monde des morts. A la bureaucratie ennuyante, il préfère un monde coloré, « pittoresque » selon le scénariste John August, « explosif » pour Johnny Depp ; Burton voulait une ambiance jazzy et c’est ce que Danny Elfman lui offre avec ce bel orchestre de squelettes (et l’étui à saxophone est une trouvaille !). Par contraste, le monde des vivants est gris et terne, tendu et coincé. Le scénario s’est inspiré du monde victorien qu’il pousse jusqu’à la caricature grinçante. Pour donner cette double impression, les dessinateurs ont travaillé séparément : un groupe sur un monde, un autre sur le second.
Pour Tim Burton, le problème n’est pas qu’il y ait deux mondes. Ils sont différents mais ont leur légitimité chacun. Le problème est d’être coincé entre les deux. C’est ce qui arrive à Victor et c’est le moteur de l’action. La scène où le jeune homme répète ses serments dans les bois échappe au sinistre par l’humour et l’allant du personnage que nous communique l’excellence de l’animation et la voix de Johnny Depp. On pourrait trouver simple l’idée : un vivant coincé dans le monde des morts voudrait retrouver son monde. Certes, mais c’est Burton, le monde des morts est plus « vivant » justement que celui des non-morts. A un moment, Victor se dit même qu’il pourrait rester et c’est d’autant plus crédible qu’un élément fait le lien avec une situation antérieure. L’accord entre la mariée défunte et son époux vivant se fait en jouant du piano. Or, c’est en jouant du piano que Victor s’était précédemment accordé avec la jeune Victoria qu’il était censé épouser dans le monde d’en-haut. Les deux scènes sont extrêmement poétiques.
Burton ne voulait pas que son film soit trop effrayant aussi ne manque-t-il pas d’humour. La répétition du mariage est un fiasco mais la distraction de Victor gagne notre sympathie et nous compatissons avec lui tout en riant sous cape du désastre. Lorsque Victor croise une araignée (lesquelles sont tailleurs ! Il fallait y penser !), celle-ci lui dit qu’elle n’est pas mariée mais « veuve » ! Le ver qui sort de la mariée à tout propos pour donner son avis participe de ce « pittoresque » mais le clou, c’est bien de voir les morts envahir le monde des vivants dans une ambiance de fête ! Il faut voir et entendre le pasteur tonner contre eux et s’entendre dire de parler plus bas : on est dans une église ! Quand on sait que le pasteur est doublé par Christopher Lee, maudire les morts ne manque pas de sel !
Le projet de Tim Burton mit dix ans à aboutir mais le résultat est plus qu’à la hauteur. Comme il refusait de tout faire par ordinateur, les personnages sont des marionnettes. Près de 200 furent réalisées dont 14 pour Victor et la mariée et 13 pour Victoria car les personnages principaux supportant le poids du film devaient avoir de nombreuses expressions. Des mécanismes miniatures étaient insérés dans les poupées pour qu’elles s’animent et varient leurs expressions. Chacune mesure environ 25 à 30 centimètres. 14 semaines de tournage furent nécessaires et autant pour le montage. Les acteurs doublèrent leurs personnages sans se rencontrer. Ils étaient guidés par le travail déjà fait et les indications de Tim Burton. « L’approche de Tim est celle d’un artiste » pour Johnny Depp. Quant à Christopher Lee, devenu un fidèle de la galaxie Burton, il déclara que « Tim Burton [était] [s]on réalisateur préféré ».
Anecdotes :
Sortie US : 25/09/2005 Sortie française : 19/10/2005
Le budget était de 30 millions$. Le film en rapporta 148.
Scénario : John August, Caroline Thompson et Pamela Pettler
Le film fut coréalisé par Tim Burton et Mike Johnson. Ce dernier fut coréalisateur car Burton tournait en parallèle Charlie et la chocolaterie.
Le film a été tourné aux studios Vinton de Londres.
Tim Burton a dessiné lui-même toutes les scènes, tous les personnages, puis les directeurs artistiques, les plasticiens et les décorateurs ont pris le relais.
Casting vocal original : Johnny Depp (Victor), Helena Bonham Carter (la mariée funèbre), Emily Watson (Victoria), Joanna Lumley (Maudeline Everglot), Albert Finney (Finis Everglot), Richard E. Grant (Lord Barkis), Christopher Lee (le pasteur), Michael Gough (Elder Gutknecht)
L’idée du film vient d’un lecteur-analyste de scénario de Pixar, Joe Ranft, décédé avant la fin du tournage. La scène où Victor Van Dort pose l’anneau sur ce qu’il croit n’être qu’une branche est inspirée de la légende juive de La Mariée morte, issue d’un recueil du XVIe siècle et qui fascina Ranft. Le récit mettait en scène un jeune et candide promis de retour dans son foyer et qui égare son alliance sur le cadavre d’une mariée assassinée…qui ressuscite brusquement ! Ranft pensa aussitôt à Burton. Cette scène se retrouve dans la nouvelle fantastique La Vénus d’Ille de Prosper Mérimée dans laquelle un personnage, M. Alphonse, éveille une statue en mettant un anneau à son doigt.
La technique d’animation image-par-image (stop motion) fut utilisée par Ray Harryhausen qu’admirait Burton. Harryhausen vint sur le plateau de tournage…suspendant tout travail car les animateurs s’inclinaient devant lui. Dans le film, Victor joue sur un piano de marque « Harryhausen ».
Camarade Totoff- Prince(sse)
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Localisation : Vitry sur Seine
Date d'inscription : 26/02/2015
Re: Saga "Tim Burton"
Charlie et la chocolaterie (Charlie and the Chocolate Factory, 2005)
****
****
Résumé
Charlie Bucket, un jeune garçon modeste, remporte un des cinq tickets d’or permettant de visiter la chocolaterie de Willy Wonka, un maître chocolatier mystérieux. Accompagné de son grand-père Joe, il va suivre une visite pas comme les autres qui changera sa vie.
Critique
Fabuleux Tim Burton ! On jurerait que le roman a été écrit pour lui. Certes, le film prend quelques libertés avec son matériau, mais l’essentiel est conservé et, surtout, l’esprit est conservé. Charlie et la chocolaterie est un conte de fées (la référence est explicite dans le film). Avec un Johnny Depp délirant et inquiétant à souhait, c’est un régal.
Le film est construit en triptyque avec une introduction et une conclusion encadrant la partie centrale qui est la visite elle-même. L’introduction, d’environ une demi-heure, sert à poser le décor, à présenter les enfants (une galerie de portraits effroyables !) et surtout Charlie. D’emblée, Freddie Highmore impose sa mine ouverte, ses yeux grands ouverts sur le monde mais tout près à croire « en l’impossible » donc à la magie. Par contraste avec le grotesque des autres gamins, le spectateur ne peut que s’identifier à Charlie et ressentir de l’empathie pour lui. Bien qu’il soit évident qu’il aura un ticket d’or (et le dernier évidemment), il n’est pas possible de ne pas être déçu lorsque la première tablette ne contient pas de ticket. Quant à la conclusion, elle apporte une touche résolument optimiste, jusque là peu courante chez Tim Burton. En fait, on est face à une fable avec une (double) morale à la fin. Moral certes mais pas moraliste car la patte grinçante du réalisateur est partout !
Que Charlie et la chocolaterie soit un conte de fées se voit à de nombreux indices. Ainsi, la chocolaterie, gigantesque, et, par contraste, la maisonnette de Charlie, sont toutes deux en marge de la ville. Le réalisateur reprend partiellement la situation initiale d’Edward aux mains d’argent. Ensuite, il faut trois tentatives à Charlie pour trouver le ticket d’or. C’est le chiffre symbolique récurrent des contes de fées. Enfin, toute la chocolaterie elle-même n’est absolument pas réaliste et n’est d’ailleurs jamais présenté vraiment comme telle. En effet, les mots « fabuleux » ou bien « mystérieux » sont prononcés à son sujet : ce bâtiment n’est pas de ce monde. On pourrait ajouter Willy Wonka lui-même. A son sujet, la chronologie paraît pour le moins floue et les éléments de datation manquent de précision. Détail amusant à ce sujet : si Wonka grandit, son père (incarné par Christopher Lee) ne vieillit pas ! Willy Wonka s’apparente davantage à un magicien qu’à un artisan chocolatier. Sa « folie », son côté puéril ; toute son étrangeté proclame qu’il est d’ailleurs. Selon Antoine de Becque, dans son Tim Burton, « Wonka est un homme enfant mais dépressif (…). C’est un homme de spectacle. Il est répugné par les contacts humains ».
La visite de la chocolaterie est l’élément central du film et le spectateur est partagé entre la féérie, l’humour (parfois noir, comme le chocolat) et l’étrange. Dès la première salle, nous savons que nos repères traditionnels ne s’appliquent plus. Le côté féérique justement est tout de suite rendu menaçant par la musique de Danny Elfman. Du coup, ce que Wonka pouvait avoir de ridicule (à commencer par son accoutrement) devient soudain inquiétant. Les éliminations successives des enfants partagent tout autant car, d’un côté, nous sommes secrètement ravis de voir disparaître ces petits monstres ; de l’autre, comment ne pas s’inquiéter de leur sort et ressentir aussi une certaine peur ? Mais, si on pense que Charlie et la chocolaterie est un conte de fée et non un film d’horreur (il en faudrait peu parfois, comme souvent chez Burton), alors, on se rassure en se rappelant que les contes sont des récits d’initiation. De tous ceux qui entrent dans la chocolaterie, Charlie est le seul à avoir et à garder un regard d’enfant. Les questions qu’il pose sont les seules bienveillantes et elles réveillent les souvenirs de Wonka. Quelque part, l’innocence de Charlie ramène Willy Wonka du monde des rêves où il vivait seul à notre monde, où il doit côtoyer les autres.
Le casting est dominé par la prestation halluciné de Johnny Depp tour à tour grotesque, amusant, inquiétant, stupéfait, rêveur. Maître du chocolat, Willy Wonka est aussi un solitaire misanthrope qui ne comprend pas les autres et encore moins les enfants. Il ferait un peu penser à Hergé sur ce coup-là. Débutant, Freddie Highmore s’impose aisément et joue un Charlie qui est un enfant sage et aimant mais nullement guimauve. Il y a du caractère chez le personnage et c’est très bien rendu. On aura un dernier mot pour Deep Roy qui incarne les Oompa-Loompa ! Sans beaucoup de textes, l’acteur est de tous les plans dans la chocolaterie et le nombre de ses déguisements dépasse l’entendement ! Chaque scène où apparaissent les Oompa-Loompa est un concentré délirant, bourré de clins d’œil (par exemple, à une scène culte de 2001, l’Odyssée de l’espace !), de chansons frapadingues (imaginées par Roald Dahl) qui scandent les éliminations des enfants donnant un décalage savoureux et cocasse à des scènes qui auraient pu être très dures. Un délice à savourer.
Anecdotes :
Sortie US : 15 juillet 2005 Sortie française : 16 août 2005
Scénario : John August, d’après le roman de Roald Dahl
Deep Roy fut dupliqué par clonage infographique pour créer les Oompa Loompa.
Une précédente adaptation avait été faite en 1970 par Mel Stuart avec Gene Wilder dans le rôle de Willy Wonka.
Dans une interview, Tim Burton déclara : « Beaucoup d’enfants oublient ce que c’était d’être un enfant. Pas Roald. » (Daily Telegraph, 23/07/2005)
Tim Burton voyait dans le périple de Wonka avec Charlie la cristallisation de sa rédemption.
Nicolas Cage, Robin Williams, Dustin Hoffman, Jim Carrey, Michael Keaton voulaient le rôle de Willy Wonka mais Burton ne voyait que Johnny Depp.
Les ayants-droits de Roald Dahl avaient le dernier mot sur le choix du réalisateur et de l’interprète. L’auteur avait été atterré par les libertés prises par le film de Mel Stuart et, depuis, en avait jalousement gardé les droits. En 2001, Tim Burton fut considéré comme le choix idéal. Il engagea John August pour le script et devait s’en tenir scrupuleusement à l’ouvrage ; ce qui rassura les successeurs.
Le site de la chocolaterie aura été le plus grand plateau de tournage jamais construit à Pinewood.
La rivière de chocolat est bien remplie de chocolat.
Le directeur artistique, Alex McDowell, devait rendre les décors « le plus succulent possible visuellement » (notes de production Warner)
Ce sont 40 véritables écureuils qui furent entraînés à ramasser, secouer les noix et martyriser Veruca Salt. Pour les gros plans, ce sont des images de synthèse.
Le film fut tourné à l’été 2004 et coûta 150 millions. Il en rapporta 474.
Freddie Highmore/Charlie Bucket : acteur anglais, de son nom complet Alfred Thomas Highmore, il est notamment connu pour avoir joué dans la saga Arthur et les Minimoys (2006, 2009, 2010). A la télévision, il a joué dans Bates Motel (2013-2017) et The Good Doctor (depuis 2018).
David Kelly/Grand Papa Joe : acteur irlandais (1929-2012), qui a beaucoup joué au théâtre. Pour le cinéma, il a participé aux films Ulysse (1967), La Taupe (1983), Pirates (1986), Vieilles canailles (1998).
Noah Taylor/Nathan Buckett : acteur britannique, vu au cinéma dans Lara Croft (2001, 2003), Le Nouveau Monde (2005), Des hommes sans loi (2012), Skyscraper (2018). Il tourne aussi pour la télévision : Inspecteur Morse (1991), The Borgia (2011), Game of Thrones (2013-2014), Peaky Blinders (2015), Preacher (2017)
AnnaSophia Robb/Violet Beauregard : actrice américaine dont c’est le 2ème rôle au cinéma, elle a également joué dans Le secret de Terabithia (2007), Jumper (2008), Blackwood, le pensionnat (2018). Elle tourne également pour la télévision : The Carrie Diaries (2013-2014).
Missy Pyle/Scarlett Beauregard : actrice et chanteuse américaine née Andrea Kay Pyle, on l’a vu dans Big Fish (2003), Alex Rider : Stormbreaker (2006), Percy Jackson : la mer des monstres (2013), Jumanji : bienvenu dans la jungle (2017). Pour la télévision, elle a joué dans Friends (1999), Ally McBeal (2001), Boston Justice (2006, 2008), Rizzoli & Isles (2010), New York Unité spéciale (2015), Major Crimes (2016).
Julia Winter/Veruca Salt : actrice britannique, vue au cinéma dans Un mariage trop parfait (2001) et L’incroyable histoire de Winter le dauphin 2 (2014).
James Fox/Henry Salt : acteur anglais, né William Fox, il a tourné dans Ces merveilleux fous volants dans leurs drôles de machines (1965), Performance (1970), Greystoke, la légende de Tarzan (1984), Jeux de guerre (1992), La coupe d’or (2000), Sherlock Holmes (2009). A la télévision, il a joué dans Espionage (1963), Nancy Astor (1982), Les voyages de Gulliver (1996), Les aventuriers du monde perdu (2001), Inspecteur Lewis (2009), Inspecteur Barnaby (2010)
Jordan Fry/Mike Teavee : acteur américain vu dans Disparue (2012).
Adam Godley/Norman Teavee : acteur britannique vu au cinéma dans Love Actually (2003), X-Files : Régénération (2008), Battleship (2012), Le Bon Gros Géant (2016) ; vu à la télévision dans Terminator : les Chroniques de Sarah Connors (2008), Lie to Me (2010), Suits : avocats sur mesure (2013), The Blacklist (2016)
Philip Wiegratz/Augustus Gloop : acteur allemand, vu dans Charlotte et sa bande (2007, 2009), Rouge rubis (2013) et diverses productions allemandes.
Deep Roy/ Les Oompa Loompa : acteur kényan d’origine indienne atteint de nanisme. Il tient là son rôle le plus connu mais il a également joué dans L’histoire sans fin (1984), Hurlement VI (1991), Le Grinch (2000), Big Fish (2003), Star Trek (2009, 2013, 2016). Il a tourné aussi pour la télévision : The New Avengers (1976), Docteur Who (1977), X-Files (2001).
Helena Bonham Carter incarne la mère de Charlie et Christopher Lee le père de Willy Wonka.
Charlie Bucket, un jeune garçon modeste, remporte un des cinq tickets d’or permettant de visiter la chocolaterie de Willy Wonka, un maître chocolatier mystérieux. Accompagné de son grand-père Joe, il va suivre une visite pas comme les autres qui changera sa vie.
Critique
Fabuleux Tim Burton ! On jurerait que le roman a été écrit pour lui. Certes, le film prend quelques libertés avec son matériau, mais l’essentiel est conservé et, surtout, l’esprit est conservé. Charlie et la chocolaterie est un conte de fées (la référence est explicite dans le film). Avec un Johnny Depp délirant et inquiétant à souhait, c’est un régal.
Le film est construit en triptyque avec une introduction et une conclusion encadrant la partie centrale qui est la visite elle-même. L’introduction, d’environ une demi-heure, sert à poser le décor, à présenter les enfants (une galerie de portraits effroyables !) et surtout Charlie. D’emblée, Freddie Highmore impose sa mine ouverte, ses yeux grands ouverts sur le monde mais tout près à croire « en l’impossible » donc à la magie. Par contraste avec le grotesque des autres gamins, le spectateur ne peut que s’identifier à Charlie et ressentir de l’empathie pour lui. Bien qu’il soit évident qu’il aura un ticket d’or (et le dernier évidemment), il n’est pas possible de ne pas être déçu lorsque la première tablette ne contient pas de ticket. Quant à la conclusion, elle apporte une touche résolument optimiste, jusque là peu courante chez Tim Burton. En fait, on est face à une fable avec une (double) morale à la fin. Moral certes mais pas moraliste car la patte grinçante du réalisateur est partout !
Que Charlie et la chocolaterie soit un conte de fées se voit à de nombreux indices. Ainsi, la chocolaterie, gigantesque, et, par contraste, la maisonnette de Charlie, sont toutes deux en marge de la ville. Le réalisateur reprend partiellement la situation initiale d’Edward aux mains d’argent. Ensuite, il faut trois tentatives à Charlie pour trouver le ticket d’or. C’est le chiffre symbolique récurrent des contes de fées. Enfin, toute la chocolaterie elle-même n’est absolument pas réaliste et n’est d’ailleurs jamais présenté vraiment comme telle. En effet, les mots « fabuleux » ou bien « mystérieux » sont prononcés à son sujet : ce bâtiment n’est pas de ce monde. On pourrait ajouter Willy Wonka lui-même. A son sujet, la chronologie paraît pour le moins floue et les éléments de datation manquent de précision. Détail amusant à ce sujet : si Wonka grandit, son père (incarné par Christopher Lee) ne vieillit pas ! Willy Wonka s’apparente davantage à un magicien qu’à un artisan chocolatier. Sa « folie », son côté puéril ; toute son étrangeté proclame qu’il est d’ailleurs. Selon Antoine de Becque, dans son Tim Burton, « Wonka est un homme enfant mais dépressif (…). C’est un homme de spectacle. Il est répugné par les contacts humains ».
La visite de la chocolaterie est l’élément central du film et le spectateur est partagé entre la féérie, l’humour (parfois noir, comme le chocolat) et l’étrange. Dès la première salle, nous savons que nos repères traditionnels ne s’appliquent plus. Le côté féérique justement est tout de suite rendu menaçant par la musique de Danny Elfman. Du coup, ce que Wonka pouvait avoir de ridicule (à commencer par son accoutrement) devient soudain inquiétant. Les éliminations successives des enfants partagent tout autant car, d’un côté, nous sommes secrètement ravis de voir disparaître ces petits monstres ; de l’autre, comment ne pas s’inquiéter de leur sort et ressentir aussi une certaine peur ? Mais, si on pense que Charlie et la chocolaterie est un conte de fée et non un film d’horreur (il en faudrait peu parfois, comme souvent chez Burton), alors, on se rassure en se rappelant que les contes sont des récits d’initiation. De tous ceux qui entrent dans la chocolaterie, Charlie est le seul à avoir et à garder un regard d’enfant. Les questions qu’il pose sont les seules bienveillantes et elles réveillent les souvenirs de Wonka. Quelque part, l’innocence de Charlie ramène Willy Wonka du monde des rêves où il vivait seul à notre monde, où il doit côtoyer les autres.
Le casting est dominé par la prestation halluciné de Johnny Depp tour à tour grotesque, amusant, inquiétant, stupéfait, rêveur. Maître du chocolat, Willy Wonka est aussi un solitaire misanthrope qui ne comprend pas les autres et encore moins les enfants. Il ferait un peu penser à Hergé sur ce coup-là. Débutant, Freddie Highmore s’impose aisément et joue un Charlie qui est un enfant sage et aimant mais nullement guimauve. Il y a du caractère chez le personnage et c’est très bien rendu. On aura un dernier mot pour Deep Roy qui incarne les Oompa-Loompa ! Sans beaucoup de textes, l’acteur est de tous les plans dans la chocolaterie et le nombre de ses déguisements dépasse l’entendement ! Chaque scène où apparaissent les Oompa-Loompa est un concentré délirant, bourré de clins d’œil (par exemple, à une scène culte de 2001, l’Odyssée de l’espace !), de chansons frapadingues (imaginées par Roald Dahl) qui scandent les éliminations des enfants donnant un décalage savoureux et cocasse à des scènes qui auraient pu être très dures. Un délice à savourer.
Anecdotes :
Sortie US : 15 juillet 2005 Sortie française : 16 août 2005
Scénario : John August, d’après le roman de Roald Dahl
Deep Roy fut dupliqué par clonage infographique pour créer les Oompa Loompa.
Une précédente adaptation avait été faite en 1970 par Mel Stuart avec Gene Wilder dans le rôle de Willy Wonka.
Dans une interview, Tim Burton déclara : « Beaucoup d’enfants oublient ce que c’était d’être un enfant. Pas Roald. » (Daily Telegraph, 23/07/2005)
Tim Burton voyait dans le périple de Wonka avec Charlie la cristallisation de sa rédemption.
Nicolas Cage, Robin Williams, Dustin Hoffman, Jim Carrey, Michael Keaton voulaient le rôle de Willy Wonka mais Burton ne voyait que Johnny Depp.
Les ayants-droits de Roald Dahl avaient le dernier mot sur le choix du réalisateur et de l’interprète. L’auteur avait été atterré par les libertés prises par le film de Mel Stuart et, depuis, en avait jalousement gardé les droits. En 2001, Tim Burton fut considéré comme le choix idéal. Il engagea John August pour le script et devait s’en tenir scrupuleusement à l’ouvrage ; ce qui rassura les successeurs.
Le site de la chocolaterie aura été le plus grand plateau de tournage jamais construit à Pinewood.
La rivière de chocolat est bien remplie de chocolat.
Le directeur artistique, Alex McDowell, devait rendre les décors « le plus succulent possible visuellement » (notes de production Warner)
Ce sont 40 véritables écureuils qui furent entraînés à ramasser, secouer les noix et martyriser Veruca Salt. Pour les gros plans, ce sont des images de synthèse.
Le film fut tourné à l’été 2004 et coûta 150 millions. Il en rapporta 474.
Freddie Highmore/Charlie Bucket : acteur anglais, de son nom complet Alfred Thomas Highmore, il est notamment connu pour avoir joué dans la saga Arthur et les Minimoys (2006, 2009, 2010). A la télévision, il a joué dans Bates Motel (2013-2017) et The Good Doctor (depuis 2018).
David Kelly/Grand Papa Joe : acteur irlandais (1929-2012), qui a beaucoup joué au théâtre. Pour le cinéma, il a participé aux films Ulysse (1967), La Taupe (1983), Pirates (1986), Vieilles canailles (1998).
Noah Taylor/Nathan Buckett : acteur britannique, vu au cinéma dans Lara Croft (2001, 2003), Le Nouveau Monde (2005), Des hommes sans loi (2012), Skyscraper (2018). Il tourne aussi pour la télévision : Inspecteur Morse (1991), The Borgia (2011), Game of Thrones (2013-2014), Peaky Blinders (2015), Preacher (2017)
AnnaSophia Robb/Violet Beauregard : actrice américaine dont c’est le 2ème rôle au cinéma, elle a également joué dans Le secret de Terabithia (2007), Jumper (2008), Blackwood, le pensionnat (2018). Elle tourne également pour la télévision : The Carrie Diaries (2013-2014).
Missy Pyle/Scarlett Beauregard : actrice et chanteuse américaine née Andrea Kay Pyle, on l’a vu dans Big Fish (2003), Alex Rider : Stormbreaker (2006), Percy Jackson : la mer des monstres (2013), Jumanji : bienvenu dans la jungle (2017). Pour la télévision, elle a joué dans Friends (1999), Ally McBeal (2001), Boston Justice (2006, 2008), Rizzoli & Isles (2010), New York Unité spéciale (2015), Major Crimes (2016).
Julia Winter/Veruca Salt : actrice britannique, vue au cinéma dans Un mariage trop parfait (2001) et L’incroyable histoire de Winter le dauphin 2 (2014).
James Fox/Henry Salt : acteur anglais, né William Fox, il a tourné dans Ces merveilleux fous volants dans leurs drôles de machines (1965), Performance (1970), Greystoke, la légende de Tarzan (1984), Jeux de guerre (1992), La coupe d’or (2000), Sherlock Holmes (2009). A la télévision, il a joué dans Espionage (1963), Nancy Astor (1982), Les voyages de Gulliver (1996), Les aventuriers du monde perdu (2001), Inspecteur Lewis (2009), Inspecteur Barnaby (2010)
Jordan Fry/Mike Teavee : acteur américain vu dans Disparue (2012).
Adam Godley/Norman Teavee : acteur britannique vu au cinéma dans Love Actually (2003), X-Files : Régénération (2008), Battleship (2012), Le Bon Gros Géant (2016) ; vu à la télévision dans Terminator : les Chroniques de Sarah Connors (2008), Lie to Me (2010), Suits : avocats sur mesure (2013), The Blacklist (2016)
Philip Wiegratz/Augustus Gloop : acteur allemand, vu dans Charlotte et sa bande (2007, 2009), Rouge rubis (2013) et diverses productions allemandes.
Deep Roy/ Les Oompa Loompa : acteur kényan d’origine indienne atteint de nanisme. Il tient là son rôle le plus connu mais il a également joué dans L’histoire sans fin (1984), Hurlement VI (1991), Le Grinch (2000), Big Fish (2003), Star Trek (2009, 2013, 2016). Il a tourné aussi pour la télévision : The New Avengers (1976), Docteur Who (1977), X-Files (2001).
Helena Bonham Carter incarne la mère de Charlie et Christopher Lee le père de Willy Wonka.
Camarade Totoff- Prince(sse)
- Age : 44
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Re: Saga "Tim Burton"
Sweeney Todd : Le Diabolique Barbier de Fleet Street (Sweeney Todd : The Demon Barber of Fleet Street, 2007)
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Résumé
Obsédé par la vengeance, le barbier Sweeney Todd obtiendra cette dernière à coups de rasoir. Il reçoit l’aide d’une vendeuse de tourtes. A eux deux, ils vont ensanglanter Londres.
Critique
Conte d’une noirceur épouvantable telle qu’on n’en avait encore jamais vu chez Burton, ce film, à la base adaptation de l’opéra gothique de Stephen Sondheim, devient une comédie musicale d’horreur et un thriller. C’est quelque part la rencontre du comte de Monte-Cristo avec la Hammer. Impossible de ne pas penser à la firme britannique quand on voit le traitement réservé au sang. A la façon de Terence Fisher, Tim Burton le veut rougeoyant et goûteux. D’emblée, le ton a été donné : de l’orgue en ouverture, du sang dès le générique, mais un rythme très enlevé.
La rencontre de Todd et de Mrs Lovett, la vendeuse de tourtes, donne le ton du film. C’est atroce, c’est sinistre mais c’est aussi très drôle parce que décalé. Une ironie féroce va ainsi parcourir tout le film ; le spectateur va s’amuser avec des scènes qui feraient « normalement » vomir ! Leur idée criminelle commune donne lieu à une des scènes les plus comiques du film. C’est de l’humour vraiment très noir. Burton voulait de « l’interdit aux moins de 13 ans » ; c’est gagné ! Même les scènes de meurtres sont traitées à la chaîne (parce qu’elles ne sont qu’un détail) sur un mode mêlant gore et amusement. Leur enchaînement finit par créer un comique de répétition. C’est épouvantable et on en redemande !
Pourtant, cette même scène initiale entre les deux protagonistes porte en germe leur drame commun. Leurs chants sont conjoints mais non communs. Ils sont côte à côte et non ensembles. Elle ne cesse de l’inciter à la patience et s’échine à faire partie de sa vie. Lorsque madame rêve, monsieur est visiblement ailleurs. Cette saynète, très colorée, détonne dans une photographie faite de nuances de gris et de noir et blanc. Clairement, le réalisateur nous dit que ce rêve n’est ni commun ni même réaliste. La danse finale des assassins renvoie à leur danse initiale dans une symétrie très noire.
Pour réussir ce prodige d’équilibre, il fallait des acteurs de haut vol tout comme des acteurs capables de faire confiance à Tim Burton pour réussir. D’autant qu’à la base, c’est Sam Mendès qui devait adapter l’œuvre de Sondheim mais il passa l’éponge après quatre ans de travail. Burton avait découvert l’opéra en 1979 à Drury Lane, à Londres, et avait été fasciné. Il voulait ses acteurs fétiches Johnny Depp et Helena Bonham Carter, parce que, n’étant pas des acteurs d’opéra, ils ne seraient pas comparés à Broadway. Stephen Sondheim avait le dernier mot ; il approuva et on ne peut que le remercier tellement ce couple, qui se connaît maintenant très bien (c’est leur 4ème film ensemble), est en symbiose tout en sachant marquer les limites de l’alliance de Todd et Lovett. Pour Depp, Todd est déjà mort ; c’est un être triste que seule son obsession maintient en vie. Il sait donner corps à la profonde amertume de Todd ou à sa frustration lorsque son plan échoue. Helena Bonham Carter ne cache pas le profond déséquilibre de Mrs Lovett que son amour pour Todd achève de faire dérailler psychologiquement.
A leurs côtés, c’est tout aussi une réussite. Sacha Baron Cohen n’a qu’un petit rôle mais, alors qu’on le prendrait pour un bouffon charger d’apporter un contrepoint comique, il se révèle violent et abject. Timothy Spall, dans le rôle du bailli, rappelle un peu sa prestation dans Harry Potter ; celle de l’être grossier, immonde, vil et veule. Le genre dont on souhaite la disparition pour que le monde soit un peu plus vivable. Et que dire d’Alan Rickman ? Chacune de ses scènes porte la marque du Mal ; de l’être déchu moralement mais que la société porte haut de part ses fonctions. L’entendre chanter, de concert avec Depp, les joies de l’amour et des jolies femmes, est proprement surréaliste ! Deux aphorismes contradictoires résonnent dans le film : tous les hommes méritent de mourir (!) et « La vie est faite pour les vivants ». Affirmation contestable vu que l’on est chez Burton !
Anecdotes :
Tim Burton simplifia l’œuvre de Stephen Sondheim : des chansons furent tronquées, le chœur grec supprimé ainsi que le prologue.
Johnny Depp s’enferma avec un ami producteur de musique et fit écouter la cassette au producteur Richard D. Zanuck.
Tim Burton voulait du gore : « Comment voulez-vous rester politiquement correct quand il est question d’un type qui égorge ses victimes pour farcir de leurs chairs des tourtes à la viande ? » (Time Out, janvier 2008)
Le budget était de 55 millions de $. Les recettes s’élevèrent à 152 millions.
Quand la version originale se déroule en 1846, le film est indéfinissable chronologiquement. Burton a refusé les écrans verts pour des décors inspirés des films d’horreur des années 30.
Johnny Depp remporta le Golden Globe du meilleur acteur dans un film musical ou une comédie. Le film obtint l’Oscar des meilleurs décors.
Alan Rickman/juge Turpin : acteur, réalisateur et scénariste britannique (1946-2016), il débuta au théâtre et joua avec la Royal Shakespeare Company. Il ne joue au cinéma qu’à plus de quarante ans dans Piège de cristal (1988). Le rôle le révèle et il ne cessera plus de tourner : Robin des Bois, prince des voleurs (1991, BAFTA du meilleur acteur dans un second rôle), Michael Collins (1996), Love Actually (2003), Gambit : arnaque à l’anglaise (2013), Le Majordome (2013). Il participa également à la saga Harry Potter (2001, 2002, 2004, 2005, 2007, 2009, 2010, 2011). Il réalisa deux films : L’invitée de l’hiver (1997) et Les Jardins du Roi (2014).
Timothy Spall/le bailli Bamford : acteur anglais, vu au cinéma dans Chasseur blanc, cœur noir (1990), Hamlet (1996), Vatel (2000), Les désastreuses aventures des orphelins Baudelaire (2004), Le discours d’un roi (2011), Duo d’escrocs (2013), Mr Turner (2014), Le procès du siècle (2016). Il participa à la saga Harry Potter (2004, 2005, 2007, 2009, 2010, 2011).
Sacha Baron Cohen/Pirelli : acteur et humoriste britannique, il débute à la télévision en 1995. Il a notamment joué au cinéma dans Borat (2006), Brüno (2009), The Dictator (2012), Les Misérables (2013), Alice de l’autre côté du miroir (2016).
Jaimie Campbell Bower/Anthony : acteur britannique dont c’est le premier rôle. Il a ensuite tourné dans Twilight (2009, 2011, 2012), Harry Potter et les reliques de la mort 1ère partie (2010), Anonymous (2011), The Mortal Instruments- La cité des ténèbres (2013), Les animaux fantastiques : les crimes de Grindelwald (2018).
Jayne Wisemer/Johanna : actrice et chanteuse britannique, révélée grâce à ce film, elle fait ensuite largement carrière à la télévision : Casualty (2010), 6Degrees (2012-2015).
Obsédé par la vengeance, le barbier Sweeney Todd obtiendra cette dernière à coups de rasoir. Il reçoit l’aide d’une vendeuse de tourtes. A eux deux, ils vont ensanglanter Londres.
Critique
Conte d’une noirceur épouvantable telle qu’on n’en avait encore jamais vu chez Burton, ce film, à la base adaptation de l’opéra gothique de Stephen Sondheim, devient une comédie musicale d’horreur et un thriller. C’est quelque part la rencontre du comte de Monte-Cristo avec la Hammer. Impossible de ne pas penser à la firme britannique quand on voit le traitement réservé au sang. A la façon de Terence Fisher, Tim Burton le veut rougeoyant et goûteux. D’emblée, le ton a été donné : de l’orgue en ouverture, du sang dès le générique, mais un rythme très enlevé.
La rencontre de Todd et de Mrs Lovett, la vendeuse de tourtes, donne le ton du film. C’est atroce, c’est sinistre mais c’est aussi très drôle parce que décalé. Une ironie féroce va ainsi parcourir tout le film ; le spectateur va s’amuser avec des scènes qui feraient « normalement » vomir ! Leur idée criminelle commune donne lieu à une des scènes les plus comiques du film. C’est de l’humour vraiment très noir. Burton voulait de « l’interdit aux moins de 13 ans » ; c’est gagné ! Même les scènes de meurtres sont traitées à la chaîne (parce qu’elles ne sont qu’un détail) sur un mode mêlant gore et amusement. Leur enchaînement finit par créer un comique de répétition. C’est épouvantable et on en redemande !
Pourtant, cette même scène initiale entre les deux protagonistes porte en germe leur drame commun. Leurs chants sont conjoints mais non communs. Ils sont côte à côte et non ensembles. Elle ne cesse de l’inciter à la patience et s’échine à faire partie de sa vie. Lorsque madame rêve, monsieur est visiblement ailleurs. Cette saynète, très colorée, détonne dans une photographie faite de nuances de gris et de noir et blanc. Clairement, le réalisateur nous dit que ce rêve n’est ni commun ni même réaliste. La danse finale des assassins renvoie à leur danse initiale dans une symétrie très noire.
Pour réussir ce prodige d’équilibre, il fallait des acteurs de haut vol tout comme des acteurs capables de faire confiance à Tim Burton pour réussir. D’autant qu’à la base, c’est Sam Mendès qui devait adapter l’œuvre de Sondheim mais il passa l’éponge après quatre ans de travail. Burton avait découvert l’opéra en 1979 à Drury Lane, à Londres, et avait été fasciné. Il voulait ses acteurs fétiches Johnny Depp et Helena Bonham Carter, parce que, n’étant pas des acteurs d’opéra, ils ne seraient pas comparés à Broadway. Stephen Sondheim avait le dernier mot ; il approuva et on ne peut que le remercier tellement ce couple, qui se connaît maintenant très bien (c’est leur 4ème film ensemble), est en symbiose tout en sachant marquer les limites de l’alliance de Todd et Lovett. Pour Depp, Todd est déjà mort ; c’est un être triste que seule son obsession maintient en vie. Il sait donner corps à la profonde amertume de Todd ou à sa frustration lorsque son plan échoue. Helena Bonham Carter ne cache pas le profond déséquilibre de Mrs Lovett que son amour pour Todd achève de faire dérailler psychologiquement.
A leurs côtés, c’est tout aussi une réussite. Sacha Baron Cohen n’a qu’un petit rôle mais, alors qu’on le prendrait pour un bouffon charger d’apporter un contrepoint comique, il se révèle violent et abject. Timothy Spall, dans le rôle du bailli, rappelle un peu sa prestation dans Harry Potter ; celle de l’être grossier, immonde, vil et veule. Le genre dont on souhaite la disparition pour que le monde soit un peu plus vivable. Et que dire d’Alan Rickman ? Chacune de ses scènes porte la marque du Mal ; de l’être déchu moralement mais que la société porte haut de part ses fonctions. L’entendre chanter, de concert avec Depp, les joies de l’amour et des jolies femmes, est proprement surréaliste ! Deux aphorismes contradictoires résonnent dans le film : tous les hommes méritent de mourir (!) et « La vie est faite pour les vivants ». Affirmation contestable vu que l’on est chez Burton !
Anecdotes :
Tim Burton simplifia l’œuvre de Stephen Sondheim : des chansons furent tronquées, le chœur grec supprimé ainsi que le prologue.
Johnny Depp s’enferma avec un ami producteur de musique et fit écouter la cassette au producteur Richard D. Zanuck.
Tim Burton voulait du gore : « Comment voulez-vous rester politiquement correct quand il est question d’un type qui égorge ses victimes pour farcir de leurs chairs des tourtes à la viande ? » (Time Out, janvier 2008)
Le budget était de 55 millions de $. Les recettes s’élevèrent à 152 millions.
Quand la version originale se déroule en 1846, le film est indéfinissable chronologiquement. Burton a refusé les écrans verts pour des décors inspirés des films d’horreur des années 30.
Johnny Depp remporta le Golden Globe du meilleur acteur dans un film musical ou une comédie. Le film obtint l’Oscar des meilleurs décors.
Alan Rickman/juge Turpin : acteur, réalisateur et scénariste britannique (1946-2016), il débuta au théâtre et joua avec la Royal Shakespeare Company. Il ne joue au cinéma qu’à plus de quarante ans dans Piège de cristal (1988). Le rôle le révèle et il ne cessera plus de tourner : Robin des Bois, prince des voleurs (1991, BAFTA du meilleur acteur dans un second rôle), Michael Collins (1996), Love Actually (2003), Gambit : arnaque à l’anglaise (2013), Le Majordome (2013). Il participa également à la saga Harry Potter (2001, 2002, 2004, 2005, 2007, 2009, 2010, 2011). Il réalisa deux films : L’invitée de l’hiver (1997) et Les Jardins du Roi (2014).
Timothy Spall/le bailli Bamford : acteur anglais, vu au cinéma dans Chasseur blanc, cœur noir (1990), Hamlet (1996), Vatel (2000), Les désastreuses aventures des orphelins Baudelaire (2004), Le discours d’un roi (2011), Duo d’escrocs (2013), Mr Turner (2014), Le procès du siècle (2016). Il participa à la saga Harry Potter (2004, 2005, 2007, 2009, 2010, 2011).
Sacha Baron Cohen/Pirelli : acteur et humoriste britannique, il débute à la télévision en 1995. Il a notamment joué au cinéma dans Borat (2006), Brüno (2009), The Dictator (2012), Les Misérables (2013), Alice de l’autre côté du miroir (2016).
Jaimie Campbell Bower/Anthony : acteur britannique dont c’est le premier rôle. Il a ensuite tourné dans Twilight (2009, 2011, 2012), Harry Potter et les reliques de la mort 1ère partie (2010), Anonymous (2011), The Mortal Instruments- La cité des ténèbres (2013), Les animaux fantastiques : les crimes de Grindelwald (2018).
Jayne Wisemer/Johanna : actrice et chanteuse britannique, révélée grâce à ce film, elle fait ensuite largement carrière à la télévision : Casualty (2010), 6Degrees (2012-2015).
Dernière édition par Camarade Totoff le Mar 7 Jan 2020 - 14:47, édité 1 fois
Camarade Totoff- Prince(sse)
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Localisation : Vitry sur Seine
Date d'inscription : 26/02/2015
Re: Saga "Tim Burton"
Alice au Pays des Merveilles (Alice in Wonderland, 2010)
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Résumé
Dans l’Angleterre victorienne, Alice est insatisfaite de sa vie et de celle qu’on lui propose. Elle fuit et replonge dans un lieu où on l’attendait mais qu’elle a complètement oublié, le Pays des Merveilles. Mais c’est un lieu dévasté et la jeune fille va devoir surmonter bien des épreuves.
Critique
L’adaptation que réalise Tim Burton du livre de Lewis Carroll est littéralement une réappropriation. Le réalisateur s’empare des lieux, des personnages et en restitue une œuvre personnelle, grandiose, sombre et poétique.
L’ouverture prend dix minutes. Il faut poser les bases, présenter Alice, une jeune fille en âge de se marier mais qui est fort peu conventionnelle, à la fois distraite et rêveuse mais aussi dotée d’une certaine force de caractère. Pressée de dire « oui » à une demande en mariage, elle élude la question et n’y répondra qu’à la toute fin, même si le suspense n’est pas grand. D’emblée, Mia Wasikowska s’empare du rôle et s’impose comme une évidence ; son jeu donne d’Alice une image douce, jolie mais pas du tout décorative comme ce que la société victorienne attendait d’une jeune fille de bonne famille. Irrévérence plutôt que rébellion ; elle veut qu’on la laisse vivre. La fuite d’Alice est celle d’un jeune qui n’est pas encore devenu adulte. C’est tout autant un film d’apprentissage qu’un film fantastique. Le merveilleux a un rôle ; il n’est pas purement décoratif chez Burton.
La vision du Pays des Merveilles est en rupture complète avec ce que l’on pourrait pu attendre : c’est un lieu dévasté, abandonné dans lequel Alice entre après les épreuves bien connues mais les interrogations chuchotées sont bien plus intéressantes. En effet, tout au long du film, la question de l’identité d’Alice va être posée et s’imposer à la jeune fille. L’obstination de celle-ci à considérer le Pays des Merveilles comme un rêve peut se lire comme un refus d’accepter la réalité. Dans ce cas-là, comment savoir qui l’on est ? La formule de la chenille Absolem – « Elle est loin d’être Alice » - est assez claire malgré son énoncé sibyllin. Le Pays des Merveilles – des décors numériques soignés dans lesquels domine la couleur grise – n’est pas un endroit paisible pour Alice. C’est un lieu d’épreuves mais, au-delà des péripéties menées tambour battant – aucune longueur, aucune perte de temps – l’enjeu a été posé d’emblée. Tous attendent le retour de la « véritable Alice » pour le « jour frabieux » - le film regorge de ces mots étranges forgés par Lewis Carroll qui adorait les inventer – le jour où le champion de la Reine Blanche (merveilleuse Anne Hathaway, à la fois éthérée et pleine de résolution, tout autant que d’empathie) affrontera le Jabberwocky, un dragon aux ordres de la Reine Rouge, sœur de la précédente à qui elle a dérobé le trône. Tout est écrit mais, une fois encore, Alice refuse de se plier à ce qu’on attend d’elle : « Le chemin, c’est moi qui le trace » assène-t-elle avec détermination. Le jour venu, le Chapelier fou lance la révolte. Alice devra faire un choix. Acceptant le Pays des Merveilles, elle accepte sa part de rêve et affronte le monstre. Le décor du combat est un jeu d’échec géant et les couleurs sont le blanc et l’orange avec le gris dominant. Tim Burton réalise une œuvre au noir d’où sortira la lumière. Alice change la grisaille en couleur ; elle est un alchimiste à sa façon. A l’issue du combat, Alice est plus sûre d’elle-même.
Ce qui fait la force de l’univers créé par Tim Burton, c’est sa consistance car le réalisateur a su donner vie au Pays des Merveilles. Son coup de génie de ne pas adapter purement l’histoire mais de se situer dans un après qui place le spectateur dans la même position qu’Alice : il connaît le Pays des Merveilles mais l’a oublié et doit le redécouvrir. A la lecture métaphorique s’ajoute donc une lecture psychanalytique. Alice doit devenir adulte et le spectateur doit redevenir un enfant. Pour réussir ce tour de magie, Tim Burton dispose bien sûr de toute la machinerie des effets spéciaux dont il sait intelligemment user et surtout leur donner une part de poésie et de noirceur. Le Chat de Cheshire est ainsi à la fois beau visuellement mais aussi mystérieux et vaguement inquiétant. Le réalisateur a surtout des acteurs de premier ordre, au premier rang desquels Johnny Depp. L’acteur n’est jamais meilleur que quand il tourne avec Burton et cela se réalise encore ici. Inspiré, littéralement habité par son rôle, il joue avec une flamme un personnage totalement allumé mais chez qui la « folie » est poésie. Sa danse finale, quoique brève, est un joli morceau à la fois drôle et tendre. C’est à la mesure de l’univers de Burton, on peut y rire mais plus souvent y sourire car l’effroi n’est jamais loin. En Reine Rouge, Helena Bonham Carter est prodigieuse et elle compose une adversaire à la fois ridicule mais dangereuse. Son obsession de couper des têtes – sentence énoncée d’une voix glapissante – montre un personnage totalement déséquilibré mais qui s’efforce d’instaurer un ordre sur lequel elle aura prise. Sentiment bien connu des despotes et des usurpateurs. Le choix de Mia Wasikowska est validé, lui, à chaque plan du film car la jeune actrice ne quitte pas souvent la scène ! Burton voulait quelqu’un ayant une « force intérieure latente », à la fois « belle et dure ». La jeune Australienne est prodigieuse ; souriante, déterminée, courageuse ; son Alice, qu’elle crée petit à petit, est une réussite complète.
Anecdotes :
Sortie US : 5 mars 2010 Sortie France : 24 mars 2010
Le budget était de 200 millions$. Le film en a rapporté 1 024 391 110$.
Scénario : Linda Woolverton (d'après les romans de Lewis Carroll). Scénariste américaine, elle a écrit pour Disney les scenarii de Le Roi Lion (1994), Mulan (1998), Maléfique (2014) et Alice de l’autre côté du miroir (2016)
Lewis Carroll : écrivain anglais né Charles Lutwidge Dodgson (1832-1898), il fut professeur de mathématiques et photographe. C’est pour une petite fille, Alice Liddell, qu’il imagine les histoires rassemblées dans Les aventures d’Alice au Pays des Merveilles (1865). De l’autre côté du miroir paraît en 1871 et, si sa partie de jeu d’échecs est restée célèbre, c’est aussi un ouvrage de nonsense et de surréalisme avant l’heure. La chasse au Snark (1876), œuvre en vers, va plus loin et n’est pas une œuvre gaie. Sa dernière œuvre sera Sylvie et Bruno (1889) où il essaye d’accoler le rêve et la réalité. Son œuvre mathématique, publiée sous son vrai nom, a été reconsidérée positivement au vingtième siècle.
Le film a remporté l’Oscar de la meilleure direction artistique et l’Oscar de la meilleure création de costumes.
Johnny Depp a remporté le Golden Globe du meilleur acteur dans un film musical ou une comédie.
Crispin Glover ne mesurant pas les 2,30 mètres de haut de son personnage, il a dû tourner ses scènes avec sur des échasses. De la même façon, Matt Lucas (Tweedledee et Tweedledum) a été filmé dans un costume vert en forme de poire, qui l’empêchait d’avoir les bras collés le long du corps. Grâce à ces accessoires, les deux comédiens pouvaient ainsi mieux entrer dans la peau de leur personnage respectif, tandis que Tim Burton pouvait faire intervenir des personnes de tailles différentes dans un même plan.
Avec Alice au pays des merveilles, Johnny Depp tourne pour la septième fois (et la quatrième d’affilée) avec Tim Burton, soit une fois de plus qu’Helena Bonham Carter, qui en est ici à sa sixième collaboration avec son réalisateur de mari. Le film marque par ailleurs les retrouvailles de Johnny Depp, Helena Bonham Carter, Alan Rickman et Timothy Spall, qui s’étaient donné la réplique (en chanson) dans Sweeney Todd, le précédent film de Tim Burton.
Helena Bonham Carter, Alan Rickman, Timothy Spall, Imelda Staunton et Frances de la Tour, s’étaient déjà croisés sur quelques épisodes de la saga Harry Potter.
En faisant des recherches pour son personnage, Johnny Depp a découvert que les chapeliers du XIXème siècle souffraient d’empoisonnement au mercure : « L’expression « fou comme un chapelier » provient en fait des vrais chapeliers qui, pour fabriquer des hauts-de-forme en peau de castor, utilisaient une colle qui contenait une concentration élevée de mercure. Elle tâchait leurs mains et le mercure finissait par les rendre fous », raconte le comédien.
Outre la bande-originale « classique » composée par Danny Elfman, Alice au pays des merveilles bénéficie également d’une compilation de titres inédits signés Avril Lavigne, Franz Ferdinand, Wolfmother ou encore Tokio Hotel.
Les prises de vues n’ont duré que 40 jours, entre septembre et octobre 2008, avant de laisser place aux effets spéciaux.
Si la tête d’Helena Bonham Carter a été retouchée par ordinateur pour paraître deux fois plus grosse sur l’écran que dans la réalité, la comédienne devait néanmoins passer par une longue séance de maquillage : « Cela prenait trois heures, mais j’adore être royale. Le problème, c'est que comme elle n’arrête pas de hurler, je perdais ma voix presque tous les jours vers 10h00... (...) C’était vraiment épuisant toutes ces colères ! », raconte l’actrice.
Avec le rôle du Dodo, Tim Burton a réussi à faire sortir Michael Gough de sa retraite pour la troisième fois, après Sleepy Hollow (2000) et Les Noces funèbres (2005), et signe sa cinquième collaboration avec lui. Ce fut le dernier film de Michael Gough avant sa mort le 17 mars 2011 à l’âge de 94 ans.
Les noms d’Amanda Seyfried et Lindsay Lohan avaient circulé pour le rôle d’Alice.
Avant que Tim Burton ne participe au projet, Anne Hathaway avait refusé le rôle d’Alice car elle le trouvait trop semblable à d’autres rôles qu'elle avait précédemment joués. Cependant, elle était désireuse de travailler avec Burton et joue donc la Reine Blanche. Elle a tourné toutes ses scènes en deux semaines.
Johnny Depp a admis avoir trouvé le processus de tournage sur un écran vert « épuisant », et qu’il se sentait « confus à la fin de la journée ».
Tous les personnages du Pays des merveilles ont un nom propre. Ces noms ont été inventés pour ce film, car dans les livres et la plupart des autres versions de films, ils ne sont mentionnés que par des titres descriptifs. Les potions de changement de taille sont également nommées pour la première fois.
Stephen Fry, Alan Rickman, Barbara Windsor, sir Christopher Lee, Michael Gough, Imelda Staunton et Jim Carter ont tous enregistré leur dialogue en une seule journée.
La Reine rouge et Stayne affirment qu’il vaut mieux être craint qu’aimer. Cela paraphrase une citation célèbre du « Prince » de Nicolas Machiavel : « On peut répondre que l’on devrait souhaiter être les deux, mais parce qu’il est difficile de les unir en une seule personne, il est beaucoup plus sûr d’être craint qu’aimé. »
L'année de la sortie de ce film a marqué le 145e anniversaire du livre
Mia Wasikowska/Alice : actrice australienne d’origine polonaise, elle débute sa carrière artistique comme danseuse de ballet. Elle débute au cinéma avec Le Feu sous la peau (2006) puis enchaîne avec Les Insurgés (2008, avec Daniel Craig), Amelia (2009, avec Hillary Swank). Suivront Jane Eyre (2011), Des hommes sans loi (2012, avec Jessica Chastain), Madame Bovary (2014), Crimson Peak (2015, avec Jessica Chastain). Elle reprend le rôle d’Alice pour Alice de l’autre côté du miroir (2016) avant d’enchaîner avec HHhH (2017).
Anne Hathaway/La Reine blanche : actrice américaine, une des plus douées de sa génération. Elle est lancée par Garry Marshall avec la comédie Princesse malgré elle (2003) et va tourner quelques films dans la même veine : Un mariage de princesse (2004), Rachel se marie (2008), Meilleures ennemies (2009) ajoutant la comédie dramatique à son arc : Jane (2007), Love et autres drogues (2010), Un jour (2011). Elle se hisse au plus haut avec ses participations à The Dark Knight Rises (2012), Les Misérables (2013, Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle ainsi que Golden Globe et BAFTA), Interstellar (2014). Elle a également beaucoup joué dans des comédies : Le Diable s’habille en Prada (2006) qui l’installe définitivement, Max la Menace (2008), Le Nouveau stagiaire (2015), Ocean’8 (2018).
Crispin Glover/Stayne, le Valet de Cœur : acteur américain vu dans Vendredi 13- chapitre final (1984), Retour vers le futur (1985), Tout pour réussir (1990), Sailor et Lula (1990), The Doors (1991), Larry Flint (1996), Charlie et ses drôles de dames (2000), Charlie’s Angels : les anges se déchaînent (2003), La légende de Beowulf (2007).
Matt Lucas/Tweedledee et Tweedledum : acteur britannique, vu dans Astro Boy (2009), Mes meilleures amies (2011), Alice de l’autre côté du miroir (2016). A la télévision, on l’a vu dans Docteur Who (2015-2017).
Camarade Totoff- Prince(sse)
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Re: Saga "Tim Burton"
Dark Shadows (Dark Shadows, 2012)
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Résumé
En 1760, parce qu’il a repoussé l’amour d’Angélique, qui est en fait une sorcière, Barnabas Collins est métamorphosé en vampire et enfermé dans un cercueil dont il ne sort qu’en 1972. Il est décidé à redonner à sa famille son lustre d’antan. Mais la sorcière mal-aimée, toujours vivante elle aussi, tente de déjouer ses plans en utilisant tous ses charmes.
Critique
Adaptation d’une série télévisée, ce film est un bijou d’humour totalement survolté. Fan de la série, Johnny Depp apporta à Tim Burton l’idée de la porter sur grand écran. Il tient le rôle phare de Barnabas Collins avec une autorité incontestable. Le bémol, c’est que, faute de pouvoir développer tous les membres de la famille Collins (une belle brochette d’inadaptés sociaux), le film se concentre sur la lutte brûlante de Barnabas et d’Angélique au point de laisser les autres personnages au rang de silhouettes. Seule l’expérimentée Michelle Pfeiffer sort son épingle du jeu.
Au niveau des décors, c’est très réussi et notamment Collinwood, la maison de maîtres, absolument somptueuse. Si le grand salon avec son lustre magnifique et son grand escalier est la pièce que l’on voit le plus, son caractère gothique est souligné par sa décoration soignée. La description énamourée qu’en fait Barnabas à Elizabeth est une des scènes clés du commencement du film. Sa remise en ordre, qui donne lieu à une succession de saynètes amusantes, marque le retour du maître. Symbole de la famille, il sera logiquement la cible de la sorcière.
La famille Collins est un des moteurs de l’action, pas tant par ses individualités, assez lamentables, mais par ce qu’elle représente, par le passé qui est le sien. La complainte du sang qui ouvre le film est éloquente : on est d’abord quelqu’un parce que l’on s’insère dans une histoire familiale. D’où aussi le regroupement des Collins malgré leur dénuement : ils sont solidaires parce qu’ils sont des Collins, peu importe qu’ils ne s’aiment pas. Et gare à ceux qui trahissent ! Leur châtiment peut être…définitif. Vouloir redonner son rang à sa famille n’est pas une lubie pour Barnabas, c’est son devoir. Peu importe là encore qu’il soit un vampire, il est un Collins. En matriarche d’un clan qu’elle s’efforce de préserver, Elizabeth est le second besogneux du chef génial. On la voit très souvent à son bureau, mettant en œuvre, on imagine, les idées de Barnabas. La loyauté d’Elizabeth au nom des Collins est appréciée de Barnabas qui n’hésite pas à lui dévoiler le secret du manoir. Avoir confié ce rôle à Michelle Pfeiffer est une idée lumineuse de Tim Burton tellement l’actrice s’impose par son charisme.
La survenue du vampire en 1972 – curieusement, la même année que Dracula chez la Hammer ! – est parfaitement anecdotique. A quelques répliques amusantes et scènes assez drôles (mais brèves), la confrontation du vampire venu du XVIIIème siècle et de la modernité des années 70 sera tout juste survolée. Quelque part, ce n’est pas très grave.
Le clou du film, sa colonne vertébrale, c’est la lutte implacable entre deux anciens amants, Barnabas et Angélique. Les deux monstres (elle se qualifie elle-même ainsi) s’affrontent à quatre reprises. Chacune de leurs scènes est un mélange de chaud/froid fascinant. Angélique est une maîtresse femme qui ne s’en laisse pas compter. A sa façon, elle incarne cette modernité où les femmes décident par elle-même ce qu’elles veulent faire, travailler (elle dirige la firme qui a ruiné les Collins, est membre du conseil municipal) et faire l’amour quand elles le décident. Nouvelle venue dans l’univers de Tim Burton (on la reverra), Éva Green crève l’écran et s’impose. Son Angélique représente une certaine revanche sociale, de ces petites gens qui surent s’élever par leur travail et damnent le pion aux grandes familles aristocratiques. Angélique n’a pas peur : elle provoque même, elle « allume » (Johnny Depp en est soufflé !), elle jouit de sa propre perversité. Le duel de Barnabas et d’Angélique est également alimenté par une formidable attraction sexuelle qui culmine dans une scène dantesque où ils détruisent littéralement toute la pièce ! L’actrice s’amuse mais elle rend également visible l’intense douleur intérieure de son personnage ; celle qui alimente sa prodigieuse soif de pouvoir et de revanche ; celle qui est un gouffre insondable d’une violence qui ne peut mener qu’à la destruction. Le talent d’Éva Green est de réussir à faire de cette femme un être complexe, attachant à sa façon, moderne et digne.
Anecdotes :
Dark Shadows fut d’abord une série en 1245 épisodes de 23 minutes diffusés entre 1966 et 1971. Elle est toujours inédite dans les pays francophones. Le film est dédié à Dan Curtis, créateur de la série.
Tim Burton remit au scénariste Seth Graham-Smith coffrets, ouvrages, CD, novellisation, description des personnages, un premier jet de John August (crédité) et son expertise de fan plus celle de Johnny Depp. Le scénariste est un admirateur du réalisateur.
C’est la dernière fois que Christopher Lee (Silas Clearney) joue dans un film de Tim Burton. L’acteur, qui avait retrouvé une nouvelle carrière grâce à Sleepy Hollow, aura participé en tout à 5 films pour Burton.
Nouvelle curiosité capillaire : Éva Green, brune au naturel, est ici blonde.
Éva Green/Angélique Bouchard : actrice française, vue au cinéma dans Arsène Lupin (2004), Casino Royale (2006), A la croisée des mondes : la boussole d’or (2007), Sin City : j’ai tué pour elle (2014), D’après une histoire vraie (2017). Elle a également joué à la télévision : Camelot (2011), Penny Dreadful (2014-2016).
Michelle Pfeiffer/Elizabeth : actrice américaine dont la carrière est particulièrement riche : Grease 2 (1982), Scarface (1983), Les sorcières d’Eastwick (1987), Les liaisons dangereuses (1988, BAFTA de la meilleure actrice dans un second rôle), Susie et les Baker Boys(1989, Golden Globe de la meilleure actrice dans un film dramatique), Batman : le Défi (1992), Wolf (1994), Le songe d’une nuit d’été (1999), Sam, je suis Sam (2001), Chéri (2009), Malavita (2013), Maléfique : le pouvoir du mal (2019).
Jackie Earle Haley/Willie : acteur américain, il débute au cinéma avec Un homme est mort (1972). On le verra ensuite dans La bande des quatre (1979), Nemesis (1993), Watchmen-Les Gardiens (2009), Freddy-Les Griffes de la nuit (2010), La chute de Londres (2016), La Tour sombre (2017). Il tourne aussi pour la télévision : La planète des singes (1974), La croisière s’amuse (1979), MacGyver (1985), Arabesque (1986), Human Target (2010-2011), Preacher (2016), Narcos-Mexico (2018).
Jonny Lee Miller/Roger : acteur anglais révélé par Trainspotting (1996). Au cinéma, on l’a vu dans Dracula 2001 (2000), Melinda et Melinda (2004), Byzantium (2012), Trainspotting 2 (2017). Il tourne également pour la télévision : Inspecteur Morse (1991), Cadfael (1994), The Canterbury Tales (2003), Dexter (2010), Elementary (2012-2019).
Bella Heathcote/Victoria/Josette : actrice australienne, vue au cinéma dans Time Out (2011), The Neon Demon (2016), Cinquante nuances plus sombres (2017).
Chloé Grace Moretz/Carolyn : actrice américaine vue au cinéma dans Amityville (2005), Kick-Ass (2010), Hugo Cabret (2011), Kick-Ass 2 (2013), My Movie Project (2013), La Cinquième vague (2016), Suspiria (2018). Elle tourne aussi pour la télévision : Le Protecteur (2004), Desperate Housewifes (2006-2007), Dirty Sexy Money (2007-2008), 30 Rock (3 épisodes, 2011-2013)
Gully McGrath/David : acteur australien, vu dans Rush (TV, 2008), Hugo Cabret (2011), Lincoln (2012), Boys in the trees (2016)
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Re: Saga "Tim Burton"
Frankenweenie (Frankenweenie, 2012)
**
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Résumé
Victor Frankenstein ne se console pas de la perte de son chien Sparky. Il utilise la science pour ramener Sparky à la vie. Il essaye de cacher sa créature mais Sparky s’échappe et tout le monde va en subir les conséquences.
Critique
Un film globalement décevant. On a certes de bons moments, quelques bonnes idées (pour redonner de l’énergie à Sparky, Victor le branche sur le secteur !) mais le scénario est très linéaire, très prévisible. Une nette sensation que Burton bégaye ses précédents films domine et les références à d’autres films du même genre manquent de subtilité.
C’est en préparant l’exposition qui lui était consacré par le Musée d’art moderne de Los Angeles en 2008 que Burton tomba sur des croquis datant de 1984. Cette année-là, il avait réalisé un court-métrage de 29’ appelé « Frankenweenie » pour Disney. Jugé trop sombre, il n’était finalement sorti qu’en complément de Batman, le défi (1992).
Tourné à Londres de juillet 2010 à fin 2011, ce film de marionnettes animé grâce au procédé image par image (200 au total) coûta 39 millions de dollars et en rapporta 81. Il veut rendre hommage aux films de genre tant d’horreur que des Kaijus nippons mais le résultat est ambivalent.
En effet, les références sont vraiment trop évidentes et semblent n’avoir qu’un effet « décoratif ». Une tombe dans le cimetière pour animaux (sinistre certes mais peu effrayant) porte le nom de « Shelley », la romancière qui écrivit Frankenstein…dont le prénom est Victor justement. La fillette qui chante à la fête s’appelle Elsa Van Helsing. Le nom complet d’Edgar est Edgar E. Gore (subtil !). Plus amusant est le recyclage des anciens films de Burton qui s’insère plutôt bien dans la narration. La maison des Frankenstein et le quartier sont tirés de Edward aux mains d’argent. Tout le décorum hollandais et surtout l’incendie du moulin sont directement pompés sur Sleepy Hollow. Hommage ou nostalgie ?
Tout cela est amusant certes mais cela ne donne pas un scénario pour autant. Passés la tendre scène d’ouverture, où on perçoit en écho le regret de Tim Burton qui aurait voulu avoir une famille qui accueille favorablement son besoin artistique, et la résurrection de Sparky, le film ne développe plus grand-chose. Le concours de sciences comme moteur de l’action est un prétexte un peu court. De même, le spectateur n’est pas vraiment surpris que tout le monde finisse par connaître l’exigence du prodige (comme dans Edward d’ailleurs), ni même que les expériences des autres enfants tournent mal. C’était inévitable pour créer une perturbation dramatique. Les problèmes sont résolus avec brio par Victor sans trop de difficultés quand même. Il n’y a pas d’antagoniste ; le maire s’avérant moins antipathique qu’envisagé. Sans s’ennuyer, le spectateur ressort de là avec l’impression d’un film sincère certes, mais vite vu, vite oublié.
Anecdotes :
Scénario : John August et Tim Burton
Casting vocal original : Charlie Tahan (Victor Frankenstein), Martin Short (M. Edward Frankenstein / M. Bergermeister / Nassor), Catherine O’Hara (Mme Susan Frankenstein / la fille étrange / la prof de gym), Martin Landau (M. Rzykruski), Wynona Ryder (Elsa Van Helsing)
Amusement : une tombe proclame « Goodbye Kitty ». « Hello Kitty » est un personnage imaginaire japonais au fort merchandising.
La chienne d’Elsa s’appelle Perséphone. Dans la mythologie grecque, c’est le nom de l’épouse d’Hadès, maître des Enfers.
La première scène du film est un hommage au genre des Kaijū dont sont issus entre autres Gamera et Godzilla. C'est Sparky qui endosse le rôle du monstre géant.
Le nom Van Helsing fait référence au chasseur de vampires créé par Bram Stoker dans Dracula.
Dans une scène, les parents de Victor sont en train de regarder un film à la télévision, il s'agit du Cauchemar de Dracula (film de Terence Fisher, 1958), dont l'acteur principal est Christopher Lee.
L’apparence de Nassor est fortement inspirée de celle de Boris Karloff, interprète de Frankenstein dans le film éponyme de 1931 et ses suites. La scène où Nassor est momifié fait référence au rôle de Boris Karloff dans La Momie (1932).
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Re: Saga "Tim Burton"
Big Eyes (Big Eyes, 2014)
***
***
Résumé
Au début des années 1960, le peintre Walter Keane connaît un succès phénoménal avec ses toiles représentant des enfants aux grands yeux. Bateleur né, il sait se vendre et se vendre bien. La seule chose qu’il ne sait pas faire, c’est peindre car c’est sa femme Margaret qui est la véritable artiste.
Critique
Après Ed Wood, Big Eyes constitue le second film biographique réalisé par Tim Burton et, à nouveau, c’est à un artiste qu’il le consacre car, ce qui intéresse Burton, c’est moins l’artiste que le processus créatif qu’il essaye de représenter. A nouveau, le sujet présente un artiste singulier ayant le besoin vital de créer mais aussi des rapports houleux avec la critique. Si on ajoute cette phrase, « Il s’en dégage un certain trouble, de la tristesse ainsi que de la noirceur, de l’humour et de la couleur », Big Eyes constitue en fait une définition de l’art burtonien ! En outre, le film a le mérite de montrer la condition féminine dans les années 50/60 et la difficulté pour une femme seule de subvenir à ses besoins et d’être prise au sérieux, quand elle est artiste qui plus est ! « L’art féminin n’est pas très pris au sérieux » dira Walter et il a hélas raison. A travers l’histoire de Margaret Keane, c’est aussi un jalon dans l’histoire des femmes qui est posé.
Le projet venait des scénaristes Larry Karaszewski et Scott Alexander qui y travaillaient depuis dix ans et avait gagné la confiance de Margaret Keane. Ils voulaient que ce soit Burton qui produise le film ; ce qu’il fit avant de décider de le réaliser. La première scène – une sinistre banlieue pavillonnaire – montre d’emblée qu’on est bien dans un Burton !
Tim Burton voulait travailler avec de nouveaux acteurs aussi toute la distribution est-elle inédite. Amy Adams avait refusé le rôle en 2011 se jugeant trop jeune. Elle accepta cette fois-ci, désireuse de tourner avec Burton. Elle reçut des conseils de la véritable Margaret Keane qui vint fréquemment sur le plateau. Amy Adams est prodigieuse et très juste surtout quand elle montre la douleur de son personnage obligée de mentir à sa propre fille. Tout au long du film, elle saura incarner ces petites ruptures, ce progressif enfoncement dans le mensonge et la honte qui ne va cesser de la ronger ainsi que son isolement croissant. Symboliquement, il n’y a que deux moments où elle montre Margaret souriante : quand elle commence et recommence une nouvelle vie sans Walter. Le choix de Christoph Waltz pour incarner cet escroc est là aussi magistral. Depuis Inglorious Basteards qui le fit connaître, l’acteur autrichien est reconnu comme un maître pour incarner les pires salauds ayant de la classe ; des manipulateurs de génie et des raconteurs d’histoires. La scène où Walter séduit Margaret est un modèle de technique commerciale : se montrer modeste soi-même et flatter l’autre. Christoph Waltz joue parfaitement les deux facettes de Walter Keane : le séducteur en public et l’oppresseur en privé mais aussi un mondain se plaisant à faire la roue en public mais maîtrisant mal ses nerfs dès lors que l’on froisse son orgueil. Et c’est ce monstrueux orgueil qui sera la cause finale de sa chute.
Face à ces deux acteurs éblouissants, les seconds rôles pourraient faire de la figuration mais chacun s’en tire assez bien. Kristen Ritter hérite certes à nouveau du rôle de la meilleure amie (comme dans Confessions d’une accro du shopping) mais le joue avec finesse et en dégageant une grande empathie. Elle montre à la fois la proximité entre les deux personnages et son incompréhension devant une situation qui lui paraît étrange car Margaret ne paraît pas allez bien. Désireuse de soutenir Margaret, DeeAnn se montre trop curieuse et sa visite cause un malaise qui dégénère en crise. Cette fracture entre les deux amies aggrave l’isolement de Margaret mais crée aussi les conditions de sa future libération. Surtout, Burton a confié le rôle du critique hostile à Keane à un monstre sacré du cinéma britannique, Terence Stamp. Une classe altière, un charisme impressionnant ; en peu de scènes, l’acteur s’impose et chacune de ses lignes de texte est un jet d’acide qui ronge la statue de Walter Keane. Le clou étant la confrontation entre Waltz et Stamp. Le premier rend magnifiquement l’impuissance à laquelle est finalement réduit Walter en quelques secondes de joute verbale.
La parole a créé Walter Keane et c’est la parole qui le perdra. « Qui a vécu par l’épée périra par l’épée » (Mt 26,52) et la référence biblique n’est pas incongrue puisque ce sont les Témoins de Jéhovah qui vont finalement décider Margaret à parler et à dire la vérité. Walter a longtemps dominé Margaret par la parole, en mentant, en la faisant chanter, en la menaçant même et Amy Adams a montré l’effacement progressif, la soumission douloureuse de celle-ci. Mais, dans les scènes du procès, quad Christoph Waltz montre toute la suffisance de son personnage, Amy Adams montre, elle, toute la dignité retrouvée du sien.
Anecdotes :
Scénario : Scott Alexander et Larry Karaszewski.
Le budget était de 10 millions de dollars. Le film en rapporta 29.
L’une des questions les plus importantes soulevées par le film, c’est pourquoi Margaret a consenti à l’escroquerie. « Elle était assurément amoureuse et lui faisait confiance, explique Amy Adams. Découvrir sa supercherie la dévastée mais le fait est qu’elle était devenue sa complice et la culpabilité la rongeait » (The Wrap, 7/12/2014)
Amy Adams remporta le Golden Globe de la meilleure actrice dans un film musical ou une comédie.
La véritable Margaret Keane fait un caméo (une femme assise sur un banc).
Amy Adams/Margaret Keane : actrice américaine née à Vicence en Italie, vue au cinéma dans Arrête-moi si tu peux (2002), Junebug (2005), Il était une fois (2007), Man of Steel (2013), American Bluff (2013, Golden Globe de la meilleure actrice dans un film musical ou une comédie), Batman vs Superman : l’aube de la justice (2016), Nocturnal Animal (2016), Vice (2018). Elle a également joué à la télévision : Buffy contre les vampires (2000), A la Maison-Blanche (2002), Sharp Object (2018).
Christoph Waltz/Walter Keane : acteur germano-autrichien, il débute à la télévision dans des séries allemandes comme Un cas pour deux (1985), Inspecteur Derrick (1986, 1988), Le Renard (1986, 1990). Au cinéma, on le voit dans Richard et Cosima (1986) mais c’est son rôle de méchant raffiné et cruel dans Inglorious Basteards (Prix d’interprétation masculine à Cannes, BAFTA, Golden Globe et Oscar du meilleur acteur dans un second rôle) qui le fait connaître et le lance définitivement. Il joue ainsi dans Django Unchained (2012, BAFTA, Golden Globe et Oscar du meilleur acteur dans un second rôle), 007 Spectre (2015), Tarzan (2016), Mourir peut attendre (2020).
Kristen Ritter/DeeAnn : actrice, mannequin et musicienne américaine, vu au cinéma dans 27 robes (2008), Confessions d’une accro du shopping (2009) mais c’est surtout la télévision qui lui a donné des rôles intéressants : Veronica Mars (2005-2006), Gilmore Girls (2006-2007), Breaking Bad (2009-2010), Blacklist (2014), Jessica Jones (2015-2019), The Defenders (2017).
Jason Schwartzman /Ruben : acteur, scénariste et musicien américain, on l’a vu au cinéma dans Rushmore (1998), Simone (2002), Ma sorcière bien-aimée (2005), Marie-Antoinette (2006), A bord du Darjeeling Limited (2007), Scott Pilgrim (2010), Moonrise Kingdom (2012), The Grand Budapest Hotel (2014), Un weekend à Napa (2019).
Danny Huston / Dick Nolan : acteur américain, fils du réalisateur John Huston, il a notamment joué dans Anna Karenine (1997), 21 grammes (2003), The Constant Gardener (2005), Marie Antoinette (2006), X-Men : Wolverine (2009), Le choc des Titans (2010), La colère des Titans (2012), Frankenstein (2015), Wonder Woman (2017), Game Night (2018). Il tourne également pour la télévision : Les Experts (2004), Magic City (2012-2013), American Horror Stories (2013-2015), Masters of Sex (2014), Yellowstone (2018-2019).
Terence Stamp/ John Canaday : acteur britannique qui joua, entre autre, dans Billy Budd (1962), Théorème (1968), Histoires extraordinaires (1968, film à sketches), Une saison en enfer (1971), Superman (1978, 1980), La Compagnie des loups (1984), Wall Street (1987), Priscilla, folle du désert (1994), Star Wars, Episode I : La menace fantôme (1999), Ma femme est une actrice (2001), Max la Menace (2008), Song for Marion (2013), La Maison biscornue (2017). Il a également tourné pour la télévision dans Smallville (2005-2011).
Jon Polito / Enrico Banducci : acteur américain (1950-2016), il fut prolifique sur les deux écrans. Au cinéma, il a joué dans Un tueur dans la ville (1982), Highlander (1986), Miller’s Crossing (1990), Le grand saut (1994), The Big Lebowsky (1998), Le tailleur de Panama (2001), Mémoire de nos pères (2006), American Gangster (2007). Pour la télévision, il joua dans Un flic dans la Mafia (1988), Les contes de la crypte (1991), Homicide (1993-1994), Dream On (1995-1996), Le Caméléon (1996, 2000), MilleniuM (1998), Desperate Housewifes (2005), Modern Family (2014-2016).
Au début des années 1960, le peintre Walter Keane connaît un succès phénoménal avec ses toiles représentant des enfants aux grands yeux. Bateleur né, il sait se vendre et se vendre bien. La seule chose qu’il ne sait pas faire, c’est peindre car c’est sa femme Margaret qui est la véritable artiste.
Critique
Après Ed Wood, Big Eyes constitue le second film biographique réalisé par Tim Burton et, à nouveau, c’est à un artiste qu’il le consacre car, ce qui intéresse Burton, c’est moins l’artiste que le processus créatif qu’il essaye de représenter. A nouveau, le sujet présente un artiste singulier ayant le besoin vital de créer mais aussi des rapports houleux avec la critique. Si on ajoute cette phrase, « Il s’en dégage un certain trouble, de la tristesse ainsi que de la noirceur, de l’humour et de la couleur », Big Eyes constitue en fait une définition de l’art burtonien ! En outre, le film a le mérite de montrer la condition féminine dans les années 50/60 et la difficulté pour une femme seule de subvenir à ses besoins et d’être prise au sérieux, quand elle est artiste qui plus est ! « L’art féminin n’est pas très pris au sérieux » dira Walter et il a hélas raison. A travers l’histoire de Margaret Keane, c’est aussi un jalon dans l’histoire des femmes qui est posé.
Le projet venait des scénaristes Larry Karaszewski et Scott Alexander qui y travaillaient depuis dix ans et avait gagné la confiance de Margaret Keane. Ils voulaient que ce soit Burton qui produise le film ; ce qu’il fit avant de décider de le réaliser. La première scène – une sinistre banlieue pavillonnaire – montre d’emblée qu’on est bien dans un Burton !
Tim Burton voulait travailler avec de nouveaux acteurs aussi toute la distribution est-elle inédite. Amy Adams avait refusé le rôle en 2011 se jugeant trop jeune. Elle accepta cette fois-ci, désireuse de tourner avec Burton. Elle reçut des conseils de la véritable Margaret Keane qui vint fréquemment sur le plateau. Amy Adams est prodigieuse et très juste surtout quand elle montre la douleur de son personnage obligée de mentir à sa propre fille. Tout au long du film, elle saura incarner ces petites ruptures, ce progressif enfoncement dans le mensonge et la honte qui ne va cesser de la ronger ainsi que son isolement croissant. Symboliquement, il n’y a que deux moments où elle montre Margaret souriante : quand elle commence et recommence une nouvelle vie sans Walter. Le choix de Christoph Waltz pour incarner cet escroc est là aussi magistral. Depuis Inglorious Basteards qui le fit connaître, l’acteur autrichien est reconnu comme un maître pour incarner les pires salauds ayant de la classe ; des manipulateurs de génie et des raconteurs d’histoires. La scène où Walter séduit Margaret est un modèle de technique commerciale : se montrer modeste soi-même et flatter l’autre. Christoph Waltz joue parfaitement les deux facettes de Walter Keane : le séducteur en public et l’oppresseur en privé mais aussi un mondain se plaisant à faire la roue en public mais maîtrisant mal ses nerfs dès lors que l’on froisse son orgueil. Et c’est ce monstrueux orgueil qui sera la cause finale de sa chute.
Face à ces deux acteurs éblouissants, les seconds rôles pourraient faire de la figuration mais chacun s’en tire assez bien. Kristen Ritter hérite certes à nouveau du rôle de la meilleure amie (comme dans Confessions d’une accro du shopping) mais le joue avec finesse et en dégageant une grande empathie. Elle montre à la fois la proximité entre les deux personnages et son incompréhension devant une situation qui lui paraît étrange car Margaret ne paraît pas allez bien. Désireuse de soutenir Margaret, DeeAnn se montre trop curieuse et sa visite cause un malaise qui dégénère en crise. Cette fracture entre les deux amies aggrave l’isolement de Margaret mais crée aussi les conditions de sa future libération. Surtout, Burton a confié le rôle du critique hostile à Keane à un monstre sacré du cinéma britannique, Terence Stamp. Une classe altière, un charisme impressionnant ; en peu de scènes, l’acteur s’impose et chacune de ses lignes de texte est un jet d’acide qui ronge la statue de Walter Keane. Le clou étant la confrontation entre Waltz et Stamp. Le premier rend magnifiquement l’impuissance à laquelle est finalement réduit Walter en quelques secondes de joute verbale.
La parole a créé Walter Keane et c’est la parole qui le perdra. « Qui a vécu par l’épée périra par l’épée » (Mt 26,52) et la référence biblique n’est pas incongrue puisque ce sont les Témoins de Jéhovah qui vont finalement décider Margaret à parler et à dire la vérité. Walter a longtemps dominé Margaret par la parole, en mentant, en la faisant chanter, en la menaçant même et Amy Adams a montré l’effacement progressif, la soumission douloureuse de celle-ci. Mais, dans les scènes du procès, quad Christoph Waltz montre toute la suffisance de son personnage, Amy Adams montre, elle, toute la dignité retrouvée du sien.
Anecdotes :
Scénario : Scott Alexander et Larry Karaszewski.
Le budget était de 10 millions de dollars. Le film en rapporta 29.
L’une des questions les plus importantes soulevées par le film, c’est pourquoi Margaret a consenti à l’escroquerie. « Elle était assurément amoureuse et lui faisait confiance, explique Amy Adams. Découvrir sa supercherie la dévastée mais le fait est qu’elle était devenue sa complice et la culpabilité la rongeait » (The Wrap, 7/12/2014)
Amy Adams remporta le Golden Globe de la meilleure actrice dans un film musical ou une comédie.
La véritable Margaret Keane fait un caméo (une femme assise sur un banc).
Amy Adams/Margaret Keane : actrice américaine née à Vicence en Italie, vue au cinéma dans Arrête-moi si tu peux (2002), Junebug (2005), Il était une fois (2007), Man of Steel (2013), American Bluff (2013, Golden Globe de la meilleure actrice dans un film musical ou une comédie), Batman vs Superman : l’aube de la justice (2016), Nocturnal Animal (2016), Vice (2018). Elle a également joué à la télévision : Buffy contre les vampires (2000), A la Maison-Blanche (2002), Sharp Object (2018).
Christoph Waltz/Walter Keane : acteur germano-autrichien, il débute à la télévision dans des séries allemandes comme Un cas pour deux (1985), Inspecteur Derrick (1986, 1988), Le Renard (1986, 1990). Au cinéma, on le voit dans Richard et Cosima (1986) mais c’est son rôle de méchant raffiné et cruel dans Inglorious Basteards (Prix d’interprétation masculine à Cannes, BAFTA, Golden Globe et Oscar du meilleur acteur dans un second rôle) qui le fait connaître et le lance définitivement. Il joue ainsi dans Django Unchained (2012, BAFTA, Golden Globe et Oscar du meilleur acteur dans un second rôle), 007 Spectre (2015), Tarzan (2016), Mourir peut attendre (2020).
Kristen Ritter/DeeAnn : actrice, mannequin et musicienne américaine, vu au cinéma dans 27 robes (2008), Confessions d’une accro du shopping (2009) mais c’est surtout la télévision qui lui a donné des rôles intéressants : Veronica Mars (2005-2006), Gilmore Girls (2006-2007), Breaking Bad (2009-2010), Blacklist (2014), Jessica Jones (2015-2019), The Defenders (2017).
Jason Schwartzman /Ruben : acteur, scénariste et musicien américain, on l’a vu au cinéma dans Rushmore (1998), Simone (2002), Ma sorcière bien-aimée (2005), Marie-Antoinette (2006), A bord du Darjeeling Limited (2007), Scott Pilgrim (2010), Moonrise Kingdom (2012), The Grand Budapest Hotel (2014), Un weekend à Napa (2019).
Danny Huston / Dick Nolan : acteur américain, fils du réalisateur John Huston, il a notamment joué dans Anna Karenine (1997), 21 grammes (2003), The Constant Gardener (2005), Marie Antoinette (2006), X-Men : Wolverine (2009), Le choc des Titans (2010), La colère des Titans (2012), Frankenstein (2015), Wonder Woman (2017), Game Night (2018). Il tourne également pour la télévision : Les Experts (2004), Magic City (2012-2013), American Horror Stories (2013-2015), Masters of Sex (2014), Yellowstone (2018-2019).
Terence Stamp/ John Canaday : acteur britannique qui joua, entre autre, dans Billy Budd (1962), Théorème (1968), Histoires extraordinaires (1968, film à sketches), Une saison en enfer (1971), Superman (1978, 1980), La Compagnie des loups (1984), Wall Street (1987), Priscilla, folle du désert (1994), Star Wars, Episode I : La menace fantôme (1999), Ma femme est une actrice (2001), Max la Menace (2008), Song for Marion (2013), La Maison biscornue (2017). Il a également tourné pour la télévision dans Smallville (2005-2011).
Jon Polito / Enrico Banducci : acteur américain (1950-2016), il fut prolifique sur les deux écrans. Au cinéma, il a joué dans Un tueur dans la ville (1982), Highlander (1986), Miller’s Crossing (1990), Le grand saut (1994), The Big Lebowsky (1998), Le tailleur de Panama (2001), Mémoire de nos pères (2006), American Gangster (2007). Pour la télévision, il joua dans Un flic dans la Mafia (1988), Les contes de la crypte (1991), Homicide (1993-1994), Dream On (1995-1996), Le Caméléon (1996, 2000), MilleniuM (1998), Desperate Housewifes (2005), Modern Family (2014-2016).
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Re: Saga "Tim Burton"
Miss Peregrine et les enfants particuliers (Miss Peregrine’s Home for Peculiar Children, 2016)
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Résumé
Autrefois, le grand-père de Jake lui racontait des histoires parlant d’un foyer pour des « enfants particuliers » sous l’autorité de Miss Peregrine. Plus tard, Jake a rejeté ces histoires mais la mort de son grand-père dans des circonstances étranges le pousse à se rendre au Pays de Galles où tout se serait passé. Et il rencontre effectivement Miss Peregrine et les enfants particuliers ! D’ailleurs, lui-même en est un ; ce qui va leur être particulièrement utile.
Critique
Un grand film où la patte de Tim Burton transforme une recherche de deuil en célébration de la vie, en ode à la différence. « Beaucoup de gens se sentent étrange » dit justement le réalisateur, en s’incluant dans le lot. Il leur donne à tous un miroir et un espoir.
Bien que l’histoire ne soit pas une création originale de Burton, le grand réalisateur en a fait son œuvre par l’emploi de thèmes, de séquences, de marqueurs « burtonien ». Cela commence par l’ouverture en Floride (mais ce pourrait être n’importe où) avec cette architecture urbaine qui le répugne ; avec ces parents qui ne comprennent rien à leur enfant et l’emmène chez le psy plutôt que de l’écouter (que ce soit le père qui soit particulièrement visé n’est pas un hasard non plus) mais également dans l’architecture du foyer qui paraît issu d’un conte de fée (alors que le bâtiment existe bel et bien), la présence d’une fête foraine, plusieurs séquences horrifiques et bien entendu la mise en présence de deux mondes, le soi-disant « réel » qui est à périr d’ennui et le soi-disant « imaginaire » bien plus chaleureux.
Le film s’articule en deux parties encadrées par une introduction et une conclusion. L’introduction présente Jack, son grand-père (interprétation sensible, pleine de classe et de tendresse de Terence Stamp, que Burton retrouve après Big Eyes) et insiste sur l’ancienne proximité entre eux qui n’a pas totalement disparu. Elle prend fin avec le départ de Jack pour le Pays de Galles. Symboliquement, on retrouvera le même duo pour la conclusion. La boucle (temporelle) sera bouclée.
La première partie est une présentation de Miss Peregrine et des Enfants particuliers avec visite du foyer. Faite sous une belle lumière diurne, cette séquence est édénique et culmine avec le renouvellement de la boucle temporelle qui les protège tous. S’y ajoute le point noir que les enfants ne peuvent sortir de la boucle sous peine d’être rattrapé par le temps qui a passé. Nous sommes en effet en 1943 ! A cette première partie s’ajoute la scène dans l’épave (très beau décor sous-marin avec une pincée de macabre) entre Jack et Emma dans une optique clairement romantique mais empêchée par la différence des époques. C’est là aussi que Jack découvre sa particularité : il peut voir les monstres.
C’est là la seconde partie : il existe une menace contre les enfants particuliers et elle vient de « particuliers malfaisants » appelés Sépulcreux menés par un certain Barron à qui Samuel L. Jackson donne un allant particulièrement menaçant, classieux mais dangereux. La lutte contre eux, qui culmine lors de la fête foraine, est le moment noir, plein d’action où Jack se révèle, surmonte la peur qui l’habitait, fait montre d’inventivité (d’imagination) et sauve à la fois les enfants et Miss Peregrine.
Pour donner corps à ce monde, Tim Burton a fait appel pour la seconde fois à Éva Green qui campe fièrement Miss Peregrine et lui donne à la fois belle allure, autorité et amour pour les enfants dont elle a la garde. Même fumer la pipe, elle le fait avec une élégance aristocratique qui colle tout à fait avec le cadre et le personnage. Tim Burton définissait le personnage comme une « Mary Poppins effrayante » ! Ella Purnell incarne Emma avec délicatesse, beaucoup de sensibilité mais aucune sensiblerie. Asa Butterfield manque un peu de personnalité et de charisme pour pleinement faire ressortir toute la gamme d’émotions par lesquelles passe Jack. Mais il se défend plutôt bien et est très crédible lorsqu’il commande la bataille et face à un Samuel L. Jackson qui se régale à jouer une ordure de la plus belle eau.
L’histoire se passe en 1943, une époque particulièrement tragique, et, du coup, certains éléments résonnent différemment. Ainsi les « enfants particuliers » ne pourraient-ils pas être une référence aux enfants juifs que certains ont caché pendant la guerre (Miss Peregrine serait ainsi une Juste) ? Abe, le grand-père, vient de Pologne et a passé sa vie à traquer les « malfaisants » ; comme une métaphore de Simon Wiesenthal qui traqua les nazis à travers le monde. Le film pourrait donc se lire à la fois comme une allégorie et un conte de fée ; les deux enseignant que la réalité n’est pas forcément ce que l’on croit, que les monstres existent et que l’on peut triompher d’eux.
Anecdotes :
Sortie américaine : 30 septembre 2016 Sortie française : 5 octobre 2016
Scénario : Jane Goldman, d’après Miss Peregrine et les Enfants particuliers de Ransom Riggs.
Il y a plusieurs différences entre le roman et le film. Dans le roman, c’est Emma Bloom qui possède le pouvoir de générer du feu, et non Olive, qui elle est plus légère que l’air. Barron n’est par ailleurs qu’un second, un bras droit du véritable et principal antagoniste, à savoir Caul, frère de Miss Peregrine. On notera donc la difficulté liée à une éventuelle suite cinématographique. On note également que Peregrine Faucon (Peregrine étant ici le prénom) dans le livre devient Alma Peregrine (Peregrine étant le nom de famille) dans le film. Il y a également d’autres différences comme Millard et Miss Peregrine blessés, celle-ci ne pouvant plus reprendre forme humaine, ou l’arbalète utilisée par Miss Peregrine, absente dans le livre. La date dans le film est le 3 Septembre 1943. Dans le livre il s’agit du 3 Septembre 1940.
Le film fut tourné de février à juillet 2015 en Cornouailles, dans le Lancashire et à Tampa en Floride.
Le romancier Ramson Riggs fut invité sur le plateau et se montra enthousiaste, convaincu par les choix de Burton.
Le foyer se trouve en fait à Brasschaat, près d’Anvers en Belgique.
Helen Days (Miss Edwards) étant trapéziste, a effectué ses propres cascades.
Les squelettes sont inspirés de ceux de Ray Harryhausen dans Jason et les Argonautes.
La musique du film est composée par Mike Higham et Matthew Margeson. C’est l’un des rares films de Tim Burton où il ne collabore pas avec Danny Elfman.
Tim Burton fait un caméo lors de la fête foraine.
Asa Butterfield/Jack : acteur anglais, vu au cinéma dans Hugo Cabret (2011), La stratégie Ender (2013), Greed (2019) et à la télévision dans Merlin (2008-2009), Sex Education (2019-2020).
Ella Purnell/Emma Bloom : actrice anglaise née Ella Reid. Elle a joué dans Maléfique (2014), Churchill (2017), Army of the Dead (2020) et à la télévision dans Témoin indésirable (2018).
Samuel L. Jackson/Barron : acteur américain, parmi une longue carrière au cinéma, citons Un prince à New York (1988), Do the right thing (1989), Les Affranchis (1990), Jungle Fever (1991, Prix du meilleur second rôle au Festival de Cannes), Jeux de guerre (1992), Jurassic Park (1993), Pulp Fiction (1994, BAFTA du meilleur acteur dans un second rôle), Une journée en enfer (1995), Le droit de tuer ? (1996), Jackie Brown (1997), Star Wars (1999, 2002, 2005), L’Enfer du devoir (2000), Kill Bill vol. 2 (2004), La couleur du crime (2006), Cleaner (2008), Iron Man 2 (2010), Django Unchained (2012), Kingsman- Services secrets (2015), Les Huit salopards (2015), Kong : Skull Island (2017), Avengers : Endgame (2019).
Judi Dench/Miss Avocette : actrice britannique, qui a notamment tourné dans Le secret du docteur Whitset (1964), Sherlock Holmes contre Jack L’Eventreur (1965), Le songe d’une nuit d’été (1968), Luther (1973), Chambre avec vue (1985, BAFTA de la meilleure actrice dans un second rôle), Henry V (1989), La dame de Windsor (1997, BAFTA de la meilleure actrice), Shakespeare in love (1998, Oscar et BAFTA de la meilleure actrice dans un second rôle), L’importance d’être constant (2002), Orgueil et préjugés (2005), J. Edgar (2011), Confident royale (2017). Elle est connue pour avoir tenu le rôle de M, supérieur de James Bond (1995-2012).
Biographie de Terence Stamp dans Big Eyes et d’Eva Green dans Dark Shadows.
Camarade Totoff- Prince(sse)
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Re: Saga "Tim Burton"
Dumbo (Dumbo, 2019)
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Résumé
Max Medici, directeur de cirque, se retrouve avec un éléphanteau aux oreilles disproportionnées, dont il confie la charge à Holt Frasier, revenu de la guerre et qui a beaucoup de mal à comprendre ses enfants. Ceux-ci découvrent que l’éléphanteau nommé Dumbo peut voler ! Il attire l’attention d’un entrepreneur de spectacle qui veut se faire beaucoup d’argent avec lui.
Critique
On a connu Tim Burton plus emballant et plus inspiré. La faute certainement à une histoire qui se prête mal à un long-métrage car, et c’était déjà le cas en 1941 avec le dessin animé, il y a très peu de choses à raconter : Dumbo, éléphant de cirque, est séparé de sa mère. Il se découvre la capacité de voler. Il retrouve sa mère. Ajoutez quelques péripéties pour faire durer le spectacle et c’est tout.
La progression dramatique n’est pas non plus très convaincante. On a l’impression que l’histoire ne progresse que grâce à des accidents comme le baptême de Dumbo notamment qui est tragicomique. La première représentation de Dumbo tourne mal mais attire l’attention de Vandevere, le promoteur de spectacles. C’est encore la première entre Dumbo et Colette, la trapéziste, qui manque de tourner au fiasco mais qui fait pencher la jeune femme vers les « gentils », ulcérée qu’elle est par la prise de risque inconsidéré que son amant, qui fait fort peu de cas d’elle et s’est abstenu de la mettre au courant. Cette répétition ôte une grande partie de la tension et du suspens. Enfin, la dernière partie est sans surprise puisqu’elle se concentre sur l’opération de libération de Dumbo et de sa mère. C’est plein d’allant certes mais on connaît le dénouement.
Tim Burton se montre également fort peu subtile lorsque, dans la conversation entre Vandevere, le banquier et Max, on entend le distinguo entre le « rêve » (le monde du cirque) et les « faits » (celui de la banque). Le premier, déjà mis en scène par Burton mais qui relève d’un thème qu’on peut faire remonter à Tod Browning (Freak, 1932), est bien sûr nettement valorisé. Le réalisateur consacre beaucoup de temps, parfois trop, aux numéros ; ce qui ralentit le rythme d’un film qui manque d’en devenir trop long.
Du côté du casting, c’est équilibré. Nouveau venu, Colin Farrell, est moyennement convainquant. Peu charismatique, il n’est pas habité par son rôle et dégage très peu de chaleur humaine. Il ne parvient pas à créer la connexion avec le personnage de Colette, incarnée avec sa maestria habituelle par Éva Green, alors que c’est un élément important dans la dramaturgie. C’est parce que Colette est touchée par la famille Holt, sa sincérité, sa tendresse envers Dumbo, qu’elle bascule de leur côté alors que sa première apparition en faisait la cocotte de Vandevere. Finley Hobbins (Millie) est la plus convaincante des deux enfants et celle dont le rôle est le plus développée. Les scènes entre les enfants et l’éléphanteau en images de synthèse sont les plus belles que réalisent Burton ; elles dégagent de l’émotion. Globalement, sur ce chapitre, le réalisateur réussit son coup. Il fait aussi appel à des habitués. Danny DeVito joue à nouveau un directeur de cirque (comme dans Big Fish) avec conviction et tendresse ; Mickael Keaton retrouve Burton presque trente ans après et il est impeccable dans ce rôle de « méchant ». A travers le personnage de Vandevere, on peut lire une critique virulente de quelqu’un comme Barnum et de la marchandisation de ce monde du rêve qu’est le cirque ainsi que des mauvais traitements infligés aux animaux. Le sort réservé à Dreamland, quand on sait que Disney produit le film, laisse songeur quant à son interprétation.
Anecdotes :
Scénario : Ehren Kruger d’après le roman d’Helen Aberson.
Le budget était de 170 millions de dollars. Le film en rapporta 353.
Sortie américaine : 29 mars 2019 Sortie française : 27 mars 2019
Le rôle de Vandevere intéressait Tom Hanks. Will Smith fut le premier acteur envisagé pour le rôle de Holt Ferrier. Son emploi du temps l’obligea à renoncer. Chris Pine et Casey Affleck furent pressentis.
Il y avait un pot à jurons sur le plateau. Chaque fois qu’un acteur jurait, il devait mettre de l’argent dans le pot. À la fin du tournage, le total a été remis à une œuvre caritative. Apparemment, c’est Colin Farrell qui paya le plus.
Le film a été entièrement tourné en studio. La plupart du tournage a été réalisé aux studios Pinewood et à l’aérodrome de Cardington en Angleterre.
Eva Green a peur du vide. Elle a pu surmonter sa peur pendant le tournage, avec l’aide d’un professionnel qui l’a formée à ses cascades.
Colin Farrell, qui avait déjà travaillé avec des chevaux dans des films, a vérifié que les chevaux sur le tournage étaient correctement traités. Le nom de famille de son personnage est d’ailleurs Farrier soit un maréchal-ferrant qui est un artisan qui pose les fers aux chevaux et en prend soin.
Les producteurs ont fait appel à de vrais artistes de cirque pour apporter un sentiment d’authenticité à leur cirque.
Le rôle joué par Alan Arkin a été écrit en pensant à Christopher Walken qui a dû abandonner le projet dès le début, donc Arkin a été choisi à la place. Cependant, le réalisateur Tim Burton a toujours aimé le soupçon de menace que Walken pouvait apporter à ses rôles et a demandé à Arkin s’il pouvait livrer les répliques de la même manière que Walken.
Le cirque Dreamland de Vandermere est fortement inspiré de trois parcs à thème : Coney Island, World’s Fair et divers parcs à thème Disneyland.
C’est le troisième film reprenant un long-métrage d’animation en prises de vues réelles.
Colin Farrel/Holt Farrier : acteur américain, vu au cinéma dans The War Zone (2000), Minority Report (2002), Phone Game (2003), Alexandre (2004), Miami Vice (2006), Bons baisers de Bruges (2008), Les Chemins de la liberté (2010), Total Recall (2012), Premonitions (2015), Les Animaux fantastiques (2016), The Gentlemen (2020). Pour la télévision, il a joué dans True Detective (2015).
C’est le premier film pour Nico Parker et pour Finley Robbins.
Biographie de Danny DeVito dans Mars Attack!, d’Alan Arkin dans Edward aux mains d’argent, de Michael Keaton dans Beetlejuice et d’Éva Green dans Dark Shadows.
Camarade Totoff- Prince(sse)
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Date d'inscription : 26/02/2015
Re: Saga "Tim Burton"
Une critique très pertinente pour boucler le cycle (sauf erreur de ma part !). Disney l'emporte toujours sur le réalisateur, quelque soit le prestige de ce dernier. J'ai eu le même ressenti pour Colin Farrell dans Total Recall ou Les animaux fantastiques, il n'insufflait pas grand chose à ses rôles
Estuaire44- Empereur
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Date d'inscription : 10/04/2007
Re: Saga "Tim Burton"
Estuaire44 a écrit:Une critique très pertinente pour boucler le cycle (sauf erreur de ma part !). Disney l'emporte toujours sur le réalisateur, quelque soit le prestige de ce dernier. J'ai eu le même ressenti pour Colin Farrell dans Total Recall ou Les animaux fantastiques, il n'insufflait pas grand chose à ses rôles
Merci ! Après trois ans de travail, c'est le dernier film de la saga et le dernier film (à ce jour) de Tim Burton.
Je serai plus indulgent par rapport à sa relation avec Disney qui l'a toujours soutenu quand bien même ses projets n'entraient guère dans le politiquement correct de la firme. Je me demande si l'incendie du parc d'attraction n'est pas une ironie du réalisateur par rapport à son producteur comme s'il lui tirait la langue mais sans méchanceté. Cela dit, je suis burtonien jusqu'au bout des ongles donc forcément très indulgent.
Je serai plus indulgent par rapport à sa relation avec Disney qui l'a toujours soutenu quand bien même ses projets n'entraient guère dans le politiquement correct de la firme. Je me demande si l'incendie du parc d'attraction n'est pas une ironie du réalisateur par rapport à son producteur comme s'il lui tirait la langue mais sans méchanceté. Cela dit, je suis burtonien jusqu'au bout des ongles donc forcément très indulgent.
Camarade Totoff- Prince(sse)
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Date d'inscription : 26/02/2015
Re: Saga "Tim Burton"
Bravo pour cet impressionnant travail !
Estuaire44- Empereur
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Date d'inscription : 10/04/2007
Re: Saga "Tim Burton"
Bravo pour cet épatant dossier, celui d'un vrai fan qui connaît jusqu'au bout des ongles sa filmo !
Dearesttara- Roi (Reine)
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Camarade Totoff- Prince(sse)
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Date d'inscription : 26/02/2015
Re: Saga "Tim Burton"
Ah oui, excellent ça !
Estuaire44- Empereur
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Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007
Re: Saga "Tim Burton"
La série Mercredi Addams est officiellement confirmée par Netflix !
Estuaire44- Empereur
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Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007
Re: Saga "Tim Burton"
A propos du Batman de Burton
https://www.franceinter.fr/emissions/blockbusters/blockbusters-du-lundi-26-juillet-2021
https://www.franceinter.fr/emissions/blockbusters/blockbusters-du-lundi-26-juillet-2021
Estuaire44- Empereur
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