Louis de Funès (1914 - 1983)
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Re: Louis de Funès (1914 - 1983)
A l'instant, je viens d'avoir Christian Marin, toujours aussi gentil, au téléphone.
J'ai donc deux réponses :
Pourquoi n'était il pas dans les deux "Gendarme" ? A l'époque, on me l'a proposé ("Le Gendarme et les extra-terrestres"), mais je jouais une pièce de Jean Anouilh, j'ai donc refusé".
Il n'a pas été sollicité pour "Le Gendarme et les gendarmettes" ayant refusé en 1978.
Pour Muriel Baptiste postulant dans le rôle de Nicole Cruchot, c'est faux. Dès le départ, c'est Geneviève Grad qui était pressentie. Pour lui, il n'y croit pas et me déconseille de mentionner cela dans ma seconde biographie de Muriel.
Quelqu'un de très humble et abordable, très gentil. Il m'a demandé plusieurs fois si cela allait. Je lui ai demandé le concernant, il m'a répondu "Ca va doucement".
Phil tu as ta réponse pour ta chronique sur De Funès.
J'ai donc deux réponses :
Pourquoi n'était il pas dans les deux "Gendarme" ? A l'époque, on me l'a proposé ("Le Gendarme et les extra-terrestres"), mais je jouais une pièce de Jean Anouilh, j'ai donc refusé".
Il n'a pas été sollicité pour "Le Gendarme et les gendarmettes" ayant refusé en 1978.
Pour Muriel Baptiste postulant dans le rôle de Nicole Cruchot, c'est faux. Dès le départ, c'est Geneviève Grad qui était pressentie. Pour lui, il n'y croit pas et me déconseille de mentionner cela dans ma seconde biographie de Muriel.
Quelqu'un de très humble et abordable, très gentil. Il m'a demandé plusieurs fois si cela allait. Je lui ai demandé le concernant, il m'a répondu "Ca va doucement".
Phil tu as ta réponse pour ta chronique sur De Funès.
Invité- Invité
Re: Louis de Funès (1914 - 1983)
C'est toujours intéressant d'avoir les infos 'à la source'.
Invité- Invité
Re: Louis de Funès (1914 - 1983)
Patricks a écrit:A l'instant, je viens d'avoir Christian Marin, toujours aussi gentil, au téléphone.
J'ai donc deux réponses :
Pourquoi n'était il pas dans les deux "Gendarme" ? A l'époque, on me l'a proposé ("Le Gendarme et les extra-terrestres"), mais je jouais une pièce de Jean Anouilh, j'ai donc refusé".
Il n'a pas été sollicité pour "Le Gendarme et les gendarmettes" ayant refusé en 1978.
Pour Muriel Baptiste postulant dans le rôle de Nicole Cruchot, c'est faux. Dès le départ, c'est Geneviève Grad qui était pressentie. Pour lui, il n'y croit pas et me déconseille de mentionner cela dans ma seconde biographie de Muriel.
Quelqu'un de très humble et abordable, très gentil. Il m'a demandé plusieurs fois si cela allait. Je lui ai demandé le concernant, il m'a répondu "Ca va doucement".
Phil tu as ta réponse pour ta chronique sur De Funès.
Parfait! Merci beaucoup! Il commence à se faire vieux, Christian Marin, déjà 82 ans. On lui souhaite une bonne santé.
Concernant les chroniques sur De Funès, elles seront toutes publiées sur le forum avant de l'être sur le site. Ainsi, toute information majeure que j'aurai pu omettre pourrait y être intégrée, car Fufu mérite un dossier le plus complet possible.
Concernant les chroniques sur De Funès, elles seront toutes publiées sur le forum avant de l'être sur le site. Ainsi, toute information majeure que j'aurai pu omettre pourrait y être intégrée, car Fufu mérite un dossier le plus complet possible.
phildlm- Duc(hesse)
- Age : 58
Localisation : Auvergne, entre Clermont et Lyon
Date d'inscription : 19/08/2007
Re: Louis de Funès (1914 - 1983)
Super, je ne manquerai pas de t'envoyer des infos supps! Mais tu m'as l'air aussi Funèsophile que moi!
Invité- Invité
Re: Louis de Funès (1914 - 1983)
Hé! Hé! Pas sûr, car tu me parais bien mordu, toi aussi, au point même d'apprécier les Korber, c'est tout dire... Merci d'avance pour tes infos.Steed3003 a écrit:Super, je ne manquerai pas de t'envoyer des infos supps! Mais tu m'as l'air aussi Funèsophile que moi!
phildlm- Duc(hesse)
- Age : 58
Localisation : Auvergne, entre Clermont et Lyon
Date d'inscription : 19/08/2007
Re: Louis de Funès (1914 - 1983)
Je ne vais pas traiter les films dans l'ordre, mais au gré de mes visionnages selon mes envies. Voici le premier.
L'AILE OU LA CUISSE (1976)****
Production : Christian FECHNER
Scénario : Claude ZIDI
Réalisation : Claude ZIDI
Musique : Vladimir COSMA
GENESE:
REALISATEUR:
DECORS :
GENERIQUE :
SCENARIO :
DISTRIBUTION :
TEMPS FORTS :
POINTS FAIBLES :
ACCUEIL :
SYNTHESE :
Un excellent retour pour Louis de Funès, avec ce film qui constitue son dernier grand classique.
L'AILE OU LA CUISSE (1976)****
Production : Christian FECHNER
Scénario : Claude ZIDI
Réalisation : Claude ZIDI
Musique : Vladimir COSMA
Les mésaventures d’un gastronome et critique culinaire, auteur d’un célèbre guide annuel, aux prises avec un fils plus intéressé par une carrière de saltimbanque que par sa succession à la tête de l’entreprise, des restaurateurs rois de la malbouffe ou simplement déchus et revanchards, et surtout un adversaire redoutable en la personne d’un entrepreneur spécialisé dans la restauration industrielle de piètre qualité.
GENESE:
Le 21 mars 1975, Louis de Funès est victime d’une attaque cardiaque alors qu’il se prépare à entamer le tournage de son cinquième film avec Gérard Oury, intitulé Le crocodile, où il doit interpréter un dictateur particulièrement autoritaire.
Après quelques mois de repos forcé, les médecins donnent leur accord pour une reprise de son activité, uniquement au cinéma, car le théâtre lui est désormais interdit. Mais les propositions se font rares. Fâché avec Oury depuis le tournage avorté du Crocodile, on prétend que De Funès est fini, qu’il ne pourra plus jamais tourner. Plus grave, aucune compagnie ne veut prendre le risque de l’assurer.
C’est alors qu’un jeune producteur va saisir l’opportunité de faire un film avec une de ses idoles, ce dont il rêve depuis des années. Christian Fechner a fait fortune en produisant le chanteur Antoine, dont les Elucubrations ont connu un grand succès, avant de se lancer dans le cinéma où il a essentiellement produit des films de comique troupier avec les Charlots, ainsi que quelques comédies plus ambitieuses, comme La moutarde me monte au nez et son film jumeau La course à l’échalotte, avec Pierre Richard et Jane Birkin.
Au départ, les Charlots étaient les musiciens d’Antoine, puis ils ont entamé leur propre carrière sous l’égide de Christian Fechner, dont le propre frère Jean-Guy est un des membres. Ils ont rencontré un certain succès avec des chansons humoristiques comme Paulette, Merci Patron ou Berry blues, et des films pour la plupart médiocres, parmi lesquels on peut ressortir le plutôt bon Le grand bazar avec Michel Galabru, amusante satyre de la lutte des petits commerçants contre les abus de la grande distribution naissante.
Inutile de préciser qu’à l’époque, Fechner, tout comme son metteur en scène fétiche Claude Zidi, ont une réputation épouvantable dans les milieux du cinéma. Le septième art est alors, peut-être plus encore que de nos jours, dominé par les critiques intellectuels férus de cinéma d’auteur, et les producteurs de films comiques de série B ne trouvent pas grâce à leurs yeux.
Christian Fechner va s’armer de culot et aller trouver les assureurs. Il leur assène de but en blanc qu’ils ne peuvent décider qu’un acteur comme de Funès ne pourra plus jamais tourner, et finit à force d’insistance par obtenir deux semaines d’assurance, ce qui va suffire pour mettre le film en route. Les deux semaines seront prolongées au fur et à mesure du tournage, avec un cardiologue et une ambulance à proximité, au cas où… La production adaptera le rythme du tournage aux capacités de l’acteur principal, qui ne peut plus mener la vie trépidante d’autrefois.
Compte tenu de la réputation de Fechner, et de son passé de producteur, on pouvait craindre le pire pour de Funès, dans le genre des piteux films de Serge Korber. Eh ! Bien, pas du tout ! Christian Fechner ne s’est pas moqué de Louis de Funès, et L’aile ou la cuisse sera un excellent film à tous points de vue, qui relancera brillamment la carrière de notre Fufu, tout comme le suivant La zizanie, produit aussi par Fechner, pas exceptionnel mais encore très bon. Ces deux films seront finalement les meilleurs de sa carrière après maladie, la suite se révélant plus inégale.
Christian Fechner, décédé en 2008 des suites d’un cancer, continuera après sa collaboration avec de Funès sa brillante carrière de producteur, notamment avec l’équipe du café-théâtre Le Splendid, que Louis de Funès apprécie à sa juste valeur. En 1982, il a beaucoup aimé Viens chez-moi, j’habite chez une copine avec Michel Blanc. Du coup, Fechner a prévu de lui attribuer le rôle du grand-père dans le prochain film de la troupe, Papy fait de la Résistance. La mort de de Funès mettra fin au projet. Michel Galabru le remplacera dans le rôle du papy, mais le film lui sera dédié.
Après quelques mois de repos forcé, les médecins donnent leur accord pour une reprise de son activité, uniquement au cinéma, car le théâtre lui est désormais interdit. Mais les propositions se font rares. Fâché avec Oury depuis le tournage avorté du Crocodile, on prétend que De Funès est fini, qu’il ne pourra plus jamais tourner. Plus grave, aucune compagnie ne veut prendre le risque de l’assurer.
C’est alors qu’un jeune producteur va saisir l’opportunité de faire un film avec une de ses idoles, ce dont il rêve depuis des années. Christian Fechner a fait fortune en produisant le chanteur Antoine, dont les Elucubrations ont connu un grand succès, avant de se lancer dans le cinéma où il a essentiellement produit des films de comique troupier avec les Charlots, ainsi que quelques comédies plus ambitieuses, comme La moutarde me monte au nez et son film jumeau La course à l’échalotte, avec Pierre Richard et Jane Birkin.
Au départ, les Charlots étaient les musiciens d’Antoine, puis ils ont entamé leur propre carrière sous l’égide de Christian Fechner, dont le propre frère Jean-Guy est un des membres. Ils ont rencontré un certain succès avec des chansons humoristiques comme Paulette, Merci Patron ou Berry blues, et des films pour la plupart médiocres, parmi lesquels on peut ressortir le plutôt bon Le grand bazar avec Michel Galabru, amusante satyre de la lutte des petits commerçants contre les abus de la grande distribution naissante.
Inutile de préciser qu’à l’époque, Fechner, tout comme son metteur en scène fétiche Claude Zidi, ont une réputation épouvantable dans les milieux du cinéma. Le septième art est alors, peut-être plus encore que de nos jours, dominé par les critiques intellectuels férus de cinéma d’auteur, et les producteurs de films comiques de série B ne trouvent pas grâce à leurs yeux.
Christian Fechner va s’armer de culot et aller trouver les assureurs. Il leur assène de but en blanc qu’ils ne peuvent décider qu’un acteur comme de Funès ne pourra plus jamais tourner, et finit à force d’insistance par obtenir deux semaines d’assurance, ce qui va suffire pour mettre le film en route. Les deux semaines seront prolongées au fur et à mesure du tournage, avec un cardiologue et une ambulance à proximité, au cas où… La production adaptera le rythme du tournage aux capacités de l’acteur principal, qui ne peut plus mener la vie trépidante d’autrefois.
Compte tenu de la réputation de Fechner, et de son passé de producteur, on pouvait craindre le pire pour de Funès, dans le genre des piteux films de Serge Korber. Eh ! Bien, pas du tout ! Christian Fechner ne s’est pas moqué de Louis de Funès, et L’aile ou la cuisse sera un excellent film à tous points de vue, qui relancera brillamment la carrière de notre Fufu, tout comme le suivant La zizanie, produit aussi par Fechner, pas exceptionnel mais encore très bon. Ces deux films seront finalement les meilleurs de sa carrière après maladie, la suite se révélant plus inégale.
Christian Fechner, décédé en 2008 des suites d’un cancer, continuera après sa collaboration avec de Funès sa brillante carrière de producteur, notamment avec l’équipe du café-théâtre Le Splendid, que Louis de Funès apprécie à sa juste valeur. En 1982, il a beaucoup aimé Viens chez-moi, j’habite chez une copine avec Michel Blanc. Du coup, Fechner a prévu de lui attribuer le rôle du grand-père dans le prochain film de la troupe, Papy fait de la Résistance. La mort de de Funès mettra fin au projet. Michel Galabru le remplacera dans le rôle du papy, mais le film lui sera dédié.
REALISATEUR:
Christian Fechner confie la réalisation à Claude Zidi, avec qui il a l’habitude de travailler. A l’époque, Zidi n’est pas plus populaire que lui au sein de la profession. Il s’est surtout signalé comme le réalisateur des films des Charlots ou de Pierre Richard et on le considère comme un metteur en scène de seconde zone, tout juste bon à diriger des films commerciaux de piètre qualité.
Il faudra attendre la décennie suivante avec la sortie des Ripoux, avec Thierry Lhermitte et Philippe Noiret, pour que les critiques reconnaissent son talent, alors que le public lui faisait un triomphe depuis le début des années 70.
Ici, il a su s’adapter à Louis de Funès, avec qui il n’avait jamais travaillé, laissant l’acteur jouer à sa guise et sachant ménager ses forces. Sa tâche est facilitée par l’entente immédiate entre les deux acteurs principaux.
Il faudra attendre la décennie suivante avec la sortie des Ripoux, avec Thierry Lhermitte et Philippe Noiret, pour que les critiques reconnaissent son talent, alors que le public lui faisait un triomphe depuis le début des années 70.
Ici, il a su s’adapter à Louis de Funès, avec qui il n’avait jamais travaillé, laissant l’acteur jouer à sa guise et sachant ménager ses forces. Sa tâche est facilitée par l’entente immédiate entre les deux acteurs principaux.
DECORS :
Le tournage se déroule en plusieurs endroits de la région parisienne. Il débute même dans un hangar, aucun studio n’étant disponible pour les premières prises de vue. L’hôtel particulier de Duchemin est situé dans une cour du 5, place d’Iena, dans le seizième arrondissement de Paris. Par la suite, il servira de décor à l’épisode « Le Lion et la Licorne » des News Avengers.
Charles Duchemin roule dans une superbe Mercedes 230, témoignage éclatant de ce que fut la grande époque des voitures au cours des années 70, par contraste avec la déception engendrée par la plupart des modèles actuels.
Charles Duchemin roule dans une superbe Mercedes 230, témoignage éclatant de ce que fut la grande époque des voitures au cours des années 70, par contraste avec la déception engendrée par la plupart des modèles actuels.
GENERIQUE :
Le générique de début présente des vues animées de différents ustensiles de cuisine, au son d’une musique de Vladimir Cosma, entraînante et se laissant facilement retenir, bien que sans génie. Cosma a tellement composé pour le cinéma et la télévision qu’il n’a pu à tous les coups produire d’inoubliables chefs-d’œuvre.
La même musique est reprise en fin de film pour un générique de fin très classique sur fond d’arrêt sur image sur la dernière scène, suivi du traditionnel défilé des noms des acteurs secondaires et des techniciens.
La séquence pré-générique se résume à une présentation en voix off du fameux guide Duchemin, que l’on découvre à la devanture des magasins du monde entier, écrit en plusieurs langues étrangères courantes, et même en russe ! Elle se conclut par une habile transition vers le scénario en général et la première scène en particulier, affirmant que tous les restaurateurs appréhendent la venue d’un inspecteur du guide de référence, qui fait et défait les réputations et les fortunes.
La même musique est reprise en fin de film pour un générique de fin très classique sur fond d’arrêt sur image sur la dernière scène, suivi du traditionnel défilé des noms des acteurs secondaires et des techniciens.
La séquence pré-générique se résume à une présentation en voix off du fameux guide Duchemin, que l’on découvre à la devanture des magasins du monde entier, écrit en plusieurs langues étrangères courantes, et même en russe ! Elle se conclut par une habile transition vers le scénario en général et la première scène en particulier, affirmant que tous les restaurateurs appréhendent la venue d’un inspecteur du guide de référence, qui fait et défait les réputations et les fortunes.
SCENARIO :
Tournant amorcé avec Les aventures de Rabbi Jacob, les films de Louis de Funès vont désormais, en plus de leur aspect comique, aborder des sujets de société qui lui tiennent à cœur, le plus souvent traités de manière satyrique. De Funès est l’une des premières personnalités sensibilisées à la défense de l’environnement, à l’époque où ce n’était pas encore à la mode de se montrer écologiste. Le scénario de L’Aile ou la Cuisse, qui tourne en dérision la malbouffe générée par la restauration industrielle en plein essor, se trouve en adéquation avec les thèmes chers à l’acteur principal. En effet, le lien entre la défense de l’environnement et la défense de la nourriture naturelle est évident.
Evidemment, le script donne dans l’exagération, effets comiques obligent, mais le fond de vérité est incontestable, sous couvert des démêlés du critique et gastronome Charles Duchemin avec le « Napoléon » de la nourriture industrielle Jacques Tricatel.
La première partie montre la vie des Duchemin, la lutte sans merci du père contre les mauvais restaurateurs, sa défense sans concessions de la cuisine de qualité, pendant que son fils est plus préoccupé par les débuts difficiles du cirque qu’il vient de fonder avec quelques amis, grâce à l’argent gagné chez son père.
La deuxième partie dépeint la tournée en province entreprise dans le but de collecter des informations contre Tricatel, que Duchemin a décidé d’affronter dans une émission de télévision animée par Philippe Bouvard. C’est la tentative de Tricatel de se procurer la maquette du guide à paraître, afin de racheter à bon prix les restaurants qui vont obtenir les meilleures notes, qui va décider Charles Duchemin à entreprendre ce combat. L’opération s’est déroulée sous la forme d’un cambriolage avorté dans l’hôtel particulier de Duchemin, effectué par un faux-plombier payé par l’adjoint de Tricatel, caricature évidente de l’affaire des « faux plombiers » du Canard enchaîné, qui avait défrayé la chronique en fin d’année 1973.
Duchemin déploie des trésors d’imagination et de déguisements pour préserver son anonymat sur cette tournée, mais les coups perfides de Tricatel permettent à un restaurateur naguère déchu de ses deux étoiles par le critique de le démasquer. Le malheureux Duchemin se retrouve victime de la vengeance du gargotier : sous la menace d’un fusil, il est contraint de manger les restes du jour, tous pur produits Tricatel !
La troisième partie débute avec l’hospitalisation de Charles Duchemin, due à l’orgie forcée de nourriture frelatée. Elle relate les efforts désespérés des Duchemin père et fils pour tenter de trouver des preuves contre Tricatel avant l’affrontement télévisé, car l’industriel dispose d’un angle d’attaque solide contre Charles, qui a perdu le goût. L’émission de télévision constitue la véritable conclusion, la scène finale de réception à l’Académie Française n’étant qu’un épilogue anecdotique.
Evidemment, le script donne dans l’exagération, effets comiques obligent, mais le fond de vérité est incontestable, sous couvert des démêlés du critique et gastronome Charles Duchemin avec le « Napoléon » de la nourriture industrielle Jacques Tricatel.
La première partie montre la vie des Duchemin, la lutte sans merci du père contre les mauvais restaurateurs, sa défense sans concessions de la cuisine de qualité, pendant que son fils est plus préoccupé par les débuts difficiles du cirque qu’il vient de fonder avec quelques amis, grâce à l’argent gagné chez son père.
La deuxième partie dépeint la tournée en province entreprise dans le but de collecter des informations contre Tricatel, que Duchemin a décidé d’affronter dans une émission de télévision animée par Philippe Bouvard. C’est la tentative de Tricatel de se procurer la maquette du guide à paraître, afin de racheter à bon prix les restaurants qui vont obtenir les meilleures notes, qui va décider Charles Duchemin à entreprendre ce combat. L’opération s’est déroulée sous la forme d’un cambriolage avorté dans l’hôtel particulier de Duchemin, effectué par un faux-plombier payé par l’adjoint de Tricatel, caricature évidente de l’affaire des « faux plombiers » du Canard enchaîné, qui avait défrayé la chronique en fin d’année 1973.
Duchemin déploie des trésors d’imagination et de déguisements pour préserver son anonymat sur cette tournée, mais les coups perfides de Tricatel permettent à un restaurateur naguère déchu de ses deux étoiles par le critique de le démasquer. Le malheureux Duchemin se retrouve victime de la vengeance du gargotier : sous la menace d’un fusil, il est contraint de manger les restes du jour, tous pur produits Tricatel !
La troisième partie débute avec l’hospitalisation de Charles Duchemin, due à l’orgie forcée de nourriture frelatée. Elle relate les efforts désespérés des Duchemin père et fils pour tenter de trouver des preuves contre Tricatel avant l’affrontement télévisé, car l’industriel dispose d’un angle d’attaque solide contre Charles, qui a perdu le goût. L’émission de télévision constitue la véritable conclusion, la scène finale de réception à l’Académie Française n’étant qu’un épilogue anecdotique.
DISTRIBUTION :
Louis de Funès se voit confier un rôle taillé sur mesure avec Charles Duchemin, ce gastronome et critique culinaire qui n’est pas sans rappeler Monsieur Septime et les bons souvenirs de l’excellent Grand restaurant. La ressemblance du guide Duchemin avec le célèbre guide Michelin est évidente, tant dans l’analogie entre les noms que dans le graphisme et la couleur rouge de l’ouvrage.
Fechner et Zidi ont prévu d’attribuer le rôle de son fils Gérard, qui doit être son partenaire principal, à Pierre Richard. Ce dernier va revenir sur son accord après avoir lu le scénario. Il expliquera par la suite que son rôle ne lui plaisait pas et que le scénario dans son ensemble ne l’avait pas convaincu. S’il ne doutait pas que de Funès puisse s’en sortir honorablement grâce à son talent pur, il ne se pensait pas capable d’en faire autant et avait donc préféré renoncer malgré son envie de jouer avec Louis de Funès.
Ces arguments ne me paraissent pas convaincants. En effet, Richard tournera à la place On aura tout vu de Georges Lautner, comédie sympathique dans laquelle il incarne un photographe las de travailler dans la publicité, qui accepte de réaliser un film pornographique pour débuter dans le cinéma. Plus que les interminables démêlés sentimentaux de Pierre Richard avec Miou-Miou, vite lassants, le principal intérêt de ce film est l’extraordinaire numéro de Jean-Pierre Marielle en producteur de porno débordant de cynisme jovial.
Franchement, on ne voit pas en quoi le script de l’Aile ou la cuisse est inférieur à celui de On aura tout vu. Au fond, peut-être Pierre Richard a-t-il eu peur de ne pas être à la hauteur de son prestigieux partenaire, et préféré être la vedette principale dans un autre film, même moins attrayant.
Le choix de son remplaçant s’avère délicat. Fechner se rend spécialement au château de Clermont pour en discuter avec la famille de Funès, et avance le nom de Coluche. Silence gêné de Louis et de son épouse. Jeanne trouve Coluche trop vulgaire pour jouer avec son mari. C’est alors que leur fils Olivier intervient : « Coluche, mais c’est génial ! Et puis, il est plus drôle que toi, papa ! »
Ni de Funès, ni le public n’auront à regretter ce choix, tant l’entente entre les deux acteurs sera parfaite et transparaîtra à l’écran. De Funès ressort de sa convalescence plus bienveillant avec ses partenaires et prend Coluche sous son aile (mais pas sous sa cuisse!). Les deux complices s’amusent à se faire rire mutuellement, font des blagues qui détendent l’atmosphère sur le plateau. Louis insistera pour que le nom de Coluche figure sur l’affiche du film à hauteur du sien et en aussi gros caractères, ce qui prouve son élégance. En effet, Michel Colucchi n’avait alors rien prouvé au cinéma où il n’avait tenu que des rôles secondaires, à l’exception du rôle principal dans le fort médiocre Bon Roi Dagobert. Ce choix risqué sera un coup de maître puisqu’il composera un excellent Gérard Duchemin, conservant l’aspect timide prévu pour Pierre Richard, et apportant un dynamisme dont l’interprète du Grand Blond n’aurait pas forcément fait preuve.
Le nouveau partenaire de Fufu constitue une révolution par rapport aux acteurs qui l’entouraient jusqu’à présent. Et ce n’est pas tout puisque la majeure partie de la distribution est constituée de comédiens choisis par Fechner et Zidi parmi leurs habitués. Exit les traditionnels Christian Marin, Jean Lefebvre, Jacques Dynam, Jean Ozenne ou Grosso et Modo ! De Funès prouve ainsi qu’il est capable d’innover, lui le traditionnaliste.
Fufu parvient quand même à imposer Claude Gensac, contre l’avis de Claude Zidi, qui trouvait l’actrice trop connotée comme « la femme de de Funès à l’écran », comme « sa biche ». Ici, elle incarne sa secrétaire et, pour rompre avec son image d’épouse élégante, Zidi l’affuble d’une perruque grise et d’une robe au tissu imprimé d’énormes marguerites, absolument ridicule. OK, elle se prénomme Marguerite, mais on doit bien admettre que la malheureuse Claude Gensac n’a pas été mise en valeur dans ce film, où son rôle est d’ailleurs singulièrement réduit en raison de l’accident subi par Marguerite lors du cambriolage, ce point du scénario n'étant certainement pas innocent de la part de Zidi...
Elle est remplacée par une ravissante intérimaire hollandaise, prénommée elle aussi Marguerite, et dotée de l’accent batave adéquat : une véritable Dave au féminin, bien que son interprète Ann Zacharias soit en réalité suédoise et non hollandaise…
Les autres comédiens amenés par de Funès n’incarnent que des rôles extrêmement succincts, à l’image de Max Montavon, concepteur de l’épée d’académicien à pommeau représentant une aile sur une cuisse, ou de Dominique Davray en infirmière « piqueuse »; ou peu développés comme celui tenu par Antoine Marin, un de ses collaborateurs, ou par Marcel Dalio, le tailleur.
La majorité des comédiens sont donc choisis par Fechner, Zidi et Coluche, qui amène ses amis du café-théâtre Le Splendid : Marie-Anne Chazel et Bruno Moynot ne font que des apparitions, mais Martin Lamotte obtient le rôle conséquent du directeur du cirque fondé par Gérard Duchemin.
Parmi les habitués des films de Zidi, on reconnaît Jean Martin en médecin diagnostiquant l’agueusie de Duchemin, Vittorio Caprioli en restaurateur vindicatif et bien entendu Julien Guiomar. Car c’est bien lui, le fameux Julien Guiomar, qui est la troisième vedette du film, juste derrière les deux interprètes principaux. Epoustouflant comme à son habitude en chef d’entreprise arriviste et cynique, sa part dans la réussite du film est loin d’être négligeable.
Le personnage de Tricatel est une métaphore de Jacques Borel, entrepreneur qui à l’époque était au sommet après avoir fait fortune dans les restoroutes. Tricatel lui ressemble jusque dans ses manières abruptes de parvenu mal dégrossi. Curieusement, et ce ne peut être qu’une coïncidence puisque le personnage était alors inconnu, Tricatel a beaucoup de points communs avec… Bernard Tapie : beau parleur, truculent, arriviste sans scrupules, maltraitant son adjoint tout comme Tapie n’était guère tendre avec Bernès, populiste invétéré, le « Napoléon du prêt-à-manger » (c’était aussi le surnom de Jacques Borel) est vraiment une caricature anticipée et involontaire du futur patron de l’Olympique de Marseille.
Son adjoint et souffre-douleur est interprété par Daniel Langlet, acteur au physique de faux-jeton adéquat pour ce rôle de second couteau servile, parfois tenté de se rebeller, mais malgré tout fidèle serviteur de son sinistre patron, bien que ce dernier aille jusqu’à lui faire cirer ses chaussures…
Un détail amusant est révélateur de l’inculture de Tricatel. Lorsque Bouvard, stupéfait du moyen détourné proposé par Tricatel pour convaincre Duchemin d’être son adversaire dans son émission, lui confie qu’il lui paraît être « l’héritier de Machiavel », son interlocuteur lui réplique instantanément : « Alors là, je vous arrête ! Je ne suis pas un fils à Papa, je me suis fait tout seul ! ».
Autre rôle savoureux, celui du chauffeur de Duchemin, parfaitement interprété par le regretté Raymond Bussières, et ravi de jouer les fous du volant lorsque son patron le lui demande, au grand dam de Gérard, peu amateur de vitesse. Robert Lombard est très bon également en restaurateur inquiet de la visite d’un inspecteur du guide Duchemin, dans la première scène du film.
La seule fausse note vient de Philippe Bouvard, qui joue son propre rôle. Pour rester courtois, disons qu’il a bien fait de ne pas tenter une carrière d’acteur, tellement il est visible qu’il joue, ou plutôt qu’il récite… Enfin, on reconnaît la belle voix grave de l’humoriste Jean Amadou, qui nous a quittés récemment, et qui assurait ici les commentaires en voix off lors de la séquence pré-générique.
Fechner et Zidi ont prévu d’attribuer le rôle de son fils Gérard, qui doit être son partenaire principal, à Pierre Richard. Ce dernier va revenir sur son accord après avoir lu le scénario. Il expliquera par la suite que son rôle ne lui plaisait pas et que le scénario dans son ensemble ne l’avait pas convaincu. S’il ne doutait pas que de Funès puisse s’en sortir honorablement grâce à son talent pur, il ne se pensait pas capable d’en faire autant et avait donc préféré renoncer malgré son envie de jouer avec Louis de Funès.
Ces arguments ne me paraissent pas convaincants. En effet, Richard tournera à la place On aura tout vu de Georges Lautner, comédie sympathique dans laquelle il incarne un photographe las de travailler dans la publicité, qui accepte de réaliser un film pornographique pour débuter dans le cinéma. Plus que les interminables démêlés sentimentaux de Pierre Richard avec Miou-Miou, vite lassants, le principal intérêt de ce film est l’extraordinaire numéro de Jean-Pierre Marielle en producteur de porno débordant de cynisme jovial.
Franchement, on ne voit pas en quoi le script de l’Aile ou la cuisse est inférieur à celui de On aura tout vu. Au fond, peut-être Pierre Richard a-t-il eu peur de ne pas être à la hauteur de son prestigieux partenaire, et préféré être la vedette principale dans un autre film, même moins attrayant.
Le choix de son remplaçant s’avère délicat. Fechner se rend spécialement au château de Clermont pour en discuter avec la famille de Funès, et avance le nom de Coluche. Silence gêné de Louis et de son épouse. Jeanne trouve Coluche trop vulgaire pour jouer avec son mari. C’est alors que leur fils Olivier intervient : « Coluche, mais c’est génial ! Et puis, il est plus drôle que toi, papa ! »
Ni de Funès, ni le public n’auront à regretter ce choix, tant l’entente entre les deux acteurs sera parfaite et transparaîtra à l’écran. De Funès ressort de sa convalescence plus bienveillant avec ses partenaires et prend Coluche sous son aile (mais pas sous sa cuisse!). Les deux complices s’amusent à se faire rire mutuellement, font des blagues qui détendent l’atmosphère sur le plateau. Louis insistera pour que le nom de Coluche figure sur l’affiche du film à hauteur du sien et en aussi gros caractères, ce qui prouve son élégance. En effet, Michel Colucchi n’avait alors rien prouvé au cinéma où il n’avait tenu que des rôles secondaires, à l’exception du rôle principal dans le fort médiocre Bon Roi Dagobert. Ce choix risqué sera un coup de maître puisqu’il composera un excellent Gérard Duchemin, conservant l’aspect timide prévu pour Pierre Richard, et apportant un dynamisme dont l’interprète du Grand Blond n’aurait pas forcément fait preuve.
Le nouveau partenaire de Fufu constitue une révolution par rapport aux acteurs qui l’entouraient jusqu’à présent. Et ce n’est pas tout puisque la majeure partie de la distribution est constituée de comédiens choisis par Fechner et Zidi parmi leurs habitués. Exit les traditionnels Christian Marin, Jean Lefebvre, Jacques Dynam, Jean Ozenne ou Grosso et Modo ! De Funès prouve ainsi qu’il est capable d’innover, lui le traditionnaliste.
Fufu parvient quand même à imposer Claude Gensac, contre l’avis de Claude Zidi, qui trouvait l’actrice trop connotée comme « la femme de de Funès à l’écran », comme « sa biche ». Ici, elle incarne sa secrétaire et, pour rompre avec son image d’épouse élégante, Zidi l’affuble d’une perruque grise et d’une robe au tissu imprimé d’énormes marguerites, absolument ridicule. OK, elle se prénomme Marguerite, mais on doit bien admettre que la malheureuse Claude Gensac n’a pas été mise en valeur dans ce film, où son rôle est d’ailleurs singulièrement réduit en raison de l’accident subi par Marguerite lors du cambriolage, ce point du scénario n'étant certainement pas innocent de la part de Zidi...
Elle est remplacée par une ravissante intérimaire hollandaise, prénommée elle aussi Marguerite, et dotée de l’accent batave adéquat : une véritable Dave au féminin, bien que son interprète Ann Zacharias soit en réalité suédoise et non hollandaise…
Les autres comédiens amenés par de Funès n’incarnent que des rôles extrêmement succincts, à l’image de Max Montavon, concepteur de l’épée d’académicien à pommeau représentant une aile sur une cuisse, ou de Dominique Davray en infirmière « piqueuse »; ou peu développés comme celui tenu par Antoine Marin, un de ses collaborateurs, ou par Marcel Dalio, le tailleur.
La majorité des comédiens sont donc choisis par Fechner, Zidi et Coluche, qui amène ses amis du café-théâtre Le Splendid : Marie-Anne Chazel et Bruno Moynot ne font que des apparitions, mais Martin Lamotte obtient le rôle conséquent du directeur du cirque fondé par Gérard Duchemin.
Parmi les habitués des films de Zidi, on reconnaît Jean Martin en médecin diagnostiquant l’agueusie de Duchemin, Vittorio Caprioli en restaurateur vindicatif et bien entendu Julien Guiomar. Car c’est bien lui, le fameux Julien Guiomar, qui est la troisième vedette du film, juste derrière les deux interprètes principaux. Epoustouflant comme à son habitude en chef d’entreprise arriviste et cynique, sa part dans la réussite du film est loin d’être négligeable.
Le personnage de Tricatel est une métaphore de Jacques Borel, entrepreneur qui à l’époque était au sommet après avoir fait fortune dans les restoroutes. Tricatel lui ressemble jusque dans ses manières abruptes de parvenu mal dégrossi. Curieusement, et ce ne peut être qu’une coïncidence puisque le personnage était alors inconnu, Tricatel a beaucoup de points communs avec… Bernard Tapie : beau parleur, truculent, arriviste sans scrupules, maltraitant son adjoint tout comme Tapie n’était guère tendre avec Bernès, populiste invétéré, le « Napoléon du prêt-à-manger » (c’était aussi le surnom de Jacques Borel) est vraiment une caricature anticipée et involontaire du futur patron de l’Olympique de Marseille.
Son adjoint et souffre-douleur est interprété par Daniel Langlet, acteur au physique de faux-jeton adéquat pour ce rôle de second couteau servile, parfois tenté de se rebeller, mais malgré tout fidèle serviteur de son sinistre patron, bien que ce dernier aille jusqu’à lui faire cirer ses chaussures…
Un détail amusant est révélateur de l’inculture de Tricatel. Lorsque Bouvard, stupéfait du moyen détourné proposé par Tricatel pour convaincre Duchemin d’être son adversaire dans son émission, lui confie qu’il lui paraît être « l’héritier de Machiavel », son interlocuteur lui réplique instantanément : « Alors là, je vous arrête ! Je ne suis pas un fils à Papa, je me suis fait tout seul ! ».
Autre rôle savoureux, celui du chauffeur de Duchemin, parfaitement interprété par le regretté Raymond Bussières, et ravi de jouer les fous du volant lorsque son patron le lui demande, au grand dam de Gérard, peu amateur de vitesse. Robert Lombard est très bon également en restaurateur inquiet de la visite d’un inspecteur du guide Duchemin, dans la première scène du film.
La seule fausse note vient de Philippe Bouvard, qui joue son propre rôle. Pour rester courtois, disons qu’il a bien fait de ne pas tenter une carrière d’acteur, tellement il est visible qu’il joue, ou plutôt qu’il récite… Enfin, on reconnaît la belle voix grave de l’humoriste Jean Amadou, qui nous a quittés récemment, et qui assurait ici les commentaires en voix off lors de la séquence pré-générique.
TEMPS FORTS :
Le film ne manque pas de très bons moments, et ce dès la première scène, suscitant immédiatement chez le spectateur un intérêt qui ne faiblira pas. On y découvre dès la fin du générique Louis de Funès déjeunant (ou essayant de déjeuner…) dans un restaurant parisien, grimé en vieille dame. Un de ses inspecteurs est présent, et l’astuce consiste à faire prévenir le restaurateur à l'aide d'un coup de fil opportun, afin d’observer son changement de comportement.
Robert Lombard est parfait dans son exercice de séduction exagérée, multipliant les cadeaux pour satisfaire le « Duchemin »… et négligeant du même coup les autres clients, dont le véritable Duchemin évidemment incognito sous son déguisement de grand-mère. Le restaurateur indélicat va jusqu’à conclure en rétorquant à un maître d’hôtel qui lui fait remarquer « qu’ils s’en sont bien sortis » : « Moi, les Duchemin, je les repère à cent mètres, ils ne peuvent plus m’avoir ! », tout en adressant un sourire condescendant à la « vieille dame » qui lui fait face…
Quant à de Funès, ce rôle de grand-mère tout en mimiques est évidemment idéal pour lui permettre d’exprimer tout son potentiel comique. Il a souvent expliqué que sa mère, très expressive dans ses colères, lui avait servi de modèle pour interpréter les dames âgées, un exercice qu’il affectionnait particulièrement.
Les scènes suivantes décrivent la vie quotidienne harassante de Charles Duchemin, et sont toutes fort drôles, depuis la visite du dentiste à domicile, équipé de ses appareils, avec Duchemin qui ouvre les yeux au lieu de la bouche tellement il a peur, et le courrier signé avec la fraise du praticien au lieu du stylo, jusqu’au test des desserts pour enfants, en passant par les commentaires acerbes sur les mauvais restaurants.
Exemple : « Si vous voulez mourir d’un ulcère à l’estomac dans les semaines à venir, risquer votre vie à chaque coquillage et l’infarctus en lisant l’addition, allez aux Délices de l’Océan, un nouveau restaurant de la région parisienne. C’est absolument infect et avec une régularité exemplaire, sauf le dimanche, jour de fermeture. » ( !)
Mais la meilleure scène, que je revoie toujours avec le plaisir le plus extrême tellement elle est irrésistible, est celle de l’Auberge de la Truite. Avec pour musique de fond un air de bal musette de banlieue populaire, Duchemin se déguise en touriste américain excentrique, parfaitement à l’aise dans sa veste rose et sa chemise bariolée de type hawaïen, sans oublier le traditionnel Stetson.
L’auberge est dirigée par deux hommes très antipathiques, dont l’adipeux Claude Villers, adjoint du patron, un viain mal rasé, ironique devant l’accent du « Yankee » lorsqu’il passe sa commande :
« Salade of tomatoes… entrecôtes bordoulaises…
-Avec du Coca-Cola ?
-No ! With Beaujolais nouveau ! »
La veste de Duchemin est truffée de poches secrètes et de tubes à essai où la nourriture est stockée aux fins d’analyses en laboratoire. On tremble en pensant à ce qu’ils vont trouver…
La visite de la cuisine est tout aussi jouissive. Le patron recommande à Duchemin de suivre les mouches pour trouver le chemin des toilettes, mais notre gastronome en profite pour se tromper et observer la cuisine. Ce qu’il découvre est édifiant : nourriture remise dans les plats après être tombée par terre, chute de mégots dans la pâte à tarte, huile utilisée pour plusieurs fritures successives. Victime d’un haut-le-cœur, Duchemin prendra sa revanche en coupant l’électricité dans la cave au moment où les aubergistes y descendent, provoquant de belles dégringolades.
A partir de la deuxième partie et de l’affrontement avec Tricatel, l’intensité baisse légèrement mais le film demeure très bon. Le talent de Julien Guiomar, magnifique en self-made-man féroce et amoral, s’ajoute à celui de Coluche et de Louis de Funès, dans un mélange détonnant.
Une des meilleures séquences est celle du repas forcé de Charles Duchemin, sous la menace du fusil d’un restaurateur décidé à se venger de sa ruine, consécutive à la perte de ses deux étoiles. Vittorio Caprioli était bien l’acteur idéal pour rétorquer à de Funès, qui lui fait remarquer que les huîtres ne sont pas fraîches : «Non… mais il n’y en a que trois ! »
Dans le final, la scène ou Charles, qui a perdu le sens du goût, vient à la rescousse de son fils en devinant la provenance d’un grand cru par simple observation de sa couleur, de sa « pourriture noble en suspension » et de « ses impuretés qui descendent lentement », pour outrancière qu’elle soit, vaut quand même le coup d’œil.
Robert Lombard est parfait dans son exercice de séduction exagérée, multipliant les cadeaux pour satisfaire le « Duchemin »… et négligeant du même coup les autres clients, dont le véritable Duchemin évidemment incognito sous son déguisement de grand-mère. Le restaurateur indélicat va jusqu’à conclure en rétorquant à un maître d’hôtel qui lui fait remarquer « qu’ils s’en sont bien sortis » : « Moi, les Duchemin, je les repère à cent mètres, ils ne peuvent plus m’avoir ! », tout en adressant un sourire condescendant à la « vieille dame » qui lui fait face…
Quant à de Funès, ce rôle de grand-mère tout en mimiques est évidemment idéal pour lui permettre d’exprimer tout son potentiel comique. Il a souvent expliqué que sa mère, très expressive dans ses colères, lui avait servi de modèle pour interpréter les dames âgées, un exercice qu’il affectionnait particulièrement.
Les scènes suivantes décrivent la vie quotidienne harassante de Charles Duchemin, et sont toutes fort drôles, depuis la visite du dentiste à domicile, équipé de ses appareils, avec Duchemin qui ouvre les yeux au lieu de la bouche tellement il a peur, et le courrier signé avec la fraise du praticien au lieu du stylo, jusqu’au test des desserts pour enfants, en passant par les commentaires acerbes sur les mauvais restaurants.
Exemple : « Si vous voulez mourir d’un ulcère à l’estomac dans les semaines à venir, risquer votre vie à chaque coquillage et l’infarctus en lisant l’addition, allez aux Délices de l’Océan, un nouveau restaurant de la région parisienne. C’est absolument infect et avec une régularité exemplaire, sauf le dimanche, jour de fermeture. » ( !)
Mais la meilleure scène, que je revoie toujours avec le plaisir le plus extrême tellement elle est irrésistible, est celle de l’Auberge de la Truite. Avec pour musique de fond un air de bal musette de banlieue populaire, Duchemin se déguise en touriste américain excentrique, parfaitement à l’aise dans sa veste rose et sa chemise bariolée de type hawaïen, sans oublier le traditionnel Stetson.
L’auberge est dirigée par deux hommes très antipathiques, dont l’adipeux Claude Villers, adjoint du patron, un viain mal rasé, ironique devant l’accent du « Yankee » lorsqu’il passe sa commande :
« Salade of tomatoes… entrecôtes bordoulaises…
-Avec du Coca-Cola ?
-No ! With Beaujolais nouveau ! »
La veste de Duchemin est truffée de poches secrètes et de tubes à essai où la nourriture est stockée aux fins d’analyses en laboratoire. On tremble en pensant à ce qu’ils vont trouver…
La visite de la cuisine est tout aussi jouissive. Le patron recommande à Duchemin de suivre les mouches pour trouver le chemin des toilettes, mais notre gastronome en profite pour se tromper et observer la cuisine. Ce qu’il découvre est édifiant : nourriture remise dans les plats après être tombée par terre, chute de mégots dans la pâte à tarte, huile utilisée pour plusieurs fritures successives. Victime d’un haut-le-cœur, Duchemin prendra sa revanche en coupant l’électricité dans la cave au moment où les aubergistes y descendent, provoquant de belles dégringolades.
A partir de la deuxième partie et de l’affrontement avec Tricatel, l’intensité baisse légèrement mais le film demeure très bon. Le talent de Julien Guiomar, magnifique en self-made-man féroce et amoral, s’ajoute à celui de Coluche et de Louis de Funès, dans un mélange détonnant.
Une des meilleures séquences est celle du repas forcé de Charles Duchemin, sous la menace du fusil d’un restaurateur décidé à se venger de sa ruine, consécutive à la perte de ses deux étoiles. Vittorio Caprioli était bien l’acteur idéal pour rétorquer à de Funès, qui lui fait remarquer que les huîtres ne sont pas fraîches : «Non… mais il n’y en a que trois ! »
Dans le final, la scène ou Charles, qui a perdu le sens du goût, vient à la rescousse de son fils en devinant la provenance d’un grand cru par simple observation de sa couleur, de sa « pourriture noble en suspension » et de « ses impuretés qui descendent lentement », pour outrancière qu’elle soit, vaut quand même le coup d’œil.
POINTS FAIBLES :
Peu de faiblesses dans ce film réussi. Hormis les tenues grotesques de Claude Gensac et la prestation ratée de Philippe Bouvard, on note une scène assez pesante d’échanges interminables de valises dans un hôtel, dont on aurait très bien pu se passer. Les principaux points faibles sont générés par le style premier degré habituel du Zidi de l’époque. Dans ce registre, on peut citer les scènes de cirque avec le sempiternel « vous vous êtes trompés, c’est le Président de la République », tellement clownesque que la perspective de découvrir Giscard d’Estaing à la place du spectateur volontaire (ou non…) ne me fait pas rire. Il est vrai que les clowns en général m’ont toujours paru grotesques, qui plus est pas drôles.
Les investigations de Duchemin père et fils au sein de l’usine de Tricatel, la laitue en plastique, le faux poisson, tout ceci m’avait beaucoup plu lorsque j’avais vu le film au cinéma à l’âge de dix ans, mais me font moins rire aujourd’hui, sans doute en raison de leur aspect enfantin. Même commentaire pour la fin ridicule de l’émission de Bouvard, avec Tricatel qui subit le sort semble-t-il réservé aux vaincus : englouti par des dents gigantesques sur ordre de boutons de télécommande actionnés par les spectateurs, il se retrouve en enfer au milieu de jets de fumée. Ceci ne correspond guère au style de Philippe Bouvard, animateur d’émissions sérieuses et non de pantalonnades.
Les investigations de Duchemin père et fils au sein de l’usine de Tricatel, la laitue en plastique, le faux poisson, tout ceci m’avait beaucoup plu lorsque j’avais vu le film au cinéma à l’âge de dix ans, mais me font moins rire aujourd’hui, sans doute en raison de leur aspect enfantin. Même commentaire pour la fin ridicule de l’émission de Bouvard, avec Tricatel qui subit le sort semble-t-il réservé aux vaincus : englouti par des dents gigantesques sur ordre de boutons de télécommande actionnés par les spectateurs, il se retrouve en enfer au milieu de jets de fumée. Ceci ne correspond guère au style de Philippe Bouvard, animateur d’émissions sérieuses et non de pantalonnades.
ACCUEIL :
Ce retour de Louis de Funès est accueilli triomphalement par le public. Avec près de six millions d’entrées, L’Aile ou la Cuisse frôle le score, excellent, des Aventures de Rabbi Jacob. Du côté de la critique, les commentaires sont toujours aussi réservés. De Funès déplaît aux intellectuels, qui semblent ne pas comprendre que ce cinéma est avant tout destiné à distraire le public, et pas à séduire les critiques des Cahiers du cinéma.
Il est cocasse de voir à quel point les commentaires ont pu évoluer au fur et à mesure de la reconnaissance du talent de Louis de Funès. Lors son premier passage à la télévision, le magazine « Télé 7 jours » n’avait attribué au film aucun « 7 » (sur trois possibles), le trouvant « stupide ». Il en a obtenu un à la deuxième diffusion, puis deux à la suivante. Entretemps, la notoriété de Fufu était montée en flèche, et son début de reconnaissance même au sein des critiques réputés « sérieux » avait fini par convaincre le magazine de télévision le plus lu de France que ce film n’était pas aussi mauvais qu’il le pensait lors de sa sortie…
Il est cocasse de voir à quel point les commentaires ont pu évoluer au fur et à mesure de la reconnaissance du talent de Louis de Funès. Lors son premier passage à la télévision, le magazine « Télé 7 jours » n’avait attribué au film aucun « 7 » (sur trois possibles), le trouvant « stupide ». Il en a obtenu un à la deuxième diffusion, puis deux à la suivante. Entretemps, la notoriété de Fufu était montée en flèche, et son début de reconnaissance même au sein des critiques réputés « sérieux » avait fini par convaincre le magazine de télévision le plus lu de France que ce film n’était pas aussi mauvais qu’il le pensait lors de sa sortie…
SYNTHESE :
Un excellent retour pour Louis de Funès, avec ce film qui constitue son dernier grand classique.
Dernière édition par Phil DLM le Jeu 9 Fév 2012 - 23:45, édité 2 fois
phildlm- Duc(hesse)
- Age : 58
Localisation : Auvergne, entre Clermont et Lyon
Date d'inscription : 19/08/2007
Re: Louis de Funès (1914 - 1983)
Ouaoh ! Ca, c'est une critique comme je les aime : longue, détaillée, exacte, avec commentaires savoureux, architecturée... Bravo Phil. J'attends tes 34 autres critiques impatiemment !
Juste un point, ce n'est pas Jean Carmet qui joue le rôle de Papy dans Papy fait de la résistance, mais Michel Galabru. Carmet disparaissant dès la scène d'ouverture à cause d'une grenade maladroitement lancée...
J'ai bien aimé ce film. Mais les scènes avec Coluche (hors les scènes finales) m'ont souvent parues ennuyeuses. Ce n'est pas le talent de l'acteur qui est en cause, il est très bon, mais ses scènes que je trouve très mal écrites (comme tu dis, ses "clowneries" sont pesantes). Et puis, sa "romance" avec l'hollandaise, si elle est à l'arrière-plan est très dispensable.
Je continue d'apprécier la scène de l'usine. Exagerée mais avec un fond de vérité (qualificatif qu'on pourrait donner à tout le film).
Donc pour moi 3/4.
Quelle sera la suivante ?
Juste un point, ce n'est pas Jean Carmet qui joue le rôle de Papy dans Papy fait de la résistance, mais Michel Galabru. Carmet disparaissant dès la scène d'ouverture à cause d'une grenade maladroitement lancée...
J'ai bien aimé ce film. Mais les scènes avec Coluche (hors les scènes finales) m'ont souvent parues ennuyeuses. Ce n'est pas le talent de l'acteur qui est en cause, il est très bon, mais ses scènes que je trouve très mal écrites (comme tu dis, ses "clowneries" sont pesantes). Et puis, sa "romance" avec l'hollandaise, si elle est à l'arrière-plan est très dispensable.
Je continue d'apprécier la scène de l'usine. Exagerée mais avec un fond de vérité (qualificatif qu'on pourrait donner à tout le film).
Donc pour moi 3/4.
Quelle sera la suivante ?
Dearesttara- Roi (Reine)
- Age : 33
Localisation : Charenton (94)
Date d'inscription : 08/02/2010
Re: Louis de Funès (1914 - 1983)
Le personnage de Tricatel est une caricature de l'industriel de la bouffe Jacques Borel,célèbre dans les 70's pour avoir inventé les "restoroutes" éparpillés sur les autoroutes et qui ne désemplissaient pas les jours dee "grands départs" de vacances.Borel est aussi égratigné dans une chanson de Renaud à peu près contemporaine de film ("meme le clébard a tout gerbé",dans "l'autostoppeuse" je crois)
Ce grand chef nous a quitté il y a quelques jours;on ne sait pas s'il est mort d'indigestion!
Ce grand chef nous a quitté il y a quelques jours;on ne sait pas s'il est mort d'indigestion!
Nicolas- Marquis(e)
- Age : 60
Localisation : Romilly sur Seine (10)
Date d'inscription : 10/03/2010
Re: Louis de Funès (1914 - 1983)
Impressionant Phil, bravo! Toutes les anecdotes que j'au lues dans de nombreux livres (dont celles sur Claude Gensa grimée tirée des mémoires de l'actrice), je les retrouve!
Une seule remarque au sujet du Crocodile. Le tournage n'avait pas commençé, ils en étaient toujours au stage de préproduction. Plus de détails ici:
Le tournage du Crocodile est prévu à partir du 14 mai 1975 mais le 21 mars, Louis de Funès est victime d’une crise cardiaque. Les médecins sont formels : il doit ralentir son rythme et ne plus faire d’efforts. Le 11 avril, une pré-affiche du film fait la couverture du «Film Français», donnant ainsi l’impression que le projet suit son cours. Mais il n’en est rien. Louis de Funès ne reprendra le chemin des studios qu’en 1976, grâce à l’obstination du producteur Christian Fechner, qui lui fera tourner L’Aile ou la Cuisse, contre l’avis des assurances, et en lui confiant un rôle beaucoup plus reposant que celui du colonel Crochet.
http://www.devildead.com/histoiresdetournages/index.php?idart=55
Donc ce serait plutôt alors qu'il s'apprêtait á entamer etc.
Le 21 mars 1975, Louis de Funès est victime d’une attaque cardiaque alors qu’il vient d’entamer le tournage de son cinquième film avec Gérard Oury, intitulé Le crocodile, et où il interprétait un dictateur particulièrement autoritaire.
Je relirais le texte et verrai si je peux apporter d'autres compléments.
Une seule remarque au sujet du Crocodile. Le tournage n'avait pas commençé, ils en étaient toujours au stage de préproduction. Plus de détails ici:
Le tournage du Crocodile est prévu à partir du 14 mai 1975 mais le 21 mars, Louis de Funès est victime d’une crise cardiaque. Les médecins sont formels : il doit ralentir son rythme et ne plus faire d’efforts. Le 11 avril, une pré-affiche du film fait la couverture du «Film Français», donnant ainsi l’impression que le projet suit son cours. Mais il n’en est rien. Louis de Funès ne reprendra le chemin des studios qu’en 1976, grâce à l’obstination du producteur Christian Fechner, qui lui fera tourner L’Aile ou la Cuisse, contre l’avis des assurances, et en lui confiant un rôle beaucoup plus reposant que celui du colonel Crochet.
http://www.devildead.com/histoiresdetournages/index.php?idart=55
Donc ce serait plutôt alors qu'il s'apprêtait á entamer etc.
Le 21 mars 1975, Louis de Funès est victime d’une attaque cardiaque alors qu’il vient d’entamer le tournage de son cinquième film avec Gérard Oury, intitulé Le crocodile, et où il interprétait un dictateur particulièrement autoritaire.
Je relirais le texte et verrai si je peux apporter d'autres compléments.
Invité- Invité
Re: Louis de Funès (1914 - 1983)
Je ne savais pas que De Funès était fâché avec Oury à cause du tournage avorté de "Le crocodile".
Je me souviens qu'à l'époque, après l'annulation du tournage, "Le crocodile" semblait un scénario qui n'était plus d'actualité au moment où De Funès pouvait tourner à nouveau.
A l'époque, il y eu une ressortie en salles en 74/75 des "aventures de Rabbi Jacob", ce qui fait que De Funès restait très présent même s'il était malade.
Chose impensable aujourd'hui, certains films bénéficiaient d'une ressortie au cinéma, ainsi "Le petit baigneur" que j'ai pu voir en août 1974 en salles. La première diffusion télé n'aura lieu qu'en décembre 1976 sur la 2, à la même heure que sur TF1 l'épisode "cibles" des TNA.
Je me souviens qu'à l'époque, après l'annulation du tournage, "Le crocodile" semblait un scénario qui n'était plus d'actualité au moment où De Funès pouvait tourner à nouveau.
A l'époque, il y eu une ressortie en salles en 74/75 des "aventures de Rabbi Jacob", ce qui fait que De Funès restait très présent même s'il était malade.
Chose impensable aujourd'hui, certains films bénéficiaient d'une ressortie au cinéma, ainsi "Le petit baigneur" que j'ai pu voir en août 1974 en salles. La première diffusion télé n'aura lieu qu'en décembre 1976 sur la 2, à la même heure que sur TF1 l'épisode "cibles" des TNA.
Invité- Invité
Re: Louis de Funès (1914 - 1983)
Merci pour les quelques rectifications, auxquelles je vais procéder dès la fin de ce message...
Au sujet de la brouille entre de Funès et Oury, l'information a été plusieurs fois énoncée dans des émissions consacrées à de Funès et il m'a donc paru possible de la mentionner, même si je n'ai jamais entendu Oury la confirmer. Sans doute trouvait-il décent de ne point en parler après la mort de l'acteur...
Il est vrai que je ne vois pas le motif de cette brouille. Le tournage n'a pas eu lieu à cause du double infarctus, dont de Funès se serait évidemment bien passé. Il est probable que c'est la non-reprise du même film après la convalescence qui aura vexé Oury, mais en effet ce personnage ne paraissait plus d'actualité, et surtout c'est Fechner et non Oury qui a su convaincre les assureurs...
Au sujet de la brouille entre de Funès et Oury, l'information a été plusieurs fois énoncée dans des émissions consacrées à de Funès et il m'a donc paru possible de la mentionner, même si je n'ai jamais entendu Oury la confirmer. Sans doute trouvait-il décent de ne point en parler après la mort de l'acteur...
Il est vrai que je ne vois pas le motif de cette brouille. Le tournage n'a pas eu lieu à cause du double infarctus, dont de Funès se serait évidemment bien passé. Il est probable que c'est la non-reprise du même film après la convalescence qui aura vexé Oury, mais en effet ce personnage ne paraissait plus d'actualité, et surtout c'est Fechner et non Oury qui a su convaincre les assureurs...
phildlm- Duc(hesse)
- Age : 58
Localisation : Auvergne, entre Clermont et Lyon
Date d'inscription : 19/08/2007
Re: Louis de Funès (1914 - 1983)
Dearesttara a écrit:
Quelle sera la suivante ?
J'hésite encore. Le grand restaurant me tente, mais encore une histoire culinaire... Ou peut-être La zizanie pour enchaîner sur les derniers et publier en premier lieu sur le site la période après maladie? J'y réfléchis...
phildlm- Duc(hesse)
- Age : 58
Localisation : Auvergne, entre Clermont et Lyon
Date d'inscription : 19/08/2007
Re: Louis de Funès (1914 - 1983)
Excellent film avec Blier mais passé tant de fois à la télé, que je suis étonné que le DVD ne soit pas sorti avant.
Invité- Invité
Re: Louis de Funès (1914 - 1983)
Jo enfin en dvd ? enfin!?
Ce livre, il est bien, bon après ils sont tous pareils, c'est juste histoire de garder le génie éveillé.
Ce livre, il est bien, bon après ils sont tous pareils, c'est juste histoire de garder le génie éveillé.
Micksteed- Vicomte(sse)
- Age : 35
Localisation : 77
Date d'inscription : 24/11/2007
Re: Louis de Funès (1914 - 1983)
Louis de Funès est à l'honneur ce soir : La grande vadrouille (TF1), Le petit baigneur (France4) et Faites sauter la banque (W9).
Invité- Invité
Re: Louis de Funès (1914 - 1983)
"La grande vadrouille" est trop rediffusé,
le plus méconnu est "Faîtes sauter la banque", avec un De Funès qui commençait vraiment à peaufiner le personnage qui fera sa renommée... Avec également Catherine Demongeot, enfant-star ("Zazie dans le métro") mais dont la carrière s'arrêtera quasi brusquement ensuite...
J'aime assez comment toutes les chaînes s'alignent pour diffuser un De Funès, et il ne serait pas étonnant que TF1 n'en soit pas forcément le précurseur
le plus méconnu est "Faîtes sauter la banque", avec un De Funès qui commençait vraiment à peaufiner le personnage qui fera sa renommée... Avec également Catherine Demongeot, enfant-star ("Zazie dans le métro") mais dont la carrière s'arrêtera quasi brusquement ensuite...
J'aime assez comment toutes les chaînes s'alignent pour diffuser un De Funès, et il ne serait pas étonnant que TF1 n'en soit pas forcément le précurseur
séribibi- Roi (Reine)
- Age : 58
Localisation : Mont de Marsan
Date d'inscription : 13/12/2007
Re: Louis de Funès (1914 - 1983)
3 films à 4 melons pour moi. C'est encore "la grande vadrouille" que j'apprécie le moins, mais c'est tout relatif. "Faites sauter la banque" est excellent avec un De Funés en pleine forme, un an avant qu'il ne devienne une super star, ce qui peut expliquer le manque de notoriété de ce film.
phildlm- Duc(hesse)
- Age : 58
Localisation : Auvergne, entre Clermont et Lyon
Date d'inscription : 19/08/2007
Re: Louis de Funès (1914 - 1983)
J'ai revu le Petit Baigneur et passé une excellente soirée. Bon, on sent un peu trop que le scénario n'est qu'un prétexte pour enfiler les sketchs, dans cet esprit très revue auquel Dhéry et ses Branquignols auront toujours été si attachés. Mais l'enthousiasme, l'humour caustique et les ébouriffantes performances d'acteur rendent l'ensemble irrésistible. Fufu est au meilleur de sa forme et forme un joli duo avec Dhéry, décalé et dans la lune. Andréa Parisy a beaucoup de charme. On est sensible à la bonne humeur ensoleillée et sans prétention de l'ensemble, pimentée par plusieurs vrais moments d'anthologie : l'irrésistible colère initiale de Fourchaume, le phare, le sermon, le tracteur (un peu trop long) et bien entendu l'inauguration de l'Increvable par Pierre Dac, en autres. Un vrai feu d'artifice. En prime quelques uperbes voiotures et paysages naturels du littoral sud de la france, de Toulon à Collioure. Un vrai petit bijou des Sixties françaises, burlesque mais aussi développant une (légère) satire sociale, comme souvent chez Fufu.
Estuaire44- Empereur
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Re: Louis de Funès (1914 - 1983)
Je préfère encore La Grande Vadrouille (ne serait-ce que pour la scène de l'opéra ! ), mais Le petit baigneur est pas loin derrière, y'a un défilé de gags absolument vertigineux ! Par contre, Faites sauter la banque est certes amusant mais me paraît bien inférieur. Trop long, poussif et prévisible, malgré Fufu et Marielle.
Dearesttara- Roi (Reine)
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Re: Louis de Funès (1914 - 1983)
Concernant Le petit baigneur, la scène de mise à l'eau du bateau a été filmée à la Seyne- sur- mer, juste en bas de chez mes parents ! C'est un lieu devant lequel je passe tous les jours.
http://home.nordnet.fr/~anastasiya.petit/html/rubrique-p/cine-p/pages/t-connus/le-petit-baigneur/pblx-08.htm#repech
http://home.nordnet.fr/~anastasiya.petit/html/rubrique-p/cine-p/pages/t-connus/le-petit-baigneur/pblx-08.htm#repech
Evelyne- Duc(hesse)
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Re: Louis de Funès (1914 - 1983)
Très joli ! Ces superbes panoramas apportent un vrai plus au film, avec l'ambiance Sixties en prime !
Estuaire44- Empereur
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Re: Louis de Funès (1914 - 1983)
Certaines scènes ont été tournées près de Béziers, on voit notamment le fameux pont-canal, un peu avant que la fin du périple n'ait pour cadre les environs de Toulon, comme le souligne Evelyne.
Oui, la colère initale de de Funès est irrésistible: "Qu'est-ce que tu veux, toi, tu veux un coup de pelle? Tu veux que j'te la taille, ta barbe?"
Oui, la colère initale de de Funès est irrésistible: "Qu'est-ce que tu veux, toi, tu veux un coup de pelle? Tu veux que j'te la taille, ta barbe?"
phildlm- Duc(hesse)
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Re: Louis de Funès (1914 - 1983)
LA ZIZANIE***
Production : Christian FECHNER
Scénario : Claude ZIDI
Dialogues : Pascal JARDIN
Réalisation : Claude ZIDI
Musique : Vladimir COSMA
Un industriel productiviste, maire d'un petite ville de province et inventeur du CX 22, une machine à éliminer la pollution, a reçu d'une entreprise japonaise une commande de trois mille appareils, à livrer le plus vite possible. Il se retrouve dans l'obligation d'agrandir son usine, mais aucun terrain avoisinant n'est disponible pour installer des locaux et machines supplémentaires. Reste le potager et le jardin d'hiver de son épouse, une écologiste fervente peu disposée à sacrifier ses fleurs et ses légumes pour les besoins de l'expansion économique...
GENESE :
A la suite du succès de L'Aile ou la Cuisse, un second film est naturellement prévu avec le tandem Fechner-Zidi. La production en sera considérablement compliquée par une affaire juridique qui reste indissociable de cette œuvre, en l'espèce le procès pour plagiat intenté par le réalisateur Jean-Pierre Mocky.
Louis de Funès, qui apprécie Mocky, le contacte en vue de tourner un film avec lui. Très enthousiasmé, Mocky élabore le scénario d'une comédie intitulée Le Boucan, basée sur les dégâts du productivisme. Il confie le scénario à De Funès, qui le transmet à Christian Fechner. Puis les choses traînent et, quelques mois plus tard, les Films Christian Fechner mettent en route le tournage de La Zizanie. Jean-Pierre Mocky estime que le scénario de La Zizanie est un plagiat de celui du Boucan, et porte l'affaire devant les tribunaux.
La bataille juridique tourne à l'avantage de Mocky, qui se voit indemnisé par Fechner à hauteur de 250 000 francs de dommages et intérêts, 108 points communs ayant été relevés entre les deux scénarios. De plus, le film est interdit de diffusion. Les avocats des productions Fechner font appel de cette décision, et obtiendront gain de cause concernant le second point, après avoir habilement fait remarquer que l'interdiction d'exploitation risquerait de porter un coup fatal au cinéma français, à l'époque fort mal en point du fait de la concurrence de la télévision.
Cet imbroglio juridique retarde la sortie du film. Prévue pour l'année 1977, elle sera repoussée au 22 mars 1978. Cette date n'est peut-être pas un hasard, puisque le second tour des élections législatives avait eu lieu 3 jours auparavant. Or, le film tourne en dérision, via le personnage de Daubray-Lacaze, un industriel autoritaire et pollueur, maire sans étiquette que l'on qualifierait aujourd'hui de « divers droite ». Les pouvoirs publics ont dû estimer que ce spectacle serait malvenu au cours de la campagne électorale législative, alors même que la bataille s'annonçait extrêmement difficile pour la majorité de droite, finalement vainqueur sur le fil du rasoir. Il est donc possible que l'affaire judiciaire ne soit pas la seule responsable de la diffusion tardive sur le grand écran.
La victoire de Jean-Pierre Mocky est obtenue à la Pyrrhus. C'est le chant du signe pour le réalisateur de La Grande Lessive, puisque le milieu cinématographique, qui n'aime pas que l'on porte ses différents sur la place publique, et encore moins devant les tribunaux, va faire bloc avec Fechner et Zidi. Les portes vont se fermer une à une. Désormais, Mocky aura énormément de mal à produire et distribuer ses films, et sera contraint de contourner les circuits habituels, difficultés qui demeurent encore de nos jours.
Que penser de cette affaire ? Même s'il y a eu plagiat, je ne suis pas sûr que la version de Mocky aurait été aussi réussie que celle de Claude Zidi. Le personnage de Mocky, assez grossier, et même vulgaire, n'attire pas la sympathie, et peut être assimilé à un Autant-Lara sans talent. Certes, il a réalisé de bons films, comme Un drôle de paroissien, avec Bourvil, ou plus tard Le Miraculé avec Poiret, Serrault et Jeanne Moreau, mais aussi de très mauvais, et a rencontré un certain nombre d'autres inimités au sein de la profession. Par exemple Michel Blanc, excellent comédien et grand professionnel, qui n'a tourné qu'une seule fois avec lui, et a expliqué avoir constaté que Mocky cherchait avant tout à faire des bénéfices à moindre frais...
Au bout du compte, on peut estimer que le duo Fechner-Zidi a beaucoup plus apporté au cinéma que le réalisateur Mocky, à l'œuvre très inégale.
REALISATEUR :
Christian Fechner renouvelle sans surprise son association habituelle avec Claude Zidi. Louis de Funès, satisfait des conditions de tournage sur L'aile ou la Cuisse, n'émettra aucune objection.
Le dispositif spécial santé en faveur de l'acteur principal est reconduit : présence d'un service de réanimation, tournage adapté au rythme de Fufu, sexagénaire et contraint de se ménager depuis son attaque cardiaque.
DECORS :
Maurice Risch a raconté que, si l'ambiance était très bonne sur le plateau du fait des liens d'amitié existant entre la plupart des comédiens, elle était tout de même un peu bizarre avec les curieux décors de l'usine et ses machines étranges, qui produisaient un contexte surréaliste.
La majeure partie du film se déroule dans ce décor, il n'y a pratiquement aucune scène tournée en décors extérieurs.
GENERIQUE :
Le générique de début est une animation enfantine sans grand intérêt, fort heureusement accompagnée de la musique de Vladimir Cosma. Plus inspiré que sur L'Aile ou la Cuisse, Cosma a composé un air entraînant, ludique et facile à retenir, dans le style électronique selon la mode de l'époque.
La même musique est reprise pour le générique final, qui enchaîne à la suite de l'épilogue diverses photographies de Louis de Funès et Annie Girardot se querellant au sujet du projet d'exploitation de la machine à tondre les moutons et à tricoter. Pour Guillaume, c'est OUI et pour Bernadette c'est NON. Les OUI et NON se succèdent sur des tons alternativement amicaux, décidés et virulents.
SCENARIO :
Le scénario de La Zizanie est encore plus directement axé sur les thèmes environnementaux, auxquels Louis de Funès est très sensible, que celui de L'Aile ou la Cuisse. L'acteur est bien entendu l'exact opposé dans la vie réelle du rôle qu'il joue dans ce film. C'est une habitude chez De Funès d'interpréter des rôles de personnages foncièrement antipathiques, très éloignés de ce qu'il est dans la « vraie » vie, mais ici elle est poussée à son paroxysme. A contrario, Annie Girardot interprète un personnage proche de ce qu'est son partenaire quand il n'est pas à l'écran.
Ce thème de la défense de l'environnement est en phase avec les aspirations d'une partie croissante de la population lors des années 70. Les « Trente glorieuses » avaient été marquées par un productivisme à tout crin, qui faisait consensus entre le patronat conservateur et les communistes dominateurs à gauche : il fallait reconstruire après la Guerre, le travail et les heures supplémentaires étaient à l'honneur. Mais, dans la foulée de mai 68, les jeunes et les couches moyennes émergentes ne se reconnaissent plus dans ce discours et aspirent à une croissance maitrisée, plus respectueuse de l'environnement. Si ce mouvement reste alors inorganisé en politique, il aboutira plus tard au parti des Verts et à la façon de vivre dénommée « bourgeois bohème » ou plus simplement « bobo ».
La première partie du film montre les tentatives désespérées de Guillaume Daubray-Lacaze pour agrandir son usine, à la suite de la visite des industriels japonais : échec de la démarche auprès du Préfet, puis manigances pour s'emparer des domaines réservés de son épouse sans avoir l'air d'être responsable de ses malheurs. En attendant l'improbable local, l'improvisation règne. Les machines et les ouvriers sont installés au domicile des Daubray.
La rupture entre Guillaume et Bernadette marque le début de la seconde partie, probablement la plus intéressante, centrée sur les mésaventures du maire lors de la soirée à l'hôtel et surtout sur le combat politique entre les époux : Bernadette, à la grande joie de son ami écologiste le docteur Landry, qui en est amoureux, prend la tête d'une liste concurrente de celle de Guillaume lors des élections municipales, alors que son mari s'attendait à être réélu dans un fauteuil en tant que candidat unique.
Les thèmes de campagne de Guillaume sont simples, comme l'atteste son programme : « Premièrement, le plein emploi, deuxièmement, le plein emploi, troisièmement, le plein emploi ! » Voilà qui coïncide avec un autre sujet émergent à l'époque : le chômage est en train de refaire son apparition à la suite du premier choc pétrolier. Quant aux femmes, « elles n'ont rien à dire. » ( !). Le féminisme est également en vogue au cœur des années 70. De son côté, Bernadette propose de « concilier croissance économique et bien-être de la population ».
Évidemment, Guillaume va voter en secret pour Bernadette, et vice-versa. Comme dit le proverbe, « ce que femme veut... », donc Bernadette obtiendra finalement gain de cause, à la suite de la défection des Japonais, en faillite, et le couple quittera tout pour élever des moutons en Provence. Mais le démon du productivisme ne tardera pas à ressurgir chez l'incorrigible industriel...
DISTRIBUTION :
Louis de Funès est parfait dans le rôle de l'industriel autoritaire et pollueur Guillaume Daubray-Lacaze. Il a l'habitude d'interpréter des chefs d'entreprise, mais la nouveauté dans son personnage est l'irruption du thème de l'environnement.
L'épouse de Daubray-Lacaze joue un rôle très important, plus important même que celui de Josépha, la femme de Louis de Funès dans la série des Gendarmes, puisque son interprète sera la vedette numéro 2 du film, juste derrière De Funès. C'est la première fois que l'épouse de Fufu à l'écran est aussi sa partenaire principale. Le rôle ne peut être attribué à Claude Gensac. D'abord parce que Zidi, qui cherche à briser l'image de « ma biche », n'en veut pas. Ensuite, parce que le rôle de Bernadette Daubray-Lacaze, une écologiste et une féministe, pour tout dire une femme « libérée », ne cadre pas avec le personnage habituel de Gensac, c'est-à-dire une épouse de caractère, certes, mais respectant une vision plus traditionnelle du rôle de la femme au sein d'un couple. Claude Gensac est presque de type aristocratique, alors que le rôle de Bernadette relève plus du genre plébéien.
C'est Annie Girardot qui est choisie pour être la partenaire de Louis de Funès. Après un début de carrière remarqué dans le cinéma dramatique et les films d'auteur (Rocco et ses frères...), Annie Girardot s'est reconvertie avec succès dans les comédies : plusieurs films d'Audiard, dont le fameux Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas... mais elle cause, l'ont propulsée au rang de comédienne populaire. Avant d'être retenue pour La Zizanie, elle a atteint le sommet de la carrière avec Tendre Poulet, une comédie légère où elle donne la réplique à Philippe Noiret. C'est donc une des vedettes les plus connues et les plus appréciées des années 70 qui va se retrouver en face du numéro un du rire.
Annie Girardot est ravie de tourner avec cet acteur qu'elle respecte et admire. L'entente est immédiate entre ces deux grands du cinéma, et se ressent à l'écran. Par la suite, la comédienne ne tarira pas d'éloges sur Louis de Funès, « le talent, la classe », un homme « charmant qui (lui) manque énormément ».
Claude Zidi ne pourra que ce féliciter de ce duo parfait, tellement Girardot sera à la hauteur de son illustre partenaire, composant une Bernadette Daubray-Lacaze à la fois tendre, drôle et naturelle.
On ne recense que deux seconds rôles, le reste de la distribution ne jouant que des personnages de troisième plan. Julien Guiomar, déjà présent sur L'aile ou la cuisse, change de registre. D'entrepreneur sans scrupules, le voici transformé en médecin écologiste, ouvertement amoureux de sa patiente Bernadette, à qui il rend visite tous les matins pour lui faire une piqûre et... lui apporter le crottin de son cheval, « engrais parfaitement naturel ».... Sa bien-aimée lui cédera volontiers le fauteuil de maire une fois élue. Guiomar fait son numéro habituel, toujours excellent. On se demande pourquoi un tel acteur n'a pas fait une plus grande carrière au cinéma.
Maurice Risch, apprécié par De Funès depuis sa participation au film Les Grandes Vacances, c'est « l'Imbécile », le bon à tout faire et souffre-douleur de Guillaume Daubray-Lacaze. Ce grand timide est aussi extrêmement maladroit.
Parmi les multiples petits rôles, signalons la présence de Jacques François, dans un rôle de préfet conforme à ses habitudes de comédien au cinéma, de Philippe Brigaud, un de ses partenaires de billard, et de Geneviève Fontanel en animatrice de télévision désireuse d'organiser un débat entre les époux candidats rivaux.
Louis de Funès a pu caser certains de ses amis ou partenaires récurrents, à l'image de Mario David (le camionneur) ou André Badin (l'ouvrier de petite taille).
Le directeur de la banque est interprété par un très bon Daniel Boulanger, le syndicaliste par Georges Staquet, acteur idoine pour un tel rôle, et c'est Jean-Jacques Moreau qui incarne un homme-clé du système Daubray-Lacaze, contremaitre dans son usine et adjoint à la mairie.
Saluons la présence sympathique et talentueuse de Hubert Deschamps en réceptionniste de l'hôtel, et le numéro de duettistes de Tanya Lopert (vue notamment dans Le Diable par la queue de Philippe de Broca, où elle joue la conquête désabusée du play-boy de pacotille Jean-Pierre Marielle) et Jacqueline Jefford, les amies de Bernadette.
Le dramaturge Pierre-Olivier Scotto interprète un imitateur singeant Daubray-Lacaze dans le concours de l'hôtel, excellente prestation sur une des scènes les plus réussies du film, alors que Marcel Azzola est évidemment très à l'aise en accordéoniste.
Complètent la distribution Van Duong (le Président de l'entreprise japonaise), Ibrahim Seck (l'ouvrier hilare), Joséphine Fresson (la secrétaire de Daubray-Lacaze), Nicole Chollet (la servante), Eric Desmaretz (le chef du personnel) et une multitude de tous petits rôles.
Le personnage interprété par Ibrahim Seck est révélateur des rôles attribués aux acteurs de couleur dans les années 70 : à cette époque, même au cinéma, un Noir ne peut être qu'un grand enfant qui passe son temps à rigoler...
TEMPS FORTS :
Contrairement à la majorité des films avec De Funès, la seconde moitié est meilleure que la première. Les trois premiers quarts-d'heure sont intéressants, mais souffrent d'un rythme sans doute trop lent. Les meilleurs moments apparaissent de manière sporadique sous la forme de gags typiques du comique « funésien ».
On peut citer la visite des Japonais. Perdus dans le brouillard de pollution provoqué trop tôt par Daubray-Lacaze à la suite d'une erreur d'un de ses ouvriers, leur voiture échoue dans une mare en voulant éviter celle de leur hôte, venu à leur recherche. Guillaume tend la main à celui qu'il prend pour le président, pour l'extirper de la mare, mais l'interprète le prévient de son erreur. Bien entendu, il laisse aussitôt retomber le subalterne parmi les quenouilles et les nénuphars...
Les appareils sortis de l'imagination fertile de Daubray-Lacaze intéressent fortement les Japonais, qui veulent tout acheter, jusqu'à la première invention de leur hôte, lorsqu'il était tout petit, et « s'arrivait là » ( !) Sentimental, Guillaume refuse, mais leur cède volontiers les inventions récentes, comme l'éolienne à accumulation, capable de faire cuire un œuf à partir de l'énergie accumulée en soufflant dessus.
Bernadette se déguise en geisha pour plaire aux Japonais, au grand étonnement de son époux. Alors qu'elle s'est ingéniée à préparer de la cuisine japonaise, le chef des Nippons déclare : « Exquise, cette cuisine française ! ». Pressé d'en terminer, Daubray fait boire plusieurs verres de Calvados à ses invités, alors que lui-même détourne l'attention pour jeter le contenu de son verre. Il présente la chose comme le « Trou Normand », une vieille coutume française, comme le Hara-Kiri est une vieille coutume japonaise, ce que le traducteur explicite par «Trou Normand, it's French Hara-Kiri ». L'interprète rend les Japonais hilares en traduisant à la lettre le « Cul-sec ! » scandé par Bernadette.
La multiplication de pauses « Trou Normand » produit l'effet escompté : le Président, complètement ivre, devient tout joyeux et redemande en riant « Trou Normand, Trou Normand ! ». Daubray-Lacaze en profite pour lui faire signer un gros chèque d'acompte pour les trois mille CX 22 commandés. Dès que le chèque est signé, il met ses invités à la porte, sous prétexte qu'ils risquent de rater leur avion : « Terminé, Trou Normand ! ».
Après cette entame réussie, le rythme faiblit, seulement entrecoupé par quelques bons gags : le directeur de la banque est contraint par Daubray-Lacaze de se retourner et de se boucher les oreilles lorsqu'il ouvre son coffre-fort. Notre irascible P-DG utilise une moitié de parapluie que « l'Imbécile » tient pour lui, afin que son subalterne ne soit pas protégé (forcément, les esclaves peuvent bien se mouiller...) Lorsque « l'Imbécile » se retrouve seul et fait pivoter le parapluie afin de s'abriter, Daubray le rappelle sévèrement à l'ordre.
M. le Maire utilise des méthodes assez particulières puisqu'il demande aux futurs jeunes mariés : « Acceptez-vous de prendre X pour époux(se) et... de voter pour moi ? » Une jeune femme hésite, mais finit par répondre « Oui ! ». Et c'est au moment où l'édile vient de conseiller aux nouveaux mariés de prendre soin de leurs épouses, ces « êtres délicats qui cachent en elles un jardin secret », que surgit Bernadette en furie, munie des salades de son jardin (pas secret mais détruit), inondées de pétrole à cause des ordres donnés par son époux !
Le dîner d'anniversaire de mariage a lieu au domicile des Daubray, envahi de machines et d'ouvriers, qui vont finalement se révéler utiles au couple : un chalumeau allume la cigarette de Bernadette, et le gâteau d'anniversaire est déposé sur la table par une machine !
L'épisode des chèques est également fort réussi. Guillaume est excédé parce que tous les mois, c'est la fin du mois, et « dans un mois, ce sera encore la fin du mois ! » De mauvaise grâce, il accepte de signer les chèques. Pour André Badin, qui est tout petit, il utilise un chéquier minuscule. Vient ensuite un géant, qui refuse un chèque de taille normale, puis un autre plus grand, et contraint son patron à sortir un carnet de chèques aussi large que le bureau !
La scène de la soirée à l'hôtel marque un tournant. Particulièrement drôle, elle relance l'action, qui ne faiblira pas jusqu'au dénouement. Entamée avec un second rôle d'envergure puisque c'est Hubert Deschamps qui interprète le réceptionniste éméché, elle se déroule pendant un bal masqué. Toujours écologiste, Bernadette se dissimule derrière un visage surmonté d'une carotte, et se retrouve par hasard cavalière du docteur Landry. Le médecin porte quant à lui une tête de bœuf.
Daubray-Lacaze, à la recherche de son épouse, se fait conduire à l'hôtel par un routier récemment quitté par sa femme, et qui lui conseille de se montrer ferme. Le réceptionniste étant trop ivre pour le renseigner, il s'introduit dans des chambres au hasard et tombe sur un des couples qu'il a mariés le jour même, en pleine nuit de noces. Puis il se masque à son tour pour continuer ses recherches parmi les danseurs. Daubray a pris le premier masque qui lui est passé sous la main, et il s'agit d'un masque à son effigie, très drôle avec son aspect souriant.
Un concours d'imitation se déroule, et justement un des candidats imite les mimiques de Guillaume ! « C'est Daubray-Lacaze ! », lui souffle une jeune femme en s'esclaffant. Daubray lui demande comment elle le sait, et il reconnaît alors derrière son masque une de ses ouvrières, qui plus est en congé de maladie. Mais, comme elle le dit elle-même, ça ne l'empêche pas de danser !
Notre mari dépité finit par retrouver sa Bernadette au bras du docteur Landry, ce qui occasionne une bagarre générale. Au moment où les policiers veulent l'arrêter, le maire brandit son écharpe tricolore, et leur donne l'ordre d'embarquer son ennemi le docteur.
La campagne électorale qui suit est excitante et drôle, depuis la déclaration de candidature en mairie, où Guillaume se gausse de l'aspect plébéien des colistiers de Bernadette et Landry, jusqu'au débat télévisé qui ne peut avoir lieu puisqu'il a dégénéré jusqu'au vaudeville avant même le début de l'émission, en passant par la séquence où Bernadette se fait engager à l'usine pour gagner de l'argent afin de financer sa campagne, et surtout de convaincre son époux de participer au débat.
Il est vrai que Guillaume voulait bien débattre, mais... tout seul, avec lui partout sur l'écran ! D'ailleurs, il considère que « Bernadette est comme toutes les femmes, elle n'a rien à dire ». A ne pas manquer la réaction de « l'Imbécile » et celles de Guillaume et de la servante lorsqu'ils découvrent « Madame » vêtue en ouvrière, travaillant sur une machine. Notre chef d'entreprise suit sa femme à la cantine et déjeune avec ses ouvriers, qui d'après lui sont « tous ses potes » ( !)
Le jour du vote, Guillaume ne prend même pas de bulletin au nom de son adversaire, devant lequel il fait ouvertement un geste méprisant, mais une fois entré dans l'isoloir, sort de sa poche un bulletin préparé à l'avance et vote pour Bernadette, non sans avoir embrassé le bout de papier. Bien entendu, Bernadette fait la même chose, et Daubray remarque qu'ils ont donc voté pour rien après qu'elle et lui se soient révélé la vérité.
Très drôle aussi la façon dont les invités quittent Daubray-Lacaze dès qu'ils apprennent sa ruine, avant même de savoir le résultat des élections. Et quel est-il, le résultat ? Bernadette est élue avec une voix d'avance... celle de son mari ! Elle cède sa place au docteur Landry, ce qui le rend fou de joie, et part avec Guillaume élever des moutons sous le soleil de la Provence.
Lors de la scène du baroud d'honneur, Louis de Funès a tenu a faire lui-même la cascade. On le voit suspendu dans les airs, et il est doublé seulement dans la partie finale, pour la chute dans la machine. Quant à l'épilogue en forme de clin d'œil, il est assez sympathique avec la machine qui tond les moutons et tricote des pulls colorés en rouge et bleu, dernière invention de l'ami Daubray, fermement décidé à refaire surface et envahir le marché.
POINTS FAIBLES :
Un certain flottement demeure dans la partie centrale de la première moitié du film, qui fait craindre l'enlisement avec une bienvenue relance dans la seconde moitié.
L'aspect toujours un peu « comique enfantin, limite ringard », et trop premier degré, de certains gags, tradition dans les films de Zidi à l'époque, mais néanmoins atténué par le talent des principaux interprètes.
ACCUEIL :
Le film a été considéré comme un demi-échec commercial puisque, par rapport à L'Aile ou la Cuisse, le nombre d'entrées a été divisé par 2. A sa sortie, La Zizanie a attiré 2 790 000 spectateurs, ce qui est un net recul par rapport aux habitudes de Louis de Funès. Il faut relativiser car près de 3 millions d'entrées, c'est encore beaucoup, un score que beaucoup peuvent envier.
Jusqu'à présent, les critiques négatives avaient été sans effet sur le public. Il est possible que le De Funès nouvelle mouture plaise moins que l'ancien, ce qui est somme toute logique car il perdu son effet tornade, tout en restant très drôle. Les aspects trop premier degré des films de Claude Zidi ont pu également décevoir.
Toujours est-il que c'est le début de la fin des audiences gigantesques pour les films de Louis de Funès, qui vont continuer à voir les audiences s'effriter avec la baisse de qualité des dernières productions.
SYNTHESE :
Moins réussie que L'Aile ou la Cuisse, La Zizanie reste néanmoins une très bonne comédie populaire et un excellent divertissement, à revoir toujours avec plaisir.
Production : Christian FECHNER
Scénario : Claude ZIDI
Dialogues : Pascal JARDIN
Réalisation : Claude ZIDI
Musique : Vladimir COSMA
Un industriel productiviste, maire d'un petite ville de province et inventeur du CX 22, une machine à éliminer la pollution, a reçu d'une entreprise japonaise une commande de trois mille appareils, à livrer le plus vite possible. Il se retrouve dans l'obligation d'agrandir son usine, mais aucun terrain avoisinant n'est disponible pour installer des locaux et machines supplémentaires. Reste le potager et le jardin d'hiver de son épouse, une écologiste fervente peu disposée à sacrifier ses fleurs et ses légumes pour les besoins de l'expansion économique...
GENESE :
A la suite du succès de L'Aile ou la Cuisse, un second film est naturellement prévu avec le tandem Fechner-Zidi. La production en sera considérablement compliquée par une affaire juridique qui reste indissociable de cette œuvre, en l'espèce le procès pour plagiat intenté par le réalisateur Jean-Pierre Mocky.
Louis de Funès, qui apprécie Mocky, le contacte en vue de tourner un film avec lui. Très enthousiasmé, Mocky élabore le scénario d'une comédie intitulée Le Boucan, basée sur les dégâts du productivisme. Il confie le scénario à De Funès, qui le transmet à Christian Fechner. Puis les choses traînent et, quelques mois plus tard, les Films Christian Fechner mettent en route le tournage de La Zizanie. Jean-Pierre Mocky estime que le scénario de La Zizanie est un plagiat de celui du Boucan, et porte l'affaire devant les tribunaux.
La bataille juridique tourne à l'avantage de Mocky, qui se voit indemnisé par Fechner à hauteur de 250 000 francs de dommages et intérêts, 108 points communs ayant été relevés entre les deux scénarios. De plus, le film est interdit de diffusion. Les avocats des productions Fechner font appel de cette décision, et obtiendront gain de cause concernant le second point, après avoir habilement fait remarquer que l'interdiction d'exploitation risquerait de porter un coup fatal au cinéma français, à l'époque fort mal en point du fait de la concurrence de la télévision.
Cet imbroglio juridique retarde la sortie du film. Prévue pour l'année 1977, elle sera repoussée au 22 mars 1978. Cette date n'est peut-être pas un hasard, puisque le second tour des élections législatives avait eu lieu 3 jours auparavant. Or, le film tourne en dérision, via le personnage de Daubray-Lacaze, un industriel autoritaire et pollueur, maire sans étiquette que l'on qualifierait aujourd'hui de « divers droite ». Les pouvoirs publics ont dû estimer que ce spectacle serait malvenu au cours de la campagne électorale législative, alors même que la bataille s'annonçait extrêmement difficile pour la majorité de droite, finalement vainqueur sur le fil du rasoir. Il est donc possible que l'affaire judiciaire ne soit pas la seule responsable de la diffusion tardive sur le grand écran.
La victoire de Jean-Pierre Mocky est obtenue à la Pyrrhus. C'est le chant du signe pour le réalisateur de La Grande Lessive, puisque le milieu cinématographique, qui n'aime pas que l'on porte ses différents sur la place publique, et encore moins devant les tribunaux, va faire bloc avec Fechner et Zidi. Les portes vont se fermer une à une. Désormais, Mocky aura énormément de mal à produire et distribuer ses films, et sera contraint de contourner les circuits habituels, difficultés qui demeurent encore de nos jours.
Que penser de cette affaire ? Même s'il y a eu plagiat, je ne suis pas sûr que la version de Mocky aurait été aussi réussie que celle de Claude Zidi. Le personnage de Mocky, assez grossier, et même vulgaire, n'attire pas la sympathie, et peut être assimilé à un Autant-Lara sans talent. Certes, il a réalisé de bons films, comme Un drôle de paroissien, avec Bourvil, ou plus tard Le Miraculé avec Poiret, Serrault et Jeanne Moreau, mais aussi de très mauvais, et a rencontré un certain nombre d'autres inimités au sein de la profession. Par exemple Michel Blanc, excellent comédien et grand professionnel, qui n'a tourné qu'une seule fois avec lui, et a expliqué avoir constaté que Mocky cherchait avant tout à faire des bénéfices à moindre frais...
Au bout du compte, on peut estimer que le duo Fechner-Zidi a beaucoup plus apporté au cinéma que le réalisateur Mocky, à l'œuvre très inégale.
REALISATEUR :
Christian Fechner renouvelle sans surprise son association habituelle avec Claude Zidi. Louis de Funès, satisfait des conditions de tournage sur L'aile ou la Cuisse, n'émettra aucune objection.
Le dispositif spécial santé en faveur de l'acteur principal est reconduit : présence d'un service de réanimation, tournage adapté au rythme de Fufu, sexagénaire et contraint de se ménager depuis son attaque cardiaque.
DECORS :
Maurice Risch a raconté que, si l'ambiance était très bonne sur le plateau du fait des liens d'amitié existant entre la plupart des comédiens, elle était tout de même un peu bizarre avec les curieux décors de l'usine et ses machines étranges, qui produisaient un contexte surréaliste.
La majeure partie du film se déroule dans ce décor, il n'y a pratiquement aucune scène tournée en décors extérieurs.
GENERIQUE :
Le générique de début est une animation enfantine sans grand intérêt, fort heureusement accompagnée de la musique de Vladimir Cosma. Plus inspiré que sur L'Aile ou la Cuisse, Cosma a composé un air entraînant, ludique et facile à retenir, dans le style électronique selon la mode de l'époque.
La même musique est reprise pour le générique final, qui enchaîne à la suite de l'épilogue diverses photographies de Louis de Funès et Annie Girardot se querellant au sujet du projet d'exploitation de la machine à tondre les moutons et à tricoter. Pour Guillaume, c'est OUI et pour Bernadette c'est NON. Les OUI et NON se succèdent sur des tons alternativement amicaux, décidés et virulents.
SCENARIO :
Le scénario de La Zizanie est encore plus directement axé sur les thèmes environnementaux, auxquels Louis de Funès est très sensible, que celui de L'Aile ou la Cuisse. L'acteur est bien entendu l'exact opposé dans la vie réelle du rôle qu'il joue dans ce film. C'est une habitude chez De Funès d'interpréter des rôles de personnages foncièrement antipathiques, très éloignés de ce qu'il est dans la « vraie » vie, mais ici elle est poussée à son paroxysme. A contrario, Annie Girardot interprète un personnage proche de ce qu'est son partenaire quand il n'est pas à l'écran.
Ce thème de la défense de l'environnement est en phase avec les aspirations d'une partie croissante de la population lors des années 70. Les « Trente glorieuses » avaient été marquées par un productivisme à tout crin, qui faisait consensus entre le patronat conservateur et les communistes dominateurs à gauche : il fallait reconstruire après la Guerre, le travail et les heures supplémentaires étaient à l'honneur. Mais, dans la foulée de mai 68, les jeunes et les couches moyennes émergentes ne se reconnaissent plus dans ce discours et aspirent à une croissance maitrisée, plus respectueuse de l'environnement. Si ce mouvement reste alors inorganisé en politique, il aboutira plus tard au parti des Verts et à la façon de vivre dénommée « bourgeois bohème » ou plus simplement « bobo ».
La première partie du film montre les tentatives désespérées de Guillaume Daubray-Lacaze pour agrandir son usine, à la suite de la visite des industriels japonais : échec de la démarche auprès du Préfet, puis manigances pour s'emparer des domaines réservés de son épouse sans avoir l'air d'être responsable de ses malheurs. En attendant l'improbable local, l'improvisation règne. Les machines et les ouvriers sont installés au domicile des Daubray.
La rupture entre Guillaume et Bernadette marque le début de la seconde partie, probablement la plus intéressante, centrée sur les mésaventures du maire lors de la soirée à l'hôtel et surtout sur le combat politique entre les époux : Bernadette, à la grande joie de son ami écologiste le docteur Landry, qui en est amoureux, prend la tête d'une liste concurrente de celle de Guillaume lors des élections municipales, alors que son mari s'attendait à être réélu dans un fauteuil en tant que candidat unique.
Les thèmes de campagne de Guillaume sont simples, comme l'atteste son programme : « Premièrement, le plein emploi, deuxièmement, le plein emploi, troisièmement, le plein emploi ! » Voilà qui coïncide avec un autre sujet émergent à l'époque : le chômage est en train de refaire son apparition à la suite du premier choc pétrolier. Quant aux femmes, « elles n'ont rien à dire. » ( !). Le féminisme est également en vogue au cœur des années 70. De son côté, Bernadette propose de « concilier croissance économique et bien-être de la population ».
Évidemment, Guillaume va voter en secret pour Bernadette, et vice-versa. Comme dit le proverbe, « ce que femme veut... », donc Bernadette obtiendra finalement gain de cause, à la suite de la défection des Japonais, en faillite, et le couple quittera tout pour élever des moutons en Provence. Mais le démon du productivisme ne tardera pas à ressurgir chez l'incorrigible industriel...
DISTRIBUTION :
Louis de Funès est parfait dans le rôle de l'industriel autoritaire et pollueur Guillaume Daubray-Lacaze. Il a l'habitude d'interpréter des chefs d'entreprise, mais la nouveauté dans son personnage est l'irruption du thème de l'environnement.
L'épouse de Daubray-Lacaze joue un rôle très important, plus important même que celui de Josépha, la femme de Louis de Funès dans la série des Gendarmes, puisque son interprète sera la vedette numéro 2 du film, juste derrière De Funès. C'est la première fois que l'épouse de Fufu à l'écran est aussi sa partenaire principale. Le rôle ne peut être attribué à Claude Gensac. D'abord parce que Zidi, qui cherche à briser l'image de « ma biche », n'en veut pas. Ensuite, parce que le rôle de Bernadette Daubray-Lacaze, une écologiste et une féministe, pour tout dire une femme « libérée », ne cadre pas avec le personnage habituel de Gensac, c'est-à-dire une épouse de caractère, certes, mais respectant une vision plus traditionnelle du rôle de la femme au sein d'un couple. Claude Gensac est presque de type aristocratique, alors que le rôle de Bernadette relève plus du genre plébéien.
C'est Annie Girardot qui est choisie pour être la partenaire de Louis de Funès. Après un début de carrière remarqué dans le cinéma dramatique et les films d'auteur (Rocco et ses frères...), Annie Girardot s'est reconvertie avec succès dans les comédies : plusieurs films d'Audiard, dont le fameux Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas... mais elle cause, l'ont propulsée au rang de comédienne populaire. Avant d'être retenue pour La Zizanie, elle a atteint le sommet de la carrière avec Tendre Poulet, une comédie légère où elle donne la réplique à Philippe Noiret. C'est donc une des vedettes les plus connues et les plus appréciées des années 70 qui va se retrouver en face du numéro un du rire.
Annie Girardot est ravie de tourner avec cet acteur qu'elle respecte et admire. L'entente est immédiate entre ces deux grands du cinéma, et se ressent à l'écran. Par la suite, la comédienne ne tarira pas d'éloges sur Louis de Funès, « le talent, la classe », un homme « charmant qui (lui) manque énormément ».
Claude Zidi ne pourra que ce féliciter de ce duo parfait, tellement Girardot sera à la hauteur de son illustre partenaire, composant une Bernadette Daubray-Lacaze à la fois tendre, drôle et naturelle.
On ne recense que deux seconds rôles, le reste de la distribution ne jouant que des personnages de troisième plan. Julien Guiomar, déjà présent sur L'aile ou la cuisse, change de registre. D'entrepreneur sans scrupules, le voici transformé en médecin écologiste, ouvertement amoureux de sa patiente Bernadette, à qui il rend visite tous les matins pour lui faire une piqûre et... lui apporter le crottin de son cheval, « engrais parfaitement naturel ».... Sa bien-aimée lui cédera volontiers le fauteuil de maire une fois élue. Guiomar fait son numéro habituel, toujours excellent. On se demande pourquoi un tel acteur n'a pas fait une plus grande carrière au cinéma.
Maurice Risch, apprécié par De Funès depuis sa participation au film Les Grandes Vacances, c'est « l'Imbécile », le bon à tout faire et souffre-douleur de Guillaume Daubray-Lacaze. Ce grand timide est aussi extrêmement maladroit.
Parmi les multiples petits rôles, signalons la présence de Jacques François, dans un rôle de préfet conforme à ses habitudes de comédien au cinéma, de Philippe Brigaud, un de ses partenaires de billard, et de Geneviève Fontanel en animatrice de télévision désireuse d'organiser un débat entre les époux candidats rivaux.
Louis de Funès a pu caser certains de ses amis ou partenaires récurrents, à l'image de Mario David (le camionneur) ou André Badin (l'ouvrier de petite taille).
Le directeur de la banque est interprété par un très bon Daniel Boulanger, le syndicaliste par Georges Staquet, acteur idoine pour un tel rôle, et c'est Jean-Jacques Moreau qui incarne un homme-clé du système Daubray-Lacaze, contremaitre dans son usine et adjoint à la mairie.
Saluons la présence sympathique et talentueuse de Hubert Deschamps en réceptionniste de l'hôtel, et le numéro de duettistes de Tanya Lopert (vue notamment dans Le Diable par la queue de Philippe de Broca, où elle joue la conquête désabusée du play-boy de pacotille Jean-Pierre Marielle) et Jacqueline Jefford, les amies de Bernadette.
Le dramaturge Pierre-Olivier Scotto interprète un imitateur singeant Daubray-Lacaze dans le concours de l'hôtel, excellente prestation sur une des scènes les plus réussies du film, alors que Marcel Azzola est évidemment très à l'aise en accordéoniste.
Complètent la distribution Van Duong (le Président de l'entreprise japonaise), Ibrahim Seck (l'ouvrier hilare), Joséphine Fresson (la secrétaire de Daubray-Lacaze), Nicole Chollet (la servante), Eric Desmaretz (le chef du personnel) et une multitude de tous petits rôles.
Le personnage interprété par Ibrahim Seck est révélateur des rôles attribués aux acteurs de couleur dans les années 70 : à cette époque, même au cinéma, un Noir ne peut être qu'un grand enfant qui passe son temps à rigoler...
TEMPS FORTS :
Contrairement à la majorité des films avec De Funès, la seconde moitié est meilleure que la première. Les trois premiers quarts-d'heure sont intéressants, mais souffrent d'un rythme sans doute trop lent. Les meilleurs moments apparaissent de manière sporadique sous la forme de gags typiques du comique « funésien ».
On peut citer la visite des Japonais. Perdus dans le brouillard de pollution provoqué trop tôt par Daubray-Lacaze à la suite d'une erreur d'un de ses ouvriers, leur voiture échoue dans une mare en voulant éviter celle de leur hôte, venu à leur recherche. Guillaume tend la main à celui qu'il prend pour le président, pour l'extirper de la mare, mais l'interprète le prévient de son erreur. Bien entendu, il laisse aussitôt retomber le subalterne parmi les quenouilles et les nénuphars...
Les appareils sortis de l'imagination fertile de Daubray-Lacaze intéressent fortement les Japonais, qui veulent tout acheter, jusqu'à la première invention de leur hôte, lorsqu'il était tout petit, et « s'arrivait là » ( !) Sentimental, Guillaume refuse, mais leur cède volontiers les inventions récentes, comme l'éolienne à accumulation, capable de faire cuire un œuf à partir de l'énergie accumulée en soufflant dessus.
Bernadette se déguise en geisha pour plaire aux Japonais, au grand étonnement de son époux. Alors qu'elle s'est ingéniée à préparer de la cuisine japonaise, le chef des Nippons déclare : « Exquise, cette cuisine française ! ». Pressé d'en terminer, Daubray fait boire plusieurs verres de Calvados à ses invités, alors que lui-même détourne l'attention pour jeter le contenu de son verre. Il présente la chose comme le « Trou Normand », une vieille coutume française, comme le Hara-Kiri est une vieille coutume japonaise, ce que le traducteur explicite par «Trou Normand, it's French Hara-Kiri ». L'interprète rend les Japonais hilares en traduisant à la lettre le « Cul-sec ! » scandé par Bernadette.
La multiplication de pauses « Trou Normand » produit l'effet escompté : le Président, complètement ivre, devient tout joyeux et redemande en riant « Trou Normand, Trou Normand ! ». Daubray-Lacaze en profite pour lui faire signer un gros chèque d'acompte pour les trois mille CX 22 commandés. Dès que le chèque est signé, il met ses invités à la porte, sous prétexte qu'ils risquent de rater leur avion : « Terminé, Trou Normand ! ».
Après cette entame réussie, le rythme faiblit, seulement entrecoupé par quelques bons gags : le directeur de la banque est contraint par Daubray-Lacaze de se retourner et de se boucher les oreilles lorsqu'il ouvre son coffre-fort. Notre irascible P-DG utilise une moitié de parapluie que « l'Imbécile » tient pour lui, afin que son subalterne ne soit pas protégé (forcément, les esclaves peuvent bien se mouiller...) Lorsque « l'Imbécile » se retrouve seul et fait pivoter le parapluie afin de s'abriter, Daubray le rappelle sévèrement à l'ordre.
M. le Maire utilise des méthodes assez particulières puisqu'il demande aux futurs jeunes mariés : « Acceptez-vous de prendre X pour époux(se) et... de voter pour moi ? » Une jeune femme hésite, mais finit par répondre « Oui ! ». Et c'est au moment où l'édile vient de conseiller aux nouveaux mariés de prendre soin de leurs épouses, ces « êtres délicats qui cachent en elles un jardin secret », que surgit Bernadette en furie, munie des salades de son jardin (pas secret mais détruit), inondées de pétrole à cause des ordres donnés par son époux !
Le dîner d'anniversaire de mariage a lieu au domicile des Daubray, envahi de machines et d'ouvriers, qui vont finalement se révéler utiles au couple : un chalumeau allume la cigarette de Bernadette, et le gâteau d'anniversaire est déposé sur la table par une machine !
L'épisode des chèques est également fort réussi. Guillaume est excédé parce que tous les mois, c'est la fin du mois, et « dans un mois, ce sera encore la fin du mois ! » De mauvaise grâce, il accepte de signer les chèques. Pour André Badin, qui est tout petit, il utilise un chéquier minuscule. Vient ensuite un géant, qui refuse un chèque de taille normale, puis un autre plus grand, et contraint son patron à sortir un carnet de chèques aussi large que le bureau !
La scène de la soirée à l'hôtel marque un tournant. Particulièrement drôle, elle relance l'action, qui ne faiblira pas jusqu'au dénouement. Entamée avec un second rôle d'envergure puisque c'est Hubert Deschamps qui interprète le réceptionniste éméché, elle se déroule pendant un bal masqué. Toujours écologiste, Bernadette se dissimule derrière un visage surmonté d'une carotte, et se retrouve par hasard cavalière du docteur Landry. Le médecin porte quant à lui une tête de bœuf.
Daubray-Lacaze, à la recherche de son épouse, se fait conduire à l'hôtel par un routier récemment quitté par sa femme, et qui lui conseille de se montrer ferme. Le réceptionniste étant trop ivre pour le renseigner, il s'introduit dans des chambres au hasard et tombe sur un des couples qu'il a mariés le jour même, en pleine nuit de noces. Puis il se masque à son tour pour continuer ses recherches parmi les danseurs. Daubray a pris le premier masque qui lui est passé sous la main, et il s'agit d'un masque à son effigie, très drôle avec son aspect souriant.
Un concours d'imitation se déroule, et justement un des candidats imite les mimiques de Guillaume ! « C'est Daubray-Lacaze ! », lui souffle une jeune femme en s'esclaffant. Daubray lui demande comment elle le sait, et il reconnaît alors derrière son masque une de ses ouvrières, qui plus est en congé de maladie. Mais, comme elle le dit elle-même, ça ne l'empêche pas de danser !
Notre mari dépité finit par retrouver sa Bernadette au bras du docteur Landry, ce qui occasionne une bagarre générale. Au moment où les policiers veulent l'arrêter, le maire brandit son écharpe tricolore, et leur donne l'ordre d'embarquer son ennemi le docteur.
La campagne électorale qui suit est excitante et drôle, depuis la déclaration de candidature en mairie, où Guillaume se gausse de l'aspect plébéien des colistiers de Bernadette et Landry, jusqu'au débat télévisé qui ne peut avoir lieu puisqu'il a dégénéré jusqu'au vaudeville avant même le début de l'émission, en passant par la séquence où Bernadette se fait engager à l'usine pour gagner de l'argent afin de financer sa campagne, et surtout de convaincre son époux de participer au débat.
Il est vrai que Guillaume voulait bien débattre, mais... tout seul, avec lui partout sur l'écran ! D'ailleurs, il considère que « Bernadette est comme toutes les femmes, elle n'a rien à dire ». A ne pas manquer la réaction de « l'Imbécile » et celles de Guillaume et de la servante lorsqu'ils découvrent « Madame » vêtue en ouvrière, travaillant sur une machine. Notre chef d'entreprise suit sa femme à la cantine et déjeune avec ses ouvriers, qui d'après lui sont « tous ses potes » ( !)
Le jour du vote, Guillaume ne prend même pas de bulletin au nom de son adversaire, devant lequel il fait ouvertement un geste méprisant, mais une fois entré dans l'isoloir, sort de sa poche un bulletin préparé à l'avance et vote pour Bernadette, non sans avoir embrassé le bout de papier. Bien entendu, Bernadette fait la même chose, et Daubray remarque qu'ils ont donc voté pour rien après qu'elle et lui se soient révélé la vérité.
Très drôle aussi la façon dont les invités quittent Daubray-Lacaze dès qu'ils apprennent sa ruine, avant même de savoir le résultat des élections. Et quel est-il, le résultat ? Bernadette est élue avec une voix d'avance... celle de son mari ! Elle cède sa place au docteur Landry, ce qui le rend fou de joie, et part avec Guillaume élever des moutons sous le soleil de la Provence.
Lors de la scène du baroud d'honneur, Louis de Funès a tenu a faire lui-même la cascade. On le voit suspendu dans les airs, et il est doublé seulement dans la partie finale, pour la chute dans la machine. Quant à l'épilogue en forme de clin d'œil, il est assez sympathique avec la machine qui tond les moutons et tricote des pulls colorés en rouge et bleu, dernière invention de l'ami Daubray, fermement décidé à refaire surface et envahir le marché.
POINTS FAIBLES :
Un certain flottement demeure dans la partie centrale de la première moitié du film, qui fait craindre l'enlisement avec une bienvenue relance dans la seconde moitié.
L'aspect toujours un peu « comique enfantin, limite ringard », et trop premier degré, de certains gags, tradition dans les films de Zidi à l'époque, mais néanmoins atténué par le talent des principaux interprètes.
ACCUEIL :
Le film a été considéré comme un demi-échec commercial puisque, par rapport à L'Aile ou la Cuisse, le nombre d'entrées a été divisé par 2. A sa sortie, La Zizanie a attiré 2 790 000 spectateurs, ce qui est un net recul par rapport aux habitudes de Louis de Funès. Il faut relativiser car près de 3 millions d'entrées, c'est encore beaucoup, un score que beaucoup peuvent envier.
Jusqu'à présent, les critiques négatives avaient été sans effet sur le public. Il est possible que le De Funès nouvelle mouture plaise moins que l'ancien, ce qui est somme toute logique car il perdu son effet tornade, tout en restant très drôle. Les aspects trop premier degré des films de Claude Zidi ont pu également décevoir.
Toujours est-il que c'est le début de la fin des audiences gigantesques pour les films de Louis de Funès, qui vont continuer à voir les audiences s'effriter avec la baisse de qualité des dernières productions.
SYNTHESE :
Moins réussie que L'Aile ou la Cuisse, La Zizanie reste néanmoins une très bonne comédie populaire et un excellent divertissement, à revoir toujours avec plaisir.
phildlm- Duc(hesse)
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Date d'inscription : 19/08/2007
Re: Louis de Funès (1914 - 1983)
LE GENDARME ET LES EXTRATERRESTRES**
Production : Gérard BEYTOUT
Scénario : Jacques VILFRID
Dialogues : Jacques VILFRID
Réalisation : Jean GIRAULT
Musique : Raymond LEFEVRE
Le Maréchal-des-Logis-Chef Cruchot découvre, sur une route solitaire de campagne mais en plein jour, que des êtres venus d'une autre planète ont envahi la Terre en prenant l'apparence des humains. On peut reconnaître ces extra-terrestres, non pas grâce à leur petit doigt, mais parce qu'ils boivent de l'huile et sonnent creux. Le brave gendarme, pris pour un fou par ses supérieurs, va tenter de prouver qu'il n'a pas rêvé. Il lui faut capturer un envahisseur, mais l'opération présente quelques difficultés...
GENESE :
En cette fin de décennie 70, les propositions de scénario se font peu nombreuses pour Louis de Funès. Il ne lui est plus possible de tourner avec certains metteurs en scène, soit parce qu'il n'aime pas leurs méthodes (Edouard Molinaro), soit parce qu'il est fâché avec (Gérard Oury). Après avoir atteint le sommet de sa carrière et des records de popularité, De Funès n'est plus disposé à tourner n'importe quoi, mais désire poursuivre son métier, parce que c'est sa passion, mais aussi parce que l'entretien du château de Clermont requiert des sommes de plus en plus importantes.
Notre comique préféré va se tourner vers son réalisateur fétiche Jean Girault, qui a toute sa confiance et avec lequel il s'entend à merveille. Il décide de reprendre son rôle de gendarme dans la brigade de Saint-Tropez, dont la popularité est demeurée au sommet. La nouvelle constitue un événement car, après 4 films assez rapprochés, aucun Gendarme n'avait été tourné depuis 9 ans, et la série semblait être définitivement terminée.
Michel Modo, proche de De Funès, a témoigné de la responsabilité dont était investi le comique sur ses films, avec une anecdote révélatrice : lorsqu'ils ont appris qu'un nouvel opus de la série des Gendarme était en préparation, des distributeurs allemands ont signé un chèque d'un milliard (d'anciens francs, soit 10 millions de francs, ce qui à l'époque devait représenter approximativement 8 millions d'euros actuels) en tant qu'à-valoir sur les recettes à venir.
Aucune surprise pour le tournage, qui va bien sûr se dérouler en été dans les décors naturels de Saint-Tropez et ses environs. En revanche, des difficultés surgissent pour réunir la distribution, plusieurs actrices et acteurs récurrents de la série n'étant pas disponibles pour les dates prévues. La plupart des remplaçants n'auront pas l'envergure de leurs prédécesseurs.
Autre difficulté, celle de trouver un scénario original. Avec un film qui doit être le cinquième d'une série, le risque de faire du « réchauffé » est évidemment important. On a déjà vu les gendarmes aux prises avec des nudistes, un voleur de tableau et des garnements utilisant un engin nucléaire, ou en représentation à New-York. Ensuite, ce fut le mariage de Cruchot, et plus tard la retraite et un jeu de guérilleros dans la campagne provençale.
En optant pour une rencontre avec des extra-terrestres, De Funès crée une rupture en adéquation avec les thèmes à la mode. Dans les années 70, les témoignages sur les soucoupes volantes deviennent fréquents (même le Président des Etats-Unis Jimmy Carter prétend en avoir vu...) et, dans la foulée des Envahisseurs débusqués par David Vincent, les histoires d'aliens ont envahi petit et grand écrans. La science-fiction est en vogue depuis les années 60, et son succès ne se dément pas.
Ce thème sera d'ailleurs repris par Louis de Funès sur La soupe aux choux, dans un registre différent. On se rend compte à quel point Les envahisseurs ont marqué les esprits puisque, ici encore, les extra-terrestres prennent l'apparence des humains. Évidemment, le film de Fufu n'a pas du tout l'aspect angoissant des aventures de David Vincent, les envahisseurs y sont traités de manière extrêmement bon enfant.
REALISATEUR :
Jean Girault est le metteur en scène avec lequel Louis de Funès a travaillé le plus souvent. C'est lui qui a réalisé les six films de la série des Gendarme, et bien d'autres comme Jo ou La Soupe aux Choux. Et ce sera lui qui conseillera Fufu sur le tournage de L'Avare, que Louis a voulu réaliser lui-même sans connaître le b-a-ba de la technique cinématographique.
DECORS :
Les magnifiques décors de la Côte d'Azur, à Saint-Tropez et dans les environs, vont une nouvelle fois produire de belles images. Pour les intérieurs, les décors de la gendarmerie ont été modernisés dans un style empreint de couleurs vives, très « seventies ».
Les gendarmes portent leur uniforme habituel, mais sont équipés de Méharis de couleur verte que l'on montre généreusement, notamment dans la première partie du film.
Lors du tournage, une cascadeuse a renversé un groupe de piétons, accident heureusement sans gravité. La scène a évidemment été coupée au montage.
GENERIQUE :
Le générique de début montre des vues aériennes de la région de Saint-Tropez, prises depuis un hélicoptère. Sans surprise, la musique est de Raymond Lefèvre, comme dans tous les Gendarme déjà tournés. Elle est certes bien adaptée au film, mais peut-être un peu trop classique, et ne manque pas de faire regretter Vladimir Cosma, aux commandes sur les 2 films précédents de Louis de Funès.
Le générique final débute comme d'habitude par le traditionnel défilé des gendarmes sur la rue principale de Saint-Tropez, simplement interrompu par le coup de théâtre de retour de la soucoupe avec les vrais gendarmes, après que les faux se soient écroulés en plein cœur du défilé, victimes de la rouille.
SCENARIO :
Au contraire des 2 films précédents, aucun thème de société n'a véritablement été abordé, le scénario est purement orienté vers la distraction. Tout juste peut-on noter une satyre (gentille) de l'envahissement de la sphère publique par la publicité, dont les gendarmes, et même le Colonel, se retrouvent victimes.
Il s'agit d'un des films de Fufu les plus pauvres de point de vue script. L'essentiel du film est constitué par des gags, plus ou moins réussis. On ne peut donc qu'être déçus, surtout après les efforts déployés par Fechner et Zidi en ce domaine.
Le gendarme Beaupied assiste à un envol de soucoupe volante pendant que Cruchot répare une Méhari, vraisemblablement en panne du fait de la présence des extraterrestres. Bien entendu, Cruchot refuse de croire à son récit, jusqu'au jour où il assiste lui-même à une envolée de soucoupe, pendant que l'adjudant Gerber remet en route la Méhari.
Gerber prend Cruchot pour un halluciné, d'autant plus que ce dernier va se rendre coupable d'une agression sur le Colonel, à la suite de sa rencontre avec un extraterrestre qui avait pris l'identité et l'apparence du haut-fonctionnaire. Malheureusement, Ludovic tombe ensuite sur le vrai Colonel, à qui il plante un couteau bien aiguisé dans la partie charnue de son anatomie, afin de démontrer qu'il est insensible à la douleur...
Contraint de s'enfuir, il se réfugie dans le couvent de la Mère Supérieure Clotilde, puis entreprend une série de pérégrinations destinées à s'emparer d'un envahisseur, afin de prouver ses dires à ses supérieurs. Victime de malencontreux quiproquos, il parvient néanmoins à convaincre l'adjudant Gerber et ses collègues, et Gerber en fait autant avec le Colonel.
Il ne reste plus qu'à trouver un moyen de défendre la Terre contre les extraterrestres. Heureusement, Cruchot découvre que les envahisseurs ont un point faible, et de taille : ils rouillent ! Par conséquent, il suffit d’arroser les passants dans les rues de Saint-Tropez pour les démasquer. Mais les aliens n'entendent pas abandonner la partie aussi facilement...
DISTRIBUTION :
Louis de Funès reprend sans difficultés son rôle de gendarme aussi autoritaire avec ses subordonnés que servile avec ses supérieurs. Néanmoins, il est visible qu'il a beaucoup vieilli et ne fait plus preuve du même entrain qu'autrefois, même s'il reste fort drôle.
Claude Gensac, indisponible, est remplacée par Maria Mauban. Ce changement est évidemment préjudiciable, tellement Gensac est ancrée dans nos têtes comme l'épouse parfaite de Fufu. Bien sûr, Louis de Funès a eu d'autres partenaires incarnant sa « biche ». Dans son film précédent La Zizanie, Annie Girardot lui a donné la réplique avec bonheur, mais il s'agissait d'un rôle très différent de celui traditionnellement dévolu à son épouse.
Sur ce film, on retrouve une épouse déjà connue puisque Josépha a participé aux 2 précédents Gendarme, mais sous les traits de Claude Gensac. Le changement d'actrice ne peut donc que décevoir, quelle que soit sa remplaçante, dont les qualités d'actrice ne sont évidemment pas en cause. Fort heureusement, Josépha Cruchot ne joue qu'un rôle mineur. Elle part en vacances en Bretagne dès le début du film et ne participe ensuite qu'à une seule scène importante, où elle incarne une extraterrestre ayant pris l'apparence de Josépha afin d'attirer Cruchot sans méfiance dans une soucoupe volante. Il est probable que cette relative discrétion a été sciemment programmée afin de ne pas trop déconcerter le spectateur.
Michel Galabru, vieux complice de Louis de Funès, est au rendez-vous pour incarner son supérieur l'adjudant Gerber, de même que Guy Grosso et Michel Modo dans les rôles respectifs de Tricart et Berlicot. On peut regretter que leurs personnages n'aient pas des rôles plus développés, dans le genre de celui attribué à Maurice Risch.
La production a dû pourvoir au remplacement de Christian Marin, retenu ailleurs puisqu’il jouait alors dans La Culotte, une pièce de Jean Anouilh, au Théâtre de l’Atelier, et de Jean Lefebvre, banni à jamais de l'entourage de Louis de Funès. Quelques années auparavant, Jean Lefebvre avait affirmé dans une interview que De Funès avaient fait couper certaines de ses scènes au montage car il ne supportait pas qu'il y ait un second comique dans ses films...
Exit donc Fougasse et Merlot, et bonjour gendarmes Beaupied et Taupin ! Maurice Risch, acteur vu plusieurs fois avec Louis de Funès, et déjà présent sur La Zizanie, va hériter du personnage de Beaupied. Ce comédien, qui a toujours souffert de sa ressemblance avec Jacques Villerêt, était très apprécié par De Funès pour ses compositions de gros maladroit, et le rôle de Beaupied sera incontestablement le plus développé de celui des 4 gendarmes subalternes. C'est lui qui assiste le premier à un atterrissage d'OVNI, et encore lui qui est choisi par le jeune extraterrestre pour faire passer le message des envahisseurs.
Jean-Pierre Rambal est un acteur que l'on verra beaucoup dans l'entourage de Fufu lors de ses derniers films. Il interprète ici le gendarme Taupin, pour un rôle réduit à de la quasi figuration.
Ces deux acteurs ont beau avoir du talent, et notamment les compositions de Maurice Risch s'avérer sans reproche, ils n'ont pas l'envergure de leurs prédécesseurs Jean Lefebvre et Christian Marin, dont la présence sera évidemment regrettée.
Le seul changement de comédien qui ne produit pas de perte de qualité est celui du Colonel. Non que l'ancien titulaire Yves Vincent soit médiocre, ni même moyen -il était au contraire très bon-, mais parce qu'un acteur de grande envergure lui a succédé en la personne de Jacques François. Apprécié par De Funès depuis sa participation aux Aventures de Rabbi Jacob, on le retrouvera ensuite plusieurs fois auprès du lui pour jouer des personnages de militaire de grade élevé ou de hauts-fonctionnaires, dans lesquels il excelle. Son jeu empreint d'autorité et d'ironie mordante apporte un plus incontestable.
Après cette ribambelle de changements, on est heureux de trouver un élément de stabilité avec l'excellente France Rumilly, toujours fidèle au poste dans le rôle de Sœur Clotilde, devenue la Mère-Supérieure du couvent depuis l'opus précédent, mais toujours aussi peu prudente lorsqu'elle est au volant de sa deux-chevaux. C'est Jean-Roger Caussimon qui lui donne la réplique, en tant que « Monseigneur » en visite chez les religieuses, attiré par la qualité de leur chorale.
Ce film nous permet d'assister aux débuts de Lambert Wilson au cinéma, dans le personnage de l'extraterrestre chargé de prévenir les gendarmes du but « pacifique » de la mission d'observation de ses semblables.
Le maire de Saint-Tropez est joué par Marco Perrin, qui ne participe qu'à une seule scène. On arrive donc aux petits rôles, parmi lesquels on distingue quelques vieux complices de Fufu : Henri Genès, le (malheureux) propriétaire du Cabanon, le restaurant « volé », Antoine Marin, le conducteur verbalisé, et Mario David, le voleur du bidon d'huile, sont des participants réguliers à ses films.
Sont également présents Pierre Repp (le pompiste), Micheline Bourday (Madame Gerber), Jacqueline Jefford (une religieuse), René Berthier (l'adjoint du Colonel), et Carlo Nell (le journaliste).
*Christian Marin a mené une grande partie de sa carrière au théâtre, où il a encore joué en 2010, âgé de plus de 80 ans, dans Le Gang des Séniors de Bruno Druart. Le théâtre fut son activité préférée, d’où son absence dans les 2 derniers films de la série. En 2011, il est devenu le parrain du site Internet Autour de Louis de Funès, à qui il a donné plusieurs interviews.
TEMPS FORTS :
Après une entame sans saveur, c'est dans la première partie du film que l'on va trouver les meilleures scènes. A commencer par les flatteries de Beaupied envers Cruchot, lorsqu'ils se retrouvent seuls sur une Méhari. Cruchot demande à son subordonné de l'appeler « mon lieutenant », mais Beaupied passe directement à « mon capitaine », ce qui comble de joie son chef, puis il embraye sur « mon colonel » et même « mon général » ! Ensuite, il récite un extrait d'une fable de La Fontaine bien connue : « Sans mentir, si votre plumage se rapporte à votre ramage, vous êtes le phœnix des hôtes de ces bois ».
Cruchot essaie de flatter l'adjudant Gerber de pareille manière lorsqu'il se retrouve seul avec lui dans la Méhari, mais se trompe lors de la récitation, et son chef croit qu'il se moque de lui.
La séquence du faux Gerber est une des plus réussies. Après que Cruchot ait refusé de croire à la visite de l'extraterrestre relatée par Beaupied, un envahisseur qui a pris l'apparence de Gerber vient frapper à sa porte, et lui débite son discours sur l'étude des êtres humains. Cruchot croit qu'il s'agit de Gerber, et que ce dernier lui fait une blague, jusqu'à ce que le visiteur fasse une démonstration de ses pouvoirs. Convaincu autant qu'effrayé, Cruchot décide de réagir, mais lorsqu'il voit son chef rentrer chez lui, il ne sait pas qu'il s'agit en réalité du vrai Gerber.
La scène où il fait boire de l'huile à l'adjudant, le frappe pour montrer qu'il ne sent pas la douleur et cogne dans son dos pour entendre la résonance, sous l'œil ébahi d'une Madame Gerber convaincue du dérèglement de sa santé mentale, est vraiment très drôle, digne des premiers films de la série.
Les scènes suivantes avec la Mère Supérieure continuent sur le même chemin de la qualité. Elles débutent par la rencontre fortuite avec la religieuse. Sœur Clotilde a l'habitude de se trouver sur le chemin de Cruchot lorsqu'il se trouve en situation désespérée, à croire que c'est le Seigneur qui l'envoie...
Après les cascades sur le chemin du couvent, autre tradition toujours aussi drôle et spectaculaire, Cruchot croit se retrouver en sécurité au sein du couvent, jusqu'à l'arrivée impromptue de l'adjudant Gerber, qui est à se recherche. Afin de lui échapper, il se déguise en « Sœur Marie Cruchote » ( !), et lorsqu'on connaît les talents de De Funès pour singer les mimiques des vieilles dames, on se doute que l'on atteint alors le sommet du film. Sur le point d'être démasquée, la « Sœur » est obligée de se masquer à moitié le visage avec sa main tout en faisant une grimace de très vieille grand-mère ! Pour se justifier, elle n'hésite pas à prétendre qu'elle a été blessée par la Mère Supérieure d'un terrible coup de poing, joignant le geste à la parole !
Débarrassée de Gerber, qu'elle a immobilisé avec d'énormes pinces à linge, notre religieuse improvisée se retrouve membre de la chorale, que Monseigneur a demandé à écouter. Sa voix va intriguer le prélat, et la Mère Supérieure va prétendre que « Sœur Marie Cruchote », qui revient du Pôle Nord où elle a évangélisé les Esquimaux, a attrapé un coup de froid !
Hélas ! La suite du film sera beaucoup moins drôle, et aucun gag n'atteindra le niveau de ces scènes de couvent.
POINTS FAIBLES :
Le premier des points faibles est bien entendu l'absence des comédiens habituels à la série, en particulier de Claude Gensac, mais aussi de Jean Lefebvre et de Christian Marin.
Le deuxième est celui de la plupart des films de De Funès après sa maladie, c'est-à-dire une perte d'enthousiasme et de dynamisme de l'acteur principal, d'ailleurs bien compréhensible du fait de son vieillissement et de sa maladie.
Le troisième est l'aspect bâclé de certains gags, pendant la majeure partie du film. Hormis les quelques scènes très drôles déjà évoquées, le niveau n'atteint jamais les sommets du comique. Déjà, la première scène ne met pas dans de bonnes dispositions avec cette Josépha au visage inconnu. Qui plus est, les gendarmes embarqués dans le coffre par mégarde, la poursuite qui en résulte et l'astuce éculée de la banderole « Perros-Guirec » ne sont pas spécialement hilarants.
Les gendarmes, puis leur chef Gerber, puis le Colonel, qui se mettent à parler en citant des marques, en raison de l'influence lancinante de la publicité, voilà qui était une bonne idée, mais elle s'avère décevante dans son développement. Les énumérations sont rapidement lassantes, et l'on se dit alors que si les plaisanteries les plus courtes sont les meilleures, ces séquences à-demi ratées auraient gagné à être écourtées.
La seconde partie du film, constituée des recherches de Cruchot pour capturer un envahisseur et de la contre-attaque finale, comporte quelques gags qui font parfois mouche, comme l'erreur de Cruchot, qui croit avoir attrapé une extraterrestre parce qu'il l'a vue en train de boire le contenu d'une bouteille d'huile solaire. En fait, la malheureuse, sous l'emprise de l'alcool, n'avait trouvé que cet endroit pour dissimuler du Cognac et le déguster à l'insu de son mari.
Mais dans l'ensemble, on reste loin du De Funès de la grande époque. On passe un agréable moment, certes, donc le film n'est pas un échec complet, mais « agréable moment » ne signifie pas « très grand moment », ce à quoi Louis de Funès nous avait habitués.
ACCUEIL :
Dopé par la réputation de la série, le nombre d'entrées va dépasser les 6 millions. Il s'agira du film le plus vu en France en 1979. Belle réponse du berger à la bergère pour ceux qui avaient déjà enterré notre Fufu...
C'est la troisième fois qu'un film de la série des Gendarme est numéro 1 des entrées sur un an, après Le Gendarme de Saint-Tropez et Le Gendarme se marie. Preuve que Louis de Funès, même sur le déclin, fatigué et malade, continue à plaire au public.
Du côté des fans, Le Gendarme et les extraterrestres est généralement le film de moins apprécié de la série. On ne peut blâmer les admirateurs de De Funès, car il est vrai que l'on a probablement affaire au moins intéressant des 6 films, à peu près à égalité avec Le Gendarme et les Gendarmettes.
En 2006, le chanteur Bénabar a eu des paroles controversées, que l'on peut trouver ironiques, au sujet de ce film dans la chanson Le dîner. S'il s'agissait d'un clin d'œil amical, le moins qu'on puisse écrire est qu'il est très maladroit. Donc, même si Le Gendarme et les extraterrestres est loin d'être un chef-d'œuvre, ce pseudo-artiste sans voix et grand pourvoyeur de daubes a perdu une bonne occasion de se taire...
SYNTHESE :
Un film loin de la qualité de la grande époque, mais demeurant assez divertissant, et que l'on peut revoir de temps à autre sans se forcer.
GENESE :
En cette fin de décennie 70, les propositions de scénario se font peu nombreuses pour Louis de Funès. Il ne lui est plus possible de tourner avec certains metteurs en scène, soit parce qu'il n'aime pas leurs méthodes (Edouard Molinaro), soit parce qu'il est fâché avec (Gérard Oury). Après avoir atteint le sommet de sa carrière et des records de popularité, De Funès n'est plus disposé à tourner n'importe quoi, mais désire poursuivre son métier, parce que c'est sa passion, mais aussi parce que l'entretien du château de Clermont requiert des sommes de plus en plus importantes.
Notre comique préféré va se tourner vers son réalisateur fétiche Jean Girault, qui a toute sa confiance et avec lequel il s'entend à merveille. Il décide de reprendre son rôle de gendarme dans la brigade de Saint-Tropez, dont la popularité est demeurée au sommet. La nouvelle constitue un événement car, après 4 films assez rapprochés, aucun Gendarme n'avait été tourné depuis 9 ans, et la série semblait être définitivement terminée.
Michel Modo, proche de De Funès, a témoigné de la responsabilité dont était investi le comique sur ses films, avec une anecdote révélatrice : lorsqu'ils ont appris qu'un nouvel opus de la série des Gendarme était en préparation, des distributeurs allemands ont signé un chèque d'un milliard (d'anciens francs, soit 10 millions de francs, ce qui à l'époque devait représenter approximativement 8 millions d'euros actuels) en tant qu'à-valoir sur les recettes à venir.
Aucune surprise pour le tournage, qui va bien sûr se dérouler en été dans les décors naturels de Saint-Tropez et ses environs. En revanche, des difficultés surgissent pour réunir la distribution, plusieurs actrices et acteurs récurrents de la série n'étant pas disponibles pour les dates prévues. La plupart des remplaçants n'auront pas l'envergure de leurs prédécesseurs.
Autre difficulté, celle de trouver un scénario original. Avec un film qui doit être le cinquième d'une série, le risque de faire du « réchauffé » est évidemment important. On a déjà vu les gendarmes aux prises avec des nudistes, un voleur de tableau et des garnements utilisant un engin nucléaire, ou en représentation à New-York. Ensuite, ce fut le mariage de Cruchot, et plus tard la retraite et un jeu de guérilleros dans la campagne provençale.
En optant pour une rencontre avec des extra-terrestres, De Funès crée une rupture en adéquation avec les thèmes à la mode. Dans les années 70, les témoignages sur les soucoupes volantes deviennent fréquents (même le Président des Etats-Unis Jimmy Carter prétend en avoir vu...) et, dans la foulée des Envahisseurs débusqués par David Vincent, les histoires d'aliens ont envahi petit et grand écrans. La science-fiction est en vogue depuis les années 60, et son succès ne se dément pas.
Ce thème sera d'ailleurs repris par Louis de Funès sur La soupe aux choux, dans un registre différent. On se rend compte à quel point Les envahisseurs ont marqué les esprits puisque, ici encore, les extra-terrestres prennent l'apparence des humains. Évidemment, le film de Fufu n'a pas du tout l'aspect angoissant des aventures de David Vincent, les envahisseurs y sont traités de manière extrêmement bon enfant.
REALISATEUR :
Jean Girault est le metteur en scène avec lequel Louis de Funès a travaillé le plus souvent. C'est lui qui a réalisé les six films de la série des Gendarme, et bien d'autres comme Jo ou La Soupe aux Choux. Et ce sera lui qui conseillera Fufu sur le tournage de L'Avare, que Louis a voulu réaliser lui-même sans connaître le b-a-ba de la technique cinématographique.
DECORS :
Les magnifiques décors de la Côte d'Azur, à Saint-Tropez et dans les environs, vont une nouvelle fois produire de belles images. Pour les intérieurs, les décors de la gendarmerie ont été modernisés dans un style empreint de couleurs vives, très « seventies ».
Les gendarmes portent leur uniforme habituel, mais sont équipés de Méharis de couleur verte que l'on montre généreusement, notamment dans la première partie du film.
Lors du tournage, une cascadeuse a renversé un groupe de piétons, accident heureusement sans gravité. La scène a évidemment été coupée au montage.
GENERIQUE :
Le générique de début montre des vues aériennes de la région de Saint-Tropez, prises depuis un hélicoptère. Sans surprise, la musique est de Raymond Lefèvre, comme dans tous les Gendarme déjà tournés. Elle est certes bien adaptée au film, mais peut-être un peu trop classique, et ne manque pas de faire regretter Vladimir Cosma, aux commandes sur les 2 films précédents de Louis de Funès.
Le générique final débute comme d'habitude par le traditionnel défilé des gendarmes sur la rue principale de Saint-Tropez, simplement interrompu par le coup de théâtre de retour de la soucoupe avec les vrais gendarmes, après que les faux se soient écroulés en plein cœur du défilé, victimes de la rouille.
SCENARIO :
Au contraire des 2 films précédents, aucun thème de société n'a véritablement été abordé, le scénario est purement orienté vers la distraction. Tout juste peut-on noter une satyre (gentille) de l'envahissement de la sphère publique par la publicité, dont les gendarmes, et même le Colonel, se retrouvent victimes.
Il s'agit d'un des films de Fufu les plus pauvres de point de vue script. L'essentiel du film est constitué par des gags, plus ou moins réussis. On ne peut donc qu'être déçus, surtout après les efforts déployés par Fechner et Zidi en ce domaine.
Le gendarme Beaupied assiste à un envol de soucoupe volante pendant que Cruchot répare une Méhari, vraisemblablement en panne du fait de la présence des extraterrestres. Bien entendu, Cruchot refuse de croire à son récit, jusqu'au jour où il assiste lui-même à une envolée de soucoupe, pendant que l'adjudant Gerber remet en route la Méhari.
Gerber prend Cruchot pour un halluciné, d'autant plus que ce dernier va se rendre coupable d'une agression sur le Colonel, à la suite de sa rencontre avec un extraterrestre qui avait pris l'identité et l'apparence du haut-fonctionnaire. Malheureusement, Ludovic tombe ensuite sur le vrai Colonel, à qui il plante un couteau bien aiguisé dans la partie charnue de son anatomie, afin de démontrer qu'il est insensible à la douleur...
Contraint de s'enfuir, il se réfugie dans le couvent de la Mère Supérieure Clotilde, puis entreprend une série de pérégrinations destinées à s'emparer d'un envahisseur, afin de prouver ses dires à ses supérieurs. Victime de malencontreux quiproquos, il parvient néanmoins à convaincre l'adjudant Gerber et ses collègues, et Gerber en fait autant avec le Colonel.
Il ne reste plus qu'à trouver un moyen de défendre la Terre contre les extraterrestres. Heureusement, Cruchot découvre que les envahisseurs ont un point faible, et de taille : ils rouillent ! Par conséquent, il suffit d’arroser les passants dans les rues de Saint-Tropez pour les démasquer. Mais les aliens n'entendent pas abandonner la partie aussi facilement...
DISTRIBUTION :
Louis de Funès reprend sans difficultés son rôle de gendarme aussi autoritaire avec ses subordonnés que servile avec ses supérieurs. Néanmoins, il est visible qu'il a beaucoup vieilli et ne fait plus preuve du même entrain qu'autrefois, même s'il reste fort drôle.
Claude Gensac, indisponible, est remplacée par Maria Mauban. Ce changement est évidemment préjudiciable, tellement Gensac est ancrée dans nos têtes comme l'épouse parfaite de Fufu. Bien sûr, Louis de Funès a eu d'autres partenaires incarnant sa « biche ». Dans son film précédent La Zizanie, Annie Girardot lui a donné la réplique avec bonheur, mais il s'agissait d'un rôle très différent de celui traditionnellement dévolu à son épouse.
Sur ce film, on retrouve une épouse déjà connue puisque Josépha a participé aux 2 précédents Gendarme, mais sous les traits de Claude Gensac. Le changement d'actrice ne peut donc que décevoir, quelle que soit sa remplaçante, dont les qualités d'actrice ne sont évidemment pas en cause. Fort heureusement, Josépha Cruchot ne joue qu'un rôle mineur. Elle part en vacances en Bretagne dès le début du film et ne participe ensuite qu'à une seule scène importante, où elle incarne une extraterrestre ayant pris l'apparence de Josépha afin d'attirer Cruchot sans méfiance dans une soucoupe volante. Il est probable que cette relative discrétion a été sciemment programmée afin de ne pas trop déconcerter le spectateur.
Michel Galabru, vieux complice de Louis de Funès, est au rendez-vous pour incarner son supérieur l'adjudant Gerber, de même que Guy Grosso et Michel Modo dans les rôles respectifs de Tricart et Berlicot. On peut regretter que leurs personnages n'aient pas des rôles plus développés, dans le genre de celui attribué à Maurice Risch.
La production a dû pourvoir au remplacement de Christian Marin, retenu ailleurs puisqu’il jouait alors dans La Culotte, une pièce de Jean Anouilh, au Théâtre de l’Atelier, et de Jean Lefebvre, banni à jamais de l'entourage de Louis de Funès. Quelques années auparavant, Jean Lefebvre avait affirmé dans une interview que De Funès avaient fait couper certaines de ses scènes au montage car il ne supportait pas qu'il y ait un second comique dans ses films...
Exit donc Fougasse et Merlot, et bonjour gendarmes Beaupied et Taupin ! Maurice Risch, acteur vu plusieurs fois avec Louis de Funès, et déjà présent sur La Zizanie, va hériter du personnage de Beaupied. Ce comédien, qui a toujours souffert de sa ressemblance avec Jacques Villerêt, était très apprécié par De Funès pour ses compositions de gros maladroit, et le rôle de Beaupied sera incontestablement le plus développé de celui des 4 gendarmes subalternes. C'est lui qui assiste le premier à un atterrissage d'OVNI, et encore lui qui est choisi par le jeune extraterrestre pour faire passer le message des envahisseurs.
Jean-Pierre Rambal est un acteur que l'on verra beaucoup dans l'entourage de Fufu lors de ses derniers films. Il interprète ici le gendarme Taupin, pour un rôle réduit à de la quasi figuration.
Ces deux acteurs ont beau avoir du talent, et notamment les compositions de Maurice Risch s'avérer sans reproche, ils n'ont pas l'envergure de leurs prédécesseurs Jean Lefebvre et Christian Marin, dont la présence sera évidemment regrettée.
Le seul changement de comédien qui ne produit pas de perte de qualité est celui du Colonel. Non que l'ancien titulaire Yves Vincent soit médiocre, ni même moyen -il était au contraire très bon-, mais parce qu'un acteur de grande envergure lui a succédé en la personne de Jacques François. Apprécié par De Funès depuis sa participation aux Aventures de Rabbi Jacob, on le retrouvera ensuite plusieurs fois auprès du lui pour jouer des personnages de militaire de grade élevé ou de hauts-fonctionnaires, dans lesquels il excelle. Son jeu empreint d'autorité et d'ironie mordante apporte un plus incontestable.
Après cette ribambelle de changements, on est heureux de trouver un élément de stabilité avec l'excellente France Rumilly, toujours fidèle au poste dans le rôle de Sœur Clotilde, devenue la Mère-Supérieure du couvent depuis l'opus précédent, mais toujours aussi peu prudente lorsqu'elle est au volant de sa deux-chevaux. C'est Jean-Roger Caussimon qui lui donne la réplique, en tant que « Monseigneur » en visite chez les religieuses, attiré par la qualité de leur chorale.
Ce film nous permet d'assister aux débuts de Lambert Wilson au cinéma, dans le personnage de l'extraterrestre chargé de prévenir les gendarmes du but « pacifique » de la mission d'observation de ses semblables.
Le maire de Saint-Tropez est joué par Marco Perrin, qui ne participe qu'à une seule scène. On arrive donc aux petits rôles, parmi lesquels on distingue quelques vieux complices de Fufu : Henri Genès, le (malheureux) propriétaire du Cabanon, le restaurant « volé », Antoine Marin, le conducteur verbalisé, et Mario David, le voleur du bidon d'huile, sont des participants réguliers à ses films.
Sont également présents Pierre Repp (le pompiste), Micheline Bourday (Madame Gerber), Jacqueline Jefford (une religieuse), René Berthier (l'adjoint du Colonel), et Carlo Nell (le journaliste).
*Christian Marin a mené une grande partie de sa carrière au théâtre, où il a encore joué en 2010, âgé de plus de 80 ans, dans Le Gang des Séniors de Bruno Druart. Le théâtre fut son activité préférée, d’où son absence dans les 2 derniers films de la série. En 2011, il est devenu le parrain du site Internet Autour de Louis de Funès, à qui il a donné plusieurs interviews.
TEMPS FORTS :
Après une entame sans saveur, c'est dans la première partie du film que l'on va trouver les meilleures scènes. A commencer par les flatteries de Beaupied envers Cruchot, lorsqu'ils se retrouvent seuls sur une Méhari. Cruchot demande à son subordonné de l'appeler « mon lieutenant », mais Beaupied passe directement à « mon capitaine », ce qui comble de joie son chef, puis il embraye sur « mon colonel » et même « mon général » ! Ensuite, il récite un extrait d'une fable de La Fontaine bien connue : « Sans mentir, si votre plumage se rapporte à votre ramage, vous êtes le phœnix des hôtes de ces bois ».
Cruchot essaie de flatter l'adjudant Gerber de pareille manière lorsqu'il se retrouve seul avec lui dans la Méhari, mais se trompe lors de la récitation, et son chef croit qu'il se moque de lui.
La séquence du faux Gerber est une des plus réussies. Après que Cruchot ait refusé de croire à la visite de l'extraterrestre relatée par Beaupied, un envahisseur qui a pris l'apparence de Gerber vient frapper à sa porte, et lui débite son discours sur l'étude des êtres humains. Cruchot croit qu'il s'agit de Gerber, et que ce dernier lui fait une blague, jusqu'à ce que le visiteur fasse une démonstration de ses pouvoirs. Convaincu autant qu'effrayé, Cruchot décide de réagir, mais lorsqu'il voit son chef rentrer chez lui, il ne sait pas qu'il s'agit en réalité du vrai Gerber.
La scène où il fait boire de l'huile à l'adjudant, le frappe pour montrer qu'il ne sent pas la douleur et cogne dans son dos pour entendre la résonance, sous l'œil ébahi d'une Madame Gerber convaincue du dérèglement de sa santé mentale, est vraiment très drôle, digne des premiers films de la série.
Les scènes suivantes avec la Mère Supérieure continuent sur le même chemin de la qualité. Elles débutent par la rencontre fortuite avec la religieuse. Sœur Clotilde a l'habitude de se trouver sur le chemin de Cruchot lorsqu'il se trouve en situation désespérée, à croire que c'est le Seigneur qui l'envoie...
Après les cascades sur le chemin du couvent, autre tradition toujours aussi drôle et spectaculaire, Cruchot croit se retrouver en sécurité au sein du couvent, jusqu'à l'arrivée impromptue de l'adjudant Gerber, qui est à se recherche. Afin de lui échapper, il se déguise en « Sœur Marie Cruchote » ( !), et lorsqu'on connaît les talents de De Funès pour singer les mimiques des vieilles dames, on se doute que l'on atteint alors le sommet du film. Sur le point d'être démasquée, la « Sœur » est obligée de se masquer à moitié le visage avec sa main tout en faisant une grimace de très vieille grand-mère ! Pour se justifier, elle n'hésite pas à prétendre qu'elle a été blessée par la Mère Supérieure d'un terrible coup de poing, joignant le geste à la parole !
Débarrassée de Gerber, qu'elle a immobilisé avec d'énormes pinces à linge, notre religieuse improvisée se retrouve membre de la chorale, que Monseigneur a demandé à écouter. Sa voix va intriguer le prélat, et la Mère Supérieure va prétendre que « Sœur Marie Cruchote », qui revient du Pôle Nord où elle a évangélisé les Esquimaux, a attrapé un coup de froid !
Hélas ! La suite du film sera beaucoup moins drôle, et aucun gag n'atteindra le niveau de ces scènes de couvent.
POINTS FAIBLES :
Le premier des points faibles est bien entendu l'absence des comédiens habituels à la série, en particulier de Claude Gensac, mais aussi de Jean Lefebvre et de Christian Marin.
Le deuxième est celui de la plupart des films de De Funès après sa maladie, c'est-à-dire une perte d'enthousiasme et de dynamisme de l'acteur principal, d'ailleurs bien compréhensible du fait de son vieillissement et de sa maladie.
Le troisième est l'aspect bâclé de certains gags, pendant la majeure partie du film. Hormis les quelques scènes très drôles déjà évoquées, le niveau n'atteint jamais les sommets du comique. Déjà, la première scène ne met pas dans de bonnes dispositions avec cette Josépha au visage inconnu. Qui plus est, les gendarmes embarqués dans le coffre par mégarde, la poursuite qui en résulte et l'astuce éculée de la banderole « Perros-Guirec » ne sont pas spécialement hilarants.
Les gendarmes, puis leur chef Gerber, puis le Colonel, qui se mettent à parler en citant des marques, en raison de l'influence lancinante de la publicité, voilà qui était une bonne idée, mais elle s'avère décevante dans son développement. Les énumérations sont rapidement lassantes, et l'on se dit alors que si les plaisanteries les plus courtes sont les meilleures, ces séquences à-demi ratées auraient gagné à être écourtées.
La seconde partie du film, constituée des recherches de Cruchot pour capturer un envahisseur et de la contre-attaque finale, comporte quelques gags qui font parfois mouche, comme l'erreur de Cruchot, qui croit avoir attrapé une extraterrestre parce qu'il l'a vue en train de boire le contenu d'une bouteille d'huile solaire. En fait, la malheureuse, sous l'emprise de l'alcool, n'avait trouvé que cet endroit pour dissimuler du Cognac et le déguster à l'insu de son mari.
Mais dans l'ensemble, on reste loin du De Funès de la grande époque. On passe un agréable moment, certes, donc le film n'est pas un échec complet, mais « agréable moment » ne signifie pas « très grand moment », ce à quoi Louis de Funès nous avait habitués.
ACCUEIL :
Dopé par la réputation de la série, le nombre d'entrées va dépasser les 6 millions. Il s'agira du film le plus vu en France en 1979. Belle réponse du berger à la bergère pour ceux qui avaient déjà enterré notre Fufu...
C'est la troisième fois qu'un film de la série des Gendarme est numéro 1 des entrées sur un an, après Le Gendarme de Saint-Tropez et Le Gendarme se marie. Preuve que Louis de Funès, même sur le déclin, fatigué et malade, continue à plaire au public.
Du côté des fans, Le Gendarme et les extraterrestres est généralement le film de moins apprécié de la série. On ne peut blâmer les admirateurs de De Funès, car il est vrai que l'on a probablement affaire au moins intéressant des 6 films, à peu près à égalité avec Le Gendarme et les Gendarmettes.
En 2006, le chanteur Bénabar a eu des paroles controversées, que l'on peut trouver ironiques, au sujet de ce film dans la chanson Le dîner. S'il s'agissait d'un clin d'œil amical, le moins qu'on puisse écrire est qu'il est très maladroit. Donc, même si Le Gendarme et les extraterrestres est loin d'être un chef-d'œuvre, ce pseudo-artiste sans voix et grand pourvoyeur de daubes a perdu une bonne occasion de se taire...
SYNTHESE :
Un film loin de la qualité de la grande époque, mais demeurant assez divertissant, et que l'on peut revoir de temps à autre sans se forcer.
Dernière édition par Phil DLM le Jeu 2 Fév 2012 - 1:32, édité 3 fois
phildlm- Duc(hesse)
- Age : 58
Localisation : Auvergne, entre Clermont et Lyon
Date d'inscription : 19/08/2007
Re: Louis de Funès (1914 - 1983)
Trés bonne critique.
Par contre, je ne me souviens pas que Bénabar se moquait du film dans sa chanson, il la cite simplement (et c'est plutôt comme un hommage, enfin c'est l'impression que ça m'a fait).
Par contre, je ne me souviens pas que Bénabar se moquait du film dans sa chanson, il la cite simplement (et c'est plutôt comme un hommage, enfin c'est l'impression que ça m'a fait).
séribibi- Roi (Reine)
- Age : 58
Localisation : Mont de Marsan
Date d'inscription : 13/12/2007
Re: Louis de Funès (1914 - 1983)
Le format long te réussit Phil ! Au vu de tes analyses politiques toujours si pertinentes, il était évident que tu aurais la même virtuosité au niveau des chroniques cinéma en format long !
En tout cas, je suis plus sévère envers le film (je mets 1/4), sans doute parce que je n'y trouve plus l'enthousiasme de de Funès, et les feux de sa "Grande Epoque" comme tu dis, dans ce film aux gags souvent lourds et réchauffés. J'ai été estomaqué quand j'ai vu Les Gendarmettes car je n'imaginais pas qu'on puisse faire pire !
Pour Benabar, je me rappelle pas non plus qu'il tourne le film en dérision...
En tout cas, je suis plus sévère envers le film (je mets 1/4), sans doute parce que je n'y trouve plus l'enthousiasme de de Funès, et les feux de sa "Grande Epoque" comme tu dis, dans ce film aux gags souvent lourds et réchauffés. J'ai été estomaqué quand j'ai vu Les Gendarmettes car je n'imaginais pas qu'on puisse faire pire !
Pour Benabar, je me rappelle pas non plus qu'il tourne le film en dérision...
Dearesttara- Roi (Reine)
- Age : 33
Localisation : Charenton (94)
Date d'inscription : 08/02/2010
Re: Louis de Funès (1914 - 1983)
séribibi a écrit:Trés bonne critique.
Par contre, je ne me souviens pas que Bénabar se moquait du film dans sa chanson, il la cite simplement (et c'est plutôt comme un hommage, enfin c'est l'impression que ça m'a fait).
Il dit qu'il " va voir un chef-d'oeuvre, une satyre sociale sur les gendarmes", et ceci me semble être empreint d'ironie et de mépris envers un genre de films populaires méprisé par ces chanteurs style "nouvelle scène", qui se prennent pour des intellos. C'est l'impression que ça m'a fait, mais peut-être que je me suis trompé? Peut-être n'ai-je vu que ce que je voulais voir afin de me payer un susurreur que je n'apprécie pas et dont j'estime que les critiques élogieuses à son égard émises par une certaine intelligentsia parisiennes sont très exagérées.
phildlm- Duc(hesse)
- Age : 58
Localisation : Auvergne, entre Clermont et Lyon
Date d'inscription : 19/08/2007
Re: Louis de Funès (1914 - 1983)
Est-il exact qu'il fut envisagé de faire "Le gendarme et le retour des extra-terrestres" ?
Invité- Invité
Re: Louis de Funès (1914 - 1983)
Probablement, oui. Je n'en ai jamais entendu parler.Patricks a écrit:Est-il exact qu'il fut envisagé de faire "Le gendarme et le retour des extra-terrestres" ?
Je me demande combien il y en aurait eu si la vie de Louis de Funès s'était prolongée...
phildlm- Duc(hesse)
- Age : 58
Localisation : Auvergne, entre Clermont et Lyon
Date d'inscription : 19/08/2007
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