Louis de Funès (1914 - 1983)
+20
redwest
alonzo2309
Nicolas
Cetp65
Dearesttara
Alligator
phildlm
alexandre
klokloh
Philo
Logan 23
Bromhead
Satellitor
MaraJadeB
Estuaire44
Joris
leeloo
Evelyne
Micksteed
séribibi
24 participants
CHAPEAU MELON ET BOTTES DE CUIR - LE MONDE DES AVENGERS :: Les SÉRIES TÉLÉ, FILMS, ACTEURS, ACTRICES & autres Artistes :: Les Acteurs, Actrices & autres Artistes
Page 7 sur 13
Page 7 sur 13 • 1, 2, 3 ... 6, 7, 8 ... 11, 12, 13
Re: Louis de Funès (1914 - 1983)
Ah, moi, je mettrais 2 melons pour l'Avare (pour la prestation de Fufu), donc il faudra demander à quelqu'un d'autre ! Comme toi, je pense que je ne le reverrai plus, c'est la pièce la plus indigeste de Molière qui d'ailleurs a plagié allégrement L'aulularia de Plaute, une seulement correcte pièce de l'auteur.
Dearesttara- Roi (Reine)
- Date d'inscription : 08/02/2010
Re: Louis de Funès (1914 - 1983)
En relisant la critique de L'Aile ou la Cuisse, voici quelques précisions Phil:
Le personnage de Tricatel est une métaphore de Jacques Borel, entrepreneur récemment décédé
Il est toujours vivant.
Enfin, on reconnaît la belle voix grave de l’humoriste Jean Amadou, qui nous a quittés récemment, et qui assurait ici les commentaires en voix off de Tous les coups sont permis, l’émission de Bouvard.
Il n'y a pas de voix off dans l'émission, Jean Amadou fait la présentation avant le générique du Guide Duchemin.
Le personnage de Tricatel est une métaphore de Jacques Borel, entrepreneur récemment décédé
Il est toujours vivant.
Enfin, on reconnaît la belle voix grave de l’humoriste Jean Amadou, qui nous a quittés récemment, et qui assurait ici les commentaires en voix off de Tous les coups sont permis, l’émission de Bouvard.
Il n'y a pas de voix off dans l'émission, Jean Amadou fait la présentation avant le générique du Guide Duchemin.
Invité- Invité
Re: Louis de Funès (1914 - 1983)
C'est moi qui ai "tué" involontairement ce pauvre Mr Borel,qui ne m'avait pourtant rien fait (je ne me souviens pas d'avoir mangé chez lui):j'avais repris une info,fausse à ce qu'il semble,trouvée sur la toile autour du 26 Octobre 2011.Désolé de vous avoir enduit avec de l'erreur et bon appétit quand meme!
Nicolas- Marquis(e)
- Age : 60
Localisation : Romilly sur Seine (10)
Date d'inscription : 10/03/2010
Re: Louis de Funès (1914 - 1983)
Nicolas Bouland a écrit:C'est moi qui ai "tué" involontairement ce pauvre Mr Borel,qui ne m'avait pourtant rien fait (je ne me souviens pas d'avoir mangé chez lui):j'avais repris une info,fausse à ce qu'il semble,trouvée sur la toile autour du 26 Octobre 2011.Désolé de vous avoir enduit avec de l'erreur et bon appétit quand meme!
Non, tu n'es aucunement responsable: j'avais signalé l'information avant que tu ne nous en parles, car je l'avais déjà lue sur Internet lorsque je m'étais documenté en vue de rédiger mes commentaires. Je me suis même demandé pourquoi tu précisais quelque chose que j'avais déjà écrit, puis j'en ai déduit que tu n'avais pas dû remarquer que j'avais mentionné ce fait. Donc, coupables tous les 2, ou plutôt la fausse information diffusée sur la Toile!
Je vais rectifier aussi pour Amadou.
Je vais rectifier aussi pour Amadou.
phildlm- Duc(hesse)
- Age : 58
Localisation : Auvergne, entre Clermont et Lyon
Date d'inscription : 19/08/2007
Re: Louis de Funès (1914 - 1983)
OSCAR****
Production : Alain POIRE (Gaumont)
Adaptation : Jean HALAIN, Edouard MOLINARO, Louis de FUNES
Réalisation : Edouard MOLINARO
Musique : Jean MARION et Georges DELERUE
La matinée éprouvante de Bertrand Barnier, chef d'entreprise véreux et irascible, aux prises avec un employé arriviste décidé à épouser celle qu'il prend pour la fille de son patron, sa fille véritable qui lui fait croire qu'elle est enceinte pour pouvoir se marier, sa bonne qui le quitte pour épouser un baron, son chauffeur amoureux de sa fille, un kinésithérapeute ahuri et une valise remplie de bijoux.
GENESE :
Oscar est l'adaptation au cinéma d'une pièce de théâtre de Claude Magnier, mise en scène par Jean Mauclair, et jouée pour la première fois au Théâtre de l'Athénée en 1958. A l'origine, c'est Pierre Mondy qui interprète le rôle principal, celui de l'entrepreneur Bertrand Barnier. Son partenaire principal n'est autre que Jean-Paul Belmondo, dans le rôle de Christian Martin. Madame Barnier est interprétée par Maria Pacôme, le masseur par Mario David, qui sera le seul acteur, avec son pendant féminin Germaine Delbat, présent dans toutes les versions théâtrales d'Oscar ainsi que dans l'adaptation au cinéma, la bonne Bernadette par Dominique Page, Jacqueline par Jacqueline Huet, Colette par Françoise Vatel, la nouvelle bonne par Germaine Delbat et Oscar par Jacques Porteret.
Dès cette année 1958, la pièce passe au Théâtre des Bouffes, avec Jean-Pierre Cassel à la place de Pierre Mondy et Denise Provence dans le rôle de Madame Barnier. Une des caractéristiques de la pièce, qui sera confirmée dans le film, est le rôle réduit du personnage qui lui a donné son nom, le chauffeur de Bertrand Barnier, prénommé Oscar. Il s'agit même du personnage le moins important !
En 1961, la pièce reprend au Théâtre de la Porte Saint-Martin. L'arrivée de Louis de Funès dans le rôle de Bertrand Barnier va accroître son succès déjà conséquent. Le partenaire principal de De Funès est Guy Bertil, qui interprète Christian Martin. On retrouve Denise Provence, Mario David, Dominique Page et Germaine Delbat, et quelques nouveaux (et nouvelles) venu(e)s : Odile Poisson (Colette), Danièle Lebrun (Jacqueline), et Michel Larivière (Oscar).
La pièce est adaptée au cinéma en 1967, alors que Louis de Funès est devenu une immense vedette dont chaque film obtient des millions d'entrées. La surprise est le choix de confier la réalisation à Edouard Molinaro. A priori, Louis de Funès et Edouard Molinaro appartiennent à deux mondes complètement différents qui, au mieux s'ignorent, au pire se détestent. De Funès est devenu le maître du cinéma populaire commercial à base de comédie, alors que Molinaro est un cinéaste plutôt intellectuel, avant tout orienté vers le drame et les films d'auteur. Du moins est-ce l’impression d’origine produite par le personnage, mais la réalité est beaucoup plus nuancée. Molinaro n’a jamais été sectaire et s’est épanoui aussi bien dans le cinéma d’auteur, qui garde sa préférence, que dans les comédies populaires.
Le film comporte quelques nouveautés dans la distribution, à l'image de Claude Rich, la plus remarquée étant l'arrivée de Claude Gensac, la nouvelle Madame Barnier. L'adaptation est confiée à Jean Halain, qui avait déjà travaillé avec Louis de Funès sur la série des Fantômas. Le metteur en scène Edouard Molinaro, et surtout Louis de Funès lui-même, apportent leur contribution à l'adaptation. De Funès, enfin totalement maître de ses films, tient à tout contrôler. Il confiera que, dorénavant, si le public trouve ses films mauvais, il est le seul responsable, alors qu'auparavant il n'y pouvait rien.
En 1971, Louis de Funès, déçu par certains films comme ceux de Korber, et lassé par la médiocrité des scénarios qu'on lui propose, décide de faire son retour au théâtre et reprend son rôle dans Oscar, sur une mise en scène de... Pierre Mondy, qui avait inauguré le rôle de Barnier ! Maria Pacôme fait son retour dans le rôle de Madame Barnier, qu'elle n'avait jamais joué avec Louis de Funès pour partenaire. Elle va accroitre le potentiel comique de la pièce, tout comme Laurence Badie, qui succède à Dominique Page dans le rôle de Bernadette. Christian Martin est interprété par Gérard Lartigau, Colette par Brigitte Degaire, Jacqueline par Corinne Le Poulain et Oscar par Jean-Pol Brissart. N'oublions pas les inamovibles Mario David et Germaine Delbat.
REALISATEUR :
A priori, l'association de Louis de Funès et d'Edouard Molinaro ressemble un peu à celle de la carpe et du lapin. Une analyse plus fouillée montre que le réalisateur a exploré auparavant de nombreux genres cinématographiques en dehors de son registre de prédilection, les films d’auteurs. Ainsi, on l’a vu exercer dans le domaine du film policier (La Mort de Belle, d’après Simenon) ou de la comédie (Une ravissante idiote, avec Brigitte Bardot). Il a même collaboré au film à sketches Les sept péchés capitaux, en mettant en scène L’envie.
Néanmoins, on n’imagine guère les deux hommes travaillant ensemble. Cependant, il arrive qu'une association improbable donne d'excellents résultats. D'un certain côté, c'est le cas pour le public, puisque les deux films Molinaro-De Funès seront excellents. Mais du point de vue de Louis de Funès, c'est un échec car les deux hommes ne s'entendent pas.
Fufu aime que les réalisateurs soient décontractés, et rient derrière leurs caméras. Il a travaillé avec des metteurs en scènes qui rient beaucoup, comme Yves Robert et bien entendu Gérard Oury. Mais laissons-lui la parole :
« Vous avez des réalisateurs qui sont là et disent (il prend un air sévère) : Allons ! Allons ! Silence, les enfants ! C'est fini, oui ? … Va-s’y !... Et ce sont des metteurs en scène de comédies ! Alors, c'est épouvantable, il faut aller chercher les ressorts du comique au plus profond de soi... »
Il est probable que De Funès visait notamment Molinaro dans ces propos. On sait que le tournage d'Oscar a été extrêmement tendu. Un jour, Louis a fait la grève du tournage. Claude Rich a raconté qu'un matin, alors qu'il se préparait pour la scène du jour, on l'a prévenu que Louis de Funès ne voulait plus continuer, parce que « Molinaro ne le faisait pas rire ».
L'incident se serait produit avant le tournage de la fameuse scène de crise de nerfs, avec Fufu qui joue du violon sur une extension imaginaire de son nez. Un passage d'anthologie, digne d'un film muet. De Funès, qui était à la base un acteur de théâtre, avait besoin d'un public qui rit lorsqu'il se déchaîne. Molinaro n'étant guère expressif, il propose de faire venir l'équipe du tournage à titre de spectateurs, afin que son acteur principal puisse tourner la scène dans les conditions du théâtre. De Funès accepte, et une seule prise de vues sera nécessaire tellement il se montre génial.
DECORS :
Hormis pour les images du générique, le film est entièrement tourné en studio. Logique puisqu'il s'agit de l'adaptation d'une pièce de théâtre, mais néanmoins unique dans la filmographie de Louis de Funès puisque ses autres adaptations issues du théâtre, Pouic-Pouic, Hibernatus et Jo, comportent quelques scènes tournées en extérieur.
Lors des arrivées et départs des divers personnages chez les Barnier, on peut admirer les extérieurs de leur villa. Ces scènes ont été tournées à la Villa Stein à Vaucresson, construite en 1927 et 1928 par Le Corbusier.
Les décors intérieurs sont résolument modernes et très colorés. On remarque un escalier en colimaçon et un curieux parc situé en sous-sol, avec plantes, oiseaux... Ce style singulier ne se marie guère avec le personnage plutôt classique, presque « vieille France », généralement interprété par De Funès, que l'on s'attend plutôt à voir dans un château avec chandeliers et meubles anciens.
GENERIQUE :
Le générique de début montre la voiture de Christian Martin se faufilant dans les rues de Paris, puis dans la campagne très boisée de la région parisienne, avant de se terminer avec l'arrivée à la villa des Barnier.
Au contraire des décors, la musique enlevée de Jean Marion et de Georges Delerue est typique de ce qu'on entend dans les comédies en général et dans les De Funès en particulier. L'absence de longues scènes sans dialogues tournées en extérieur réduit considérablement les passages musicaux pendant le film.
La voiture de Martin produit déjà un effet comique pendant le générique. J'ignore où ils sont allés chercher un engin pareil : cette petite voiture noire très étroite semble avoir été aplatie, comme si elle avait subi une forte pression sur les ailes !
SCENARIO :
Comme le suggère l'absence de scènes en extérieur, la pièce a été adaptée sans grand changement, et c'est heureux tant ses effets comiques sont irrésistibles. Le film ne dure que 80 minutes, mais ne comporte aucun temps mort. Cette caractéristique est commune à tous les De Funès adaptés de pièces de théâtre. Fufu fait son apparition très rapidement, et à partir de cet instant, il sera de toutes les scènes. On ne relève que quelques absences ponctuelles très limitées, où l'action se concentre généralement sur deux autres personnages.
Ainsi, on saisit toute la différence avec des films comme les Fantômas ou ceux de Gérard Oury, qui consacrent une partie du scénario à des scènes d'action spectaculaires, surtout dans le final. Ici, tout repose sur le jeu des acteurs. Les amateurs de décors grandioses seront donc déçus. Mais les fans de De Funès y trouveront leur compte, car le comique se déchaîne dans un véritable festival au rythme nerveux.
Bertrand Barnier est réveillé chez lui à huit heures du matin par son employé Christian Martin, alors qu'il avait donné des ordres en prévision d'une grasse matinée. De fort mauvaise humeur, il est stupéfait d'apprendre que Martin l'a tiré de son lit pour lui demander une augmentation importante de salaire, et met fin aussitôt à l'entretien. Mais son visiteur s'incruste et prend son petit-déjeuner avec lui sans y être invité.
Barnier finit pas céder lorsque Martin lui apprend qu'il doit le matin même demander en mariage une jeune fille riche, et qu'il ne peut présenter sa demande que s'il est assuré d'obtenir une augmentation conséquente. Il joue habilement sur son rôle dans l'entreprise, prépondérant puisque depuis son arrivée le chiffre d'affaires a décuplé, et appuie sur un point sensible pour son hôte, l'entrepreneur concurrent Muller, que Barnier déteste. Martin a pris contact avec Muller, qui est prêt à l'engager à n'importe quel prix.
La négociation arrive aux chiffres, et Barnier manque de s'étrangler lorsque Martin lui réclame 6000 francs par mois, le double de son salaire actuel. Inquiet en raison des menaces de passage à la concurrence, il finit par lui accorder 5500 francs mensuels.
Martin peut alors faire sa demande en mariage. Il enfile des gants blancs et annonce à Barnier qu'il veut épouser sa fille ! L'entrepreneur le prend de haut, mais Martin sollicite le titre de directeur commercial. Pour Barnier, ce n'est ni ce titre, ni ses 5500 francs de salaire qui pourront assurer à sa fille le train de vie qu'elle a connu jusqu'à présent. Mais Christian Martin affirme que sa fiancée a prétendu pouvoir obtenir une dot de 400 000 francs, à laquelle il pourra ajouter plus de 600 000 francs de fortune personnelle, qu'il a constituée aux dépens de l'entreprise Barnier !
Incrédule, puis furieux, Barnier veut prévenir la police mais se calme lorsque Martin menace de dénoncer les magouilles financières qui ont permis à son patron de frauder le fisc. Pour finir, il révèle que la fille de Barnier et lui sont amants depuis près d'un an et demi.
Martin quitte Barnier, pour le laisser négocier avec sa fille. Cette dernière, prénommé Colette, désire se marier. Devant les réticences de son père, et sur les conseils de la bonne Bernadette, elle fait croire qu'elle est enceinte pour faire céder ses parents.
Un coup de théâtre survient avec l'arrivée de Jacqueline, une jeune fille qui avoue à Barnier avoir fait croire à son amoureux, Christian Martin, qu'elle était sa fille. Barnier finit par comprendre que la demande en mariage de Martin concerne en fait Jacqueline et non sa fille Colette. Il interroge cette dernière pour savoir qui est le père de son enfant, et manque de s'évanouir en apprenant qu'il s'agit d'Oscar, son chauffeur, qu'il vient de renvoyer !
Oscar se serait embarqué sur une expédition polaire devant durer 6 ans, à la suite de ce chagrin d'amour. Barnier doit trouver un mari pour sa fille enceinte. Il jette son dévolu sur Martin. Après tout, son employé ne lui a-t-il pas demandé la main de sa « fille » ? Il fait signer à Martin un papier d'engagement à épouser sa fille, sans évidemment préciser qu'il s'agit de Colette, et en échange il s'engage à restituer au jeune couple les 600 000 francs, que Martin a convertis en bijoux et placés dans une valise confiée à Barnier, aux fins de convaincre Madame Barnier d'accepter ce mariage.
Le malentendu dissipé, Barnier fait remarquer à Martin qu'il a signé une promesse de mariage avec sa fille, qui est enceinte et a besoin d'un père pour son enfant afin de sauver la face. Peu enthousiasmé, et pas du tout attiré par Colette, Martin propose à sa « fiancée » d'épouser à la place... le masseur de son père !
Le vaudeville n'est pas terminé puisque Barnier est confronté au retour d'Oscar, aussitôt mis à la porte par Philippe, le kinésithérapeute, jaloux de cette concurrence inattendue, au départ de Bernadette, qui le quitte pour épouser le Baron de la Butinière et part en emportant la valise de bijoux au lieu de la sienne, et à un nouveau vol de Martin dans la caisse de l'entreprise, d'un montant encore égal à 600 000 francs, placés dans une valise que Bernadette ne tardera pas à emporter aussi !
Pour couronner le tout, la nouvelle bonne envoyée par le bureau de placement n'est autre que la mère de Jacqueline et ancienne maîtresse de Barnier, et elle lui apprend qu'il est le véritable père de Jacqueline ! Et voilà donc notre entrepreneur accordant la main de Colette à Oscar, opportunément revenu, et celle de Jacqueline à Christian Martin, au grand étonnement de sa femme qui n'est pas au courant de ses frasques passées.
Et tout ceci s'est déroulé au cours de la même matinée...
DISTRIBUTION :
Louis de Funès reprend le rôle de Bertrand Barnier, qu'il a si souvent incarné au théâtre. Entrepreneur malhonnête, autoritaire et nerveux, c'est tout à fait le genre de personnages que De Funès aime interpréter. Au départ, le rôle n'avait pas été écrit pour lui, mais il se l'est magnifiquement approprié.
Le rôle de Christian Martin est attribué à Claude Rich, et c'est une réussite éclatante. Rich est épatant en arriviste sans scrupules jouant avec les nerfs de son patron. Pourtant, l'entente entre De Funès et lui n'a pas toujours été facile. Rich était exaspéré des références à Guy Bertil, interprète de Christian Martin au théâtre, que Louis de Funès lui sortait à chaque fois qu'il voulait influencer sa manière de jouer. Un jour, au cours d'une répétition, alors que l'atmosphère était tendue à son comble, De Funès entame un « Mais Guy Bertil, vous savez... » Rich craque : il empoigne une bouteille en verre, la brise, et brandit le tesson en direction de son partenaire, en disant d'un air menaçant : « Quoi, Guy Bertil ? »
Interloqué, Fufu devient blanc de peur, et comprend qu'il est allé trop loin. Claude Rich a raconté que, quelque temps après la fin du tournage, il avait été un peu malade. Louis de Funès lui avait alors envoyé un message de soutien accompagné d'un cadeau. Dans sa lettre, il faisait allusion à l'incident : « Nous avons eu un petit différend, mais je t'aime beaucoup... » Toujours grand seigneur, De Funès !
Malgré la belle réussite de Claude Rich, j'aurais bien aimé voir le premier acteur ayant tenu le rôle de Christian Martin au théâtre, c'est-à-dire Jean-Paul Belmondo. Ce personnage d'arriviste un peu escroc, presque grandiloquent, était tout à fait dans les cordes de « Bébél », dont le jeu empreint d'ironie aurait fait merveille face à De Funès. Et puis un face-à-face De Funès-Belmondo, ça aurait valu le coup d'œil... Mais bien sûr, ce n'était pas envisageable. En 1967, Belmondo était déjà devenu une des vedettes nationales les plus appréciées, il ne pouvait donc pas se contenter de jouer les faire-valoir de Louis de Funès.
L'épouse de Bertrand Barnier est interprétée par Claude Gensac. Voilà qui paraît naturel puisque cette actrice reste la femme de Fufu à l'écran la plus populaire, en raison du nombre de fois où elle tint le rôle, de ses prestations, excellentes, et du fameux « Ma biche ». Elle fut tellement marquante dans ce rôle que beaucoup croient qu'elle le tint dans la plupart des De Funès, alors que sa participation en tant que telle fut limitée à 7 apparitions, dont 3 dans les Gendarme. Or, Oscar est le premier film sur lequel elle tint ce rôle d'épouse. A l'époque du tournage, sa participation n'allait donc pas de soi.
Madame Barnier est myope comme une taupe, assez étourdie, et finalement très discrète. Sur ce film, il est permis de penser que Maria Pacôme aurait été un meilleur choix, cette comédienne disposant d'un potentiel comique plus affirmé que celui de Gensac, et c'est ce qui importe avant tout pour un film adapté du théâtre de boulevard.
Agathe Natanson, devenue de nos jours l'épouse de Jean-Pierre Marielle, interprète Colette, la fille des Barnier. Sa composition n'a pas fait l'unanimité. Sans doute a-t-elle exagéré le côté femme-enfant de Colette. La jeune femme se sent étouffée par l'atmosphère familiale et ne songe qu'à se marier pour «être une femme libre ». En la voyant jouer, on a plutôt envie de dire « gamine libre »...
Dominique Page est confirmée dans le rôle de Bernadette, la servante qui devient baronne et se met à snober son alter ego Charles. Bernadette éprouve une grande sympathie pour Colette. Elle n'hésite pas à lui donner des conseils, par exemple faire croire à son père qu'elle est enceinte pour qu'il consente à son mariage. Sa distraction va provoquer les fameux échanges de valises, à l'origine des principaux effets comiques de la seconde partie du film.
Sylvia Saurel est l'excellente interprète de Jacqueline Bouillotte, la fille naturelle de Barnier. Jolie, sensible, élégante, Jacqueline aime Christian Martin et cet amour réciproque humanise le personnage de Martin. Avec Jacqueline, l'arriviste imperturbable n'a plus le même visage...
L'inénarrable Mario David est l'interprète inamovible de Philippe Lucas, le masseur-kinésithérapeute de Barnier. C'est un colosse, mais il n'est pas très futé, et cela exaspère son client, qui dans le fond préfèrerait voir sa fille épouser Martin, un ambitieux certes assez douteux, mais plus intelligent que Philippe, et surtout plus compétent que lui-même dans la gestion de son entreprise.
Paul Préboist incarne Charles, le maître d'hôtel, comme souvent dans les films de Louis, qui l'apprécie beaucoup. C'est un valet fidèle, mais toujours prêt à s'affranchir des directives de son patron en échange d'un bon pourboire. Dans le fond, il reste un grand naïf.
Le rôle de Charlotte Bouillotte, la nouvelle bonne, ancienne maîtresse de Barnier et mère de Jacqueline, est interprété par Germaine Delbat. L'adage dit qu'on ne change pas une équipe qui gagne. C'est probablement pourquoi Mme Delbat est maintenue dans ce rôle depuis les débuts de la pièce, tellement elle tient le rôle à la perfection.
Autre belle réussite, celle de Roger Van Hool dans le rôle d'Oscar. Tout de blanc vêtu, très élégant avec sa cravate multicolore, cet acteur crève l'écran bien que sa présence soit réduite à deux apparitions. On comprend tout de suite de quel genre de personnage il s'agit : son apparence décontractée et son physique avantageux en font un godelureau calibré pour séduire la fille naïve de son patron.
Philippe Vallauris complète la distribution dans le minuscule rôle du chauffeur du Baron de la Butinière.
TEMPS FORTS :
On peut presque affirmer que les temps forts, c'est l'ensemble du film tant les scènes à haute portée comique se succèdent à un rythme infernal. Oscar est un film qui supporte de nombreuses rediffusions sans que son potentiel comique ne s'érode le moins du monde.
Si l'on veut trouver absolument des temps plus forts que forts parmi une foule de temps forts, on pourra citer quelques passages irrésistibles.
Alors que Christian Martin se moque de Barnier depuis le début de leur premier entretien, alors qu'il a commencé par le déranger chez lui pour lui demander une augmentation, s'est invité à partager son petit-déjeuner, lui a demandé de le servir et s'est emparé de sa tartine, après qu'il lui ait annoncé qu'il souhaitait épouser sa fille et qu'il lui avait volé 60 millions, le sans-gêne Christian ose dire : « Je suis un garçon timide, vous ne le saviez pas ? » ( !)
Réponse de Barnier-De Funès ; « Non, je ne le savais pas ! »
Lorsqu'il prend congé, le « garçon timide » demande à Barnier :
« Permettez-moi de vous appeler Bertrand.
-Ah ! Ça, non !
-Allez !... Au revoir, Bertrand ! »
Et le maître d'hôtel : « Vous avez vu, il vous appelle Bertrand ! » La tête de Louis de Funès à ce moment-là !
La façon dont Colette apprend à son père qu'elle est enceinte est hilarante. « Nous l'appelleront Blaise. », annonce-t-elle de but en blanc. Barnier est long à comprendre, et on voit très bien à son expression l'instant où la vérité (qui n'en est d'ailleurs pas une...) se fait jour dans son esprit. Réaction :
« Ce n'est pas possible ! C'en est trop pour la même journée ! Vous n'allez pas l'appeler Blaise ! »
Autre très, très bon moment, lorsque Bernadette donne son congé :
« Je voudrais prévenir Monsieur que je ne pourrai pas rester plus longtemps à son service.
-Et pourquoi donc ?
-Parce que je me marie, Monsieur !
-Vous au moins, vous avez de la chance... Et avec qui ?
-Monsieur le connaît très bien. Il venait souvent ici...
-Ah !Bon ? Qui est-ce ?
-Honoré de la Butinière !
-C'est pas possible ! Le boutonneux ?
-Je fais remarquer à Monsieur qu'il n'a plus de boutons !
-Tiens ? Et comment vous expliquez ça, vous ?
-Si Monsieur ne comprend pas... (elle prend un air entendu).
-Bernadette ! Vous allez partir immédiatement ! Je n'aime pas du tout ce genre de plaisanteries ! »
Puis, Barnier avec sa femme :
« Tu connais la nouvelle ?
-Non !
-Le Baron de la Butinière n'a plus de boutons !
-Qu'est-ce que tu veux que ça me fasse ?
-Et tu sais pourquoi ?
-Non !
-Demande à la bonne !
-Bertrand ! A chaque fois que je te vois, je me demande si tu es dans ton état normal ! »
Lorsque Martin lui fait remarquer que lui aussi peut avoir un accident mortel, De Funès a une séquence très typique de son comique visuel, et particulièrement réussie. Il répond :
« ça m'étonnerait parce que moi.... vlaf! »(il mime un piéton évitant un camion en se glissant au-dessous). « Mais j'ai connu une cousine, c'est horrible, elle était comme ça.. ». (il mime la cousine, étendue après avoir été victime de l'accident).
J'aime beaucoup aussi cet échange entre Barnier et Martin :
« Votre fille attend un enfant ?
-Ce sont des choses qui arrivent...
-Et pourquoi n'épouse-t-elle pas le vrai père ?
-Il a disparu !
-Et vous voudriez que ce soit moi ?
-Oui !
-Mais vous êtes une crapule !
-Vouiiiii ! Et c'est pour cette raison que j'ai pensé que nous pourrions nous entendre tous les deux... »
Plus le temps passe, et plus Barnier devient nerveux, excédé que personne ne veuille comprendre son histoire d'échanges de valises. Ainsi, lorsqu'il reçoit Jacqueline pour la seconde fois :
« Il y a une histoire de valises dont je n'essaierai pas de vous parler puisque toutes les personnes à qui je la raconte croient que je suis zinzin.
-Zinzin ?
-Oui, je sais. Tout ce que je dis n'a aucun sens... »
Et plus tard avec son masseur :
« Oscar, c'est mon chauffeur, qui est parti au pôle Nord et dont ma fille attend un enfant, pendant qu'un employé me volait 60 millions pour épouser ma fille qui n'était pas la mienne ! Et maintenant, voilà la bonne qui s'en va en emportant la valise de bijoux ! Vous comprenez maintenant pourquoi je voulais vous la faire épouser ? »
Et bien sûr, il y a la fameuse scène dite du violon. Au départ, De Funès, la croyant bonne pour le théâtre mais inadaptable au cinéma, refuse de la faire. C'est la scène où Molinaro le convainc en lui offrant les techniciens en guise de public. En apprenant par sa femme et sa fille comment ont disparu la valise de bijoux et la valise de billets, Barnier perd le contrôle de ses nerfs. Il s'en prend à sa fille : « Regardez comme elle a l'air bête, celle-là ! Mmmmmmhh ! » (mime évoquant l'air ahuri de sa fille, très drôle). « D'abord, tu n'auras pas de dot ! Rien, mais alors rien du tout ! » (succession de mimes pour illustrer sa fille ruinée).
Barnier décide alors d'appeler le Baron de la Butinière pour tenter de récupérer les valises. Il s'énerve au téléphone, le traite de triple andouille, puis de boutonneux, raccroche et entreprend de mimer les boutons. Sa main représente un avion qui vole et lance des rafales de mitraillette, aussitôt transformées en boutons sur le visage de ce pauvre baron. Puis c'est le nez qui s'allonge, et de Funès mime un archet qui va et vient sur le nez du baron !
POINTS FAIBLES :
Difficile de trouver des défauts dans cette excellentissime comédie. Le seul relatif point faible est l'interprétation d'Agathe Natanson dans le rôle de Colette. Trop gamine capricieuse. Ses hurlements à chaque fois que les choses tournent mal sont à la limite du supportable.
Le passage du théâtre au cinéma a plutôt été bien digéré. Certaines scènes n'étaient pas faciles à adapter, car les effets que l'on peut obtenir au théâtre en interaction avec le public ne peuvent pas forcément être reproduits. Leur comparaison avec les extraits de la pièce n'est pas toujours en faveur du film, mais l'adaptation est tout de même très satisfaisante, et le film est à mourir de rire. Donc, on ne considérera pas que les quelques imperfections dans l'adaptation constituent un véritable défaut.
ACCUEIL :
Le passage au cinéma va évidemment élargir considérablement le public d'Oscar. Le film sera vu par plus de 6 millions de spectateurs, chiffre dans la lignée des De Funès de l'époque.
Ce résultat est satisfaisant dans la mesure où, en dehors de Paris, la notoriété de la pièce était très faible. Mais aussi parce qu'un film de ce genre, sans beaux décors extérieurs, sans scènes d'aventures spectaculaires, peut dérouter une partie du public.
On peut penser que c'est essentiellement la notoriété de l'acteur principal qui, au départ, a poussé les spectateurs à venir en masse. Ensuite, le bouche-à-oreilles a dû produire ses effets, tellement le film est irrésistible.
SYNTHESE :
Mon film préféré de Louis de Funès, un sommet du comique inégalable.
GENESE :
Oscar est l'adaptation au cinéma d'une pièce de théâtre de Claude Magnier, mise en scène par Jean Mauclair, et jouée pour la première fois au Théâtre de l'Athénée en 1958. A l'origine, c'est Pierre Mondy qui interprète le rôle principal, celui de l'entrepreneur Bertrand Barnier. Son partenaire principal n'est autre que Jean-Paul Belmondo, dans le rôle de Christian Martin. Madame Barnier est interprétée par Maria Pacôme, le masseur par Mario David, qui sera le seul acteur, avec son pendant féminin Germaine Delbat, présent dans toutes les versions théâtrales d'Oscar ainsi que dans l'adaptation au cinéma, la bonne Bernadette par Dominique Page, Jacqueline par Jacqueline Huet, Colette par Françoise Vatel, la nouvelle bonne par Germaine Delbat et Oscar par Jacques Porteret.
Dès cette année 1958, la pièce passe au Théâtre des Bouffes, avec Jean-Pierre Cassel à la place de Pierre Mondy et Denise Provence dans le rôle de Madame Barnier. Une des caractéristiques de la pièce, qui sera confirmée dans le film, est le rôle réduit du personnage qui lui a donné son nom, le chauffeur de Bertrand Barnier, prénommé Oscar. Il s'agit même du personnage le moins important !
En 1961, la pièce reprend au Théâtre de la Porte Saint-Martin. L'arrivée de Louis de Funès dans le rôle de Bertrand Barnier va accroître son succès déjà conséquent. Le partenaire principal de De Funès est Guy Bertil, qui interprète Christian Martin. On retrouve Denise Provence, Mario David, Dominique Page et Germaine Delbat, et quelques nouveaux (et nouvelles) venu(e)s : Odile Poisson (Colette), Danièle Lebrun (Jacqueline), et Michel Larivière (Oscar).
La pièce est adaptée au cinéma en 1967, alors que Louis de Funès est devenu une immense vedette dont chaque film obtient des millions d'entrées. La surprise est le choix de confier la réalisation à Edouard Molinaro. A priori, Louis de Funès et Edouard Molinaro appartiennent à deux mondes complètement différents qui, au mieux s'ignorent, au pire se détestent. De Funès est devenu le maître du cinéma populaire commercial à base de comédie, alors que Molinaro est un cinéaste plutôt intellectuel, avant tout orienté vers le drame et les films d'auteur. Du moins est-ce l’impression d’origine produite par le personnage, mais la réalité est beaucoup plus nuancée. Molinaro n’a jamais été sectaire et s’est épanoui aussi bien dans le cinéma d’auteur, qui garde sa préférence, que dans les comédies populaires.
Le film comporte quelques nouveautés dans la distribution, à l'image de Claude Rich, la plus remarquée étant l'arrivée de Claude Gensac, la nouvelle Madame Barnier. L'adaptation est confiée à Jean Halain, qui avait déjà travaillé avec Louis de Funès sur la série des Fantômas. Le metteur en scène Edouard Molinaro, et surtout Louis de Funès lui-même, apportent leur contribution à l'adaptation. De Funès, enfin totalement maître de ses films, tient à tout contrôler. Il confiera que, dorénavant, si le public trouve ses films mauvais, il est le seul responsable, alors qu'auparavant il n'y pouvait rien.
En 1971, Louis de Funès, déçu par certains films comme ceux de Korber, et lassé par la médiocrité des scénarios qu'on lui propose, décide de faire son retour au théâtre et reprend son rôle dans Oscar, sur une mise en scène de... Pierre Mondy, qui avait inauguré le rôle de Barnier ! Maria Pacôme fait son retour dans le rôle de Madame Barnier, qu'elle n'avait jamais joué avec Louis de Funès pour partenaire. Elle va accroitre le potentiel comique de la pièce, tout comme Laurence Badie, qui succède à Dominique Page dans le rôle de Bernadette. Christian Martin est interprété par Gérard Lartigau, Colette par Brigitte Degaire, Jacqueline par Corinne Le Poulain et Oscar par Jean-Pol Brissart. N'oublions pas les inamovibles Mario David et Germaine Delbat.
REALISATEUR :
A priori, l'association de Louis de Funès et d'Edouard Molinaro ressemble un peu à celle de la carpe et du lapin. Une analyse plus fouillée montre que le réalisateur a exploré auparavant de nombreux genres cinématographiques en dehors de son registre de prédilection, les films d’auteurs. Ainsi, on l’a vu exercer dans le domaine du film policier (La Mort de Belle, d’après Simenon) ou de la comédie (Une ravissante idiote, avec Brigitte Bardot). Il a même collaboré au film à sketches Les sept péchés capitaux, en mettant en scène L’envie.
Néanmoins, on n’imagine guère les deux hommes travaillant ensemble. Cependant, il arrive qu'une association improbable donne d'excellents résultats. D'un certain côté, c'est le cas pour le public, puisque les deux films Molinaro-De Funès seront excellents. Mais du point de vue de Louis de Funès, c'est un échec car les deux hommes ne s'entendent pas.
Fufu aime que les réalisateurs soient décontractés, et rient derrière leurs caméras. Il a travaillé avec des metteurs en scènes qui rient beaucoup, comme Yves Robert et bien entendu Gérard Oury. Mais laissons-lui la parole :
« Vous avez des réalisateurs qui sont là et disent (il prend un air sévère) : Allons ! Allons ! Silence, les enfants ! C'est fini, oui ? … Va-s’y !... Et ce sont des metteurs en scène de comédies ! Alors, c'est épouvantable, il faut aller chercher les ressorts du comique au plus profond de soi... »
Il est probable que De Funès visait notamment Molinaro dans ces propos. On sait que le tournage d'Oscar a été extrêmement tendu. Un jour, Louis a fait la grève du tournage. Claude Rich a raconté qu'un matin, alors qu'il se préparait pour la scène du jour, on l'a prévenu que Louis de Funès ne voulait plus continuer, parce que « Molinaro ne le faisait pas rire ».
L'incident se serait produit avant le tournage de la fameuse scène de crise de nerfs, avec Fufu qui joue du violon sur une extension imaginaire de son nez. Un passage d'anthologie, digne d'un film muet. De Funès, qui était à la base un acteur de théâtre, avait besoin d'un public qui rit lorsqu'il se déchaîne. Molinaro n'étant guère expressif, il propose de faire venir l'équipe du tournage à titre de spectateurs, afin que son acteur principal puisse tourner la scène dans les conditions du théâtre. De Funès accepte, et une seule prise de vues sera nécessaire tellement il se montre génial.
DECORS :
Hormis pour les images du générique, le film est entièrement tourné en studio. Logique puisqu'il s'agit de l'adaptation d'une pièce de théâtre, mais néanmoins unique dans la filmographie de Louis de Funès puisque ses autres adaptations issues du théâtre, Pouic-Pouic, Hibernatus et Jo, comportent quelques scènes tournées en extérieur.
Lors des arrivées et départs des divers personnages chez les Barnier, on peut admirer les extérieurs de leur villa. Ces scènes ont été tournées à la Villa Stein à Vaucresson, construite en 1927 et 1928 par Le Corbusier.
Les décors intérieurs sont résolument modernes et très colorés. On remarque un escalier en colimaçon et un curieux parc situé en sous-sol, avec plantes, oiseaux... Ce style singulier ne se marie guère avec le personnage plutôt classique, presque « vieille France », généralement interprété par De Funès, que l'on s'attend plutôt à voir dans un château avec chandeliers et meubles anciens.
GENERIQUE :
Le générique de début montre la voiture de Christian Martin se faufilant dans les rues de Paris, puis dans la campagne très boisée de la région parisienne, avant de se terminer avec l'arrivée à la villa des Barnier.
Au contraire des décors, la musique enlevée de Jean Marion et de Georges Delerue est typique de ce qu'on entend dans les comédies en général et dans les De Funès en particulier. L'absence de longues scènes sans dialogues tournées en extérieur réduit considérablement les passages musicaux pendant le film.
La voiture de Martin produit déjà un effet comique pendant le générique. J'ignore où ils sont allés chercher un engin pareil : cette petite voiture noire très étroite semble avoir été aplatie, comme si elle avait subi une forte pression sur les ailes !
SCENARIO :
Comme le suggère l'absence de scènes en extérieur, la pièce a été adaptée sans grand changement, et c'est heureux tant ses effets comiques sont irrésistibles. Le film ne dure que 80 minutes, mais ne comporte aucun temps mort. Cette caractéristique est commune à tous les De Funès adaptés de pièces de théâtre. Fufu fait son apparition très rapidement, et à partir de cet instant, il sera de toutes les scènes. On ne relève que quelques absences ponctuelles très limitées, où l'action se concentre généralement sur deux autres personnages.
Ainsi, on saisit toute la différence avec des films comme les Fantômas ou ceux de Gérard Oury, qui consacrent une partie du scénario à des scènes d'action spectaculaires, surtout dans le final. Ici, tout repose sur le jeu des acteurs. Les amateurs de décors grandioses seront donc déçus. Mais les fans de De Funès y trouveront leur compte, car le comique se déchaîne dans un véritable festival au rythme nerveux.
Bertrand Barnier est réveillé chez lui à huit heures du matin par son employé Christian Martin, alors qu'il avait donné des ordres en prévision d'une grasse matinée. De fort mauvaise humeur, il est stupéfait d'apprendre que Martin l'a tiré de son lit pour lui demander une augmentation importante de salaire, et met fin aussitôt à l'entretien. Mais son visiteur s'incruste et prend son petit-déjeuner avec lui sans y être invité.
Barnier finit pas céder lorsque Martin lui apprend qu'il doit le matin même demander en mariage une jeune fille riche, et qu'il ne peut présenter sa demande que s'il est assuré d'obtenir une augmentation conséquente. Il joue habilement sur son rôle dans l'entreprise, prépondérant puisque depuis son arrivée le chiffre d'affaires a décuplé, et appuie sur un point sensible pour son hôte, l'entrepreneur concurrent Muller, que Barnier déteste. Martin a pris contact avec Muller, qui est prêt à l'engager à n'importe quel prix.
La négociation arrive aux chiffres, et Barnier manque de s'étrangler lorsque Martin lui réclame 6000 francs par mois, le double de son salaire actuel. Inquiet en raison des menaces de passage à la concurrence, il finit par lui accorder 5500 francs mensuels.
Martin peut alors faire sa demande en mariage. Il enfile des gants blancs et annonce à Barnier qu'il veut épouser sa fille ! L'entrepreneur le prend de haut, mais Martin sollicite le titre de directeur commercial. Pour Barnier, ce n'est ni ce titre, ni ses 5500 francs de salaire qui pourront assurer à sa fille le train de vie qu'elle a connu jusqu'à présent. Mais Christian Martin affirme que sa fiancée a prétendu pouvoir obtenir une dot de 400 000 francs, à laquelle il pourra ajouter plus de 600 000 francs de fortune personnelle, qu'il a constituée aux dépens de l'entreprise Barnier !
Incrédule, puis furieux, Barnier veut prévenir la police mais se calme lorsque Martin menace de dénoncer les magouilles financières qui ont permis à son patron de frauder le fisc. Pour finir, il révèle que la fille de Barnier et lui sont amants depuis près d'un an et demi.
Martin quitte Barnier, pour le laisser négocier avec sa fille. Cette dernière, prénommé Colette, désire se marier. Devant les réticences de son père, et sur les conseils de la bonne Bernadette, elle fait croire qu'elle est enceinte pour faire céder ses parents.
Un coup de théâtre survient avec l'arrivée de Jacqueline, une jeune fille qui avoue à Barnier avoir fait croire à son amoureux, Christian Martin, qu'elle était sa fille. Barnier finit par comprendre que la demande en mariage de Martin concerne en fait Jacqueline et non sa fille Colette. Il interroge cette dernière pour savoir qui est le père de son enfant, et manque de s'évanouir en apprenant qu'il s'agit d'Oscar, son chauffeur, qu'il vient de renvoyer !
Oscar se serait embarqué sur une expédition polaire devant durer 6 ans, à la suite de ce chagrin d'amour. Barnier doit trouver un mari pour sa fille enceinte. Il jette son dévolu sur Martin. Après tout, son employé ne lui a-t-il pas demandé la main de sa « fille » ? Il fait signer à Martin un papier d'engagement à épouser sa fille, sans évidemment préciser qu'il s'agit de Colette, et en échange il s'engage à restituer au jeune couple les 600 000 francs, que Martin a convertis en bijoux et placés dans une valise confiée à Barnier, aux fins de convaincre Madame Barnier d'accepter ce mariage.
Le malentendu dissipé, Barnier fait remarquer à Martin qu'il a signé une promesse de mariage avec sa fille, qui est enceinte et a besoin d'un père pour son enfant afin de sauver la face. Peu enthousiasmé, et pas du tout attiré par Colette, Martin propose à sa « fiancée » d'épouser à la place... le masseur de son père !
Le vaudeville n'est pas terminé puisque Barnier est confronté au retour d'Oscar, aussitôt mis à la porte par Philippe, le kinésithérapeute, jaloux de cette concurrence inattendue, au départ de Bernadette, qui le quitte pour épouser le Baron de la Butinière et part en emportant la valise de bijoux au lieu de la sienne, et à un nouveau vol de Martin dans la caisse de l'entreprise, d'un montant encore égal à 600 000 francs, placés dans une valise que Bernadette ne tardera pas à emporter aussi !
Pour couronner le tout, la nouvelle bonne envoyée par le bureau de placement n'est autre que la mère de Jacqueline et ancienne maîtresse de Barnier, et elle lui apprend qu'il est le véritable père de Jacqueline ! Et voilà donc notre entrepreneur accordant la main de Colette à Oscar, opportunément revenu, et celle de Jacqueline à Christian Martin, au grand étonnement de sa femme qui n'est pas au courant de ses frasques passées.
Et tout ceci s'est déroulé au cours de la même matinée...
DISTRIBUTION :
Louis de Funès reprend le rôle de Bertrand Barnier, qu'il a si souvent incarné au théâtre. Entrepreneur malhonnête, autoritaire et nerveux, c'est tout à fait le genre de personnages que De Funès aime interpréter. Au départ, le rôle n'avait pas été écrit pour lui, mais il se l'est magnifiquement approprié.
Le rôle de Christian Martin est attribué à Claude Rich, et c'est une réussite éclatante. Rich est épatant en arriviste sans scrupules jouant avec les nerfs de son patron. Pourtant, l'entente entre De Funès et lui n'a pas toujours été facile. Rich était exaspéré des références à Guy Bertil, interprète de Christian Martin au théâtre, que Louis de Funès lui sortait à chaque fois qu'il voulait influencer sa manière de jouer. Un jour, au cours d'une répétition, alors que l'atmosphère était tendue à son comble, De Funès entame un « Mais Guy Bertil, vous savez... » Rich craque : il empoigne une bouteille en verre, la brise, et brandit le tesson en direction de son partenaire, en disant d'un air menaçant : « Quoi, Guy Bertil ? »
Interloqué, Fufu devient blanc de peur, et comprend qu'il est allé trop loin. Claude Rich a raconté que, quelque temps après la fin du tournage, il avait été un peu malade. Louis de Funès lui avait alors envoyé un message de soutien accompagné d'un cadeau. Dans sa lettre, il faisait allusion à l'incident : « Nous avons eu un petit différend, mais je t'aime beaucoup... » Toujours grand seigneur, De Funès !
Malgré la belle réussite de Claude Rich, j'aurais bien aimé voir le premier acteur ayant tenu le rôle de Christian Martin au théâtre, c'est-à-dire Jean-Paul Belmondo. Ce personnage d'arriviste un peu escroc, presque grandiloquent, était tout à fait dans les cordes de « Bébél », dont le jeu empreint d'ironie aurait fait merveille face à De Funès. Et puis un face-à-face De Funès-Belmondo, ça aurait valu le coup d'œil... Mais bien sûr, ce n'était pas envisageable. En 1967, Belmondo était déjà devenu une des vedettes nationales les plus appréciées, il ne pouvait donc pas se contenter de jouer les faire-valoir de Louis de Funès.
L'épouse de Bertrand Barnier est interprétée par Claude Gensac. Voilà qui paraît naturel puisque cette actrice reste la femme de Fufu à l'écran la plus populaire, en raison du nombre de fois où elle tint le rôle, de ses prestations, excellentes, et du fameux « Ma biche ». Elle fut tellement marquante dans ce rôle que beaucoup croient qu'elle le tint dans la plupart des De Funès, alors que sa participation en tant que telle fut limitée à 7 apparitions, dont 3 dans les Gendarme. Or, Oscar est le premier film sur lequel elle tint ce rôle d'épouse. A l'époque du tournage, sa participation n'allait donc pas de soi.
Madame Barnier est myope comme une taupe, assez étourdie, et finalement très discrète. Sur ce film, il est permis de penser que Maria Pacôme aurait été un meilleur choix, cette comédienne disposant d'un potentiel comique plus affirmé que celui de Gensac, et c'est ce qui importe avant tout pour un film adapté du théâtre de boulevard.
Agathe Natanson, devenue de nos jours l'épouse de Jean-Pierre Marielle, interprète Colette, la fille des Barnier. Sa composition n'a pas fait l'unanimité. Sans doute a-t-elle exagéré le côté femme-enfant de Colette. La jeune femme se sent étouffée par l'atmosphère familiale et ne songe qu'à se marier pour «être une femme libre ». En la voyant jouer, on a plutôt envie de dire « gamine libre »...
Dominique Page est confirmée dans le rôle de Bernadette, la servante qui devient baronne et se met à snober son alter ego Charles. Bernadette éprouve une grande sympathie pour Colette. Elle n'hésite pas à lui donner des conseils, par exemple faire croire à son père qu'elle est enceinte pour qu'il consente à son mariage. Sa distraction va provoquer les fameux échanges de valises, à l'origine des principaux effets comiques de la seconde partie du film.
Sylvia Saurel est l'excellente interprète de Jacqueline Bouillotte, la fille naturelle de Barnier. Jolie, sensible, élégante, Jacqueline aime Christian Martin et cet amour réciproque humanise le personnage de Martin. Avec Jacqueline, l'arriviste imperturbable n'a plus le même visage...
L'inénarrable Mario David est l'interprète inamovible de Philippe Lucas, le masseur-kinésithérapeute de Barnier. C'est un colosse, mais il n'est pas très futé, et cela exaspère son client, qui dans le fond préfèrerait voir sa fille épouser Martin, un ambitieux certes assez douteux, mais plus intelligent que Philippe, et surtout plus compétent que lui-même dans la gestion de son entreprise.
Paul Préboist incarne Charles, le maître d'hôtel, comme souvent dans les films de Louis, qui l'apprécie beaucoup. C'est un valet fidèle, mais toujours prêt à s'affranchir des directives de son patron en échange d'un bon pourboire. Dans le fond, il reste un grand naïf.
Le rôle de Charlotte Bouillotte, la nouvelle bonne, ancienne maîtresse de Barnier et mère de Jacqueline, est interprété par Germaine Delbat. L'adage dit qu'on ne change pas une équipe qui gagne. C'est probablement pourquoi Mme Delbat est maintenue dans ce rôle depuis les débuts de la pièce, tellement elle tient le rôle à la perfection.
Autre belle réussite, celle de Roger Van Hool dans le rôle d'Oscar. Tout de blanc vêtu, très élégant avec sa cravate multicolore, cet acteur crève l'écran bien que sa présence soit réduite à deux apparitions. On comprend tout de suite de quel genre de personnage il s'agit : son apparence décontractée et son physique avantageux en font un godelureau calibré pour séduire la fille naïve de son patron.
Philippe Vallauris complète la distribution dans le minuscule rôle du chauffeur du Baron de la Butinière.
TEMPS FORTS :
On peut presque affirmer que les temps forts, c'est l'ensemble du film tant les scènes à haute portée comique se succèdent à un rythme infernal. Oscar est un film qui supporte de nombreuses rediffusions sans que son potentiel comique ne s'érode le moins du monde.
Si l'on veut trouver absolument des temps plus forts que forts parmi une foule de temps forts, on pourra citer quelques passages irrésistibles.
Alors que Christian Martin se moque de Barnier depuis le début de leur premier entretien, alors qu'il a commencé par le déranger chez lui pour lui demander une augmentation, s'est invité à partager son petit-déjeuner, lui a demandé de le servir et s'est emparé de sa tartine, après qu'il lui ait annoncé qu'il souhaitait épouser sa fille et qu'il lui avait volé 60 millions, le sans-gêne Christian ose dire : « Je suis un garçon timide, vous ne le saviez pas ? » ( !)
Réponse de Barnier-De Funès ; « Non, je ne le savais pas ! »
Lorsqu'il prend congé, le « garçon timide » demande à Barnier :
« Permettez-moi de vous appeler Bertrand.
-Ah ! Ça, non !
-Allez !... Au revoir, Bertrand ! »
Et le maître d'hôtel : « Vous avez vu, il vous appelle Bertrand ! » La tête de Louis de Funès à ce moment-là !
La façon dont Colette apprend à son père qu'elle est enceinte est hilarante. « Nous l'appelleront Blaise. », annonce-t-elle de but en blanc. Barnier est long à comprendre, et on voit très bien à son expression l'instant où la vérité (qui n'en est d'ailleurs pas une...) se fait jour dans son esprit. Réaction :
« Ce n'est pas possible ! C'en est trop pour la même journée ! Vous n'allez pas l'appeler Blaise ! »
Autre très, très bon moment, lorsque Bernadette donne son congé :
« Je voudrais prévenir Monsieur que je ne pourrai pas rester plus longtemps à son service.
-Et pourquoi donc ?
-Parce que je me marie, Monsieur !
-Vous au moins, vous avez de la chance... Et avec qui ?
-Monsieur le connaît très bien. Il venait souvent ici...
-Ah !Bon ? Qui est-ce ?
-Honoré de la Butinière !
-C'est pas possible ! Le boutonneux ?
-Je fais remarquer à Monsieur qu'il n'a plus de boutons !
-Tiens ? Et comment vous expliquez ça, vous ?
-Si Monsieur ne comprend pas... (elle prend un air entendu).
-Bernadette ! Vous allez partir immédiatement ! Je n'aime pas du tout ce genre de plaisanteries ! »
Puis, Barnier avec sa femme :
« Tu connais la nouvelle ?
-Non !
-Le Baron de la Butinière n'a plus de boutons !
-Qu'est-ce que tu veux que ça me fasse ?
-Et tu sais pourquoi ?
-Non !
-Demande à la bonne !
-Bertrand ! A chaque fois que je te vois, je me demande si tu es dans ton état normal ! »
Lorsque Martin lui fait remarquer que lui aussi peut avoir un accident mortel, De Funès a une séquence très typique de son comique visuel, et particulièrement réussie. Il répond :
« ça m'étonnerait parce que moi.... vlaf! »(il mime un piéton évitant un camion en se glissant au-dessous). « Mais j'ai connu une cousine, c'est horrible, elle était comme ça.. ». (il mime la cousine, étendue après avoir été victime de l'accident).
J'aime beaucoup aussi cet échange entre Barnier et Martin :
« Votre fille attend un enfant ?
-Ce sont des choses qui arrivent...
-Et pourquoi n'épouse-t-elle pas le vrai père ?
-Il a disparu !
-Et vous voudriez que ce soit moi ?
-Oui !
-Mais vous êtes une crapule !
-Vouiiiii ! Et c'est pour cette raison que j'ai pensé que nous pourrions nous entendre tous les deux... »
Plus le temps passe, et plus Barnier devient nerveux, excédé que personne ne veuille comprendre son histoire d'échanges de valises. Ainsi, lorsqu'il reçoit Jacqueline pour la seconde fois :
« Il y a une histoire de valises dont je n'essaierai pas de vous parler puisque toutes les personnes à qui je la raconte croient que je suis zinzin.
-Zinzin ?
-Oui, je sais. Tout ce que je dis n'a aucun sens... »
Et plus tard avec son masseur :
« Oscar, c'est mon chauffeur, qui est parti au pôle Nord et dont ma fille attend un enfant, pendant qu'un employé me volait 60 millions pour épouser ma fille qui n'était pas la mienne ! Et maintenant, voilà la bonne qui s'en va en emportant la valise de bijoux ! Vous comprenez maintenant pourquoi je voulais vous la faire épouser ? »
Et bien sûr, il y a la fameuse scène dite du violon. Au départ, De Funès, la croyant bonne pour le théâtre mais inadaptable au cinéma, refuse de la faire. C'est la scène où Molinaro le convainc en lui offrant les techniciens en guise de public. En apprenant par sa femme et sa fille comment ont disparu la valise de bijoux et la valise de billets, Barnier perd le contrôle de ses nerfs. Il s'en prend à sa fille : « Regardez comme elle a l'air bête, celle-là ! Mmmmmmhh ! » (mime évoquant l'air ahuri de sa fille, très drôle). « D'abord, tu n'auras pas de dot ! Rien, mais alors rien du tout ! » (succession de mimes pour illustrer sa fille ruinée).
Barnier décide alors d'appeler le Baron de la Butinière pour tenter de récupérer les valises. Il s'énerve au téléphone, le traite de triple andouille, puis de boutonneux, raccroche et entreprend de mimer les boutons. Sa main représente un avion qui vole et lance des rafales de mitraillette, aussitôt transformées en boutons sur le visage de ce pauvre baron. Puis c'est le nez qui s'allonge, et de Funès mime un archet qui va et vient sur le nez du baron !
POINTS FAIBLES :
Difficile de trouver des défauts dans cette excellentissime comédie. Le seul relatif point faible est l'interprétation d'Agathe Natanson dans le rôle de Colette. Trop gamine capricieuse. Ses hurlements à chaque fois que les choses tournent mal sont à la limite du supportable.
Le passage du théâtre au cinéma a plutôt été bien digéré. Certaines scènes n'étaient pas faciles à adapter, car les effets que l'on peut obtenir au théâtre en interaction avec le public ne peuvent pas forcément être reproduits. Leur comparaison avec les extraits de la pièce n'est pas toujours en faveur du film, mais l'adaptation est tout de même très satisfaisante, et le film est à mourir de rire. Donc, on ne considérera pas que les quelques imperfections dans l'adaptation constituent un véritable défaut.
ACCUEIL :
Le passage au cinéma va évidemment élargir considérablement le public d'Oscar. Le film sera vu par plus de 6 millions de spectateurs, chiffre dans la lignée des De Funès de l'époque.
Ce résultat est satisfaisant dans la mesure où, en dehors de Paris, la notoriété de la pièce était très faible. Mais aussi parce qu'un film de ce genre, sans beaux décors extérieurs, sans scènes d'aventures spectaculaires, peut dérouter une partie du public.
On peut penser que c'est essentiellement la notoriété de l'acteur principal qui, au départ, a poussé les spectateurs à venir en masse. Ensuite, le bouche-à-oreilles a dû produire ses effets, tellement le film est irrésistible.
SYNTHESE :
Mon film préféré de Louis de Funès, un sommet du comique inégalable.
Dernière édition par Phil DLM le Lun 27 Fév 2012 - 0:31, édité 2 fois
phildlm- Duc(hesse)
- Age : 58
Localisation : Auvergne, entre Clermont et Lyon
Date d'inscription : 19/08/2007
Re: Louis de Funès (1914 - 1983)
Comme scène géniale, j'adore aussi le premier dialogue entre Barnier et sa femme :
- J'ai à te parler. Ta fille a un amant.
- Moi aussi !
- QUOI !
- Je disais : moi aussi, j'ai à te parler.
- Ah. Et que voulais-tu me dire ?
- Ta fille a un amant.
- Oui, je le sais, je viens d'te le dire.
- Oui, mais je l'savais avant toi !
- HEIN !
Pas sûr de l'exactitude du dialogue, mais ça doit être ça...
Egalement un de mes De Funès préféré. Le rythme est vraiment foufou, pas l'temps d'respirer !
Excellente critique, comme toujours.
- J'ai à te parler. Ta fille a un amant.
- Moi aussi !
- QUOI !
- Je disais : moi aussi, j'ai à te parler.
- Ah. Et que voulais-tu me dire ?
- Ta fille a un amant.
- Oui, je le sais, je viens d'te le dire.
- Oui, mais je l'savais avant toi !
- HEIN !
Pas sûr de l'exactitude du dialogue, mais ça doit être ça...
Egalement un de mes De Funès préféré. Le rythme est vraiment foufou, pas l'temps d'respirer !
Excellente critique, comme toujours.
Dearesttara- Roi (Reine)
- Age : 33
Localisation : Charenton (94)
Date d'inscription : 08/02/2010
Re: Louis de Funès (1914 - 1983)
Dearesttara a écrit:Comme scène géniale, j'adore aussi le premier dialogue entre Barnier et sa femme :
- J'ai à te parler. Ta fille a un amant.
- Moi aussi !
- QUOI !
- Je disais : moi aussi, j'ai à te parler.
- Ah. Et que voulais-tu me dire ?
- Ta fille a un amant.
- Oui, je le sais, je viens d'te le dire.
- Oui, mais je l'savais avant toi !
- HEIN !
Pas sûr de l'exactitude du dialogue, mais ça doit être ça...
Et ensuite: "Tu sais sans doute aussi qu'elle attend un enfant?
- Bien entendu!
- Eh! Bien, c'est du propre!
- C'est le sort de toutes les femmes...
- Bravo, tu as les idées larges!"
Moi non plus, pas sûr d'avoir reproduit les dialogues au mot près dans ma critique, j'ai tout fait de mémoire, mais en gros c'est ça!
- Bien entendu!
- Eh! Bien, c'est du propre!
- C'est le sort de toutes les femmes...
- Bravo, tu as les idées larges!"
Moi non plus, pas sûr d'avoir reproduit les dialogues au mot près dans ma critique, j'ai tout fait de mémoire, mais en gros c'est ça!
phildlm- Duc(hesse)
- Age : 58
Localisation : Auvergne, entre Clermont et Lyon
Date d'inscription : 19/08/2007
Re: Louis de Funès (1914 - 1983)
J'applaudis à ces critiques, Phil, car c'est très long à faire (comme pour moi Hitchcock), beaucoup plus difficile qu'un épisode de série. Comme lorsque tu avais dit "ce n'est pas demain que le dossier sera fini" (Pour LDF), c'est la même chose pour moi avec Sir Alfred.
Invité- Invité
Re: Louis de Funès (1914 - 1983)
Absolument! La chronique d'un seul film me prend au moins 10 fois plus de temps qu'un épisode de série. Je pense qu'il me faudra entre un an et un an et demi, en comptant environ 38 films.Patricks a écrit:J'applaudis à ces critiques, Phil, car c'est très long à faire (comme pour moi Hitchcock), beaucoup plus difficile qu'un épisode de série. Comme lorsque tu avais dit "ce n'est pas demain que le dossier sera fini" (Pour LDF), c'est la même chose pour moi avec Sir Alfred.
phildlm- Duc(hesse)
- Age : 58
Localisation : Auvergne, entre Clermont et Lyon
Date d'inscription : 19/08/2007
Re: Louis de Funès (1914 - 1983)
Bravo Phil pour cette nouvelle chronique!
Une info étonnante, le film français ayant eu le plus d'entrées en Allemagne est...:
En Allemagne, il s'agit même du plus gros succès pour
un film en langue française depuis "Le gendarme et les extra-terrestres"
en 1979 (4,8 millions d'entrées pour "Intouchables" contre 5,6 millions
pour le film avec Louis de Funès).
http://www.latribune.fr/entreprises-finance/services/tourisme-loisirs/20120227trib000685273/the-artist-et-intouchables-tres-rentables-a-l-international.html
Une info étonnante, le film français ayant eu le plus d'entrées en Allemagne est...:
En Allemagne, il s'agit même du plus gros succès pour
un film en langue française depuis "Le gendarme et les extra-terrestres"
en 1979 (4,8 millions d'entrées pour "Intouchables" contre 5,6 millions
pour le film avec Louis de Funès).
http://www.latribune.fr/entreprises-finance/services/tourisme-loisirs/20120227trib000685273/the-artist-et-intouchables-tres-rentables-a-l-international.html
Invité- Invité
Re: Louis de Funès (1914 - 1983)
LE CORNIAUD****
Production : Robert DORFMAN (Les Films Corona)
Scénario : Gérard OURY
Adaptation : Gérard OURY et Marcel JULLIAN
Dialogues : Georges TABET, André TABET
Réalisation : Gérard OURY
Musique : Georges DELERUE
Production : Robert DORFMAN (Les Films Corona)
Scénario : Gérard OURY
Adaptation : Gérard OURY et Marcel JULLIAN
Dialogues : Georges TABET, André TABET
Réalisation : Gérard OURY
Musique : Georges DELERUE
Léopold Saroyan, un entrepreneur en import-export lié au syndicat du crime, a dissimulé dans une Cadillac le produit d'un hold-up, constitué de trois cents kilos d'or, de pierres précieuses dont le fameux « You-Kun-Kun », le plus gros diamant du Monde, ainsi que d'une énorme quantité d'héroïne. La voiture doit être acheminée de Naples à Bordeaux, où elle sera embarquée sur un bateau à destination de New-York. Saroyan décide de la confier à Antoine Maréchal, un représentant de commerce naïf dont il a embouti la deux-chevaux alors qu'il partait en vacances en Italie.
Sous prétexte de dédommagement, il lui offre d'effectuer ce beau voyage en voiture de luxe, persuadé que la figure honnête et le casier judiciaire vierge de Maréchal constituent le meilleur des passeports pour franchir la douane. Par prudence, il se propose de suivre la Cadillac à distance. L'opération est rapidement compliquée par les gaffes de Maréchal et les tentatives de vol perpétrées par Mickey, dit « Le Bègue », un truand rival désireux de s'approprier la précieuse cargaison.
GENESE :
Lorsque Gérard Oury décide, après divers tâtonnements, d'orienter sa carrière de cinéaste vers la comédie, il engage naturellement Bourvil, alors au sommet de sa popularité, pour interpréter le rôle principal du « corniaud », qui va donner son nom au film.
Au départ, Bourvil est donc incontestablement la vedette numéro une. Louis de Funès, en pleine ascension, est retenu pour incarner l'entrepreneur lié aux milieux criminels. De Funès n'a pas encore la notoriété de Bourvil. D'ailleurs, son cachet sera trois fois moins élevé que celui de l'acteur Normand.
Afin de ménager la susceptibilité de Louis de Funès, des scènes seront ajoutées pour que la présence à l'écran de chacun des interprètes principaux ne soit pas trop déséquilibrée.
Une des caractéristiques du film est que, hormis les premières séquences et la scène finale, les deux acteurs principaux ne sont jamais ensemble.
Le Corniaud, comme la plupart des films de Gérard Oury à partir de cette époque, va être une production à gros budget, fait inhabituel pour un film comique, avec une majorité de scènes tournées en décors naturels, permettant notamment d'admirer les merveilles de l'architecture et des paysages italiens.
REALISATEUR :
Gérard Oury a débuté au cinéma en tant qu'acteur, sans succès énorme. En 1958, il écrit le scénario d'un film d'André Cayatte, Le Miroir à deux faces, un drame opposant Michèle Morgan, qui va devenir son épouse suite à cette rencontre, à Bourvil. L'immense Bourvil y démontre tout son talent dans le rôle d'un Français moyen mesquin, un rustre qui a sciemment choisi une femme laide « pour ne pas être trompé », et ne supporte pas que cette dernière entreprenne une opération de chirurgie esthétique pour devenir belle.
Après cet essai encourageant, il se lance dans la réalisation à l'aube des années 60. Ses deux premiers films passent totalement inaperçus, mais le troisième, intitulé Le Crime ne paie pas, est un film composé de quatre sketches et rencontre enfin le succès. Louis de Funès, interprète d'un des sketches, remarque le tempérament enjoué d'Oury sur le plateau, et lui conseille alors d'orienter sa carrière vers la mise en scène de comédies. Oury est sceptique : pour lui, ce n'est pas parce que l'on rit beaucoup sur les tournages que l'on va devenir forcément un bon réalisateur de films comiques. Pourtant, il finira par suivre le conseil de Fufu.
C'est tout naturellement qu'Oury fait appel à Bourvil et à Louis de Funès pour participer à l'aventure du Corniaud, qui n'est pas sans danger car le budget élevé du film ne permet pas l'échec. Oury est persuadé qu'avec de tels acteurs, l'échec est impossible, et les faits lui donneront raison.
DECORS :
Adepte des films à grand spectacle, Gérard Oury se donne les moyens de ses ambitions. La majeure partie des scènes sont tournées dans des décors naturels, le plus souvent magnifiques.
La première scène, la légendaire rencontre entre la bolide de Saroyan et la malheureuse deux-chevaux de Maréchal, est filmée place Sainte-Geneviève à Paris. Ensuite, les trois-quarts du film se déroulent en Italie.
Maréchal réceptionne la Cadillac à Naples, sur fond de Vésuve, puis s'enfonce dans des petites rues populeuses où il est contraint d'avancer au pas, entouré d'une horde de piétons. Cette scène donne l'impression d'assister à un documentaire, avec des passants sincèrement intrigués, aux mines inquiètes, voire hostiles, face à la caméra qui les filme, ces images étant habilement alternées avec des plans sur Antoine et sa voiture.
Puis c'est Rome, où Maréchal va faire une longue escale. La ville éternelle nous est montrée sans retenue, avec bien entendu le Colisée, mais aussi des petites églises beaucoup plus modestes.
Après la course-poursuite, la scène de bagarres entre les hommes de Saroyan et ceux de « La Souris » est tournée à la Villa d'Este, située dans la ville de Tivoli, près de Rome. Plusieurs séquences se déroulent parmi les magnifiques jets d'eau de ce chef-d'œuvre de l'architecture italienne du seizième siècle. Également célèbre pour l'aménagement de ses jardins, la Villa d'Este a été admise au patrimoine mondial de l'UNESCO au cours de l'année 2001.
La remontée vers le Nord se poursuit avec des passages en Toscane et par la fameuse Tour de Pise. Par contre, la scène du bain de minuit d'Ursula, censée se dérouler en Italie, a été filmée sur la plage de Saint-Raphaël.
C'est le poste de douane de Menton qui a servi de cadre à la fouille des voitures de Saroyan et Maréchal, avant l'arrivée sur les routes de France et l'escale à Carcassonne. Le rendez-vous entre Saroyan et la fausse « Souris » permet de montrer les remparts sous toutes les coutures, puis le film se termine à Bordeaux, sauf qu'une partie de cette scène a été tournée au Havre...
Le lien matériel entre tous ces lieux n'est autre que la Cadillac De Ville blanche conduite par Maréchal. Cette superbe voiture, dotée du téléphone, joue au petit Poucet avec sa précieuse cargaison, ce qui lui permettra évidemment de franchir la frontière sans encombre.
GENERIQUE :
Le générique de début ne constitue pas une entame particulièrement accrocheuse : des vues de Paris sont accompagnées d'une musique de Georges Delerue, d'une banalité affligeante. Le film a été tourné en 1964, mais la musique du générique, désuète, ressemble à ce qu'on entendait dans les années 50 et même 40.
En dehors du générique, la musique alterne le chaud et le froid : déceptions lors des scènes pseudo-sentimentales mielleuses entre Maréchal et ses conquêtes voisinent avec quelques thèmes sympathiques, à l'image de celui associé à « Mickey ». Le bilan global n'est quand même pas fameux. Il semble qu'on aurait facilement pu faire mieux.
Le générique final n'apporte aucune amélioration. Il reprend la musique initiale sur un triste fondu au noir.
SCENARIO :
Avec les décors et le jeu des acteurs, le scénario est l'un des points forts du film. Ce sera une des caractéristiques des œuvres d'Oury que de s'appuyer sur des scénarios bien travaillés.
Léopold Saroyan, chef d'entreprise nerveux et autoritaire, est de mèche avec le syndicat du crime américain. Au cœur du mois d'août, sa grosse voiture emboutit celle d'Antoine Maréchal, un modeste représentant de commerce, au volant d'une deux-chevaux. Remarquons la singularité du personnage de Maréchal : a-t-on déjà vu souvent des représentants rouler en deux-chevaux ?
Maréchal est consterné car il s'apprêtait à partir en vacances en Italie (L'Italie en deux-chevaux, bon courage !), et l'accident a complètement détruit son véhicule. Mais Saroyan, pressé et arrogant, lui suggère de devenir un piéton, ou de prendre l'avion pour aller en Italie, lui laisse sa carte et s'en va sans autre forme de procès.
Le lendemain, Saroyan convoque Maréchal à son domicile et lui explique l'avoir trouvé très sympathique. Il lui propose de l'envoyer à ses frais à Naples afin de ramener à Bordeaux la Cadillac d'un ami américain rappelé en urgence aux Etats-Unis, ce qui permettra à son hôte de traverser l'Italie en voiture de luxe pendant une quinzaine de jours.
Saroyan a-t-il eu des remords ? Pas du tout ! En réalité, la Cadillac est bourrée de cocaïne, d'or et de pierres précieuses volées, et le casier judiciaire vierge de Maréchal, tout comme son allure de parfait honnête homme, doivent lui permettre de passer la frontière sans que sa voiture soit fouillée par les douaniers.
Afin de rassurer ses associés dans le crime, inquiets de voir toute leur fortune à la merci d'un tel naïf, Saroyan leur annonce qu'il suivra la Cadillac à distance pendant tout le trajet.
La conduite de la Cadillac déconcerte Maréchal, habitué à sa deux-chevaux. Dès sa prise en main en Naples, il emboutit les pare-chocs avant et arrière, à l'insu de Saroyan. Il emmène discrètement la voiture chez un garagiste. Ce dernier découvre l'or dissimulé dans les pare-chocs, qu'il remplace par des neufs volés sur une autre Cadillac, afin de conserver le métal précieux.
Lors du passage à Rome, « Le Bègue », dit aussi « La Souris » ou « Mickey », un rival de Saroyan, s'empare de la Cadillac à la tombée de la nuit. Par chance, Saroyan le voit et une course poursuite s'engage entre les deux bandes rivales, à l'issue de laquelle Saroyan réussit à récupérer la voiture. L'incident n'est pas sans dommage puisqu'une balle perdue s'enfonce dans les ailes de la Cadillac, permettant à l'héroïne, qui y était dissimulée, de s'échapper sous les yeux consternés de Léopold.
« La Souris » ne renonce pas. Il séduit Ursula, une jeune auto-stoppeuse allemande qui voyage avec Maréchal, afin de se faire présenter à ce dernier et de lui voler la Cadillac dès la première occasion. Il a pris soin de mettre Saroyan hors course, immobilisé par du sucre dans le carburateur de sa voiture. Léopold décide de prévenir Maréchal du danger, téléphone et tombe sur l'Allemande, avec qui il s'explique tant bien que mal. Ursula sabote la batterie de la Cadillac pendant que « Mickey » se débarrasse d'Antoine, qui chute dans la mer depuis une falaise.
Saroyan, qui a réparé son automobile, surprend « La Souris » au moment où il essayait de faire démarrer la Cadillac, mais son ennemi se fait emmener par deux motards de la police afin de lui échapper. Maréchal, sorti du bain, fait installer une batterie neuve et jette l'ancienne dans la mer, sans savoir qu'elle est remplie de bijoux.
Maréchal comprend qu'il a été berné lorsqu'il passe la frontière. Saroyan a décidé de la franchir avant lui pour l'attendre de l'autre côté, mais a été retenu par la police, prévenue de l'affaire par un informateur. La fouille de sa voiture prend du temps, et il se retrouve nez-à-nez avec Maréchal. Il fait semblant de ne pas le connaître, mais les policiers ne sont pas dupes. Ils relâchent Léopold et fouillent la voiture d'Antoine.
Évidemment, les policiers ne trouvent rien dans la Cadillac, mais Maréchal, qui a tout compris, a la ferme intention de s'expliquer avec Saroyan lorsqu'il recevra l'aide de Martial, un ami, gendarme à Carcassonne. Après s'être débarrassé de « La Souris » en jouant au gangster chevronné, il réussit à capturer les hommes de main de Saroyan, ainsi que deux policiers, qu'il prend pour des hommes du « Bègue », grâce à Martial et à sa brigade.
Tout ce joli monde se retrouve à l'arrivée à Bordeaux, en compagnie du commissaire, qui a arrêté « Mickey ». Maréchal découvre le You-Kun-Kun, le plus gros diamant du Monde, caché dans le klaxon de la Cadillac, et le remet au commissaire. Peu convaincu de son innocence, le policier l'arrête et notre cher Antoine se retrouve en compagnie de Léopold à l'arrière de la voiture. Menottes au poignet, les deux hommes s'expliquent. Saroyan promet à sa victime de le sortir de cette mauvaise passe et lui propose un placement de l'argent qu'il va toucher de la compagnie d'assurances pour avoir retrouvé le You-Kun-Kun.
DISTRIBUTION :
Louis de Funès fait son numéro habituel dans le rôle de Léopold Saroyan, cet homme d'affaires lié au Milieu, il est vrai parfaitement adapté à son personnage. Le succès du film sera dû aussi bien à sa performance qu'à celle de son partenaire, ce qui n'était pas forcément prévu au départ, et c'est un des trois rôles, avec ceux de Ludovic Cruchot dans Le Gendarme de Saint-Tropez et du commissaire Juve dans Fantômas, qui assoiront définitivement sa popularité.
Bourvil interprète le représentant en layette Antoine Maréchal. Écrire qu'il est très bon, parfait et même plus-que-parfait est inutile car ce formidable comédien l'était toujours. Ses effets comiques, basés sur la naïveté, étaient parfaitement complémentaires de ceux de Louis de Funès, basés sur l'agressivité. Le concept dominant/dominé, persécuteur/persécuté est toujours efficace, et sera repris dans la plupart des films et scénarios de Francis Veber : L'emmerdeur, La Chèvre etc.
Venantino Venantini incarne « Mickey », dit « La Souris », dit « Le Bègue », le chef du gang rival de Saroyan. Tout aussi dénué de scrupules que son adversaire, il est plus du genre « jeune premier », n'hésitant pas à utiliser son attrait de bellâtre italien auprès des femmes afin de parvenir à ses fins.
Henri Genès, c'est Martial, le brave gendarme ami d'Antoine. Il parle avec l'accent méridional et roule les « r », comme tout natif de Carcassonne qui se respecte. On comprend donc que ce rôle ait été confié à Henri Genès...
Alida Chelli interprète Gina, une manucure italienne dont Maréchal fait la connaissance à son hôtel de Rome. Fiancée à un coiffeur sicilien très jaloux, elle utilise l'attrait d'Antoine pour sa personne afin de jouer avec les nerfs de son ami. Désespérée par sa conduite, elle propose à Maréchal de partir avec lui, mais arrête sa voiture à la sortie de Rome pour retourner avec son amoureux.
Beba Loncar compose une jolie étudiante allemande prénommée Ursula. Naturelle et naturiste, Ursula ne dispose pas de gros moyens financiers, visite l'Italie en auto-stop et couche dans les campings. Maréchal l'emmène avec lui dès la sortie de Rome, en remplacement de Gina. Serviable et courageuse, elle va lui rendre de grands services avant de le quitter, fatiguée par les dangers encourus.
Jacques Ferrière et Jean Droze jouent les hommes de main de Saroyan, souvent présentés comme ses « secrétaires ». De curieux secrétaires avec la main toujours à la portée d'une arme à feu... Comme à son habitude avec ceux placés sous son autorité, De Funès les traite sans ménagement, bien que cet aspect soit ici moins développé que dans nombre de ses films.
Lando Buzzanca n'est autre que le coiffeur sicilien jaloux de sa fiancée, la douce Gina. Avec ses petites moustaches, sa taille modeste et son attitude nerveuse et colérique, il représente l'archétype de l'italien moyen, tel qu'on le décrit dans beaucoup de films français... ou autres.
Saro Uzzi interprète Tagliella, le garagiste napolitain qui s'empare de l'or découvert dans les pare-chocs de la Cadillac. Lui aussi représente une caricature de petit artisan du Sud de l'Italie, tant pas son attitude que par son physique.
L'athlète qui roule des mécaniques sous la douche devant les yeux ébahis de De Funès est Robert Duranton. Lutteur et catcheur professionnel, il a également été élu « Monsieur Europe » en 1953, et a parfois tenu de petits rôles au cinéma, toujours dans des registres de costauds.
Pierre Roussel joue le maître d'hôtel Mario Costa, qui espionne Saroyan pour le compte de « La Souris ». Arrêté par la police pour recel, c'est lui qui « balance » l'affaire de la Cadillac aux forces de l'ordre.
On arrive ensuite aux tous petits rôles avec Guy Grosso et Michel Modo en douaniers, Henri Virlogeux, Jean Meyer et Jacques Eyser, les associés de Saroyan, Bob Leriche et Guy Delorme, les complices de « Mickey », Annie Claparède dans le rôle de Suzanne, la serveuse du bar de Carcassonne et Germaine de France, la vieille dame qui chante sur les remparts.
TEMPS FORTS :
Le film accumule une succession de situations comiques irrésistibles, dont on ne citera que les plus marquantes.
On démarre fort avec la scène de l'accident, devenue si célèbre qu'elle sera utilisée bien plus tard pour une publicité télévisée en faveur d'une compagnie d'assurances. Si on regarde avec attention, on se rend compte que Bourvil tire sur le volant pour finaliser l'effondrement total de la deux-chevaux.
Maréchal est convoqué chez Saroyan, et ce dernier lui assène de but en blanc un « Vous m'avez été tout de suite sympathique » en totale contradiction avec son attitude hautaine de la veille. Le repas qui suit, en compagnie des associés de Léopold, produit sur eux un effet désastreux. Non seulement Antoine, totalement ivre, parle fièrement de sa réussite « dans la layette », mais il rétorque à un invité qui lui suggérait d'emmener Les Promenades dans Rome, de Stendhal, qualifié de « merveilleux guide » pour visiter l'Italie : « Mais j'ai déjà le Michelin ! »
Autre séquence très drôle lorsque Saroyan, croyant Maréchal dans les bras de Gina, décide d'aller vérifier le chargement de la Cadillac. Le problème, c'est que Maréchal descend au garage alors qu'il se trouve en pleine inspection. Antoine ne trouve pas les clefs de la voiture, puisque Léopold les a empruntées. Il entend un bruit et demande « Y'a quelqu'un ? ». Léopold, caché sous la Cadillac, répond : « Non, y'a personne ». Et Bourvil : « Ah ? Bon ! ».
Saroyan s'amuse à faire tournoyer la Cadillac et son occupant dans les airs, sur le levier du garage. Sur le point d'être reconnu, il est contraint de mettre un masque de soudeur et fait redescendre la voiture au moment où Maréchal s'apprêtait à descendre à l'aide d'une échelle. Ce passage montre le grand professionnalisme de Bourvil, dont on voit très bien qu'il n'est pas doublé lorsqu'il tombe de l'échelle et atterrit dans la Cadillac. Et pourtant, cette cascade était fort dangereuse.
Les poursuites et bagarres à la suite du vol de la Cadillac par les hommes de « La Souris » comportent quelques passages très amusants, dont une hilarante méprise de Saroyan : alors qu'il marche à reculons, revolver à la main, guettant l'ennemi, il vient buter contre le doigt pointé en avant d'une statue, et croit se retrouver sous la menace d'une arme collée contre son dos par un homme de « La Souris » !
Après la récupération de la voiture, il s'agit de la réparer avant le petit matin, afin que Maréchal ne s'aperçoive de rien. Saroyan la conduit en pleine nuit dans un petit garage de campagne. Il est tellement pressé qu'il effectue lui-même les réparations sous les yeux ébahis du garagiste et de son fils. Cette scène sans dialogues, hommage au film Les Temps Modernes de Chaplin, se déroule au son de La Tarentelle, extraite de La Boutique fantastique de Gioachino Rossini. De Funès procède aux réparations avec enthousiasme, et calque ses gestes sur le rythme de la musique. Ses mimiques particulièrement expressives démontrent à quel point il aurait pu être un grand acteur de cinéma muet.
Un autre très bon moment est offert par la scène du culturiste sous la douche. Il s'agit d'une des séquences qui ont été ajoutées sur demande de Louis de Funès. Désireux d'être traité à égalité avec son partenaire, il s'est rendu compte à la lecture du scénario que le compte n'y était pas. Il va trouver Oury et lui montre le script. Des petites pastilles rouges ont été collées pour chaque scène avec Bourvil, et des pastilles bleues pour chaque scène avec lui-même. Il fait remarquer à Gérard Oury que les pastilles rouges sont beaucoup plus nombreuses que les pastilles bleues, ce sont le metteur en scène ne peut que convenir. Oury se creuse la tête pour rétablir un certain équilibre, qui ne sera pas complet puisque Bourvil restera incontestablement l'acteur le plus présent sur ce film.
Cette scène de la douche, le soir passé au camping, est donc une nouvelle séquence sans dialogue destinée à mettre Fufu en valeur. Le culturiste adopte une attitude méprisante et fait fonctionner sa puissante musculature sous l'air ébahi de Saroyan, qui n'en revient pas. Léopold fini par mettre fin au spectacle, et une fois seul se regarde dans la glace en essayant d'imiter le malabar ! Mais ses muscles ne réagissent pas aussi bien que ceux du modèle, et il préfère arrêter l'expérience, avec un geste de dépit envers son ventre...
Rentré sous sa tente, le malheureux Saroyan n'est pas au bout de ses peines puisque Maréchal, qui s'est endormi en attendant qu'Ursula vienne le rejoindre, va faire des siennes. Il se tourne et se retourne dans son lit, tout en rêvant de la belle Allemande. Et ce qui devait arriver ne manque pas de se produire : il finit par rouler hors de sa tente et atterrit contre celle de Saroyan, glisse une main a l'intérieur et, toujours endormi, se met à tripoter Léopold en demandant : « Ursula ! Encore un peu d'huile ? »
Après cette nuit éprouvante, nouvelle indigestion de sucre pour la voiture de Saroyan, dont le propriétaire assiste avec effroi au départ du « Corniaud » en compagnie d'Ursula et de « La Souris ». Une des scènes les plus drôles du film a lieu sous la forme de l'appel téléphonique destiné à prévenir Maréchal. Saroyan tombe sur Ursula et se présente comme un ami, « Ein freund of Herr Antoine Maréchal ».
Voici quelques extraits du dialogue :
« He ist en danger ! Because der man, der beau garçon, ist ein zalopard, ein gross zalopard, qui veut barboter...Euh ! I beg your pardon ! Qui veut voliren la Cadillac ! Et si vous nicht interveniren, Maréchal Kaput ! » (Il est probable que le nom de Maréchal a été choisi spécialement en vue de cette réplique).
La rencontre entre Saroyan, ses hommes et « Mickey », pendant qu'Ursula aide Maréchal à sortir de son bain, comporte un nouveau temps fort basé sur du comique visuel : les mimiques de Louis de Funès pour illustrer la discrétion du pistolet nanti d'un silencieux sont irrésistibles.
La mauvaise foi a toujours été un atout de choix dans le comique de Fufu. Une parfaite illustration nous en est donnée au cours de la rencontre Maréchal-Saroyan au poste de douane, avec le culot de Léopold Saroyan :
« Ecoutez, Monsieur, je n'ai pas le plaisir de vous connaître.
-Maréchal !
-Ce n'est pas moi !
-Mais c'est moi. Il faut que je vous dise, il m'en est arrivé des...
-Ah ! Ça suffit ! En voilà assez ! N'insistez pas !
-Bon ! Vous devez avoir raison. J'ai dû me tromper. Excusez-moi ! »
Le passage où Bourvil se montre le plus drôle est probablement celui où, une fois la frontière passée, il a compris que Saroyan s'est payé sa tête, et qu'il doit à tout prix se débarrasser de « La Souris ». Il compose alors un personnage de dur. Au son d'un air d'accordéon qui évoque les titis des faubourgs parisiens, il se met à parler en argot, prend « Mickey » de haut et le traite de « pauv' cave ». Et ça marche ! Extraits choisis :
« T'a voulu me foutre dans le bain, mais je sais nager...
Vise un peu : Les ailes : un héros, pas d'héroïne ! Pousse ta viande! La batterie, tu peux visiter : y'a peau de balle ! Les pare-chocs : c'est pas de l'or, c'est de la bonne ferraille !
-Je...je... ne... ne savais pas que tu étais au courant.
-Pauv' cave ! T'as pas compris que cette bagnole-là, c'est du bidon... »
La conclusion est également excellente, avec Saroyan qui montre ses menottes à Maréchal et lui affirme qu'il peut avoir confiance en lui, puis le fameux rire de nos héros, lorsque Antoine s'étonne du placement d'argent suggéré tous bas à l'oreille par son acolyte.
POINTS FAIBLES :
Quelques passages moins réussis, voire languissants, lors des interminables problèmes de cœur de Maréchal. Séduit par la belle manucure Gina, il accepter de la prendre avec lui, mais elle ne tardera pas à retourner avec son fiancé. Amoureux d'Ursula, il jubile lorsque cette dernière promet de le rejoindre sous sa tente après son bain de minuit, mais va veiller pour rien. Entretemps, Ursula a fait la connaissance du bègue...
Certaine répliques ne sont pas tellement drôles tant l'effet comique est éculé. Ainsi, lors du premier contact entre Antoine et Ursula :
« Je m'appelle Ursula... (nom allemand incompréhensible)
-Vous m'épelez ?
-Mais vous aussi, vous mé plait beaucoup !
-Moi, c'est Antoine tout court !
-Alors, en avant, Monsieur Toucourt ! »
On pouvait trouver mieux que cet humour de style almanach Vermot...
On remarque quelques erreurs grossières dans les détails de la mise en scène : lorsque le garagiste napolitain est filmé en train de voler le pare-chocs d'une Cadillac identique à celle de Maréchal, on ne devrait pas voir ses outils posés au-dessous puisque c'est dans la rue qu'il perpètre ce forfait, et non dans son garage.
Beaucoup plus gênant, et même ridicule : le trou rond qu'une balle de revolver est censée avoir causé sur le pare-brise de la voiture de Saroyan, et que Léopold va utiliser pour faire passer le canon de son fusil afin de tirer dans les pneus de la Cadillac, lors de la scène de poursuite. A-t-on déjà vu une balle faire un trou dans une vitre sans la faire éclater ?
ACCUEIL :
Le film réalise un triomphe avec 11 740 000 entrées, ce qui représente plus d'un Français sur cinq ! C'est un de ceux qui ont le plus contribué à asseoir la popularité de Louis de Funès.
Dans ces conditions, la poursuite de l'association De Funès-Bourvil sous l'égide de Gérard Oury va de soi, et sera encore plus fructueuse commercialement parlant sur le film suivant, un certain La Grande Vadrouille...
Si certains succès commerciaux laissent circonspects, on peut penser que pour ce film, le public ne s'est pas trompé car Le Corniaud est incontestablement une comédie de grande qualité.
SYNTHESE :
Association de deux grands acteurs pour un excellent divertissement dont les effets comiques restent intacts près de 50 ans après sa sortie.
Sous prétexte de dédommagement, il lui offre d'effectuer ce beau voyage en voiture de luxe, persuadé que la figure honnête et le casier judiciaire vierge de Maréchal constituent le meilleur des passeports pour franchir la douane. Par prudence, il se propose de suivre la Cadillac à distance. L'opération est rapidement compliquée par les gaffes de Maréchal et les tentatives de vol perpétrées par Mickey, dit « Le Bègue », un truand rival désireux de s'approprier la précieuse cargaison.
GENESE :
Lorsque Gérard Oury décide, après divers tâtonnements, d'orienter sa carrière de cinéaste vers la comédie, il engage naturellement Bourvil, alors au sommet de sa popularité, pour interpréter le rôle principal du « corniaud », qui va donner son nom au film.
Au départ, Bourvil est donc incontestablement la vedette numéro une. Louis de Funès, en pleine ascension, est retenu pour incarner l'entrepreneur lié aux milieux criminels. De Funès n'a pas encore la notoriété de Bourvil. D'ailleurs, son cachet sera trois fois moins élevé que celui de l'acteur Normand.
Afin de ménager la susceptibilité de Louis de Funès, des scènes seront ajoutées pour que la présence à l'écran de chacun des interprètes principaux ne soit pas trop déséquilibrée.
Une des caractéristiques du film est que, hormis les premières séquences et la scène finale, les deux acteurs principaux ne sont jamais ensemble.
Le Corniaud, comme la plupart des films de Gérard Oury à partir de cette époque, va être une production à gros budget, fait inhabituel pour un film comique, avec une majorité de scènes tournées en décors naturels, permettant notamment d'admirer les merveilles de l'architecture et des paysages italiens.
REALISATEUR :
Gérard Oury a débuté au cinéma en tant qu'acteur, sans succès énorme. En 1958, il écrit le scénario d'un film d'André Cayatte, Le Miroir à deux faces, un drame opposant Michèle Morgan, qui va devenir son épouse suite à cette rencontre, à Bourvil. L'immense Bourvil y démontre tout son talent dans le rôle d'un Français moyen mesquin, un rustre qui a sciemment choisi une femme laide « pour ne pas être trompé », et ne supporte pas que cette dernière entreprenne une opération de chirurgie esthétique pour devenir belle.
Après cet essai encourageant, il se lance dans la réalisation à l'aube des années 60. Ses deux premiers films passent totalement inaperçus, mais le troisième, intitulé Le Crime ne paie pas, est un film composé de quatre sketches et rencontre enfin le succès. Louis de Funès, interprète d'un des sketches, remarque le tempérament enjoué d'Oury sur le plateau, et lui conseille alors d'orienter sa carrière vers la mise en scène de comédies. Oury est sceptique : pour lui, ce n'est pas parce que l'on rit beaucoup sur les tournages que l'on va devenir forcément un bon réalisateur de films comiques. Pourtant, il finira par suivre le conseil de Fufu.
C'est tout naturellement qu'Oury fait appel à Bourvil et à Louis de Funès pour participer à l'aventure du Corniaud, qui n'est pas sans danger car le budget élevé du film ne permet pas l'échec. Oury est persuadé qu'avec de tels acteurs, l'échec est impossible, et les faits lui donneront raison.
DECORS :
Adepte des films à grand spectacle, Gérard Oury se donne les moyens de ses ambitions. La majeure partie des scènes sont tournées dans des décors naturels, le plus souvent magnifiques.
La première scène, la légendaire rencontre entre la bolide de Saroyan et la malheureuse deux-chevaux de Maréchal, est filmée place Sainte-Geneviève à Paris. Ensuite, les trois-quarts du film se déroulent en Italie.
Maréchal réceptionne la Cadillac à Naples, sur fond de Vésuve, puis s'enfonce dans des petites rues populeuses où il est contraint d'avancer au pas, entouré d'une horde de piétons. Cette scène donne l'impression d'assister à un documentaire, avec des passants sincèrement intrigués, aux mines inquiètes, voire hostiles, face à la caméra qui les filme, ces images étant habilement alternées avec des plans sur Antoine et sa voiture.
Puis c'est Rome, où Maréchal va faire une longue escale. La ville éternelle nous est montrée sans retenue, avec bien entendu le Colisée, mais aussi des petites églises beaucoup plus modestes.
Après la course-poursuite, la scène de bagarres entre les hommes de Saroyan et ceux de « La Souris » est tournée à la Villa d'Este, située dans la ville de Tivoli, près de Rome. Plusieurs séquences se déroulent parmi les magnifiques jets d'eau de ce chef-d'œuvre de l'architecture italienne du seizième siècle. Également célèbre pour l'aménagement de ses jardins, la Villa d'Este a été admise au patrimoine mondial de l'UNESCO au cours de l'année 2001.
La remontée vers le Nord se poursuit avec des passages en Toscane et par la fameuse Tour de Pise. Par contre, la scène du bain de minuit d'Ursula, censée se dérouler en Italie, a été filmée sur la plage de Saint-Raphaël.
C'est le poste de douane de Menton qui a servi de cadre à la fouille des voitures de Saroyan et Maréchal, avant l'arrivée sur les routes de France et l'escale à Carcassonne. Le rendez-vous entre Saroyan et la fausse « Souris » permet de montrer les remparts sous toutes les coutures, puis le film se termine à Bordeaux, sauf qu'une partie de cette scène a été tournée au Havre...
Le lien matériel entre tous ces lieux n'est autre que la Cadillac De Ville blanche conduite par Maréchal. Cette superbe voiture, dotée du téléphone, joue au petit Poucet avec sa précieuse cargaison, ce qui lui permettra évidemment de franchir la frontière sans encombre.
GENERIQUE :
Le générique de début ne constitue pas une entame particulièrement accrocheuse : des vues de Paris sont accompagnées d'une musique de Georges Delerue, d'une banalité affligeante. Le film a été tourné en 1964, mais la musique du générique, désuète, ressemble à ce qu'on entendait dans les années 50 et même 40.
En dehors du générique, la musique alterne le chaud et le froid : déceptions lors des scènes pseudo-sentimentales mielleuses entre Maréchal et ses conquêtes voisinent avec quelques thèmes sympathiques, à l'image de celui associé à « Mickey ». Le bilan global n'est quand même pas fameux. Il semble qu'on aurait facilement pu faire mieux.
Le générique final n'apporte aucune amélioration. Il reprend la musique initiale sur un triste fondu au noir.
SCENARIO :
Avec les décors et le jeu des acteurs, le scénario est l'un des points forts du film. Ce sera une des caractéristiques des œuvres d'Oury que de s'appuyer sur des scénarios bien travaillés.
Léopold Saroyan, chef d'entreprise nerveux et autoritaire, est de mèche avec le syndicat du crime américain. Au cœur du mois d'août, sa grosse voiture emboutit celle d'Antoine Maréchal, un modeste représentant de commerce, au volant d'une deux-chevaux. Remarquons la singularité du personnage de Maréchal : a-t-on déjà vu souvent des représentants rouler en deux-chevaux ?
Maréchal est consterné car il s'apprêtait à partir en vacances en Italie (L'Italie en deux-chevaux, bon courage !), et l'accident a complètement détruit son véhicule. Mais Saroyan, pressé et arrogant, lui suggère de devenir un piéton, ou de prendre l'avion pour aller en Italie, lui laisse sa carte et s'en va sans autre forme de procès.
Le lendemain, Saroyan convoque Maréchal à son domicile et lui explique l'avoir trouvé très sympathique. Il lui propose de l'envoyer à ses frais à Naples afin de ramener à Bordeaux la Cadillac d'un ami américain rappelé en urgence aux Etats-Unis, ce qui permettra à son hôte de traverser l'Italie en voiture de luxe pendant une quinzaine de jours.
Saroyan a-t-il eu des remords ? Pas du tout ! En réalité, la Cadillac est bourrée de cocaïne, d'or et de pierres précieuses volées, et le casier judiciaire vierge de Maréchal, tout comme son allure de parfait honnête homme, doivent lui permettre de passer la frontière sans que sa voiture soit fouillée par les douaniers.
Afin de rassurer ses associés dans le crime, inquiets de voir toute leur fortune à la merci d'un tel naïf, Saroyan leur annonce qu'il suivra la Cadillac à distance pendant tout le trajet.
La conduite de la Cadillac déconcerte Maréchal, habitué à sa deux-chevaux. Dès sa prise en main en Naples, il emboutit les pare-chocs avant et arrière, à l'insu de Saroyan. Il emmène discrètement la voiture chez un garagiste. Ce dernier découvre l'or dissimulé dans les pare-chocs, qu'il remplace par des neufs volés sur une autre Cadillac, afin de conserver le métal précieux.
Lors du passage à Rome, « Le Bègue », dit aussi « La Souris » ou « Mickey », un rival de Saroyan, s'empare de la Cadillac à la tombée de la nuit. Par chance, Saroyan le voit et une course poursuite s'engage entre les deux bandes rivales, à l'issue de laquelle Saroyan réussit à récupérer la voiture. L'incident n'est pas sans dommage puisqu'une balle perdue s'enfonce dans les ailes de la Cadillac, permettant à l'héroïne, qui y était dissimulée, de s'échapper sous les yeux consternés de Léopold.
« La Souris » ne renonce pas. Il séduit Ursula, une jeune auto-stoppeuse allemande qui voyage avec Maréchal, afin de se faire présenter à ce dernier et de lui voler la Cadillac dès la première occasion. Il a pris soin de mettre Saroyan hors course, immobilisé par du sucre dans le carburateur de sa voiture. Léopold décide de prévenir Maréchal du danger, téléphone et tombe sur l'Allemande, avec qui il s'explique tant bien que mal. Ursula sabote la batterie de la Cadillac pendant que « Mickey » se débarrasse d'Antoine, qui chute dans la mer depuis une falaise.
Saroyan, qui a réparé son automobile, surprend « La Souris » au moment où il essayait de faire démarrer la Cadillac, mais son ennemi se fait emmener par deux motards de la police afin de lui échapper. Maréchal, sorti du bain, fait installer une batterie neuve et jette l'ancienne dans la mer, sans savoir qu'elle est remplie de bijoux.
Maréchal comprend qu'il a été berné lorsqu'il passe la frontière. Saroyan a décidé de la franchir avant lui pour l'attendre de l'autre côté, mais a été retenu par la police, prévenue de l'affaire par un informateur. La fouille de sa voiture prend du temps, et il se retrouve nez-à-nez avec Maréchal. Il fait semblant de ne pas le connaître, mais les policiers ne sont pas dupes. Ils relâchent Léopold et fouillent la voiture d'Antoine.
Évidemment, les policiers ne trouvent rien dans la Cadillac, mais Maréchal, qui a tout compris, a la ferme intention de s'expliquer avec Saroyan lorsqu'il recevra l'aide de Martial, un ami, gendarme à Carcassonne. Après s'être débarrassé de « La Souris » en jouant au gangster chevronné, il réussit à capturer les hommes de main de Saroyan, ainsi que deux policiers, qu'il prend pour des hommes du « Bègue », grâce à Martial et à sa brigade.
Tout ce joli monde se retrouve à l'arrivée à Bordeaux, en compagnie du commissaire, qui a arrêté « Mickey ». Maréchal découvre le You-Kun-Kun, le plus gros diamant du Monde, caché dans le klaxon de la Cadillac, et le remet au commissaire. Peu convaincu de son innocence, le policier l'arrête et notre cher Antoine se retrouve en compagnie de Léopold à l'arrière de la voiture. Menottes au poignet, les deux hommes s'expliquent. Saroyan promet à sa victime de le sortir de cette mauvaise passe et lui propose un placement de l'argent qu'il va toucher de la compagnie d'assurances pour avoir retrouvé le You-Kun-Kun.
DISTRIBUTION :
Louis de Funès fait son numéro habituel dans le rôle de Léopold Saroyan, cet homme d'affaires lié au Milieu, il est vrai parfaitement adapté à son personnage. Le succès du film sera dû aussi bien à sa performance qu'à celle de son partenaire, ce qui n'était pas forcément prévu au départ, et c'est un des trois rôles, avec ceux de Ludovic Cruchot dans Le Gendarme de Saint-Tropez et du commissaire Juve dans Fantômas, qui assoiront définitivement sa popularité.
Bourvil interprète le représentant en layette Antoine Maréchal. Écrire qu'il est très bon, parfait et même plus-que-parfait est inutile car ce formidable comédien l'était toujours. Ses effets comiques, basés sur la naïveté, étaient parfaitement complémentaires de ceux de Louis de Funès, basés sur l'agressivité. Le concept dominant/dominé, persécuteur/persécuté est toujours efficace, et sera repris dans la plupart des films et scénarios de Francis Veber : L'emmerdeur, La Chèvre etc.
Venantino Venantini incarne « Mickey », dit « La Souris », dit « Le Bègue », le chef du gang rival de Saroyan. Tout aussi dénué de scrupules que son adversaire, il est plus du genre « jeune premier », n'hésitant pas à utiliser son attrait de bellâtre italien auprès des femmes afin de parvenir à ses fins.
Henri Genès, c'est Martial, le brave gendarme ami d'Antoine. Il parle avec l'accent méridional et roule les « r », comme tout natif de Carcassonne qui se respecte. On comprend donc que ce rôle ait été confié à Henri Genès...
Alida Chelli interprète Gina, une manucure italienne dont Maréchal fait la connaissance à son hôtel de Rome. Fiancée à un coiffeur sicilien très jaloux, elle utilise l'attrait d'Antoine pour sa personne afin de jouer avec les nerfs de son ami. Désespérée par sa conduite, elle propose à Maréchal de partir avec lui, mais arrête sa voiture à la sortie de Rome pour retourner avec son amoureux.
Beba Loncar compose une jolie étudiante allemande prénommée Ursula. Naturelle et naturiste, Ursula ne dispose pas de gros moyens financiers, visite l'Italie en auto-stop et couche dans les campings. Maréchal l'emmène avec lui dès la sortie de Rome, en remplacement de Gina. Serviable et courageuse, elle va lui rendre de grands services avant de le quitter, fatiguée par les dangers encourus.
Jacques Ferrière et Jean Droze jouent les hommes de main de Saroyan, souvent présentés comme ses « secrétaires ». De curieux secrétaires avec la main toujours à la portée d'une arme à feu... Comme à son habitude avec ceux placés sous son autorité, De Funès les traite sans ménagement, bien que cet aspect soit ici moins développé que dans nombre de ses films.
Lando Buzzanca n'est autre que le coiffeur sicilien jaloux de sa fiancée, la douce Gina. Avec ses petites moustaches, sa taille modeste et son attitude nerveuse et colérique, il représente l'archétype de l'italien moyen, tel qu'on le décrit dans beaucoup de films français... ou autres.
Saro Uzzi interprète Tagliella, le garagiste napolitain qui s'empare de l'or découvert dans les pare-chocs de la Cadillac. Lui aussi représente une caricature de petit artisan du Sud de l'Italie, tant pas son attitude que par son physique.
L'athlète qui roule des mécaniques sous la douche devant les yeux ébahis de De Funès est Robert Duranton. Lutteur et catcheur professionnel, il a également été élu « Monsieur Europe » en 1953, et a parfois tenu de petits rôles au cinéma, toujours dans des registres de costauds.
Pierre Roussel joue le maître d'hôtel Mario Costa, qui espionne Saroyan pour le compte de « La Souris ». Arrêté par la police pour recel, c'est lui qui « balance » l'affaire de la Cadillac aux forces de l'ordre.
On arrive ensuite aux tous petits rôles avec Guy Grosso et Michel Modo en douaniers, Henri Virlogeux, Jean Meyer et Jacques Eyser, les associés de Saroyan, Bob Leriche et Guy Delorme, les complices de « Mickey », Annie Claparède dans le rôle de Suzanne, la serveuse du bar de Carcassonne et Germaine de France, la vieille dame qui chante sur les remparts.
TEMPS FORTS :
Le film accumule une succession de situations comiques irrésistibles, dont on ne citera que les plus marquantes.
On démarre fort avec la scène de l'accident, devenue si célèbre qu'elle sera utilisée bien plus tard pour une publicité télévisée en faveur d'une compagnie d'assurances. Si on regarde avec attention, on se rend compte que Bourvil tire sur le volant pour finaliser l'effondrement total de la deux-chevaux.
Maréchal est convoqué chez Saroyan, et ce dernier lui assène de but en blanc un « Vous m'avez été tout de suite sympathique » en totale contradiction avec son attitude hautaine de la veille. Le repas qui suit, en compagnie des associés de Léopold, produit sur eux un effet désastreux. Non seulement Antoine, totalement ivre, parle fièrement de sa réussite « dans la layette », mais il rétorque à un invité qui lui suggérait d'emmener Les Promenades dans Rome, de Stendhal, qualifié de « merveilleux guide » pour visiter l'Italie : « Mais j'ai déjà le Michelin ! »
Autre séquence très drôle lorsque Saroyan, croyant Maréchal dans les bras de Gina, décide d'aller vérifier le chargement de la Cadillac. Le problème, c'est que Maréchal descend au garage alors qu'il se trouve en pleine inspection. Antoine ne trouve pas les clefs de la voiture, puisque Léopold les a empruntées. Il entend un bruit et demande « Y'a quelqu'un ? ». Léopold, caché sous la Cadillac, répond : « Non, y'a personne ». Et Bourvil : « Ah ? Bon ! ».
Saroyan s'amuse à faire tournoyer la Cadillac et son occupant dans les airs, sur le levier du garage. Sur le point d'être reconnu, il est contraint de mettre un masque de soudeur et fait redescendre la voiture au moment où Maréchal s'apprêtait à descendre à l'aide d'une échelle. Ce passage montre le grand professionnalisme de Bourvil, dont on voit très bien qu'il n'est pas doublé lorsqu'il tombe de l'échelle et atterrit dans la Cadillac. Et pourtant, cette cascade était fort dangereuse.
Les poursuites et bagarres à la suite du vol de la Cadillac par les hommes de « La Souris » comportent quelques passages très amusants, dont une hilarante méprise de Saroyan : alors qu'il marche à reculons, revolver à la main, guettant l'ennemi, il vient buter contre le doigt pointé en avant d'une statue, et croit se retrouver sous la menace d'une arme collée contre son dos par un homme de « La Souris » !
Après la récupération de la voiture, il s'agit de la réparer avant le petit matin, afin que Maréchal ne s'aperçoive de rien. Saroyan la conduit en pleine nuit dans un petit garage de campagne. Il est tellement pressé qu'il effectue lui-même les réparations sous les yeux ébahis du garagiste et de son fils. Cette scène sans dialogues, hommage au film Les Temps Modernes de Chaplin, se déroule au son de La Tarentelle, extraite de La Boutique fantastique de Gioachino Rossini. De Funès procède aux réparations avec enthousiasme, et calque ses gestes sur le rythme de la musique. Ses mimiques particulièrement expressives démontrent à quel point il aurait pu être un grand acteur de cinéma muet.
Un autre très bon moment est offert par la scène du culturiste sous la douche. Il s'agit d'une des séquences qui ont été ajoutées sur demande de Louis de Funès. Désireux d'être traité à égalité avec son partenaire, il s'est rendu compte à la lecture du scénario que le compte n'y était pas. Il va trouver Oury et lui montre le script. Des petites pastilles rouges ont été collées pour chaque scène avec Bourvil, et des pastilles bleues pour chaque scène avec lui-même. Il fait remarquer à Gérard Oury que les pastilles rouges sont beaucoup plus nombreuses que les pastilles bleues, ce sont le metteur en scène ne peut que convenir. Oury se creuse la tête pour rétablir un certain équilibre, qui ne sera pas complet puisque Bourvil restera incontestablement l'acteur le plus présent sur ce film.
Cette scène de la douche, le soir passé au camping, est donc une nouvelle séquence sans dialogue destinée à mettre Fufu en valeur. Le culturiste adopte une attitude méprisante et fait fonctionner sa puissante musculature sous l'air ébahi de Saroyan, qui n'en revient pas. Léopold fini par mettre fin au spectacle, et une fois seul se regarde dans la glace en essayant d'imiter le malabar ! Mais ses muscles ne réagissent pas aussi bien que ceux du modèle, et il préfère arrêter l'expérience, avec un geste de dépit envers son ventre...
Rentré sous sa tente, le malheureux Saroyan n'est pas au bout de ses peines puisque Maréchal, qui s'est endormi en attendant qu'Ursula vienne le rejoindre, va faire des siennes. Il se tourne et se retourne dans son lit, tout en rêvant de la belle Allemande. Et ce qui devait arriver ne manque pas de se produire : il finit par rouler hors de sa tente et atterrit contre celle de Saroyan, glisse une main a l'intérieur et, toujours endormi, se met à tripoter Léopold en demandant : « Ursula ! Encore un peu d'huile ? »
Après cette nuit éprouvante, nouvelle indigestion de sucre pour la voiture de Saroyan, dont le propriétaire assiste avec effroi au départ du « Corniaud » en compagnie d'Ursula et de « La Souris ». Une des scènes les plus drôles du film a lieu sous la forme de l'appel téléphonique destiné à prévenir Maréchal. Saroyan tombe sur Ursula et se présente comme un ami, « Ein freund of Herr Antoine Maréchal ».
Voici quelques extraits du dialogue :
« He ist en danger ! Because der man, der beau garçon, ist ein zalopard, ein gross zalopard, qui veut barboter...Euh ! I beg your pardon ! Qui veut voliren la Cadillac ! Et si vous nicht interveniren, Maréchal Kaput ! » (Il est probable que le nom de Maréchal a été choisi spécialement en vue de cette réplique).
La rencontre entre Saroyan, ses hommes et « Mickey », pendant qu'Ursula aide Maréchal à sortir de son bain, comporte un nouveau temps fort basé sur du comique visuel : les mimiques de Louis de Funès pour illustrer la discrétion du pistolet nanti d'un silencieux sont irrésistibles.
La mauvaise foi a toujours été un atout de choix dans le comique de Fufu. Une parfaite illustration nous en est donnée au cours de la rencontre Maréchal-Saroyan au poste de douane, avec le culot de Léopold Saroyan :
« Ecoutez, Monsieur, je n'ai pas le plaisir de vous connaître.
-Maréchal !
-Ce n'est pas moi !
-Mais c'est moi. Il faut que je vous dise, il m'en est arrivé des...
-Ah ! Ça suffit ! En voilà assez ! N'insistez pas !
-Bon ! Vous devez avoir raison. J'ai dû me tromper. Excusez-moi ! »
Le passage où Bourvil se montre le plus drôle est probablement celui où, une fois la frontière passée, il a compris que Saroyan s'est payé sa tête, et qu'il doit à tout prix se débarrasser de « La Souris ». Il compose alors un personnage de dur. Au son d'un air d'accordéon qui évoque les titis des faubourgs parisiens, il se met à parler en argot, prend « Mickey » de haut et le traite de « pauv' cave ». Et ça marche ! Extraits choisis :
« T'a voulu me foutre dans le bain, mais je sais nager...
Vise un peu : Les ailes : un héros, pas d'héroïne ! Pousse ta viande! La batterie, tu peux visiter : y'a peau de balle ! Les pare-chocs : c'est pas de l'or, c'est de la bonne ferraille !
-Je...je... ne... ne savais pas que tu étais au courant.
-Pauv' cave ! T'as pas compris que cette bagnole-là, c'est du bidon... »
La conclusion est également excellente, avec Saroyan qui montre ses menottes à Maréchal et lui affirme qu'il peut avoir confiance en lui, puis le fameux rire de nos héros, lorsque Antoine s'étonne du placement d'argent suggéré tous bas à l'oreille par son acolyte.
POINTS FAIBLES :
Quelques passages moins réussis, voire languissants, lors des interminables problèmes de cœur de Maréchal. Séduit par la belle manucure Gina, il accepter de la prendre avec lui, mais elle ne tardera pas à retourner avec son fiancé. Amoureux d'Ursula, il jubile lorsque cette dernière promet de le rejoindre sous sa tente après son bain de minuit, mais va veiller pour rien. Entretemps, Ursula a fait la connaissance du bègue...
Certaine répliques ne sont pas tellement drôles tant l'effet comique est éculé. Ainsi, lors du premier contact entre Antoine et Ursula :
« Je m'appelle Ursula... (nom allemand incompréhensible)
-Vous m'épelez ?
-Mais vous aussi, vous mé plait beaucoup !
-Moi, c'est Antoine tout court !
-Alors, en avant, Monsieur Toucourt ! »
On pouvait trouver mieux que cet humour de style almanach Vermot...
On remarque quelques erreurs grossières dans les détails de la mise en scène : lorsque le garagiste napolitain est filmé en train de voler le pare-chocs d'une Cadillac identique à celle de Maréchal, on ne devrait pas voir ses outils posés au-dessous puisque c'est dans la rue qu'il perpètre ce forfait, et non dans son garage.
Beaucoup plus gênant, et même ridicule : le trou rond qu'une balle de revolver est censée avoir causé sur le pare-brise de la voiture de Saroyan, et que Léopold va utiliser pour faire passer le canon de son fusil afin de tirer dans les pneus de la Cadillac, lors de la scène de poursuite. A-t-on déjà vu une balle faire un trou dans une vitre sans la faire éclater ?
ACCUEIL :
Le film réalise un triomphe avec 11 740 000 entrées, ce qui représente plus d'un Français sur cinq ! C'est un de ceux qui ont le plus contribué à asseoir la popularité de Louis de Funès.
Dans ces conditions, la poursuite de l'association De Funès-Bourvil sous l'égide de Gérard Oury va de soi, et sera encore plus fructueuse commercialement parlant sur le film suivant, un certain La Grande Vadrouille...
Si certains succès commerciaux laissent circonspects, on peut penser que pour ce film, le public ne s'est pas trompé car Le Corniaud est incontestablement une comédie de grande qualité.
SYNTHESE :
Association de deux grands acteurs pour un excellent divertissement dont les effets comiques restent intacts près de 50 ans après sa sortie.
Dernière édition par Phil DLM le Lun 12 Mar 2012 - 19:32, édité 4 fois
phildlm- Duc(hesse)
- Age : 58
Localisation : Auvergne, entre Clermont et Lyon
Date d'inscription : 19/08/2007
Re: Louis de Funès (1914 - 1983)
J'ai vu beaucoup de films avec Louis de Funès, je n'ai jamais vu Le Corniaud ! (si ! c'est possible !)
Invité- Invité
Re: Louis de Funès (1914 - 1983)
Les amateurs de matériel photo vintage regardent toujours avec intéret le Focaflex,sommet des appareils français de l'époque,qui accompagne Bourvil dans son périple transalpin.
Nicolas- Marquis(e)
- Age : 60
Localisation : Romilly sur Seine (10)
Date d'inscription : 10/03/2010
Re: Louis de Funès (1914 - 1983)
LE GENDARME ET LES GENDARMETTES**
Production : Société Nouvelle de Cinématographie
Scénario : Jacques VILFRID, Richard BALDUCCI
Adaptation : Jacques VILFRID, Jean GIRAULT, Gérard BEYTOUT
Dialogues : Jacques VILFRID
Réalisation : Jean GIRAULT et Tony ABOYANTZ
Musique : Raymond LEFEVRE
La célèbre brigade de gendarmerie de Saint-Tropez, qui vient d'emménager dans de nouveaux locaux, reçoit le renfort de quatre stagiaires féminines, dont elle devra assurer la formation. Les jeunes femmes sont enlevées tour à tour par un espion désireux de s'emparer de leurs bracelets, sur lesquels se trouve le code d'accès au nouveau super-ordinateur de la brigade, détenteur de secrets militaires que le malfaiteur espère vendre au plus offrant.
GENESE :
Le Gendarme et les Extraterrestres a été un tel succès commercial que plusieurs projets de nouveaux films avec les personnages créés par Richard Balducci voient le jour, sans qu'aucun ne se concrétise rapidement.
Il est même envisagé une suite à l'opus précédent, intitulée Le Gendarme et le retour des extraterrestres. Louis de Funès voudrait tourner cette suite sous forme de film muet, un genre auquel on sait qu'il s'intéresse particulièrement. Il est curieux qu'aucun projet de suite n'ait abouti, compte tenu de réel succès de la dernière aventure des gendarmes.
Finalement, le sixième et dernier film de la série ne sera tourné que trois ans après le précédent, et sera très différent puisqu'il donnera à nos représentants de la Loi des collègues féminines. Il n'était pas évident de trouver une histoire originale après avoir mis nos gendarmes aux prises avec des envahisseurs venus de l'espace. Cette fois-ci, on redescend sur Terre avec un scénario qui surfe sur les tendances du moment.
Nous sommes en 1982 et l'heure est au « changement ». Hormis l'exploitation du thème de l'émergence des femmes dans diverses activités professionnelles, le scénario fait une allusion discrète, mais évidente, au « changement » qui s'est produit l'année précédente avec l'arrivée de la gauche au pouvoir : lorsque Cruchot envisage des sanctions sévères à l'encontre d'un de ses hommes, qui a utilisé l'ordinateur de la brigade à des fins personnelles afin d'obtenir les coordonnées d'une belle Suédoise, le colonel l'en dissuade aussitôt. Il constate d'un air résigné que « chouchouter le petit personnel est peut-être un des signes du changement »...
Louis de Funès reprend aussi le thème du racisme abordé dans Les aventures de Rabbi Jacob. Ainsi, Cruchot n'admet pas la présence au sein de la brigade de femmes gendarmes, dont « une Noire, par-dessus le marché ! »
A posteriori, le fait marquant de ce dernier film de la série est, bien entendu, qu'il fut aussi le dernier film de Louis de Funès. Une comédie placée sous le signe du drame : décès du réalisateur au cours du tournage, de l'acteur principal et d'un acteur secondaire (Max Montavon) au cours de l'année suivante.
REALISATEUR :
Comme dans tous les films de la série, le vieux complice de De Funès qu'est Jean Girault est chargé de la réalisation. Malheureusement, il va décéder au cours du tournage, victime de la tuberculose. Il meurt à Paris le 20 juillet 1982 à l'âge de 58 ans. Je garde un souvenir particulier de ce triste événement. Les photos des obsèques, publiées dans la presse du genre Ici Paris, montrèrent un De Funès évidemment grave, effondré par la perte d'un de ses meilleurs amis. Pour la première fois, j'avais vu mon acteur favori triste, accablé dans la vraie « vie », et le contraste avec l'image légère donnée dans ses films m'avait fait prendre pleinement conscience que l'acteur n'est pas l'homme.
Tony Aboyantz, l'assistant de Jean Girault, prend en charge la réalisation de la fin du film. C'est la première et dernière fois qu'il dirige les opérations, habitué aux rôles de second. Ainsi, il fut assistant de nombreux metteurs en scène connus, parmi lesquels on peut citer Max Ophüls, Robert Hossein et Bernard Borderie, avec qui il a travaillé sur la série des Angélique.
DECORS :
Le tournage a lieu au cours de l'été 1982 à Saint-Tropez et dans les environs. Paysages azuréens et ciel bleu sont au programme, comme dans les cinq films précédents, ou plutôt quatre des cinq puisque le deuxième de la saga se déroule à New-York.
On ne peut rien reprocher aux décors naturels, magnifiques, si ce n'est d'accréditer l'idée qu'il fait toujours beau sur la Côte d'Azur, ce qui est loin d'être le cas. Je n'ai pas le souvenir d'avoir vu une seule scène sous la pluie dans cette série de films, ni même un léger temps nuageux...
Les nouveaux locaux de la gendarmerie ressemblent fort aux anciens. On ne voit pas l'intérêt de ce prétendu changement puisque les locaux avaient déjà été modernisés sur le film précédent avec les extraterrestres. Le seul apport de l'ordinateur surpuissant aurait été bien suffisant.
Les gendarmes sont toujours équipés de Méharis vertes, et le Colonel roule en Renault 20, voiture assez typique du début des années 80. Un œil attentif remarquera que deux véhicules différents ont été utilisés en tant que Deux-chevaux de Sœur Clotilde.
GENERIQUE :
Aucune innovation concernant les génériques. Le début présente les vues habituelles de Saint-Tropez et de ses environs, prises d'hélicoptère, au son de la musique de Raymond Lefèvre déjà entendue dans Le Gendarme et les extraterrestres. Le générique de fin est d'un classique presque caricatural. Ne pas conclure un Gendarme par le traditionnel défilé de la brigade sur la rue principale de Saint-Tropez aurait sans doute été considéré comme une hérésie, tout comme le renouvellement de la musique de Raymond Lefèvre. Tradition incontournable ou solution de facilité ? A moins qu'il ne s'agisse des deux à la fois...
On ne constate guère plus d'innovation dans les musiques complémentaires, qui ressemblent beaucoup à celles déjà entendues dans Le Gendarme et les extraterrestres et La soupe aux choux.
SCENARIO :
Le scénario se situe dans la lignée des Gendarme précédents : une suite de gags plus ou moins drôles pendant la première partie, puis une intrigue policière à trois sous où, comme toujours, Cruchot va devoir faire front seul contre tous.
Alors qu'elle vient d'emménager dans de nouveaux locaux, et qu'elle bénéficie d'un ordinateur surpuissant capable de résoudre n'importe quel problème en peu de temps, la brigade de Saint-Tropez est chargée d'assurer la formation de quatre femmes gendarmes débutantes. La nouvelle réjouit les hommes, mais laisse néanmoins Cruchot circonspect : des femmes dans la gendarmerie, c'est tout un monde qui s'écroule pour le malheureux Maréchal des Logis Chef. Une des nouvelles venues est africaine, ce qui accroît encore la perplexité de Cruchot et avive des fantasmes à réminiscence raciste.
Alléché par la jeunesse des recrues, qu'il imagine séduisantes, l'adjudant Gerber va les chercher en voiture à la gare d’Hyères, accompagné par Cruchot. La déception est au programme avec la descente du train d'un quatuor de femmes énormes, que notre duo prend pour les femmes gendarmes, avant que les arrivantes ne dissipent le quiproquo.
Gerber et Cruchot rentrent bredouilles et ont la surprise de trouver les jeunes femmes à la brigade dès leur retour. Les recrues ont manqué leur train et sont venues en avion. Gerber et ses hommes rivalisent de zèle pour servir une collation aux nouvelles venues, qui sont ravissantes. Ce manège désespère Josépha et Madame Gerber. Heureusement pour elles, les gendarmettes sont logées chez les religieuses amies de Cruchot...
Et ce n'est que le début, puisque une jeune femme va recevoir une proposition équivoque par l'intermédiaire d'un billet doux anonyme. A la suite d'une méprise, Josépha croit son mari coupable. Ludovic va donc mener une enquête et découvrir le vrai coupable qui n'est autre que l'adjudant Gerber.
Tout se déroule pour le mieux pour les petites stagiaires jusqu'au jour où deux d'entre elles sont enlevées coup sur coup ! Le Colonel choisit ce jour pour venir demander leurs impressions aux gendarmettes. Panique de Gerber et Cruchot, qui veulent cacher la vérité à tout prix. Pour tromper le Colonel, Cruchot ne va pas hésiter à faire habiller en gendarmettes un couple d'automobilistes pris en flagrant délit d'infraction !
Malgré la surveillance accrue de nos gendarmes, les deux stagiaires restantes sont enlevées à leur tour. Gerber demande à Josépha de s'habiller en gendarmette et de sillonner les rues de Saint-Tropez en pleine nuit afin de servir d'appât, histoire de mettre la main sur le ravisseur. Inquiet des risques encourus par son épouse, Cruchot s'habille en femme et prend sa place, à l'insu de son supérieur. Résultat : il est enlevé à la place de Josépha.
Ludovic se retrouve prisonnier avec les quatre gendarmettes sur l'Albacora, un yacht appartenant à un espion désireux de s'emparer du bracelet des femmes gendarmes. Les quatre bracelets vont lui permettre de reconstituer la combinaison du code nécessaire pour accéder aux données secrètes stockées sur l'ordinateur de la brigade, des secrets militaires importants qu'il pourra vendre au pays le plus offrant.
Après s'être emparé du dernier bracelet, qui était en fait porté par Cruchot déguisé, il demande à ce dernier de lui ouvrir l'accès aux locaux de la gendarmerie afin d'interroger l'ordinateur, en échange de sa libération et de celle des jeunes femmes. Cruchot accepte et se débarrasse de ses collègues et des visiteurs afin que l'espion, dénommé Le Cerveau, puisse agir en tout tranquillité.
Le Cerveau n'a aucune parole : après avoir obtenu les renseignements, il s'apprête à jeter Cruchot et les gendarmettes à la mer afin d'éliminer ces témoins gênants. Mais les jeunes femmes ont pu envoyer un message radio, capté par Sœur Clotilde, qui s'empresse de prévenir la brigade. Les gendarmes interviennent à bord du yacht et découvrent les bandits prisonniers des femmes gendarmes, qui se sont révélées plus coriaces que prévu.
Gerber et Cruchot informent le ministre en visite de ce qui s'est passé et lui remettent les plans secrets, mais ce dernier les déchire avec un bon sourire. Prévenus des agissements du Cerveau, de fausses données avaient été sciemment insérées dans l'ordinateur. Nos gendarmes sont furieux d'avoir été manipulés ainsi par le ministre, qui ne se cache pas d'avoir voulu utiliser leurs qualités exceptionnelles.
DISTRIBUTION :
Louis de Funès reprend pour la sixième et dernière fois l'uniforme et le képi du Maréchal-des-Logis Chef Ludovic Cruchot. Marqué par le poids des ans, il manque parfois un peu d'enthousiasme, mais son talent est toujours là. Il est dommage que les scénaristes aient abandonné certains des aspects habituels de son personnage. La dureté envers ses hommes, source de moments comiques importants, n'est guère présente, et ses relations avec Josépha ne sont plus ce qu'elles étaient : terminés, les « Ma biche » de légende.
On retrouve l'incontournable Michel Galabru dans le rôle de l'adjudant Gerber. La gent féminine exerce toujours un attrait indéniable sur sa personne, ce qui lui vaudra quelques déboires dans la première partie du film.
Les inamovibles Guy Grosso et Michel Modo endossent les costumes des gendarmes Gaston Tricard et Jules Berlicot. Piliers de la série, ils sont plus souvent mis à contribution que leurs collègues.
Maurice Risch était déjà présent dans le volet précédent dans le rôle de Beaupied, et joue cette fois-ci un rôle beaucoup plus secondaire.
Le transparent Jean-Pierre Rambal, qui n'avait guère convaincu face aux envahisseurs, est remplacé par Patrick Préjean, alias le gendarme Perlin, un personnage pas plus en vue que celui de Beaupied. Christian Marin et Jean Lefebvre n'ont jamais été remplacés, d'où l'arrivée de Grosso et Modo dans les rôles de gendarmes principaux derrière le duo majeur, en raison des insuffisances de leurs successeurs.
Le retour de Claude Gensac dans le rôle de Josépha laisse un sentiment mitigé. A première vue, il ne peut qu'être satisfaisant puisque Gensac est l'épouse traditionnelle de Fufu à l'écran, la « vraie » Madame Cruchot. Hélas ! Claude Gensac a terriblement vieilli. Elle ne ressemble plus guère à la Josépha d'autrefois, et sa nouvelle coiffure avec cheveux courts ne lui va pas du tout. Cette coupe a probablement été rendue nécessaire par la scène où Cruchot prend sa place, afin de ne pas affubler De Funès d'une perruque trop longue, mais le résultat n'est pas fameux.
De plus, les traits de caractère de Josépha ont été totalement modifiés, et pas dans le bon sens : elle est devenue un personnage grotesque et outrancier, digne d'une pantalonnade, une femme aigrie et mesquine, férocement jalouse de son mari. Navrant !
Par ricochet, on n'en apprécie que plus Madame Gerber incarnée par Micheline Bourday. Bien qu'il ne s'agisse que de sa seconde participation à la série, on a l'impression de l'avoir toujours vue dans ce rôle.
Jacques François est à nouveau présent dans le rôle du Colonel. Cette fois-ci affublé d'une moustache, il est toujours aussi excellent en officier sévère et caustique, mais prêt à se montrer bienveillant avec les gendarmettes, à qui il fait des propositions tout aussi discrètes que peu équivoques...
Les femmes gendarmes sont interprétées par le jolie brune Catherine Serre (Christine Recourt), la blonde Sophie Michaud (Isabelle Leroy), la « Black » Jean-Louis Nicaise, qui incarne Yo Macumba, fille d'un chef d'état africain, et la brune Babeth Etienne, bien connue à l'époque pour avoir été l'éphémère seconde épouse de Johnny Hallyday, et la première de la longue série de conquêtes de « l'idole des jeunes » après son divorce d'avec Sylvie Vartan.
On retrouve avec grand plaisir France Rumilly, notre sympathique Sœur Clotilde, et sa manière particulière de conduire sa Deux-chevaux.
Autre vieille connaissance, Max Montavon, un des acteurs favoris de Louis de Funès, dans le rôle du pharmacien. Le malheureux fait peine à voir tellement il a vieilli. Visiblement affaibli et malade, il décédera le 22 septembre 1983 à l'âge de 57 ans.
Et les gangsters ? A leur tête, le Cerveau est interprété par Jean-Louis Richard, acteur qu'il est permis de trouver peu convaincant. Tel n'est pas le cas de Stéphane Bouy, parfait en homme de main, marin sur l'Albacora. Cet acteur possède le physique de l'emploi pour les rôles de malfrats, qu'il a tenus avec succès notamment dans plusieurs épisodes des Brigades du Tigre. Franck Olivier Bonnet joue le rôle de son acolyte, marin lui aussi sur le yacht de l'espion en chef.
Parmi les multiples tout petits rôles, signalons la présence de Pierre Repp, le plaignant éconduit, dans son rôle habituel de bégayeur. Jean Turlier, c'est le ministre et René Berthier, l'adjoint du Colonel.
TEMPS FORTS :
Peu de raison de s'enthousiasmer pour ce film globalement décevant. On peut se demander pourquoi il n'est pas considéré comme le plus mauvais de la série, titre généralement attribué au Gendarme et les Extraterrestres. Sans doute parce que les scènes les plus réussies des démêlés avec les envahisseurs se trouvaient surtout dans la première partie du film, ce qui a pu entraîner une déception finale, due aux espoirs suscités et non concrétisés. Au contraire, les aventures avec les gendarmettes ont du mal à démarrer, mais s'améliorent dans la seconde partie du film, sans toutefois atteindre, ni frôler, les sommets de la grande époque De Funès.
Une des réussites est la présence des jeunes femmes gendarmes, qui apportent une fraîcheur, un dynamisme que le vieillissement des acteurs principaux a tendance à rendre vacillant.
Rien d'excitant à signaler au cours de la première demi-heure, hormis les éloges que Gerber est forcé de débiter tous les matins à Cruchot, en échange du silence de ce dernier au sujet de l'escapade nocturne de son chef dans les parages des chambres des gendarmettes. Ce genre de situations est dans la lignée du comique historique de la saga.
Le film s'anime réellement à partir de la visite du Colonel, désireux de faire la connaissance des quatre demoiselles, alors même que deux d'entre elles ont été enlevées. L'ensemble de cette séquence est assez réussi. Cruchot ordonne aux deux gendarmettes déjà vues par le Colonel de se déshabiller, afin de récupérer leurs uniformes en vue de la supercherie destinée à berner l'officier supérieur. La présence des deux jeunes femmes à moitié nues dans l'appartement de Gerber, puis dans celui de Cruchot, occasionne des scènes de jalousie de la part des deux épouses.
Gerber emmène le Colonel à la recherche des deux manquantes et le fait tourner en rond en attendant que Cruchot trouve une solution. Jamais à court d'idées, Ludovic arrête un couple d'automobilistes dont le mari est un peu efféminé, et leur propose de laisser tomber le procès-verbal qu'il s'apprête à leur faire pour avoir franchi un panneau « stop » sans s'arrêter (panneau devant lequel il s'est lui-même placé pour provoquer l'infraction...) en échange de jouer la comédie des deux gendarmettes en uniforme devant le Colonel. L'opération, bien que compliquée par la présence du nourrisson du jeune couple, réussit pleinement, au point que l'étalage de complicité entre les deux « gendarmettes » fait soupçonner au Colonel qu'elles seraient de mœurs spéciales...
La scène où les espions tentent de faire peur à Cruchot et Gerber est courte, mais hilarante : un couteau frôle l'adjudant avant de se planter dans une porte, et Ludovic manque de recevoir un pot de fleurs sur la tête.
Une des meilleures séquences du film est bien sûr le travestissement de Louis de Funès, qui prend la place de Josépha en tant que « gendarmette » en uniforme, afin de servir d'appât aux malfaiteurs. Etonnant comme notre Fufu peut se montrer féminin. Peut-être son habitude d’interpréter des vieilles femmes ?
Enfin, toutes les scènes avec Sœur Clotilde et ses religieuses sont très drôles, depuis les airs indignés de notre Mère supérieure à chaque fois que la malchance met Cruchot en situation équivoque devant elle, jusqu'à la course de la Deux-chevaux en fin de film, après que Sœur Clotilde ait capté un message radio de détresse des femmes gendarmes. Afin d'apporter un peu d'originalité à une séquence déjà vue cinq fois sous des formes diverses, les scénaristes ont amplifié les cascades, et la voiture perd peu à peu la plupart de ses éléments, pour arriver devant la gendarmerie dans un état extrêmement réduit...
A signaler aussi que le livre de chevet des religieuses semble être Le Manifeste du Parti communiste de Karl Marx ( !).
POINTS FAIBLES :
L'ensemble du film est déjà un point faible, tellement les acteurs manquent d'enthousiasme et la plupart des gags sont éculés. Les acteurs, même parmi les plus anciens sur la série, n'ont plus l'allant d'autrefois. L'exemple le plus frappant est celui de Claude Gensac, méconnaissable. Jean Lefebvre et Christian Marin manquent dans l'équipe des gendarmes, Maurice Risch et Patrick Préjean ne pouvant les remplacer réellement.
Jean-Louis Richard ne fait pas très sérieux en bandit. Heureusement que la distribution comporte Jacques François, France Rumilly et les éternels Grosso et Modo...
La première demi-heure est accablante d'ennui : il ne se passe rien et les gags font figure de pétards mouillés. La poursuite à moto est longue, très longue, et les cascades à un carrefour guère enthousiasmantes : c'est du déjà-vu. Michel Galabru n'est pas drôle lorsqu'il compose un Gerber brûlé par le thé renversé par une gendarmette.
Par la suite, le niveau du film s'améliore, ce qui lui permettra d'échapper à la note minimum. Mais ce dernier film de Louis de Funès est à réserver pour une soirée où l'on se sent bon public, et ne doit surtout pas être vu après un De Funès de la grande époque...
ACCUEIL :
Le Gendarme et les extraterrestres avait fait illusion et obtenu un succès commercial peu en rapport avec sa qualité, moyenne. Ce dernier film de la série ne fait pas aussi bien, mais confirme l’attachement du public à Fufu et aux histoires de gendarmes puisqu’il a réalisé tout de même 4 200 000 entrées, soit un regain par rapport à La Soupe aux choux , et la quatrième performance de l’année.
Voilà une performance absolument remarquable pour un film généralement démoli par les critiques et considéré comme un « nanard » de première classe. Malgré ses 68 ans, sa maladie et son vieillissement, Louis de Funès continue à attirer des millions de spectateurs à chaque sortie d’un de ses films. A titre de comparaison, Belmondo, un autre Roi du box-office, tombera à 100 fois moins d’entrées au même âge, sur la fin de sa carrière.
Merci pour tout, M. De Funès, le public vous a toujours suivi et il a eu bien raison.
SYNTHESE :
Un ultime film loin d’égaler ceux des années soixante, mais à revoir pour Fufu, et avec un pincement au cœur, justement parce que c’est le dernier. Fin de série pour Louis de Funès, parti peu de temps après au Paradis des artistes.
GENESE :
Le Gendarme et les Extraterrestres a été un tel succès commercial que plusieurs projets de nouveaux films avec les personnages créés par Richard Balducci voient le jour, sans qu'aucun ne se concrétise rapidement.
Il est même envisagé une suite à l'opus précédent, intitulée Le Gendarme et le retour des extraterrestres. Louis de Funès voudrait tourner cette suite sous forme de film muet, un genre auquel on sait qu'il s'intéresse particulièrement. Il est curieux qu'aucun projet de suite n'ait abouti, compte tenu de réel succès de la dernière aventure des gendarmes.
Finalement, le sixième et dernier film de la série ne sera tourné que trois ans après le précédent, et sera très différent puisqu'il donnera à nos représentants de la Loi des collègues féminines. Il n'était pas évident de trouver une histoire originale après avoir mis nos gendarmes aux prises avec des envahisseurs venus de l'espace. Cette fois-ci, on redescend sur Terre avec un scénario qui surfe sur les tendances du moment.
Nous sommes en 1982 et l'heure est au « changement ». Hormis l'exploitation du thème de l'émergence des femmes dans diverses activités professionnelles, le scénario fait une allusion discrète, mais évidente, au « changement » qui s'est produit l'année précédente avec l'arrivée de la gauche au pouvoir : lorsque Cruchot envisage des sanctions sévères à l'encontre d'un de ses hommes, qui a utilisé l'ordinateur de la brigade à des fins personnelles afin d'obtenir les coordonnées d'une belle Suédoise, le colonel l'en dissuade aussitôt. Il constate d'un air résigné que « chouchouter le petit personnel est peut-être un des signes du changement »...
Louis de Funès reprend aussi le thème du racisme abordé dans Les aventures de Rabbi Jacob. Ainsi, Cruchot n'admet pas la présence au sein de la brigade de femmes gendarmes, dont « une Noire, par-dessus le marché ! »
A posteriori, le fait marquant de ce dernier film de la série est, bien entendu, qu'il fut aussi le dernier film de Louis de Funès. Une comédie placée sous le signe du drame : décès du réalisateur au cours du tournage, de l'acteur principal et d'un acteur secondaire (Max Montavon) au cours de l'année suivante.
REALISATEUR :
Comme dans tous les films de la série, le vieux complice de De Funès qu'est Jean Girault est chargé de la réalisation. Malheureusement, il va décéder au cours du tournage, victime de la tuberculose. Il meurt à Paris le 20 juillet 1982 à l'âge de 58 ans. Je garde un souvenir particulier de ce triste événement. Les photos des obsèques, publiées dans la presse du genre Ici Paris, montrèrent un De Funès évidemment grave, effondré par la perte d'un de ses meilleurs amis. Pour la première fois, j'avais vu mon acteur favori triste, accablé dans la vraie « vie », et le contraste avec l'image légère donnée dans ses films m'avait fait prendre pleinement conscience que l'acteur n'est pas l'homme.
Tony Aboyantz, l'assistant de Jean Girault, prend en charge la réalisation de la fin du film. C'est la première et dernière fois qu'il dirige les opérations, habitué aux rôles de second. Ainsi, il fut assistant de nombreux metteurs en scène connus, parmi lesquels on peut citer Max Ophüls, Robert Hossein et Bernard Borderie, avec qui il a travaillé sur la série des Angélique.
DECORS :
Le tournage a lieu au cours de l'été 1982 à Saint-Tropez et dans les environs. Paysages azuréens et ciel bleu sont au programme, comme dans les cinq films précédents, ou plutôt quatre des cinq puisque le deuxième de la saga se déroule à New-York.
On ne peut rien reprocher aux décors naturels, magnifiques, si ce n'est d'accréditer l'idée qu'il fait toujours beau sur la Côte d'Azur, ce qui est loin d'être le cas. Je n'ai pas le souvenir d'avoir vu une seule scène sous la pluie dans cette série de films, ni même un léger temps nuageux...
Les nouveaux locaux de la gendarmerie ressemblent fort aux anciens. On ne voit pas l'intérêt de ce prétendu changement puisque les locaux avaient déjà été modernisés sur le film précédent avec les extraterrestres. Le seul apport de l'ordinateur surpuissant aurait été bien suffisant.
Les gendarmes sont toujours équipés de Méharis vertes, et le Colonel roule en Renault 20, voiture assez typique du début des années 80. Un œil attentif remarquera que deux véhicules différents ont été utilisés en tant que Deux-chevaux de Sœur Clotilde.
GENERIQUE :
Aucune innovation concernant les génériques. Le début présente les vues habituelles de Saint-Tropez et de ses environs, prises d'hélicoptère, au son de la musique de Raymond Lefèvre déjà entendue dans Le Gendarme et les extraterrestres. Le générique de fin est d'un classique presque caricatural. Ne pas conclure un Gendarme par le traditionnel défilé de la brigade sur la rue principale de Saint-Tropez aurait sans doute été considéré comme une hérésie, tout comme le renouvellement de la musique de Raymond Lefèvre. Tradition incontournable ou solution de facilité ? A moins qu'il ne s'agisse des deux à la fois...
On ne constate guère plus d'innovation dans les musiques complémentaires, qui ressemblent beaucoup à celles déjà entendues dans Le Gendarme et les extraterrestres et La soupe aux choux.
SCENARIO :
Le scénario se situe dans la lignée des Gendarme précédents : une suite de gags plus ou moins drôles pendant la première partie, puis une intrigue policière à trois sous où, comme toujours, Cruchot va devoir faire front seul contre tous.
Alors qu'elle vient d'emménager dans de nouveaux locaux, et qu'elle bénéficie d'un ordinateur surpuissant capable de résoudre n'importe quel problème en peu de temps, la brigade de Saint-Tropez est chargée d'assurer la formation de quatre femmes gendarmes débutantes. La nouvelle réjouit les hommes, mais laisse néanmoins Cruchot circonspect : des femmes dans la gendarmerie, c'est tout un monde qui s'écroule pour le malheureux Maréchal des Logis Chef. Une des nouvelles venues est africaine, ce qui accroît encore la perplexité de Cruchot et avive des fantasmes à réminiscence raciste.
Alléché par la jeunesse des recrues, qu'il imagine séduisantes, l'adjudant Gerber va les chercher en voiture à la gare d’Hyères, accompagné par Cruchot. La déception est au programme avec la descente du train d'un quatuor de femmes énormes, que notre duo prend pour les femmes gendarmes, avant que les arrivantes ne dissipent le quiproquo.
Gerber et Cruchot rentrent bredouilles et ont la surprise de trouver les jeunes femmes à la brigade dès leur retour. Les recrues ont manqué leur train et sont venues en avion. Gerber et ses hommes rivalisent de zèle pour servir une collation aux nouvelles venues, qui sont ravissantes. Ce manège désespère Josépha et Madame Gerber. Heureusement pour elles, les gendarmettes sont logées chez les religieuses amies de Cruchot...
Et ce n'est que le début, puisque une jeune femme va recevoir une proposition équivoque par l'intermédiaire d'un billet doux anonyme. A la suite d'une méprise, Josépha croit son mari coupable. Ludovic va donc mener une enquête et découvrir le vrai coupable qui n'est autre que l'adjudant Gerber.
Tout se déroule pour le mieux pour les petites stagiaires jusqu'au jour où deux d'entre elles sont enlevées coup sur coup ! Le Colonel choisit ce jour pour venir demander leurs impressions aux gendarmettes. Panique de Gerber et Cruchot, qui veulent cacher la vérité à tout prix. Pour tromper le Colonel, Cruchot ne va pas hésiter à faire habiller en gendarmettes un couple d'automobilistes pris en flagrant délit d'infraction !
Malgré la surveillance accrue de nos gendarmes, les deux stagiaires restantes sont enlevées à leur tour. Gerber demande à Josépha de s'habiller en gendarmette et de sillonner les rues de Saint-Tropez en pleine nuit afin de servir d'appât, histoire de mettre la main sur le ravisseur. Inquiet des risques encourus par son épouse, Cruchot s'habille en femme et prend sa place, à l'insu de son supérieur. Résultat : il est enlevé à la place de Josépha.
Ludovic se retrouve prisonnier avec les quatre gendarmettes sur l'Albacora, un yacht appartenant à un espion désireux de s'emparer du bracelet des femmes gendarmes. Les quatre bracelets vont lui permettre de reconstituer la combinaison du code nécessaire pour accéder aux données secrètes stockées sur l'ordinateur de la brigade, des secrets militaires importants qu'il pourra vendre au pays le plus offrant.
Après s'être emparé du dernier bracelet, qui était en fait porté par Cruchot déguisé, il demande à ce dernier de lui ouvrir l'accès aux locaux de la gendarmerie afin d'interroger l'ordinateur, en échange de sa libération et de celle des jeunes femmes. Cruchot accepte et se débarrasse de ses collègues et des visiteurs afin que l'espion, dénommé Le Cerveau, puisse agir en tout tranquillité.
Le Cerveau n'a aucune parole : après avoir obtenu les renseignements, il s'apprête à jeter Cruchot et les gendarmettes à la mer afin d'éliminer ces témoins gênants. Mais les jeunes femmes ont pu envoyer un message radio, capté par Sœur Clotilde, qui s'empresse de prévenir la brigade. Les gendarmes interviennent à bord du yacht et découvrent les bandits prisonniers des femmes gendarmes, qui se sont révélées plus coriaces que prévu.
Gerber et Cruchot informent le ministre en visite de ce qui s'est passé et lui remettent les plans secrets, mais ce dernier les déchire avec un bon sourire. Prévenus des agissements du Cerveau, de fausses données avaient été sciemment insérées dans l'ordinateur. Nos gendarmes sont furieux d'avoir été manipulés ainsi par le ministre, qui ne se cache pas d'avoir voulu utiliser leurs qualités exceptionnelles.
DISTRIBUTION :
Louis de Funès reprend pour la sixième et dernière fois l'uniforme et le képi du Maréchal-des-Logis Chef Ludovic Cruchot. Marqué par le poids des ans, il manque parfois un peu d'enthousiasme, mais son talent est toujours là. Il est dommage que les scénaristes aient abandonné certains des aspects habituels de son personnage. La dureté envers ses hommes, source de moments comiques importants, n'est guère présente, et ses relations avec Josépha ne sont plus ce qu'elles étaient : terminés, les « Ma biche » de légende.
On retrouve l'incontournable Michel Galabru dans le rôle de l'adjudant Gerber. La gent féminine exerce toujours un attrait indéniable sur sa personne, ce qui lui vaudra quelques déboires dans la première partie du film.
Les inamovibles Guy Grosso et Michel Modo endossent les costumes des gendarmes Gaston Tricard et Jules Berlicot. Piliers de la série, ils sont plus souvent mis à contribution que leurs collègues.
Maurice Risch était déjà présent dans le volet précédent dans le rôle de Beaupied, et joue cette fois-ci un rôle beaucoup plus secondaire.
Le transparent Jean-Pierre Rambal, qui n'avait guère convaincu face aux envahisseurs, est remplacé par Patrick Préjean, alias le gendarme Perlin, un personnage pas plus en vue que celui de Beaupied. Christian Marin et Jean Lefebvre n'ont jamais été remplacés, d'où l'arrivée de Grosso et Modo dans les rôles de gendarmes principaux derrière le duo majeur, en raison des insuffisances de leurs successeurs.
Le retour de Claude Gensac dans le rôle de Josépha laisse un sentiment mitigé. A première vue, il ne peut qu'être satisfaisant puisque Gensac est l'épouse traditionnelle de Fufu à l'écran, la « vraie » Madame Cruchot. Hélas ! Claude Gensac a terriblement vieilli. Elle ne ressemble plus guère à la Josépha d'autrefois, et sa nouvelle coiffure avec cheveux courts ne lui va pas du tout. Cette coupe a probablement été rendue nécessaire par la scène où Cruchot prend sa place, afin de ne pas affubler De Funès d'une perruque trop longue, mais le résultat n'est pas fameux.
De plus, les traits de caractère de Josépha ont été totalement modifiés, et pas dans le bon sens : elle est devenue un personnage grotesque et outrancier, digne d'une pantalonnade, une femme aigrie et mesquine, férocement jalouse de son mari. Navrant !
Par ricochet, on n'en apprécie que plus Madame Gerber incarnée par Micheline Bourday. Bien qu'il ne s'agisse que de sa seconde participation à la série, on a l'impression de l'avoir toujours vue dans ce rôle.
Jacques François est à nouveau présent dans le rôle du Colonel. Cette fois-ci affublé d'une moustache, il est toujours aussi excellent en officier sévère et caustique, mais prêt à se montrer bienveillant avec les gendarmettes, à qui il fait des propositions tout aussi discrètes que peu équivoques...
Les femmes gendarmes sont interprétées par le jolie brune Catherine Serre (Christine Recourt), la blonde Sophie Michaud (Isabelle Leroy), la « Black » Jean-Louis Nicaise, qui incarne Yo Macumba, fille d'un chef d'état africain, et la brune Babeth Etienne, bien connue à l'époque pour avoir été l'éphémère seconde épouse de Johnny Hallyday, et la première de la longue série de conquêtes de « l'idole des jeunes » après son divorce d'avec Sylvie Vartan.
On retrouve avec grand plaisir France Rumilly, notre sympathique Sœur Clotilde, et sa manière particulière de conduire sa Deux-chevaux.
Autre vieille connaissance, Max Montavon, un des acteurs favoris de Louis de Funès, dans le rôle du pharmacien. Le malheureux fait peine à voir tellement il a vieilli. Visiblement affaibli et malade, il décédera le 22 septembre 1983 à l'âge de 57 ans.
Et les gangsters ? A leur tête, le Cerveau est interprété par Jean-Louis Richard, acteur qu'il est permis de trouver peu convaincant. Tel n'est pas le cas de Stéphane Bouy, parfait en homme de main, marin sur l'Albacora. Cet acteur possède le physique de l'emploi pour les rôles de malfrats, qu'il a tenus avec succès notamment dans plusieurs épisodes des Brigades du Tigre. Franck Olivier Bonnet joue le rôle de son acolyte, marin lui aussi sur le yacht de l'espion en chef.
Parmi les multiples tout petits rôles, signalons la présence de Pierre Repp, le plaignant éconduit, dans son rôle habituel de bégayeur. Jean Turlier, c'est le ministre et René Berthier, l'adjoint du Colonel.
TEMPS FORTS :
Peu de raison de s'enthousiasmer pour ce film globalement décevant. On peut se demander pourquoi il n'est pas considéré comme le plus mauvais de la série, titre généralement attribué au Gendarme et les Extraterrestres. Sans doute parce que les scènes les plus réussies des démêlés avec les envahisseurs se trouvaient surtout dans la première partie du film, ce qui a pu entraîner une déception finale, due aux espoirs suscités et non concrétisés. Au contraire, les aventures avec les gendarmettes ont du mal à démarrer, mais s'améliorent dans la seconde partie du film, sans toutefois atteindre, ni frôler, les sommets de la grande époque De Funès.
Une des réussites est la présence des jeunes femmes gendarmes, qui apportent une fraîcheur, un dynamisme que le vieillissement des acteurs principaux a tendance à rendre vacillant.
Rien d'excitant à signaler au cours de la première demi-heure, hormis les éloges que Gerber est forcé de débiter tous les matins à Cruchot, en échange du silence de ce dernier au sujet de l'escapade nocturne de son chef dans les parages des chambres des gendarmettes. Ce genre de situations est dans la lignée du comique historique de la saga.
Le film s'anime réellement à partir de la visite du Colonel, désireux de faire la connaissance des quatre demoiselles, alors même que deux d'entre elles ont été enlevées. L'ensemble de cette séquence est assez réussi. Cruchot ordonne aux deux gendarmettes déjà vues par le Colonel de se déshabiller, afin de récupérer leurs uniformes en vue de la supercherie destinée à berner l'officier supérieur. La présence des deux jeunes femmes à moitié nues dans l'appartement de Gerber, puis dans celui de Cruchot, occasionne des scènes de jalousie de la part des deux épouses.
Gerber emmène le Colonel à la recherche des deux manquantes et le fait tourner en rond en attendant que Cruchot trouve une solution. Jamais à court d'idées, Ludovic arrête un couple d'automobilistes dont le mari est un peu efféminé, et leur propose de laisser tomber le procès-verbal qu'il s'apprête à leur faire pour avoir franchi un panneau « stop » sans s'arrêter (panneau devant lequel il s'est lui-même placé pour provoquer l'infraction...) en échange de jouer la comédie des deux gendarmettes en uniforme devant le Colonel. L'opération, bien que compliquée par la présence du nourrisson du jeune couple, réussit pleinement, au point que l'étalage de complicité entre les deux « gendarmettes » fait soupçonner au Colonel qu'elles seraient de mœurs spéciales...
La scène où les espions tentent de faire peur à Cruchot et Gerber est courte, mais hilarante : un couteau frôle l'adjudant avant de se planter dans une porte, et Ludovic manque de recevoir un pot de fleurs sur la tête.
Une des meilleures séquences du film est bien sûr le travestissement de Louis de Funès, qui prend la place de Josépha en tant que « gendarmette » en uniforme, afin de servir d'appât aux malfaiteurs. Etonnant comme notre Fufu peut se montrer féminin. Peut-être son habitude d’interpréter des vieilles femmes ?
Enfin, toutes les scènes avec Sœur Clotilde et ses religieuses sont très drôles, depuis les airs indignés de notre Mère supérieure à chaque fois que la malchance met Cruchot en situation équivoque devant elle, jusqu'à la course de la Deux-chevaux en fin de film, après que Sœur Clotilde ait capté un message radio de détresse des femmes gendarmes. Afin d'apporter un peu d'originalité à une séquence déjà vue cinq fois sous des formes diverses, les scénaristes ont amplifié les cascades, et la voiture perd peu à peu la plupart de ses éléments, pour arriver devant la gendarmerie dans un état extrêmement réduit...
A signaler aussi que le livre de chevet des religieuses semble être Le Manifeste du Parti communiste de Karl Marx ( !).
POINTS FAIBLES :
L'ensemble du film est déjà un point faible, tellement les acteurs manquent d'enthousiasme et la plupart des gags sont éculés. Les acteurs, même parmi les plus anciens sur la série, n'ont plus l'allant d'autrefois. L'exemple le plus frappant est celui de Claude Gensac, méconnaissable. Jean Lefebvre et Christian Marin manquent dans l'équipe des gendarmes, Maurice Risch et Patrick Préjean ne pouvant les remplacer réellement.
Jean-Louis Richard ne fait pas très sérieux en bandit. Heureusement que la distribution comporte Jacques François, France Rumilly et les éternels Grosso et Modo...
La première demi-heure est accablante d'ennui : il ne se passe rien et les gags font figure de pétards mouillés. La poursuite à moto est longue, très longue, et les cascades à un carrefour guère enthousiasmantes : c'est du déjà-vu. Michel Galabru n'est pas drôle lorsqu'il compose un Gerber brûlé par le thé renversé par une gendarmette.
Par la suite, le niveau du film s'améliore, ce qui lui permettra d'échapper à la note minimum. Mais ce dernier film de Louis de Funès est à réserver pour une soirée où l'on se sent bon public, et ne doit surtout pas être vu après un De Funès de la grande époque...
ACCUEIL :
Le Gendarme et les extraterrestres avait fait illusion et obtenu un succès commercial peu en rapport avec sa qualité, moyenne. Ce dernier film de la série ne fait pas aussi bien, mais confirme l’attachement du public à Fufu et aux histoires de gendarmes puisqu’il a réalisé tout de même 4 200 000 entrées, soit un regain par rapport à La Soupe aux choux , et la quatrième performance de l’année.
Voilà une performance absolument remarquable pour un film généralement démoli par les critiques et considéré comme un « nanard » de première classe. Malgré ses 68 ans, sa maladie et son vieillissement, Louis de Funès continue à attirer des millions de spectateurs à chaque sortie d’un de ses films. A titre de comparaison, Belmondo, un autre Roi du box-office, tombera à 100 fois moins d’entrées au même âge, sur la fin de sa carrière.
Merci pour tout, M. De Funès, le public vous a toujours suivi et il a eu bien raison.
SYNTHESE :
Un ultime film loin d’égaler ceux des années soixante, mais à revoir pour Fufu, et avec un pincement au cœur, justement parce que c’est le dernier. Fin de série pour Louis de Funès, parti peu de temps après au Paradis des artistes.
Dernière édition par Phil DLM le Lun 2 Avr 2012 - 21:15, édité 3 fois
phildlm- Duc(hesse)
- Age : 58
Localisation : Auvergne, entre Clermont et Lyon
Date d'inscription : 19/08/2007
Re: Louis de Funès (1914 - 1983)
2/4, quelle générosité ! Mais à la lecture de ta critique, quelques gags réussis du film me reviennent en tête (Josepha, croyant que son mari la trompe : Je le tue, je me tue... et je demande le divorce !!) Tout le film n'est pas mauvais, c'est vrai.
Par contre, j'aurais juré que c'était ce film-là qui était considéré comme le moins bon de la franchise, et non les Extra-Terrestres...
La vision des quatre gendarmettes en tenue légère dans l'avant-dernière scène (pour séduire les bandits avant de les désarmer) est agréable par ailleurs. Mais je trouve que le film est à classer quand même dans la catégorie "navet"...
Mais bon, c'est le dernier Fufu, alors...
Merci pour cette nouvelle critique !
Par contre, j'aurais juré que c'était ce film-là qui était considéré comme le moins bon de la franchise, et non les Extra-Terrestres...
La vision des quatre gendarmettes en tenue légère dans l'avant-dernière scène (pour séduire les bandits avant de les désarmer) est agréable par ailleurs. Mais je trouve que le film est à classer quand même dans la catégorie "navet"...
Mais bon, c'est le dernier Fufu, alors...
Merci pour cette nouvelle critique !
Dearesttara- Roi (Reine)
- Age : 33
Localisation : Charenton (94)
Date d'inscription : 08/02/2010
Re: Louis de Funès (1914 - 1983)
Dearesttara a écrit:
Par contre, j'aurais juré que c'était ce film-là qui était considéré comme le moins bon de la franchise, et non les Extra-Terrestres...
Il est vrai que ces 2 derniers se tiennent de près, loin derrière les autres. J'ai vu cette information sur plusieurs sites Internet consacrés à la série ou à Louis de Funès, et comme elle correspondait à mon sentiment, avant que je ne revoie à nouveau les 2 films dernièrement, j'ai décidé de l'incorporer à ma critique.
Quoique si on se fie au nombre d'entrées, c'est bien Les gendarmettes le plus médiocre. Il semble que ce soient les fans les plus assidus de De Funès qui citent Les Extraterrestres comme plus mauvais, et non le "grand public".
Quoique si on se fie au nombre d'entrées, c'est bien Les gendarmettes le plus médiocre. Il semble que ce soient les fans les plus assidus de De Funès qui citent Les Extraterrestres comme plus mauvais, et non le "grand public".
phildlm- Duc(hesse)
- Age : 58
Localisation : Auvergne, entre Clermont et Lyon
Date d'inscription : 19/08/2007
Re: Louis de Funès (1914 - 1983)
C'est pour mon part celui que je préfère dans la saga des Gendarmes !
alexandre- Duc(hesse)
- Age : 27
Localisation : Rennes (35)
Date d'inscription : 01/05/2009
Re: Louis de Funès (1914 - 1983)
Je déteste tous les gendarmes sans exceptions. C'est tellement mauvais...
Cetp65- Prince(sse)
- Age : 32
Localisation : Toulouse
Date d'inscription : 01/08/2010
Re: Louis de Funès (1914 - 1983)
Pour les amateurs de SF, le Gendarme et les ET demeure clairement l'une des figures de proue du génie français en la matière. Idem pour la Soupe aux Choux, ses désopilants concours de pets et sa fascinante rencontre du troisième type avec cet extraterrestre savamment énigmatique qu'est la Denrée. On se situe dans l'expression ultime d'un genre. Seul L'Extraterrestre de Didier Bourdon a su découvrir d'improbables ressources pour aller encore plus loin.
Estuaire44- Empereur
- Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007
Re: Louis de Funès (1914 - 1983)
Bravo pour cette nouvelle analyse Phil!
Premiers commentaires au niveau de la section génériques:
Aucune innovation concernant les génériques. Le début présente les vues
habituelles de Saint-Tropez et de ses environs, prises d'hélicoptère, au
son de la musique de Raymond Lefèvre déjà entendue dans tous les Gendarme précédents.
La musique du générique est une reprise du thème Le Gendarme et les Extra-Terrestres, le nouveau thème officiel de la série. Il n'était pas dans les épisodes antécédents.
On ne constate pas plus d'innovation dans les musiques complémentaires, recyclées du Gendarme et les extraterrestres et de La soupe aux choux.
Hormis le thème principale, les musiques utilisées ne reprennent pas Les Extra-Terrestes, ni La Soupe aux Choux (au thème particulier et identifiable).
Tu peux voir la liste des musiques utilisées bien différentes ici:
http://www.amazon.fr/bandes-originales-gendarmes-raymond-lef%C3%A8vre/dp/samples/B0002GAEU8/ref=dp_tracks_all_1#disc_1
Premiers commentaires au niveau de la section génériques:
Aucune innovation concernant les génériques. Le début présente les vues
habituelles de Saint-Tropez et de ses environs, prises d'hélicoptère, au
son de la musique de Raymond Lefèvre déjà entendue dans tous les Gendarme précédents.
La musique du générique est une reprise du thème Le Gendarme et les Extra-Terrestres, le nouveau thème officiel de la série. Il n'était pas dans les épisodes antécédents.
On ne constate pas plus d'innovation dans les musiques complémentaires, recyclées du Gendarme et les extraterrestres et de La soupe aux choux.
Hormis le thème principale, les musiques utilisées ne reprennent pas Les Extra-Terrestes, ni La Soupe aux Choux (au thème particulier et identifiable).
Tu peux voir la liste des musiques utilisées bien différentes ici:
http://www.amazon.fr/bandes-originales-gendarmes-raymond-lef%C3%A8vre/dp/samples/B0002GAEU8/ref=dp_tracks_all_1#disc_1
33. Le Gendarme Et Les Extraterrestres : Parade A Saint-Tropez | Écouter | Écouter |
34. Le Gendarme Et Les Gendarmettes : Générique | Écouter | Écouter |
35. Le Gendarme Et Les Gendarmettes : Marche Des Gendarmes | Écouter | Écouter |
36. Le Gendarme Et Les Gendarmettes : Gerber In Love | Écouter | Écouter |
37. Le Gendarme Et Les Gendarmettes : Plein Gaz | Écouter | Écouter |
38. Le Gendarme Et Les Gendarmettes : Carambolage Thaïlandais | Écouter | Écouter |
39. Le Gendarme Et Les Gendarmettes : Gendarmettes Kung-Fu | Écouter | Écouter |
40. Le Gendarme Et Les Gendarmettes : Traquenard |
Invité- Invité
Re: Louis de Funès (1914 - 1983)
Mais non, non. Cela a son charme qui renvoit à une autre époque.Cetp65 a écrit:Je déteste tous les gendarmes sans exceptions. C'est tellement mauvais...
Invité- Invité
Re: Louis de Funès (1914 - 1983)
OK, je rectifie ma chronique.Steed3003 a écrit:Bravo pour cette nouvelle analyse Phil!
Premiers commentaires au niveau de la section génériques:
Aucune innovation concernant les génériques. Le début présente les vues
habituelles de Saint-Tropez et de ses environs, prises d'hélicoptère, au
son de la musique de Raymond Lefèvre déjà entendue dans tous les Gendarme précédents.
La musique du générique est une reprise du thème Le Gendarme et les Extra-Terrestres, le nouveau thème officiel de la série. Il n'était pas dans les épisodes antécédents.
On ne constate pas plus d'innovation dans les musiques complémentaires, recyclées du Gendarme et les extraterrestres et de La soupe aux choux.
Hormis le thème principale, les musiques utilisées ne reprennent pas Les Extra-Terrestes, ni La Soupe aux Choux (au thème particulier et identifiable).
phildlm- Duc(hesse)
- Age : 58
Localisation : Auvergne, entre Clermont et Lyon
Date d'inscription : 19/08/2007
Re: Louis de Funès (1914 - 1983)
LA SOUPE AUX CHOUX***
Scénario : Jean HALAIN, d'après le roman de René FALLET
Adaptation : Jean HALAIN, Louis de FUNES
Dialogues : Jean HALAIN
Réalisation : Jean GIRAULT
Musique : Raymond LEFEVRE
Claude Ratinier, dit « Le Glaude », sabotier à la retraite, mène une vie tranquille dans le hameau des Gourdiflots, au cœur du Bourbonnais, jusqu'au jour où il reçoit la visite d'un extraterrestre tout droit sorti de sa soucoupe volante. A l'insu de son voisin et ami Francis Chérasse, dit « Le Bombé », il initie son étrange visiteur aux délices de la soupe aux choux. Enthousiasmé, celui que Ratinier a baptisé « La Denrée » propose à son hôte de l'emmener sur sa planète, où il pourra vivre jusqu'à deux cents ans. Mais le « Glaude » ne l'entend pas de cette oreille...
GENESE :
Lorsque Louis de Funès, aidé de Jean Halain qui se charge de l'adaptation, décide de transposer à l'écran le roman de René Fallet appelé La Soupe aux choux, le milieu du cinéma se montre sceptique, et plusieurs de ses représentants préviennent De Funès et Halain. Selon eux, Fallet n'est pas adaptable, en particulier à cause de la fameuse séance de « pétomanie » qui va engendrer l'arrivée du visiteur venu de l'espace.
Mais De Funès persiste car il a décelé tout le potentiel qu'il pourrait tirer du personnage du « Glaude » et, même si la critique dite sérieuse se déchaînera contre le film, les faits lui donneront raison.
Tout le monde n'a pas la chance d'avoir des parents Auvergnats, certes, mais quand on a passé la plupart de ses vacances d'enfant aux confins du Bourbonnais, on est sans doute plus prédisposé à apprécier le film que d'autres personnes.
La Soupe aux choux n'est pas seulement une histoire gentillette d'amitié entre un paysan et un extraterrestre, c'est aussi un film presque documentaire sur le mode de vie des paysans du Bourbonnais, tels qu'il en restait encore beaucoup il y a trente ans, une ode à la simplicité de la vie dans nos campagnes profondes. Le port des sabots a peu à peu disparu, mais les bérets, la baguette sous le bras, les litrons de vin rouge afin de boire des « canons » restent vivaces. Il est vrai que l'alcool fait des ravages dans cette région comme dans d'autres...
Le film est truffé d'expressions typiques de l'Allier et de ses environs, à commencer par la façon de faire précéder les noms et prénoms par un « le » ou un « la ». Cette habitude est assez fréquente dans les campagnes de plusieurs régions de France, mais particulièrement prégnante dans le Bourbonnais.
A l'heure où la mondialisation tente d'écraser implacablement tous les particularismes locaux, n'est-il pas plaisant de se plonger dans la délicieuse ambiance campagnarde tellement française, de découvrir ou redécouvrir des mots tels que « canon », « outil » (dans un sens différent de leur signification habituelle...), la « pleue », « brelot » et tant d'autres ?
REALISATEUR :
Après les deux films réalisés par Claude Zidi, Louis de Funès termine sa carrière entouré de ses fidèles. Ses quatre derniers films sont mis en scène par son vieux complice Jean Girault, ou par lui-même aidé par Girault comme sur l'Avare.
Le film n'a pas pour but de mettre en valeur le talent particulier de Jean Girault derrière la caméra. Sur un De Funès, il s'agit avant tout de laisser l'acteur principal s'exprimer à sa guise, le film étant systématiquement bâti autour de lui. Fufu est parfaitement à l'aise avec Jean Girault, qui le laisse diriger les opérations et s'adapte à son rythme de travail allégé, âge et antécédents cardiaques obligent.
DECORS :
Le film est censé se dérouler à Jaligny-sur-Besbre, chef-lieu de canton de l'Allier. En fait, le tournage s'est déroulé en Seine-et-Marne. Le village de Champeaux a servi de cadre aux prises de vues des scènes situées « à Jaligny ».
Concernant le hameau des Gourdiflots, la maison du « Glaude » et celle du « Bombé » ont été construites spécialement dans un champ situé à l'extérieur du village de Bombon, non loin de la maison de retraite du château de Montjay. Elles ont été démontées après le tournage.
La reconstitution de l'univers de nos deux paysans s'avère très satisfaisante : le puits, les remises, les tables en bois, la photo de la femme de Ratinier et la mèche de cheveux qu'il a conservée après sa mort, le bonnet de nuit, les casseroles de soupe, la soupe au vin mangée de bon matin, tout ceci fleure bon la campagne bourbonnaise.
La création de la soucoupe volante de « La Denrée » a nécessité quatre mois de travail. C’est Guy Delécluse, qui avait créé le décor de la planète Krypton dans Superman, l’auteur de cet engin sympathique et bon enfant.
GENERIQUE :
Si une certaine facilité est observable concernant la mise en scène, très critiquable, il faut souligner le très bon travail réalisé pour les génériques, tant au niveau du graphisme qu'au niveau musical.
Autant les musiques entendues dans la série des Gendarme présentent des insuffisances, autant Raymond Lefèvre a composé un excellent thème dans un registre où on ne l'attendait pas.
Qui dit science-fiction, et c'en est bien ici quoique on puisse penser, dit musique électronique. Problème : on ne voit pas bien le rapport entre le traditionaliste Raymond Lefèvre et la musique électronique, qui relève d'une certaine modernité. Pourtant, Lefèvre a composé et joué aux synthétiseurs un thème qui, encore aujourd'hui, reste irrémédiablement un marqueur puissant du film. Et quand une musique reste ainsi dans les mémoires, c'est qu'elle est réussie.
Satisfaction aussi avec les thèmes intermédiaires, pour partie recyclés du Gendarme et les extraterrestres, ce qui était évidemment fort tentant...
Le générique de début montre Ratinier se déplaçant entre le hameau des Gourdiflots et Jaligny, alors que la peur d'être atteint pas le diabète le pousse à aller consulter un médecin. Le générique de fin ne donne pas envie d'interrompre la diffusion, avec la vue sur la soucoupe emmenant Chérasse, Ratinier et « La Denrée » sur la planète Oxo, au son de la « marche brune des chevaliers de la Lune », puis de la reprise du générique de début.
SCENARIO :
L'adaptation de Jean Halain et Louis de Funès est fidèle au roman, jusque dans les dialogues souvent conservés tels quels, même si, durée du film oblige, certaines scènes n'ont pu être adaptées ou ont été coupées au montage. La bande-annonce du film elle-même comporte des scènes non retenues, ou différentes de la version définitive.
Jaligny-sur-Besbre est un chef-lieu de canton de l'Allier, peuplé de moins de mille habitants. Le hameau des Gourdiflots est quant à lui imaginaire. Il serait situé assez loin du village, et abandonné de tous. De tous ? Non, car une poignée d'habitants le font encore vivre, parmi lesquels deux retraités, voisins, cousins et amis.
Claude Ratinier, « Le Glaude », est un sabotier à la retraite. Veuf, il vit chichement, sans même utiliser l'eau courante installée autrefois sur demande de sa femme, car il est attaché à l'eau fraîche de son puits. A vrai dire, cette eau lui sert avant tout à accompagner son pastis quotidien car « Le Glaude » aime surtout le vin rouge, dont il boit cinq à six litres par jour. Comme tout bon paysan du Bourbonnais, il mange de la soupe au pain et aux choux.
Son compère Francis Chérasse, surnommé « Cicisse », ou « Le Bombé » parce qu'il est bossu, est un puisatier célibataire, lui aussi retraité. Tout comme « Le Glaude », il porte des sabots, aime le pastis et les « canons », c'est-à-dire les coups de vin rouge, dont il fait une consommation aussi importante que son acolyte. Il n'a pas l'eau courante car il n'a jamais eu de femme pour la lui demander...
Un article lu dans La Montagne, le quotidien local, persuade Ratinier qu'il est atteint par le diabète, et qu'en raison de facteurs héréditaires, il risque de perdre ses deux yeux. Il va consulter un médecin, qui se révèle effaré par sa consommation quotidienne d'alcool et ne lui autorise qu'une chopine par jour. L'influence du « Bombé » le pousse à abandonner sur le champ ce régime bien trop draconien.
Un soir, alors que les deux amis prennent le frais devant chez eux, Ratinier se plaint de la disparition de son épouse, qu'il va voir tous les jours au cimetière et lui manque énormément. Pour le consoler, le « Bombé » lui propose de se livrer à un concours de pets tous plus bruyants (et malodorants...) les uns que les autres. Rien de plus facile lorsqu'on se nourrit surtout de soupe aux choux...
Peu après, nos paysans vont se coucher, et c'est alors que surgit une soucoupe volante, dont l'unique occupant se présente devant la maison du « Glaude ». Alerté, le « Bombé » sort de chez lui, mais l'extraterrestre le neutralise avec un appareil qui l'endort profondément. Après avoir cru son meilleur ami mort, Ratinier est rassuré par ses ronflements et invite l'envahisseur à entrer chez lui.
La conversation n'est pas facile car le nouveau venu ne s'exprime que par gestes et par des espèces de gloussements. « Le Glaude » finit par comprendre que l'extraterrestre a été attiré par les bruits du concours de gaz intestinaux, qu'il a enregistrés et lui fait écouter. Il a cru qu'il s'agissait d'un appel. Effaré, Ratinier propose un « canon » au visiteur, mais celui-ci refuse. Visiblement affamé, il accepte en revanche de manger de la soupe aux choux, et semble se régaler. Il demande à en emporter sur sa planète, et son hôte ne se fait pas prier pour lui en donner une bonne ration.
Après son départ, « La Bombé » se réveille et affirme avoir vu une soucoupe volante, mais son ami, de fort mauvaise foi, lui cache la vérité et prétend qu'il a fait un cauchemar en raison d'une indigestion de pied de cochon.
Le lendemain, « Cicisse » devient la risée de tout Jaligny en racontant son histoire de soucoupe, évidemment mise sur le compte d'un excès de vin rouge. Les gendarmes ne croient pas non plus à son histoire, pourtant confirmée par une voisine, hélas ! arriérée mentale. Les autorités pensent que les soucoupes volantes ne sont que des divagations de « bredins » (débiles mentaux dans le langage bourbonnais) et d'alcooliques.
De retour chez lui, « Le Bombé », mortifié, manifeste l'intention de se pendre. Inquiet, « Le Glaude » sabote la corde pour faire échouer la tentative, et Chérasse, qui s'est fait mal en retombant sur la partie charnue de son anatomie, préfère abandonner ses idées morbides pour aller se coucher.
Quelques nuits plus tard, l'extraterrestre est de retour, et c'est une surprise pour Ratinier puisque, désormais, il parle ! Il a appris le langage terrien en écoutant parler les gens de Jaligny, et s'exprime donc à leur manière, avec les mêmes expressions et le même accent paysan. Il explique qu'il vient de la planète Oxo, une toute petite planète inconnue des Terriens et qui ne compte que deux mille habitants qui vivent tous jusqu'à l'âge de deux cents ans sans quasiment changer d'apparence du début à la fin, car « ça ne sert à rien de changer d'apparence ».
Les habitants d'Oxo ont déclaré la soupe aux choux « dangereuse », ce qui provoque la fureur du « Glaude », mais l'extraterrestre, désormais appelé « La Denrée », le rassure en lui expliquant que c'est parce qu'elle est bonne qu'elle est dangereuse. Les Oxiens forment une civilisation parfaite, qui ignore ce qu'est le plaisir, et se nourrissent d'extraits minéraux. Ils veulent s'assurer que la soupe ne présente aucun risque de « décadence » et de « ramollissement des esprits ».
Avant de repartir avec sa ration de soupe, « La Denrée » est intrigué par la photo de mariage du « Glaude », et par la Francine, la défunte épouse de son hôte. Il demande à Ratinier si ça lui ferait plaisir de revoir la Francine, mais ce dernier se fâche et lui assène que les morts doivent être respectés.
Au cours de la nuit, un astronef dépose non loin des Gourdiflots une jeune femme de vingt ans : il s'agit de la Francine, telle qu'elle était lors de son mariage avec « Le Glaude » ! Elle rentre aussitôt chez elle, et son mari est stupéfait de ce retour pour le moins inattendu. La différence d'âge ne facilite pas les rapports entre les deux époux. Ravie de se voir offrir une seconde vie, la Francine ne veut pas la passer à laver le linge dans la rivière, ni à faire le ménage et à préparer les repas. Elle souhaite avant tout s'amuser. De plus, « Le Glaude » n'est même plus autorisé à la voir nue, ni à « l'arranger » !
Initiée à la vie moderne par une fille de son âge, voilà la Francine habillée à la dernière mode au grand dam de Ratinier. Elle manifeste l'intention de prendre un bain de soleil et passe à l'acte, ce qui scandalise son mari. Une dispute éclate et la Francine assène alors à son « Glaude » qu'elle l'a trompé avec « Le Bombé » pendant qu'il était prisonnier de guerre.
La Francine part au bal, et « Le Glaude » empoigne une carabine, bien décidé à régler ses comptes avec l'infâme « Cicisse ». Après avoir nié, « Le Bombé » finit par avouer sa liaison avec la Francine, sous la menace du fusil. Se jugeant indigne de son pardon, il invite « Le Glaude » à lui tirer dessus, mais ce dernier, un peu calmé par ses aveux, déclare « qu'on n'est pas cocu des quarante ans après », et les deux amis se réconcilient en buvant un « canon ».
Le départ de la Francine pour Paris avec un bellâtre soulage Ratinier, qui n'avait plus du tout les mêmes idées que sa femme, même s'il lui reste très attaché et lui souhaite beaucoup de bonheur.
La troisième visite de « La Denrée » provoque la colère du « Glaude » : il apprend que les Oxiens ont découvert que la soupe aux choux était une soupe nommée « plaisir », qu'il vont mettre le sourire à l'essai, que c'est une révolution et qu'ils invitent « Le Glaude » à s'installer sur leur planète, où il pourra faire pousser les choux et les légumes pour la soupe, et vivra jusqu'à deux cents ans !
Ratinier refuse d'abandonner Chérasse et son chat. Pour le convaincre, « La Denrée » lui propose de les emmener eux aussi, afin qu'ils vivent jusqu'à deux cents ans, et accepte de boire un « canon », ce qu'il avait toujours refusé auparavant. L'alcool lui monte à la tête et il émet des projets grandiloquents. « Le Glaude » le renvoie dans sa soucoupe sans accepter sa proposition. Néanmoins, « La Denrée » laisse un émetteur-récepteur à sa disposition afin de pouvoir entrer en contact avec lui à tout moment, au cas où il changerait d'avis.
Peu de temps après, Chérasse et Ratinier reçoivent la visite du maire. Passablement mégalomane, l'édile leur annonce que l'heure de « l'expansion économique génératrice d'emplois » est arrivée, et qu'on va construire à Jaligny, non seulement un lotissement, mais un parc d'attractions installé au hameau des Gourdiflots ! Il souhaite reloger les deux vieillards ailleurs et remplacer leurs maisons et terrains par un parking et par le « Rocher aux singes » !
Nos amis refusent et renvoient le maire, qui se fâche et les prévient qu'à défaut de pouvoir les expulser en raison de leur âge et de leur état de santé, le parc sera construit tout autour de chez eux, que le bruit et les visiteurs seront insupportables et qu'il leur mènera la vie dure afin de « les faire crever le plus vite possible » ( !)
En effet, l'ouverture du parc d'attractions rend la vie de nos paysans impossible. Protégés par des grilles, les visiteurs les prennent pour une attraction et leur lancent des cacahuètes. Exaspéré, « Le Claude » décide d'accepter la proposition de « La Denrée ». Il reprend contact avec lui grâce à l'émetteur-récepteur, le présente au « Bombé » et, dès la nuit suivante, les deux amis partent pour de bon dans la soucoupe de l'extraterrestre, en direction de la planète Oxo. Une escadrille d'astronefs s'empare de leurs maisons et des terrains environnants afin de les emmener eux aussi sur Oxo.
DISTRIBUTION :
Louis de Funès, bien qu'en fin de carrière et fatigué, montre l'étendue de son talent dans ce rôle de petit paysan arriéré, à l'opposé total des personnages qu'il a l'habitude d'incarner. La coutume pour Fufu, du moins depuis qu'il est devenu une vedette de premier plan, ce sont les rôles de chefs d'entreprise, de personnages importants, ou de représentants de l'ordre, généralement citadins. Il parvient à se montrer convaincant dans l'interprétation du « Glaude », ce qui est méritoire. Évidemment, il ne sait pas marcher avec des sabots, mais il ne faut pas trop en demander... En tous cas, on n'a aucune peine à le prendre pour un vrai paysan.
A noter que ce rôle est une sorte de retour aux sources pour Louis de Funès car, lorsqu'il n'était encore qu'un acteur sans notoriété, il interprétait parfois des rôles de petits paysans, de braconniers, dans des films du style Ni vu, ni connu.
Avec Jean Carmet, Fufu a trouvé le partenaire idéal pour le rôle du « Bombé ». Il est vrai que ce type de personnages est déjà beaucoup plus dans le registre assez « terroir » de Carmet que dans les classiques de De Funès, mais la qualité de l'interprétation de ce très bon acteur est à mettre en relief.
Pour le personnage de « La Denrée », on s'attendait à retrouver Maurice Risch, qui semblait être l’acteur idoine pour le rôle, et avec qui Louis de Funès avait l'habitude de travailler. Mais c'est finalement Jacques Villeret qui hérite de ce personnage farfelu, vêtu d'une combinaison rouge et jaune. Habitué aux rôles de benêts, Villeret, de son vrai nom Mohammed Boufroura, n'a aucun mal à endosser le costume de cet extraterrestre naïf et iconoclaste. Son talent éclate au grand jour dans cette comédie où il se montre parfait en tous points. Le film est donc servi par un trio d'acteurs principaux vraiment excellents.
Jacques Villeret a raconté que Louis de Funès dirigeait tout sur le tournage du film. Il savait ce qu'il voulait et quand il n'était pas satisfait, il avait tendance à taper du pied. Avant le début du tournage, De Funès l'avait prévenu du risque qu'il prenait sur ce film, en ces termes :
« Cela peut être très bien pour vous, mais ça peut aussi être la fin de votre carrière. »
Dans la « vrai vie », De Funès et Villeret étaient à l'inverse de leurs personnages. Alcoolique dans le film, Louis n'avait pas droit à l'alcool en raison de son régime, alors que Jacques Villeret, très sobre dans le rôle de « La Denrée » (à l'exception d'une scène...) était alcoolique depuis des années, ce qui fût probablement la cause de son décès prématuré à l'âge de 55 ans.
La distribution féminine produit un cruel contraste tellement elle souffre de la comparaison par rapport aux acteurs masculins principaux. Christine Dejoux n'est pas naturelle dans le rôle de la Francine. On voit que ce n'est pas une vraie paysanne, et elle a du mal à parler à la manière bourbonnaise. On n'en apprécie que plus le jeu des trois acteurs majeurs...
Sa collègue Gaëlle Legrand, déjà beaucoup plus jolie, est nettement plus à l'aise dans la peau de Catherine Lamouette, la « chtite » Lamouette, comme dit Ratinier. Dommage que son rôle ne soit pas plus développé, et surtout qu'elle n'ait pas été choisie à la place de Christine Dejoux pour incarner la Francine.
Ces deux actrices, qui n'ont jamais acquis une grande notoriété, ont également été vues ensemble dans Viens chez moi, j'habite chez une copine, avec Michel Blanc, un film que Louis de Funès avait beaucoup apprécié.
Que dire de la prestation de Claude Gensac en arriérée mentale ? Pas franchement mauvaise, mais elle en fait trop, et sa tenue de paysanne innocente est vraiment exagérée. Quand on a connu Gensac en femme élégante et distinguée de Louis de Funès, ce rôle a du mal à passer. Après le personnage caricatural de Marguerite dans l'Aile ou la cuisse, la malheureuse n'est vraiment pas mise en valeur dans les ultimes films de Fufu...
Abonné aux films de De Funès, l'excellent Henri Génès interprète avec talent le brigadier de gendarmerie, comme dans Le Corniaud. On a toujours plaisir à le retrouver, même si son accent méridional était plus adapté pour la brigade de Carcassonne du Corniaud que pour celle de Jaligny-sur-Besbre dans l'Allier.
Marco Perrin est très bon en maire expansif et mégalomane, particulièrement cruel avec Chérasse et Ratinier, qu'il considère comme des « poids morts ». Né Jean Marco Markovitch, cet acteur d’origine serbe a vu sa carrière s’interrompre peu de temps après ce film, lorsqu’en 1983, alors âgé de 56 ans, il fut frappé d’hémiplégie.
On arrive ensuite aux très petits rôles. Le fidèle Max Montavon laisse tomber les compositions de maniérés pour incarner un paysan, frère d'Amélie Poulangeard, la voisine simple d'esprit mais pas aveugle puisqu'elle s'est très bien rendu compte du manège mené par « Le Glaude » et « La Denrée ».
La patronne de L'Hôtel de France a pour interprète Perrette Souplex, et l'inattendu Philippe Brizard compose en Guillaume, le « chti Guillaume » que Ratinier a connu tout bébé, un facteur paysan très réaliste, toujours prêt à boire un « canon » avec les destinataires de ses lettres.
Philippe Ruggieri ne joue qu'un rôle mineur, celui du nouveau fiancé de la Francine. Ce godelureau suscite la méfiance du « Glaude », qui conseille à sa chère Francine de se méfier.
Absent à l'écran, Jean-Pierre Rambal se contente de jouer le narrateur en début du film, histoire de situer le contexte.
TEMPS FORTS :
La première moitié du film, avant le retour de la Francine, est la meilleure. C'est la période des découvertes. Découverte du mode de vie de Chérasse et Ratinier, découverte de « La Denrée » et des fondamentaux de la planète Oxo.
La première scène, celle du diabète et du régime, est non seulement très réussie, mais constitue aussi un parfait avant-goût de la tonalité du film, du moins lors de sa première partie. De Funès peut s'en donner à cœur joie dans le registre grimacier avec le passage où il mime les membres de sa famille atteints par le diabète et contraints de se faire enlever un œil. Au retour de chez le médecin, Ratinier, pétri de bonnes intentions, refuse l'invitation de Chérasse, désireux de boire un pastis avec lui. Après plusieurs gestes de mépris explicites, « Le Glaude » n'en peut plus et cède brusquement aux provocations du « Bombé ». Il se rattrape en buvant plusieurs verres de « perniflard » d'affilée!
La mauvaise foi du « Glaude » lorsque « Le Bombé » affirme avoir vu une soucoupe permet à De Funès d'exprimer tout son potentiel, immense en ce domaine, et de renouer avec son personnage de dominant persécuteur.
La découverte du mode de vie des habitants d'Oxo est un autre très bon moment, grâce à l'air effaré du « Glaude » face à certains aspects des habitudes « oxiennes ». Lorsque « La Denrée » affirme qu'il a soixante-dix ans, tout comme son hôte, Ratinier a du mal à le croire, mais l'étrange visiteur lui explique que, sur sa planète, les habitants restent jeunes pendant toute leur vie :
« ça ne sert à rien de changer d'apparence...
-Ah ! Ben, c'est sûr que ça ne sert à rien... Mais nous, on ne nous demande pas notre avis, il faut qu'on y passe. Tiens, regarde !... »
Et « Le Glaude » de montrer son crâne dégarni, puis de miner le visage grimaçant d'une grand-mère, avec une moue irrésistible !
Trouvaille intéressante, l'espèce de mannequin à l'effigie du brigadier de gendarmerie que ce dernier utilise pour éviter d'écouter pendant de longues minutes les divagations de l'innocente. Une impulsion sur la tête et il se met à osciller de haut en bas comme si le gendarme écoutait attentivement en faisant « oui » de la tête. Et l'arriérée mentale qui ne se rend compte de rien !
La séquence la plus intéressante de la deuxième partie, celle du retour de la Francine, est l'explication mouvementée entre Chérasse et Ratinier au sujet de la liaison entre la Francine et « Le Bombé » pendant que « Le Glaude » était prisonnier de guerre. « Le Bombé » n'est pas au courant du retour de la Francine, et ne comprend pas comment son acolyte a pu apprendre la chose. Il décide dans un premier temps de nier en bloc. Furieux, Ratinier charge son fusil avec une cartouche pour le sanglier et un autre pour l'éléphant. Chérasse avoue alors, non sans s'être renversé son bol de soupe au vin sur la tête en levant les mains en l'air. On constate qu'il mange de la soupe au vin dès son petit-déjeuner, pris au lit.
Autre dialogue intéressant, cette fois entre la Francine et son mari :
« Il est où, mon vélo ?
-Vendu !
-Vendu ?
-Il est rare qu'on pédale dans les cercueils...
-Dorénavant, tu ne m'arrangeras plus. Et tu passeras un coup par terre pendant que je serai absente !
-T'as pas le droit de me parler comme ça ! Quand même, je t'ai porté des pétunias au cimetière, de beaux géraniums... Il faut quand même que tu saches que si t'es en vie, c'est grâce à moi. Si j'avais pas pété, tu serais pas là ! Parce que quand je pète, « La Denrée » réchappe tout de suite dans sa soucoupe volante !
-Eh ! Ben... T'as dû en vider des tonneaux de vin rouge pendant que j'étais pas là...
-J'avais pas bu, j'ty jure ! Depuis que t'es morte, j'ai pas un bu un seul canon... ( !) »
La troisième partie, constituée de la proposition de départ de « La Denrée », refusée et finalement acceptée du fait de la construction du parc de loisirs, comporte également son lot de bons moments, avec un Marco Perrin parfait dans le rôle du maire. Vexé par le refus de Chérasse et Ratinier de quitter les Gourdiflots, il part en les abreuvant de menaces :
« Si vous n'étiez pas vieux et malades, il y a longtemps que je vous aurais fait exproprier. Mais ne rigolez pas trop vite, Chérasse et Ratinier, on finira pas y arriver. En attendant, les bulldozers et les pelleteuses, ça va vous ronfler aux oreilles ! Je vous ferai crever, moi ! Vieux fossiles... »
Et plus tard, lorsque « Le Glaude » et « Le Bombé » sont persécutés par les touristes :
«Je vous l'avais bien dit que je vous ferais crever, vieux fossiles ! Et quand vous serez au cimetière, la commune, débarrassée de ses poids morts, pourra enfin ouvrir les ailes de l'expansion économique ! Vieux débris !... »
POINTS FAIBLES :
Malgré quelques passages intéressants, le gros point faible du film est la seconde partie, celle du retour de la Francine. La prestation ratée de Christine Dejoux, absolument pas crédible en paysanne, et qui ne semble pas avoir suffisamment travaillé le rôle, est pour beaucoup dans cet échec qui, heureusement, ne dure qu'une vingtaine de minutes.
On note de nombreuses insuffisances dans la mise en scène. Par exemple, lorsque Ratinier se rend chez le médecin, la plaque apposée à l'entrée du cabinet ne comporte que la seule inscription « Docteur » ( !). Il n'a pas de nom, le docteur ?
Concernant la scène la plus emblématique, celle de la séance de « pétomanie », c'est aussi la plus contestée, celle qui a fait se déclencher les foudres des critiques. Pourtant, elle n’a pas été traitée de façon vulgaire, et la classe de Fufu fait beaucoup pour la rendre drôle. Si elle ne mérite pas la curée qu'elle a subie, elle ne constitue pas non plus le sommet du film, ni même un de ses points forts. Néanmoins, il serait dommage de ne retenir de La Soupe aux choux que cette scène, certes marquante mais pas essentielle.
ACCUEIL :
L'ensemble des critiques vont assassiner le film, essentiellement en raison de la séance de « pétomanie », jugée « vulgaire », mais aussi parce qu'ils n'ont pas compris, ni apprécié son aspect « comédie paysanne ». L'originalité du thème de la rencontre entre un extraterrestre, symbole de la science, de l'avenir, de la modernité, et un paysan traditionaliste vivant dans un des coins les plus reculés de France n'a pas suffi à susciter l'intérêt de la poignée de prétendus spécialistes du cinéma qui en fait ne représentent qu'eux-mêmes.
En revanche, le public a été au rendez-vous. Certes, l'impact des critiques défavorables, et du désastreux L'Avare qui a précédé, ont abaissé les entrées à trois millions de personnes. Pour un film de Louis de Funès, on peut trouver que c'est faible, mais compte tenu du contexte général très défavorable au film et de la baisse globale de qualité des films de Fufu depuis sa maladie, qui finit forcément par avoir des répercussions, ce résultat est globalement très satisfaisant.
SYNTHESE :
De Funès-Fallet, De Funès-Villeret, l'extraterrestre et le paysan : autant de rencontres improbables qui ont abouti à un film agréable, imprégné de l'authenticité des campagnes françaises.
GENESE :
Lorsque Louis de Funès, aidé de Jean Halain qui se charge de l'adaptation, décide de transposer à l'écran le roman de René Fallet appelé La Soupe aux choux, le milieu du cinéma se montre sceptique, et plusieurs de ses représentants préviennent De Funès et Halain. Selon eux, Fallet n'est pas adaptable, en particulier à cause de la fameuse séance de « pétomanie » qui va engendrer l'arrivée du visiteur venu de l'espace.
Mais De Funès persiste car il a décelé tout le potentiel qu'il pourrait tirer du personnage du « Glaude » et, même si la critique dite sérieuse se déchaînera contre le film, les faits lui donneront raison.
Tout le monde n'a pas la chance d'avoir des parents Auvergnats, certes, mais quand on a passé la plupart de ses vacances d'enfant aux confins du Bourbonnais, on est sans doute plus prédisposé à apprécier le film que d'autres personnes.
La Soupe aux choux n'est pas seulement une histoire gentillette d'amitié entre un paysan et un extraterrestre, c'est aussi un film presque documentaire sur le mode de vie des paysans du Bourbonnais, tels qu'il en restait encore beaucoup il y a trente ans, une ode à la simplicité de la vie dans nos campagnes profondes. Le port des sabots a peu à peu disparu, mais les bérets, la baguette sous le bras, les litrons de vin rouge afin de boire des « canons » restent vivaces. Il est vrai que l'alcool fait des ravages dans cette région comme dans d'autres...
Le film est truffé d'expressions typiques de l'Allier et de ses environs, à commencer par la façon de faire précéder les noms et prénoms par un « le » ou un « la ». Cette habitude est assez fréquente dans les campagnes de plusieurs régions de France, mais particulièrement prégnante dans le Bourbonnais.
A l'heure où la mondialisation tente d'écraser implacablement tous les particularismes locaux, n'est-il pas plaisant de se plonger dans la délicieuse ambiance campagnarde tellement française, de découvrir ou redécouvrir des mots tels que « canon », « outil » (dans un sens différent de leur signification habituelle...), la « pleue », « brelot » et tant d'autres ?
REALISATEUR :
Après les deux films réalisés par Claude Zidi, Louis de Funès termine sa carrière entouré de ses fidèles. Ses quatre derniers films sont mis en scène par son vieux complice Jean Girault, ou par lui-même aidé par Girault comme sur l'Avare.
Le film n'a pas pour but de mettre en valeur le talent particulier de Jean Girault derrière la caméra. Sur un De Funès, il s'agit avant tout de laisser l'acteur principal s'exprimer à sa guise, le film étant systématiquement bâti autour de lui. Fufu est parfaitement à l'aise avec Jean Girault, qui le laisse diriger les opérations et s'adapte à son rythme de travail allégé, âge et antécédents cardiaques obligent.
DECORS :
Le film est censé se dérouler à Jaligny-sur-Besbre, chef-lieu de canton de l'Allier. En fait, le tournage s'est déroulé en Seine-et-Marne. Le village de Champeaux a servi de cadre aux prises de vues des scènes situées « à Jaligny ».
Concernant le hameau des Gourdiflots, la maison du « Glaude » et celle du « Bombé » ont été construites spécialement dans un champ situé à l'extérieur du village de Bombon, non loin de la maison de retraite du château de Montjay. Elles ont été démontées après le tournage.
La reconstitution de l'univers de nos deux paysans s'avère très satisfaisante : le puits, les remises, les tables en bois, la photo de la femme de Ratinier et la mèche de cheveux qu'il a conservée après sa mort, le bonnet de nuit, les casseroles de soupe, la soupe au vin mangée de bon matin, tout ceci fleure bon la campagne bourbonnaise.
La création de la soucoupe volante de « La Denrée » a nécessité quatre mois de travail. C’est Guy Delécluse, qui avait créé le décor de la planète Krypton dans Superman, l’auteur de cet engin sympathique et bon enfant.
GENERIQUE :
Si une certaine facilité est observable concernant la mise en scène, très critiquable, il faut souligner le très bon travail réalisé pour les génériques, tant au niveau du graphisme qu'au niveau musical.
Autant les musiques entendues dans la série des Gendarme présentent des insuffisances, autant Raymond Lefèvre a composé un excellent thème dans un registre où on ne l'attendait pas.
Qui dit science-fiction, et c'en est bien ici quoique on puisse penser, dit musique électronique. Problème : on ne voit pas bien le rapport entre le traditionaliste Raymond Lefèvre et la musique électronique, qui relève d'une certaine modernité. Pourtant, Lefèvre a composé et joué aux synthétiseurs un thème qui, encore aujourd'hui, reste irrémédiablement un marqueur puissant du film. Et quand une musique reste ainsi dans les mémoires, c'est qu'elle est réussie.
Satisfaction aussi avec les thèmes intermédiaires, pour partie recyclés du Gendarme et les extraterrestres, ce qui était évidemment fort tentant...
Le générique de début montre Ratinier se déplaçant entre le hameau des Gourdiflots et Jaligny, alors que la peur d'être atteint pas le diabète le pousse à aller consulter un médecin. Le générique de fin ne donne pas envie d'interrompre la diffusion, avec la vue sur la soucoupe emmenant Chérasse, Ratinier et « La Denrée » sur la planète Oxo, au son de la « marche brune des chevaliers de la Lune », puis de la reprise du générique de début.
SCENARIO :
L'adaptation de Jean Halain et Louis de Funès est fidèle au roman, jusque dans les dialogues souvent conservés tels quels, même si, durée du film oblige, certaines scènes n'ont pu être adaptées ou ont été coupées au montage. La bande-annonce du film elle-même comporte des scènes non retenues, ou différentes de la version définitive.
Jaligny-sur-Besbre est un chef-lieu de canton de l'Allier, peuplé de moins de mille habitants. Le hameau des Gourdiflots est quant à lui imaginaire. Il serait situé assez loin du village, et abandonné de tous. De tous ? Non, car une poignée d'habitants le font encore vivre, parmi lesquels deux retraités, voisins, cousins et amis.
Claude Ratinier, « Le Glaude », est un sabotier à la retraite. Veuf, il vit chichement, sans même utiliser l'eau courante installée autrefois sur demande de sa femme, car il est attaché à l'eau fraîche de son puits. A vrai dire, cette eau lui sert avant tout à accompagner son pastis quotidien car « Le Glaude » aime surtout le vin rouge, dont il boit cinq à six litres par jour. Comme tout bon paysan du Bourbonnais, il mange de la soupe au pain et aux choux.
Son compère Francis Chérasse, surnommé « Cicisse », ou « Le Bombé » parce qu'il est bossu, est un puisatier célibataire, lui aussi retraité. Tout comme « Le Glaude », il porte des sabots, aime le pastis et les « canons », c'est-à-dire les coups de vin rouge, dont il fait une consommation aussi importante que son acolyte. Il n'a pas l'eau courante car il n'a jamais eu de femme pour la lui demander...
Un article lu dans La Montagne, le quotidien local, persuade Ratinier qu'il est atteint par le diabète, et qu'en raison de facteurs héréditaires, il risque de perdre ses deux yeux. Il va consulter un médecin, qui se révèle effaré par sa consommation quotidienne d'alcool et ne lui autorise qu'une chopine par jour. L'influence du « Bombé » le pousse à abandonner sur le champ ce régime bien trop draconien.
Un soir, alors que les deux amis prennent le frais devant chez eux, Ratinier se plaint de la disparition de son épouse, qu'il va voir tous les jours au cimetière et lui manque énormément. Pour le consoler, le « Bombé » lui propose de se livrer à un concours de pets tous plus bruyants (et malodorants...) les uns que les autres. Rien de plus facile lorsqu'on se nourrit surtout de soupe aux choux...
Peu après, nos paysans vont se coucher, et c'est alors que surgit une soucoupe volante, dont l'unique occupant se présente devant la maison du « Glaude ». Alerté, le « Bombé » sort de chez lui, mais l'extraterrestre le neutralise avec un appareil qui l'endort profondément. Après avoir cru son meilleur ami mort, Ratinier est rassuré par ses ronflements et invite l'envahisseur à entrer chez lui.
La conversation n'est pas facile car le nouveau venu ne s'exprime que par gestes et par des espèces de gloussements. « Le Glaude » finit par comprendre que l'extraterrestre a été attiré par les bruits du concours de gaz intestinaux, qu'il a enregistrés et lui fait écouter. Il a cru qu'il s'agissait d'un appel. Effaré, Ratinier propose un « canon » au visiteur, mais celui-ci refuse. Visiblement affamé, il accepte en revanche de manger de la soupe aux choux, et semble se régaler. Il demande à en emporter sur sa planète, et son hôte ne se fait pas prier pour lui en donner une bonne ration.
Après son départ, « La Bombé » se réveille et affirme avoir vu une soucoupe volante, mais son ami, de fort mauvaise foi, lui cache la vérité et prétend qu'il a fait un cauchemar en raison d'une indigestion de pied de cochon.
Le lendemain, « Cicisse » devient la risée de tout Jaligny en racontant son histoire de soucoupe, évidemment mise sur le compte d'un excès de vin rouge. Les gendarmes ne croient pas non plus à son histoire, pourtant confirmée par une voisine, hélas ! arriérée mentale. Les autorités pensent que les soucoupes volantes ne sont que des divagations de « bredins » (débiles mentaux dans le langage bourbonnais) et d'alcooliques.
De retour chez lui, « Le Bombé », mortifié, manifeste l'intention de se pendre. Inquiet, « Le Glaude » sabote la corde pour faire échouer la tentative, et Chérasse, qui s'est fait mal en retombant sur la partie charnue de son anatomie, préfère abandonner ses idées morbides pour aller se coucher.
Quelques nuits plus tard, l'extraterrestre est de retour, et c'est une surprise pour Ratinier puisque, désormais, il parle ! Il a appris le langage terrien en écoutant parler les gens de Jaligny, et s'exprime donc à leur manière, avec les mêmes expressions et le même accent paysan. Il explique qu'il vient de la planète Oxo, une toute petite planète inconnue des Terriens et qui ne compte que deux mille habitants qui vivent tous jusqu'à l'âge de deux cents ans sans quasiment changer d'apparence du début à la fin, car « ça ne sert à rien de changer d'apparence ».
Les habitants d'Oxo ont déclaré la soupe aux choux « dangereuse », ce qui provoque la fureur du « Glaude », mais l'extraterrestre, désormais appelé « La Denrée », le rassure en lui expliquant que c'est parce qu'elle est bonne qu'elle est dangereuse. Les Oxiens forment une civilisation parfaite, qui ignore ce qu'est le plaisir, et se nourrissent d'extraits minéraux. Ils veulent s'assurer que la soupe ne présente aucun risque de « décadence » et de « ramollissement des esprits ».
Avant de repartir avec sa ration de soupe, « La Denrée » est intrigué par la photo de mariage du « Glaude », et par la Francine, la défunte épouse de son hôte. Il demande à Ratinier si ça lui ferait plaisir de revoir la Francine, mais ce dernier se fâche et lui assène que les morts doivent être respectés.
Au cours de la nuit, un astronef dépose non loin des Gourdiflots une jeune femme de vingt ans : il s'agit de la Francine, telle qu'elle était lors de son mariage avec « Le Glaude » ! Elle rentre aussitôt chez elle, et son mari est stupéfait de ce retour pour le moins inattendu. La différence d'âge ne facilite pas les rapports entre les deux époux. Ravie de se voir offrir une seconde vie, la Francine ne veut pas la passer à laver le linge dans la rivière, ni à faire le ménage et à préparer les repas. Elle souhaite avant tout s'amuser. De plus, « Le Glaude » n'est même plus autorisé à la voir nue, ni à « l'arranger » !
Initiée à la vie moderne par une fille de son âge, voilà la Francine habillée à la dernière mode au grand dam de Ratinier. Elle manifeste l'intention de prendre un bain de soleil et passe à l'acte, ce qui scandalise son mari. Une dispute éclate et la Francine assène alors à son « Glaude » qu'elle l'a trompé avec « Le Bombé » pendant qu'il était prisonnier de guerre.
La Francine part au bal, et « Le Glaude » empoigne une carabine, bien décidé à régler ses comptes avec l'infâme « Cicisse ». Après avoir nié, « Le Bombé » finit par avouer sa liaison avec la Francine, sous la menace du fusil. Se jugeant indigne de son pardon, il invite « Le Glaude » à lui tirer dessus, mais ce dernier, un peu calmé par ses aveux, déclare « qu'on n'est pas cocu des quarante ans après », et les deux amis se réconcilient en buvant un « canon ».
Le départ de la Francine pour Paris avec un bellâtre soulage Ratinier, qui n'avait plus du tout les mêmes idées que sa femme, même s'il lui reste très attaché et lui souhaite beaucoup de bonheur.
La troisième visite de « La Denrée » provoque la colère du « Glaude » : il apprend que les Oxiens ont découvert que la soupe aux choux était une soupe nommée « plaisir », qu'il vont mettre le sourire à l'essai, que c'est une révolution et qu'ils invitent « Le Glaude » à s'installer sur leur planète, où il pourra faire pousser les choux et les légumes pour la soupe, et vivra jusqu'à deux cents ans !
Ratinier refuse d'abandonner Chérasse et son chat. Pour le convaincre, « La Denrée » lui propose de les emmener eux aussi, afin qu'ils vivent jusqu'à deux cents ans, et accepte de boire un « canon », ce qu'il avait toujours refusé auparavant. L'alcool lui monte à la tête et il émet des projets grandiloquents. « Le Glaude » le renvoie dans sa soucoupe sans accepter sa proposition. Néanmoins, « La Denrée » laisse un émetteur-récepteur à sa disposition afin de pouvoir entrer en contact avec lui à tout moment, au cas où il changerait d'avis.
Peu de temps après, Chérasse et Ratinier reçoivent la visite du maire. Passablement mégalomane, l'édile leur annonce que l'heure de « l'expansion économique génératrice d'emplois » est arrivée, et qu'on va construire à Jaligny, non seulement un lotissement, mais un parc d'attractions installé au hameau des Gourdiflots ! Il souhaite reloger les deux vieillards ailleurs et remplacer leurs maisons et terrains par un parking et par le « Rocher aux singes » !
Nos amis refusent et renvoient le maire, qui se fâche et les prévient qu'à défaut de pouvoir les expulser en raison de leur âge et de leur état de santé, le parc sera construit tout autour de chez eux, que le bruit et les visiteurs seront insupportables et qu'il leur mènera la vie dure afin de « les faire crever le plus vite possible » ( !)
En effet, l'ouverture du parc d'attractions rend la vie de nos paysans impossible. Protégés par des grilles, les visiteurs les prennent pour une attraction et leur lancent des cacahuètes. Exaspéré, « Le Claude » décide d'accepter la proposition de « La Denrée ». Il reprend contact avec lui grâce à l'émetteur-récepteur, le présente au « Bombé » et, dès la nuit suivante, les deux amis partent pour de bon dans la soucoupe de l'extraterrestre, en direction de la planète Oxo. Une escadrille d'astronefs s'empare de leurs maisons et des terrains environnants afin de les emmener eux aussi sur Oxo.
DISTRIBUTION :
Louis de Funès, bien qu'en fin de carrière et fatigué, montre l'étendue de son talent dans ce rôle de petit paysan arriéré, à l'opposé total des personnages qu'il a l'habitude d'incarner. La coutume pour Fufu, du moins depuis qu'il est devenu une vedette de premier plan, ce sont les rôles de chefs d'entreprise, de personnages importants, ou de représentants de l'ordre, généralement citadins. Il parvient à se montrer convaincant dans l'interprétation du « Glaude », ce qui est méritoire. Évidemment, il ne sait pas marcher avec des sabots, mais il ne faut pas trop en demander... En tous cas, on n'a aucune peine à le prendre pour un vrai paysan.
A noter que ce rôle est une sorte de retour aux sources pour Louis de Funès car, lorsqu'il n'était encore qu'un acteur sans notoriété, il interprétait parfois des rôles de petits paysans, de braconniers, dans des films du style Ni vu, ni connu.
Avec Jean Carmet, Fufu a trouvé le partenaire idéal pour le rôle du « Bombé ». Il est vrai que ce type de personnages est déjà beaucoup plus dans le registre assez « terroir » de Carmet que dans les classiques de De Funès, mais la qualité de l'interprétation de ce très bon acteur est à mettre en relief.
Pour le personnage de « La Denrée », on s'attendait à retrouver Maurice Risch, qui semblait être l’acteur idoine pour le rôle, et avec qui Louis de Funès avait l'habitude de travailler. Mais c'est finalement Jacques Villeret qui hérite de ce personnage farfelu, vêtu d'une combinaison rouge et jaune. Habitué aux rôles de benêts, Villeret, de son vrai nom Mohammed Boufroura, n'a aucun mal à endosser le costume de cet extraterrestre naïf et iconoclaste. Son talent éclate au grand jour dans cette comédie où il se montre parfait en tous points. Le film est donc servi par un trio d'acteurs principaux vraiment excellents.
Jacques Villeret a raconté que Louis de Funès dirigeait tout sur le tournage du film. Il savait ce qu'il voulait et quand il n'était pas satisfait, il avait tendance à taper du pied. Avant le début du tournage, De Funès l'avait prévenu du risque qu'il prenait sur ce film, en ces termes :
« Cela peut être très bien pour vous, mais ça peut aussi être la fin de votre carrière. »
Dans la « vrai vie », De Funès et Villeret étaient à l'inverse de leurs personnages. Alcoolique dans le film, Louis n'avait pas droit à l'alcool en raison de son régime, alors que Jacques Villeret, très sobre dans le rôle de « La Denrée » (à l'exception d'une scène...) était alcoolique depuis des années, ce qui fût probablement la cause de son décès prématuré à l'âge de 55 ans.
La distribution féminine produit un cruel contraste tellement elle souffre de la comparaison par rapport aux acteurs masculins principaux. Christine Dejoux n'est pas naturelle dans le rôle de la Francine. On voit que ce n'est pas une vraie paysanne, et elle a du mal à parler à la manière bourbonnaise. On n'en apprécie que plus le jeu des trois acteurs majeurs...
Sa collègue Gaëlle Legrand, déjà beaucoup plus jolie, est nettement plus à l'aise dans la peau de Catherine Lamouette, la « chtite » Lamouette, comme dit Ratinier. Dommage que son rôle ne soit pas plus développé, et surtout qu'elle n'ait pas été choisie à la place de Christine Dejoux pour incarner la Francine.
Ces deux actrices, qui n'ont jamais acquis une grande notoriété, ont également été vues ensemble dans Viens chez moi, j'habite chez une copine, avec Michel Blanc, un film que Louis de Funès avait beaucoup apprécié.
Que dire de la prestation de Claude Gensac en arriérée mentale ? Pas franchement mauvaise, mais elle en fait trop, et sa tenue de paysanne innocente est vraiment exagérée. Quand on a connu Gensac en femme élégante et distinguée de Louis de Funès, ce rôle a du mal à passer. Après le personnage caricatural de Marguerite dans l'Aile ou la cuisse, la malheureuse n'est vraiment pas mise en valeur dans les ultimes films de Fufu...
Abonné aux films de De Funès, l'excellent Henri Génès interprète avec talent le brigadier de gendarmerie, comme dans Le Corniaud. On a toujours plaisir à le retrouver, même si son accent méridional était plus adapté pour la brigade de Carcassonne du Corniaud que pour celle de Jaligny-sur-Besbre dans l'Allier.
Marco Perrin est très bon en maire expansif et mégalomane, particulièrement cruel avec Chérasse et Ratinier, qu'il considère comme des « poids morts ». Né Jean Marco Markovitch, cet acteur d’origine serbe a vu sa carrière s’interrompre peu de temps après ce film, lorsqu’en 1983, alors âgé de 56 ans, il fut frappé d’hémiplégie.
On arrive ensuite aux très petits rôles. Le fidèle Max Montavon laisse tomber les compositions de maniérés pour incarner un paysan, frère d'Amélie Poulangeard, la voisine simple d'esprit mais pas aveugle puisqu'elle s'est très bien rendu compte du manège mené par « Le Glaude » et « La Denrée ».
La patronne de L'Hôtel de France a pour interprète Perrette Souplex, et l'inattendu Philippe Brizard compose en Guillaume, le « chti Guillaume » que Ratinier a connu tout bébé, un facteur paysan très réaliste, toujours prêt à boire un « canon » avec les destinataires de ses lettres.
Philippe Ruggieri ne joue qu'un rôle mineur, celui du nouveau fiancé de la Francine. Ce godelureau suscite la méfiance du « Glaude », qui conseille à sa chère Francine de se méfier.
Absent à l'écran, Jean-Pierre Rambal se contente de jouer le narrateur en début du film, histoire de situer le contexte.
TEMPS FORTS :
La première moitié du film, avant le retour de la Francine, est la meilleure. C'est la période des découvertes. Découverte du mode de vie de Chérasse et Ratinier, découverte de « La Denrée » et des fondamentaux de la planète Oxo.
La première scène, celle du diabète et du régime, est non seulement très réussie, mais constitue aussi un parfait avant-goût de la tonalité du film, du moins lors de sa première partie. De Funès peut s'en donner à cœur joie dans le registre grimacier avec le passage où il mime les membres de sa famille atteints par le diabète et contraints de se faire enlever un œil. Au retour de chez le médecin, Ratinier, pétri de bonnes intentions, refuse l'invitation de Chérasse, désireux de boire un pastis avec lui. Après plusieurs gestes de mépris explicites, « Le Glaude » n'en peut plus et cède brusquement aux provocations du « Bombé ». Il se rattrape en buvant plusieurs verres de « perniflard » d'affilée!
La mauvaise foi du « Glaude » lorsque « Le Bombé » affirme avoir vu une soucoupe permet à De Funès d'exprimer tout son potentiel, immense en ce domaine, et de renouer avec son personnage de dominant persécuteur.
La découverte du mode de vie des habitants d'Oxo est un autre très bon moment, grâce à l'air effaré du « Glaude » face à certains aspects des habitudes « oxiennes ». Lorsque « La Denrée » affirme qu'il a soixante-dix ans, tout comme son hôte, Ratinier a du mal à le croire, mais l'étrange visiteur lui explique que, sur sa planète, les habitants restent jeunes pendant toute leur vie :
« ça ne sert à rien de changer d'apparence...
-Ah ! Ben, c'est sûr que ça ne sert à rien... Mais nous, on ne nous demande pas notre avis, il faut qu'on y passe. Tiens, regarde !... »
Et « Le Glaude » de montrer son crâne dégarni, puis de miner le visage grimaçant d'une grand-mère, avec une moue irrésistible !
Trouvaille intéressante, l'espèce de mannequin à l'effigie du brigadier de gendarmerie que ce dernier utilise pour éviter d'écouter pendant de longues minutes les divagations de l'innocente. Une impulsion sur la tête et il se met à osciller de haut en bas comme si le gendarme écoutait attentivement en faisant « oui » de la tête. Et l'arriérée mentale qui ne se rend compte de rien !
La séquence la plus intéressante de la deuxième partie, celle du retour de la Francine, est l'explication mouvementée entre Chérasse et Ratinier au sujet de la liaison entre la Francine et « Le Bombé » pendant que « Le Glaude » était prisonnier de guerre. « Le Bombé » n'est pas au courant du retour de la Francine, et ne comprend pas comment son acolyte a pu apprendre la chose. Il décide dans un premier temps de nier en bloc. Furieux, Ratinier charge son fusil avec une cartouche pour le sanglier et un autre pour l'éléphant. Chérasse avoue alors, non sans s'être renversé son bol de soupe au vin sur la tête en levant les mains en l'air. On constate qu'il mange de la soupe au vin dès son petit-déjeuner, pris au lit.
Autre dialogue intéressant, cette fois entre la Francine et son mari :
« Il est où, mon vélo ?
-Vendu !
-Vendu ?
-Il est rare qu'on pédale dans les cercueils...
-Dorénavant, tu ne m'arrangeras plus. Et tu passeras un coup par terre pendant que je serai absente !
-T'as pas le droit de me parler comme ça ! Quand même, je t'ai porté des pétunias au cimetière, de beaux géraniums... Il faut quand même que tu saches que si t'es en vie, c'est grâce à moi. Si j'avais pas pété, tu serais pas là ! Parce que quand je pète, « La Denrée » réchappe tout de suite dans sa soucoupe volante !
-Eh ! Ben... T'as dû en vider des tonneaux de vin rouge pendant que j'étais pas là...
-J'avais pas bu, j'ty jure ! Depuis que t'es morte, j'ai pas un bu un seul canon... ( !) »
La troisième partie, constituée de la proposition de départ de « La Denrée », refusée et finalement acceptée du fait de la construction du parc de loisirs, comporte également son lot de bons moments, avec un Marco Perrin parfait dans le rôle du maire. Vexé par le refus de Chérasse et Ratinier de quitter les Gourdiflots, il part en les abreuvant de menaces :
« Si vous n'étiez pas vieux et malades, il y a longtemps que je vous aurais fait exproprier. Mais ne rigolez pas trop vite, Chérasse et Ratinier, on finira pas y arriver. En attendant, les bulldozers et les pelleteuses, ça va vous ronfler aux oreilles ! Je vous ferai crever, moi ! Vieux fossiles... »
Et plus tard, lorsque « Le Glaude » et « Le Bombé » sont persécutés par les touristes :
«Je vous l'avais bien dit que je vous ferais crever, vieux fossiles ! Et quand vous serez au cimetière, la commune, débarrassée de ses poids morts, pourra enfin ouvrir les ailes de l'expansion économique ! Vieux débris !... »
POINTS FAIBLES :
Malgré quelques passages intéressants, le gros point faible du film est la seconde partie, celle du retour de la Francine. La prestation ratée de Christine Dejoux, absolument pas crédible en paysanne, et qui ne semble pas avoir suffisamment travaillé le rôle, est pour beaucoup dans cet échec qui, heureusement, ne dure qu'une vingtaine de minutes.
On note de nombreuses insuffisances dans la mise en scène. Par exemple, lorsque Ratinier se rend chez le médecin, la plaque apposée à l'entrée du cabinet ne comporte que la seule inscription « Docteur » ( !). Il n'a pas de nom, le docteur ?
Concernant la scène la plus emblématique, celle de la séance de « pétomanie », c'est aussi la plus contestée, celle qui a fait se déclencher les foudres des critiques. Pourtant, elle n’a pas été traitée de façon vulgaire, et la classe de Fufu fait beaucoup pour la rendre drôle. Si elle ne mérite pas la curée qu'elle a subie, elle ne constitue pas non plus le sommet du film, ni même un de ses points forts. Néanmoins, il serait dommage de ne retenir de La Soupe aux choux que cette scène, certes marquante mais pas essentielle.
ACCUEIL :
L'ensemble des critiques vont assassiner le film, essentiellement en raison de la séance de « pétomanie », jugée « vulgaire », mais aussi parce qu'ils n'ont pas compris, ni apprécié son aspect « comédie paysanne ». L'originalité du thème de la rencontre entre un extraterrestre, symbole de la science, de l'avenir, de la modernité, et un paysan traditionaliste vivant dans un des coins les plus reculés de France n'a pas suffi à susciter l'intérêt de la poignée de prétendus spécialistes du cinéma qui en fait ne représentent qu'eux-mêmes.
En revanche, le public a été au rendez-vous. Certes, l'impact des critiques défavorables, et du désastreux L'Avare qui a précédé, ont abaissé les entrées à trois millions de personnes. Pour un film de Louis de Funès, on peut trouver que c'est faible, mais compte tenu du contexte général très défavorable au film et de la baisse globale de qualité des films de Fufu depuis sa maladie, qui finit forcément par avoir des répercussions, ce résultat est globalement très satisfaisant.
SYNTHESE :
De Funès-Fallet, De Funès-Villeret, l'extraterrestre et le paysan : autant de rencontres improbables qui ont abouti à un film agréable, imprégné de l'authenticité des campagnes françaises.
phildlm- Duc(hesse)
- Age : 58
Localisation : Auvergne, entre Clermont et Lyon
Date d'inscription : 19/08/2007
Re: Louis de Funès (1914 - 1983)
Soirée Gendarme ce soir sur M6, avec la diffusion des deux premiers opus (celui à NYC étant mon préféré de la série).
A ce propos, petite interview de Galabru
http://tvmag.lefigaro.fr/programme-tv/article/film/69300/michel-galabru-de-funes-etait-complexe-.html
A ce propos, petite interview de Galabru
http://tvmag.lefigaro.fr/programme-tv/article/film/69300/michel-galabru-de-funes-etait-complexe-.html
Estuaire44- Empereur
- Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007
Re: Louis de Funès (1914 - 1983)
Ils ont mis les deux meilleurs ce soir.
Sinon, 3/4 à la Soupe aux choux... Ca doit être le seul, l'unique De Funès que je n'ai pas réussi à voir jusqu'au bout. Débile, lourd, englué de vulgarité (ce n'est pas le scène de pétomanie qui est seulement vulgaire mais toute la première moitié, je n'ai pas vu la seconde)... Bon, Ca a permis de Villeret de décoller sa carrière alors, voilà bien l'un des seuls mérites du film. Je n'aime que la musique de Raymond Lefebvre, qui d'ailleurs n'est pas de lui, il a simplement orchestré une mélodie populaire auvergnate.
Oui, je comprends ce que Phil a vu dire avec la rencontre entre tradition (paysans) et modernité (extra-terrestre), mais si le propos est dilué dans une avalanche de gags foireux, et un scénario dont le début m'a paru d'une stupidité sans nom... je zappe ! Et d'après ce que tu a dit, la 2e moitié est moins bonne que la 1re, déjà que j'ai pas aimé la 1re...
Mais ça n'enlève rien à la qualité de ton travail !
Sinon, 3/4 à la Soupe aux choux... Ca doit être le seul, l'unique De Funès que je n'ai pas réussi à voir jusqu'au bout. Débile, lourd, englué de vulgarité (ce n'est pas le scène de pétomanie qui est seulement vulgaire mais toute la première moitié, je n'ai pas vu la seconde)... Bon, Ca a permis de Villeret de décoller sa carrière alors, voilà bien l'un des seuls mérites du film. Je n'aime que la musique de Raymond Lefebvre, qui d'ailleurs n'est pas de lui, il a simplement orchestré une mélodie populaire auvergnate.
Oui, je comprends ce que Phil a vu dire avec la rencontre entre tradition (paysans) et modernité (extra-terrestre), mais si le propos est dilué dans une avalanche de gags foireux, et un scénario dont le début m'a paru d'une stupidité sans nom... je zappe ! Et d'après ce que tu a dit, la 2e moitié est moins bonne que la 1re, déjà que j'ai pas aimé la 1re...
Mais ça n'enlève rien à la qualité de ton travail !
Dearesttara- Roi (Reine)
- Age : 33
Localisation : Charenton (94)
Date d'inscription : 08/02/2010
Re: Louis de Funès (1914 - 1983)
Je n'aurai pas mis non plus 3/4 à "La soupe aux choux", loin de là...mais excellente critique Phil !
Par contre, je ne trouve pas "L'avare" désastreux (De Fufu est survolté dans ce film)...
Par contre, je ne trouve pas "L'avare" désastreux (De Fufu est survolté dans ce film)...
séribibi- Roi (Reine)
- Age : 58
Localisation : Mont de Marsan
Date d'inscription : 13/12/2007
Re: Louis de Funès (1914 - 1983)
Dearesttara a écrit:Ils ont mis les deux meilleurs ce soir.
Sinon, 3/4 à la Soupe aux choux... Ca doit être le seul, l'unique De Funès que je n'ai pas réussi à voir jusqu'au bout. Débile, lourd, englué de vulgarité (ce n'est pas le scène de pétomanie qui est seulement vulgaire mais toute la première moitié, je n'ai pas vu la seconde)... Bon, Ca a permis de Villeret de décoller sa carrière alors, voilà bien l'un des seuls mérites du film. Je n'aime que la musique de Raymond Lefebvre, qui d'ailleurs n'est pas de lui, il a simplement orchestré une mélodie populaire auvergnate.
Oui, je comprends ce que Phil a vu dire avec la rencontre entre tradition (paysans) et modernité (extra-terrestre), mais si le propos est dilué dans une avalanche de gags foireux, et un scénario dont le début m'a paru d'une stupidité sans nom... je zappe ! Et d'après ce que tu a dit, la 2e moitié est moins bonne que la 1re, déjà que j'ai pas aimé la 1re...
Mais ça n'enlève rien à la qualité de ton travail !
Il est possible que je ne sois pas objectif en raison justement de mes origines auvergnates. Néanmoins, le film a connu un certain succès, et pas que chez les Auvergnats...
Evidemment d'accord pour la série des "Gendarme", les premiers sont les mieux, et de loin.
Evidemment d'accord pour la série des "Gendarme", les premiers sont les mieux, et de loin.
phildlm- Duc(hesse)
- Age : 58
Localisation : Auvergne, entre Clermont et Lyon
Date d'inscription : 19/08/2007
Re: Louis de Funès (1914 - 1983)
Vu le Gendarme à New York (1965), film confirmant aisément son large potentiel humoristique. Toute le prologue se révèle absolument enthousiasmant, grâce à une merveilleuse visite du France, un chef d'oeuvre parmi les superbes transatlantiques issus de nos Chantiers de l'Atlantique. Sans être dupe de l'intention promotionnelle (la ligne Le Havre/New York de la CGT vient d'être inaugurée en 1962), On ne peut qu'admirer l'élégance hardie de ses courbes ou l'élégance raffinée de ses intérieurs, parfaitement mis en valeur par Jean Girault. Beaucoup de fierté, mais aussi de regrets. Rien à voir avec l'empilement massif et sans goût des paquebots contemporains. Comme seul léger bémol, il reste étonnant que Nicole arrive en même temps que les gendarmes, alors même que la majeure partie de leur voyage s'est déroulée en avion (le charme des Sixties). (évidemment par Air France). On apprécie vivement également la certes plus brève escapade orlysienne, alors que l'aéroport vient également d'être inaugurée par le Général, en 1961. On remarque que l'essentiel en a été préservé de nos jours, même si l'aérogare sud est seulement désignée comme Aéroport de Paris, la Ouest ne survenant qu'en 1971 (beaucoup de dates mais le film vu en 2012 apparaît comme un formidable documentaire). Après la mémorable leçon d'Anglais et l'apparition fugitive du regretté Pierre Tornade, c'est donc auréolé de deux joyaux flambant neufs de la France du Général (quelle époque !) que le Gendarme débarque à New York, où le film va manifester ses nombreuses qualités, mais aussi trouver ses quelques limites.
L'atout majeur et la spécificité de la deuxième aventure Gendarme à NYC consiste en la passionnante et fastueuse visite du NYC des années 60 qu'il occasionne. La balade s'avère étonnamment complète puisque s'affranchissant du traditionnel Manhattan pour s'étendre à une galerie des divers quartiers de Big Apple : Greenwich Village, Little Italy, Chinatown, le Bronx... Un standard de production étonnant pour un film français, qui en dit long sur la popularité de Fufu ainsi que sur le succès rencontré par le premier opus de la saga. Cette visite s'enrichit encore d'une intéressant approche de l'American Way of Life de ces années là (on songe à Pierre Daninos), avec une description là aussi très complète : nourriture, transports, vêtements, télévision... toute une atmosphère et l'amateur de séries télé s'attend à chaque instant à voir surgir un David Vincent ou un Agent 86 ! La film a la grande habileté d'éviter toute pesanteur ou didactisme, entremêlant avec fluidité tout cet aspect avec les joyeuses tribulations de notre brigade de choc. Avec un zeste d'esprit chagrin on pourra cependant lui reprocher se se cantonner à un certaine approche touristique, évitant d'aller plus loin en tenant plus ambitieusement d'exprimer ce que représente l'Amérique pour les Français de l'époque. On connaît les sentiments pour le moins mêlés qu'éprouvait le Général (et nombre de ses concitoyens) envers les Etats Unis et que c'était également deux modèles de société qui s'affrontèrent après la Reconstruction, durant les années 60 et au delà. Pour l'essentiel la rencontre narrée par le film glisse sur un passionnant dialogue entre les deux rivages de l'Atlantique, pour demeurer uniquement plaisamment récréative. Mais l'on ne va pas reprocher au Gendarme à New York de constituer l'un des grands moments de la comédie populaire, le cinéma c'est aussi cela, et c'est tant mieux.
Non, le véritable Talon d'Achille du film réside dans la quais absence de scénario ou fil directeur même élémentaire, (contrairement au premier opus), hormis la fugue de Nicole, bien trop légère pour ne pas apparaître comme un vague et distendu prétexte (idem pour la sympathique rivalité avec les carabiniers). Dès lors Le Gendarme à NYC, revêt essentiellement la forme d'un film à sketchs, dépourvu d'ossature narrative et véhiculant ses inévitables moments en-dessous. Toutefois les scènes hilarantes relèvent d'une écrasante majorité, notamment grâce à d'épatants comédiens, particulièrement déchaînés. Fufu confirme son abattage et sa vitalité légendaires, tandis qu'on aime que Cruchot ne soit pas simplement veule, ou odieux, mais manifeste aussi une belle combativité. Il doit cependant réellement disputer la vedette à un Galabru réellement impérial dans chacune de ses apparitions. J'ai adoré l'Adjudant Gerber, aux colères aussi sonores que vite oubliées, si paternaliste envers ses hommes et si Français. Un beau portrait, pétri d'humanité (à la fin du film, on ne fait pas trop de souci pour Cruchot). Les autres acteurs et personnages manquent d'espace pour exprimer autre chose que de la sympathie, même si la réplique définitive du film revient sans doute à Fougasse (New York, c'est à voir !). On n'aura garde d'oublier le charme gracile et très Sixties de Geneviève Grad, à qui le costume d'hôtesse de l'air sied à merveille.
L'humour constituant un sentiment particulièrement subjectif, élément renforcé par la structure de films à sketchs, chacun aura ses scènes préférées. .A coté de rares moments un peu lourds (les couleurs du visage s'adaptant aux ice creams, le travestissement chinois), j'ai particulièrement apprécié la rencontre magique avec West Side Story, comme si Jacques Demy s'emparait temporairement de la caméra, la ravigorante préparation de l'entrecôte ou la satire au vitriol de la psychanalyse... Le plaidoyer de la brigade pour le retour de discipline, joliment observée, confirme bien la stature du Gendarme comme héritier d'un humour troupier d'avant guerre, finement adapté aux années 60. La ronde des différentes gendarmeries demeure un instant très fraternel, où l'on ne peut que remarquer l'absence de la Guardia Civil, quasiment le seul grand corps européen manquant. L'Espagne du Caudillo ne fait alors qu'initier son retour dans le concert des nations et cette arme reste employée à des fins parfois très sombres. Certaines scènes apparaissent particulièrement amusantes vues au second degré en 2012. Ainsi la viande sous cellophane fait désormais partie du quotidien des Français, les Américains ont gagné. Et puis voir Cruchot embarqué par la police américaine, après une péripétie faisant scandale auprès de demoiselles dans un hôtel new yorkais, pour finalement s'en sortir avec une « petite » engueulade, fait songer qu'il faut mieux parfois être gendarme que président du FMI. Malheureusement, alors que l'absence de tension dramatique induit mécaniquement un relâchement de l'attention spectateur (le film est sans doute un peu trop long); les scènes les moins marquantes se déroulent à la fin, avec une fuite trop rallongée et quelques péripéties inutiles dans le chantier. Il n'en reste pas moins que ce film ambitieux et si souvent hilarant s'affirme bien à mes yeux comme le meilleur épisode de la saga du Gendarme, juste devant son premier opus.
L'atout majeur et la spécificité de la deuxième aventure Gendarme à NYC consiste en la passionnante et fastueuse visite du NYC des années 60 qu'il occasionne. La balade s'avère étonnamment complète puisque s'affranchissant du traditionnel Manhattan pour s'étendre à une galerie des divers quartiers de Big Apple : Greenwich Village, Little Italy, Chinatown, le Bronx... Un standard de production étonnant pour un film français, qui en dit long sur la popularité de Fufu ainsi que sur le succès rencontré par le premier opus de la saga. Cette visite s'enrichit encore d'une intéressant approche de l'American Way of Life de ces années là (on songe à Pierre Daninos), avec une description là aussi très complète : nourriture, transports, vêtements, télévision... toute une atmosphère et l'amateur de séries télé s'attend à chaque instant à voir surgir un David Vincent ou un Agent 86 ! La film a la grande habileté d'éviter toute pesanteur ou didactisme, entremêlant avec fluidité tout cet aspect avec les joyeuses tribulations de notre brigade de choc. Avec un zeste d'esprit chagrin on pourra cependant lui reprocher se se cantonner à un certaine approche touristique, évitant d'aller plus loin en tenant plus ambitieusement d'exprimer ce que représente l'Amérique pour les Français de l'époque. On connaît les sentiments pour le moins mêlés qu'éprouvait le Général (et nombre de ses concitoyens) envers les Etats Unis et que c'était également deux modèles de société qui s'affrontèrent après la Reconstruction, durant les années 60 et au delà. Pour l'essentiel la rencontre narrée par le film glisse sur un passionnant dialogue entre les deux rivages de l'Atlantique, pour demeurer uniquement plaisamment récréative. Mais l'on ne va pas reprocher au Gendarme à New York de constituer l'un des grands moments de la comédie populaire, le cinéma c'est aussi cela, et c'est tant mieux.
Non, le véritable Talon d'Achille du film réside dans la quais absence de scénario ou fil directeur même élémentaire, (contrairement au premier opus), hormis la fugue de Nicole, bien trop légère pour ne pas apparaître comme un vague et distendu prétexte (idem pour la sympathique rivalité avec les carabiniers). Dès lors Le Gendarme à NYC, revêt essentiellement la forme d'un film à sketchs, dépourvu d'ossature narrative et véhiculant ses inévitables moments en-dessous. Toutefois les scènes hilarantes relèvent d'une écrasante majorité, notamment grâce à d'épatants comédiens, particulièrement déchaînés. Fufu confirme son abattage et sa vitalité légendaires, tandis qu'on aime que Cruchot ne soit pas simplement veule, ou odieux, mais manifeste aussi une belle combativité. Il doit cependant réellement disputer la vedette à un Galabru réellement impérial dans chacune de ses apparitions. J'ai adoré l'Adjudant Gerber, aux colères aussi sonores que vite oubliées, si paternaliste envers ses hommes et si Français. Un beau portrait, pétri d'humanité (à la fin du film, on ne fait pas trop de souci pour Cruchot). Les autres acteurs et personnages manquent d'espace pour exprimer autre chose que de la sympathie, même si la réplique définitive du film revient sans doute à Fougasse (New York, c'est à voir !). On n'aura garde d'oublier le charme gracile et très Sixties de Geneviève Grad, à qui le costume d'hôtesse de l'air sied à merveille.
L'humour constituant un sentiment particulièrement subjectif, élément renforcé par la structure de films à sketchs, chacun aura ses scènes préférées. .A coté de rares moments un peu lourds (les couleurs du visage s'adaptant aux ice creams, le travestissement chinois), j'ai particulièrement apprécié la rencontre magique avec West Side Story, comme si Jacques Demy s'emparait temporairement de la caméra, la ravigorante préparation de l'entrecôte ou la satire au vitriol de la psychanalyse... Le plaidoyer de la brigade pour le retour de discipline, joliment observée, confirme bien la stature du Gendarme comme héritier d'un humour troupier d'avant guerre, finement adapté aux années 60. La ronde des différentes gendarmeries demeure un instant très fraternel, où l'on ne peut que remarquer l'absence de la Guardia Civil, quasiment le seul grand corps européen manquant. L'Espagne du Caudillo ne fait alors qu'initier son retour dans le concert des nations et cette arme reste employée à des fins parfois très sombres. Certaines scènes apparaissent particulièrement amusantes vues au second degré en 2012. Ainsi la viande sous cellophane fait désormais partie du quotidien des Français, les Américains ont gagné. Et puis voir Cruchot embarqué par la police américaine, après une péripétie faisant scandale auprès de demoiselles dans un hôtel new yorkais, pour finalement s'en sortir avec une « petite » engueulade, fait songer qu'il faut mieux parfois être gendarme que président du FMI. Malheureusement, alors que l'absence de tension dramatique induit mécaniquement un relâchement de l'attention spectateur (le film est sans doute un peu trop long); les scènes les moins marquantes se déroulent à la fin, avec une fuite trop rallongée et quelques péripéties inutiles dans le chantier. Il n'en reste pas moins que ce film ambitieux et si souvent hilarant s'affirme bien à mes yeux comme le meilleur épisode de la saga du Gendarme, juste devant son premier opus.
Cinégénie du Gendarme
http://www.cairn.info/revue-societes-et-representations-2003-2-page-131.htm
Estuaire44- Empereur
- Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007
Re: Louis de Funès (1914 - 1983)
Justement, moi, les De Funès, j'aime autant qu'ils n'aient pas de scénario trop développé, le format "tout sketches" me convient très bien. L'avantage du "Gendarme à New York", c'est qu'on n'est pas obligé de se farcir toute cette bande de jeunes fils à papa abrutis oisifs comme dans le film précédent, même si dans l'ensemble le premier de la série reste, par son potentiel comique explosif, le meilleur de la série.
Serais-un intéressé par la rédaction de quelques critiques? (Ainsi, le dossier serait plus vite terminé... ).
Serais-un intéressé par la rédaction de quelques critiques? (Ainsi, le dossier serait plus vite terminé... ).
phildlm- Duc(hesse)
- Age : 58
Localisation : Auvergne, entre Clermont et Lyon
Date d'inscription : 19/08/2007
Re: Louis de Funès (1914 - 1983)
Houla, j'ai déjà trois très longues séries en cours, plus les suppléments Cathy Gale, plus une relecture prochaine des saisons post Cathy Gale... Je n'ai malheureusement pas le temps pour davantage de rédaction.
Estuaire44- Empereur
- Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007
Re: Louis de Funès (1914 - 1983)
Et puis voir Cruchot embarqué par la police américaine, après une péripétie faisant scandale auprès de demoiselles dans un hôtel new yorkais, pour finalement s'en sortir avec une « petite » engueulade, fait songer qu'il faut mieux parfois être gendarme que président du FMI.
Bien vu!
Bien vu!
Invité- Invité
Page 7 sur 13 • 1, 2, 3 ... 6, 7, 8 ... 11, 12, 13
Sujets similaires
» 13 - Octopussy - 1983
» Que vendez-vous ?
» Série "Le Crime est notre affaire" (1983-1984)
» Louis Jourdan (1921-2015)
» Jean-Louis Trintignant (1930-2022)
» Que vendez-vous ?
» Série "Le Crime est notre affaire" (1983-1984)
» Louis Jourdan (1921-2015)
» Jean-Louis Trintignant (1930-2022)
CHAPEAU MELON ET BOTTES DE CUIR - LE MONDE DES AVENGERS :: Les SÉRIES TÉLÉ, FILMS, ACTEURS, ACTRICES & autres Artistes :: Les Acteurs, Actrices & autres Artistes
Page 7 sur 13
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum