Série "Game of Thrones"

Intéressant quoique, effectivement, ce ne soit pas donné !

Estuaire44 a écrit:Le chargeur de téléphone le plus classe au monde :

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Sauf que tout le monde va vouloir vous le piquer !

Scénario : David Benioff et D.B. Weiss  
Réalisation : Daniel Minahan

Résumé
Les derniers événements ont laissé des traces profondes chez les différents personnages. Certains sont blessés, moralement ou physiquement mais chacun est conscient que rien n’est fini.

Critique
Difficile de résumer un épisode qui procède à un large tour d’horizon et pose quelques jalons des histoires en devenir.

Solitude et amertume sont en revanche les deux sentiments forts ici. Seul au milieu des Sauvageons pour Jon Snow qui se montre habile. Seul au milieu de Port-Réal pour Tyrion. Seuls sont aussi Davos et Sansa dans leurs cités respectives. Mais l’amertume est plus grande encore surtout pour Tyrion, mais aussi pour Davos que ronge le souvenir des hommes morts à la Néra et pour Sansa qui laisse sortir son amertume face à sa situation. La petite poupée a bien grandi !

Sauf que l’amertume est aussi potion de colère. Davos ose affronter ouvertement Mélissandre, refusant de « juger les hommes selon leurs Dieux ». Un discours de tolérance que ne peut entendre l’intolérante Femme Rouge. Tyrion ose réclamer ce qui lui revient de droit et ne s’attire en retour que haine et crachat. Tywin ne le sait pas encore mais il vient de rompre toute loyauté de son fils envers lui. Charles Dance en majesté fait parfaitement ressentir le mépris brûlant du père pour ce qu’il considère à peine comme son fils.

Le mépris est décidément une « qualité » des Lannister qui, à l’exception notable de Tywin et Tyrion, ne font vraiment pas preuve d’intelligence. Ni Cersei ni Joffrey (mais qui à la présence d’esprit de laisser-faire et d’approuver après coup) ne saisissent la magistrale opération de com’ qu’opère Margery dans les rues de Port-Réal quant la reine-mère ne cache même pas son mépris de classe pour les plus pauvres de « son » peuple, au moins en principe. Cersei est sans doute une bonne tacticienne mais c’est une stratège de pacotille, une imbécile qui ferait sombrer la monarchie si elle avait les mains libres. Quant à Daenerys, si son discours est parfois encore celui d’une adolescente enthousiaste, elle modère désormais son idéalisme face au traitement inhumain infligé aux Immaculés. La reine, tout comme ses dragon, grandit.

Informations supplémentaires :
Curiosité : l’anglais est la langue de Port-Réal puisque c’est dans cette langue que Tywin écrit sa lettre devant Tyrion !
Le titre de l’épisode « Valar Dohaeris » est une expression en haut valyrien, dont le sens est « tous les hommes doivent servir ». C’est un dicton coutumier à Essos, et c'est la réponse traditionnelle à l’expression « Valar Morghulis » (« tous les hommes doivent mourir »), qui était aussi le titre de l’épisode précédent.
Le commentaire de Cersei à Tyrion, « Ils disent que vous aviez perdu votre nez », est une blague pour ceux qui ont lu les livres, où à part une large entaille au visage, la plupart du nez de Tyrion a été coupé lorsque Mandon Moore a tenté de le tuer. Pour la série, seule la cicatrice faciale a été conservée ; la blessure au nez aurait obligé les artistes des effets visuels à retirer numériquement le nez de Peter Dinklage dans toutes ses scènes à suivre, ce qui aurait été trop long et coûteux.
Ciaran Hinds/Mance Ryder : acteur nord-irlandais, vu au cinéma dans Mary Reilly (1996), La somme de toutes les peurs (2002), Lara Croft Tomb Raider : le berceau de la vie (2003), Munich (2005), Miami Vice-Deux flics à Miami (2006), There will be blood (2007), L’affaire Rachel Singer (2010), Harry Potter et les reliques de la mort 2ème partie (2011), La dame en noir (2012), Red Sparrow (2018). Il tourne aussi pour la télévision : Les contes de la crypte (1996), Rome (2005-2007).
Absence d’Emilia Clarke, Maisie Williams, Alfie Allen et Nikolaj Coster-Waldau.

Autant que le début d'une nouvelle saison, cet épisode marque le passage d'un cap, puisqu'il met principalement en scène les événements du début de A Storm of Swords. D'un roman à l'autre, en quelque sorte. Toutefois les principaux temps forts et scènes spectaculaires de ce début d'ouvrage ont déjà été mobilisés lors de l'opus précédent (notamment l'attaque de la Garde Nuit par les Morts vivants), c'est donc assez logiquement que ce Valar là pétille moins que le précédent, tout le monde ne peut pas résider à Valinor. Moins de rythme, mais les fondations de la nouvelle saison restent impeccablement exposées. La scène entre Tywin et Tyrion est formidable, et fidèle aux romans avec la même cruauté. La partie peut désormais reprendre.

Ciarán Hinds est un bon choix pour Mance Ryder, il est un habitué des rôles d'autorité, de Steppenwolf  au César de Rome.  Nathalie Emmanuel et Anton Lesser (parfait en Qyburn) confirment le maintien de l'excellence du casting de la série.

Les romans s'étant bien peu intéressés au domaine linguistique (rien à voir avec Tolkien, bien entendu), la série continue à développer, voire créer, ses langues non anglaises (puisque effectivement on semble parler Anglais à Westeros !). Après avoir créé la langue dothraki en saison 1, David J. Peterson est de nouveau recruté pour cette fois créer le Valyrien, qu'il divise en langage bas et haut, sur du Latin. Toujours perfectionniste, il écrivit d'abord l'intégralité des dialogues concernés en Haut Valyrien, avant de soigneusement les traduire en bas Valyrien (notamment pour Missandei). Ce diplômé et passionné de linguistique a créé d'autres langues, pour plusieurs productions SF ou fantasy (MCU, The 100, Dominion, The Witcher, les Chroniques de Shannara, avec la langue des Druides)

Dubrovnik et ses remparts figurent toujours Port Réal, de même pour l'Islande pour l'au-delà du  Mur. Nouvelle venue, la rieuse Astapor est figurée par la ville marocaine d'Essaouira et sa médina inscrite au patrimoine mondial de l 'UNESCO.

L'épisode est dédié à Martin Kenzie, le responsable de la photographie décédé d'un cancer durant l'inter saison

L'épisode valut un nouveau record d'audience à la série, avec 6,7 millions de spectateurs lors de sa première diffusion.

L'épisode contient la seule scène commune répertoriée entre Bronn et Cersei.  Lena Headey et Jerome Flynn avaient rompu en très mauvais termes et leurs contrats prévoyaient l'absence de tournage commun.

Entièrement d'accord sur le très bon choix que constitue Ciaran Hinds. Le type a un charisme indéniable (dans une série qui ne manque pourtant pas de fortes personnalités !).

C'est très bien de créer des langues nouvelles mais on n'y comprend jamais rien. Je ne parle ni le dothraki ni la valyrien donc les personnages pourraient causer en patagon septentrional, ce serait pareil pour moi !

J'ignorais ce petit détail entre Mrs Headey et Mr Flynn mais ça n'en donne que plus de vérité à l'hostilité entre leurs personnages !

Je lis que Shannara a donné lieu à une production. J'ignorais là aussi que ce cycle avait été adapté.

C'est en tout cas une critique fort plaisante à lire et qui me stimule pour rester à niveau !

Estuaire44 a écrit:

Ils n'ont jamais été aussi proches...

Scénario : Vanessa Taylor
Réalisation : Daniel Minahan  

Résumé
Bran  rêve à nouveau de la corneille à trois yeux et fait une rencontre importante. Arya fait elle une rencontre dont elle se serait bien passée. Sansa fait la rencontre de lady Olenna Tyrell.

Critique
Beaucoup de gens se croisent dans cet épisode qui distribue les cartes pour cette nouvelle saison. Les Stark continuent de beaucoup circuler même si Robb donne l’impression de faire du surplace (impression partagée par lord Karstarck). La sensation est qu’ils sont en mouvement pour ne pas faire du surplace mais qu’ils ne savent ni où aller ni quelle direction prendre ; cela vaut aussi pour Bran. Que son voyage ait une direction ne signifie pas qu’il ait un sens. Chez lui, le rêve tend à prendre le pas sur la réalité.

Margaery est un personnage phare de cet épisode. On peut notamment admirer avec quel sang-froid elle reçoit les phrases dures de Joffrey et avec quelle maestria elle retourne la situation pour qu’il lui mange dans la main ! Le « romantisme » du roitelet est aussi mince que sa sous-estimation de sa fiancée est grande. Pour une fois, Cersei se montre pertinente dans son analyse mais, une fois encore, son fils ne l’écoute pas. La communication n’est pas le fort des Lannister. Margaery initie aussi la rencontre de Sansa avec sa grand-mère, lady Olenna Tyrell. On peut trouver étrange que l’actuelle fiancée du roi veuille se faire une relation de celle qu’elle a supplanté mais la manipulation semble un trait de caractère de cette jolie tête qui s’entend à se faire passer pour écervelée mais ne l’est pas du tout. Le regard aigu que jette Natalie Dormer à Sophie Turner illustre l’acuité du personnage de la première. Malgré toute sa prudence, et la langue de bois qu’elle a dû manier depuis des mois, Sansa n’est qu’un jouet entre les mains des deux Tyrell. Outre que lady Olenna a une langue bien pendue (ce qui donne une impression de franchise et donc de sympathie), elle est aussi, éminemment chaleureuse et, ça, c’est quelque chose dont Sansa a été privée depuis longtemps. Ajoutons que le charisme de Dame Diana Rig achève d’en faire un personnage fort !

Faire des rencontre, c’est la dernière chose que Brienne de Torth, qui traîne toujours Jaimie, voudrait faire mais on ne fait toujours ce qu’on veut. Cet attelage atypique est absolument savoureux à regarder avec des échanges aigres-doux formidables. Nikolaj Coster-Waldau montre que, malgré sa situation, le Régicide s’amuse mais n’oublie pas de jauger en tout temps la situation. Il trouve cependant son maître à l’épée.

Informations supplémentaires :
Retour de Nikolaj Coster-Waldau, Maisie Williams et Alfie Allen.
Rory McCann au générique.
Est-il nécessaire de présenter Diana Rigg (lady Olenna Tyrell) ?
Michael McElhatton/ Roose Bolton : acteur irlandais,  pour la télévision, il a joué dans  : Titanic, de sang et d’acier (2012), Ripper Street (2013), The Fall (2013), Chernobyl (2019). Au cinéma, il a joué dans Les acteurs (2003), La guerre de l’ombre (2008), Le roi Arthur : la légende d’Excalibur (2017).
Absence d’Emilia Clarke,  Ian Glen, Aidan Gillen et Charles Dance.

Bien aimé cet épisode mettant l'accent sur certains des couples et personnages atypiques de la série (Jaime / Brienne, Arya / Gendry). Mais aussi sur les dames de la Maison Tyrell, qui ont toujours compté parmi mes protagonistes préférés. Toute la encontre avec Sansa est supérieurement dialoguée et interprétée, Natalie Dormer et DDR sont tellement parfaites pour leur rôle, c'est à peine croyable. Et puis le jardin de ces dames est une splendeur visuelle, comme si un fragment de Hautjardin avait été transporté à Port-Réal. C'est tout à fait comme cela que je voyais la capitale du Bief, ce grenier à blé de Westeros, lieu de richesse et de culture raffinée. Splendeur des costumes également. L'épisode sait prendre le temps d'introduire de nouveaux personnages, au service des intrigues de la nouvelle saison.

Le titre originel est un dicton de Westeros, selon lequel les messages délivrés en urgence par vol de corbeau apportent souvent de mauvaises nouvelles. Le Jeune Loup est copieusement servi de ce point de vue là !

L'épisode et le pilote de saison ont le même réalisateur (Daniel Minahan), ce qui facilita un redécoupage après tournage. le pilote étant jugé plein à craquer, toutes se scènes d'Arya furent ainsi déplacées dans celui-ci.

Une nouvelle fois, des commentaires très explicites sont prononcés sur la nature de la relation entre Renly et Loras, alors que les romans demeurent toujours parfaitement élusifs là-dessus. La série est bien toujours produite par HBO.

La tête d'ours visée par la petite ordure est celle de l'animal ayant tué Robert Barathéon en saison 1. Ce détail est mis en place par la série, pas par les romans.

Les somptueux jardins ou se déroule l'entrevue absolument sans arrières-pensées et toute en sororité entre Sansa et les Dames Tyrell sont ceux de l'Arboretum de Trsteno, à proximité de Dubrovnik. Fondé au XVe Siècle, il s'agit de l'un des jardins botanistes les plus anciens au monde, on peut y trouver des arbres ayant plus de 500 ans. Il fut créé par un riche famille d'armateurs italiens, ayant rassemblé par leurs vaisseaux et ceux-d'alliés toute une collection de pantes provenant de toute la Mer Méditerranée, mais aussi de terres lointaines. Assemblé avec beaucoup de goût, l'Arboretum est considéré comme l'un des plus beaux jardins de la Renaissance.

Ce décor diffère totalement de celui des romans, la rencontre y ayant lieu dans l'une des tours du Donjon Rouge, le cœur de la résidence royale. Pour une fois, je ne vais pas me plaindre d'un irrespect de l’œuvre !

Scénario : David Benioff et D.B. Weiss
Réalisation : David Benioff

Résumé
A Port-Réal, Tywin distribue postes et missions. De son côté, Daenerys fait son marché.

Critique
L’action n’avance pas beaucoup dans cet épisode qui est en revanche très bien réalisé par un des deux showrunners. David Benioff anime avec beaucoup de réussite un opus qu’il a moyennement coécrit. Pour se faire pardonner ? Très appréciable, et même dotée d’un certain humour (pour les canons de la série) que cette scène où, en l’absence de tout dialogue, Lord Baelish, Pycelle et Varys puis Cerseï et Tyrion s’assoient autour d’une table. Il y a tout un jeu de pouvoir dans ces maniements de chaises et on peut être certain que Tywin n’en a rien perdu. S’il n’aime pas son fils cadet, il n’est pas idiot pour autant et le fait Grand Argentier ! Notons que c’est, avec le poste de « Main du Roi », le seul « Office de la Couronne » dirions-nous à être mentionné. Aucune spécialisation dans les personnes présentes. On est dans un fonctionnement typiquement médiéval. C’est après une très longuette scène de maison close et ses femmes nues que le spectateur apprendra avec le sourire comment « Littlefinger » finance la Couronne depuis des années. Ce n’est pas par magie qu’il trouve l’or bien sûr. On pense à Jacques Necker qui finança la monarchie française à coups d’emprunts dans les années 1780. On sait comment les choses finirent. Non seulement, Westeros est en guerre civile, mal gouverné mais, en sus, le Royaume n’a plus un radis et est lourdement endetté.

Guère plus argentée, Daenerys a, par contre, une monnaie d’échange pour payer les Immaculés et une servante en supplément. Le sourire en coin de la souveraine exilée montre cependant qu’elle a une idée derrière la tête ; probablement comment tout obtenir sans rien laisser. Elle montre aussi combien la conscience de son rang et de la dignité qui va avec a progressé en elle à la façon dont elle rabroue Jorrah et Barristan. Dépourvue de pouvoir réel, c’est par le symbole que Daenerys peut se faire reconnaître et obéir. Le symbole de sa résurrection du feu était une chose ; soutenir son rang chaque jour sans hypothéquer l’avenir en est une autre. Mais elle démontre qu’elle en a bien plus en tête que son malheureux frère n’en a jamais eu. Elle ne se paye pas de mots. Elle construit.

De leur côté, Brienne et Jaimie forment plus que jamais un duo (d)étonnant. Capturés à la fin de l’épisode précédent, ils commencent par un échange de formules acérées mais la suite montre que, sous son vernis cynique, le Régicide a été sensible au courage de sa geôlière. Mais son habileté ne le protège pas du coup d’épée qu’il n’a pas vu venir. Une scène qui constitue un final d’autant plus brutal !

Informations supplémentaires :
Historiquement, « l’allée des châtiments » est basée sur les conséquences de la rébellion des esclaves de Spartacus contre Rome. Après la défaite de Spartacus dans la bataille contre Crassus et Pompée, 6 000 rebelles survivants ont été crucifiés le long de la voie Appienne de Capoue à Rome.
La chanson chantée par les hommes de Locke et jouée pendant le générique de fin est « The Bear and the Maiden Fair », une chanson grivoise populaire à Westeros sur un ours velu qui, en se rendant à une foire avec un groupe de trois garçons et une chèvre, sauve une jeune fille qui espérait un chevalier. Et dans cet épisode, il est chanté par le chanteur principal de Snow Patrol, Gary Lightbody.
Le premier épisode de la série réalisé par les scénaristes de la série David Benioff et D.B. Weiss, est aussi le premier de la série à avoir plusieurs réalisateurs. Les consignes de la Guilde des réalisateurs les empêchaient d’avoir leurs deux noms crédités pour l’épisode ; ils ont donc convenu que Benioff sera le seul réalisateur crédité de celui-ci, tandis que Weiss sera crédité pour le prochain épisode qu’ils réaliseront ensemble dans la quatrième saison.
Nathalie Emmanuel/Missandeï : actrice anglaise, vue à la télévision dans Hollyoaks (2007-2010), Casualty (2011), Die Hart (2020). Au cinéma, elle a joué dans Fast & Furious 7 (2015), Le Labyrinthe- La terre brûlée (2015), Fast & Furious 8 (2016), Le Labyrinthe- le remède mortel (2018), Fast & Furious 9 (2021)
Noah Taylor/ Locke : acteur anglais vu au cinéma dans Lara Croft-Tomb Raider (2001), Lara Croft Tomb Raider-Le berceau de la vie (2003), La vie aquatique (2004), Charlie et la chocolaterie (2005), Des hommes sans loi (2012), Skyscaper (2018). Il tourne aussi pour la télévision : A cœur ouvert (1990), Inspecteur Morse (1991), The Borgias (2012), Peaky Blinders (2014), Agatha Christie-Dix petits nègres (2015), Preacher (2017-2019).
Absence de Sophie Turner, Jack Gleeson, Natalie Dormer.

Pas l'un des épisodes les plus marquants de la saison (hormis évidemment pour sa scène choc finale), ce qu'il aurait dû être, compte tenu de l'implication directe des showrunners. Mais il vaut néanmoins par l'introduction somme toute réussie des Tully, Maison suzeraine du Trident, ce lieu stratégique du conflit. Hormis les résidentes hors de Vivesaigues (Catelyn, cette dingue de  Lysa), les Tully étaient absents jusqu'ici et j'ai bien aimé le contrepoint des auteurs  évitant la surenchère qui consisterait à introduire de nouveaux redoutables champions. Parce que Edmure est à peu près nul et qu'il évident qu'il ne fera pas le poids dans la crise en cours. Le Silure est plus solide, mais il est clair qu'il n'y croit pas, à la Guerre du Jeune Loup. Cela s'agrège judicieusement à l'hyper réalisme  faisant le sel de l'opus : tout est laid, puant, absolument dépourvu de l'éclat propre  à la Fantasy selon Tolkien. Le Conseil de la Main et sa petite comédie à la Duc de Saint Simon n'est certanement pas non plus le Conseil d'Elrond.

Les showrunners assument pleinement le choix de cette véracité la plus crue caractérisant GoT.  Le Conseil est finement utilisé pour accélérer les informations sur les différents personnages, on gagne du temps. Par contre j'ai regretté que les menées pécuniaires de Littlefinger soient rabaissées à de simples traites sans provisions, dans les bouquins il y a tout un jeu d'investissements et de finances assez subtil. Lttlefinger a un vrai talent, ici nié pour l'essentiel. Maintenant les showrunners estiment visiblement que les spectateurs de GoT ne sont pas là pour des cours de finances ou sur le bancaire comme l'un des moteurs du passage du Moyen-Age à la Renaissance, peut-on vraiment leur donner tort ? Du grand spectacle reste néanmoins apporté par Dani et son péplum festif, mais aussi par l'arrivée de Missandei, dont nul ne se plaindra et certainement pas moi ! Épisode solide, même GoT ne peut pas étinceler à chaque fois, le plus important reste d'éviter le trou d'air, c'est le cas ici.


Pour la scène du Conseil, la chaise de Cersei fut spécialement conçue pour peser moins lourd que les autres, car il s'avéra que Lena Headey n'avait pas la force physique nécessaire pour déplacer les initialement prévues.

Les problèmes de dyslexie du Régicide, également évoqués par Tywin dans The Old Gods and the New, sont de pures inventions de la série. Tant mieux, car Jaime va désormais avoir du mal à se mettre au langage des signes.  

L'épisode accentue grandement la dépendance financière de la Couronne envers la banque de Fer de Braavos, ici évoquée pour la première fois. Dans les bouquins, Baelish a su assurer une plus grande variété de débiteurs et favoriser une cavalerie financière assez avancée pour son époque, via des prêts et investissements croisés. Les premiers débiteurs de la Couronne demeurent les Lannister eux-mêmes (3 millions de Dragons  contre deux "seulement" pour la Banque et son Cartel. La Foi a également été sollicitée, pour un million). En réalité, la dette de Westeros demeure encore majoritairement domestique sous le mandat de Baelish, un gage de stabilité... relative. Il en ira tout autrement avec Cirsei, que toutes ces assommantes questions n'intéresseront jamais vraiment.  

La "marche" du châtiment remplace la simple "place" de l'Astrapor littéraire.  La longueur de la perspective que cela suscite compliqua grandement la localisation du tournage à Essaouira, du fait de la présence de canons inamovibles et évidemment anachroniques pour Essos. Il fallut dissimuler chacun  d'entre eux, mais la série avait désormais du budget.

Ser Barristan indique à Ser Jorah avoir participé à trois guerres. il s'agit de la Guerre des Rois à Neuf Sous, de la rébellion Greyjoy et enfin de celle de Robert Barathéon.  

Tyrion évoque une position sexuelle complexe dite "Noeud de Meereen". il s'agit d'un clin d'oeil aux importantes difficultés d'écriture que connut Martin pour boucler A Dance with Dragons. De nombreux personnages narrateurs se rencontrent alors dans la rieuse Meereen, d'où une grande complication pour narrer des évènements se déroulant ailleurs. Cela retarda officiellement la publication du roman d'un an, car il fallut jouer avec la chronologie des différents protagonistes pour s'en sortir. Cela permit surtout à Martin de justifier ce retard sans mettre en cause sa participation grassement rémunérée à l'écriture de la série, elle aussi lancée en 2011 ! (cette dernière phrase est un commentaire très personnel, je souffre, ok ?).

Je suis d'accord sur le côté un peu dommageable de la simplification financière. sans en faire un pensum, une ou deux petites phrases auraient suffi. On va voir maintenant ce que vaut Tyrion en ministre des finances ! Je n'ai personnellement aucun doute à ce sujet car j'ai la plus complète confiance en ses capacités ; tout comme je doute complètement de celles de Cerseï.

J'attends pour me prononcer sur Missandeï.

Allez ! On se colle à la suite ! Pour moi, visionner la série, c'est du tout neuf donc parfois sans doute naïf.

La dernière phrase est toute pardonnée car tellement compréhensible (et partagée).

Scénario : David Benioff et D.B. Weiss
Réalisation : Alex Graves

Résumé
A Port-Réal, Sansa devient un enjeu à son insu. Jaimie passe de biens mauvais moments. Quant à Daenerys, elle réalise un coup de majesté.

Critique
Si certains théâtres semblent peu mouvants, d’autres s’agitent et les lignes de force bougent.

On ne s’intéresse guère aux malheurs de Theon, toujours aussi peu avisé et qui se fait conduire là où son bourreau le veut avec une facilité qui en est pathétique pour lui. Du côté de Jaimie et Brienne, même si leur situation n’évolue pas, une sorte de respect s’établit entre les deux prisonniers. Dans le Nord, la Garde de Nuit s’effondre sous les coups de la faim et du froid. Le final est épouvantable mais bien filmé.

A Port-Réal, en revanche, ça bouge ! Cersei vit très mal l’emprise croissante de Margaery sur Joffrey et s’en ouvre à son père qui l’envoie sur les roses avec une formule aussi cinglante qu’elle est exacte ! Néanmoins, la « reine régente » (vacherie de la future belle-fille envers sa belle-maman hors de sa présence !) a vu juste. Mais que dire quand Margaery fait acclamer Joffrey ? Lequel est sincèrement surpris mais a une nouvelle fois l’intelligence de laisser faire. Quand quelque chose nous dépasse feignons d’en être l’organisateur ! On se surprend à penser que ce couple étrange ne régnerait peut-être pas si mal.



Les jardins de Port-Réal sont un lieu d’intrigues qui y poussent comme des roses. Le pas de conduite de Varys et d’Olenna Tyrell est un moment savoureux mais des choses importantes y sont dites et elles concernent Sansa. La petite poupée devient un enjeu géopolitique de premier plan et une alliance paraît s’esquisser entre « l’Araignée » et la « Reine des épines » . Voir ensuite Margaery fait des amitiés à Sansa laisse songeur : la fille de Ned Stark ne semble pas saisir ce que cachent les manières de son « amie ». La grand-mère et la petite-fille travaillent de concert ! Au passage, la vêture de Sansa et de Margaery est inversement proportionnelle à leur caractère : Sansa est entièrement couverte et ne cache rien quand Margaery porte une robe ouverte et très échancrée tout en dissimulant tout.

De l’autre côté du détroit, Daenerys réussit un « coup de majesté » : un acte de force par lequel le détenteur du pouvoir royal exerce sa puissance. Sous les yeux inquiets d’abord puis stupéfaits de ses conseillers, elle acquiert les Immaculés et massacre les maîtres. Bon sang (Targaryen) ne saurait mentir ! Barristan et Mormont ne peuvent plus douter : la chef d’un clan dothraki est désormais une reine avec une armée et des dragons à sa disposition.

Informations supplémentaires :
La performance d’Emilia Clarke dans cet épisode lui a valu une nomination (sa première) pour la meilleure actrice dans un second rôle dans une série dramatique aux 65e Primetime Emmy Awards.
C’est la première fois qu’un plan large du Grand Septuaire de Baelor est montré. Alors que le septuaire est le décor du point culminant de l’épisode 1-9, seule la moitié inférieure de la structure a été montrée. Le septuaire a été repensé comme un dôme, après être apparu initialement dans un plan large dans l’épisode 1-1 ressemblant à une cathédrale médiévale avec sept énormes rayons.
Le titre de l’épisode « Et maintenant son tour de garde est terminé » est une phrase couramment utilisée à la fin de l’éloge funèbre lors des funérailles d’un membre de la Garde de Nuit.
Thomas Brodie-Sangster/Jojen Reed : acteur anglais, vu au cinéma dans Love Actually  (2003), Nanny McPhee (2005), La dernière légion (2007), Le Labyrinthe (2014), Le Labyrinthe-La Terre brûlée (2015), Le Labyrinthe-Le remède mortel (2018) et à la télévision dans Hitler- La naissance du mal (2003), Docteur Who (2007), Inspecteur Lewis (2011), Dans l’ombre des Tudors (2015), Le jeu de la dame (2020).
Absence de Jérôme Flynn, Aidan Gillen, Richard Madden, Stephen Dillane, Carice Van Houten, Kit Harrington, Rose Leslie

Première des six mises en scènes d'Alex Graves pour GoT, une curiosité en soi pour cette série bien plus proche de Frank Underwood que de Jed Bartlet ! De fait, les événements d'Astrapor sont filmés avec un vrai sens du spectaculaire, tant mieux, car il s'agit du clou du spectacle pour un épisode assez peu « flamboyant » par ailleurs. Dani devient une vraie reine Targaryen, tandis que l'on entend véritablement pour la première fois du Haut Valyrien, un effet joliment combiné. Fin assez misérable pour le Vieil Ours, pourquoi pas mais le personnage aurait mérité mieux qu'une vulgaire mutinerie. On sent qu'il est prestement évacué pour laisser la place à Snow, dommage. L'épisode se trouve néanmoins une thématique autour de la trahison et de la vengeance, avec des dialogues souvent intenses (notamment entre Varys et Tyrion). La Rose Tyrell s'épanouit dans les jardins de Port-Réal, et on aime ça. Growing Strong.

La devise Tyrell "Growing Strong" est vue écrite, pour l'unique fois de la série concernant l'ensemble des maisons. Les devises sont seulment entendues dans le reste de la série.

Les remparts d'Astrapor sont ceux qui avait été construits pour figurer Jérusalem dans le film Kingdom of Heaven (2006).

Durant le tournage de la scène entre Cersei et Tywin, le micro de Lena Headey se détacha malencontreusement au sol et apparut à l'image, mais les deux comédiens, totalement immergés dans leur rôle, continuèrent comme si de rien n'était. Alex Graves fut issi impressionné par leur performance qu'il préféra ne pas retourner la scène, et le micro fut effacé informatiquement.

Emilia fut proposée aux Emmy pour cet épisode (second rôle), ainsi que DDR, dans la catégorie meilleure invitée. Elles seront respectivement battues par Anna Gunn (Skyler White dans Breaking Bad) et Carrie Preston (Elsbeth Tascioni dans The Good Wife).

Dans les bouquins, Varys n'est jamais parvenu à retrouver le sorcier l'ayant castré. Ros est une invention de la série, en réalité Varys n'est jamais au courant du complot de Littlefinger concernant Sansa. Varys ne discute pas non plus de Sansa avec Olenna dans les romans,où, en réalité, il ne s'intéresse jamais à elle. La mort de Mormont est également très simplifiée (voire expédiée) vis-à-vis des romans.

Les statues des Sept sont montrées comme de facture antique ou Renaissance, avec l'Olympe comme référence. Les corps sont montrés, mais cela semble contradictoire avec la Foi, qui évoque bien davantage le Catholicisme médiéval, ayant un tout autre rapport avec la nudité. Les bouquins ne décrivent jamais précisément ces statues.

Je ne me souvenais pas que Varys ne s'intéressait pas à Sansa dans les romans mais je trouve que c'est une bonne idée que la série le mêle à cette intrigue car cela multiplie les intervenants donc rend la situation plus imprévisible et donne plus d'intensité aux scènes où apparaît Sophie Turner qui rend magnifiquement compte de la naïveté (sans stupidité) de son personnage. Sansa a "juste" besoin qu'on lui dise qu'on l'aime ; ce que font très exactement les Tyrell.