Série "House of Cards"

Assez déçu par l’ultime saison de House of Cards, globalement. Même si je comprends les raisons (parfois morales, parfois cyniques) de l’éviction de Kevin Spacey, non, le miracle ne s’est pas produite : la série ne se remet pas véritablement d’un twist majeur aussi imprévu et ne parvient  pas à faire l’économie de la prestation inouïe de l’acteur. L’ensemble de la distribution demeure toutefois de qualité et Robin Wright même un superbe combat pour porter le programme sur ses seules épaules, j’ai d’ailleurs fini la saison avant tout pour cela. Ce n’est pas seulement la dimension quasi surhumaine qu’insufflait Spacey qui manque, mais aussi toute la passionnante dynamique du couple abyssal et complexe que formaient les Underwood. Sans Francis, Claire est terriblement diminuée, comme dirigeante, mais aussi comme personnage (l’inverse aurait été tout aussi vrai). Une bonne part de la magie méphitique et fascinante de la série s’en est allée.

Confrontés à une situation impossible, les auteurs ont eux aussi vaillamment mené leur combat. Ils ont eut une excellente idée : faire de mauvaise fortune, vertu, en transformant la disparition ridiculement soudaine de Francis en énigme quasi policière, cela permet de maintenir le personnage dans les débats, tout en jouant au jeu du Whodunnit. C’était bien joué, mais la concrétisation s’avère malheureusement à peine meilleure que ce que nous avait proposé dans ce domaine la dernière saison de The L Word. On ne structure pas l’affaire, on en reste à des allusions éparses frustrant un spectateur qui, tout au long de la saison, ne sait en définitive pas ce qu’il est survenu à Francis, tout comme jadis pour Jenny. Tout se joue sur la révélation e la clef de l'énigme, bien entendu lors de la dernière scène du dernier épisode, et malheureusement tout y sombre dans le grotesque et le grandiloquent, avec un hubris shakespearien hautement improbable, jamais convaincant. Plouf !

Il faut dire que cette dernière saison accentue des défauts déjà préexistants. Ainsi le réalisme de situations politiques continue à décroître au profit d’une hyperbole proche du soap opera. entre assassinats et rebondissements rocambolesques, on n’y croit plus. Le récit devient toujours plus fragmentaires, on passe d’une scène à l’autre sans que le hiatus les séparant soit toujours réellement explicité. On fonctionne par instantanés, avec une mise en scène en tableaux s’ajoutant à l’artificialité des postures. Tous les éléments autres que l’intrigue autour de la mort de Francis s’y voient sacrifiés, ne lui servant que de décors parfois bâclés (tension internationale, antagonistes politiques). Les apostrophes à travers le Quatrième Mur de Claire m’ont également paru davantage sentencieux que ceux de Francis. Claire aura toujours eu du mal à s’avouer qu’elle est une ordure, tandis que son mari se vautrait avec malice dans la canaillerie cynique, c’était plus amusant. Mais, en définitive cette saison est peut-être tout bonnement la saison de trop, au-delà de la conclusion escamotée du combat i acharné entre Franck et le Destin. (**)

Le plus dingue serait de porter plainte pour diffamation et mise en péril d'une carrière !