Séries Marvel

Après quelques déclaration sibyllines sur le fait qu'i n'était plus l'homme de la situation pour Avengers 3 et 4 et la fermeture inexpliquée de son compte twitter en pleine promo du film, il se confirme que Joss Whedon quitte bien Marvel après une brouille. Après un break on peut espérer le retrouver sur des projets méritant vraiment son talent (du côté de Gotham City, par exemple)

Il a évoqué l'envie de prendre une année sabbatique, son départ de Twitter est peut-être lié à cela. Je pense qu'il le rouvrira quand il relancera un projet. Renoncer aux Avengers  pour s'occuper ensuite du SHIELD je n'y crois pas trop, c'est souvent tout ou rien avec lui.

Enfin vu ce jour The Avengers Age of Ultron et il était grand temps : nous étions exactement quatre dans la grande salle, c’était plutôt Avengers dissemble, l’ambiance. Bon, le film  m’a davantage plu que le premier. Le scénario reste assez mécanique, veillant scrupuleusement à ee que chaque Avenger ait au moins sa scène de baston et sa scène lacrymale, mais il a au moins le mérite d’exister (parce que, bon, dans le premier…). On passe d’une baston à l’autre avec un peu d’histoire entre les deux, c’est mieux que de la bagarre non stop. Avec Marvel on apprend à se contenter de peu point de vue intrigue et à visionner chichement. Le scénario reste grevé de pludieurs grosses ficelles et raccourcis gênants, tels la résurrection express du SHIELD, après Le soldat de l’hiver. « J’ai accompli un miracle ou deux » commente laconiquement Fury, chapeau bas. Ultron manque de peps comme Big Bad : ses dialogues sont d’un intérêt variable et la qualité de l’animation informatique ne remplace pas, à mon sens, une interprétation humaine. Il ne fait pas d’ombre à Loki et évoque parfois l'Adam de Buffy..

On le sait, hormis pour Tony Stark les films Marvel sont au cinéma de super héros ce que la cuisine industrielle est à la gastronomie,. On y privilégie la quantité à la qualité et cela se vérifie ici. Alors que le film a déjà un nombre insensé de personnages, on en rajoute encore deux de plus, histoire de faire bon poids en matière de SFX. Vif Argent n’a pas vraiment d’existence tant il s’agit d’un clone ectoplasmique du Flash (de mon pote Barry Allen,  en particulier). La Sorcière rouge est déjà plus intéressante. mais j’ai été estomaqué de voir à quel point leur background a été effacé, alors qu’ils ne sont pas des clochards des Comics Marvel, bien au contraire. Visiblement décision a été prise en haut lieu de ne créer aucune connexion entre Avengers et X-Men. Dans l’Univers Marvel cinématographique on veut bien entasser, mais pas complexifier, faut pas pousser mémé dans les orties non plus.

The Vision est affublé d’un costumé de l’Age  d’or des comics totalement ridicule car hors sujet, je pense que le Joss a voulu faire dans le référencé, mais à ce niveau  je ne peux pas  suivre, j’ai mes limites. Sinon les films Avengers évoquent souvent des gares de triage, les protagonistes ayant à gérer le prolongement de leur dernier film ou à annoncer le prochain.  A ce petit jeu, le Puissant Thor se montre particulièrement pathétique, consacrant les quatre cinquièmes de sa prestation à assurer la retape de son prochain film, sans finesse aucune. J’ai bien rigolé devant le Dieu du Tonnerre transformé en homme sandwich.

Oui, mais Age of Ultron ce n’est pas qu’un indigent potage, le film a de solides arguments à faire valoir, si, si. Comme toujours les films Marvel peuvent compter sur leurs épatants comédiens pour sauver la mise; On peut regretter que de tels talents se consacrent à des films pareils, mais leur total professionnalisme force réellement le respect, ils ne se contentent pas de palper. C’est notamment le cas pour la toujours formidable Scarlett, tandis que  Liz Olsen est une vraie révélation. En champion  toutes catégories de la direction d’acteurs, Whedon intègre parfaitement qu’il serait contreproductif de nier que l’immense Robert Downey Jr. domine outrageusement les débats. Il opte judicieusement pour placer le passionnant Tony Stark au cœur du scénario, bien davantage que le fade Captain America, supposément leader des Avengers. Le Joss envoie aussi massivement du bois question mise en scène. Les scènes de combat s’avèrent souvent épiques, même si la référence demeure à mon avis Man of Steel.

Son talent de dialoguiste, en matière d’humour ou d’émotion, nous transperce régulièrement. La scène de l’appel aux armes entre Œil de faucon et la Sorcière m’a saisi au cœur. Whedon a bien soigné ses personnages féminins autant qu’il l’a pu, les procès faits là-dessus ne tiennent pas la route. J’ai bien aimé qu’il insère une référence directe à la série Agent Carter (jolie apparition de la demoiselle), mais pas à la sienne propre, c’est élégant. Surtout on perçoit que Whedon s’est (cette fois…) battu opiniâtrement contre la mécanique Marvel arrachant de ci de là quelques précieuses scènes : rencontres d’une soudaine richesse humaine, mis en abime des super héros ou troublantes explorations oniriques, rappelant quelques grands moments de Buffy (pas de fromage, tant pis). Autant de gemmes trop fugitives, mais évoquant autant de Forts Alamo : Age of Ultron enthousiasme davantage par ce qu’il laisse entrevoir des combats de l’arrière cour.

Au total j’aurais mis (**) avec un autre aux commandes, mais là je mets (***). Avec le premier Avengers, Whedon m’avait déçu pour la toute première fois, cela m’avait fait mal car c’était une sorte d’abdication. Ici il remonte sur le ring et rend coup pour coup. Il ne remporte certes pas le match mais à l’impossible nul n’est tenu. Il quitte l’univers cinématique Marvel la tête haute, telle est l’excellente nouvelle d’Age of Ultron.  Cela me fait considérer Agents of SHIELD avec davantage d’intérêt, en attendant impatiemment son prochain ouvrage.

Sentiments mitigés concernant le Pilote d’Agents of SHIELD. Certes On y retrouve pleinement la griffe du Whedon dialoguiste (comme souvent les échanges claquent au vent et se révèlent souvent plaisamment référencés) et metteur en scène, avec une hyper efficacité d’une mise en scène par ailleurs visiblement à l’aise question moyens. On se situe très loin du budget du pilote de Buffy... Par contre la construction de l’intrigue pose problème. La fonction du pilote d’une série est de présenter l’univers du show tout en racontant une histoire. Ici l’univers est déjà connu, c’est celui des Avengers et des films Marvel, ce qui restait à présenter, ce sont les personnages, les fameux Agents du SHIELD. Or Whedon y consacre en définitive fort peu de temps, préférant saturer le récit d‘action et asséner par tous les moyens possibles que oui, bon, les Avengers ne sont pas là, mais ils ont tout autour, ne partez pas. Revenez !

On consacre davantage (ou presque) de scènes à évoquer des absents qu’à dépeindre les présents. De fait tous les agents se résument des silhouettes et à des clichés (l’homme d’action, les scientifiques geeks, la vétérante avec trauma, bon au moins celle-ci a de la classe). Ou la série n’a rien de plus à dire sur eux, et ça va être un peu court, ou le pilote n’a pas fait son boulot. En tout cas niveau perso, cela ne donne guère envie d’aller plus loin. Les deux exceptions sont Coulson, que l’on connaissait déjà il est vrai (personnage et interprètes toujours sensationnels, on se régale) et la belle Skye, forcément développée puisque le Joss nous fait le coup bien rodé de la découverte d’un univers par un personnage extérieur. Le spectateur doit pouvoir s'identifier à elle. On pressent que ces deux-là, et éventuellement May, vont être le moteur de la série.

L’histoire du jour a été maintes fois vu ailleurs, mais au-moins elle se déroule efficacement. on y néanmoins une faiblesse, le SHIELD s’intéresse à l’explosion, découvre plein de matos chelou dans le bâtiment, mais… ne prête jamais attention à la survivante, celle qui pourrait les renseigner sur le pourquoi du comment. En plus la dame n’est pas vraiment cachée : elle donne des interviews à la télé. On suggère à Fury d’embaucher Sherlock, he is needed. Le plus triste est de constater à quel point Whedon démine contentieusement tout l’aspect ambivalent que pourrait représenter le SHIELD. Il kidnappe une sonneuse d’alerte, c’est pour son bien (vraiment), il séquestre un citoyen dans la Zone 51 locale, c’est pour son bien (vraiment), ils sont tous sympas et cools (vraiment).

Le parcours de Skye est à l’avenant, au départ une héritière moderne des Lone Gunmen (jusqu’au van bourré de high tech, en plus propre, j’en ai pleuré des rivières), pour au final se rallier aux Hommes en Noir, et avec le sourire. Consternation. Il fut un temps où Whedon créait l’Initiative, bon, qui valait ce qu’elle valait et qui n’était pas synchrone au Buffyverse, mais qui sollicitait le spectateur quant au rôle imparti aux Autorités. Ici foin de conspirationnisme dérangeant, Whedon fait du Marvel pur sucre, une histoire pour bons fanboys qui ne sont plus là pour mater des bastons, que pour se poser des questions. Ah, ah, Frohike and Co devenir Agents du FBI ? Non, "nous sommes restés fidèles".

Sinon on trouve des à cotés sympas, Hill est en grande forme (finalement je vais signer, moi aussi), la vision de Paris est tellement cliché que cela en devient franchement marrant, J. August Richards on l’aime et il a progressé. Mais la série a du pain sur la planche, ici elle reste d’un intérêt limité même si son formalisme est impeccable. Quid quand Whedon se sera éloigné ? (***, pour Clark Gregg, les dialogues et la mise en scène)

Grosse déception qu'Otages en plein ciel. L'épisode est cousu de fil blanc pour souder l'équipe nouvellement créée. Pourquoi pas, même s’ils ‘agit d’un procédé très classique. Le problème est que l’intrigue ne se foule pas des masses, avec un argument minimaliste et jamais convaincant. Déjà on a un arrière plan un peu lourd, avec le SHIELD qui décrète que, non, le gouvernement péruvien ne va pas y arriver, maintenant c’est à nous, voilà.  Le SHIELD se veut une organisation supranationale, bon, dans les faits elle est 100 % américaine. Les Yankees devant se substituer à ces gros nuls d’Hispaniques,  déjà c’est goûteux. En même temps les dits hispaniques sont une bande de soudards ressemblant kif kif à ceux des Nanards des 70’s, alors hein. Pour rester dans la continuité, la chef des méchants nous fait un (semi) plan nichons durant tout l’épisode, jurisprudence Nanarland oblige.  Nos amis Péruviens poilus/bronzés ne sont pas non plus des stratèges (ils ne sont pas américains), tant qu’à se déguiser en rebelles, autant s’en servir pour s’emparer secrètement de l’Artefact avant l’arrivée du SHIELD, non ?

Après tout le passage dans l’avion dénote un scénario bien peaufiné. Le SHIELD ne voit tien venir (nous si) sauf à 7 sec de la félonie, histoire de bien montrer que pas si nuls tout de même. Ils perdent la bataille en deux minutes, mais May se lève et déclare  « Ca va bien maintenant, c’est nous les  Agents of  du SHIELD, On ne va pas se laisser maraver la gueule par les méchants poilus/bronzés, sur lesquels le Chuck se faisait déjà les poignets et les mollets il y a quarante ans ». Et là ils regagnent la partie en deux minutes, de la fine ouvrage adornée de délicats instants poétiques, comme cette explosion laissant un trou de la taille d’un terrain de football dans la carlingue de l’avion. Ce gros porteur peut non seulement se poser sur une piste de terre battue longue de 20 mètres, il peut aussi résister à cette amusante péripétie, tout ceci est cohérent. Avec tous ça les personnages ont toujours l’épaisseur d’un atome, c’est bien, c’est Marvel. On a malgré tout un excellent moment lors du tag d’après conclusion (très Avengers), un truc emprunté aux films, histoire de montrer que, oui, on reste dans le même univers que les Avengers. Le face à face entre Fury et Coulson est hilarant, les deux épatants comédiens sont à la parade. (*)

Oui,, c'est vraiment le grand atout de la série, un peu seul pour l'instant.


La série enregistre un regain bienvenu avec Gravitonium, avec une qualité à la hausse. Jamais elle n’aura autant ressemblé à Alias que durant l’infiltration menée par Skye, c’est amusant, d’autant que la mise en scène est rythmée à souhait et les moyens, une fois encore, se montrent conséquents (bon, encore un semi plan nichons au passage...). On a enfin un méchant digne de ce nom à se mettre sous la dent, classieux et même ambivalent. Bigre ! l’épisode se montre efficace mais vaut surtout pour deux personnages, le professeur nous valant un sacré twist et, as always, Coulson, qui m’a littéralement quand il passe d’un coup d un seul en mode badass total. Si Skype campe une Sydney débutante, Coulson fait très Jack Bauer quand il précipite le Prof vers son destin. j’ai beaucoup aimé, la série devrait décidément s’intituler «  Agent Coulson ». Les scènes entre les deux personnages se montrent captivantes.

Bon, tout n’est pas parfait, si May montre en intérêt les deux Geeks et l’homme d’action restent au plancher. L’intrigue joue beaucoup sur le fait que l’on puisse croire à la trahison de Skye, ce qui ne survient jamais. On a aussi droit à des accélérations foudroyantes, comme Ward et Coulson qui passent d’un coup d’un seul de la plage... à la salle où est retenu le prof ! Et puis les pudeurs de jeune fille quand il s ‘git de respecter unepropriété privé, quand à l’épisode précédent on n’hésitait pas à piller le Pérou... un épisode pas exceptionnel, mais tenant la route.(***)

Episode inégal qu’Eye Spy. Son atout premier demeure le jeu sensible de l’actrice incarnant la jeune ex Padawan de Coulson, d’abord inquiétante puis émouvante. L’effet d’emboitement des Big Brothers marionnettistes conduit à un bel effet de paranoïa mais sur ce coup là l’épisode est largement battu par le Mauvais sang des X-Files. En matière de situations totalement démentes Jeffrey Bell ne saurait rivaliser avec Darin Morgan, d’autant que le scénario croule sous les explications techniques ôtant une bonne partie de son mystère, dont de son impact, à la conspiration. Pailleurs dans Blood ne jamais savoir qui tire les ficelles accentue l’effet, tandis qu’ici on se doute bien que c’est Hydra. Par ailleurs l’aspect technologique hypertrophié induit une autre faiblesse, car les Agents prennent beaucoup trop facilement l’ascendant, réalisant trop de prodiges en trop peu de temps (lunettes, remonter l’émission, leurrer le Big Brother, opération chirurgicale…). A vaincre sans péril , on triomphe sans gloire, il est regrettable que chaque Agent n’ait qu’à dérouler assez tranquillement, y compris Coulson. (**)

C’est vrai que j’étais ado que je lisais déjà des Comics où des Messieurs Dames pétillants d’humour concluaient leur présentation par des phrases du type «… et mon nom signifie la  Mort pour quiconque s’oppose à Hydra !!! ». Cela pose un cadre. Le film Le Soldat de l’Hiver se base aussi beaucoup sur ‘infiltration du SHIELD par Hydra, jusqu’à provoquer une périlleuse scission, on voit bien que la série  s’insère dans la mise en place du film.

Bon, Girl in the Flower Dress confirme que cette série développe comme un discours. Après les Péruviens demeurés aux guérillas des Sixties ou les Biélorusses tellement dépourvus d’Internet que s’il y a un signal, c’est forcément la méchante (véridique), l’épisode nous narre  que les hackers sonneurs d’alerte sont les idiots utiles des terroristes (exactement comme dans la dernière saison de 24, avec ici un guesting sympa en plus), soit des cyniques vénaux. Histoire que le bon peuple comprenne bien, le nom de Snowden est explicitement prononcé, j’ai bien aimé ce souci du détail. On lisse bien dans le sens du poil, le SHIELD est dévoué et sympa. Visiblement ses Agents SHIELD ne sont pas abonnés au Lone Gunman, on se situe juste à 180° d’Au Cœur du Complot et des X-Files sur ces questions. C’est un choix, perso je dédie l’épisode à Invisigoth, la Skye d’avant nos années 2010.

En faisant abstraction de ces considérations nostalgiques, l’épisode se montre efficace. L’intrigue est rondement menée, avec des twists efficaces et des péripéties classiques mais s’appuyant sur une mise en scène au carré et des effets spéciaux efficaces. On n’hésite pas à saupoudrer le tout d’un peu de Gore (léger), avec la crémation mode Mélisandre de la Doc. Le méchoui improvisé permet en outre un prometteur passage de témoin entre ce falot personnage et une nouvelle méchante récurrente autrement plus stimulante. D’autant que l’on se doute bien que la donzelle à perfide douceur dissimule de noirs secrets longs comme le bras. Les Agents se débrouillent plutôt pas mal, avec un Coulson toujours aussi savoureux, l’association avec May fonctionne du tonnerre de Thor. On espère que Skye ne pas porter trop longtemps cet infamant bracelet, on finit par s’attcher à la demoiselle, finalement (***)