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Série "Suspicion - The Alfred Hitchcock Hour"

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Message  Estuaire44 Lun 29 Juin 2015 - 19:08

En septembre 1962, The Alfred Hitchcock Hour va prendre la suite d’Alfred Hitchcock Presents. La structure en anthologie de récits noirs et le rituel de la présentation en prologue puis en conclusion d’épisode par le Maître du Suspense se voient conservés. Toutefois la durée des épisodes augmente, passant de 25 à 50 minutes, afin de mieux s’encadrer dans les grilles de programme américaines, traditionnellement découpées en heures pleines. Contrairement à La Quatrième Dimension, qui tentera pareillement l’expérience lors de sa quatrième saison, en 1963, ce format long va s’imposer. Il perdurera jusqu’au terme de l’anthologie en juin 1965. L’anthologie sait se servir du temps supplémentaire pour enrichir intrigues et personnages, tout en maintenant ses chutes retentissantes. The Alfred Hitchcock souffre d’une moindre présence d’Hitchcock derrière la caméra : de fait celui-ci ne réalisera qu’un unique épisode, I Saw the Whole Thing.

Toutefois l’anthologie continue à bénéficier du renfort d’excellents scénaristes et réalisateurs, mais aussi d’artistes invités de qualité, d’ailleurs souvent également vus dans La Quatrième Dimension : Robert Redford, Vera miles, John Forsythe, Anne Francis, Dean Stockwell, Peter Falk, Angie Dickinson, etc. Parfois considérée comme formant les saisons 8 à 10 d’Alfred Hitchcock Presents, The Alfred Hitchcock Hour va comporter 93 épisodes, diffusés sur CBS jusqu’en juillet 1964, puis sur NBC. En France la série fut partiellement diffusée à partir du 9 octobre 1965 sur la deuxième chaîne de l’ORTF, sous le nom de Suspicion, ainsi que sur 13e Rue, en 2000. Malgré une reprise durant les années 80, tout comme pour La Quatrième Dimension, The Alfred Hitchcock Hour demeure l’ultime avatar de la grande période des anthologies télévisées, le format en séries devenu référentiel achevant de s’imposer au cours des années 60.
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Message  Dearesttara Lun 29 Juin 2015 - 20:07

Ah, tu vas t'occuper de cette série, E44 ? Great, great. J'attends de voir ça. Depuis TZ, les anthologies m'intéressent vraiment.
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Message  Estuaire44 Mar 30 Juin 2015 - 19:38

Petit souci technique, on débute avec l'épisode 5, les quatre premiers s'inséreront un peu plus tard.


Le Traquenard (Captive Audience, 1.05, ***)
Date de diffusion : 18 octobre 1962
Auteur : Richard Levinson et William Link, d’après un roman de John Bingham
Réalisateur : Alf Kjellin

A San-Francisco, un éditeur reçoit des enregistrements successifs de la part d’un mystérieux auteur de romans policiers, Warren Barrow. Celui-ci le met au défi de deviner s’il s’agit d’un récit littéraire ou véridique. Narrée à la première personne, l’histoire raconte comme un veuf dépressif entreprend de se venger de Janet, une séductrice ayant tenté de le manipuler afin qu’il tue son riche mari. L’éditeur fait appel à un autre écrivain spécialisé, afin de déterminer le vrai du faux dans ce qui ressemble toujours davantage à la chronique d’un assassinat annoncé.

Le format long de l’épisode se voit habilement mis à profit, afin de développer l’excellente idée de la nature ambivalente du récit enregistré, réel ou imaginaire. Le doute saisit le spectateur de manière plaisamment ludique, avec une mise en perspective évoquant la puissance quasi magique du littéraire. On songe par moments au grand succès de The Twilight Zone que constitua A World Of His Own, où un écrivain pliait le Réel au gré de son bon plaisir, en une saisissante allégorie. Hélas, cette féconde originalité de l’intrigue se voit battue en brèche par un mauvais minutage, la levée du mystère survenant bien avant la chute finale, alors qu’il y aurait du y avoir concomitance. Il en va du scénario comme du Chat de Schrödinger : ouvrir la boite supprime un fascinant mystère, quelle que soit la vérité révélée. De fait, jusqu’à une conclusion décevante, le récit va devenir considérablement plus classique et prévisible.

La mise en scène demeure sobrement élégante, malgré une présence trop visible des décors. Le passage sur la Riviera évoque d’ailleurs l’univers du célèbre Simon Templar. Le Noir et Blanc se montre somptueux, d’autant que la restitution par le DVD s’avère parfaite. L’épisode se voit de plus porté par un duo de comédiens de très haut vol. Angie Dickinson, encore très jeune, impressionne par la maîtrise de son talent, elle incarne avec flamme la quintessence de la Femme fatale. James Mason restitue à merveille les tourments psychologiques de son personnage, un élément clef de l’opus. Avec une force rare, le couple maudit emplit l’épisode d’une trouble tension psychologique et sexuelle, rendant justice aux textes introspectifs de John Bingham, figure anglaise du Roman noir.


James Mason (Warren Barrow) s’est imposé après guerre comme l’un des plus grands acteurs anglais et hollywoodiens. Sa filmographie compte de plus de 130 films, avec des rôles très variés. En 1958, il incarne le ténébreux Philip Vandamm de La Mort aux trousses, aux côtés de Cary Grant et d’Eva Marie Saint.

Angie Dickinson (Janet) connaît une belle carrière au cinéma mais reste surtout connue pour ses personnages de policière dans les séries télévisées des années 70 (Police Story, Sergent Anderson), où elle tint des rôles pionniers.
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Dernière édition par Estuaire44 le Mar 30 Juin 2015 - 19:50, édité 1 fois
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Message  Dearesttara Mar 30 Juin 2015 - 19:50

Une nouvelle série sur les rails, chouette ! cheers


Angie, Angie... pour paraphraser une autre série, j'ai adoré cette actrice dans Rio Bravo où elle tenait tête au plus plaisant des cowboys machos. Le Chat de Schrödinger ? J'ai appris ce que c'était dans The Big Bang Theory ; j'espère au fond de mon cœur que suivre cette série me vengera de mes conflictuelles années de physique. Laughing
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Message  Estuaire44 Mar 30 Juin 2015 - 19:55

Effectivement j'ai rédigé la critique tout en écoutant Angie ! Laughing

TBBT nous venge de la vie, de l'univers et du reste.
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Message  Estuaire44 Mer 1 Juil 2015 - 1:11

Final Vow (1.06, **)
Date de diffusion : 25 octobre 1962
Auteur : Henry Slesar
Réalisateur : Norman Lloyd

Une figure de la pègre californienne offre une inestimable statuette de St-François, œuvre de Donatello, au couvent dont il fut jadis le pupille. L’œuvre est néanmoins volée à la jeune novice Sœur Pamela, par un petit malfrat. Doutant déjà de sa vocation, Pamela est ébranlée par l’évènement. Elle quitte le couvent, mais va néanmoins tenter de mener sa propre enquête afin de retrouver la statuette, afin de rattraper son erreur. Elle va plonger dans un monde interlope et périlleux dont elle ignore tout.

Le récit souffre d’un manque d’intensité  constant et aurait  certainement bénéficié d’avoir à se cadrer sur un format court. Toute la première partie située au couvent tient de l’imagerie d’Epinal, même si agréablement ensoleillée et californienne. Par la suite l’épisode cherche son chemin et refuse plusieurs options porteuses, comme la comédie pure d’une religieuse  confrontée à la Californie des Sixties, ou l’introspection d’une âme cherchant sa voie et se demandant si elle ne considère par Dieu uniquement comme un refuge face à un monde périlleux (le sujet est à peine esquissé). .Entre ce grand écart le scénario opte pour des propos lénifiants et une enquête paresseuse, se limitant à quelques raccourcis scénaristiques d’une simplicité navrante.

L’édulcoration générale se montre particulièrement pénible au sein d’une anthologie dont on attend des récits s’immergeant dans l’univers fascinant du Roman noir. Pas une seule fois on ne croit pas à la possibilité d’une issue fatale, l’absence de suspense se faisant cruellement sentir. La mise en scène se montre atone , même si l’épisode revêt une agréable valeur documentaire sur le mode  de vie de l’époque. En malfrat de bas étage, Clu Gulager nous épuise rapidement par ses vociférations, plusieurs seconds rôles se voient d’ailleurs interprétés avec davantage d’énergie que de finesse de jeu. Outre une chute astucieuse, l’épisode bénéfice toutefois de la prestation solide de R.G. Armstrong en gangster en quête de rédemption et surtout de la sensibilité à fleur de peau de Carol Lynley, qui parvient malgré tout à rendre émouvante Sœur Pamela, au courage discret mais indomptable

Carol Lynley (Sœur Pamela) fut une actrice populaire dans les années 50 et 60, notamment dans le domaine du Polar, où elle tient des rôles de blonde platine (Harlow, 1965); Elle fut par la suite la vedette de nombreuses séries B d’horreur et apparût également à la télévision (Alfred Hitchcock présente, les Envahisseurs, Kojak, …)

On ne dispose que du titre original de l’épisode,  car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

Série "Suspicion - The Alfred Hitchcock Hour" Pdvd_044

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Message  Estuaire44 Mer 1 Juil 2015 - 20:27

Annabelle (Annabel, 1.07, ****)
Date de diffusion : 1er novembre 1962
Auteur : Robert Bloch, d’après le roman Ce mal étrange de Patricia Highsmith (1961)
Réalisateur : Paul Henreid

Jeune chimiste talentueux, David est secrètement miné par sa rupture avec Annabelle, désormais mariée à un autre. Son idée fixe le pousse à se créer une autre identité, avec laquelle, durant les week-ends, il s’imagine vivre avec Annabelle, dans un charmant cottage. Malgré cela il continue à harceler la jeune femme. Une collègue amoureuse de lui perce son secret, ce qui va faire s’effondrer l’équilibre psychique déjà fragile de David, avec de terribles conséquences.

Egalement adapté par le cinéma français en 1977, avec Depardieu et Miou-Miou dans les rôles principaux (Dites-lui que je l'aime), le fascinant roman de Patricia Highsmith demeure l’un des chefs d’œuvre de cet écrivain profondément singulier,  associant Polar et vertigineuses analyses de psychologies déréglées. Que l’auteure de L’Inconnu du Nord Express ait toute sa place au sein de l’anthologie relève de l’évidence, mais il n’en demeure pas moins que transposer tout un ouvrage au format d’un épisode de série télévisée fait encourir le risque d’une simplification des personnalités et des postures. De fait, l’opus n’y échappe pas tout à fait, avec une particulier une relative schématisation du puzzle complexe et éclaté que constitue la psyché de David. Néanmoins l’excellent choix d’une adaptation confiée à Robert Bloch, aux claires affinités avec Patricia Highsmith, permet de préserver les grandes lignes et cette impression fascinante de découvrir une mise en abime à la fois foisonnante et froidement cohérente, convergeant toujours davantage vers l’horreur psychologique.

Une difficulté supplémentaire provient de ce que l’on découvre ici de l’extérieur et non de l’intérieur l’esprit schizophrène de David, aimant non pas Annabelle mais le phantasme qu’il se fait d’elle, et implosant progressivement sous le poids de ses fêlures intimes. Fort heureusement, à côté de seconds rôles solidement interprétés (y compris par une étonnante Susan Oliver bien loin d’Orion), l’épisode bénéficie de la performance extraordinaire de Dean Stockwell. Le comédien, totalement possédé par son rôle, sait nous entrainer à sa suite  dans la découverte progressive de la démence de son personnage, jusqu’à un final réellement éprouvant. La mise en scène s’adapte avec intelligence à ce savant dégradé, se montrant d’abord charmante, bénéficiant même d’extérieurs californiens ensoleillés, pour ensuite s’immerger progressivement dans l’univers du Roman noir irrigué par l’aliénation mentale, jusqu’à un plan d’une sécheresse clinique marquant l’irruption de l’horreur à l’état pur. Un très grand épisode.

Dean Stockwell (David/William) fut un enfant star d'Hollywood durant les années 40 (Les vertes années, 1946). Hormis quelques rôles marquants chez David Lynch (Blue Velvet, 1986) et dans Veuve mais pas trop (1988), il reste principalement connu pour le rôle d’Al dans Code Quantum (1989-1993). Toujours actif, il participe notamment à Battlestar Galactica et à NCIS: New Orleans, où il retrouve son complice Scott Bakula.

Susan Oliver (Annabel) reste  une grande figure de Star Trek Classic, en tant que Vina, l’esclave verte en provenance d'Orion apparaissant dans les épisodes cultes The Cage et The Menagerie. Elle est apparue dans une multitude de séries en tous genres durant les années 60 et 70, avant d’être l’une des premières femmes à devenir réalisatrices. En 2014 un film documentaire lui est consacré, Green Girl.

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Message  Estuaire44 Ven 3 Juil 2015 - 11:42

A Piece of the Action (1.01, **)
Date de diffusion : 20 septembre 1962
Auteur : Alfred Hayes, d’après une histoire originale d’Oliver H.P. Garrett  
Réalisateur : Bernard Girard

Duke, homme d’affaires prospère et heureux en ménage, est également un joueur invétéré de poker. Son addiction finit par menacer son mariage. Il décide d’arrêter, d’autant que son rival, le gangster Ed, se montre agressif. C’est alors que Chuck, le jeune frère de Duke, s’avère lui aussi atteint par la passion du poker, au péril de sa carrière d’avocat. Duke va imaginer un complot afin d’empêcher Chuck d’aller plus loin, le faire plumer par Ed, mais les conséquences vont s’en avérer inattendues.

L’anthologie débute par un épisode mineur. Le récit souffre en effet dès le départ d’une volonté trop manifeste de mettre en garde contre la passion du jeu, une intention certes louable, mais rendant vraiment le scénario trop démonstratif. Une semblable mésaventure était également survenue à The Twilight Zone, avec The Fever (saison 1), au résultat équivalent. Mais le recours à un Fantastique sensationnaliste se voit ici remplacé par une chronique familiale passablement mélodramatique. Les événements se montrent très prévisibles, jusqu’à un final sombrant dans le larmoyant. Par ailleurs on ne croit absolument pas à l’idée selon laquelle Duck, afin de stopper le parcours dangereux entrepris par son frère, précipiterait ce dernier dans les bras d’un dangereux gangster. D’autant plus qu’il sait qu’Ed a déjà tué des partenaires du jeu. Tout ceci demeure forcé, d’autant que l’intrigue n’explique jamais vraiment pourquoi Duck ne révèle pas la vérité à son frère sur sa propre addiction et ses conséquences néfastes.

Le spectateur doit aussi subir d’interminables scènes de poker, aux rebondissements visibles à des kilomètres. Au moins s’agit-il du poker classique, peut davantage suivre que durant Casino Royale. On appréciera une réalisation élégante et offrant quelques intéressantes perspectives sur le Californian Way of Life aisé du début des Sixties. Par ailleurs, si Robert Redford n’a guère matière à exprimer son talent, la distribution se montre de qualité, avec un Gene Evans parfaitement à son affaire dans le rôle du pittoresque et brutal Ed. l’ensemble se voit dominé par la très convaincante prestation de Gig Young, acteur talentueux qui apporte autant à l’opus que lors du Walking Distance de The Twilight Zone. La concomitance avec son destin personnel, l’alcool se substituant au jeu, vaut au récit une dimension émotionnelle supplémentaire.


Robert Redford (Chuck) se situe ici à l'orée de sa carrière, encore très télévisuelle (Maverick, Les Incorruptibles, La Quatrième Dimension…), avant de devenir l'une des plus grandes stars d'Hollywood : Butch Cassidy et le Kid (1969), Les Trois Jours du Condor (1975), Out of Africa (1985), Et au milieu coule une rivière (1992)…

Gig Young (Duke) débuta sa carrière au cinéma durant les années 40, où il jouait souvent les faire-valoir du héros. Le succès vint durant les années 50 et60  (On achève bien les chevaux, 1969), notamment par la télévision qui le fit connaître à travers de nombreuses séries (Warner Bros. Presents, Alfred Hitchcock Présente, La Quatrième Dimension…). Au moment du tournage de l'épisode, Gig Young se situe au faîte de sa popularité et est également l'époux d'Elisabeth Montgomery. Malheureusement il sombre dans l'alcoolisme, ce qui ruine sa carrière et détruit son mariage, en 1963. Le 19 octobre 1978, il abat sa cinquième épouse avant de se suicider.

On ne dispose que du titre original de l’épisode,  car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

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Message  Estuaire44 Sam 4 Juil 2015 - 2:43

Chez les fous (Don't Look Behind You, 1.02, ***)
Date de diffusion : 27 septembre 1962
Auteur : Barre Lyndon
Réalisateur : John Brahm

La terreur règne sur  un campus universitaire, où depuis peu un maniaque poignarde de jeunes femmes. Un soir, il tente de  s’en prendre à Daphné, étudiante en médecine, alors que celle-ci se rendait à une soirée. Daphné parvient juste à temps à rallier la maison où se tient la réunion, bientôt rejointe par plusieurs hommes qui pourraient être le coupable : un médecin inquiétant, un trouble musicien, un professeur visiblement très épris d’elle, voire son propre fiancé, étudiant en psychologie fasciné par les tueurs en série. Celui-ci propose à Daphné de tendre une embuscade à l’assassin, où elle servirait d’appât.  

Cet épisode, au titre original qui plaira aux amateurs de l’époque Cathy Gale des Avengers, se révèle un excellent récit d’atmosphère. L’intrigue joue à plein sur l’effet produit par la malheureuse Daphné cernée par un groupe d’individus tous passablement psychotiques et potentiellement dangereux, un élément souligné avec une certaine vulgarité tapageuse par le titre français. La mise en scène relaie puissamment cet aspect, avec sa photographie soignée et quasi onirique. Le tournage en décors mis en valeurs par d’astucieuses perspectives accentue encore cette dimension cauchemardesque, de même qu’une musique parfaitement choisie. Les psychologies pour le moins troublées des joyeux drilles assemblés en cette fatidique  soirée, s’exprime par des dialogues certes volontiers déclamatoires, mais qu’une interprétation judicieusement exaltée exempte de ridicule. On se croirait par moments chez Poe, notamment lors de l’évocation des plus fameux serial killers de l’histoire. Déjà remarquable lors de l’épisode Mirror Image de The Twilight Zone, la talentueuse Vera Miles incarne avec brio une lumineuse Daphné, dont l’éclat et la tempérance contrastent éloquemment avec les prédateurs.

Malgré ces indéniables qualités, la réussite de l’opus demeure imparfaite. Pour devenir parfaitement efficace, le récit aurait du pleinement s’incarner, au lieu de se positionner en simple exercice de style, ce qu’à quoi contribue le manque de crédibilité de l’université présentée. On se croirait davantage chez Agatha Christie, avec ces étudiants manifestement trop âgés et ce milieu universitaire décrit comme très aristocratique. A peine un peu plus d’un an après la diffusion de l’épisode, Berkeley sera devenu le centre d’un mouvement contestataire qui marquera la décennie, une ébullition en cours qui n’est ici évoquée qu’au détour d’une phrase élusive. Par ailleurs le scénario reste assez statique, se limitant souvent à des dialogues entre Daphné et les suspects, sans que l’action n’avance le moins du monde, jusqu’à un final largement prévisible. Surtout Daphné se limite à un simili MacGuffin : elle n’accomplit absolument rien de tout l’épisode, se contentant de converser et de suivre les indications de son fiancé. Un personnage féminin aussi passif et docile correspond sans doute aux conventions du temps, aujourd’hui il détonne.  

Vera Miles (Daphné) débute au cinéma  au commencement des années 50 avant d'accéder à la célébrité avec La Prisonnière du désert (1954). Elle devient la nouvelle muse  d'Alfred Hitchcock, succédant à Grace Kelly (Pilote d’Alfred Hitchcock Présente, 1955 ; Le Faux Coupable, 1956 ; Psychose, 1960). Enceinte, elle dut renoncer à Sueurs froides (1958). Par la suite elle retourna au Western (L'Homme qui tua Liberty Valence, 1962) avant de collaborer longuement aux films de Disney. Durant les années 70 et 80 elle s'orienta vers les séries télé (Columbo, Les Rues de San-Francisco, Magnum, Arabesque, La Petite Maison dans la Prairie...).
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Message  Estuaire44 Sam 4 Juil 2015 - 12:11

Le Chantage (Night of the Owl, 1.03, ***)
Date de diffusion : 4 octobre 1962
Auteur : Richard Fielder, d’après un roman End of the Track, d’Andrew Garve
Réalisateur : Alan Crosland, Jr.

Jim Mallory, un garde forestier, vit heureux en famille, avec son épouse et leurs deux filles, dont l’une, Anne, a été adoptée à 3 ans. Soudain un étranger se présente à Jim, se faisant passer pour un révérend. Or il s’agit d’un maître-chanteur, connaissant le terrible passé d’Anne.  Son père a jadis battu à mort sa mère, avant de se prendre en prison. L’inconnu menace de révéler cette déstabilisante vérité à la jeune fille, à moins que Jim ne lui verse une importante somme d’argent. Mais Jim ne va pas réagir comme il le prévoyait.

L’épisode constitue une éloquente démonstration du savoir faire narratif d’Andrew Grave, nom de plume du prolifique écrivain britannique que fut Paul Winterton. Sans s’immerger dans les abîmes introspectifs du Roman noir, il écrivit néanmoins de nombreux récits policiers ou d’espionnage parfaitement efficaces. Cette habileté se retrouve dans cette intrigue jouant efficacement de plusieurs ressorts. La narration introduit un suspense, certes ne débordant pas d’originalité, mais se montrant palpable quant à la résolution de la crise et sachant le prolonger jusqu’à son terme. Introduire deux maîtres chanteurs, le second autant brutal et psychotique que le premier se montre cauteleux et madré, permet une relance efficace de l’intrigue. On se retrouve de fait non pas face à une seule histoire s’étirant sur 50 minutes, mais à deux récits nerveux et denses.

L’aspect psychologique relaie également avec habileté l’événementiel, avec des personnes plus ambivalents que le portrait initial d’une idyllique famille américaine. Sans jamais le déclarer ouvertement, la mère établit une distinction entre ses filles naturelle et adoptive. L’interrogation selon laquelle la personnalité d’Anne pourrait être influencée par son hérédité date le récit mais apporte un enjeu supplémentaire. Le grand atout de l’opus demeure par ailleurs la bouleversante prestation de Brian Keth, débordant d’amour et prêt à tout pour sauver celle qu’il considère comme sa fille à part entière. Cette dimension paternelle  revêt une résonnance particulière vis à vis de son parcours personnel. On pourra regretter une conclusion trop précipitée et une réalisation très classique, mais l’épisode  demeure prenant de bout en bout.


Brian Keith (Jim) aura précédemment participé à pas moins de quatre épisodes d’Alfred Hitchcock présente. Il connaît une longue double carrière au cinéma et à la télévision, notamment dans les Westerns. Keith reste avant tout connu pour le rôle de Bill Davis dans la série Cher oncle Bill (1966-1971). Il se suicide en 1997, deux mois après que sa fille ait elle-même mis fin à ses jours.
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Message  Estuaire44 Sam 4 Juil 2015 - 15:12

J’ai tout vu (I Saw the Whole Thing, 1.04, **)
Date de diffusion : 11 octobre 1962
Auteur : Henry Slesar, d’après une histoire d’Henry Cecil
Réalisateur : Alfred Hitchcock

Cinq témoins assistent à la collision d’une moto par une voiture ayant brûlé un stop et dont le pilote prend la fuite. L’auteur de romans policiers Michael Barnes  vient néanmoins se livrer à la police le lendemain, affirmant que c’est la moto qui l’a percuté, alors qu’il était à l’arrêt. Le conducteur de cette dernière et Barnes est alors poursuivi pour homicide. Il décide d’assurer sa propre défense lors d’un procès durant lequel il va mener bataille face à des accusateurs dont il pointe les contradictions.


Henry Cecil Leon, comme bon nombreux d’auteurs autant été adaptés par l’anthologie, est Britannique, l’influence d’Hitchcock n’y étant sans doute pas pour rien.  Lui-même un ancien juge, Cecil écrivit des romans procéduraux mettant habilement en valeur le système judiciaire anglais, qui plurent au Maître du Suspense. Durant les années 50, celui-ci tenta d’ailleurs vainement d’adapter l’une de ses œuvres au cinéma, No Bail for the Judge. Cet acte manqué explique vraisemblablement que cet épisode ait été retenu par Hitch pour son unique mise en scène de la série, d’autant que parmi les cinq témoins on retrouve des personnages récurrents de Cecil, tels l autoritaire colonel à la retraite ou le pittoresque alcoolique.

Malheureusement ce choix s’avère décevant, car le réalisateur n’a aucunement l’occasion de mettre en valeur son talent lors de ce récit judiciaire au huis clos ne donnant lieu qu’à des postures vues maintes et maintes fois. On ne se situe jamais au-dessus de la moyenne des séries judiciaires, hormis lors de la scène de l’accident, astucieusement évoquée via les réactions horrifiées des témoins, sans que l’évènement lui-même soit directement vu à l’écran. Pour le reste Barnes manifeste une telle supériorité intellectuelle, que l’on n’éprouve jamais le moindre suspense quant à l’issue du procès.

De fait, la chute finale concerne plutôt la vérité ultime de sa culpabilité, avec une révélation très prévisible. Le format court aurait sans doute mieux convenu à l’intrigue : d’abord ludiques, les témoignages et autres péripéties ultra classiques s’éternisent vite. En définitive, on ne débat durant trois quarts d’heure que pour déterminer si une voiture s’est arrêtée ou non à un stop... Demeure l’impeccable prestation d’un Forsythe pleinement dans son emploi, autour duquel on s’amuse à  reconnaître plusieurs visages connus des séries de l’époque.


John Forsythe (Barnes) reste connu pour le rôle de Blake Carrington dans Dynastie (1981-1989), ainsi que pour la voix de originale de Charlie dans Drôles de Dames (1976-1981). Il fut aussi un acteur apprécié d’Hitchcock, tournant dans Mais qui a tué Harry ? et L'Étau, ainsi que dans Alfred Hitchcock présente.

L’épisode reste le seul de l’anthologie à avoir été réalisé par Hitchcock. Il s’agit de son dernier travail pour la télévision, en tant que metteur en scène.

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Message  Invité Sam 4 Juil 2015 - 15:40

J'avais chroniqué cet épisode ici le 27 janvier 2012, il était présent à tort dans le coffret français les 20 épisodes de "Alfred Hitchcock présente" réalisés par le maître.

https://avengers.easyforumpro.com/t3570-serie-alfred-hitchcock-presente#145303
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Message  Estuaire44 Sam 4 Juil 2015 - 18:18

c'est dommage qu'Hitch ait chois cet épisode constitué à 90% de scène de prétoire très classiques, d 'autre auraient été plus propices à une mise en scène inspirée.   La scène de l'accident reste remarquable, on avoisine le cinéma expérimental.

Le Sauveteur (House Guest, 1.08, ***)
Date de diffusion : 8 novembre 1962
Auteurs : Henry Slesar et Marc Randel, d’après un roman d’Andrew Garve
Réalisateur : Alan Crosland, Jr.

Ray Roscoe, se présentant come un ancien pilote de l’US Air Force, sauve de la noyade le jeune fils de John et Sally Mitchell. Ce couple aisé prend le héros sous son aile, mais Ray rév_le progressivement un côté plus sombre. Finalement prié de quitter les lieux, il exige alors 20 000 ,dollars à John  Il est alors tué lors d’une bagarre avec un autre de ses victimes, évènement qui va plonger les Mitchell dans un cauchemar.

Sur un modus operandi qui ne sera pas sans évoquer Harry, un ami qui vous veut du bien au spectateur contemporain, le scénario sait progressivement instiller une sombre menace auprès de la sympathique famille. La tension va croissant au fur et à mesure que le véritable visage de Roscoe se révèle et que tout tourne mal pour les Mitchell. Portée par une mise en scène dynamique, plus richement dotée en extérieurs californiens qu’à l’accoutumée, cette tension dramatique apporte un plus indéniable au récit. On y retrouve le savoir faire du spécialiste du Polar que fut l’auteur Andrew Carve, déjà discernable dans le précédent épisode Le chantage.

Toutefois les convergences entre les scénarios des deux opus, ainsi que le format long qui entraine les adaptateurs à prolonger l’effet au-delà du vraisemblable, finissent par éveiller un doute chez le spectateur, jusqu’à rendre la chute passablement devinable. Celle-ci perd  également en impact en rompant plutôt qu’en prolongeant le climat oppressant instauré jusque là. On touche là une limite de l’anthologie : contrairement à La Quatrième Dimension : les conclusions s’avèrent jusqu’ici morales, privilégiant le happy ending, jusqu’à en devenir bien davantage prévisibles et édulcorées. Les amateurs de l’anthologie de Rod Serling auront par contre le plaisir de retrouver Bill Mumy, interprétant un enfant autrement plus sympathique que celui de It's a Good Life.

Macdonald Carey (John) participa à ne nombreux films et séries, mais reste surtout dans les mémoires pour le rôle du Dr. Horton, qu’il tint durant près de trente ans pour Des jours et des vies, de 1965 à 1993. Il fut aussi un auteur de poésies et fit paraître ses mémoires en 1991, The Days of My Life.

... problème avec l'insertion de  photos...
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Message  Estuaire44 Sam 4 Juil 2015 - 21:59

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Message  Estuaire44 Sam 4 Juil 2015 - 22:18

The Black Curtain (1.09, ****)
Date de diffusion : 15 novembre 1962
Auteur : Joel Murcott, d’après le roman Retour à Tillary Street, de Cornell Woolrich
Réalisateur : Sydney Pollack

Du fait d’un choc à la tête occasionné par deux voyous, Philip Townsend émerge d’une amnésie de trois ans, durant laquelle ils ‘était bâti une toute nouvelle identité. Sa mémoire en revient  brusquement au traumatisme antérieur, survenu alors qu’il se rendait à son mariage. Tout ce qui a suivi est effacé. Avec l’aide d’un sympathique chauffeur de taxi et de la belle Ruth, rencontrée durant les trois années effacées, il tente dès lors de recomposer le puzzle éclaté que constituent sa vie et sa mémoire. De terribles révélations l’attendent, autour d’un sinistre complot.

Cornell Woolrich fut l’un des grands maîtres du Roman noir, qu’il anima de protagonistes torturés et magnifiques, profondément blessés par la vie et animés d’une inextinguible soif de revanche, à travers lesquels il projetait ses propres fêlures. Son œuvre, d’une intensité et d’une qualité littéraire remarquables, fut celle du genre la plus souvent portée au cinéma. Elle attira  les plus grands, tels Truffaut avec La mariée était en noir, ou Hitchcock lui même avec Fenêtre sur cour. Inévitablement, transcrire un roman aussi complexe et foisonnant que Retour à Tillary Street dans le format d’un épisode d’anthologie induit une certaine schématisation des psychologies et des péripéties. Néanmoins l’immense mérite de l’opus reste bien d’avoir su reconstituer l’atmosphère chère à l’auteur

Le scenario sait à merveille soulever progressivement le « rideau noir » des souvenirs de Townsend, chaque révélation produisant un effet optimal, tout en préservant le cœur du mystère jusqu’à l’ultime minute. Les premières minutes du complexe récit, avant que les premiers points de repères cartésiens ne se mettent en place, s’avèrent réellement vertigineuses. On renoue avec un abîme psychologique et une angoisse existentielle similaires à l’un des plus grands succès de La Quatrième Dimension, Personne inconnue. On comprend que cette approche d’une personnalité fragmentée et en proie à des forces hostiles ait pu séduire Hitchcock. L’épisode sait aussi élargir son point de vue. L’étrange voyage de Townsend s’accompagne de nombreuses rencontres notables, avec des personnages tous parfaitement croqués, du sympathique chauffeur de taxi (excellent Harold J. Stone) au sinistre détective privé antagoniste.

On regrettera simplement que les deux mauvais garçons rencontrés de temps à autres disparaissent sans explication, leur segment n’aura en définitive débouché sur rien. Richard Baschart sait apporter à son personnage une très grande expressivité, laissant magnifiquement percevoir  son désarroi puis sa rage, en même temps qu’une précieuse crédibilité dépourvue d’emphase. La mise en scène du talentueux Sydney Pollack, au métier déjà remarquable, sature l’atmosphère d’électricité, tout en illustrant à la perfection les codes visuels du genre. Judicieusement l’ensemble de l’épisode est d’ailleurs imbibé de sublimes morceaux de jazz, un authentique régal. Même limité à cinquante minutes, The black Curtain se positionne à proximité des classiques du Film noir. Le roman initial fut d’ailleurs lui aussi adapté au cinéma, en 1942, avec Street of Chance.

Richard Basehart (Phillip Townsend) fut un comédien prolifique (Voyage au fond des mers, 1964-1968) mais sa voix riche et profonde lui valut également de devenir le narrateur de nombreux films et séries. Un mois avant sa mort, il assurait encore les annonces de la cérémonie de clôture des Jeux Olympiques de Los Angeles, en 1984.

Lola Albright (Ruth) fut un mannequin avant de jouer dans plusieurs Westerns de séries B durant les années 50 et 60, tout en participant à de nombreuses séries (Alfred Hitchcock Presents, The Man from U.N.C.L.E., Kojak, Columbo…). Son timbre particulier lui valut également de mener une carrière de chanteuse.

On ne dispose que du titre original de l’épisode,  car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.
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Message  Estuaire44 Dim 5 Juil 2015 - 0:55

L’autre homme (Day of Reckoning, 1.10, *)
Date de diffusion : 22 novembre 1962
Auteur : Richard Levinson et William Link, d’après un roman de John Garden
Réalisateur : Jerry Hopper

Durant une soirée donnée sur un yacht, une dispute éclate entre Paul et son épouse, car il est persuadé qu’elle veut le quitter pour un autre homme. Sous l’emprise de la colère, il la jette à l’eau, où elle se noie aussitôt. Les autres convives, ainsi que la police, croient à un accident. Plus tard, poursuivi par le remord, Paul avoue son crime, mais il s’aperçoit que tous refusent sa version, par incrédulité ou crainte du scandale.

Episode très mineur que celui-ci, du fait d’un scénario manquant de consistance et de direction. Une fois la situation posée, l’intrigue ne se développe qu’en rajoutant divers éléments volontiers mélodramatiques et en multipliant les discussions empesées ressassant le même sujet. Dialogues et postures sensationnalistes évoluent entre Santa Barbara et Melrose place. Le jeu solide mais dépourvu d’éclat de barry Sullivan ne suffit pas à animer le spectacle. Parmi les seconds rôles, le shérif Jordan  se détache, grâce à la présence coutumière de Claude Akins.

Les auteurs préférant consacrer leur temps à faire tourner en boucle les déclarations de Paul, les autres seconds personnages se réduisent à de simples silhouettes. Le scénario hésite trop longtemps entre intrigue policière, mélodrame sentimental et satire de la bourgeoisie, sans aucun doute son meilleur sujet, mais hélas bâclé sur le tard. L’option de l’humour noir n’est, elle,  malheureusement jamais retenue, on en reste à un premier degré total.  Le duo Levinson & Link fait ses classes, il se montrera autrement  plus affuté quant à l’aspect social lors des enquêtes du Lieutenant Columbo.


Claude Akins (Shérif Jordan) se spécialisa dans les rôles durs et à forte personnalité. Il apparut dans de très nombreux westerns, au cinéma (Rio Bravo, 1953) comme à la télévision (La Grande Vallée, Bonanza, Gunsmoke, The Riffle Man...). Il fut également une figure familière des séries policières (Les Incorruptibles, Perry Mason, Alfred Hitchcock Présente...).
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Message  Estuaire44 Dim 5 Juil 2015 - 12:00

Ride the Nightmare (1.11, ****)
Date de diffusion : 29 novembre 1962
Auteur : Richard Matheson, d’après l’un de ses romans
Réalisateur : Bernard Girard

Un appel téléphonique nocturne bouleverse la vie du couple modèle formé par Christopher et Helen Martin. Un  correspondant anonyme annonce qu’il va venir tuer Christopher, en souvenir du passé. Helen découvre alors que son mari à un passé de gangster et que d’anciens complices s’étant évadés viennent solder leurs  comptes. Après un premier affrontement, le gang enlève Helen. Pour la sauver, Christopher va devoir réaliser de sanguinaires prouesses.

L’épisode constitue une excellente occasion de vérifier que l’immense talent de Richard Matheson, grande figure de la Science-fiction américaine et pilier de La Quatrième Dimension, ne se cantonne pas à un unique genre. Publié en 1959, son livre, empruntant au Roman noir mais davantage encore au Thriller, brille de qualité qu’il aura pleinement su transposer à l’écran, certainement à l’aide de la maîtrise télévisuelle acquise aux côtés de Rod Serling. L’opus multiplie ainsi les scènes d’action trépidantes, mais aussi les mises à mort d’un réalisme cru, tout en variant les effets : citadelle assiégée de la maison familiale durant une nuit d’angoisse, confrontation urbaine ou encore chasse à l’homme incandescente à travers les collines hollywoodiennes. Le tout s’effectue sans le moindre temps mort, Ride the Nightmare composant jusqu’ici l’épisode où le format long se sera fait le moins ressentir. La mise en scène de Bernard Girard s’adapte impeccablement à la nature électrique du récit, avec une caméra nerveuse à souhait, dont la mobilité souligne la violence des sentiments animant les protagonistes.


A côté des trognes patibulaires idoines des gangsters, Hugh O'Brian effectue une remarquable composition. Son expérience du Western lui vaut d’exceller lors d’affrontements s’inspirant parfois ouvertement du genre, mais il convainc également lors de précieuses scènes davantage introspectives, ou mari et femme s’interrogent et s’interpellent quant à la réalité de leur couple. La lumineuse et sensible Gena Rowlands apporte à cet égard toute une  dimension  supplémentaire  au récit. Elément remarquable, la personnalité de Richard Matheson lui permet de s’émanciper de la formule de l’anthologie d’Hitchcock, exemptant son histoire d’une rituelle chute surprise ici hors de propos. Le regard échangé entre les époux retrouvés s’avère bouleversant. On comprend que la qualité du récit ait également inspiré le cinéma, le roman de Matheson y étant également porté en 1972, avec une délocalisation de l’action dans la riviera française et Charles Bronson dans le rôle principal (De la part des copains, 1972).

Hugh O'Brian (Christopher) fut tune figure régulière des séries de Western, très présentes à la télévision américaine durant les années 50 et 60. Il tint notamment le rôle principal de The Life and Legend of Wyatt Earp, de 1955 à 1961. Ami de John Wayne, il fut également très actif au cinéma. En 1953, il remporte le Golden Globe pour The Man from the Alamo.

Gena Rowlands (Helen) fut l'épouse et la Muse du réalisateur John Cassavetes, avec qui elle réalisa dix films, principalement durant les années 70 et 80. Auparavant elle tint de nombreux rôles à la télévision, jouant aussi bien dans des séries policières que de Western. Elle fut proposée deux fois pour l'Oscar, pour Une femme sous influence (1974) et pour Gloria (1980).

On ne dispose que du titre original de l’épisode,  car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

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Message  Estuaire44 Dim 5 Juil 2015 - 13:55

Hangover (1.12, **)
Date de diffusion : 6 décembre 1962
Auteur : Lou Rambeau, d’après deux histoires, de John D. MacDonald et Charles Runyon
Réalisateur : Bernard Girard

Hadley Purvis, publicitaire à succès mais souffrant d’alcoolisme, se réveille un matin avec une terrible gueule de bois. Il a perdu souvenir de ce qui s’est déroulé la veille et a la surprise de constater que son épouse a fait sa valise. Il a passé la nuit  aux côtés de Marion, une demi-mondaine rencontrée dans un bar. Peu à peu la mémoire lui revient et il découvre progressivement comment en une seule journée de dérive il perdu à la fois son mariage et son travail.

L’épisode reste le seul de l’anthologie à se composer de la fusion de textes différents, avec les nouvelles Hangover de John D. MacDonald (1956) et Marian, de Charles Runyan (1960). Il compose avant tout un dénonciation sincère de l’alcoolisme, élément souligné par l’adresse directe au public effectuée par Hitchcock, en lieu et place de l’amusant sketch final. Evidemment tout cela se montre démonstratif en diable de bout en bout, avec un scénario minimaliste : Purvis se souvient progressivement, et de manière artificiellement linéaire, comment il a détruit sa vie privée et professionnelle en une seule journée d’ivresse. On ne sort jamais du rail ainsi tracé et le format long dilate inutilement  certains flashbacks.

Néanmoins la personnalité et le pittoresque de l’excellent Tony Randall évitent au récit de sombrer dans l’ornière du pathos. L’amusement passagèrement ressenti rend d’autant plus sonore l’épouvantable chute finale. Quelques à-côtés pimentant le récit à la marge, comme la vision de ce parterre exclusivement masculin de publicitaires des Sixties, évoquant déjà Mad Men, ou encore le panorama sur le style de vie d’alors. La présence de l’adorable Jayne Mansfield au sein de ce pamphlet antialcoolique, alors que ce fléau va lui couter sa carrière et jusqu’à sa vie, projette une cruelle ironie.

Tony Randall (Hadley Purvis) fit carrière avant tout à Broadway, mais effectua plusieurs apparitions au cinéma et à la télévision. Il reste ainsi remémoré pour la sitcom The Odd Couple (1970-1975), aux côtés de Jack Klugman, l’adaptation d’un des plus grands succès du Broadway des Sixties.

Jayne Mansfield (Marion) fut l’un des sex-symbols majeurs des années 50 et la première moitié des années 60. Elle connut un succès modéré à l’écran (La Blonde et moi), mais se fit aussi connaître sur les planches et comme chanteuse dans les boites de nuit huppées. Jayne Mansfield remporta de nombreux concours de beauté et devint l’une des premières Playmates, en février 1955. Elle fut un important personnage médiatique, notamment pour sa vie privée haute en couleurs. Alcool et drogues vont néanmoins faire capoter sa carrière.. Elle meurt dans un accident automobile en 1967, à 34 ans.

On ne dispose que du titre original de l’épisode,  car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.
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Message  Dearesttara Dim 5 Juil 2015 - 14:00

Alors, Very bad trip aurait été inspiré par Hitchcock ? On en apprend tous les jours ! Razz
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Message  Estuaire44 Dim 5 Juil 2015 - 16:09

Comme quoi, tout peut arriver à Hollywood !  Laughing


Bonfire (1.13, **)
Date de diffusion : 13 décembre 1962
Auteurs : William D. Gordon et Alfred Hayes, d’après une nouvelle de V. S. Pritchett
Réalisateur : Joseph Pevney

Le prêcheur Robert Evans séduit une charmante vieille dame cardiaque. Un soir il l’entraine dans une danse endiablée, jusqu'à ce quelle soit atteinte  d’un infarctus mortel. Il lui refuse les pilules qui auraient pu la sauver, guignant la superbe maison qu’elle lui a promise. Mais la victime n’avait rien signé et sa jeune nièce Linda hérite du bien. Evans va entreprendre  de l’épouser.


La scène d’ouverture se montre remarquable, illustrant le caractère psychiquement instable ainsi que le cynisme d’Evans. Peter Falk y excelle, tandis que l’on peut s’amuser à trouver des intonations très à la Columbo à cette révélation initiale de l’auteur et du modus operandi d’un assassinat. Par contre l’épisode connaît par la suite un interminable calme plat, uniquement constitué des diverses tentatives de séduction opérées par Evans. Pritchett, CBE, est un écrivain anglais de grande qualité et spécialiste de la nouvelle, mais pas un auteur policier. On devine que le texte original se livre à une belle étude du caractère d’Evans, qui n’est pas parfois sans évoquer, sur un mode mineur, celui du prêcheur de La nuit du chasseur. Mais, passée à la moulinette de la télévision, l’intrigue se limite à un marivaudage à peine rendu étrange par le protagoniste. Le talent de Falk apporte de l’épaisseur au personnage mais ne peut rien quant au manque quasi-total d’action et de péripéties, jusqu’à un final largement prévisible et passablement déclamatoire. De son côté Dina Merrill apporte de l’élégance et de la classe à Laure, mais aucune intensité particulière au récit.

Dina Merrill (Laura), héritière d’une grande famille de financiers et d’industriels, fut considérée au début des années 60 comme pouvant succéder à Gene Kelly, après plusieurs succès au cinéma (La Vénus au vison, 1960). Réputée pour son glamour raffiné et son élégance aristocratique, elle connaît une belle carrière à Broadway tout en figurant régulièrement dans la chronique mondaine. Les années 60 vont la voir s’orienter davantage vers la télévision (Calamity Jan dans Batman), avant de se consacrer aux affaires et à la philanthropie.  

Peter Falk (Robert Evans) ne fut pas que l'interprète du célébrissime Inspecteur Columbo (1968-2003). Il compta également de nombreux succès au cinéma, notamment avec son ami Cassavetes (Husbands, 1970 ; Une femme sous influence, 1974) mais aussi Milliardaire pour un jour (1961) Princess Bride (1987), Les Ailes du Désir (1987) etc. Sa belle carrière lui valut deux sélections aux Oscars. Si Columbo le monopolisa en grande partie à la télévision, il tourna auparavant notamment dans Les Incorruptibles, La Quatrième Dimension et Alfred Hitchcock Présente.

On ne dispose que du titre original de l’épisode,  car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.
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Message  Invité Dim 5 Juil 2015 - 17:45

Les épisodes de 50 minutes ont l'air mieux construits que ceux de 30 minutes, avec moins de ratages, car pour remplir une saison 39, comme je l'ai mis dans mes critiques, il y avait beaucoup d'épisodes peu intéressants.
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Message  Estuaire44 Dim 5 Juil 2015 - 18:56

l'anthologie n'hésite pas à adapter des romans entiers de grands auteurs, c'est une bonne formule pour soutenir un format long.


The Tender Poisoner (1.14, ***)
Date de diffusion : 20 décembre 1962
Auteur : Lukas Heller, d’après un roman de John Bingham
Réalisateur : Leonard J. Horn

Barney avoue à son ami Peter qu’il va quitter sa femme Béatrice, étant tombé amoureux de la jeune Lorna. Mais Peter va lui-même être séduit par Lorna et va dès lors s’ingénier à contrecarrer toute possibilité de divorce entre Béatrice et Barney. Acculé, ce dernier se résout alors à empoisonner sa femme. Les deux machinations parallèles vont se percuter au cours d’une nuit fatale.

A la fois original et maîtrisé, le scénario instille tout du long un humour noir aussi discret qu’acéré, une rareté jusqu’ici au sein de l’anthologie. Si l’environnement s’avère tout à fait californien (quelles voitures et quelle contrée !), on y savoure de fait une tonalité très anglaise, à l’image de l’auteur John Bingham, l’une des grandes griffes du Roman noir britannique. En contrepoint du récit, puis toujours davantage au premier plan, on savoure la mise en place progressive de mécaniques conduisant inévitablement au meurtre, cette convergence des destins qu’Agatha Christie nommait l’Heure Zéro. Tout ceci demeure certes artificiel, mais aussi ludique en diable, comme bon nombre des écrits de la Duchesse de la Mort. Le chef d’œuvre de cette pétillante histoire réside dans le fait qu’en définitive l’assassinat vers lequel tout conduit ne survient jamais, le Destin se jouant décidemment des œuvres humaines, c’est très fort.

La construction de l’intrigue ne demeure pas uniquement  intellectuelle ou subtilement humoristique, elle s’appuie également sur une féroce étude de caractères. Les hommes, veules et lâches, s’avèrent prêt à tout pour satisfaire leurs désirs, mais les femmes sont elles-mêmes loin de figurer des anges, Béatrice cocufiant joyeusement Barney et Lorna cédant elle aussi facilement à ses inclinaisons. Ce sombre portrait de l’Humanité installe une jolie passerelle entre le Roman noir et le Whodunit anglais, dont le récit constitue un anti-portrait expert. Si la mise en scène s’avère classique, L’interprétation se montre de qualité, à commencer pa  un Howard Duff parfait en félon de roman faisant feu de tous bois pour parvenir à ses fins. On regrettera simplement que les auteurs cèdent à la tentation de la chute choc, ici inutile, n’hésitant pas pour cela à rendre les comportements brusquement illogiques. C’est dommage, mais l’épisode demeure un exercice de style élégant et plaisamment sarcastique.

Jan Sterling (Beatrice) mena carrière à la télévision et au cinéma, où elle eut son heure de gloire durant les années 50. Elle reçut un Golden Globe pour The High and the Mighty (1954). De graves difficultés devaient entrainer son retrait progressif durant les années 70. Elle appartient à une famille ayant compté deux présidents américains, John Adams et John Quincy Adams.

Howard Duff (Peter) débuta à la radio et dans les films noirs de l'immédiat après-guerre (La Cité sans voiles, 1948). Il vit alors une relation tumultueuse avec Ava Garner, avant d'épouser Ida Lupino en 1961. Sa carrière cinématographique se poursuit jusqu'aux années 1980 (Kramer contre Kramer, 1979 ; Sens unique, 1987). À la télévision il apparaît dans La Quatrième Dimension Batman, L'Immortel, Le Virginien, Mannix, Shaft, Dallas…

On ne dispose que du titre original de l’épisode,  car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.
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Message  Estuaire44 Dim 5 Juil 2015 - 20:59

Le 31 février (The Thirty-First of February, 1.15, ***)
Date de diffusion : 4 janvier 1963
Auteur : Richard Matheson, d’après un roman de Julian Symons
Réalisateur : Alf Kjellin

La femme d’Andrew Anderson, important cadre d’une société  de design, décède brusquement dans une chute d’escalier. Malgré les doutes du Sergent Reese, la justice décide que le décès est accidentel. Toutefois Anderson reçoit à son bureau plusieurs lettres anonymes l’accusant d’avoir commis un assassinat. Suspectant ses collègues et rivaux, il sombre peu à peu dans la paranoïa.

De manière très amusante pour l’amateur de La Quatrième Dimension, Richard Matheson adapte la nouvelle initiale de manière à ce que l’épisode s’assimile autant que possible à l’anthologie de Rod Serling, à laquelle il a puissamment participé. L’étrange et la montée irrépressible de la folie pallient au recours au Fantastique ou à la Science-fiction, mais l’on retrouve pareillement cette  idée d’un dérèglement de la réalité emportant un malheureux quidam, comme aux plus belles heures de The Twilight Zone. Le procédé s’avère savamment maîtrisé par Matheson, mais l’auteur ne peut qu’imparfaitement pallier à la contradiction entre le format long et un récit se cristallisant sur l’attente de la chute finale, élément particulièrement important chez The Twilight Zone.

On butte sur le même effet dilatoire que durant la saison 4 de cette anthologie, alors que The Alfred Hitchcock Hour aura su contourner l’obstacle en densifiant ses récits, adaptant des romans entiers, avec une part impartie à la conclusion davantage relativisée. Matheson reste trop habile pour recourir à du délayage à proprement parler, mais certains éléments tombent à plat, comme cette improbable romance entre Andrew et la dessinatrice. Tentative imparfaite, Le 31 février compte néanmoins plusieurs moments particulièrement intenses, grâce à la composition inspirée de David Wayne, mais aussi  à la présence inquiétante de William Conrad, parfait en policier faussement onctueux et bonasse, au regard si inquisiteur. La chute s’avère idéale, évitant jusqu’au bout le Fantastique, mais conservant le mystère quant à la véritable nature de la mort de l’épouse,  Matheson sachant pertinemment à quel point  l’inexpliqué trouble toujours.


David Wayne (Andrew Anderson) perça à Broadway, au théâtre et dans des revues. Son sens du comique lui valut une belle carrière après-guerre dans les comédies d'Hollywood, où il fut notamment un partenaire coutumier de Marilyn Monroe (Rendez-moi ma femme, 1951 ; La Sarabande des pantins, 1952 ; Comment épouser un millionnaire, 1953 etc.). À la télévision il fut le Chapelier Fou, adversaire récurrent de Batman (1966-1968), mais il apparut également dans La Quatrième Dimension Mannix, Hawaï Police d'État, Mannix, Dallas…

William Conrad (Sgt Creese) fut un acteur de télévision reconnu (Cannon, L’homme à l’orchidée, La loi est la loi…). Il réalisa également les voix off de nombreuses séries, comme Manimal, Buck Rodgers ou Le Fugitif. Il fut également très présent à la radio. Conrad admit souvent que son tempérament gourmand et sa corpulence l’empêchèrent d’atteindre les premiers rôles au cinéma.

Bob Crane (Charlie) est très connu pour le rôle du colonel Hogan dans la série Stalag 13 (1965-1971). Il fut aussi un disc jockey populaire. Un mystère entoure sa mort, ayant été retrouvé battu à mort dans une chambre d’hôtel, en 1978.

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Message  Estuaire44 Dim 5 Juil 2015 - 23:12

What Really Happened (1.16, ***)
Date de diffusion : 11 janvier 1963
Auteur : Henry Slesar, d’après un roman de Marie Adelaide Belloc Lowndes
Réalisateur : Jack Smight

Eve,  jeune et fortunée veuve, doit se défendre au tribunal du meurtre de son mari et faire face aux véhémentes accusations de la mère de ce dernier, Mme Raydon. Mais c’est en fait Addie, gouvernante de la demeure et amie d’Eve qui a commis secrètement le crime, le maître de maison désirant la renvoyer car ne supportant plus son jeune fils. Les débats révèlent que le garçon est en fait le fils secret d’Eve !


Avec la franco-britannique Marie Belloc Lowndes, l’anthologie accueille son premier auteur féminin, un gage d’ouverture d’esprit en ce début des années 60. Romancière prolifique, Marie Adelaide Belloc Lowndes composa avant guerre d’efficaces récits policiers, qui surent ne jamais délaisser la dimension psychologique des personnages. Son ouvrage le plus célébré, The Lodger,  fut d’ailleurs adapté au cinéma par le Maître du Suspense en 1927 (Les cheveux d’or). Le récit va néanmoins cumuler les handicaps, avec une bonne dose de mélodrame et un recours au récit procédural, à l’intérêt fatalement limité dès lors que l’on connaît déjà la coupable. De plus, la contrainte de cacher un enfant conçu hors mariage se concevait à l’époque de l’écriture du roman (elle se retrouve d’ailleurs à plusieurs reprises chez Agatha Christie), mais cela date désormais l’ensemble de l’opus.

Toutefois un suspense psychologique, certes relatif, demeure quant à savoir si Addie va révéler le pot aux roses afin de sauver son amie. Par ailleurs la mise en scène parvient à s’extirper du huis-clos si convenu du tribunal, lors de flashbacks que les versions antagonistes d’Eve et de Mme Raydon rendent ludiques. Surtout, on s’intéresse au récit  du fait des trois magnifiques comédiennes qui l’animent de bout en bout. Gladys Cooper campe une Mme Raydon impressionnante en incarnation de la vengeance et Ruth Roman joue avec une précieuse sensibilité le personnage tourmenté d’Addie, lui apportant ainsi une crédibilité atténuant la dimension mélodramatique du sujet Ann Francis compose avec le talent qu’on lui connaît le portait central d’une Eve ambigüe, légère et dépensière mais veillant également tendrement sur son fils. Ce portrait de trois femmes identiques par l’amour absolu qu’elle prote à leur progéniture, y compris adoptive, apporte une forte unité dramatique à l’épisode.


Anne Francis (Eve) fut l'inoubliable Altaira Morbius, vedette féminine du grand classique de la Science-Fiction qu’est  Planète Interdite (1956). Elle reste également dans les mémoires pour la pétillante Honey West (1965-1966), première série de détective au rôle principal féminin. Elle joua également dans Les Incorruptibles, Cannon, Dallas, Riptide, Arabesque, L'Île Fantastique, Vegas, Drôles de Dames, Matlock… Cet ancien mannequin participa également à deux épisodes de La Quatrième Dimension : Neuvième étage et  Jess-Belle.

Ruth Roman (Addie) se fit connaître au cinéma après guerre, avant de s’orienter vers la télévision à partir des années 60. L’un de ses rôles les plus marquants demeure celui d’Anne Morton  dans L'Inconnu du Nord-Express, d’Alfred Hitchcock (1951). En 1956, elle survécut au naufrage du paquebot Andrea Doria, qui avait percuté le Stockholm,  l’une des catastrophes les plus retentissantes de l’histoire de la marine.

Gladys Cooper (Mme Raydon) fut une modèle réputée et une figure du théâtre britannique, avant de franchir l'Atlantique dans les années 40 pour connaître également une belle carrière au cinéma (Rebecca, 1940 ; My fair Lady, 1964…). Toujours active au soir de sa vie, elle participe également à plusieurs séries des années 60, don La Quatrième Dimension, son ultime rôle étant celui de la Duchesse Ozerov dans Amicalement Vôtre.

On ne dispose que du titre original de l’épisode,  car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.
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Ainsi s'achève le coffret recouvrant la première moitié de la saison 1. Une petite pause et nous repartons en voyage, à l'occasion du retour du célèbre Simon Templar, aka le Saint.
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Message  Dearesttara Dim 5 Juil 2015 - 23:41

C'est une pratique exceptionnelle que de recourir massivement à des romans déjà écrits pour une série, aussi "anthologique" soit-elle. Curieux pari de la production, mais il est vrai qu'Hitchcock a souvent travaillé à partir de romans déjà écrits, beaucoup moins à partir de scénarios originaux. Bon travail, Estuaire !
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Message  Estuaire44 Lun 6 Juil 2015 - 10:10

Merci ! hein

Le procédé fonctionne plutôt bien ici, évidemment cela reste à confirmer par la suite.
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Message  Estuaire44 Sam 26 Sep 2015 - 0:31

Brouillard (Forecast: Low Clouds and Coastal Fog, 1-17, **)
Date de diffusion : 18 janvier 1963
Auteur : Lee Erwin
Réalisateur : Charles F. Haas

Alors que son mari est en voyage d’affaires à San Francisco, Karen Wilson s’inquiète de se retrouver seule dans leur maison située sur une plage isolée. Durant la nuit, un Hispanique vient frapper à sa porte, affirmant être en panne d’essence et demandant à passer un coup de téléphone. Karen refuse de le laisser entrer et, alors qu’il se rend à pied jusqu’à une station service, sa fiancée est mortellement agressée par un inconnu. Karen doit faire face à la colère vengeresse de l’homme, mais aussi à la présence d’un inquiétant voisin, pouvant être le tueur.

La deuxième moitié de saison débute par un épisode inégal. L’intrigue suscite un huis clos quasi-total au sein de cette maison se refermant comme un piège autour de Karen,  mais ne parvient pas à en maintenir l’intensité jusqu’à son terme. La faute en revient au manque de relai que subit la situation initiale, conjointement  à un format long ici contreproductif. Le récit cherche à pallier à son immobilisme en multipliant le nombre de personnages, mais les successives visites à Karen, plus ou moins inquiétantes, se succèdent trop mécaniquement, jusqu’à lasser. L’espèce de vaudeville rassemblant tout le monde lors des dernières minutes résulte également artificiel. L’instauration d’un Whodunit à la Agatha Christie aurait pu apporter un précieux second souffle, mais cette carte n’est jamais jouée. Bien au contraire, on retrouve le tic d’écriture selon lequel un second rôle ne démontrant pas d’autre utilité est souvent le coupable, d’où un relatif manque d’impact lors de la révélation finale. La mise en scène en studio reste assez paresseuse, de plus lestée de quelques inserts grossiers.

L’opus conserve toutefois quelques à-côtés intéressants, comme l’évocation de la vogue 60’s du surf en Californie, avec des copies conformes des Beach Boys. Tout en évitant des se montrer trop pesamment démonstratif, le récit développe une thématique anti raciste assez en avance sur son temps. Il n’est jamais dit explicitement que Karen se méfie de Sanchez car il est Hispanique, mais le clair sous-entendu se voit encore souligne par la chute de l’histoire. De même, la distribution se montre de qualité, dont Greg Morris  (le futur Barney de Mission Impossible), pour l’une de ses toutes premières apparitions à l’écran. En définitive Forecast: Low Clouds and Coastal Fog s’appuie avant tout sur l’émouvante composition d’Inger Stevens, dont la sensibilité à fleur de peau et l’expressivité évoquent l’inoubliable portrait d’une autre femme en danger qu’elle composa dans The Twilight Zone (The Hitch-Hiker, 1960). Le format long présente au moins l’opportunité de lui permettre d’exprimer pleinement les angoisses et le remords de Karen.


A San Francisco, le mari de karen est descendu au Mark Hopkins Hotel. Bâti sur une colline surplombant la ville, ce palace  est situé sur l’emplacement de la résidence du magnat du chemin de fer Mark Hopkins, détruite lors du tremblement de terre de 1906. Inauguré en 1926, la beauté de son architecture et de sa décoration intérieure lui valent d’avoir été classé au patrimoine national. A son sommet se trouve un restaurant célèbre pour sa vue sue la ville et la baie de San Francisco.

Inger Stevens (Karen Wilson), actrice américaine d'origine suédoise, débuta à 16 ans dans des revues, avant de devenir élève de l'Actor's Studio en 1955. Après plusieurs fugaces apparitions au cinéma et de nombreuses publicités, le début des années 60 la voit accéder à la célébrité par la télévision (La Quatrième Dimension, Bonanza, rôle récurrent dans The Farmer's Daughter, 1963-1966…). Par la suite, malgré une santé très fragile, elle passa avec succès au cinéma (Pendez-les haut et court, 1967 ; Madigan, 1968…), tout en faisant les délices des échotiers par ses nombreuses liaisons : Anthony Quinn, Harry Belafonte, Dean Martin, Burt Reynolds… Après une première tentative en 1959 (suite à une rupture avec Bing Crosby), elle se suicide le 30 avril 1970 par l'absorption d'un mélange de médicaments et d'alcool.

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Message  Estuaire44 Lun 28 Sep 2015 - 20:55

A Tangled Web (1-18, *)
Date de diffusion : 25 janvier 1963
Auteur : James Bridges, d’après un roman de Nicholas Blake (1956)
Réalisateur : Alf Kjellin

David, fil de famille mais voleur compulsif, tombe amoureux de Marie, la bonne française de la maison. Face à l’opposition de sa mère, il s’enfuit avec elle. Mais un homme est tué durant un cambriolage tournant mal et il est emprisonné, après avoir confié Marie à Karl, son ami et complice. Or Karl s’éprend également de Marie et va dès lors comploter afin d’expédier David sur la chaise électrique.

L’auteur roman originel, Nicholas Blake, est en fait le pseudonyme de Cecil Day-Lewis. Par ailleurs père du comédien Daniel Day-Lewis, il fut l’un des poètes anglais les plus célèbres du XXème siècle. En 1968, Day-Lewis fut nommé poète officiel de la Cour (Poet Laureate of the United Kingdom) par la Reine, qui l’anoblit également en l’élevant au rang de Commandeur de l'Ordre de l'Empire britannique. Mais avant de connaître la gloire, il vécut en se lançant avant guerre dans une carrière d’ auteur de polars à succès, ayant comme héros le détective Nigel Strangeways. Autant de récit pouvant être aisément portés à l’écran sous formes de thrillers. Or c’est un roman totalement à part que va étrangement retenir anthologie, avec A Tangled Web (1956) Bien que nanti d’un ressort policier, le livre développe essentiellement le portrait psychologique de l’héroïne, avec une atmosphère proche du mélodrame, sur un ton assez empesé.

Malheureusement, l’adaptation se montre sans génie. Le scénario ne va jamais pallier aux faiblesses de l’ouvrage en passant de l’écriture littéraire à la télévisuelle. Certes, alors que le livre dévoile d’emblée la conclusion, avant d’opérer par un vaste flashback, au moins l’intrigue ménage ici un relatif suspense, relativisé par le ton moraliste laissant aisément prévoir la conclusion des débats. Mais la description du caractère des uns et des autres s’éternise beaucoup trop. La part impartie aux rouages de la machination relève de la portion congrue, le tout s'engluant dans le misérabilisme. Le format long accentue l’ennui s’emparant progressivement du spectateur, l’opus aurait sans doute davantage eu sa place au sein d’Alfred Hitchcock présente. La scène finale sombre dans le mélodrame outré le plus lacrymal qui soit.

La mise en scène reste académique au possible et n’apporte aucune plus-value. La distribution, fort relevée, suscite au moins un effet de curiosité, mais les comédiens se se montrent pas à leur meilleur niveau. Robert Redford se contente de capitaliser sur son charme naturel. Le cascadeur lui servant de doublure résulte particulièrement évident. Quoique davantage consistant, Barry Morse ne retrouve que partiellement la flamme sinistre qui l’animait l’année précédente dans La Quatrième Dimension (A Piano in the House). Bien que moins connue, Zohra Lampert (ici nantie d’un charmant accent français) leur dame aisément le pion, son éloquente expressivité dans la description des souffrances de Marie demeurant le seul véritable moteur de l’épisode.


On ne dispose que du titre original de l’épisode,  car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

Robert Redford (David) se situe ici à l'orée de sa carrière, encore très télévisuelle (Maverick, Les Incorruptibles…), avant de devenir l'une des plus grandes stars d'Hollywood : Butch Cassidy et le Kid (1969), Les Trois Jours du Condor (1975), Out of Africa (1985), Et au milieu coule une rivière (1992)…

Barry Morse (Karl) constitue une figure importante de l'histoire des séries télé, grâce, notamment,  à ses rôles récurrents dans Le Fugitif, Cosmos 1999 (inoubliable Pr. Victor Bergman) ou encore L'Aventurier. Il connut également une longue et active carrière à la radio, au théâtre et au cinéma, tout en restant remémoré pour sa grande implication dans de nombreuses œuvres de charité.

Zohra Lampert (Marie) ne parvint pas à réellement percer au cinéma, malgré de nombreux seconds rôles. Elle reste néanmoins une figure régulière des séries américaines des années 60 à 70. Elle reçut un Emmy Award en 1975, pour sa participation à Kojak (Queen of the Gypsies).

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Message  Estuaire44 Mar 29 Sep 2015 - 6:47

To Catch a Butterfly (1-19, ***)
Date de diffusion : 2 février 1963
Auteur : Richard Fielder
Réalisateur : David Lowell Rich

Bill et Janet Nelson, un jeune couple sans enfants, emménage dans une nouvelle demeure, située dans un sympathique quartier résidentiel. Toutefois il est d’emblée en butte à l’hostilité d’Eddie, le fils du voisin Jack Stander. L’enfant manifeste une authentique cruauté et va jusqu’à tuer le chien des Nelson et à blesser Janet, avant de préparer pire encore. Toutefois, quand Bill se confronte à Jack, il comprend que qu’Eddie souffre de la mauvaise influence de son père, et qu’il a avant tout besoin d’aide.

Durant sa majeure partie, l’épisode stupéfie véritablement par la véracité sans détours de son évocation de la personnalité sadique d’un enfant, un sujet éminemment transgressif et dérangeant. Alors qu’à un tel degré d’intensité une telle histoire serait totalement inenvisageable sur nos écrans d’aujourd’hui, l’anthologie n’hésite pas à aller très loin sur le sujet, jusqu’à se montrer réellement dérangeante. C’est à la véritable formation de la personnalité d’un serial killer à laquelle nous assistons, un thème que l’on préfère évoquer a posteriori à notre époque où Spielberg et Disney (entre autres), mais aussi le consumérisme, ont édulcoré l’approche de l’enfance, un territoire pouvant également se révéler sombre et périlleux. C’est un joli pied de nez que les Sixties adressent ici à notre époque ayant édifié bien des tabous.

Le récit n’est pas sans évoquer celui d’un grand classique de La Quatrième Dimension, It's a Good Life, où l’irruption du Fantastique accroisait l’effroi suscité par l’enfant diabolique. Mais, par son enracinement dans le réel, The Alfred Hitchcock Hour rend finalement plus troublante encore cette évocation de l’Obscur naissant au sein d’une radieuse banlieue. Il demeure extrêmement dommageable qu’in extremis l’opus opte pour la mièvrerie d’un happy end où chacun se réconcilie. Sur le tard l’anthologie de Rod Serling rattrape son retard, elle qui aura su ne pas dévier de son sillon initial. La mise en scène sert habilement le portrait d’Eddie, impeccablement interprété par Mickey Sholdar. Les adultes jouent solidement leurs rôles, mais sans brio particulier, ce qui met idéalement en avant le jeune comédien. En arrière plan, le récit évoque l’émergence durant les 60’s de ces suburbs aisés, installés loin des centres-villes, également décrits dans Desperate Housewives ou l’Arcadia des X-Files.


On ne dispose que du titre original de l’épisode,  car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

Edward Asner (Jack Stander), dit Ed, participa à de très nombreuses productions américaines. Il remporta un Emmy Award pour le rôle très populaire du journaliste Lou Grant, qui participe à pas moins de quatre séries (1970-1988). Asner est l'acteur comptant le plus d'Emmys à son actif, avec un total de sept trophées. Toujours actif, il participe notamment à The Crazy Ones, en 2013.

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Message  Estuaire44 Mer 30 Sep 2015 - 12:38

The Paragon (1-20, ***)
Date de diffusion : 9 février 1963
Auteur : Alfred Hayes, d’après une histoire de Rebecca West
Réalisateur : Jack Smight

La riche et dynamique Alice Pemberton est persuadée d’incarner la perfection. Sans aucun tact, elle ne cesse d’intervenir dans la vie de ses proches pour qu’ils deviennent à son image tout en  décochant des conseils remplis d’un inconscient mépris. Particulièrement écrasé, son mari observe leurs relations se détourner toujours plus de leur couple, jusqu’à ce la manie d’Alice devienne insupportable à tous. A bout de ressources, après une ultime confrontation n’ayant servi à rien, il se décide d’assassiner Alice.

L’épisode ne comporte guère d’action, mais développe une frappante étude psychologique, animée par l’impressionnant abattage de Joan Fontaine. L’actrice apporte beaucoup de force et de suggestion à ce portrait d’une forte femme, dont la folie se découvre progressivement,  tout en se montrant dérangeante par son originalité. A l’inverse du jeune serial killer en devenir de l’épisode précédent, Alice n’a aucune mauvaise intention, mais son égocentrisme pathologie transmue son altruisme en envahissement toujours plus oppressant. Elle dessine une astucieuse distorsion des vertus traditionnelles de la femme au foyer, à l’interventionnisme dévastateur dans la vie de chacun, avec un manque d’empathie devenant réellement effrayant. A sa manière, l‘opus met en exergue le rôle important tenu par les femmes dans la vie sociale, un thème chère à la grande auteure féministe que fut Rebecca West.

Malgré la qualité de la prestation de la star, l’épisode présente le défaut de trop se centrer sur elle, sans doute parce qu’elle fut si déterminante dans la carrière d’Hitchcock lui-même, lors de ses débuts aux Etats-Unis. Les conséquences du dérèglement d’Alice sur son entourage demeurent principalement exposées à travers leur narration par le mari, dont l’interprète manque d’expressivité. Jusque-là les personnes rencontrées paraissent désagréables, sans que l’on perçoive l’étendue de leur propre souffrance. Le panorama  résulte ainsi déséquilibré, ce qui enlève de sa crédibilité à l’option définitive retenue par le mari. L’artificialité de la conclusion se voit rehaussée par un inutile recours à un simili Fantastique, puis par une information supplémentaire sans grand intérêt apportée par Hitchcock lors de sa conclusion.


On ne dispose que du titre original de l’épisode,  car celui-ci ne fut pas diffusé en version française.

La nouvelle de Rebacca West ici adaptée est The Salt of the Earth, contenue dans le recueil The Harsh Voice (1935).

Joan Fontaine fut une star de l’Age d’or d’Hollywood. Elle joua un grand rôle dans l’installation réussie d’Alfred Hitchcock à travers les succès de Rebecca (1940) et de Soupçons (1941), pour lequel elle obtint l’Oscar. Son succès allant décroissant au cinéma, elle se tourne comme tant d’autres vers la télévision, à partir des années 60. Elle est la sœur d’Olivia de Havilland, avec qui les relations furent empreintes de rivalité.

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