Vampires
+3
alexis06
séribibi
Philo
7 participants
CHAPEAU MELON ET BOTTES DE CUIR - LE MONDE DES AVENGERS :: Le CAFÉ Avengers (Ouvert sous modération)
Page 4 sur 14
Page 4 sur 14 • 1, 2, 3, 4, 5 ... 9 ... 14
Re: Vampires
Voilà qui a l'air plus qu'intéressant !
Camarade Totoff- Prince(sse)
- Date d'inscription : 26/02/2015
Re: Vampires
J'ai prévu d'y aller. Cette expo est pour moi ! J'en ai le sang à la bouche !
Camarade Totoff- Prince(sse)
- Age : 44
Localisation : Vitry sur Seine
Date d'inscription : 26/02/2015
Re: Vampires
Plein de bonnes choses en effet, de quoi être à crocs, heu, accro !
De mon côté me tâte pour aller au marathon Buffy. Comme a commence à midi, j'aurai le temps de voir l'expo auparavant. Cela va dépendre des épisodes proposés.
De mon côté me tâte pour aller au marathon Buffy. Comme a commence à midi, j'aurai le temps de voir l'expo auparavant. Cela va dépendre des épisodes proposés.
Estuaire44- Empereur
- Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007
Re: Vampires
Le vampire à soif, 1968
Estuaire44- Empereur
- Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007
Re: Vampires
Premier trailer pour le Dracula de Gatiss & Moffat :
Estuaire44- Empereur
- Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007
Re: Vampires
Oh! Oui! Stephen King a raison !
Camarade Totoff- Prince(sse)
- Age : 44
Localisation : Vitry sur Seine
Date d'inscription : 26/02/2015
Re: Vampires
Le Roi a toujours raison !
Estuaire44- Empereur
- Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007
Re: Vampires
Je suis allé hier soir à la Cinémathèque et je conseille vivement l'exposition.
Organisée en cinq thèmes (historique, poétique, politique, érotique, pop), le parcours, très bien illustré et notamment par de larges extraits de films souvent connus mais pas tous (il y en a même un nigérian !), fait le tour de la question.
Les cartels sont nombreux mais pas trop longs et surtout compréhensibles. Pas d'emphase ni de termes inutilement savant, un peu d'humour et une réelle pertinence.
L'ambiance est soignée, le noir domine et on entend bien crier les victimes !
Une réussite complète !
Organisée en cinq thèmes (historique, poétique, politique, érotique, pop), le parcours, très bien illustré et notamment par de larges extraits de films souvent connus mais pas tous (il y en a même un nigérian !), fait le tour de la question.
Les cartels sont nombreux mais pas trop longs et surtout compréhensibles. Pas d'emphase ni de termes inutilement savant, un peu d'humour et une réelle pertinence.
L'ambiance est soignée, le noir domine et on entend bien crier les victimes !
Une réussite complète !
Camarade Totoff- Prince(sse)
- Age : 44
Localisation : Vitry sur Seine
Date d'inscription : 26/02/2015
Re: Vampires
Merci pour l'info ! Je vais aller voir le marathon Buffy (si le métro fonctionne...), j'arriverai en avance pour aussi voir l'expo.
Estuaire44- Empereur
- Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007
Re: Vampires
MOSCOU, 29 nov 2019 (AFP)
Confronté à l'essor du mouvement anti-vaccins, la ville de Moscou a recruté des vampires assoiffés de sang, pour souligner l'importance de se faire immuniser.
Le département de la Santé de la capitale russe a lancé cette semaine sur internet une vidéo dont le héros est un effrayant vampire, accompagné de sa fille, qui demande à un médecin si sa petite peut boire sans risque le sang de personnes non vaccinées.
Le docteur, qui relève qu'il serait sans doute bien de ne pas boire de sang du tout, note qu'il serait particulièrement dangereux de consommer l'hémoglobine de quelqu'un qui n'a pas été vacciné.
"C'est donc pour ça que certains parents sont contre la vaccination, pour nous empêcher de mordre leurs enfants?", demande alors le Dracula moscovite.
La vidéo s'achève par un appel à vacciner les enfants, alors qu'en Russie, comme ailleurs en Europe et aux Etats-Unis, un mouvement anti-vaccin gagne du terrain.
Plusieurs responsables moscovites ont appelé aussi jeudi à rendre la vaccination obligatoire. Ce qu'a fait la France récemment pour combattre la baisse des taux de vaccination.
L'Organisation mondiale de la santé et le programme de l'ONU pour l'Enfance, l'Unicef, ont averti en juillet que la vaccination connaissait un recul inquiétant à travers le monde. En première ligne la rougeole.
La Russie et trois autres ex-républiques soviétiques - Ukraine, Kazakhstan et Géorgie - représentaient au 1er semestre 2019 78% des cas de rougeole.
Les anti-vaccins s'appuient sur des études scientifiques mensongères pour prétendre qu'il y a un lien entre vaccination et autisme.
Par ailleurs, une étude l'année dernière de l'Université George Washington avait établi que des trolls informatiques russes étaient derrière une campagne anti-vaccins sur les réseaux sociaux aux Etats-Unis.
Estuaire44- Empereur
- Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007
Re: Vampires
J'admire la trouvaille des autorités sanitaires russes ! Il fallait oser !
Camarade Totoff- Prince(sse)
- Age : 44
Localisation : Vitry sur Seine
Date d'inscription : 26/02/2015
Re: Vampires
Peut-être pas un mal, le projet avait peut-être du mal à se monter. Après tout, les "Chroniques des vampires" sont un univers noir, sensuel, amoral voire blasphématoire. Or, Hulu fait partie de l'écurie Disney. La Souris a peur du noir, ça commence à se savoir. Lestat est un personnage complexe. Il faut trouver le juste interprète et est-il capable à lui seul de constituer le pivot d'un univers qui est quand même très large et ne se résume pas à lui seul ?
Anne et Christopher Rice ont peut-être été aussi difficiles ou exigeants ? Mais, bon, les vampires étant immortels (sauf quand Buffy est de sortie), on les reverra sûrement.
Anne et Christopher Rice ont peut-être été aussi difficiles ou exigeants ? Mais, bon, les vampires étant immortels (sauf quand Buffy est de sortie), on les reverra sûrement.
Camarade Totoff- Prince(sse)
- Age : 44
Localisation : Vitry sur Seine
Date d'inscription : 26/02/2015
Re: Vampires
Les Rice n'ont effectivement pas renoncé à leur projet, l'espoir fait vivre (pou non-vivre)
Estuaire44- Empereur
- Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007
Re: Vampires
Vu le Dracula de Mark et Dieu Vivant. Courte critique, je ferai une vidéo plus détaillée dans la semaine.
Bon, on va être clair, la minisérie pousse au paroxysme les qualités des deux auteurs et leurs défauts. La réécriture virtuose, l'incarnation habitée (j'adore Claes Bang depuis The Square, et il est royal, génial, majestueux en Dracula), le faste visuel, les répliques d'anthologie, l'humour à (sang) froid d'un côté, les ruptures de ton maladroites, des personnages parfois creux, les cabrioles scénaristiques foireuses, les persos féminins inégaux de l'autre. Mais ce que je ne m'attendais pas, c'est que le Steven et Mark aient concentré toutes leurs qualités dans les 2 premiers épisodes, et tous leurs défauts dans l'épisode 3. C'est totalement binaire, comme si on avait Jekyll d'un côté et Hyde de l'autre (comparaison bien sûr totalement prise au hasard).
The Rules of the Beast adapte brillamment le roman de Stoker, avec la confrontation désespérée et impitoyable entre Harker et le Comte. Un authentique film gothique, horrifique prend place devant nous, jouant sur tous les ressorts de la peur avec une efficacité calculée. Moffat style, la 2e moitié de l'épisode carbure aux twists dingos mais préparés avec un soin qui tue, jusqu'à en avoir le vertige. En point d'orgue, une confrontation de fer et de feu entre Dracula et Van Helsing, et un cliffhanger de folie (****)
Blood Vessel change de registre avec une partie de Cluedo version Columbo à bord d'un navire. Fin, ludique, drôle, plein de twists (of course), suspense phénoménal. L'épisode exploite à merveille toutes les ressources du huis clos et est sans doute le plus proche du style de Moffat et Gatiss : prendre le matériau de base et en faire une version totalement libre mais toujours respectueuse de l'auteur original. Si Dracula était une série à épisodes (+ ou -) fermés comme Sherlock, Blood Vessel en serait l'épisode-type, d'autant que Dracula prend parfois des airs de Moriarty. Le twist final est tout à fait dans l'esprit de Mark-Steven, fou, délirant, osé, que n'aurait pas renié J.J.Abrams période Alias. (****)
Mais tout s'effondre avec Dark Compass, où nos auteurs jetent à la corbeille tout le côté horreur pour en faire... un drama romantique bavard, rétrograde, pseudo-sulfurux et chiant. J'ai arrêté plusieurs fois l'épisode, totalement incrédule par cet auto-sabotage en règle. J'adore les ruptures de ton, mais oublier l'essence originale de l'oeuvre est juste un nonsens. Je comprends que le duo ait engagé Paul McGuigan, le meilleur réalisateur de Sherlock pour cet épisode, parce qu'il fallait bien quelque chose qui ne foire pas dans ce finale. Et effectivement, McGuigan nous livre une mise en scène fantastique, mais tournant à vide dans un script plus creux tu meurs. Lucy, centre de tout l'épisode, est la plus désastreuse création de Moffat, alors même qu'Agatha, brillante depuis la 1re scène de l'épisode 1, est l'une de ses meilleures créations. Mais le désastre de Lucy fait s'effondrer tout : l'architecture de l'histoire, les motivations du comte, et même le fil rouge de la série sur la vraie peur du Comte. Le splendide tableau final, amené à la hussarde (ou l'amusant numéro de Mark, bien entendu toujours hilarant), ne compense en rien ce ratage en règle, très proche du final de la saison 6 de Doctor Who par bien des aspects. (*)
Dracula (***) : Mark Gatiss et Steven Moffat sont au zénith de leur talent tant qu'ils n'oublient pas l'essence horrifique du roman original, ils peuvent se permettre alors les parti pris, les paris, la narration et les twists les plus virtuoses avec une maîtrise absolue. L'épisode 3 oublie hélas cette règle basique, ne reste qu'une succession de scènes vantardes et creuses. Dracula ne sera hélas pas le nouveau Sherlock (et encore moins le nouveau Jekyll).
Bon, on va être clair, la minisérie pousse au paroxysme les qualités des deux auteurs et leurs défauts. La réécriture virtuose, l'incarnation habitée (j'adore Claes Bang depuis The Square, et il est royal, génial, majestueux en Dracula), le faste visuel, les répliques d'anthologie, l'humour à (sang) froid d'un côté, les ruptures de ton maladroites, des personnages parfois creux, les cabrioles scénaristiques foireuses, les persos féminins inégaux de l'autre. Mais ce que je ne m'attendais pas, c'est que le Steven et Mark aient concentré toutes leurs qualités dans les 2 premiers épisodes, et tous leurs défauts dans l'épisode 3. C'est totalement binaire, comme si on avait Jekyll d'un côté et Hyde de l'autre (comparaison bien sûr totalement prise au hasard).
The Rules of the Beast adapte brillamment le roman de Stoker, avec la confrontation désespérée et impitoyable entre Harker et le Comte. Un authentique film gothique, horrifique prend place devant nous, jouant sur tous les ressorts de la peur avec une efficacité calculée. Moffat style, la 2e moitié de l'épisode carbure aux twists dingos mais préparés avec un soin qui tue, jusqu'à en avoir le vertige. En point d'orgue, une confrontation de fer et de feu entre Dracula et Van Helsing, et un cliffhanger de folie (****)
Blood Vessel change de registre avec une partie de Cluedo version Columbo à bord d'un navire. Fin, ludique, drôle, plein de twists (of course), suspense phénoménal. L'épisode exploite à merveille toutes les ressources du huis clos et est sans doute le plus proche du style de Moffat et Gatiss : prendre le matériau de base et en faire une version totalement libre mais toujours respectueuse de l'auteur original. Si Dracula était une série à épisodes (+ ou -) fermés comme Sherlock, Blood Vessel en serait l'épisode-type, d'autant que Dracula prend parfois des airs de Moriarty. Le twist final est tout à fait dans l'esprit de Mark-Steven, fou, délirant, osé, que n'aurait pas renié J.J.Abrams période Alias. (****)
Mais tout s'effondre avec Dark Compass, où nos auteurs jetent à la corbeille tout le côté horreur pour en faire... un drama romantique bavard, rétrograde, pseudo-sulfurux et chiant. J'ai arrêté plusieurs fois l'épisode, totalement incrédule par cet auto-sabotage en règle. J'adore les ruptures de ton, mais oublier l'essence originale de l'oeuvre est juste un nonsens. Je comprends que le duo ait engagé Paul McGuigan, le meilleur réalisateur de Sherlock pour cet épisode, parce qu'il fallait bien quelque chose qui ne foire pas dans ce finale. Et effectivement, McGuigan nous livre une mise en scène fantastique, mais tournant à vide dans un script plus creux tu meurs. Lucy, centre de tout l'épisode, est la plus désastreuse création de Moffat, alors même qu'Agatha, brillante depuis la 1re scène de l'épisode 1, est l'une de ses meilleures créations. Mais le désastre de Lucy fait s'effondrer tout : l'architecture de l'histoire, les motivations du comte, et même le fil rouge de la série sur la vraie peur du Comte. Le splendide tableau final, amené à la hussarde (ou l'amusant numéro de Mark, bien entendu toujours hilarant), ne compense en rien ce ratage en règle, très proche du final de la saison 6 de Doctor Who par bien des aspects. (*)
Dracula (***) : Mark Gatiss et Steven Moffat sont au zénith de leur talent tant qu'ils n'oublient pas l'essence horrifique du roman original, ils peuvent se permettre alors les parti pris, les paris, la narration et les twists les plus virtuoses avec une maîtrise absolue. L'épisode 3 oublie hélas cette règle basique, ne reste qu'une succession de scènes vantardes et creuses. Dracula ne sera hélas pas le nouveau Sherlock (et encore moins le nouveau Jekyll).
Dearesttara- Roi (Reine)
- Age : 33
Localisation : Charenton (94)
Date d'inscription : 08/02/2010
Re: Vampires
Pour l'instant je n'ai vu que la première partie et je me aussi également régalé, c'est effectivement du Moffat & Gatiss pur sucre (ou pur jus, ici). Félicitations à l'ami Mark pour avoir une nouvelle réussi à mettre le héros à poil ou pour avoir féminisé Van Helsing. La fusion avec Soeur Agatha fonctionne du tonnerre, et j'ai bien bien entendu aimé son sac plein de M. Pointu). Steven "el Maestro" Moffat nous régale lui aussi par une intrigue sachant décocher ses twists colossaux habituels, habilement préparés et sans y sacrifier la narration comme cela a pu être le cas dans ses momentz de surchauffe aux commandes du TARDIS.
En effet j'ai particulièrement apprécié l'adaptation du roman, qui n'hésite pas à chambouler énormément de choses, à commencer par la destinée du jeune couple vedette, tout en conservant l'esprit du livre. Moffat réussit une fusion très habile entre humour et horreur, le téléfilm passe avec fluidité d'un registre à l'autre, et les fait fusionner dans ses meilleurs moments. Grâce à cela il devient un vrai hommage aux films de la Hammer, mais aussi une parodie de haut vol. On a un vrai récit d'horreur gothique (magnifique décor du château) tandis que le Comte nous fait souvent rire en partisan affirmé de l'humour total.
La composition de Claes Bang m'a subjugué comme rarement, il est aussi bon que Simm en Master ou Scott en Moriarty, et c'est un immense compliment. Mark et l’Himalaya de la Pensée Scénaristique ont toujours eu un talent particulier pour les Génies du Mal et ils saisissent pleinement l'opportunité de hisser cette figure en tant que protagoniste véritable du récit. Avoir rajeuni le Comte avant son arrivée à Londres donne toute sa liberté à l'acteur, c'est une bonne idée d'adaptation, tout comme l'importance dédiée aux lettres, qui conserve à Dracula sa dimension de roman épistolaire. Le clin d'oeil à Sherlock c'est un peu du fan service, mais bon.
La question reste de savoit ce que la série va bien pourvoir raconter à Londres, vu que le duo vedette a été sacrifié à l'intensité dramatique et horrifique. Cela nous vaut des scènes en or massif, mais Steven - la Flamme blanche qui danse sur le tertre de ses personnages a peut-être bien tiré un chèque sur la suite de sa série. En tout cas, avec aussi la relance tant espérée, et pleinement effective, la BBC frappe très fort en ce début 2020. (****)
En effet j'ai particulièrement apprécié l'adaptation du roman, qui n'hésite pas à chambouler énormément de choses, à commencer par la destinée du jeune couple vedette, tout en conservant l'esprit du livre. Moffat réussit une fusion très habile entre humour et horreur, le téléfilm passe avec fluidité d'un registre à l'autre, et les fait fusionner dans ses meilleurs moments. Grâce à cela il devient un vrai hommage aux films de la Hammer, mais aussi une parodie de haut vol. On a un vrai récit d'horreur gothique (magnifique décor du château) tandis que le Comte nous fait souvent rire en partisan affirmé de l'humour total.
La composition de Claes Bang m'a subjugué comme rarement, il est aussi bon que Simm en Master ou Scott en Moriarty, et c'est un immense compliment. Mark et l’Himalaya de la Pensée Scénaristique ont toujours eu un talent particulier pour les Génies du Mal et ils saisissent pleinement l'opportunité de hisser cette figure en tant que protagoniste véritable du récit. Avoir rajeuni le Comte avant son arrivée à Londres donne toute sa liberté à l'acteur, c'est une bonne idée d'adaptation, tout comme l'importance dédiée aux lettres, qui conserve à Dracula sa dimension de roman épistolaire. Le clin d'oeil à Sherlock c'est un peu du fan service, mais bon.
La question reste de savoit ce que la série va bien pourvoir raconter à Londres, vu que le duo vedette a été sacrifié à l'intensité dramatique et horrifique. Cela nous vaut des scènes en or massif, mais Steven - la Flamme blanche qui danse sur le tertre de ses personnages a peut-être bien tiré un chèque sur la suite de sa série. En tout cas, avec aussi la relance tant espérée, et pleinement effective, la BBC frappe très fort en ce début 2020. (****)
Estuaire44- Empereur
- Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007
Re: Vampires
Critiques palpitantes à lire. J'attends la suite avec impatience.
En fait, rajeunir le comte n'est pas une innovation car elle figure dans le roman où Dracula est d'abord présenté comme un grand vieillard avant d'apparaître rajeuni à Jonathan Harker à Londres.
En fait, rajeunir le comte n'est pas une innovation car elle figure dans le roman où Dracula est d'abord présenté comme un grand vieillard avant d'apparaître rajeuni à Jonathan Harker à Londres.
Camarade Totoff- Prince(sse)
- Age : 44
Localisation : Vitry sur Seine
Date d'inscription : 26/02/2015
Re: Vampires
Oui, ce que pointe comme nouveauté c'est que pour la BBC le "rajeunissement " de Dracula s'effectue avant qu'il ne vienne à Londres. Beaucoup plus tôt que dans le roman en fait.
Estuaire44- Empereur
- Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007
Re: Vampires
Vu Blood Vessel (on dira ce que l’on voudra de Gatiss & Moffat, mais ils assurent toujours pour les titres). l’épisode marque un palier dans la narration, car si le premier volet introduisait déjà des modifications au roman, ici le récit s’en affranchit bien plus largement. Dans le roman, le Comte élimine certes l’équipage mais sans que le processus soit détaillé, et il n’y a aucun passager. En fait, hormis l’idée originelle, c’est tout l’opus qui est extrapolé. On a pu voir ces dernières années que les séries adaptant des livres (GoT, Le Maître du Haut Château) perdaient de leur intérêt quand le support littéraire venait à manquer. Et pourtant c ‘est ici le contraire qui se produit, le deuxième volet m’a encore plus captivé que le premier.
Le fin duo nous régale d’un fascinant et sophistiquée transposition d’Alien transposé en mode gothique, avec Van Helsing prenant vaillamment le rôle de Ripley. L’ambiance horrifique se voit décuplée par la succession des meurtres, tous suffisamment travaillés et adornés pour que ne pas se résumer à une simple formule. Le palais mental de Sherlock se voit réemployé pour une confrontation entre le Comte et Van Helsing venant encore apporter une touche étrange et énigmatique au récit. Celui-ci rayonne sur d’autres figures mythiques (la Momie, le Hollandais volant), tandis que la mise en scène compose un pur chef d’œuvre de huis clos. La terre des cercueils ne sert plus à rajeunir Dracula, puisque cela a déjà été effectué, mais cela ne pénalise en rien l’histoire.
J’ai trouvé l’humour moins présent que dans le premier volet, même si l’ami Vlad est toujours un rude pince-sans-rire, on y va franco sur l’épouvante. Cela confère à chacun des deux volets sa propre personnalité On verra pour le troisième si les auteurs sauront aussi varier leurs effets. Vue la scène finale, j’ai bien l’impression que oui et que l’on va aussi perdre en route les puristes, mais les auteurs de Sherlock sont blindés de ce côté là. Cette palette volontairement variée n’empêche pas de préserver les qualités communes à la série, comme de superbes décors très évocateurs et une distribution quatre étoiles, absolument fabuleuse, comme on le dit aussi à Londres. Claes Bang (lui, c‘est quand il veut pour jouer Bruce Wayne) et Dolly Wells sont toujours impériaux et savent tirer le meilleur de leurs répliques en forme de missiles, on se régale.
Le casting sait à la fois mettre en avant la dimension d’archétypes gothiques des personnages, tout en leur conférant une vraie individualité. Plusieurs curiosités viennent encore enjoliver l’ensemble, comme le formidable Sacha Dhawan interprétant un docteur après être devenu le Maître. On a aussi l’excellente surprise de retrouver Catherine Schell en 2020, toujours parfaite à côté de jeunes visages en vue des séries UK actuelles. J’ai aussi beaucoup aimé le jeune acteur jouant Lord Ruthven ici croqué de manière ludique en aspirant Vampire, alors qu’il fut l’un des tous premiers d’entre eux dans la littérature anglaise, bien avant Dracula (The Vampyre). Au passage on remarque que, du coup, cela nous fait personnage gay antipathique, Mark Gatiss est sans doute l’un des seuls auteurs à pourvoir se permettre cela en 2020.
Riche en pépites de tous ordres, ce téléfilm s’affirme comme un authentique chef d’œuvre. Les fans de Whedon seront aux anges lors de la conclusion, puisque Dracula nous y fait aussi bien son Angel, avec son cercueil au fond des eaux, que son Spike, capturé par l’Initiative locale ! Vivement la suite ! (****)
Le fin duo nous régale d’un fascinant et sophistiquée transposition d’Alien transposé en mode gothique, avec Van Helsing prenant vaillamment le rôle de Ripley. L’ambiance horrifique se voit décuplée par la succession des meurtres, tous suffisamment travaillés et adornés pour que ne pas se résumer à une simple formule. Le palais mental de Sherlock se voit réemployé pour une confrontation entre le Comte et Van Helsing venant encore apporter une touche étrange et énigmatique au récit. Celui-ci rayonne sur d’autres figures mythiques (la Momie, le Hollandais volant), tandis que la mise en scène compose un pur chef d’œuvre de huis clos. La terre des cercueils ne sert plus à rajeunir Dracula, puisque cela a déjà été effectué, mais cela ne pénalise en rien l’histoire.
J’ai trouvé l’humour moins présent que dans le premier volet, même si l’ami Vlad est toujours un rude pince-sans-rire, on y va franco sur l’épouvante. Cela confère à chacun des deux volets sa propre personnalité On verra pour le troisième si les auteurs sauront aussi varier leurs effets. Vue la scène finale, j’ai bien l’impression que oui et que l’on va aussi perdre en route les puristes, mais les auteurs de Sherlock sont blindés de ce côté là. Cette palette volontairement variée n’empêche pas de préserver les qualités communes à la série, comme de superbes décors très évocateurs et une distribution quatre étoiles, absolument fabuleuse, comme on le dit aussi à Londres. Claes Bang (lui, c‘est quand il veut pour jouer Bruce Wayne) et Dolly Wells sont toujours impériaux et savent tirer le meilleur de leurs répliques en forme de missiles, on se régale.
Le casting sait à la fois mettre en avant la dimension d’archétypes gothiques des personnages, tout en leur conférant une vraie individualité. Plusieurs curiosités viennent encore enjoliver l’ensemble, comme le formidable Sacha Dhawan interprétant un docteur après être devenu le Maître. On a aussi l’excellente surprise de retrouver Catherine Schell en 2020, toujours parfaite à côté de jeunes visages en vue des séries UK actuelles. J’ai aussi beaucoup aimé le jeune acteur jouant Lord Ruthven ici croqué de manière ludique en aspirant Vampire, alors qu’il fut l’un des tous premiers d’entre eux dans la littérature anglaise, bien avant Dracula (The Vampyre). Au passage on remarque que, du coup, cela nous fait personnage gay antipathique, Mark Gatiss est sans doute l’un des seuls auteurs à pourvoir se permettre cela en 2020.
Riche en pépites de tous ordres, ce téléfilm s’affirme comme un authentique chef d’œuvre. Les fans de Whedon seront aux anges lors de la conclusion, puisque Dracula nous y fait aussi bien son Angel, avec son cercueil au fond des eaux, que son Spike, capturé par l’Initiative locale ! Vivement la suite ! (****)
Dernière édition par Estuaire44 le Jeu 9 Jan 2020 - 0:48, édité 2 fois
Estuaire44- Empereur
- Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007
Re: Vampires
Youhou, je suis en joie, je ne dirai jamais assez combien ton esprit, ton humour, tes connaissances et tes capacités d'analyse continuent d'être des modèles pour moi, en plus du plaisir de la lecture !
Bon courage pour l'épisode 3, à mes yeux l'un des cas les plus franco d'auto-sabotage dans les règles de l'art...
Bon courage pour l'épisode 3, à mes yeux l'un des cas les plus franco d'auto-sabotage dans les règles de l'art...
Dearesttara- Roi (Reine)
- Age : 33
Localisation : Charenton (94)
Date d'inscription : 08/02/2010
Re: Vampires
Merci, mais c'est la matière qui est riche !
Je vais visionner le 3 prochainement, on verra bien si la Roche Tarpéienne est proche du Capitole !
Je vais visionner le 3 prochainement, on verra bien si la Roche Tarpéienne est proche du Capitole !
Estuaire44- Empereur
- Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007
Re: Vampires
Critique navrante de bout en bout et typique de la génération Disney MarveL Le garçon est troublé et déçu car les premiers épisodes ont des tonalités différents et essaient d'entremêler des choses différentes. C'est tellement mieux le MCU qui reproduit rigoureusement le même schéma de film en film (bon, à part les Gardiens dans leurs meilleurs moments). c'est plus clair et cela aide à digérer. Rester concentré durant un heure trente cela pose aussi souci. Le même critique avait été perturbe par les jeux de temporalité dans The Witcher, là aussi le MCU, dont il est fan, c'est meilleur, tout arrive dans l'ordre, c'est plus simple et cela fait moins mal à la tête. Les ravages de Disney sur une génération ayant désormais du mal avec la moindre narration sortant un tant soi peu des sentiers battus Pas vu la partie spoilers sur l'épisode 3, mais, d'après l'énoncé au début de la vidéo, visiblement un saut dans le temps, ah la la comme c'est dur, c'est vraiment trop dur.
Estuaire44- Empereur
- Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007
Re: Vampires
Bon, il se confirme que que je suis un psychopathe. j'ai beaucoup aimé The Dark Compass, même si je reconnais qu’il a ses faiblesses. Le téléfilm fourmille d’idées, qu’il va organiser en deux axes principaux.
Dans un premier temps, Moffat va opter pour une approche certes classique, mais développée ici avec brio : la révélation d’un monde à travers un regard neuf. Dracula opère de manière finalement assez similaire à ce que proposait déjà la BBC en 1966, avec Adam Adamant Lives !. Au sortir d’un long sommeil, un autre Victorien y découvrait pareillement le monde contemporain. Mais Adam était un Héros et surtout le monde d’alors était le joyeux Swinging London, si plein de vie et d’espoir. Dracula arrive dans l’Angleterre (l’Occident) de 2020, autant dire que tout à changé et pas pour le meilleur, bonne année ! Avec son détachement et sa morgue au combien aristocratiques, Dracula devient le parfait témoin critique de notre temps, dont il ne laissera éblouir, ni par les merveilles technologiques, ni par le progrès social.
Un excellent dialogue, un de plus, exprime ce cœur du récit : I knew the Future would bring Wonders, I never imagined it would make them ordinary. La charge de Moffat étonne par sa force au cours d’un d’un épisode constituant, en vérité, son Black Mirror bien à lui. Via Dracula nous découvrons les Humains comme devenus des Vampires s’abreuvant des ressources la Terre jusqu’à l’épuiser, par leur soif de confort et de technologie. Autant de leurres dérisoires dont ils s’entourent pour masquer leur vide existentiel.
Et c‘est là que Lucy va jouer tout son rôle. Depuis Dante et- Béatrice, les voyageurs abordant un nouveau monde ont besoin d’un guide. Pour Diana de Themyscira ce fut Steve Trevor, pour Dracula cela sera Lucy. Pour être juste, cette idée de Moffat n’a rien d’original, elle était déjà largement présente chez Anne Rice, où Lestat devenait le Sire de jeunes gens (à commencer par son cher Louis), afin de rester en phase avec la modernité, de parvenir à la comprendre. Alors oui, Lucy est creuse, mais c’est pleinement cohérent et assumé, car en la buvant, c’est de notre époque dont s’imbibe Dracula. Dans le pamphlet de Steven Moffat, Lucy devient la quintessence de la jeunesse de notre époque. Dès lors son nihilisme, sa vacuité, justifie précisément qu’elle se donne volontairement au Comte, puisque elle ressent déjà être une morte-vivante.
Le saut temporel n’est pas un simple gadget chez Moffat & Gatiss, au contraire il indique que tout l’épouvante gothique des Victoriens n’est rien face à l’horreur réelle et glaciale de la modernité, D’ailleurs, de manière parlante, c’est cette modernité elle-même qui tue Dracula in fine, puisque l’on y vit désormais assez vieux pour développer des cancers. Un problème que, statistiquement, ne connaissaient pas les victuailles du Comte, naguère. La primauté accordée à l’horreur contemporaine ne fait heureusement pas renoncer au Gore, après tout les frigos sont si pratiques pour conserver la viande froide. Mais c’est bien Lucy, par ce qu’elle est, par son néant, qui exprime le mieux cette noirceur de notre Monde, elle est The Dark Compass.
Après, pour être honnête, je pense que cela aurait été plus éloquent si l’on avait créé une jeune femme totalement contemporaine, au lieu d’aller chercher un personnage du roman pour ne pas désespérer les puristes. Cela vient parasiter l’ensemble et s’avère totalement gratuit puisque, chez la Lucy littéraire, personnage assez secondaire de l’œuvre, le plus marquant reste la caricature perverse et morbide de la maternité, qu’elle exprime après son Éveil à la Nuit. Chez Stoker, c’est la Lucy morte qui intéresse, chez Moffat, c’est la vivante, d’où une contradiction. Les quelques autres personnages conservés (Quincey Morris, Jack Seward) n’apportent pas grand-chose non plus. Renfield c’est autre chose, mais grâce au fabuleux numéro de Mark Gatiss.
L’autre volet de l’épisode est son regard introspectif sur Dracula, porté cette fois par Van Helsing. Dracula contemple le Monde, et Van Helsing contemple Dracula, à chacun sa proie. Là aussi notre sombre modernité, si dépourvue de Merveilleux même horrifique, dévore le Comte puisqu’elle le réduit à un objet d d‘étude clinique. Que cela soit par des justifications scientifiques ou psychanalytiques (la pulsion de mort chère à Freud), on le dépouille de son aura et de son folklore, on le rend plus ordinaire, lui-aussi. Il s‘agit d’une approche assez originale et audacieuse du Mythe du Vampire, participant pleinement à la noirceur du projet global (rien à voir avec les mitochondries de la Force, non, voilà, non).
Et pourtant, selon le principe de « qui trop embrasse, mal étreint », j’y vois une faiblesse d’un opus hésitant entre divers sujets. C’est subjectif, mais je trouve le premier sujet bien plus universel et interpellant pour le public et Moffat aurait certainement pu l’approfondir encore en disposant de plus de temps. En fait il faudrait deux épisodes, pour éviter une certaine sensation de trop grande rapidité, notamment lors du dénouement. Cette impression de trop plein se ressent d‘autant plus fortement que l’auteur complexifie parfois inutilement sa narration, mais demander à Steven « mon esprit est un labyrinthe » Moffat de renoncer à la complexité, c’est demander à un poisson de respirer hors de l’eau. L’acharnement mis à absolument inclure toutes les composantes du Mythe du Vampire à sa théorie ou à unifier toutes les parties de l’histoire est également contre-productif, on perd aussi du temps là-dessus. Moffat est un immense scénariste, mais parfois fasciné par sa propre virtuosité dont il veut à tout prix qu’elle revêt le plus d’impact possible, quitte à en faire trop.
On connaît aussi son inclinaison pour les couples à l’histoire contrariée et (fatalement) complexe : Jackman et Claire, Clara et Pink, Amy et Rory, le Docteur et River Song. Sherlock et Irène Adler… Il y excelle mais c’est pourtant ici que l’on trouve le plus profond défaut de The Dark Compass : son volet le plus porteur (le regard sur notre Monde) est porté par le moins intéressant de ses deux couples. Il y a discordance entre l’intérêt des messages et de leur vecteur. Malgré tout l’intérêt de Lucy et le talent de Lydia West, ce couple ne saurait rivaliser avec celui formé entre Dracula et les incarnations de Van Helsing, plus fort et transgressif dramatiquement, et installé depuis le tout début. Le socle de la série n’est pas utilisé pour développer son discours premier, cela rend fatalement ce dernier moins perceptible par le public.
Bon, j’ai déjà été beaucoup trop long, alors je passe très vite sur les qualité du volet 3 déjà présentes dans les deux premiers : l’interprétation, les décors, la musique, la mise en scène encore rehaussée par Paul McGuigan. Mais, en bon fan de la Slayer de Sunnydale, je tiens à dire que j’ai trouvé qu’il y avait ici décidément comme un côté Buffy contre les Vampires. Van Helsing est féminisée et, à la fin du volet 2, Dracula coulait dans son cercueil comme Angel et sa faisant capturer par l’Initiative locale comme Spike. Dans le volet 3 on trouve des décors effectivement très à la Initiative, les Vampires tombent en poussière, on trouve un Bronze façon 2020 et un cimetière… Est-ce que le Dracula de Moffat ne rendrait pas la politesse à une série ayant elle-même dédiée un épisode au Comte et dans lequel Alex devenait le Renfield ici joué par Mark Gatiss ? (***)
Dans un premier temps, Moffat va opter pour une approche certes classique, mais développée ici avec brio : la révélation d’un monde à travers un regard neuf. Dracula opère de manière finalement assez similaire à ce que proposait déjà la BBC en 1966, avec Adam Adamant Lives !. Au sortir d’un long sommeil, un autre Victorien y découvrait pareillement le monde contemporain. Mais Adam était un Héros et surtout le monde d’alors était le joyeux Swinging London, si plein de vie et d’espoir. Dracula arrive dans l’Angleterre (l’Occident) de 2020, autant dire que tout à changé et pas pour le meilleur, bonne année ! Avec son détachement et sa morgue au combien aristocratiques, Dracula devient le parfait témoin critique de notre temps, dont il ne laissera éblouir, ni par les merveilles technologiques, ni par le progrès social.
Un excellent dialogue, un de plus, exprime ce cœur du récit : I knew the Future would bring Wonders, I never imagined it would make them ordinary. La charge de Moffat étonne par sa force au cours d’un d’un épisode constituant, en vérité, son Black Mirror bien à lui. Via Dracula nous découvrons les Humains comme devenus des Vampires s’abreuvant des ressources la Terre jusqu’à l’épuiser, par leur soif de confort et de technologie. Autant de leurres dérisoires dont ils s’entourent pour masquer leur vide existentiel.
Et c‘est là que Lucy va jouer tout son rôle. Depuis Dante et- Béatrice, les voyageurs abordant un nouveau monde ont besoin d’un guide. Pour Diana de Themyscira ce fut Steve Trevor, pour Dracula cela sera Lucy. Pour être juste, cette idée de Moffat n’a rien d’original, elle était déjà largement présente chez Anne Rice, où Lestat devenait le Sire de jeunes gens (à commencer par son cher Louis), afin de rester en phase avec la modernité, de parvenir à la comprendre. Alors oui, Lucy est creuse, mais c’est pleinement cohérent et assumé, car en la buvant, c’est de notre époque dont s’imbibe Dracula. Dans le pamphlet de Steven Moffat, Lucy devient la quintessence de la jeunesse de notre époque. Dès lors son nihilisme, sa vacuité, justifie précisément qu’elle se donne volontairement au Comte, puisque elle ressent déjà être une morte-vivante.
Le saut temporel n’est pas un simple gadget chez Moffat & Gatiss, au contraire il indique que tout l’épouvante gothique des Victoriens n’est rien face à l’horreur réelle et glaciale de la modernité, D’ailleurs, de manière parlante, c’est cette modernité elle-même qui tue Dracula in fine, puisque l’on y vit désormais assez vieux pour développer des cancers. Un problème que, statistiquement, ne connaissaient pas les victuailles du Comte, naguère. La primauté accordée à l’horreur contemporaine ne fait heureusement pas renoncer au Gore, après tout les frigos sont si pratiques pour conserver la viande froide. Mais c’est bien Lucy, par ce qu’elle est, par son néant, qui exprime le mieux cette noirceur de notre Monde, elle est The Dark Compass.
Après, pour être honnête, je pense que cela aurait été plus éloquent si l’on avait créé une jeune femme totalement contemporaine, au lieu d’aller chercher un personnage du roman pour ne pas désespérer les puristes. Cela vient parasiter l’ensemble et s’avère totalement gratuit puisque, chez la Lucy littéraire, personnage assez secondaire de l’œuvre, le plus marquant reste la caricature perverse et morbide de la maternité, qu’elle exprime après son Éveil à la Nuit. Chez Stoker, c’est la Lucy morte qui intéresse, chez Moffat, c’est la vivante, d’où une contradiction. Les quelques autres personnages conservés (Quincey Morris, Jack Seward) n’apportent pas grand-chose non plus. Renfield c’est autre chose, mais grâce au fabuleux numéro de Mark Gatiss.
L’autre volet de l’épisode est son regard introspectif sur Dracula, porté cette fois par Van Helsing. Dracula contemple le Monde, et Van Helsing contemple Dracula, à chacun sa proie. Là aussi notre sombre modernité, si dépourvue de Merveilleux même horrifique, dévore le Comte puisqu’elle le réduit à un objet d d‘étude clinique. Que cela soit par des justifications scientifiques ou psychanalytiques (la pulsion de mort chère à Freud), on le dépouille de son aura et de son folklore, on le rend plus ordinaire, lui-aussi. Il s‘agit d’une approche assez originale et audacieuse du Mythe du Vampire, participant pleinement à la noirceur du projet global (rien à voir avec les mitochondries de la Force, non, voilà, non).
Et pourtant, selon le principe de « qui trop embrasse, mal étreint », j’y vois une faiblesse d’un opus hésitant entre divers sujets. C’est subjectif, mais je trouve le premier sujet bien plus universel et interpellant pour le public et Moffat aurait certainement pu l’approfondir encore en disposant de plus de temps. En fait il faudrait deux épisodes, pour éviter une certaine sensation de trop grande rapidité, notamment lors du dénouement. Cette impression de trop plein se ressent d‘autant plus fortement que l’auteur complexifie parfois inutilement sa narration, mais demander à Steven « mon esprit est un labyrinthe » Moffat de renoncer à la complexité, c’est demander à un poisson de respirer hors de l’eau. L’acharnement mis à absolument inclure toutes les composantes du Mythe du Vampire à sa théorie ou à unifier toutes les parties de l’histoire est également contre-productif, on perd aussi du temps là-dessus. Moffat est un immense scénariste, mais parfois fasciné par sa propre virtuosité dont il veut à tout prix qu’elle revêt le plus d’impact possible, quitte à en faire trop.
On connaît aussi son inclinaison pour les couples à l’histoire contrariée et (fatalement) complexe : Jackman et Claire, Clara et Pink, Amy et Rory, le Docteur et River Song. Sherlock et Irène Adler… Il y excelle mais c’est pourtant ici que l’on trouve le plus profond défaut de The Dark Compass : son volet le plus porteur (le regard sur notre Monde) est porté par le moins intéressant de ses deux couples. Il y a discordance entre l’intérêt des messages et de leur vecteur. Malgré tout l’intérêt de Lucy et le talent de Lydia West, ce couple ne saurait rivaliser avec celui formé entre Dracula et les incarnations de Van Helsing, plus fort et transgressif dramatiquement, et installé depuis le tout début. Le socle de la série n’est pas utilisé pour développer son discours premier, cela rend fatalement ce dernier moins perceptible par le public.
Bon, j’ai déjà été beaucoup trop long, alors je passe très vite sur les qualité du volet 3 déjà présentes dans les deux premiers : l’interprétation, les décors, la musique, la mise en scène encore rehaussée par Paul McGuigan. Mais, en bon fan de la Slayer de Sunnydale, je tiens à dire que j’ai trouvé qu’il y avait ici décidément comme un côté Buffy contre les Vampires. Van Helsing est féminisée et, à la fin du volet 2, Dracula coulait dans son cercueil comme Angel et sa faisant capturer par l’Initiative locale comme Spike. Dans le volet 3 on trouve des décors effectivement très à la Initiative, les Vampires tombent en poussière, on trouve un Bronze façon 2020 et un cimetière… Est-ce que le Dracula de Moffat ne rendrait pas la politesse à une série ayant elle-même dédiée un épisode au Comte et dans lequel Alex devenait le Renfield ici joué par Mark Gatiss ? (***)
Dernière édition par Estuaire44 le Ven 10 Jan 2020 - 10:35, édité 1 fois
Estuaire44- Empereur
- Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007
Dearesttara aime ce message
Page 4 sur 14 • 1, 2, 3, 4, 5 ... 9 ... 14
CHAPEAU MELON ET BOTTES DE CUIR - LE MONDE DES AVENGERS :: Le CAFÉ Avengers (Ouvert sous modération)
Page 4 sur 14
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum