Série "Hercule Poirot"

Critique très mitigée pour "Mystère à Venise" :

https://www.francetvinfo.fr/culture/cinema/sorties-de-films/mystere-a-venise-un-troisieme-agatha-christie-signe-kenneth-branagh-avec-camille-cottin-en-guest-star_6033824.html#at_medium=5&at_campaign_group=1&at_campaign=culture&at_offre=3&at_variant=V3&at_send_date=20230912&at_recipient_id=726375-1454831019-2a46c449

Le film a peut-être rendez-vous avec la mort ?

Première photo de l'adaptation d' Un meurtre est-il facile, dernière adaptation en téléfilm par la BBC (cela devient une anthologie ne portant pas ce nom). Actuellement en tournage, il comptera deux parties et sera sans doute diffusé l'année prochaine. Un beau casting a été annoncé, dont la lumineuse et charismatique Morfydd Clark dans le rôle de Bridget.

Je suis allé voir "Mystère à Venise" malgré mes réserves. C'est un bon thriller dans des décors qui donnent une atmosphère et un bon casting mais ce n'est pas une adaptation d'Agatha Christie. Très peu d'éléments renvoient au roman d'origine et j'ai aussi du mal avec l'interprétation que Kennet Brannagh donne de son Hercule Poirot, trop faible dirais-je. Si Tina Fey est excellente, son Ariadne Oliver est une trahison du personnage. (**)

Faut-il réécrire Agatha Christie ?

https://www.francetvinfo.fr/culture/livres/reecrire-agatha-christie-je-pense-que-c-est-une-chose-vaine-estime-abdulrazak-gurnah-le-nobel-de-litterature-2021_6161286.html#at_medium=5&at_campaign_group=1&at_campaign=culture&at_offre=3&at_variant=V3&at_send_date=20231103&at_recipient_id=726375-1454831019-2a46c449

Cette saison 3 était en effet moins bonne que la seconde (encore que la notion de "saison" durant plusieurs années m'interpelle) mais je me demande si ce n'est pas la qualité de la saison 2 qui a fait de l'ombre à sa suivante.

Il faut savoir conclure une série. Tout à fait d'accord. J'espère juste que ce sera un épisode mémorable.

Vu A Haunting in Venice (titre en VO car "Mystère à Venise" a le goût de ce pain de mie dont parlait judicieusement Dear) et je dois dire qu'il s'agit sans doute du volet de la Trilogie ayant été le plus à mon goût. Alors je vous vois venir, avec votre “Bah oui, Estuaire, c'est celui qui joue le plus la Carte du Fantastique”. Ha, ha, je me gausse.

Oui, c'est vrai.

Mais le film compte vraiment pas mal d'atouts. J'ai toutefois eu de petits problèmes avec sa contextualisation, parce que cette Venise de 1947 semble peu crédible, car à l'évidence prospère et heureuse. Je crois avoir fugacement entraperçu des tickets de rationnement, mais enfin nous ne sommes clairement pas à l'époque du Voleur de bicyclette. Par ailleurs, même après le récent passage américain dans la Botte, on a du mal à croire à une telle popularité d'Halloween à Venise cette époque.

Mais on comprend que le film mette en avant les rares éléments permettant de le relier au roman, alors qu'il s'en écarte quasi totalement (idem pour la fameuse pêche aux pommes). La plupart des personnages n'ont que leur nom en commun avec leur alter ego littéraire. Honnêtement cela ne m'a pas dérangé, je savais depuis le précédent opus qu'il s'agissait d'un Poirot alternatif, je savais où j'allais. La séquence cesse  lorsque nous en arrivons au huis-clos traditionnel.

De fait le film s'avère dépourvu des superbes paysages, réels ou virtuels, du Nil, je ne suis pas allé vérifier mais je pense que le budget du troisième opus est nettement inférieur à celui du deuxième. Mais c'est peut-être grâce à cela qu'il existe. Les moyens demeurent fort corrects, autorisant un très beau décor alliant gothique et ambiance vénitienne, une alliance se montrant des plus efficaces.

De fait, et c'est là le principal atout du film de Branagh, il va parvenir à entremêler Whodunit et récit d'épouvante, deux styles demeurant le plus souvent disjoints chez Agatha. Bien sûr on se doute bien qu'il s'agit d'un Fantastique d'apparence et que l'on va in fine se retrouver face à du Scoubidou (et le plan aurait fonctionné sans l'intervention de ce maudit Belge), mais le film va aussi loin qu'il le peut sur l'horreur tout en restant grand public, avec plusieurs effets ma foi très réussis.

Alors A Haunting in Venice n'est pas The Haunting, il ne révolutionne pas le genre, mais demeure percutant, avec suffisamment de péripéties diverses et variées pour entretenir l'intérêt à défaut d'innover. L'ambiance du palais vénitien demeure étouffante à souhait et la caméra effectue des angles et vues en plongée très suggestifs. Ce sont un peu toujours les mêmes mais le film a le bon goût d'être suffisamment court pour ne pas lasser. On apprécie le bon goût de l'équilibre trouvé avec un Whodunit là aussi de bonne facture, sachant rester fidèle au principe que ce soit la personne la moins soupçonnable qui s'avère le gros lot.

Aux deux tiers du film survient cependant une séquence basculant par trop dans le surnaturel horrifique, mais l'intrigue sait retomber sur ses pieds avec une explication révélée lors de l’incontournable séquence de la révélation par Poirot, aussi brève que percutante. Le Poirot de Suchet aurait certainement fait durer le plaisir, mais enfin la clef de l'énigme se révèle suffisamment diabolique et complexe pour séduire.

Globalement l'interprétation se montre talentueuse et impliquée, avec quelques visages que l'on aime à retrouver (Michelle Yeoh peut décidément  tout jouer, qu'on se le dise). Branagh lui-même se montre plutôt convaincant dans son incarnation d'un Poirot toujours homme d'action mais ici troublé par les phénomènes. Mais mon coup de cœur reste la Ariadne Oliver de l'inattendue et épatante Tina Fey, plus incisive et percutante, nettement moins excentrique, que celle de Suchet ou d'Agatha, plus cynique aussi ! De l'alternatif, ici aussi. Fey la joue très à la Liz Lemon (non, pas Miss Lemon), mais c'est sans doute ce que son public attend et au total cela suscite un duo savoureux et tonique avec Poirot, j'ai bien aimé leurs étincelles.

Au total le film se montre prenant, même s'il frôlae parfois le sensationnalisme et l'emphase, il n'y sombre jamais. Bon, le spiritisme, l'action, le Fantastique exotique et une certaine propension à privilégier l'épate de la révélation évoquent plutôt Conan Doyle, à mon avis, mais il existe pire comme comparaison. La trilogie  se conclue judicieusement sur son meilleur opus. (***)

Très belle critique, mesurée et qui sent le plaisir du spectateur.

D'autant que je me souvienne, ma critique à moi était nettement plus fraîche. Le mélange fantastique/whodunit ne n'avait pas emballé alors que je suis fan de Jean Ray qui manie le mélange policier/fantastique dans ses "Harry Dickson" (un jour, je ferai la critique de ces histoires) mais, là, non. pour moi, il y a haute trahison de l'œuvre d'Agatha Christie et du personnage d'Hercule Poirot. C'est rédhibitoire et je ne retrouve rien du roman (hormis les pommes et encore).

En revanche, je suis d'accord sur l'excellente interprétation de Tina Fey.

Plutôt bien aimé la version BBC de Murder is Easy (Un meurtre est-il facile ?) avec un intéressant travail de réécriture.  Il ne s’agit pas ici d’une transformation systémique comme cela fut le cas dans la Venise enténébrée de Branagh. L’intrigue demeure scrupuleusement fidèle à celle du roman, à quelques inévitables simplifications et raccourcis près. Il en va pareillement pour la localisation, avec un village très à la St. Mary Mead, tandis que le transfert de l’action des années 30 aux 50 ne change de fait pas grand-chose à ce petit monde. On pourrait croire à une adaptation soignée, presque académique, s’appuyant sur une jolie reconstitution historique, une photographie agréablement lumineuse (très à la Cosy Mysteries), une intrigue comptant à mon avis parmi les plus ludiques d’Agatha, et un standard de production globalement similaire à la plupart des épisodes long métrages de Poirot. Mais ce n’est qu’en partie vrai.  

Car la mini-série s’inscrit pleinement dans la charte actuelle de la BBC, à comprendre que si vous êtes rétifs à ce que l’on va nommer par facilité le wokisme, cela va aussi peu vous plaire que Les Anneaux de Pouvoir. Le grand twist réside bien entendu dans le rôle du protagoniste devenu un attaché nigérien. Cette diversité nouvelle apporte tout un message antiraciste, l’intéressé devant se confronter aux préventions que l’on imagine. A quelques scènes près, on évite le caricatural et ce merveilleux comédien qu’est  David Jonsson apporte toute une précieuse humanité à un personnage auquel on s’attache très vite. Surtout, ce mouvement s’insère plutôt judicieusement dans ce qui demeure un roman mine de rien revendicatif concernant le féminisme et les différences sociales, l’un des plus marqués d’Agatha sur ces sujets. La division de la  société par classes se retrouve bien sûr ici , avec la même absence de caricature que chez l’écrivaine, puisqu’ici le cacique local, derrière ses infatuations, reste pareillement un brave homme.

Le féminisme complète of course la Trinité de la BBC, autour de la femme éprise de liberté que forme derechef Bridget. La formule fonctionne avec une semblable efficacité, grâce au talent de Morfydd Clark et à l’habilité d’une narration évitant l’écueil du prêche. La complicité du duo de comédiens consacre le succès de cette vision maîtrisée d’un roman volontiers vachard envers la société anglaise traditionnelle... tout en restant ultra British ‘éternel paradoxe de l’autrice). Si on apprécie ce parti pris, on avouera demeurer nostalgique du duo inévitablement romantique du roman, d’autant que le happy-end du mariage, auquel pour le coup Agatha était attachée, disparaît bel et bien. Femme forte et libre, Bridget part vivre sa vie indépendante, c’est certes cohérent. Je regrette aussi la disparition de tout le volet quasi Fantastique du roman, notamment le côté gothique et ténébreux de Bridget, ici parfaitement solaire. C’est ainsi, on ne peut pas être et avoir été. (***)

Nouvelle adaptation en vue pour Agatha Christie, il s'agira cette fois des Sept Cadrans, l'un de ses meilleurs bouquins en matière d'espionnage (elle fut assez inégale dans de domaine, mais le roman reste très divertissant). Ce sera sur Netflix, et par Chris Chibnall, ce qui lui conviendra sans doute mieux que la SF éminemment particulière de Doctor Who.  

https://www.tvzoneuk.com/post/netflix-sevendialsmystery-ann1

Relu récemment, un très bon roman effectivement. Qui interprètera Bundle, pardon lady Eileen, fille du marquis de Catherham (qu'il ne faudra pas manquer non plus) ?

C'est l'étoile montante Mia McKenna-Bruce (Mia Karp dans Vampire Academy) qui incarnera Bundle, l'intrépide jeune héroïne des Sept Cadrans, version Netflix. Elle sera entourée d'Helena Bonham Carter (Lady Caterham) et de Martin Freeman (bien entendu le Superintendant Battle), excusez du peu.

https://variety.com/2024/tv/global/mia-mckenna-bruce-helena-bonham-carter-martin-freeman-agatha-christie-seven-dials-mystery-netflix-1236030499/

Je ne voudrais pas faire le pointilliste (même si j'aime bien Seurat) mais il n'y a pas de "lady" Caterham dans le roman. Martin Freeman en superintendant Battle ? Difficile d'y croire.