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Louis de Funès (1914 - 1983)

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Louis de Funès (1914 - 1983) - Page 8 Empty Re: Louis de Funès (1914 - 1983)

Message  Invité Ven 11 Mai 2012 - 14:24

Et puis voir Cruchot embarqué par la police américaine, après une péripétie faisant scandale auprès de demoiselles dans un hôtel new yorkais, pour finalement s'en sortir avec une « petite » engueulade, fait songer qu'il faut mieux parfois être gendarme que président du FMI.

Bien vu! Laughing

Invité
Invité


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Louis de Funès (1914 - 1983) - Page 8 Empty Re: Louis de Funès (1914 - 1983)

Message  phildlm Lun 14 Mai 2012 - 20:06


LA GRANDE VADROUILLE****



Scénario : Gérard OURY
Adaptation : Gérard OURY, Danièle THOMPSON, Marcel JULLIAN
Dialogues : André TRABET, Georges TRABET
Réalisation : Gérard OURY
Musique : Georges AURIC




Sous l'Occupation, trois aviateurs de la Royal Air Force sont pourchassés par les Allemands après avoir été parachutés par erreur sur Paris. Séparés, ils vont trouver refuge aux Bains Turcs et chez deux Français de milieu social différent et de caractères antagonistes, mais qui vont d'autant plus devoir s'entendre pour faire sortir les aviateurs de la capitale et les faire passer en zone libre qu'ils se retrouvent eux-mêmes compromis aux yeux des Allemands.



GENESE :

Après le succès sensationnel et mérité du Corniaud, Gérard Oury ne va pas s'arrêter en si bon chemin et prépare un second film avec ses deux comiques vedettes Bourvil et Louis de Funès.

La Grande Vadrouille va relater l'histoire de deux Français, l'un modeste peintre en bâtiment, incarné par Bourvil, et l'autre prestigieux et autoritaire chef d'orchestre, interprété par Louis de Funès, aux affres avec les autorités allemandes sous l'occupation. Non qu'ils aient ressenti spontanément des velléités de résistance, mais ils se retrouvent victimes des circonstances, on peut même dire du hasard, à la suite de l'atterrissage des parachutes dans leurs parages.

Cette nouvelle aventure du duo comique le plus célèbre comporte quelques changements notoires par rapport au film précédent. L'histoire se déroule dans le passé, sous l'Occupation allemande de la Deuxième Guerre Mondiale, soit plus de 20 ans avant le tournage. Les décors ensoleillés de l'Italie sont remplacés par une série d'aventures dans Paris et les verts paysages bourguignons. Surtout, les deux acteurs principaux ne vont pas se quitter, alors qu'ils avaient passé la majeure partie du Corniaud séparés.





REALISATEUR :

Passé depuis longtemps à la réalisation, Gérard Oury va naturellement mettre lui-même en scène son scénario. Sa fille Danièle Thompson va l'aider pour l'adaptation, ce qui deviendra une habitude, et il reçoit aussi le concours de Marcel Jullian.

Gérard Oury racontera par la suite qu'il s'est trouvé aux prises avec une difficulté nouvelle sur ce tournage. Sur Le Corniaud, les deux acteurs principaux avaient très peu de scènes communes. Tel n'est pas le cas ici puisque La Grande Vadrouille est basée sur leurs antagonismes et qu'ils passent la majorité de leur temps ensemble.

Or, leur manière de travailler était très différente. Bourvil répétait longuement son rôle avant le tournage et était donc opérationnel dès les premières prises, puis il avait tendance à s'essouffler, à devenir moins bon au bout d'une dizaine de prises. Au contraire, Louis de Funès était un acteur qui ne répétait pas. Il travaillait son personnage, connaissait bien son rôle, mais ne répétait pas les scènes avant le tournage. Il était long à se mettre en route et il fallait parfois attendre la quinzième, voire la vingtième prise pour qu'il soit véritablement génial.

Le résultat, c'est que Gérard Oury voyait un de ses comédiens faiblir alors que l'autre s'améliorait, d'où les difficultés rencontrées, qu'il a pu résoudre en partie grâce à un habile montage.






DECORS :

Gérard Oury était un adepte des tournages en décors naturels. Si La Grande Vadrouille ne bénéficie pas des décors ensoleillés de l'Italie en plein été, la variété de ses paysages est tout à fait satisfaisante. Conforté par le succès du Corniaud, Oury n'a eu évidemment aucun mal à obtenir des moyens financiers très importants.

Hormis les scènes d'intérieur, la seule scène tournée en studio est celle des égouts. Le reste du film a été tourné en des lieux divers, à commencer par Paris pour la première partie.

Le bombardement et les scènes de fuite ont pour cadre la Butte Montmartre, et la chute dans le bassin des phoques le zoo de Vincennes.

Plusieurs séquences ont été filmées au musée de la contrefaçon, situé 16, rue de la Faisanderie dans le seizième arrondissement de Paris : atterrissage de Peter sur le chantier de Bouvet, cage d'escalier et ascenseur lors de la fouille de l'immeuble qui s'en suit.

Grâce au Ministre de la Culture André Malraux, toutes les scènes d'opéra ont pu être tournées à l'Opéra Garnier, alors que les séquences aux Bains Turcs ont été filmées au hammam de la Grande Mosquée de Paris. Et on poursuit dans le réalisme avec le véritable Guignol des Champs-Elysées et le 8 de la rue des Halles pour la scène de la prostituée.

En revanche, c'est la Gare de l'Est qui a servi de décor en guise de Gare de Lyon, hormis un plan ajouté sur l'horloge de la Tour.

La seconde partie du film se déroule à Meursault et dans ses environs, et a effectivement été tournée sur divers sites bourguignons, à commencer par la panne du fourgon postal et l'échange des chaussures. Une fausse borne rouge indiquant « Nationale 6 » a été ajoutée, mais on voit bien que cette petite route de campagne ne peut être une route telle que la nationale 6. En fait, il s'agit de la Départementale 958 de la Nièvre...

Le vol du camion se situe à l'entrée du château de Faulin à Lichères-sur-Yonne. Quant à l'arrestation de Peter, elle est censée avoir lieu à la gare de Vougeot, mais a été tournée à la gare désaffectée de Santeny-Servon, dans la Seine-et-Marne. En effet, il était impossible d'arrêter le trafic assez longtemps pour permettre le tournage dans une gare en activité.

Autres sites de Bourgogne bien connus, les hospices de Beaune, avec les bonnes sœurs qui ont joué les figurantes sur la scène où Mary Marquet est infirmière-en-chef, et Vézelay, près d'Auxerre, théâtre des péripéties censées avoir lieu à Meursault, à l'exception des scènes de l'Hôtel du Globe, tournées à Noyers-sur-Serein, petit village de l'Yonne.

Quelques séquences ont été tournées hors Bourgogne. Ainsi, le barrage de Grandval, dans la vallée de la Truyère, située dans le Cantal, a servi de toile de fond aux jets de citrouilles, et le chaos de Montpellier-le-Vieux, dans l'Aveyron, a vu Louis de Funès voyager sur les épaules de Bourvil lors d'une scène mémorable. Enfin, c'est en Lozère, près de Mende, qu'ont été filmées les scènes finales avec les planeurs.






GENERIQUE :

Absolument aucune originalité dans le générique de début, guère accrocheur. Oury n'avait visiblement pas le souci d'innover à ce niveau. Il préférait susciter un intérêt immédiat en démarrant par des scènes d'action.

La musique de Georges Auric est tout aussi désuète que celle du Corniaud, à la nuance près qu'elle passe beaucoup mieux sur ce film censé se dérouler dans les années quarante. On trouve aussi la mélodie de Tea for two dès le générique de début, ce qui peut être diversement apprécié (personnellement, je n'en raffole pas...)

Le plus marquant au niveau musical est la musique classique, très présente sur les scènes d'opéra, et de retour pour égayer le générique final. Stanislas Lefort dirige son orchestre sur La Marche de Rakocszy, issue de La Damnation de Faust. Le choix d'Hector Berlioz comme compositeur n'est pas innocent. Pour cadrer avec l'attitude grandiloquente de De Funès en chef d'orchestre, il fallait une œuvre romantique. Problème : la plupart des grands compositeurs romantiques sont Allemands ou germaniques. Or, il était inconcevable que Stanislas Lefort opère devant les SS sur une musique allemande. Non que Lefort soit un patriote intransigeant, puisqu'il n'accepte d'aider les Anglais que pour mieux s'en débarrasser, mais la tonalité générale du film vante le courage des petits Français résistants face aux méchants Allemands, stupides et lourdauds. Il fallait donc trouver un compositeur Français, d'où Berlioz, le seul qui puisse sérieusement rivaliser avec les compositeurs d'outre-Rhin dans le genre recherché.





SCENARIO :

Comme toujours avec Gérard Oury, le scénario est solide et bien travaillé. Même si les performances des acteurs principaux sont pour beaucoup dans la réussite de ses films, il est probable qu'ils auraient tenu la route quels que soient les acteurs, au contraire de nombre de films avec De Funès, essentiellement basés sur son talent inégalable de comique.

Un avion de la Royal Air Force avec trois hommes à bord se retrouve au-dessus de Paris alors que ses occupants croyaient survoler Calais. Repéré par les Allemands, lesdits occupants sont contraints de sauter en parachute et atterrissent dans des endroits divers.

Sir Reginald, le chef, l'Escadron Leader, se retrouve dans le bassin aux phoques du zoo de Vincennes, d'où l'extirpe tant bien que mal le gardien avant l'heure d'ouverture. Grâce aux vêtements fournis par le brave employé, il peut se rendre en toute sécurité aux Bains Turcs, le point de ralliement convenu avec ses hommes.

Peter Cunningham atterrit sur l'échafaudage d'Augustin Bouvet, un peintre en bâtiment en train de refaire la façade de l'immeuble où s'est installée la Gestapo. Une cérémonie militaire se déroule dans la cour, juste au-dessous, et l'arrivée impromptue du parachutiste provoque la chute d'un pot de peinture sur la tête du chef des SS ! Les deux hommes, pris en chasse par la Gestapo, parviennent à s'enfuir par les toits, et se réfugient chez Juliette, une jeune femme qui cache l'Anglais au-dessus d’une cage d'ascenseur. Quant à Bouvet, elle le fait passer pour son mari, et les Allemands assistent lors de la fouille de l'immeuble à une scène de ménage entre une jeune femme furieuse sur le départ et son « mari », en l'occurrence Bouvet en petite tenue, mousse à raser sur les joues.

Le troisième larron, Alan Mac Intosh, atterrit sur la coupole de l'Opéra Garnier et se réfugie dans l'appartement privé du chef d'orchestre Stanislas Lefort. Ce dernier est absent, car il répète La Damnation de Faust avec ses musiciens. Mais la répétition est interrompue par le Major Achbach, l'officier de la Wehrmacht chargé de retrouver les parachutistes, et qui entend bien fouiller l'Opéra de fond en comble.

Furieux de voir la répétition interrompue, Lefort va faire un brin de toilette dans son appartement, où il découvre Mac Intosh. Il décide de le faire passer pour un élève à qui il donne une leçon de harpe, ce qui suffit à tromper le Major Achbach. Sur demande du réfugié, il se rend aux Bains Turcs afin de contacter Sir Reginald, dit Big Moustache. Pendant son absence, le Major découvre l'Anglais chez lui, mais ce dernier réussit à s'enfuir.

Après un quiproquo dû au fait que Big Moustache s'est rasé la sienne, trop typiquement britannique, Lefort tombe sur Bouvet dans les vapeurs du Bain Turc, et les deux hommes se prennent mutuellement pour Big Moustache, avant que ce dernier ne les retrouve et les détrompe.

Au retour de Lefort à l'Opéra, Achbach exige des explications et fait de Herr Captainmaster son prisonnier. Cependant, il ne l'interrogera qu'après le concert que Lefort doit diriger le soir même en l'honneur d'un Obergruppenführer SS.

De leur côté, Sir Reginald et Augustin, vêtus d'uniformes d'officiers Allemands qu'ils ont volés dans les vestiaires du Bain Turc, vont retrouver Peter et Juliette au Guignol des Champs-Elysées, tenu par Juliette et son grand-père. Ils décident de profiter de ces uniformes pour s'introduire le soir-même à l'Opéra afin d'en faire sortir Mac Intosh, que des Résistants ont vêtu en jeune femme, figurante de La Damnation, pour tromper les Allemands.

Après un attentat contre le chef SS, avorté en raison de la maladresse du duo Reginald-Bouvet, ces derniers parviennent à échapper aux Allemands en compagnie de Lefort et Mac Intosh. Le groupe s'enfuit par les égouts, mais trop tard pour retrouver à temps Peter et Juliette à la Gare de Lyon, d'où ils doivent partir ensemble pour la Bourgogne afin de passer en zone libre.

Juliette et Peter sont contraints de partir seuls. Leurs compagnons passent les barrages embusqués derrière des sacs de courrier et s'emparent du fourgon postal pour quitter la capitale. Sur une route de Bourgogne, la camionnette tombe en panne, mais les Anglais la remplacent par une autre, conduite par une religieuse. Sœur Marie-Odile cache les Anglais dans un hospice et envoie Augustin et Stanislas, de nuit et à vélo, retrouver Juliette et Peter à Meursault. Si Bouvet est ravi de l'aventure, qui va lui permettre de retrouver Juliette, dont il est amoureux, Lefort manifeste beaucoup moins d'enthousiasme.

Arrivés à L'Hôtel du Globe, les deux compères apprennent que Peter a été arrêté dans le train. Germaine, la patronne de l'hôtel, leur annonce qu'elle va les faire passer en zone libre dès le lendemain matin, mais qu'ils devront passer la nuit dans la même chambre et le même lit, l'hôtel étant complet.

Ce qu'ils ignorent, c'est qu'à la suite d'une inversion de numéro de chambre entre le 6 et le 9, ils vont l'un et l'autre dormir à côté d'un Allemand ! Lefort se retrouve en compagnie du Major Achbach, venu sur place suite à l'arrestation de Cunningham, et Bouvet avec l'ordonnance du Major. Le malheureux Stanislas passe une nuit épouvantable car Achbach ronfle très fort...

Au petit matin, Stanislas et Augustin s'aperçoivent de leur méprise et s'empressent de quitter leurs chambres. Germaine les équipe d'uniformes de la patrouille Allemande et de chiens qui doivent les guider jusqu'à la zone libre. Hélas ! Ils laissent les chiens s'échapper et sont rapidement fait prisonniers par la véritable patrouille, à la grande joie du Major Achbach.

Pendant ce temps, Sœur Marie-Odile emmène Sir Reginald et Alan Mac Intosh, camouflés dans des tonneaux de vin, à la Kommandantur, où ils sont déchargés par erreur. Ils en profitent pour libérer Peter et vont également tirer Lefort et Bouvet des griffes du Major, après un interrogatoire épique. Notre groupe d'aventuriers s'enfuit en carriole après avoir mis le feu au quartier général allemand.

La religieuse emmène les fuyards jusqu'à une falaise d'où ils échappent à leurs poursuivants en empruntant deux planeurs. Dépité, le Major Achbach ne peut que constater le passage de ses ennemis en zone libre.






DISTRIBUTION :

Louis de Funès est plus vrai que nature en chef d'orchestre. L'irascible Stanislas Lefort est un personnage « funésien » typique, nerveux et dur avec les subalternes. Il est condescendant avec Bouvet, modeste peintre en bâtiment, un « manuel » qu'il a tendance à prendre pour son souffre-douleur. Son patriotisme est ambigu, plus motivé par son envie d'échapper au plus vite aux ennuis que par le désir réel d'aider les Anglais.

Sa victime Augustin Bouvet est impeccablement interprétée par Bourvil, et c'est une joie immense de retrouver ces deux comédiens exceptionnels, cette fois-ci en affrontement direct pendant la totalité du film.

Le trio de la Royal Air Force est dirigé par Sir Reginald, incarné par Terry Thomas. Cet acteur au registre comique affirmé compose un chef bon enfant, enjoué et particulièrement bon vivant. Ce parfait représentant du flegme britannique est porté sur la bonne chère, en particulier sur le vin de notre pays...

Claudio Brooks incarne le plus marquant de ses deux compagnons. Cet acteur mexicain très expressif donne un ton grave à Peter Cunningham, son personnage, notamment lors de la scène d'arrestation dans le train. Il est décédé en 1995 à l'âge de 68 ans, des suites d'un cancer de l'estomac.

Par comparaison, Mike Marshall, l'interprète d'Alan Mac Intosh, apparaît assez transparent. Fils de Michèle Morgan, la compagne de Gérard Oury, il a été élevé par son père aux Etats-Unis, suite à la liaison de Michèle Morgan avec Henri Vidal, et l'Anglais est sa langue maternelle, ce qui en a fait l'acteur adéquat pour le rôle. Néanmoins, Oury n'a guère favorisé son beau-fils puisque son rôle ne le met pas du tout en valeur, il est quasiment réduit à de la figuration. Mike Marshall est lui aussi décédé d'un cancer, à l'âge de 60 ans.

Marie Dubois est l'élément de charme du film, la jeune blonde patriote et courageuse qui séduit Bouvet dès leur première rencontre. Ainsi, le personnage habituel de Bourvil, romantique et amoureux, est développé par antagonisme avec celui de Louis de Funès, beaucoup plus réaliste et matérialiste.

C'est avec un plaisir particulier que l'on retrouve Colette Brosset dans le rôle de Germaine, la patronne de l'Hôtel du Globe. Cette comédienne sympathique, épouse de Robert Dhéry, était un des piliers de la troupe des Branquignols, avec qui De Funès a tourné Ah ! Les Belles Bacchantes ! Ici, elle joue une aubergiste maîtresse-femme, très à cheval sur la literie.

Du côté des religieuses, c'est Andréa Parisy qui donne vie à Sœur Marie-Odile, pour une interprétation sans faille. Marie Marquet ne joue qu'une seule scène, mais elle crève l'écran en Mère supérieure spécialiste en médecine, à la fois autoritaire et bienveillante, et un rien paternaliste avec Sir Reginald, qu'elle prend pour un véritable malade.


Benno Sterzenbach interprète le Major Achbach. Cet acteur Allemand de cinéma et de théâtre, passé ensuite à la mise en scène, a dû trouver une saveur particulière à ce rôle puisque, soupçonné d'espionnage, il fut lui-même arrêté par la Gestapo en 1941 et emprisonné pendant un mois, avant d'être libéré faute de preuves. Sa performance est excellente car il réussit à conférer à son personnage, non seulement une certaine épaisseur, mais aussi une forme d'humanité. Dans un film à tonalité anti-allemande marquée, il joue l'élément modérateur, l'Allemand honnête qui fait la guerre le moins salement possible, au contraire des SS. Le fait est que, au fond, bien que le Major Achbach soit l'ennemi de Bouvet et Lefort, le personnage a un côté sympathique marqué, dû sans doute à la fois à la prestation de l'acteur et au traitement assez bon enfant de l'aventure. Benno Sterzenbach est décédé en 1985 à l'âge de 69 ans.

D'autres acteurs allemands occupent des rôles moins importants : Helmut Schneider joue l'officier du train, celui qui fait arrêter Peter. Reinhardt Kolldchoff, c'est le soldat qui dirige la perquisition chez Juliette, et un fameux cliché des comédies de guerre françaises, celui du soldat allemand stupide et lourdaud. Hans Meyer joue Otto Weber, le SS élégant sali à deux reprises, d'abord par la peinture de Bouvet, puis lors de l'attentat manqué à l'Opéra. Enfin, Sieghardt Rupp incarne le Lieutenant Sturmer.

Les inséparables Guy Grosso et Michel Modo font, eux aussi, partie de l'aventure. Grosso ne fait qu'une apparition pendant le concert initial en musicien bavard, mais Modo a un rôle un peu plus important, celui du soldat allemand qui louche. Jean Droze interprète l'autre musicien bavard, voisin de Grosso.

On continue avec les vieux complices de Louis de Funès, et en voici deux bien connus : Henri Genès, convaincant en gardien de zoo, et Paul Préboist, qui ne fait qu'une apparition, mais remarquée, en pêcheur français ironique sur l'occupant allemand.

Pierre Bertin interprète le directeur du Guignol, grand-père de Juliette et fervent admirateur des aviateurs anglais et des Résistants, comme le « héros » Augustin Bouvet.

Parmi les tout petits rôles, on ressortira Mag Avril, la vieille locataire voisine de Juliette, Clément Michu, le postier de la Gare de Lyon, Paul Mercey, le moustachu du Bain Turc, Jacques Baudoin en Méphisto et Résistant, Anne Berger sa comparse Marguerite et Catherine Marshall dans le rôle d'une religieuse.







TEMPS FORTS :

Le film comporte nombre de séquences marquantes, entrecoupées de passages plus banals. On peut presque le considérer comme un film moyen sauvé par la multiplication de scènes croustillantes, qui finissent par en faire un excellent divertissement, bien que sans doute un peu inférieur au Corniaud.

Premier temps fort incontestable, la composition de Louis de Funès en chef d'orchestre. Avec son professionnalisme habituel, De Funès a pris quelques leçons auprès de la direction de l'Orchestre National, puis a répété pendant trois mois devant la glace de son salon pour trouver la gestuelle adéquate. Et il est vrai qu'il donne l'impression d'avoir dirigé un orchestre pendant toute sa vie. Sa réaction lorsque le morceau se termine est d'une drôlerie typique de son personnage : il affirme que c'était « très bien », mais devant les mines satisfaites des musiciens précise que « c'était très bien, mais pour lui »... Voici la suite:

« Vous là-bas, c'était bien. Vous c'était hum ! Hum ! Il faudra améliorer... Vous, on ne vous entend jamais ! Vous passez votre temps à discuter ! J'ai une conception personnelle de l'ouvrage : ce n'est pas assez orgueilleux tout ça. De l'orgueil bon sang ! C'était pas mauvais, c'était très mauvais, voilà ! »

Du côté de Bourvil, excellente scène entre Marie Dubois et lui lors de la fouille de l'appartement par les Allemands. Outre que l'idée de simuler une scène de ménage est judicieuse, il faut souligner le jeu parfait du duo de comédiens, qui forcent le trait comme dans une pièce de théâtre pour bien montrer que c'est une comédie destinée à donner le change, et comme ils ne sont pas censés être des acteurs, ils la jouent de manière grandiloquente. En somme, ces deux bons acteurs font exprès de mal jouer, ils jouent à ceux qui jouent mal la comédie pour montrer aux spectateurs que leurs personnages ne sont pas des comédiens.

Pendant ce temps, Lefort se livre à un jeu plaisant avec son prétendu élève, à qui il donne une leçon de harpe devant le major Achbach. Le problème, c'est qu'il veut trop en faire dans sa prétendue colère contre le major, qui l'interrompt pendant la « leçon de harpe » après l'avoir empêché de terminer la répétition avec ses musiciens. Du coup, il manque de se trahir en ouvrant le tiroir où est dissimulé le parachute de son « élève ». Heureusement, Achbach se trompe de tiroir en voulant vérifier, et tombe sur une provision de nourriture, qu'il croît issue du marché noir. De Funès ne se fait pas prier pour embrayer :

« Non, ce sont des provisions, c'est pour l'entracte, parce que pendant l'entracte j'ai faim, j'ai l'estomac comme ça... » (il mime un estomac très étendu).

Poursuivons avec Stanislas Lefort, qu'on découvre rapidement excédé par la présence de l'encombrant aviateur. Il hésite à se rendre aux Bains Turcs et l'on assiste alors à un grand classique « funésien », la conversation en anglais :

« If I go to the Turkish Bath, I risk, I risk énormément. But if I don't go to the Turkish Bath, you go out et alors The Germans, les Allemands, vont vous attraper et alors RRh ! RRh ! (il mime l'Anglais sous la pression des Allemands), vous allez parler, et là I risk encore plus. Donc I risk on the deux tableaux !... Bon ! Do you promise me if I bring ici Big Moustache and Peter, vous partez avec eux, mais alors définitivement ?
-Yes.
-Alors, I accept to go to the Turkish Bath, I accept Big Moustache, I accept tout. »


Effectivement, on retrouve Lefort aux Bains Turcs en compagnie de Bouvet. Une scène très drôle se déroule dans le brouillard lorsque d'abord Bourvil, puis De Funès, rôdent autour d'un homme portant une énorme moustache. Ils le regardent d'un air équivoque en fredonnant Tea for two, le signal de reconnaissance, car ils le prennent pour l'Escadron Leader. Le quidam, qui ne se doute de rien, paraît excédé par l'approche successive de ces types, qu'il doit soupçonner d'être de mœurs spéciales.

Quelques passages intéressants lors de la soirée à l'Opéra. Si De Funès baragouine l'Anglais, Bourvil donne dans l'Allemand avec son « S'il vous blaît, mezieurs, où sont les goulisses ? » A ne pas manquer la tête accablée que prend Lefort lorsqu'il doit faire semblant d'être le prisonnier de Bouvet et Sir Reginald, déguisés en officiers allemands. Et lors de la fuite par les égouts, le travestissement de Mac Intosh en prostituée vaut le coup d'œil.

Louis de Funès offre une nouvelle démonstration de son immense talent en matière de mime lorsque Lefort et Bouvet croient que les Anglais les ont abandonnés à leur sort sur la route déserte. Alors que Bouvet affirme :
« ça m'étonne, ils avaient l'air sympathiques... »
Il rétorque :
« Sympathiques ? Ils étaient là comme ça : Aoh ! Fff ! Fff ! Ffff ! Fff ! »...

Survient alors la première vacherie de Lefort, qui s'empare des souliers de Bouvet sans y être spécialement invité, et lui refile les siens, absolument pas faits pour la marche :

« Vous chaussez du combien ?
-Du comme vous ! Allez ! »


La deuxième vacherie ne tarde pas à survenir, lors de l'expédition nocturne pour Meursault. Lefort donne à Bouvet son vélo avec la chaîne qui a sauté et enfourche celui de son acolyte, en parfait état. La victime essaie de se rebeller, mais il lui assène :

« C'est normal, non ?
-Pourquoi c'est normal ? Parce que je suis un manuel, sans doute ?
-Parfaitement ! Mais c'est pas de votre faute, vous savez ! Et puis d'abord, on n'avait pas besoin de faire les commissions des Anglais. Ils sont restés à l'hospice, on n'avait qu'à y rester aussi !
-Mais c'est tout de même pas eux qui pouvaient venir chercher Peter...
-Je m'en fous, de Peter ! Et vous aussi, vous vous en foutez ! Si vous m'avez entraîné ici, c'est pour retrouver la fille du Guignol ! La fille du Guignol !
-Je vous interdit de toucher à la fille du Guignol !»


Peu après, Augustin empêche de justesse Stanislas de tomber sur une patrouille allemande, et on assiste aux excuses émouvantes de Lefort. Oury a dû insister pour que De Funès joue la scène d'excuses car, pour lui, un personnage de comique, et surtout de comique d'agressivité, ne devait jamais s'excuser, et ce genre de scène n'avait pas sa place dans une comédie. Finalement, il a merveilleusement bien joué cette scène, comme toutes les autres.

Un des sommets du film est constitué par l'ensemble des scènes se déroulant à l'Hôtel du Globe, depuis l'arrivée de Stanislas et Augustin en présence d'un groupe de soldat allemands réunis pour fêter un anniversaire, scène ou Germaine sauve la situation en faisant passer les visiteurs pour son mari et celui de Juliette, jusqu'aux ronflements de lion du Major Achbach.

Entre ces deux séquences, citons l'échange involontaire des chambres, Stanislas et Augustin qui doivent coucher dans le même lit, avec Bourvil qui demande à De Funès :

« Comment me trouvez-vous, physiquement ?
-Euh ! Il est tard, il faut dormir, maintenant ! »
(la tête de Fufu, interloqué par la demande de Bourvil !)

Et puis aussi Lefort affamé à l'heure de l'entracte, déambulant dans l'hôtel en quête de nourriture et finalement trompé par l'ordonnance du Major, qui s'empare des mets restants au profit de son chef.

La troisième grosse vacherie de Lefort est probablement un des marqueurs les plus tenaces du film, une scène dont tout le monde se souvient : Bourvil qui porte De Funès sur son dos, l'ami Stanislas refusant de descendre après que Bouvet l'ait empêché de dégringoler d'un mur :

« On va s'arrêter !
-Pourquoi ?
-Pour vous descendre.
-Mais on est très bien, comme ça !
-Vous ne croyez pas que je vais vous porter sur mon dos, tout de même ?
-Allons ! Allons ! Avançez, les Allemands peuvent revenir !
-ça fait trois fois que vous me faites ça : d'abord, mes chaussures ; ensuite, mon vélo... »


En fait, cette scène a été improvisée. Il était prévu que Bourvil aide De Funès à descendre du mur puis marche à ses côtés. L'idée géniale de De Funés a bien entendu été conservée par Oury. A noter le grand professionnalisme de Bourvil, que l'on voit réellement marcher quelques mètres avec De Funès sur son dos, sans être doublé.

Les persécutions continuent avec la paire de claques assénée à Augustin par Stanislas, sous prétexte de lui remonter le moral. Lefort avait eu le tort de mimer la « fille du Guignol », ce que Bouvet a interprété comme une moquerie envers la femme qu'il aime. Cette fois-ci, il décide de se rebeller et rend la paire de baffes à Lefort.

Encore un dialogue de légende une fois nos héros capturés. Bourvil joue les téméraires :

« En tous cas, ils peuvent me tuer, je ne parlerai pas !
-Eh ! Bien, moi non plus ! Ils peuvent VOUS tuer, JE ne parlerai pas !
-Je savais bien qu'on pouvait compter sur vous ! »


Heureusement, les deux compères ont repéré les Anglais et savent qu'il leur suffit de gagner du temps avec le Major Achbach. Ils manifestent d'ailleurs un talent certain pour cela, entre les éternuements d'Augustin et les explications embrouillées de Stanislas, sans compter ses lamentations, reprises par Achbach lui-même :

« Non, mais moi je suis né en 14. C'était la Grande Guerre : quatre ans !
-Ach ! Terrible ! Quatre ans !... »


Mais le Major n'est pas dupe longtemps, et manque de s'étrangler de fureur :

« De moi vous osez vous fouter ? »...

La séquence finale de fuite recèle encore de quelques bons mots de Louis de Funès. Ainsi, lorsqu'un avion de reconnaissance survole les fuyards, il conseille à ses compagnons :

« Ne regardez pas ! Il nous espionne, n'ayons l'air de rien ! »

Et cet échange avec Bourvil :

« Y'a pas d'hélice, hélas !
-C'est là qu'est l'os... »







POINTS FAIBLES :

On peut reprocher la vision caricaturale sur le rôle des Allemands et des Français pendant la guerre. Bien que comédie, le film emboîte le pas de l'ensemble des œuvres d'après-guerre, avec la vision idyllique de la France de l'époque et de la Résistance. On nous présente des Français tous plus résistants les uns que les autres, une France sur les dents contre l'envahisseur.

Quid de la réalité ? L'histoire se déroule alors qu'il existait encore une zone libre, soit avant le 11 novembre 1942. Dans cette première moitié de la guerre, la Résistance intérieure était quasiment inexistante, l'immense majorité des Français étaient si ce n'est pétainistes, mais du moins maréchalistes. Par la suite, la Résistance n'enrôlera qu'un très faible pourcentage de Français, même si à partir de l'année 1943 l'opinion aura changé de camp et soutiendra les résistants. En revanche, il y aura infiniment plus de résistants après la Libération, que l'on appellera d'ailleurs les « Résistants du mois de septembre », la libération étant intervenue en août...

Il faudra attendre Papy fait de la Résistance en 1982, film auquel De Funès aurait dû participer s'il était resté en vie, pour voir un film tourner en dérision les films sur la Résistance.

Tout aussi caricaturale est l'image que le film donne des Allemands. Hormis le Major Achbach, assez nuancé, les Allemands sont montrés comme stupides et lourdauds, comme des soldats de pacotille qu'ils étaient très loin d'être. Voir le rôle tenu par Michel Modo, par exemple : un type qui louche que l'on charge de tirer à la mitrailleuse !

Autre aspect totalement irréaliste, la plupart des Français sachant parler anglais ! Si cela est compréhensible pour le chef d'orchestre cultivé qu'est Stanislas Lefort, c'est totalement incongru pour le modeste peintre en bâtiment Augustin Bouvet et le gardien du zoo de Vincennes. Dans les années quarante, et même beaucoup plus tard, seule une partie de l'élite savait parler anglais, mais en aucun cas les milieux populaires.

La durée excessive du film, près de deux heures, peut être critiquée, d'autant plus que la scène finale de fuite est beaucoup moins drôle que ce qui précède.








ACCUEIL :

Succès extraordinaire puisque ce film a battu des records d'entrées : 17 227 000 spectateurs, chiffre qui a été dépassé depuis par Titanic et Bienvenue chez les Ch'tis, mais en valeur absolue seulement. Si l'on rapporte le chiffre avec la population, La Grande Vadrouille est le seul à avoir été vu au cinéma par plus d'un tiers des Français, 34% exactement.

Le succès s'est prolongé à la télévision et continue encore, plus de quarante ans après sa sortie. Diffusé des dizaines de fois, chaque rediffusion continue à attirer huit à dix millions de téléspectateurs.

Cet immense succès populaire en fait un des plus grands classiques du comique français, et prouve une nouvelle fois le décalage entre le peuple et les critiques de cinéma, qui l'ont assassiné lors de sa sortie.






SYNTHESE :

Sans doute pas le meilleur De Funès, mais un excellent film quand même, devenu légende du cinéma français du fait de son immense succès jamais démenti.
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Message  Dearesttara Lun 14 Mai 2012 - 23:59

Excellente critique ! 4/4 comme toi bien entendu, pour ce miracle de comédie française.

Oui, il y'a une vision assez caricaturale bons français/méchants allemands, mais elle est cohérente dans la mesure où le film est une fantaisie comique, une vadrouille surréaliste dont la Seconde guerre mondiale n'est finalement qu'un décor.

Bon évidemment, De Funès qui dirige, tu te doutes que j'adore. Musicalement, je n'aime pas trop sa version de la marche hongroise, un peu trop lourdingue. Mais elle est hilarante dans la mesure où elle est exagéremment pompeuse, comme l'allure que se donne le personnage. Et sinon, sa battue est très compréhensible, ça oui, beau travail ! cheers
Mais je crois que De Funès avait une excellente oreille, étant lui-même pianiste de jazz à ses heures. Ca a pu aider. Very Happy


Sinon, une autre scène que j'adore : Bouvet et Lefort sont enfermés dans une salle gardée par une sentinelle. Et ils l'assomment avec un double salut hitlérien ! Heil hitler, heil hitler, Haaaaa ! PAF !! mdr
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Message  phildlm Mar 15 Mai 2012 - 1:26

Dearesttara a écrit:
Bon évidemment, De Funès qui dirige, tu te doutes que j'adore. Musicalement, je n'aime pas trop sa version de la marche hongroise, un peu trop lourdingue. Mais elle est hilarante dans la mesure où elle est exagéremment pompeuse, comme l'allure que se donne le personnage.
Je ne suis pas un expert en classique, mais j'ai un enregistrement de ce morceau par la Philarmonic Congregation, dirigée par H. Fleischmann. Je n'ai guère vu de différence avec la version du film. Mes oreilles sont-elles déficientes? Il s'agit d'un de mes morceaux préférés en matière de classique, avec le "Toccata et Fugues en ré mineur" et le "Brandebourgeois n° 5" de Bach (et tout ce qui est fugues chez Bach), et bien entendu "le Lac des Cygnes" de Tchaïkowsky.
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Message  Dearesttara Mar 15 Mai 2012 - 1:44

Ho ça non, Phil. Ca c'est juste une opinion personnelle. Une simple question de goût. Fleischmann est par ailleurs un bon chef, c'est lui qui dirige la version que je préfère de l'ouverture de Guillaume Tell de Rossini (avec le Philharmonic Congregation d'ailleurs), même si je suis pas toujours d'accord avec lui... Very Happy

J'aime les oeuvres que tu cites. Dans les concertos brandebourgeois, mon préféré est le n° 3, avec son flux perpétuel dans le dernier mouvement... love
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Message  Invité Ven 18 Mai 2012 - 0:44

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Message  Estuaire44 Ven 18 Mai 2012 - 10:06

Histoire de retrouver un peu de l'ambiance, le Thalassa de ce soir est consacré à St-Tropez.
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Message  Invité Ven 18 Mai 2012 - 14:05

Cet immense succès populaire en fait un des plus grands classiques du comique français, et prouve une nouvelle fois le décalage entre le peuple et les critiques de cinéma, qui l'ont assassiné lors de sa sortie.

Les Cahiers du Cinéma l'ont qualifié à l'époque du « film le plus minable de l’année »! Shocked
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Message  Dearesttara Ven 18 Mai 2012 - 17:53

Je me demande qu'est-ce qu'ils ont dit de La soupe aux choux alors... Laughing
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Message  phildlm Lun 28 Mai 2012 - 23:20


LES AVENTURES DE RABBI JACOB****



Production : Gérard BEYTOUT (Société Nouvelle de Cinématographie)
Scénario: Gérard OURY
Adaptation: Gérard OURY, Danielle THOMPSON
Dialogues : Gérard OURY, Danielle THOMPSON, Josy EISENBERG, Roberto de LEONARDIS
Réalisation : Gérard OURY
Musique : Vladimir COSMA




Victor Pivert, industriel autoritaire, conservateur et xénophobe, est retardé par un accident de voiture alors qu'il rentrait à Paris pour assister au mariage de sa fille, après quelques jours de vacances passés en Normandie. En cherchant du secours, il se retrouve mêlé à un règlement de comptes entre le chef de l'opposition d'un pays arabe et des tueurs à la solde de son gouvernement. Poursuivi par les malfaiteurs au même titre que le leader révolutionnaire avec lequel il a réussi à s'échapper, un concours de circonstances pousse Pivert, ainsi que son compagnon, à trouver refuge au sein de la communauté juive. Les deux hommes, très perméables aux préjugés antisémites, sont contraints de déambuler parmi les Juifs de la rue des Rosiers, déguisés en rabbins, et ne sont pas au bout de leurs surprises...




GENESE :

Pour la quatrième et dernière collaboration entre Louis de Funès et Gérard Oury, le cinéaste imagine une histoire se déroulant au sein de la communauté juive, et en particulier des Juifs pratiquants traditionalistes. Oury, lui-même petit-fils de rabbin, souhaite donner un vrai sujet au film, après avoir réalisé des comédies purement orientées vers la distraction.

Les aventures de Rabbi Jacob sont une belle réussite dans la mesure où Gérard Oury va réussir à incorporer des thèmes dits sérieux, comme le racisme et l'antisémitisme, tout en conservant un potentiel comique explosif, qui s'exprime sans retenue du début à la fin du film. Et effet, la comédie est pétillante, tout aussi drôle que les précédentes réalisations d'Oury, mais cette fois-ci elle est basée sur des sujets qui font réfléchir.

Louis de Funès va énormément travailler son personnage, qui lui est bien entendu totalement étranger. Il confiera plus tard :

« Ce film m'a décrassé l'âme, parce que j'avais de bonnes petites idées contre... (silence). Il doit m'en rester encore !... »

Lors de la préparation du tournage, Louis de Funès va répéter une scène dans une synagogue, avec son déguisement de rabbin, et croise un rabbin véritable qui l'interpelle :

« Je vous connais. Je vous ai déjà vu... Je ne me rappelle plus où je vous ai déjà vu... Oh ! Ça y est. Je sais !
(De Funès croit avoir été reconnu en tant qu'acteur...)
Je vous ai vu dans une autre synagogue ! »

Deux semaines avant la sortie du film éclate la guerre du Kippour entre Israël et ses voisins arabes. Une polémique prend naissance sur l'opportunité de reporter la sortie en salles. Finalement, la date est maintenue, et cela va engendrer un fait divers dramatique : l'épouse de Georges Cravenne, militante pro-palestinienne mentalement perturbée, détourne un avion Paris-Tunis le jour de la sortie du film et menace de le faire sauter si le film, qu'elle juge outrancièrement pro-israélien, n'est pas interdit. Alors que l'avion fait escale à Marignane pour se ravitailler en carburant, la police donne l'assaut. Madame Cravenne est tuée par balles par les ancêtres du RAID. Involontairement, son geste aura surtout servi à donner une publicité gratuite au film qu'elle avait honni... Cet épisode n'entravera pas la carrière de son mari, qui deviendra deux ans plus tard le créateur des trophées des César.




REALISATEUR :

C'est donc la dernière réalisation de Gérard Oury avec Louis de Funès. Une cinquième sera envisagée, pour un film qui devait s'appeler Le Crocodile, et décrire les mésaventures d'un dictateur latino-américain, mais le double infarctus qui va terrasser De Funès en 1973 mettra un terme à ce projet. Les deux hommes resteront brouillés à la suite ce projet avorté, sans que la cause réelle de la rupture soit connue. Après tout, Louis se serait bien passé de ses problèmes cardiaques, il n'y avait donc là aucun motif de fâcherie entre les deux hommes.

Oury fait appel à Josy Eisenberg pour la mise en scène des traditions de la communauté juive, ainsi que les dialogues. Comme d'habitude, sa fille Danièle Thompson le seconde pour l'écriture et l'adaptation, et ce trio est renforcé par un quatrième larron, Roberto de Léonardis.





DECORS :

Le générique et la première scène ont été tournés à New-York, ce qui permet d'admirer à plusieurs reprises les fameuses Twin Towers du World Trade Center, qui étaient flambant neuves à l'époque, et ont été détruites le 11 septembre 2001 par des avions de ligne détournés par des kamikazes intégristes islamiques. La scène du départ de Rabbi Jacob a été tournée dans le quartier populaire de Brooklin, le plus peuplé de New-York.

Le reste du film se déroule en France, et les extérieurs ont été filmés à Paris ou dans ses environs. L'enlèvement de Slimane a été tourné à la brasserie Les Deux Magots, dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés. Ce passage est bien entendu inspiré par l'enlèvement du chef de l'opposition marocaine Ben Barka à la brasserie Lipp en 1965. Un des tueurs de Farès y fait clairement allusion :

« On ne va pas l'enlever en plein Paris, chef, ça a déjà été fait ! »

D'autres séquences ont eu pour cadre l'aéroport d'Orly, l'autoroute A 13 et divers lieux de la capitale dont l'église Saint-Louis des Invalides. Une des scènes les plus connues, celle de la poursuite à moto derrière la DS de Pivert, se déroule rue de Rivoli, en direction des Invalides. Les scènes rurales ont été filmées dans de petits villages tels Merruy-sur-Yonne ou Fromaineville et, pour la scène du mariage mixte, devant l'église de Montjavoult dans l'Oise.

En revanche, la rue des Rosiers a été reconstituée à... Saint-Denis, dans le « 9-3 ». Curieux choix que celui d'une terre que les mauvaises langues qualifient « d'Arabe » pour servir de décor à un des plus célèbres fiefs juifs de France...

Le tournage en studios a été inhabituellement long pour un film d'Oury : huit semaines passées aux studios de Billancourt, en raison notamment des longues scènes de cascades dans l'usine de chewing-gum.





GENERIQUE :

Excellente idée de confier la bande musicale à Vladimir Cosma. Ce compositeur talentueux et prolifique a pleinement rempli son contrat avec un thème entraînant dont tout le monde se souvient. Après le choix de Polnareff sur La Folie des grandeurs, on peut mesurer l'évolution extrêmement positive de la musique lors des deux derniers De Funès-Oury, par rapport au Corniaud et à La Grande vadrouille et leurs thèmes désuets.

Satisfaction aussi avec les thèmes secondaires, jusqu'à la petite musique associée à chaque intervention du commissaire Andréani, qui souligne par son ton malicieux la stupidité du policier incarné par Claude Piéplu.

On ressortira aussi la qualité de la musique folklorique juive entendue à l'occasion de la danse de Rabbi Jacob-De Funès, encore une mélodie endiablée mémorable.

Question visuel, les vues de New-York du générique d'ouverture ne se regardent plus de la même manière depuis le 11 septembre 2001, en raison du contraste entre le ton léger de la comédie d'Oury et la gravité de ce qui se produira tard en ces mêmes lieux, qu'on ne pouvait soupçonner à l'époque du tournage tellement cela était inconcevable.

Le thème du générique de début est repris pour le générique de fin, sans innovation particulière.






SCENARIO :

On retrouve la réussite habituelle des scénarios de Gérard Oury, avec en plus les thèmes du racisme, de l'antisémitisme et de la nécessaire paix entre Arabes et Israéliens, traités de manière bon enfant, sans tomber dans le ton « donneur de leçons ».

Le patriarche new-yorkais Rabbi Jacob quitte sa famille pour se rendre à Paris, en compagnie d'un autre rabbin, à la « bar-mitsvah » (la communion) de son petit-neveu David, issu de la branche française de la famille.

Pendant ce temps, l'industriel Victor Pivert s'efforce de se faufiler parmi les embouteillages qui sévissent sur les routes normandes encombrées par les retours de vacances pour arriver à temps à Paris, où sa fille va se marier le lendemain avec la fille d'un général. Nerveux et colérique, Pivert a pris la place de son chauffeur Salomon et se montre très imprudent au volant de sa DS noire surmontée de son bateau, le Germaine II.

Alors que Pivert se plaint de l'excès d'étrangers, dont les voitures seraient trop polluantes, Salomon insinue qu'il est peut-être un peu raciste, ce qui provoque un démenti outragé de son patron. Pourtant, la vue d'un mariage entre un homme Blanc et une femme Noire le scandalise au plus haut point.

Le malheureux Pivert n'est pas au bout de ses surprises puisque son chauffeur lui apprend qu'il est Juif ! Stupéfait, il lui répond :

« Écoutez, ça ne fait rien, je vous garde quand même ! »

Impatiente de le voir revenir, son épouse Germaine l'appelle sur le téléphone de sa voiture. Salomon, en voulant écouter ce que dit son patron, qui est en train de demander à sa femme si elle était au courant de la judéité de leur employé, a un moment d'inattention qui provoque un accident : la DS se retrouve dans un lac, à l'envers sur le Germaine II flottant sur l'eau !

Excédé par les exigences croissantes de son patron, Salomon prétexte l'interdiction pour les Juifs de travailler le samedi pour refuser d'obéir à ses ordres, ce qui provoque son licenciement illico-presto.

Pivert se retrouve torse nu sur une route solitaire de campagne, en pleine nuit, à la recherche d'un hypothétique secours. Il se dirige vers une usine de chewing-gum sans savoir qu'elle est occupée par des membres des services secrets d'un pays arabe. Ces derniers viennent d'enlever Mohammed Larbi Slimane, le leader de l'opposition révolutionnaire et sont en train de le juger pour « traîtrise à leur gouvernement » lorsque Pivert les découvre, alors que lui-même est recouvert de pâte à chewing-gum verte après être tombé accidentellement dans une cuve.

Épouvanté par ces règlements de comptes entre « moricauds », il se réfugie dans un atelier voisin et tente d'appeler la police. Sans le savoir, il tombe sur les malfaiteurs et narre son aventure à leur chef Farès, qu'il prend pour le commissaire !

Farès s'empresse de se lancer à la poursuite de Pivert pour éliminer ce témoin gênant, mais Victor arrive à les semer provisoirement en les faisant chuter à leur tour dans la cuve de pâte à chewing-gum. Il n'est pas le seul à s'enfuir puisque Slimane réussit à s'échapper. Les deux hommes se retrouvent sur le bateau de Pivert, d'où Slimane abat deux tueurs à coups de revolver.

Les gendarmes, prévenus de la présence de Pivert par Salomon, qui désirait envoyer du secours à son ancien patron, arrivent sur les lieux au moment de l'échange de coups de feu et croient que l'industriel en est l'auteur. Et voilà comment le malheureux Victor Pivert se retrouve recherché par toutes les polices de France !

Après avoir extirpé la DS et le bateau du lac, Slimane décide de garder Pivert en otage au cas où les choses tourneraient mal au cours de sa tentative de retour dans son pays, où ses partisans viennent de se lancer à l'assaut du pouvoir. Il oblige son prisonnier à faire croire à sa femme qu'il « prend l'avion avec une femme », lorsque son épouse se révèle jalouse et insistante au téléphone.

Arrivés à Orly, les fuyards sont pourchassés tant par la police française que par les barbouzes arabes. Acculés, ils se réfugient dans les toilettes et assomment deux rabbins afin de leur voler leurs vêtements et leur raser la barbe. Ainsi déguisés, ils échappent à Farès, mais rencontrent la famille de Rabbi Jacob, venue attendre ce dernier à l'aéroport. La plupart des Schmoll n'ont jamais vu leur lointain parent, émigré aux Etats-Unis depuis des années. Seule sa belle-sœur, âgée, sourde et à moitié aveugle, croit reconnaître Jacob en voyant Pivert déguisé, et c'est le début d'un quiproquo bien utile pour nos deux fugitifs.

Réfugiés au sein de la communauté des Juifs traditionalistes de la rue des Rosiers, ils s'y trouvent provisoirement à l'abri de la police et des tueurs. Salomon reconnaît immédiatement son ancien patron et ironise sur cet antisémite déguisé en Juif. Néanmoins, il accepte de jouer le jeu et de protéger Pivert et Slimane en change d'une promesse de réengagement assortie du doublement de son salaire.

Hélas ! Pivert téléphone à sa femme et lui indique où il se trouve sans savoir que les tueurs ont investi le cabinet dentaire de son épouse. Ainsi, les malfaiteurs s'empressent de partir rue des Rosiers. A la suite d'un malentendu, Salomon manque de faire lyncher le commissaire Andréani, chargé de l'enquête pour la France, et ses deux adjoints, qu'il a pris pour le trio d'assassins arabes.

Un nouveau quiproquo et les malfaiteurs, croyant enlever Pivert et Slimane, s'emparent du véritable Rabbi Jacob et de son accompagnateur qui, étonnés de n'avoir vu personne les accueillir à Orly, ont fini par arriver rue des Rosiers par leurs propres moyens.

Salomon prête une moto à Pivert et Slimane, et les deux hommes prennent la fuite. Pivert aperçoit sa voiture qui roule devant lui et la prend en chasse. Il ne sait pas que c'est Farès et ses hommes qui l'ont « empruntée » et s'apprêtent à tuer les deux rabbins, après avoir découvert leur méprise.

Slimane et Pivert rejoignent la DS arrêtée à un feu rouge, à la grande satisfaction de Farès. Le féroce malfaiteur est bien décidé de se débarrasser de Slimane et des trois témoins gênants, mais Pivert parvient à gagner du temps, puis le téléphone sonne et un ministre français leur apprend que Slimane est devenu Président de la République dans son pays suite à la réussite du coup d'état lancé par ses partisans.

Farès s'incline et demande pardon, alors que Victor se hâte pour assister au mariage de sa fille. Il arrive à l'église avec deux heures de retard, face aux parents du fiancé très énervés. Le mariage n'a pas lieu puisque Slimane et la fille de Pivert ont le coup de foudre. Ils partent tous les deux dans l'hélicoptère du ministre, ce qui réjouit Pivert, flatté que sa fille se marie avec un Président de la République.

Rabbi Jacob invite Victor Pivert pour la soirée de fête consécutive à la « bar-mitsvah » de son petit-neveu. Alors que Pivert, devenu plus tolérant, confesse qu'il n'est pas Juif, Salomon lui répond :

« ça ne fait rien, Monsieur, on vous garde quand même ! »





DISTRIBUTION :

Louis de Funès accomplit une nouvelle performance remarquable dans ce rôle de Victor Pivert, industriel raciste contraint de se déguiser en rabbin. Son perfectionniste l'a conduit à répéter longuement son rôle, dans lequel il s'est investi à fond, selon ses habitudes. Il suffit de voir la scène de danse folklorique, où il est contre toute attente très à l'aise, pour se rendre compte du travail accompli et du talent exceptionnel de l'acteur, une nouvelle fois éclatant.

Le partenaire principal de Fufu n'est autre que Claude Giraud. Bien connu pour ses rôles dans des séries telles que Les Compagnons de Jéhu, Les Rois Maudits ou Matthias Sandorf, il a participé également à la saga cinématographique des Angélique, où il incarnait un des multiples amants malheureux de la belle « Marquise des Anges ». Ici, le teint de Giraud a été foncé pour incarner Mohamed Larbi Slimane, le célèbre leader révolutionnaire du Tiers-Monde, évidemment antisioniste de choc.

Henry Guybet incarne Salomon, le chauffeur de Victor Pivert. Acteur peu connu à l'époque, ce film a lancé sa carrière puisque par la suite, il est devenu un des acteurs comiques les plus populaires des années 70 et 80, jouant notamment dans des films de Lautner ou dans la série des 7ème compagnie de Robert Lamoureux. Guybet, auteur d'une performance remarquable, a raconté comment il a été engagé sur ce film : Oury l'a appelé et lui a demandé s'il était Juif. Il a répondu :
« Non, mais pour un film, je peux le devenir... »
Il a également affirmé avoir été très impressionné sur le tournage par Louis de Funès, en particulier par le professionnalisme avec lequel il avait assuré la scène de danse folklorique juive.

Le tueur arabe Farès est interprété par l'acteur... italien Renzo Montagnani, excellent de bout en bout. Il est décédé en 1997.

Suzy Delair compose une Germaine Pivert expansive et casse-pieds, tout à fait dans la lignée des personnages qu'elle a eu l'habitude d'interpréter au cours de sa carrière. Née Suzanne Delaire, et aujourd'hui âgée de 95 ans, actrice et chanteuse populaire, elle a composé des rôles dans le style « titi parisien », de femmes truculentes, pleines de gouaille et fortement enquiquineuses, notamment dans des films de son compagnon d'alors Henri-Georges Clouzot, comme L'assassin habite au 21. Son rôle dans Quai des orfèvres, adaptation d'un roman de SA Steeman, où elle joue une femme du peuple réactionnaire face à son mari, intellectuel de gauche interprété par le tout jeune Bernard Blier, était excellent. Côté chanson, elle connut un succès certain avec une composition de Francis Lopez, Avec son tralala.

Claude Piéplu interprète le commissaire Andréani, pour un grand classique du cinéma et des séries, le policier stupide et gaffeur.

Miou-Miou, c'est Antoinette, la fille des Pivert, fort déçue par le retard de ses parents le jour de son mariage, et Xavier Gélin son fiancé. Fils de général assez pincé, son rôle n'est guère valorisant. Xavier Gélin était le fils de Daniel, et est décédé d'un cancer à l'âge de 50 ans.

Jacques François est lui aussi présent, dans un uniforme de général qui lui sied si bien, en tant que père du fiancé, alors que son épouse est interprétée par Denise Péronne.

Passons aux personnages de la Communauté, tous interprétés, en dehors de Salomon, par des actrices et acteurs Juifs. Marcel Dalio incarne le véritable Rabbi Jacob et Janet Brandt, actrice américaine, sa belle-sœur Tzipé. L'humoriste bien connu Popeck joue le rôle de Moïshe Schmoll, alors que le petit David se retrouve sous les traits de Lionel Spielman.

Denise Provence, née Denise Levy, c'est Esther Schmoll. On reconnaît Dominique Zardi en cuisinier de L'Etoile de Kiev. Cet acteur a été vu dans de multiples petits rôles dans les comédies des années 70 à 90. Enfin, il faut souligner la bonne performance de Micheline Kahn dans le rôle pour le moins ingrat de Hannah, la fiancée imposée à Slimane par Grand-Mère Tzipé. Micheline Kahn est décédé en 1994 à l'âge de 44 ans.

Du côté des autorités françaises, André Falcon endosse son traditionnel costume de haut-fonctionnaire, en l'espèce un personnage de ministre, lui-même conseillé par le non moins connu Philippe Brigaud, acteur omniprésent dans le cinéma français des années 70 à 90 dans des petits rôles. Le culturiste Robert Duranton, déjà vu dans Le Corniaud, laisse tomber les douches pour l'uniforme de CRS. En l'espace de deux films Oury-De Funès, les spectateurs n'auront jamais entendu le son de sa voix...

Roger Riffard, André Penvern et Michel Duplaix jouent les inspecteurs de police, Jean-Jacques Moreau et Michel Fortin les motards de la station-service, Clément Michu le gendarme devant l'église et Philippe Lemaire le gendarme qui signale l'identité de Pivert à la police parisienne.

Parmi les tout petits rôles, on ressortira Gérard Darmon et Malek Kateb, les hommes de main de Farès, Alix Mahieux, la patiente de Mme Pivert, Annick Roux, l'hôtesse au sol, Michel Robin en curé, l'humoriste Olivier Lejeune en copain ironique du fiancé d'Antoinette, Paul Mercey en automobiliste mécontent et Maria Gabriella Maione, interprète de la secrétaire de Mme Pivert.






TEMPS FORTS :

La description du personnage de Pivert, dans les premières scènes ou apparaît Louis de Funès, anime tout le début du film. Notre ami Pivert apprend que l'embouteillage survenu dans le village qu'il traverse est dû à un mariage. Quelle n'est pas sa stupéfaction lorsqu'il constate que le marié est Blanc et son épouse Noire ! On peut s'étonner de la réaction du gendarme à qui il fait part de son étonnement. Il est évident que Gérard Oury a voulu entourer son personnage d'antiracistes convaincus aux fins de faire paraître son attitude raciste comme incongrue, peu commune et déplacée. Sans céder particulièrement aux clichés, on peut penser que dans la France de 1972, le gendarme aurait eu peu de chances de répondre « Et alors ? » à la remarque de Pivert sur le mariage mixte, mais de fortes probabilités d'abonder dans le sens de son interlocuteur...

Cette scène se conclut fort bien avec le pot d'échappement qui noircit le visage de Pivert. Alors qu'il veut regagner sa voiture, il cherche à se frayer un chemin parmi les invités du mariage et scande :

«Laissez-moi passer, je marie ma fille ! »

Une invitée de couleur lui assène alors :

« Ah ! C'était votre fille ? Mes félicitations ! »

Et Pivert, le visage couvert de suie, qui rétorque :

« Mais non, ce n'est pas ma fille, la mariée elle est noire ! »

On retrouve Victor peu après dans sa voiture, en train de se « démaquiller » et d'ironiser sur ce mariage, en compagnie de son chauffeur :

« Vous avez vu, Salomon, ils ont des voitures, maintenant ! Ils ont des Rolls blanches, les Noirs !
-En tous cas, ce n'est pas à Monsieur que cela risque d'arriver !
-Quoi donc ?
-Que Mademoiselle épouse un Noir !
-Qu'est-ce que ça veut dire, ça ?
-Que Monsieur est peut-être un peu raciste !
-Raciste ! Moi, Salomon raciste !... Enfin, Dieu merci, Antoinette épouse un Français bien blanc. Bien blanc ! Il est même un peu pâlot, vous ne trouvez pas ?
-Avec son cheveu sur la langue...
-Il a un cheveu mais il est riche ! Riche comme moi, et catholique comme tout le monde !
-Pas comme tout le monde, Monsieur ! Parce que moi, par exemple, je suis Juif !
-Comment, Salomon, vous êtes Juif ?
-Oui. Et mon grand-oncle qui arrive de New-York, il est rabbin !
-Mais il n'est pas Juif ?
-Si.
-Pas toute votre famille ?
-Si.
-Oh ! Là ! Là ! Enfin, ça ne fait rien, je vous garde quand même... »


Ce dialogue d'anthologie, peut-être la meilleure scène du film, est doublement intéressant. D'une part car il est très typique de l'attitude des gens les plus racistes, qui généralement nient farouchement l'être. Du genre « je ne suis pas raciste, mais... »

D'autre part, il faut voir la tête que fait Louis de Funès lorsqu'il apprend que Salomon est Juif. Avant de demander confirmation « Salomon, vous êtes Juif ? », on a l'impression que l'image se fige quelques instants, que le temps s'arrête, et ceci en raison de la tête effarée que prend De Funès.

Toujours dans le registre Pivert-racisme et expressions tordantes de Louis de Funès, celle qu'il prend lorsqu'il voit son chauffeur mettre sa kippa et chanter des chants religieux est tout aussi hilarante. Même remarque lorsqu'il découvre les règlements de compte entre Maghrébins dans l'usine de chewing-gum:

« Mais qu'est-ce que c'est que ces patacouèques ? »

Un peu plus tard, lorsqu'il parle au téléphone à Farès, croyant avoir affaire au commissaire :

« J'ai eu un accident de voiture et je cherchais du secours, lorsque je suis tombé sur une bande de moricauds en train de s'entretuer. Vous savez, des moricauds, avec des figures marron-jaune, beurk ! Enfin, des moricauds, quoi !... Vous comprenez, Monsieur le commissaire, qu'ils règlent leurs comptes entre eux, très bien ! Moins y'en aura ! Mais pas chez nous, Monsieur le commissaire, pas chez nous !
-Ces moricauds, vous les avez vus ?
-Ah ! Mais, je pense bien ! Et surtout leur chef ! Il s'appelle Farès. Je vous donne son signalement : gros, huileux, frisotté, avec de tout petits yeux cruels qui passent au travers de ses lunettes noires. Oh ! Une vraie tête d'assassin ! »


On se rend compte à quel point Oury a accédé aux désirs de De Funès, qui lui avait demandé : « Gérard, écris-moi un beau rôle de salopard ! », au fur et à mesure que l'on découvre les traits de caractère de Victor Pivert. Non seulement il est raciste et antisémite, mais c'est un patron réactionnaire endurci, qui réagit ainsi lorsqu'il apprend que son usine s'est mise en grève :

« Je leur interdit de faire grève ! Ecoutez, vous faîtes comme d'habitude, vous promettez tout, et moi je ne donne rien ! »

Et plus tard, en voiture avec un Slimane idéaliste, presque lyrique :

« Mais alors, tout le monde est contre vous ?
-Non ! Le peuple est avec moi. Et on ne peut pas mentir éternellement au peuple !
-Mais si on peut ! On peut très bien ! Moi, à mon usine, je lui mens toute la journée, au peuple ! Mais il aime qu'on lui mente, le peuple ! Le peuple, pfffttt ! »


Donc, le personnage de Pivert n'a rien à envier du point de vue ignominie à celui de Don Salluste dans La Folie des Grandeurs, le De Funès-Oury précédent. C'est devenu presque un poncif tellement le fait a été dit et redit, mais il faut vraiment souligner à quel point c'est extraordinaire que Louis de Funès n'ait jamais été antipathique alors qu'il jouait des personnages aussi odieux. Et ceci, il était le seul à pouvoir le faire.

Les scènes dans l'usine, avec Fufu est ses partenaires enduits de chewing-gum, sont fort drôles. De Funès a raconté à quel point le tournage fut difficile, il a dû passer des journées enduit de glucose, produit utilisé pour simuler le chewing-gum. Le pire, ce furent les scènes de fuite tournées en extérieur, car les mouches et autres bestioles volantes, attirées par le glucose, ne lui ont laissé aucun répit.

Anecdote de tournage : Les bulles qui sortent des chaussures de Pivert, ainsi que celle qui gonfle sur sa tête, ont été produites par... des préservatifs !

Autre passage très amusant lorsque Pivert est contraint, sous la menace de Slimane, de déclarer par téléphone à sa femme qu'il part en avion avec une autre femme. Décontenancé par la demande de son épouse, qui exige de connaître le nom de sa rivale, il improvise en citant Hélène Leduc, une femme de 65 ans ! Hormis le fait (non souligné) que Leduc et Pivert sont naturellement faits pour s'entendre, Pivert affirme être amoureux d'elle parce qu'elle chante pendant des heures dans son bain en lui grattant le dos et en lui disant qu'il est beau, qu'il est un athlète, qu'il mesure un mètre quatre-vingt ! Pivert semble être heureux de cette invention, heureux d'en profiter pour régler ses comptes avec sa turbulente épouse, heureux d'avoir, pour une fois, raccroché le premier.

Après une première partie axée sur le racisme et l'esprit réactionnaire de Pivert, vient le temps de son séjour forcé au sein de la communauté juive. Il démarre fort dès la rencontre à l'aéroport, avec l'épisode des noms de fourrure (« dé fous rires », avec l'accent yiddish...) que Grand-mère Tzipé entend lui faire prononcer pour s'exercer à parler un bon Français. En effet, elle trouve qu'il a pris l'accent américain... Rabbi Jacob s'exécute : « Lé visonn » et « Lé rat misqué » sont restés dans toutes les mémoires...

Le fameux « Cher Lévy » prononcé en guise de discours de bienvenue, à la vue d'une affiche publicitaire pour les jeans Lévi-Strauss est un amusant clin d'œil relatif à la fréquence de ce nom chez les Juifs, le Durand de chez eux, en quelque sorte...

« C'est mon chauffir ! Il m'a reconni, qu'est-ce que je vais fire ? » s'inquiète le malheureux Pivert lorsque Salomon l'interpelle. Mais il trouve vite la parade :

« Mon patron m'a flanqué à la porte parce que je refusais de travailler le samedi. Qu'est-ce que vous feriez à ma place, Rabbi Jacob ?
-Démandé-lui dé té réengager, il té dira oui, démandé-lui dé té augmenter, il té dira oui !
-De me doubler ?
-Il té dira oui !
-De me tripler ?
-Il té dira non ! »


Mme Schmoll n'a aucune peine à trouver une fiancée pour « Rabbi Zeligman », autrement dit Slimane. Une vrai rousse comme il les aime, mais physiquement pas à son goût, et qui passe son temps à sourire bêtement. « Rabbi Jacob » en profite pour se venger de Slimane : il prend un malin plaisir à adouber cette satanée fiancée dont son acolyte ne veut à aucun prix.

Puisque « Rabbi Jacob sait très bien danser », selon Salomon, le malheureux Pivert est contraint de s'exécuter, entouré de danseurs folkloriques Juifs ! Moment d'anthologie tellement De Funès a bien préparé la scène et la joue remarquablement bien. Il est vrai qu'il a toujours été un bon danseur...

De pire en pire, voilà la communion du petit David, et lors de cette scène dans la synagogue, un rabbin invite « Rabbi Jacob » à lire la Torah ! Évidemment, Pivert n'est guère familiarisé avec l'hébreu, mais Slimane lui fait remarquer que « ça se lit de la gauche vers la droite, comme l'arabe ». Qu'à cela ne tienne, « Rabbi Jacob va laisser « lé grand honneur » à « Rabbi Zeligman ». C'est lui qui va la lire, l'hébré ! »

L'aventure chez les Juifs se termine avec une poignée de main toute symbolique entre Salomon, l'éminent représentant de la communauté juive, et Slimane, le leader anti-sioniste du monde arabe, après que Pivert ait fait remarquer les ressemblances de sonorités entre « Slimane » et « Salomon », suggéré qu'ils devaient être quelque peu cousins, et que lesdits « cousins » aient échangé amabilités et remerciements.

La fin du film voit la transformation de Pivert, que sa découverte de l'univers des Juifs a rendu beaucoup plus tolérant. Les meilleurs moments peuvent être résumés par ces quelques extraits de dialogues :

Pivert : « Je suis caché chez des amis Juifs ! »
Mme Pivert : « Tu as des amis Juifs, toi ? »
Pivert : « Parfaitement ! J'ai des amis Juifs ! Qu'est-ce que ça veut dire, ça ? »

Salomon : « Votre commissaire, c'était Farès ! »
Pivert : « C'était Farès ? C'est effarant ! »

Pivert : « Je ne connais même pas votre nom, M. Farès... Ecoutez, plutôt que de me tuer comme ça dans la voiture, vous me laissez aller au mariage de ma fille et demain, vous m'envoyez une lettre piégée. Alors, je prends mon petit-déjeuner, et puis tout à coup, on sonne à la porte... »
Farès : « Qui est-ce ? »
Pivert : « Une lettre piégée ! Qu'est-ce que je fais ? Je l'ouvre ? »
Farès : « Non ! »
Pivert : « Si, je l'ouvre ! Plus de Pivert, plus de Slimane, plus de Farès !... »

Rabbi Jacob (le vrai) : « Je vous invite à notre fête, ce soir. »
Pivert : « Voilà ! Il faut que je me confesse : je ne suis pas Juif ! »
Salomon : « ça ne fait rien, Monsieur ! On vous garde quand même ! »






POINTS FAIBLES :

Nous sommes en 1972. Dans ce film, on remarque que Louis de Funès commence à faire vieux. Certes, il n'est pas encore affaibli comme dans les films suivants, qui seront tournés après sa crise cardiaque, mais il n'est quand même plus au sommet de sa forme physique comme au cœur des années 60.

On peut reprocher au film d'être loin de démarrer sur les chapeaux de roues, avec de bien longues et pas très emballantes scènes tournées à New-York. Quelques séquences ne sont guère réussies, à l'image de la rencontre avec la jeune femme rousse à Orly : le pistolet qui tire du chewing-gum, on a déjà vu mieux.

La tonalité générale du film est certes antiraciste, mais la vision qu'il donne des Juifs est parfois gênante : ils sont présentés comme des grands enfants un peu niais. L'image donnée d'eux est sympathique, bon enfant, mais sans doute trop. Le film abuse des clichés. Quelqu'un qui ne connaît pas du tout les Juifs pourra croire que cette communauté est superficielle et passe son temps à s'amuser et à danser dans des fêtes interminables.

On peut aussi reprocher à Oury d'avoir choisi semble-t-il délibérément des acteurs ayant le physique des Juifs tels qu'ils sont décrits, par exemple, dans les caricatures antisémites de l'entre-deux-guerres. Or, les Juifs sont très divers : ils n'ont pas tous une tenue vestimentaire communautaire, ni un physique particulier. Même si le parti-pris du scénario était de se dérouler au sein d'une communauté particulière, le réalisateur a beaucoup trop forcé sur le trait.





ACCUEIL :

J'avais à peine 8 ans lorsque je suis allé voir Les aventures de Rabbi Jacob, et je me souviens encore de la longueur de la file d'attente aux guichets... En effet, le film fut une magnifique réussite commerciale avec 7 300 000 spectateurs, soit le meilleur score de l'année 1973.

Pour la première fois avec un De Funès, les critiques dits « intellectuels » salueront (encore timidement) le sujet abordé. Il faut un début à tout...






SYNTHESE :

Une splendide réussite mêlant sujet sérieux et comique de grande qualité, et la fin de la collaboration Oury-Louis de Funès : que des réussites incontestables à leur actif.
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Message  phildlm Sam 28 Juil 2012 - 19:03


L'AVARE*


Production : Les Films Christian FECHNER
Scénario : Jean GIRAULT et Louis de FUNES
Adaptation : Jean GIRAULT et Louis de FUNES
Dialogues : MOLIERE
Réalisation : Jean GIRAULT et Louis de FUNES
Musique : Jean BIZET




Les mésaventures d'un bourgeois particulièrement avare, depuis ses inquiétudes pour la cassette de pièces d'or enterrée dans le jardin, jusqu'aux ennuis avec ses enfants, son fils épris de la jeune fille pauvre qu'il comptait épouser lui-même et sa fille amoureuse de son intendant désargenté.



GENESE :

Grand admirateur de Molière, Louis de Funès a rêvé pendant des années de jouer L'avare au théâtre. Le rôle d'Harpagon lui avait parfois été proposé, mais il l’avait toujours refusé, ne se sentant pas prêt à s'attaquer à ce qu'il considérait comme un monument.

Après sa crise cardiaque, les médecins lui ont interdit de remonter sur les planches, et lorsqu'à l'aube des années 80 il se sent enfin prêt, la seule solution est de transformer la pièce en film. Problème : le créneau n'est guère porteur. Néanmoins, Christian Fechner, le producteur qui a permis à Louis de faire à nouveau du cinéma après sa convalescence, accepte de monter le film, misant sur la popularité de l'acteur principal, roi du box-office contre vents et marées, pour annihiler les effets répulsifs de l'œuvre de Molière sur le grand public.

Louis de Funès va enfin pouvoir concrétiser un de ses rêves, incarner Harpagon. Il est vrai que ce personnage est tout à fait dans les cordes de l'acteur. Dans La folie des grandeurs, le rôle de Don Salluste ressemblait étrangement à celui d'Harpagon...





REALISATEUR :

On avait pris l'habitude de voir Claude Zidi réaliser les comédies produites par Fechner, mais sur ce tournage De Funès obtient carte blanche et tient à assurer lui-même la mise en scène. Comme il ne connaît rien à la technique du cinéma, il fait appel à son vieil ami Jean Girault pour le seconder. De fait, Girault sera le véritable réalisateur.

Michel Galabru a raconté comment Jean Girault se montrait (en toute amitié) caustique avec De Funès. Avant le début de chaque scène, il lui demandait : «Bon ! Louis, comment je te prends sur cette scène ? Je fais un travelling ? Ou une contreplongée ?»... Et le malheureux Fufu, qui ne comprenait rien à ce langage technique, tirait alors la langue dans le dos de Girault !






DECORS :

Le tournage a lieu au cours de l'année 1979, essentiellement en studio. Forcément, l'adaptation d'une pièce de théâtre peut se dispenser de décors naturels, limités ici à quelques vieilles rues pavées. Voilà qui ne coûte pas cher, alors que la réussite commerciale du film est loin d'être évidente.

On constate un travail intéressant des décorateurs, notamment sur la première scène, avec des représentations de couvertures du livre L'avare, une pièce de Molière..., en guise de murs, après une courte introduction sous forme de gros plan sur le texte du début de la pièce, histoire de montrer que le film le respecte à la lettre. L'ensemble dénote d'une certaine originalité.

Bonne performance également de Rosine Delamare sur les costumes d'époque. La tenue sobre d'Harpagon contraste avec la fantaisie des costumes de ses domestiques. Les autres adultes, et notamment son fils Cléante, sont vêtus de manière très classique.





GENERIQUE :

On constate l'absence de séquence pré-générique, fait inhabituel chez les productions Fechner. Il est probable que ce procédé a été jugé trop moderne pour l’adaptation d'une pièce du théâtre classique. Le film débute d'emblée par le générique, constitué d'un plan serré sur Harpagon (on ne voit même pas son visage), en train d'enterrer se précieuse cassette dans un jardin. Pour plus de sécurité, il camoufle sous un tas de feuilles un piège à loups, juste au-dessus de la cachette !

Côté musique, on ne retrouve pas les compositeurs habituels des films de Louis de Funès. Exit les Georges Delerue, Vladimir Cosma ou Raymond Lefèvre, et bonjour le parfait inconnu Jean Bizet !

Le thème principal ressemble étrangement à la musique majestueuse, style royauté-château de Versailles, que l'on entend dans certaines scènes de L'aile ou la cuisse, à croire que Jean Bizet a copié sur Vladimir Cosma...






SCENARIO :

On parlera d'adaptation plutôt que de scénario, et cette adaptation est tout ce qu'il y a de plus fidèle. Louis de Funès a tenu à respecter la pièce à la virgule près, jusque dans les dialogues.

Le riche et avare Harpagon a deux enfants. Elise aime Valère, l'intendant de son père. Cléante veut épouser Marianne, une jeune orpheline pauvre, et ne peut admettre que l'avarice de son père contrarie ce projet.

Harpagon a caché dans son jardin une cassette remplie d'écus en or, et craint par-dessus tout qu'on la vole. Il se méfie même de ses enfants ! Il veut épouser Marianne, a promis Elise à Anselme, un riche vieillard qui accepte de l'épouser sans dot (c'est toujours ça de gagné...), et compte marier Cléante à une veuve. Valère et Elise, consternés, songent à fuir ensemble.

Cléante, qui ne peut compter sur Harpagon, veut emprunter de l'argent à un usurier qui impose des conditions inacceptables. Il découvre que le prêteur n'est autre que son père ! Frosine, une entremetteuse manipulatrice, persuade Harpagon, qui hésite à épouser Marianne en raison du dénuement de cette dernière, qu'une épouse sans fortune n'exigera aucune dépense.

Harpagon invite Marianne à dîner, et se dispute avec Maître Jacques, qui se montre réticent face aux économies exigées par son patron concernant le repas. Humilié, Maître Jacques ne songe qu'à se venger. Marianne arrive en compagnie de Frosine. Evidemment, elle n'a pas le coup de foudre pour Harpagon...

Cléante arrive à son tour et avoue ses sentiments à Marianne. Les amoureux souhaitent que Frosine raisonne Harpagon mais ce dernier, qui a des soupçons, emploie la ruse pour savoir la vérité. Une terrible dispute éclate entre le père et le fils, et ne cesse que lorsque La Flèche annonce une catastrophe à Harpagon, le vol de sa cassette d'écus, dont il est d'ailleurs l'auteur... pour le compte de Cléante.

Harpagon va trouver la police. Soupçonné, Valère admet qu'Elise est sa fiancée, ce qui provoque une nouvelle colère de l'Avare. Anselme découvre que Valère et Marianne sont ses enfants. Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes puisque les jeunes amoureux finissent satisfaits : Cléante va épouser Marianne et Valère convoler avec Elise. Harpagon finit tout seul... avec sa précieuse cassette.





DISTRIBUTION :

Louis de Funès se glisse dans la peau d'Harpagon, personnage de Molière célèbre s'il en est puisque son nom est devenu synonyme d'avarice. Il n'y a pas de reproche particulier à faire à son jeu, très bon comme à l'accoutumée.

Pour cette aventure inédite, très différente de tout ce qu'il avait fait auparavant au cinéma, Louis a voulu compenser sa méconnaissance de ce genre cinématographique par une sécurité à toute épreuve au niveau du réalisateur avec son complice Jean Girault, mais aussi au niveau des comédiens. Nombre de fidèles parmi les fidèles se retrouvent au générique. A commencer par Claude Gensac, interprète de l'entremetteuse Frosine.

Michel Galabru tient le rôle de Maître Jacques, le cuisiner et cocher d'Harpagon. Les autres serviteurs de notre avare sont Brindavoine, incarné par Guy Grosso, et La Merluche, qu'on retrouve sous les traits de Michel Modo. Ainsi, trois acteurs habitués des rôles de subordonnés de De Funès dans son personnage récurrent du chef Cruchot se retrouvent en serviteurs d'Harpagon...

Autre fidèles particulièrement appréciés par Fufu, Henri Genès dans le rôle du commissaire, lui qui a si souvent joué les gendarmes à ses côtés, et Max Montavon en Maître Simon. De Funès a toujours trouvé une petite place dans ses films pour cet acteur discret, qui n'était pas forcément très demandé. C'était la grandeur d'âme de Louis que de faire travailler des acteurs peu connus en manque de cachets.

Si les domestiques et les personnages hauts-en-couleurs sont joués par des proches de Louis de Funès, ses enfants et leurs fiancés ou fiancées, donc les personnages de jeunes gens, sont interprétés par des comédiens peu connus, que l'on n'a pas souvent vus au cinéma. La plupart d'entre eux ne sont pas montrés particulièrement marquants, simplement ni bons ni très mauvais.

Franck David, c'est Cléante, le fils d'Harpagon, et Hervé Bellon son intendant, dont sa fille est éprise. Sa fille Elise, justement, est interprétée par Claire Dupuy, alors que sa fiancée Marianne, dont Cléante est amoureux, est jouée par Anne Caudry.

Christian Fechner a amené quelques-uns des acteurs habitués de ses tournages : Bernard Menez, qui interprète La Flèche, le valet de Cléante, et Madeleine Barbulée, la mère de Marianne.

Complètent la distribution Georges Adoubert, qui donne vie à Anselme, Micheline Bourday en Dame Claude, une servante, et plusieurs très petits rôles.






TEMPS FORTS :

Exercice difficile que de trouver quelques points positifs dans ce film indigeste, et même carrément raté. Harpagon qui fait semblant de se concentrer sur sa prière, puis quitte l'église pour éviter de donner de l'argent à la quête, et un peu plus tard un tiroir un peu long, arrachent quelques sourires.

L'originalité des décors en début de film est plombée par l'ennui indescriptible généré par la scène jouée. A part ça, on ne voit pas. Hormis lorsque le film se termine, justement parce que c'est la fin...







POINTS FAIBLES :

C'est tout le film qui est faible, très faible. Dans ces conditions, on ne recherchera pas de points faibles particuliers car les points sont trop énormes pour être de simples points. L'analyse à mener va consister à déterminer les causes de l'échec. On sait que Louis de Funès, par son immense talent, a pu sauver à lui seul certains films à scénarios peu travaillés. Or, ce n'est pas le cas ici.

En fait, la cause principale de l'échec est la volonté de Louis de Funès de rester trop fidèle à la pièce de Molière, et en particulier de ne pas modifier les dialogues. En effet, hormis une seule petite coupe, il faut se farcir l'intégralité des dialogues originaux. Et ces dialogues sont lourds, très lourds pour tout spectateur non familier du Français d'antan...

La plupart des spectateurs gardent un mauvais souvenir de Molière à cause des cours de Français au collège et au lycée, lorsque sa lecture leur est imposée plus souvent qu'à son tour. Non que l'auteur devenu le symbole de la langue française soit mauvais, il était même probablement très bon. On sait que les ressorts du rire varient considérablement d'une époque à l'autre, et même sur des périodes de quelques décennies. Dans ces conditions, que de nos jours certaines pièces de Molière arrivent encore à nous faire sourire est révélateur du talent de leur auteur.

Le problème, c'est que les tournures de l'ancien français, les phases au passé simple, sans même parler des noms désuets et ridicules comme Cléante, tuent totalement tous les effets comiques tellement ils introduisent une distanciation avec notre imaginaire d'hommes et de femmes du 21ème siècle, et en particulier notre imaginaire du registre comique.

S'il est compréhensible que Louis de Funès ait voulu adapter la pièce telle qu'elle, et si ce fait lui a rapporté des critiques favorables de la part de cinéphiles intellectuels qui ne l'avaient point ménagé auparavant, on ne peut que regretter cet excès de fidélité du point de vue potentiel comique. Une comédie est faite pour être drôle. Si l'on ne rit pas, elle n'atteint pas son but et c'est donc un échec. Et ici, il faut être particulièrement bon public pour rire. Le public traditionnel de Fufu attend autre chose que des dialogues alambiqués à la limite du compréhensible, qui créent un salmigondis indigeste incapable de susciter la moindre hilarité.

Tout commence dès la première scène, avec ces dialogues interminables entre jeunes comédiens pas spécialement talentueux, sans charisme et même transparents. Partant de là, le spectateur n'est pas mis dans de bonnes dispositions, et la suite ne va pas l'en faire changer.

Le film est donc atteint d'une tare irrémédiable, celle d'absence de drôlerie, alors que plusieurs scènes auraient pu l'être en les allégeant des phrases emberlificotées et des tournures en ancien français concoctées par le sieur Jean-Baptiste Poquelin. Que De Funès n'a-t-il pas fait parler ses personnages à la sauce des années contemporaines ! On aurait assisté à un tout autre film, largement à la hauteur des derniers Gendarme, le potentiel comique de certaines scènes étant évident.

A défaut, L'avare n'échappera au titre de pire film de De Funès devenu vedette qu'en raison de l’existence du calamiteux Sur un arbre perché.







ACCUEIL :

Le travail d'adaptation de Molière est salué par certains critiques intellectuels ou par des comédiens amis de De Funès comme Daniel Gélin. Mais du côté du grand public, c'est-à-dire la base des fans de Fufu, l'accueil est moins enthousiaste. Le film n'arrive qu'à la douzième place du box-office de l'année 1980 avec 2 425 000 entrées. Il s'agit de la plus faible performance d'un film de Louis depuis qu'il est devenu une tête d'affiche.

Ce n'est pas une catastrophe sur le plan commercial, mais il est clair que l'essentiel des entrées sont dues à la réputation de l'acteur principal, nanti d'une base d'admirateurs qui viennent en salles les yeux fermés dès lors qu'il est à l'affiche. Le bouche-à-oreille, lui, n'a pas dû attirer grand-monde, en raison des défauts évoqués, d'où le résultat mi-figue, mi-raisin.






SYNTHESE :

De Funès-Molière, l'association a fait flop, pour une pochade dont on aurait pu largement se passer dans la filmographie du génial comique.
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Message  Invité Sam 28 Juil 2012 - 19:12

Pire que celui-là, il y a La zizanie que j'ai essayé de revoir entier l'autre jour. En vain.
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Message  séribibi Sam 28 Juil 2012 - 19:22

"L'avare" : La mise en scène est mauvaise et sans aucune imagination mais De Funès en Harpagon est irresistible : ce rôle, similaire à celui de "La folie des grandeurs", était fait pour lui.
A lui seul, il est le spectacle, et j'avoue avoir rigolé plus d'une fois, tout en reconnaissant que c'est un "petit film".
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Message  Dearesttara Sam 28 Juil 2012 - 19:50

L'avare est une des pièces les plus ennuyeuses de Molière, qui a mal copié la pièce de Plaute, l'Aulularia, dont il ne modifiera pas une seule scène, si ce n'est en inventant des dialogues encore plus indigestes. Toutefois, j'ai toujours eu une tendresse pour le fameux monologue d'Harpagon dépossédé de sa cassette car j'ai dû le jouer au collège... Very Happy

L'ancien français peut marcher. Quand Jullian a adapté Les Rois Maudits, ou quand il y'a la série d'adaptations de Maupassant, le langage a une certaine fraîcheur, loin des interminables fatrasies de la pièce de Molière.

De Funès est excellent. Les décors pas mal. Le reste est à jeter. Je suis d'accord avec toi Phil : 1/4. Il eût fallu une mise en scène contemporaine plutôt que cette momification académique.
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Message  phildlm Sam 28 Juil 2012 - 19:58

Dearesttara a écrit: Je suis d'accord avec toi Phil : 1/4. Il eût fallu une mise en scène contemporaine plutôt que cette momification académique.
Tiens! Tu as changé d'avis, il y a quelque temps, tu m'avais dit que tu mettais 2 melons...
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Message  Dearesttara Sam 28 Juil 2012 - 21:34

Les temps changent, tout change (Steed. Target !)
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Message  séribibi Sam 28 Juil 2012 - 22:01

En tout cas, De Funès n'a jamais semblé aussi survolté que dans ce film. ^^
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Message  Dearesttara Sam 28 Juil 2012 - 22:37

La scène de folie d'Oscar est quand même bien gratinée aussi. Mais c'est vrai que dans l'Avare, ça y va...
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Message  séribibi Sam 28 Juil 2012 - 22:56

La séquence où il prend sa propre main pour le voleur de sa cassette est à pi**** de rire Laughing . Le côté psychotique, obsessionnel et hystérique du personnage de Molière est ici porté à son summum Laughing !
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Message  Invité Mer 8 Aoû 2012 - 22:27

En 1955, le tournage de La traversée de Paris fut marqué par le despotisme de Jean Gabin. Hautain et lunatique, à l'image de son personnage, le peintre Grandgil, l'acteur vedette fut exécrable avec Louis de Funès ('l’épicier Jambier, 45, rue Poliverau') qu'il traitait de clown devant des techniciens gênés. Glacial, Gabin ne réserva pas un meilleur accueil à Bourvil, avec qui il tournait pour la première fois. Il se montra si désagréable que celui-ci était terrifié à chaque fois qu'il devait lui donner la réplique... (Source : Télé7jours).
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Message  alonzo2309 Jeu 9 Aoû 2012 - 9:42

Et oui, si cela est avéré, il y avait aussi à l'époque des "stars" méprisantes, prétentieuses et désagréables, meme avec leurs collegues.
Outre Gabin, j'ai lu aussi que Fernandel n'était pas du genre commode, et s'était même montré hautain envers Bourvil dans "la cuisine au beurre".
Par contre, je n'ai jamais entendu dire de mal de Bourvil et De Funès.
Mais il parait que la creme de la creme, c'est Galabru (sources sures).
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Message  redwest Jeu 9 Aoû 2012 - 12:04

Il semblerait qu'il y eu un peu de tension entre Louis de Funès et Jean Gabin lors du tournage du "Tatoué"

http://www.autourdelouisdefunes.fr/de-la-patelliere-denys.htm

Et cette belle phrase : Il (Jean Gabin) sentait que la femme de Louis de Funès avait beaucoup d'influence sur son mari. Alors il revendiqua " pas de femmes sur le plateau, moi je n'amène pas la mienne ". Laughing
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Message  phildlm Jeu 9 Aoû 2012 - 21:51

alonzo2309 a écrit:
Je ne sais pas pour Galabru. Cette réputation me surprend, mais comme je n'en sais rien, c'est peut-être vrai.
Ce qui me surprenait, c'est que j'avais compris le contraire de ce que tu voulais dire. Comme tu parlais d'acteurs pas vraiment sympas, j'ai cru que le terme "crème de la crème" voulait dire "crème de la crème des désagréables", ce qui ne pouvait que me surprendre.

Excusez-moi pour la rupture créée, mais j'ai encore confondu le bouton "citer" au lieu du bouton "éditer", si bien que mon message antérieur a irrémédiablement disparu! Twisted Evil


Dernière édition par Phil DLM le Dim 12 Aoû 2012 - 0:58, édité 3 fois
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Message  Nicolas Ven 10 Aoû 2012 - 9:02

Que Gabin ait été une grande gueule et un raleur,c'est bien possible,mais le traiter de "pleutre" à la guerre me parait singulièrement injuste.Il aurait pu rester planqué à Hollywood durant le conflit,mais il a fait le choix d'un engagement personnel,d'abord dans la marine (escorteur de pétroliers,donc sous la menace directe des U-Boot) puis chef de char Dans la 2ème DB de Leclerc durant l'hiver 44 (se trouvant à Alger,il avait insisté pour participer à l'ultime phase des combats et se retrouva en Allemagne à bord de son tank "Souffleur 2").Toute sa guerre est racontée,sans pathos ni déferlement d'admiration excessif,dans la bio de A.Brunelin.
Qu'il fut un "anar de droite" et un mal-pensant dans un milieu d'opinions globalement opposées aux siennes ne doit pas empècher de reconnaitre son patriotisme.
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Message  alonzo2309 Ven 10 Aoû 2012 - 9:23

Pour vous faire une idée de Galabru, regardez déja son interview truquée lors de son passage chez Raphael Mezrahi. Vous y verrez un mec vraiment sympathique, toujours pret à rigoler, et pas du tout moqueur vis à vis de ce pauvre benet que joue Mezrahi. C'est d'ailleurs un des seuls qui n'a pas été méprisant pour ce personnage.
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Message  Invité Ven 10 Aoû 2012 - 11:07

J'aime bien Galabru et on sent que c'est quelqu'un de bien, sans fausse modestie, dans ses interviews.
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Message  Estuaire44 Ven 10 Aoû 2012 - 11:10

Je me souviens qu'André Pousse s'était aussi révélé formidable durant son entretien avec Mezrahi, la vieille école.
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Message  phildlm Dim 12 Aoû 2012 - 0:56

alonzo2309 a écrit:
Je ne sais pas pour Galabru. Cette réputation me surprend, mais comme je n'en sais rien, c'est peut-être vrai.
Ce qui me surprenait, c'est que j'avais compris le contraire de ce que tu voulais dire. Comme tu parlais d'acteurs pas vraiment sympas, j'ai cru que le terme "crème de la crème" voulait dire "crème de la crème des désagréables", ce qui ne pouvait que me surprendre.
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Message  phildlm Dim 12 Aoû 2012 - 1:02

Nicolas a écrit:Que Gabin ait été une grande gueule et un raleur,c'est bien possible,mais le traiter de "pleutre" à la guerre me parait singulièrement injuste.Il aurait pu rester planqué à Hollywood durant le conflit,mais il a fait le choix d'un engagement personnel,d'abord dans la marine (escorteur de pétroliers,donc sous la menace directe des U-Boot) puis chef de char Dans la 2ème DB de Leclerc durant l'hiver 44 (se trouvant à Alger,il avait insisté pour participer à l'ultime phase des combats et se retrouva en Allemagne à bord de son tank "Souffleur 2").Toute sa guerre est racontée,sans pathos ni déferlement d'admiration excessif,dans la bio de A.Brunelin.
Qu'il fut un "anar de droite" et un mal-pensant dans un milieu d'opinions globalement opposées aux siennes ne doit pas empècher de reconnaitre son patriotisme.
Bah! Ce n'était pas bien méchant de ma part. Pleutre est sans doute exagéré, il semble qu'il ait été avant tout très prudent. Et puis je ne suis guère un exemple en ce domaine: il avait peur que ses enfants se noient dans une piscine, moi je ne conduis plus (entre autres) par peur de tuer quelqu'un.

Par contre, son attitude désagréable avec ses partenaires de cinéma est moins excusable. Je lui ai quand même mis 5 points en demi-finale du tournoi acteurs, et je trouve anormal qu'il ne soit pas en finale.
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Message  phildlm Mar 21 Aoû 2012 - 19:16


FANTOMAS***



Production : GAUMONT
Scénario : Jean HALAIN, Pierre FOUCAUD d'après les romans de Pierre SOUVESTRE et Marcel ALLAIN.
Adaptation : Jean HALAIN, Pierre FOUCAUD (sur autorisation de Marcel ALLAIN)
Dialogues : Jean HALAIN
Réalisation : André HUNEBELLE
Musique : Michel MAGNE




Un malfaiteur masqué appelé Fantômas terrorise la population par la multiplicité de ses crimes. L'intrépide journaliste Fandor, qui ne croit pas à son existence, est enlevé par le bandit puis soupçonné d'être Fantômas lui-même. Le commissaire Juve, chargé de neutraliser l'ennemi public numéro un, est soupçonné lui aussi, mais finit par faire alliance avec le journaliste pour pousser le criminel dans ses derniers retranchements.



GENESE :

Le réalisateur André Hunebelle, qui avait travaillé à de multiples reprises avec Jean Marais, souhaitait que son acteur-fétiche joue un personnage apparaissant dans une série de films. Jean Cocteau, ami de Jean Marais, lui suggéra le personnage de Fantômas. Outre les aspects attrayants de ce malfaiteur de fiction, la multitude des romans narrant ses aventures, œuvres de Pierre Souvestre et Marcel Allain, était de bon augure pour le commencement d'une série.

Hunebelle songe à reconstituer le tandem Jean Marais-Bourvil qu'il a dirigé dans Le Capitan et Le Bossu, en attribuant le rôle du commissaire Juve à Bourvil. Finalement, c'est Louis de Funès, recommandé par Alain Poiré, qui hérite du rôle.

Il est évident que pour ce premier film l'acteur principal sera Jean Marais, alors au sommet de sa carrière. Louis de Funès commence à bénéficier d'une certaine notoriété, mais n'est pas encore l'acteur roi du box-office qu'il ne va pas tarder à devenir. Donc, Jean Marais, qui bénéficie d'un double rôle, doit animer les nombreuses scènes d'action et d'aventure, alors que Louis de Funès se chargera des scènes comiques, nettement moins nombreuses.

La caractéristique de ce premier film est qu'il est plus orienté vers l'action et vers l'imaginaire que vers la comédie, et en cela il est celui qui est le moins éloigné des romans de Souvestre et Allain. Les personnages principaux sont les mêmes : Fantômas, Fandor, Juve, Hélène, Lady Beltham. Leurs fonctions et caractères ont cependant été modifiés, notamment pour Juve, qui n'avait rien de comique dans les romans, et pour Hélène, qui n'est pas la fille de Fantômas dans les adaptations.

Le résultat, c'est un cocktail agréable d'aventure, de fantaisie, d'humour et d'action. Il faut souligner le côté poétique de certaines scènes, en particulier celles se déroulant dans le repaire de Fantômas, avec les apparitions mystérieuses de Lady Beltham. Cet aspect sera largement abandonné dans les deux films suivants.

Néanmoins, pour tout fan de Louis de Funès qui se respecte, ce premier film de la série est le moins intéressant des trois. Les deux suivants exploiteront beaucoup mieux le potentiel comique de cet acteur de génie, alors qu'ici on ne le retrouve que de façon sporadique.






REALISATEUR :

Après une carrière de décorateur et de maître-verrier, André Hunebelle s'est fait connaître comme réalisateur de comédies, souvent de série B, et de films de cape et d'épée. Il est parfois considéré comme le metteur en scène ayant tiré Louis de Funès de l'anonymat en lui confiant de premier rôle de Taxi, roulotte et corrida.

Il a beaucoup travaillé avec Bourvil et Jean Marais, mais aussi avec Louis de Funès, d'où un choix de comédiens finalement assez logique sur ce nouveau film.

Jean Halain, qui écrit les dialogues sur ses films, et deviendra par la suite scénariste pour Louis de Funès, n'est autre que son fils.

Le tournage se déroule sans histoires, grâce à la bonne entente régnant entre le réalisateur et ses comédiens. Tout ce petit monde se connaît depuis longtemps et s'apprécie.






DECORS :

Un budget conséquent a permis de nombreux tournages en extérieurs. Le film remplit parfaitement sa fonction de générateur de rêve, et la variété des décors apporte sa pierre à cet édifice, même si elle n'atteint pas la qualité des productions de Gérard Oury.

Plusieurs scènes sont tournées dans Paris, dont celle du vol de bijoux, à la galerie Elysée-La Boétie et la Terrasse Martini, ce qui permet d'admirer de somptueuses vues des Champs-Elysées. La maison de Juve, elle, est située dans le Val-d'Oise.

C'est lors de la longue poursuite finale que les décors naturels vont se succéder à une cadence élevée. La ligne de train et le passage à niveau sont situés à Marolles-sur-Seine, en Seine-et-Marne. La Gironde est aussi au rendez-vous, puis les Bouches-du-Rhône et la Provence-Côte-d'Azur pour le final au bord de l'eau... et sur la mer.

Concernant les intérieurs, signalons le bon travail des décorateurs sur le repaire de Fantômas, un château à grosses pierres et multiples chandeliers. Ce décor est bien adapté à l'aspect romanesque du film.







GENERIQUE :

Après une séquence pré-générique présentant un forfait subtil de Fantômas, perpétré dans une bijouterie en compagnie de Lady Beltham, le générique montre de gros plans sur la voiture promenant les deux complices au travers des rues de Paris.

La musique de Michel Magne est une grande réussite. Le thème principal, resté dans toutes les mémoires, sera d'ailleurs réutilisé sur les deux films suivants. Certains thèmes secondaires, présents sur les scènes se déroulant au château de Fantômas, rappellent par leur aspect majestueux la musique composée par le même Michel Magne pour la saga des Angélique, marquise des anges, avec Robert Hossein et Michèle Mercier.

Michel Magne s'est suicidé en 1984 à l'âge de 54 ans suite à une dépression nerveuse engendrée par une faillite et un redressement judiciaire. En 2001, soit plus de 15 ans après sa mort, son arrangeur et pianiste Raymond Alessandrini a reconstitué en un seul enregistrement la musique du film. En effet, un incendie dans un studio, survenu en 1969, avait détruit la majeure partie des bandes enregistrées, et il n'existait pas de copie.







SCENARIO :

Le scénario de Jean Halain et Pierre Foucaud fait la part belle à Jean Marais, acteur principal sur ce premier film, mais Louis de Funès peut néanmoins pleinement exprimer son talent, sa performance étant le principal vecteur de la réussite du film.

Le dangereux criminel masqué Fantômas multiplie les vols audacieux et constitue un défi pour les pouvoirs publics et les forces de police. Le commissaire Juve, chargé de cette délicate affaire, prononce une allocution télévisée destinée à rassurer la population. Il affirme que la tête de Fantômas ne va pas tarder à tomber et qu'il n'y a aucune raison de s'inquiéter.

Le journaliste Fandor, grand reporter au quotidien d'informations générales Le Point du Jour, ne croit pas à l'existence de Fantômas, et accuse Juve d'utiliser la figure anonyme d'un criminel surnaturel pour masquer l'impuissance de la police face à la recrudescence de la criminalité. Afin d'accroître les ventes du journal, il publie un reportage monté de toutes pièces assorti d'une prétendue interview de Fantômas, où il dépeint le malfaiteur comme un mégalomane aigri.

Outré par ce faux reportage, le véritable Fantômas fait enlever le journaliste et le somme de rétablir la vérité. A défaut, le malheureux Fandor risque de mourir dans de terribles souffrances. Le reporter découvre le repaire secret de Fantômas, qui ressemble fort à un château, et fait la connaissance de Lady Beltham, la compagne de son hôte. Les deux amants se sont emparés de la fortune de Lord Beltham avant de le liquider.

Fantômas laisse 48 heures à Fandor pour le présenter sous un jour plus favorable dans Le Point du Jour. Fandor s'évanouit et à son réveil il se trouve dans son appartement, où sa jeune fiancée Hélène surgit, folle d'inquiétude de ne pas l'avoir vu arriver comme tous les matins à son bureau. Fandor croît avoir rêvé et s'amuse de ce souvenir, jusqu'à ce qu'une bosse sur la nuque et une lettre F majuscule tatouée sur sa poitrine lui fassent comprendre qu'il ne s'agissait nullement d'un cauchemar.

Le commissaire Juve et son adjoint l'inspecteur Bertrand, indignés par l'article de Fandor, vont sonner à la porte de ce dernier en se faisant passer pour Fantômas, ce qui produit un quiproquo fatal à Fandor : Juve est persuadé que le journaliste est en relations avec le criminel, et qu'il est peut-être son complice. Mis en garde à vue, Fandor refuse de parler et Juve se fatigue avant lui. Mais pendant ce temps, il ne peut publier l'article rectificatif, ce dont se charge le directeur du journal : Fantômas y est décrit sous un jour encore plus défavorable.

La réaction du bandit ne se fait pas attendre : dès sa libération, Fandor est enlevé et ramené chez Fantômas. Il essaie de faire comprendre qu'il n'est pour rien dans la publication de ce nouvel article, mais Fantômas refuse de l'écouter. Pour le punir, il lui apprend qu'il sait confectionner des masques imitant parfaitement la peau humaine, et des gants reconstituant les empreintes digitales de ses victimes. Il a l'intention d'utiliser ces moyens particuliers pour perdre Fandor aux yeux de tous en commettant les pires forfaits avec le visage du journaliste.

Pendant ce temps, le commissaire Juve et le directeur du Point du Jour ont fait la paix, et décident de s'unir pour démasquer Fantômas. Ils lancent un défi au criminel : réussir à s'emparer de la collection de bijoux présentée dans un défilé de mannequins organisé sur leur demande aux Champs-Elysées par la chambre syndicale des joailliers. Un dispositif policier spécial est déployé, véritable piège dans lequel le malfaiteur insaisissable ne doit pas manquer de tomber.

Mais Fantômas, qui porte le masque de Fandor, trompe la police en injectant depuis l'appartement du dessous un gaz soporifique dans la pièce où se trouvent les bijoux et les policiers chargés de les surveiller. Il peut ainsi rafler des pierres précieuses pour une valeur d'un milliard de francs.

Le commissaire Juve ne tarde pas à découvrir le forfait et se lance à la poursuite de son ennemi sur les toits de Paris. Fantômas réussit à s'échapper en hélicoptère, mais après avoir généreusement laissé voir les traits du masque de Fandor, ce qui accrédite auprès de Juve et de l'opinion publique la thèse selon laquelle le criminel et le journaliste ne font qu'un.

Fantômas, qui a également enlevé et drogué Hélène, envisage une idylle avec cette dernière, ce qui n'est pas du goût de Fandor... ni de Lady Beltham, habilement prévenue par Fandor. Justement, le reporter doit rester au château en compagnie de Lady Beltham pendant que Fantômas repart régler ses comptes avec le commissaire Juve.

L'odieux criminel commet une série de forfaits avec le visage et les empreintes digitales de Juve. Ce dernier est rapidement confondu par un portrait-robot et une avalanche de témoins. Arrêté par un inspecteur Bertrand ravi de jouer enfin les premiers rôles, le malheureux Juve est interrogé et jeté en prison sans ménagement !

La jalousie de Lady Beltham a produit son effet puisque Fandor et Hélène se retrouvent libres au sommet d'une montagne, avec une voiture à proximité. En réalité, la criminelle a saboté la voiture pour se débarrasser de ces deux gêneurs. Mais l'habileté de Fandor dans la conduite et une bonne dose de chance permettent aux deux fuyards de s'en sortir sans dommage. Fandor va aussitôt trouver la police et tente de s'expliquer, mais Bertrand refuse de l'écouter. Persuadé de la complicité du journaliste avec Juve-Fantômas, il réunit les deux malfaiteurs présumés dans la même cellule.

Fantômas, qui a l'intention de se livrer à des expériences sur le cerveau humain, réussit à faire évader Juve et Fandor, qu'il compte utiliser comme cobayes. Mais ses prisonniers provoquent un accident de voiture, à la suite duquel ils peuvent se lancer à la poursuite du criminel en fuite. La course folle se termine sur la Méditerranée, après avoir utilisé tous les moyens de transport possibles : moto, train de marchandises, voiture volée et hélicoptère de la police, celle-ci ayant été convaincue par Hélène de l'innocence de Juve et de Fandor.

Juve et Fandor se retrouvent impuissants face à la plongée du sous-marin de Fantômas, et ne peuvent que se faire ramener à terre par Hélène, venue les secourir en canot pneumatique.






DISTRIBUTION :

Louis de Funès interprète le commissaire Juve, un policier nerveux et autoritaire obsédé par son but le plus cher, l'arrestation de son ennemi Fantômas. Alors que ce rôle était au départ celui d'un faire-valoir de Jean Marais, et qu'il n'a donc pas été aussi bien loti en nombre de scènes que son prestigieux partenaire, il a connu un tel succès auprès du public qu'il est devenu a posteriori la vedette principale. Dans l'esprit du public, la série des Fantômas est une série de Louis de Funès, y compris ce premier film où Marais était la tête d'affiche. En toute logique, il y aura un rééquilibrage sur le second, avant que De Funès ne prenne un net ascendant sur le troisième.

Double rôle pour Jean Marais, né Jean Villain-Marais, avec les personnages de Fantômas et de Fandor. Après un début de carrière au théâtre et dans le cinéma d'auteur dramatique, l'égérie et amant de Jean Cocteau avait trouvé un second souffle dans des films de cape et d'épée déjà réalisés par André Hunebelle, où il pouvait utiliser ses capacités physiques lors de l'accomplissement de cascades. Rarement doublé, il va continuer sur ce registre avec Fantômas.

On peut regretter ce rôle double, qui oblige à de savants jeux de caméras lors des scènes entre Fantômas et Fandor, afin que le spectateur ne se rende pas compte que l'un des deux personnages n'est pas interprété par Jean Marais, mais par une doublure. Et il faut une doublure pour chacun des deux personnages puisque la caméra montre tantôt Fandor de face, tantôt Fantômas. Cependant, le seul personnage de Fantômas n'aurait pas assuré une présence suffisante pour un acteur doté du rôle principal, d'où l'adjonction du personnage de Fandor à l'actif de Jean Marais.

L'inspecteur Bertrand est un policier plutôt stupide, à la remorque de son chef le commissaire Juve. Jacques Dynam produit une composition tout à fait satisfaisante, se montrant à la hauteur de son prestigieux partenaire. Louis de Funès appréciait beaucoup cet acteur, non seulement pour ses qualités professionnelles, mais aussi pour sa discrétion et sa modestie.

Mylène Demongeot interprète Hélène, la jeune, blonde et jolie fiancée de Fandor, photographe dans le même journal que lui, ce qui leur permet de travailler ensemble. Bien que très éprise, elle n'hésite pas à critiquer le travail du journaliste plus souvent qu'à son tour, et ses réflexions iconoclastes sont parfois sources d'idées nouvelles pour le bouillant Fandor.

Autre atout charme, mais au goût nettement plus vénéneux, la troublante Lady Beltham, dotée du corps et des traits de Marie-Hélène Arnaud. Excellente performance de cette actrice dans un rôle pourtant assez réduit.

Il est toujours agréable de retrouver Robert Dalban. Le roi du second rôle a été bien servi ici puisqu'il est présent dans de nombreuses scènes, dans la peau du directeur du Point du Jour.

On arrive ensuite aux tout petits rôles, très nombreux, parmi lesquels on reconnaît Anne-Marie Peysson dans son propre rôle de speakerine, lors de la première scène, Andrée Tainsy en habilleuse, au cours du défilé de mannequins, et les inséparables Henri Attal et Dominique Zardi, présents dans les trois films de la saga en tant qu'hommes de main de Fantômas.

Les cascadeurs Yvan Chiffre et Jean Minisini jouent également les subalternes du bandit masqué, Rudy Lenoir le gardien-chef, Philippe Castelli un agent de police en faction pendant le défilé, André Badin un employé de la bijouterie, Jean-Louis Allibert le ministre lisant le journal.

Plusieurs comédiens apparaissent au cours de la scène du portrait-robot, en tant que témoins, parmi lesquels Gabrielle Doulcet, Georges Adet et Jean Blancheur.

Enfin, un acteur célèbre n'apparaît pas à l'écran, mais est néanmoins omniprésent. Il s'agit bien entendu de Raymond Pellegrin, la voix de Fantômas.









TEMPS FORTS :

Le film démarre très bien avec la prestation télévisée du commissaire Juve. Pour minimiser les actions de Fantômas, il fait remarquer que le nombre de ses victimes est dérisoire comparé à celui des accidents de la circulation ( !), alors que cette « route du crime » est loin d'être coupée. Donc, les assassins du volant sont beaucoup plus dangereux que Fantômas...

L'effet comique de fin de scène est produit par l'attaque vraisemblablement perpétrée par un homme de Fantômas contre un magasin où les téléviseurs exposés en vitrine retransmettent l'interview de Juve-De Funès par la speakerine Anne-Marie Peysson. Une bombe fait exploser les téléviseurs, mais parmi les décombres on trouve un appareil encore en fonctionnement bien que fortement incliné, où l'on voit Juve affirmer qu'il « n'y a plus aucune raison de s'inquiéter » ( !)

Autre bon moment de comique funésien lorsque Juve, qui s'est déguisé en clochard pour espionner en toute discrétion au bas de l'immeuble où réside Fandor, est emmené au poste de police par des agents qui le prennent pour un véritable sans-abri ! Extrait du dialogue :

« Arrêtez, enfin ! Vous allez tout me faire rater !
-Ah ! Voyez-vous ça ! On va tout faire rater ! Tu expliqueras ça au commissaire !
-Mais, mais... Justement, c'est moi ! Je suis le commissaire Juve !
-Ah ! Oui ! Et moi je suis le Président de la République ! Allez, viens ! »


Et le lendemain matin, Juve avec son adjoint Bertrand :

« Une nuit au poste, moi ! Vous vous rendez compte, une nuit au poste ! Enfin, heureusement que les journalistes n'en sauront rien...
-C'est dommage que vous ayez oublié vos papiers.
-C'est intelligent, ça ! Vous ferez votre chemin, vous ! Mais, bougre d'imbécile, c'est en changeant de veste !
-Dîtes...
-Ouiiii !
-M'sieur le commissaire... Vous ne voyez pas qu'ils vous aient passé à tabac..."

(Regard éloquent de Juve...)

Lorsque Juve et Bertrand tapent à la porte de Fandor et se présentent sous l'identité de Fantômas :

« Mais vous m'aviez laissé 48 heures pour l'exécution !
-Ah ! Oui ? Ici le commissaire Juve ! Ouvrez immédiatement !
-Commissaire ! Vous m'avez bien eu !
-Alors, Fantômas vous a laissé 48 heures pour l'exécution de qui ? Ou l'exécution de quoi ? Alors comme ça, on fait des cachotteries à la police, on est en relations avec Fantômas... On va t'interroger mon gaillard ! »


L'interrogatoire qui découle de l'arrestation de Fandor est une des scènes les plus intéressantes tant elle est révélatrice des ressorts du comique de Louis. Juve essaie de faire craquer Fandor en le privant de manger, allant jusqu'à se restaurer copieusement devant lui et lui faire humer la nourriture, et jusqu'à lui promettre qu'il mangera lorsqu'il aura parlé. Mais Fandor garde un calme olympien, estimant que 48 heures de diète n'ont jamais fait de mal à personne.

On a alors l'impression qu'il suffirait d'un rien pour que l'on prenne l'interrogatoire au sérieux et que l'on n'ait plus du tout envie de rire. Mais ce rien ne se produit pas, grâce à l'immense talent de De Funès, qui savait flirter avec l'odieux sans jamais l'atteindre.

Finalement, c'est Juve qui s'embrouille dans les réponses de Fandor et commence à bafouiller. Vient alors un grand classique funésien, l'exercice de mauvaise foi caractérisée. Alors que Fandor reste calme, frais et rose, et que lui-même perd visiblement le contrôle de ses nerfs, Juve déclare :

« Ecoutez ! Visiblement, cet homme est épuisé, il ne peut plus suivre un raisonnement logique, nous reprendrons l'interrogatoire demain ! »

Passons maintenant au sommet du film, constitué par la tentative (parfaitement réussie) de Fantômas pour discréditer le commissaire Juve, faire croire qu'il est Fantômas. Les premiers soupçons de l'inspecteur Bertrand se manifestent lors de la séance du portrait-robot. Inexorablement, c'est le visage de Juve qui prend forme sur l'écran, pendant qu'un témoin s'exclame : « Tout à fait cette expression de brute dégénérée ! ».

Juve met fin à la séance assez brutalement, et demande à Bertrand si les témoins ont été recrutés à l'asile de fous. Furieux, il déclare que « cette petite plaisanterie » comportera des suites. Perturbé, il décide d'aller se coucher. Arrivé dans sa petite maison de banlieue, il est dérangé par une voiture en panne qui pétarade et a recours aux boules Quiès pour réussir à trouver le sommeil.

Pendant ce temps, l'inspecteur Bertrand, qui assure la permanence de nuit, apprend qu'un hold-up vient d'avoir lieu dans une salle de jeux. Il essaie de joindre le commissaire, mais Juve n'entend pas la sonnerie du téléphone à cause de ses boules dans les oreilles. Bertrand finit par se rendre chez lui, escalade le mur puisque personne ne répond et trouve son chef tranquillement installé, en train de déjeuner au lit.

Juve et Bertrand arrivent sur les lieux du hold-up et aussitôt, tous les témoins, dupés par le masque de Juve que Fantômas avait employé, désignent le commissaire comme étant l'agresseur. Il faut voir l'inspecteur Bertrand interroger Juve sans ménagement, imitant les méthodes se son mentor, mais aux dépens de ce dernier :

« Si vous étiez chez vous, pourquoi n'avez-vous pas entendu la sonnerie du téléphone ?
-Je vous l'ai dit, j'avais mes boules Quiès, à cause du bruit de moteur.
-On n'entend pas le téléphone, mais on entend les moteurs...
-Mais je vous ai expliqué !
-Dîtes donc ! On ne se relèverait pas plutôt la nuit, pour jouer les malfaiteurs ? »


Les fausses empreintes de Juve vont achever le malheureux commissaire :

« Alors, les empreintes ?
-Ce sont les vôtres !
-Ah ! Ben alors, je dois être Fantômas ! C'est mathématique ! Je n'y avais pas pensé mais je suis Fantômas !... »


On voit que l'essentiel des points forts sont procurés par Louis de Funès. On peut aussi citer les scènes dans le château de Fantômas pour leur côté romanesque affirmé, renforcé par la musique de Michel Magne. Les apparitions de Lady Beltham sont particulièrement envoûtantes. Cet aspect, issu des romans de Souvestre et Allain, est très développé dans ce premier film mais sera plus ou moins abandonné par la suite.








POINTS FAIBLES :

Abordons sans complexe le cas de Jean Marais. Certes, il est beau et charismatique, très élégant, se débrouille encore bien sur les cascades malgré l'arrivée de la cinquantaine, mais son jeu d'acteur manque de naturel. Il est visible qu'il joue la comédie. En fait, Jean Marais n'a jamais compris qu'il n'était plus au théâtre mais au cinéma, et que le cinéma requiert un jeu plus subtil que le théâtre. Ou bien, s'il l'avait compris, n'a-t-il pas été capable de se mettre dans la peau d'un véritable acteur de cinéma.

Le reproche de manque de naturel peut aussi être formulé à l'encontre de sa partenaire Mylène Demongeot. Sur toutes les scènes entre leurs deux personnages, qui sont évidemment nombreuses, on ne peut s'empêcher de penser que l'on est dans un film tant ils manquent tous deux de spontanéité. Du coup, le contraste est grand avec leurs pendants policiers, tant le jeu du duo De Funès-Dynam est parfait en tous points.

Quelques détails sont incohérents. Il est difficile de croire que Fantômas puisse retenir sa respiration pendant les longues minutes où il fait main-basse sur les bijoux de l'exposition. D'autant plus qu'il prend tout son temps pour installer sa carte dans un écrin, ce qui ne cadre guère avec l'attitude d'un homme pressé de reprendre sa respiration. Pourquoi les scénaristes n'ont-ils pas affublé le malfaiteur d'un mini masque à gaz ? Voilà qui aurait été l'idéal pour échapper au gaz soporifique. Le spectateur ne peut que trouver étrange qu'un bandit aussi bien organisé et aussi pointu du point de vue technologique que Fantômas ait négligé ce détail.

Une séquence est carrément absurde, lorsqu'on nous montre le génie du mal mettre un masque de Fantômas sur le masque de Fandor : il est bien évident qu'en réalité, il aurait d'abord enlevé le masque de Fandor avant de remettre le sien.

N'oublions pas le gros reproche à formuler contre le scénario : la poursuite finale est interminable, et finit donc par être languissante. Certes, c'est une constante des trois films de la série que de réserver la fin soit aux scènes de poursuite, soit aux acrobaties de Jean Marais, mais dans ce premier volume, trop, c'est trop ! Un regard critique remarquera aussi la facilité déconcertante avec laquelle tout ce joli monde se retrouve lors de cette poursuite, depuis Hélène qui, comme par hasard, repère la voiture de Fantômas depuis un hélicoptère, jusqu'à la plage que Juve et Fandor atteignent probablement grâce à leur instinct légendaire après avoir perdu la trace de leur ennemi juré...









ACCUEIL :

C'est Marcel Allain, le seul des deux auteurs des romans encore en vie, qui se montre le plus sceptique, et même déçu, notamment par le scénario, bien qu'après coup satisfait par le succès populaire du film. Car 4 millions et demi de spectateurs assistent à ce cocktail savoureux d'aventures et d'humour.

Le succès se prolonge à l'étranger, en particulier en Espagne et en Russie. Avec Le Corniaud et Le Gendarme de Saint-Tropez, Fantômas est l'un des trois films qui ont propulsé Louis de Funès au premier rang des stars de la scène comique française, après tant d'années de disette et de demi-succès.

Il est évidemment inutile de chercher la popularité ailleurs que dans le grand public. Pour la plupart des cinéastes auto-proclamés sérieux, c'est-à-dire ceux qui donnent dans les films d'auteur à l'audience inversement proportionnelle à la somme des critiques positives récoltées dans les revues et journaux intellectuels, ce genre de cinéma est trop « commercial », ce qui dans leur bouche est déjà un gros mot, et une tare congénitale.





SYNTHESE :

Bon démarrage pour la série des Fantômas, qui s'améliorera encore par la suite dans le style comédie policière.


Dernière édition par Phil DLM le Mar 21 Aoû 2012 - 19:36, édité 2 fois
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Message  séribibi Mar 21 Aoû 2012 - 19:29

Magnifique et trés fine analyse Phil, comme toujours.
Je te rejoins sur tout ;
A propos de De Funès/Marais, il est à noter que même si le premier prendra une place de plus importante en tant que "1er rôle" au fil des épisodes, c'est Jean Marais qui, jusqu'au dernier épisode, sera néanmoins crédité à l'affiche et au générique en tant que 1er rôle.
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