Série "Californication"

Très bon lancement de la saison 2, alors que M6 a décidé de réduire le flux à un seul épisode par semaine. Tant mieux, une grande série cela se déguste.

Les auteurs résolvent la difficulté astucieusement la difficulté du départ logique de la hanky Family vers la grande Pomme. De manière habile tout semble converger pour entraver Hank dans sa rédemption et sa tentative de fuite hors de la cité des Anges (par moments on se croirait dans Le prisonnier ou Etrange Hôtel) : crise d’identité chez sa fille (toujours épatante), rencontres successives avec des ex toujours tentatrices (mention spéciale à Surf Girl, de la lave en fusion : on comprend mieux pourquoi Scully titillait l’homme avec son ice cream), opportunités sociales et professionnels pour Karen, désormais bien implantée dans le gratin de LA), les amis qui s’enracinent, la prédisposition naturelle de notre héros à toujours dire ce qu’il pense surtout quand il ne le faut pas et à se fourrer dans les pires ennemis… Le tout tient éminemment du procédé mais passe finalement naturellement car demeurant fluide, tonique et surtout incroyablement drôle. (N’empêche on aimerait bien voir Hank à NY l’espace d’un épisode)

Oui, car l’excellente nouvelle de la soirée est que Califorrnication est toujours aussi hilarante, avec un talent comique de Duchovny toujours percutant. Les dialogues crépitent et les bons mots pleuvent d’autant que Hank et Karen partagent visiblement le même humour rentre dedans et volontiers égrillard (finalement pas de regret, cela n’aurait pas collé avec Bill), les situations où se met Hank sont toujours aussi dingues, marcy est toujours aussi pétillante (même si on s’inquiète de la voir virer vraiment accroc à la coke). Certaines scènes se détache, comme la confrontation toujours électrique avec Mia (j’ai éclaté de rire quand Hank balance le bouquin dans la piscine), Karen défoncée complètement à l’Ouest après une cigarette qui fait rire, où la séquence de l’hôpital, un grand n’importe quoi assez irrésistible. Calif 2 démarre sous les meilleurs auspices, m^me si l’on en reste encore à la mise en place du décor de la saison.

Quelques points négatifs cependant l’accumulation des blagues sur le canal déférent sature un peu en fin d’épisode et on regrette que la place de Mia dans le nouveau dispositif ne soit pas plus définie. Il va falloir un moteur supplémentaire pour mieux l’enraciner dans la série. On lui fait confiance, elle va trouver (Mia trouve toujours). Dommage aussi que la sulfureuse Dani California ne soit visiblement plus du voyage, la voir exercer une influence corruptrice sur Mia aurait pu être intéressant.

La mise en scène se montre pareillement véloce que lors de la saison 1, c’est fou ce que cette série arrive à placer en à peine une demi heure, il n’y a jamais un seul instant de temps mort dans le montage des scènes ! La série galope non stop, c’est aussi pour cela qu’il est meilleur de ne la voir qu’épisode par épisode, pour éviter le tournis. Détail amusant, L Word parvient à camper un LA (WEHO) assez crédible à Vancouver mais la différence saute aux yeux dès que Californication débute. On sent le pouls de cette ville unique au monde à chaque instant avec un réalisme criant jamais démenti. Toute la différence entre un original pris sur le vif et une excellente copie.

Et puis bien entendu la frange du public ayant revu dix fois le film dont on évite d’écrire le titre français (mais aussi la série aux frontières du réel) connaîtra comme un moment de bizarre apesanteur quand Callum Keith Rennie croise Duchovny, surtout que les deux se fixent d’abord silencieusement. C’est troublant mais l’effet se dissipe assez vite tant les personnages sont différents. Et puis on peut laisser courir l’imagination et imaginer comme une réalité alternative… Une amitié masculine autre que Charlie, on tient peut-être là la nouveauté achevant de justifier une saison 2 qui promet, d’autant que les acteurs sont toujours incroyables !

A noter que l’épatant Secret Diary et Scrubs tiennent également la cadence, on tient vraiment une excellente soirée séries sur M6.

Encore un excellent épisode autour d'un dîner tournant à la foirade complète, décidément l'un des domaines de prédilection de Californication (décliné avec soirée de gala ou restau entre potes etc;), avec ce ton tragi-comique dont elle le secret. Après un lancement très romantique entre Hank et Karen (mais non dénué d'humour, leur ping pong de vannes très complices est toujours un régal), l'épisode passe à la surmultipliée avec l'apparition aussi soudaine que bien amenée de Mia. C'est en effet à l'unisson de spectateurs réjouis que la plus irrésistible peste des séries télé s'exclame « Mais qu'est-ce que je fais là ? ». On peut supposer une mauvaise conscience de Karen suite à la rupture avec Bill ou une sympathie quasi maternelle de sa part. Mais l'on peut aussi gager qu'il se passera du temps avec qu'elle la réinvite, tant Mia, avec la brillante perversité qu'on lui connaît, va s'employer à méthodiquement ensevelir le dîner sous les décombres à grands coups de Scuds. Chacune des interventions de la « petite fleur fragile » s'avère une bombe encore plus sonore que la précédente et Mia s'avère l'architecte de la faillite de la soirée aussi bien que des malheurs de Hank au cours de la saison précédente. C'est peu dire que l'on se régale, d'autant que Madeline Zima irradie comme de coutume.

Pour le reste chacun des convives apporte sa pièce à l'édifice, avec l'interprétation toujours exceptionnelle caractérisant cette série. Marcy s'avère toujours aussi rigolote dans ses trips, désormais accompagnée de Charlie toujours plus en roue libre (on s'amuse tout de même plus en compagnie de Marcy que de la Charlotte de SatC). Si l'ensemble reste des plus drôles l'on ressent comme un léger malaise à la « Weeds », la cocaïne étant décrite ici comme quelque chose de fun et sympa, alors qu'il s'agit d'un épouvantable fléau. Passons. Callum Keith Rennie réalise une énorme performance, il emplit littéralement l'écran de sa vitalité alors que son personnage, visiblement choyé, bénéficie toujours d'excellentes répliques. (Tiens il va jouer un tueur russe dans 24h..) Becca et son amoureux apparaissent aussi attendrissants que drôles, avec Hank en père pas si fouettard. Le dernier couple semble plus en retrait, même avec la révélation finale.

Les dialogues sont toujours aussi percutants (et crus) mais la mise en scène peine quelque peu à animer autant de personnages. Il faut le talent d'un Woody Allen pour donner vie à ce genre de récit autant basé sur les conversations, et sa perpétuelle 'imagination semble ici faire un peu défaut. Faire dialoguer et divaguer autant de personnalités hétéroclites dans un format d'une demi heure et le cadre étroit d'un appartement tenait de la gageure, ce qui se traduit par une certaine simplicité de la réalisation. Cela ne pénalise que modérément l'épisode mais le chef d'oeuvre du genre restera tout de même la soirée de charité de la première saison. La scène de rupture (on espère temporaire) entre Karen et Hank vient conclure le tout sur une vraie émotion, même si Karen semble vraiment peu solide dans ses attachements...La courageuse Becca est décidément toujours aussi admirable ! On semble en revenir à la situation de la saison 1, mais on espère tout de même que la présente continuera à développer une vraie spécificité, à suivre ! Après Tim et Jenny (TLW saison 1), les demandes en mariage romantiques n'ont vraiment plus la cote dans la Cité des Rêves...

Alors petit résumé : Hank fait sa demande à karen. Celle-ci réserve sa réponse tandis qu'elle prépare un grand dîner réunissant à peu près tous les personnages de la saison. Hank n'est que modérément enthousiasmé par le projet, surtout quand la première invitée de Karen s'avère être Mia. Gros délire alcool/drogue/vannes acidulées et affutées durant toute la soirée, tandis que Mia révèle publiquement une par une les vérités cachées des convives. Finalement elle oblige Sonja à révéler que le père de l'enfant qu'elle attend est en fait Hank (ils avaient « sympathisé » lors d'un dîner du même type chez Bill, durant la saison 1). Après le départ des invités, Karen rompt avec Hank et celui-ci, effondré, part apparemment s'installer chez Lew, à l'invitation de ce dernier.

Bon on pourrait dire que hier soir c’était un peu un épisode pour rien, car de fait l’intrigue principale n’avance pas d’un millimètre. Mais Calif a un tel potentiel de personnages qu’elle peut se permettre de capitaliser dessus sans problèmes. On suit donc Hank tout au long d’un des ces plans foireux et improbables dont il a le secret et cela suffit à notre bonheur, telle on rigole non stop. En plus Marcy est en super forme, et son mari continue à rivaliser avec son pote pour s’embarquer dans des galères pas possibles. L’épisode reste tout de même un cran en dessous du dantesque dîner en ville de la semaine dernière, mais vaut par une virée dans le monde interlope de LA. On perçoit avec saveur l’atmosphère si particulière de la Cité des Anges, avec une évocation de l'industrie du X aussi mytho et doux dingue que le cinéma classique (dès que Dave Duchovny traite de Hollywood c’est génial, axiome de base) et des vues somptueuses depuis ce lieu mythique qu’est Mulholland Drive. Un regret, les éternelles valses hésitations de Karen commencent à lasser, choisis ton camp camarade !

Pour retrouver la folle ambiante de la Mecque du Cinéma je recommande un roman décalé, pétillant d’humour et d’intelligence : Les Zinzins d’Olive Oued, du britannique Terry Pratchett. L’action se situe dans son célèbre univers d’Heroic Fantasy du Disque Monde et il évoque Hollywood avec sa patte unique, entre vive imagination, humour très british et vraie sensibilité.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Zinzins_d'Olive-Oued