Plaidoirie pour un meurtre (Brief for Murder)

Oui, avec également une critique assez affutée et sarcastique du système judiciaire anglais, oral et où la jurisprudence prime. On retrouve déjà ici la veine satirique de la saison 4, dont cet épisode est vraiment très proche.

Brian Clemens, auteur de l’épisode toujours très tonique, commente cet épisode, lors d’un enregistrement survenu en 2009. Clemens remémore que sa première participation aux Avengers remonte à la saison 1, où il contribua à l’écriture de deux épisodes disparus (Brought to Book et One for the Mortuary). Il n’en conserve guère de souvenirs, alors qu’à l’époque il participait à Destination Danger. Clemens appréciait qu’Hendry reconnaisse l’importance des Avengers dans sa carrière, contrairement à Diana Rigg. Les auteurs de la série ont fait l’objet d’une sélection rigoureuse, après six mois les cinq premiers de la série étaient partis, hormis lui même.

L’histoire qu’il a composée devait tenir compte d’éléments de décor préexistants, repris par économie après le tournage de productions plus importantes. Durant la période Cathy Gale les contraintes techniques (gestion des décors, tournage en direct) ont imposé une écriture similaire à celle du Hollywood des années 30/40, une expérience dont il a raffolé. Chaque tournage était une vraie fourmillerai survoltée, où s’entrecroisaient acteurs et techniciens. Clemens estime que John Laurie apporte immensément à l’épisode. Il admire notamment la vivacité de son jeu et de ses regards mais n’a pas écrit le rôle en ayant un acteur particulier en tête. Ccela n’arrivait jamais.

Clemens reconnaît le grand apport de Peter Hammond dans la définition du style visuel de la série (inventivité des angles de vue, sens de la fantaisie, utilisation optimale des décors). Il précise qu’Hammond n’a pas été rejeté durant l’ère Emma Peel. Au contraire, Hammond a été le tout premier réalisateur qu’il a approché lors du passage au film, mais il était accaparé par d’autres projets. L’occasion ne se présenta jamais plus. La fameuse scène du faux assassinat de Mrs Gale a été tournée à deux pas des studios, un bon choix compte tenu de la faiblesse des moyens disponibles. A l’instar d’Hammond, Johnny Dankworth quitta la production pour d’autres engagements, ce qui permit l’arrivée de Laurie Johnson, qui deviendra inséparable de Clemens.

Même s’il n’avait pas la maîtrise de la série durant l’époque Cathy Gale, Clemens a toujours tenté d’y introduire de la fantaisie, de l’humour et de l’originalité. Il demeure particulièrement fier du scénario de Brief for a Murder, qui présente ces trois particularités mais qui développe aussi une atmosphère victorienne, déjà proche de Dickens avant Too Many Christmas Trees. Clemens n’a réalisé aucune recherche juridique particulière afin d’étayer les dialogues ou les situations. D’une manière générale il n’a jamais laissé la recherche de réalisme entravé son écriture. Il n’a jamais eu à rechercher d’idées, elles se sont toujours présentées naturellement à lui. Les auteurs n’ont jamais été censurés, mais ont d’eux mêmes veillé au maintien du bon goût. Les scènes de violence ou de sexe n’étaient ainsi pas interdites, mais simplement suggérées et jamais montrées directement.

Il se réjouit que la série ait conservé sa popularité, car elle demeure unique en son genre encore aujourd’hui. Comme différence avec les TNA, il énonce que Steed y a été doté d’un arrière plan bien plus développé que durant les Avengers. Il cite à cet égard Dead Men are Dangerous, qu’il considère comme l’une de ses grandes réussites. Il considère toutefois que le personnage doit tout à Patrick Macnee et que celui-ci n’a pas suffisamment remercié financièrement pour son immense apport à la série. Clemens indique être un grand admirateur d’Honor Blackman, grande actrice et femme merveilleusement belle. Pour lui Mrs Gale demeure la plus sexy des partenaires de Steed, mais il ignore si les Américains l’auraient accepté aussi bien qu’Emma Peel. Honor reste l’actrice dont il a le plus regretté le départ.

Clement évoque également la tentative avortée de film unissant Steed et Mrs Gale, proposé par le producteur Louis de Rochemont. Même si le synopsis de grand spectacle qu’il avait écrit diverge de la série, il regrette que le film n’ait pu se faire, estimant qu’il aurait pu rivaliser avec James Bond. Clemens a dès l’enfance ressenti l’envie d’écrire et à très tôt décidé d’en faire son métier. Il a appris à taper un texte sur une très vieille machine à écrire offerte par son père et reste très fier de sa vitesse à composer avec deux doigts.