2 - Bons Baisers de Russie - 1963
+4
Joris
séribibi
joseuvic
Estuaire44
8 participants
Page 1 sur 2
Page 1 sur 2 • 1, 2
2 - Bons Baisers de Russie - 1963
La légende à l'état pur!! J'aime particulièrement ce 007 pour des tas de raisons : Daniela bien sur, mais aussi le SPECTRE à son zénith, utilé au maximum de son efficacité, entre les deux Blocs... J'adore cette organisation elle est si sixties... Elle n'ajamais été vraiment remplacée!
Le clou du spectacle reste le N°5 amateur d'échecs, le stratège du n°1!! Un des meilleurs Diabolical Masterminds que l'on ai jamais vu!!
Vraiment c'est peut-être le meilleur 007 de tous!!
https://www.youtube.com/watch?v=nEOxJ303gr0
Le clou du spectacle reste le N°5 amateur d'échecs, le stratège du n°1!! Un des meilleurs Diabolical Masterminds que l'on ai jamais vu!!
Vraiment c'est peut-être le meilleur 007 de tous!!
https://www.youtube.com/watch?v=nEOxJ303gr0
Estuaire44- Empereur
- Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007
Re: 2 - Bons Baisers de Russie - 1963
Pour moi, c'est le meilleur. Je le connais par coeur.
Les échecs, le train, Venise, la bagarre dans le train. Quand on sait que Pedro Armendariz a joué se sachant condamné (ses scènes furent tournées en priorité) et qu'il n'a pas vu le film terminé...La musique superbe, pas de gadgets...Bref, Je m'en lasse pas.
Les échecs, le train, Venise, la bagarre dans le train. Quand on sait que Pedro Armendariz a joué se sachant condamné (ses scènes furent tournées en priorité) et qu'il n'a pas vu le film terminé...La musique superbe, pas de gadgets...Bref, Je m'en lasse pas.
Invité- Invité
Re: 2 - Bons Baisers de Russie - 1963
Kronsteen !!!!! Avec un Vladek Sheyball sinueux à souhait ( qui s'auto-parodiera ensuite dans le CASINO ROYALE de 1967 ! )
' Let his death be a particulary unpleasant one ....'
' Let his death be a particulary unpleasant one ....'
Invité- Invité
Re: 2 - Bons Baisers de Russie - 1963
Aargh oui!! Même sa mort reste un immense moment, un des meilleurs exemples de l'humour si perticulier de Blofeld...
A côté de ces géants, je trouve que les méchnats contemporains manquent singulièrement de saveur!!
A côté de ces géants, je trouve que les méchnats contemporains manquent singulièrement de saveur!!
Estuaire44- Empereur
- Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007
Re: 2 - Bons Baisers de Russie - 1963
Vous êtes trop sympa avec le Chef , mon cher Marc....
Bon, moi ça va , même si j'adore aussi FRWL, ce n'est PAS mon Bond préféré...Et puis , après avoir interviewée la momie Honor Blackman, je dirais que plus rien ne peut m'atteindre en matière de décrépitude ès-Bond Girls hélas....
Bon, moi ça va , même si j'adore aussi FRWL, ce n'est PAS mon Bond préféré...Et puis , après avoir interviewée la momie Honor Blackman, je dirais que plus rien ne peut m'atteindre en matière de décrépitude ès-Bond Girls hélas....
Invité- Invité
Re: 2 - Bons Baisers de Russie - 1963
Lord B Sinclair a écrit:
Quant à la Daniela...Moi je trouve qu'lle ressemble plus à ...Tanya Roberts ( AVTAK ) sur ces photos !!!! Bon c'est pas flatteur non plus , hein....
Je trouve qu'elle ressemble plus à Samantha de la série du même nom.
Je ne l'aurais pas reconnue.
joseuvic- Vicomte(sse)
- Age : 59
Localisation : Ne sait pas
Date d'inscription : 02/03/2007
Re: 2 - Bons Baisers de Russie - 1963
Puisqu'on parle de la Daniela dans sa période ' Bombe sexuelle des années soixante ' j'ai craqué et acheté en zone 1 le rigolo ' Mission Speciale Lady Chaplin ' où elle tient le rôle-titre ...C'est une sous ' James Bonderie ' à mourir de rire tellement c'est fauché ....
Invité- Invité
Re: 2 - Bons Baisers de Russie - 1963
Juste pour l’anecdote, on trouve ici, en animation, le fameux coup de maitre de l’inoubliable Kronsteen, à l’ouverture de ce joyau qu’est « From Russia with love ». En dessous on a placé la partie historique (Spassky) qui l’a inspirée.
http://www.chessbase.com/games/2004/bond.htm
On y disceerne bien le machiavélisme teinté de folie homicide du facétieux n° 5, le stratège ayant élaboré le plan diabolique le plus sophistiqué auquel 007 ait jamais eu à faire face !
http://www.chessbase.com/games/2004/bond.htm
On y disceerne bien le machiavélisme teinté de folie homicide du facétieux n° 5, le stratège ayant élaboré le plan diabolique le plus sophistiqué auquel 007 ait jamais eu à faire face !
Estuaire44- Empereur
- Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007
Re: 2 - Bons Baisers de Russie - 1963
"On ne vit que deux fois", j'ai dit ce que j'en pensais.
Le problème de "Bons baisers de Russie" est à deux niveaux:
1. Une intrigue complexe au cinéma (par rapport au livre) afin que les agents soviétiques ne soient pas les "méchants", mais victimes d'une manipulation du SPECTRE (absent du roman) eh oui, détente oblige en 1963.
Filmé plus fidèlement au livre, il aurait été mieux et plus convaincant.
2. Le film est trop sérieux, comme le Casino Royale de Daniel Craig. James Bond, c'est un spectacle, et dans "Bons baisers de Russie" et "Casino Royale 2006", on sacrifie le spectacle au sérieux de l'intrigue.
Il manque cette fantaisie que l'on trouve par exemple dans "Au service secret de Sa Majesté" qui alterne le bond plein d'humour avec une tragique histoire romantique.
Le problème de "Bons baisers de Russie" est à deux niveaux:
1. Une intrigue complexe au cinéma (par rapport au livre) afin que les agents soviétiques ne soient pas les "méchants", mais victimes d'une manipulation du SPECTRE (absent du roman) eh oui, détente oblige en 1963.
Filmé plus fidèlement au livre, il aurait été mieux et plus convaincant.
2. Le film est trop sérieux, comme le Casino Royale de Daniel Craig. James Bond, c'est un spectacle, et dans "Bons baisers de Russie" et "Casino Royale 2006", on sacrifie le spectacle au sérieux de l'intrigue.
Il manque cette fantaisie que l'on trouve par exemple dans "Au service secret de Sa Majesté" qui alterne le bond plein d'humour avec une tragique histoire romantique.
Invité- Invité
Re: 2 - Bons Baisers de Russie - 1963
Patricks a écrit:"On ne vit que deux fois", j'ai dit ce que j'en pensais.
Le problème de "Bons baisers de Russie" est à deux niveaux:
1. Une intrigue complexe au cinéma (par rapport au livre) afin que les agents soviétiques ne soient pas les "méchants", mais victimes d'une manipulation du SPECTRE (absent du roman) eh oui, détente oblige en 1963.
Filmé plus fidèlement au livre, il aurait été mieux et plus convaincant.
2. Le film est trop sérieux, comme le Casino Royale de Daniel Craig. James Bond, c'est un spectacle, et dans "Bons baisers de Russie" et "Casino Royale 2006", on sacrifie le spectacle au sérieux de l'intrigue.
Il manque cette fantaisie que l'on trouve par exemple dans "Au service secret de Sa Majesté" qui alterne le bond plein d'humour avec une tragique histoire romantique.
Tout d'abord, à l'époque de BBDR, l'adaptation de JB au ciné en était à ses balbutiements, et sa véritable forme cinématographique n'apparaîtra qu'à partir de "Goldfinger".
Ensuite, lors de la sortie de ce 2ème épisode, nous sommes en pleine guerre froide, et le ton sérieux et le réaliste de l'entreprise (loin des délires de Roger Moore) collent tout à fait au contexte et, d'une certaine façon, à l'histoire.
Par ailleurs, les James Bond (à partir de "Goldfinger") obéïssent toujours aux mêmes schémas narratifs, et les outrances (je ne parle pas ici du scénario lui-même) menées de bout en bout dans les films ne choquent pas dans la mesure où il n'y a QUE ça. Les Roger Moore n'ont jamais prétendus faire dans la dentelle et forment un cinéma de pure distraction, faisant fi de tout réalisme quant à l'évolution du personnage (qui devrait avoir peur dans les pires situations, alors qu'il garde son extrême nonchalence en toutes circonstances, par exemple) et aux péripéties...
C'est pour cela que je suis étonné que cela surprenne de voir déambuler le plus nonchalemment du monde JB dans YOLT étant donné tout ce qui lui arrive...
Des experts psychiatres je crois, avaient tentés le psychanaliser le personnage : ils en étaient arrivés à la conclusion qu'il était inconscient, bête, misogyne, égoïste, etc... et avait le niveau d'un adolescent.
En ce qui concerne les derniers JB, il y a au contraire je trouve un retour à un certain réalisme, et plus particulièrement dans le tout dernier... Cela ne me choque pas le moins du monde et, si je n'ai pas aimé ce dernier volet (tout en lui reconnaissant des qualités, comme l'interprétation), outre son extrème lenteur (pour un Bond), c'est surtout à cause de son anachronisme pour moi indéfendable... Nous nageons ici en pleine incohérence (nous ne parlons plus là d'invraisemblances).
séribibi- Roi (Reine)
- Age : 58
Localisation : Mont de Marsan
Date d'inscription : 13/12/2007
Re: 2 - Bons Baisers de Russie - 1963
séribibi a écrit:
Tout d'abord, à l'époque de BBDR, l'adaptation de JB au ciné en était à ses balbutiements, et sa véritable forme cinématographique n'apparaîtra qu'à partir de "Goldfinger".
Ensuite, lors de la sortie de ce 2ème épisode, nous sommes en pleine guerre froide, et le ton sérieux et le réaliste de l'entreprise (loin des délires et stéréotypes de Roger Moore) collent tout à fait au contexte et, d'une certaine façon, à l'histoire.
C'est pour cela que je suis étonné que cela surprenne de voir déambuler le plus nonchalemment du monde JB dans YOLT étant donné tout ce qui lui arrive...
.
En ce qui concerne les derniers JB, il y a au contraire je trouve un retour à un certain réalisme, et plus particulièrement dans le tout dernier... Cela ne me choque pas le moins du monde et, si je n'ai pas aimé ce dernier volet (tout en lui reconnaissant des qualités, comme l'interprétation), outre son extrème lenteur (pour un Bond), c'est surtout à cause de son anachronisme pour moi indéfendable... Nous nageons ici en pleine incohérence (nous ne parlons plus là d'invraisemblances).
Non, en 1963, c'était la détente, c'est pour cela que Broccoli et Saltzman ont remplacé les russes par le Spectre.
On ne vit que deux fois fait trop dans la surenchère comme "demain ne meurt jamais", c'est une succession de séquences spectaculaires sans une trame profonde.
Enfin, quand tu dis LES DERNIERS, je crois que jamais bond n'a été aussi peu réaliste que dans "Meurs un autre jour", le plus incroyable de toute la saga (cf le surf sur les glaces qui fondent)
Invité- Invité
Re: 2 - Bons Baisers de Russie - 1963
Je pensai que BBDR était sorti en 62, et que de toutes façons l'époque où était censée se dérouler le film était encore antérieure.
Effectivement, je voulais le préciser, mais "Meurs un autre jour" est aussi dans l'outrance "Roger Moore", mais dans cet épisode, on n'hésite pas à faire souffrir Bond et à le déstabiliser psychologiquement (au début) comme pour mieux montrer qu'il n'est pas si invincible que ça.
Effectivement, je voulais le préciser, mais "Meurs un autre jour" est aussi dans l'outrance "Roger Moore", mais dans cet épisode, on n'hésite pas à faire souffrir Bond et à le déstabiliser psychologiquement (au début) comme pour mieux montrer qu'il n'est pas si invincible que ça.
séribibi- Roi (Reine)
- Age : 58
Localisation : Mont de Marsan
Date d'inscription : 13/12/2007
Re: 2 - Bons Baisers de Russie - 1963
Magnifique film, Daniella Bianchi en bond girl est sublime.
J'adore la scène où elle est avec Bond au lit, c'est tellement bien filmé (plans, couleurs), c'est du grand cinéma !
Beaucoup d'action (Combat dans le train).
Et j'adore le fait qu'on en apprend plus sur le SPECTRE, qu'on mentionne le Dr No, j'aime bien qu'il y ait des liens avec d'anciens épisodes, dans les sagas.
J'adore la scène où elle est avec Bond au lit, c'est tellement bien filmé (plans, couleurs), c'est du grand cinéma !
Beaucoup d'action (Combat dans le train).
Et j'adore le fait qu'on en apprend plus sur le SPECTRE, qu'on mentionne le Dr No, j'aime bien qu'il y ait des liens avec d'anciens épisodes, dans les sagas.
Joris- Prince(sse)
- Age : 34
Localisation : Metz (57)
Date d'inscription : 10/06/2006
Re: 2 - Bons Baisers de Russie - 1963
Bons baisers de Russie (From Russia with love, 1963, )
Le 10 octobre 1963 voit la sortie du deuxième opus des aventures de 007, soit quelques jours avant la diffusion des épisodes L’homme aux deux ombres et Le Cocon (Avengers saison 3), eux aussi très inscrits dans un contexte d’espionnage et de Guerre Froide. Bons baisers de Russie fait plus que tenir toutes les promesses de Dr. No : il les magnifie et incarne avec un panache unique l’incroyable qualité de ce printemps de la saga.
C’est ainsi que nous observons avec un vif plaisir à la mise en place des différents éléments du rituel bond ne figurant pas encore dans James Bond contre Dr. No. L’étonnant théâtre d’ombre que constitue la première séquence, avec son désarçonnant rebondissement final, assure le succès du lancement de cette formule, appelée à devenir indissociable de la série. Elle introduit avec une efficacité des plus glaçantes le personnage de Red Grant, tandis que l’on s’amuse à reconnaître dans Morzeny, le directeur de « SPECTRE Academy» (les candidats éliminés le sont à titre définitif) le comédien Walter Gotell qui incarnera le Général Gogol dans cinq autres opus.
Les génériques si spectaculaires et identifiants de James Bond connaissent également ici leur véritable envol, après les quelques silhouettes féminines rapidement esquissées de Dr. No. Ces lettres glissant sur une merveilleuse danseuse du ventre se révèlent aussi esthétiquement relevées que diablement lascives… L’ambiance proche orientale se voit introduite avec bonheur, à l’unisson de la très belle chanson de Matt Monro. On s’étonnera cependant de n’y trouver que la version instrumentale, mais ce titre très crooner sera entendu par deux fois dans le film, en version originale mais aussi en français ! De l’art de décliner un concept…
La nouveauté majeure demeure cependant la véritable introduction du personnage de Q, par l’excellent Desmond Llewelyn. Ce dernier s’identifiera au rôle durant 17 films, soit jusqu’à son décès survenu en 1999, avec une unique interruption (Vivre et laisser mourir). Si sa prestation demeure encore plus timide qu’elle ne le deviendra, sans ses si savoureuses admonestations envers 007, le jeu du comédien se révèle déjà plus relevé que le très lisse Peter Burton et apporte une incontestable valeur ajoutée au personnage. A cette occasion nous découvrons une autre colonne du temple, la présentation des gadgets du jour, qui tous, sans exception, seront toujours utilisés au cours de l’aventure. On apprécie vivement l’aspect de bricolages ingénieux de ceux-ci, plus crédibles et ludiques que les déferlements à venir de haute technologie parfois sans âme.
Si Bernard Lee continue à incarner à la perfection le très britannique M et sa relation délectable de sympathie parfois exaspérée envers Bond, Miss Moneypenny bénéficie d’un plus grand espace lui permettant d’insuffler un humour et un fantaisie des plus appréciables au film, notamment lors de l’irrésistible scène de l’écoute du message enregistré, où M se montre incroyablement victorien ! Lois Maxwell introduit beaucoup de joie de vivre et de pétulance dans son jeu, on s’en régale.
Ayant consolidé et amplifié l’éclat des fondamentaux de la série, Bons baisers de Russie fait aussi entendre sa propre musique, particulièrement captivante. On apprécie vivement cet instant de perfection : le film conserve le meilleur du monde fascinant de l’espionnage traditionnel, tout en le dynamisant par une mise en scène davantage nerveuse que dans le film précédent, une solide dose d’humour et d’érotisme, un souffle épique indéniable au long de cette authentique odyssée et bien entendu le charisme incroyable de son personnage principal. Toute la suprême habilité du film réside dans ce parfait équilibre, dans le plus pur respect de l’esprit du roman, sans presque aucun soupçon de dérive vers le barnum qui se manifestera ultérieurement. Cela ne prive pas le film d’user de moyens plus que conséquents, dédiés avec bonheur à des décors très réussis (grandiose salle du tournoi d’Echecs, antre de Blofeld, quartier général si orientaliste de Karim Bey...) et à de somptueuses vues d’Istanbul et de Venise.
La tension dramatique atteint son paroxysme lors de nombreuses scènes d’action tournées avec un sens raffiné du spectaculaire, magnifié par la conséquente augmentation budgétaire opérée. Des scènes comme, entre autres, le combat féminin au camp des gitans (rien à envier aux Avengers) et l’attaque subséquente ou l’assassinat si spectaculaire de Krilencu, restent gravés dans la mémoire des spectateurs (joli clin d’œil à Anita Ekberg, alors en pleine gloire après La dolce vita). Le summum demeure bien entendu le duel à mort entre Grant et 007, représentant la quintessence du genre et venant lui même couronner toute la partie d’échecs mortifère très relevée du train. Clé de voûte du film, il était vital pour Young de ne pas décevoir l’attente d’un public ayant suivi les trajectoires des deux redoutables adversaires jusqu’à ce fatidique point de jonction. Grâce à un affrontement savamment chorégraphié et au jeu étonnant de sauvagerie des comédiens le pari se voit remporté haut la main, assurant ainsi l’éclatant succès du film. Les amateurs des Avengers retiendront une bouffée d’amertume en constatant qu’ici les acteurs accomplissent presque toujours eux-mêmes cascades et bagarres…
La perfection n’étant pas de ce monde on regrettera, de manière très secondaire, que Young (et sans doute les producteurs) aient cédé sur le tard à la tentation d’en rajouter. Les péripéties navales et l’affrontement avec l’hélicoptère demeurent certes réalisés à la perfection et satisferont sans doute l’appétit de spectaculaire du plus grand nombre mais on y discerne tout de même une virtuosité tournant à vide. Ces scènes trépidantes rompent avec l’esprit plus réaliste du film et en rajoutent dans l’épate sans réelle justification. Cela donne une pénible impression de délayage de l’intrigue, comme s’il restait quelques mètres de pellicule à uiliser du mieux possible. D’autre part si la plupart des modifications apportées au roman se justifient (notamment pour le duel final rapide et d’une terrible froideur qui serait mal passé à l’écran) on regrette une certaine simplification de 007, dont les divers moments d’angoisse sont soigneusement effacés et qui au lieu de retenir un hôtel miteux mais délicieusement turc descend ici dans un palace au décorum très occidental. Enfin la scène des rats, totalement dantesque et digne de H.P. Lovecraft dans le roman ; se retrouve ici ramenée à un insert passablement piteux, très loin de ce qu’offrira par exemple Indiana Jones et la dernière croisade ou Willard.
Ces quelques réserves se cantonnent résolument à la marge car Bons baisers de Russie achève d’emporter l’adhésion grâce à ses personnages secondaires. De la qualité des adversaires dépend souvent la réussite de ce type de film, et c’est peu dire ici que nous sommes gâtés.
Ainsi l’intrigue bénéficie d’une des plus belles idées de scénario recensées à ce jour : l’ajout du SPECTRE comme troisième puissance entre l’Est et l’Ouest, qui n’existait pas dans le roman de Fleming. Outre les nouvelles potentialités qu’elle introduit, elle approfondit la simple citation opérée dans Dr. No, apportant ainsi à la série la saveur toujours agréable des arcs narratifs. On remarque que le procédé sera repris lors de l’ère Daniel Craig, avec Quantum, mais également que la comparaison s’arrête là… Pour l’heure les apparitions régulières de Red Grant, scènes toujours particulièrement relevées, viennent apporter une tension dramatique sans cesse renouvelée à un récit plus tonique que dans le film précédent. Le SPECTRE nous vaut aussi un scène irrésistiblement délirante quand Klebb et Morzeny passent en revue les entraînements des combattants de l’île, dans un atmosphère qui deviendra finalement l’apanage de la section Q. Détail amusant, sur la grande image servant de cible aux tireurs on remarque distinctement quelques silhouettes arborant chapeau melon…
C’est ainsi que nous observons avec un vif plaisir à la mise en place des différents éléments du rituel bond ne figurant pas encore dans James Bond contre Dr. No. L’étonnant théâtre d’ombre que constitue la première séquence, avec son désarçonnant rebondissement final, assure le succès du lancement de cette formule, appelée à devenir indissociable de la série. Elle introduit avec une efficacité des plus glaçantes le personnage de Red Grant, tandis que l’on s’amuse à reconnaître dans Morzeny, le directeur de « SPECTRE Academy» (les candidats éliminés le sont à titre définitif) le comédien Walter Gotell qui incarnera le Général Gogol dans cinq autres opus.
Les génériques si spectaculaires et identifiants de James Bond connaissent également ici leur véritable envol, après les quelques silhouettes féminines rapidement esquissées de Dr. No. Ces lettres glissant sur une merveilleuse danseuse du ventre se révèlent aussi esthétiquement relevées que diablement lascives… L’ambiance proche orientale se voit introduite avec bonheur, à l’unisson de la très belle chanson de Matt Monro. On s’étonnera cependant de n’y trouver que la version instrumentale, mais ce titre très crooner sera entendu par deux fois dans le film, en version originale mais aussi en français ! De l’art de décliner un concept…
La nouveauté majeure demeure cependant la véritable introduction du personnage de Q, par l’excellent Desmond Llewelyn. Ce dernier s’identifiera au rôle durant 17 films, soit jusqu’à son décès survenu en 1999, avec une unique interruption (Vivre et laisser mourir). Si sa prestation demeure encore plus timide qu’elle ne le deviendra, sans ses si savoureuses admonestations envers 007, le jeu du comédien se révèle déjà plus relevé que le très lisse Peter Burton et apporte une incontestable valeur ajoutée au personnage. A cette occasion nous découvrons une autre colonne du temple, la présentation des gadgets du jour, qui tous, sans exception, seront toujours utilisés au cours de l’aventure. On apprécie vivement l’aspect de bricolages ingénieux de ceux-ci, plus crédibles et ludiques que les déferlements à venir de haute technologie parfois sans âme.
Si Bernard Lee continue à incarner à la perfection le très britannique M et sa relation délectable de sympathie parfois exaspérée envers Bond, Miss Moneypenny bénéficie d’un plus grand espace lui permettant d’insuffler un humour et un fantaisie des plus appréciables au film, notamment lors de l’irrésistible scène de l’écoute du message enregistré, où M se montre incroyablement victorien ! Lois Maxwell introduit beaucoup de joie de vivre et de pétulance dans son jeu, on s’en régale.
Ayant consolidé et amplifié l’éclat des fondamentaux de la série, Bons baisers de Russie fait aussi entendre sa propre musique, particulièrement captivante. On apprécie vivement cet instant de perfection : le film conserve le meilleur du monde fascinant de l’espionnage traditionnel, tout en le dynamisant par une mise en scène davantage nerveuse que dans le film précédent, une solide dose d’humour et d’érotisme, un souffle épique indéniable au long de cette authentique odyssée et bien entendu le charisme incroyable de son personnage principal. Toute la suprême habilité du film réside dans ce parfait équilibre, dans le plus pur respect de l’esprit du roman, sans presque aucun soupçon de dérive vers le barnum qui se manifestera ultérieurement. Cela ne prive pas le film d’user de moyens plus que conséquents, dédiés avec bonheur à des décors très réussis (grandiose salle du tournoi d’Echecs, antre de Blofeld, quartier général si orientaliste de Karim Bey...) et à de somptueuses vues d’Istanbul et de Venise.
La tension dramatique atteint son paroxysme lors de nombreuses scènes d’action tournées avec un sens raffiné du spectaculaire, magnifié par la conséquente augmentation budgétaire opérée. Des scènes comme, entre autres, le combat féminin au camp des gitans (rien à envier aux Avengers) et l’attaque subséquente ou l’assassinat si spectaculaire de Krilencu, restent gravés dans la mémoire des spectateurs (joli clin d’œil à Anita Ekberg, alors en pleine gloire après La dolce vita). Le summum demeure bien entendu le duel à mort entre Grant et 007, représentant la quintessence du genre et venant lui même couronner toute la partie d’échecs mortifère très relevée du train. Clé de voûte du film, il était vital pour Young de ne pas décevoir l’attente d’un public ayant suivi les trajectoires des deux redoutables adversaires jusqu’à ce fatidique point de jonction. Grâce à un affrontement savamment chorégraphié et au jeu étonnant de sauvagerie des comédiens le pari se voit remporté haut la main, assurant ainsi l’éclatant succès du film. Les amateurs des Avengers retiendront une bouffée d’amertume en constatant qu’ici les acteurs accomplissent presque toujours eux-mêmes cascades et bagarres…
La perfection n’étant pas de ce monde on regrettera, de manière très secondaire, que Young (et sans doute les producteurs) aient cédé sur le tard à la tentation d’en rajouter. Les péripéties navales et l’affrontement avec l’hélicoptère demeurent certes réalisés à la perfection et satisferont sans doute l’appétit de spectaculaire du plus grand nombre mais on y discerne tout de même une virtuosité tournant à vide. Ces scènes trépidantes rompent avec l’esprit plus réaliste du film et en rajoutent dans l’épate sans réelle justification. Cela donne une pénible impression de délayage de l’intrigue, comme s’il restait quelques mètres de pellicule à uiliser du mieux possible. D’autre part si la plupart des modifications apportées au roman se justifient (notamment pour le duel final rapide et d’une terrible froideur qui serait mal passé à l’écran) on regrette une certaine simplification de 007, dont les divers moments d’angoisse sont soigneusement effacés et qui au lieu de retenir un hôtel miteux mais délicieusement turc descend ici dans un palace au décorum très occidental. Enfin la scène des rats, totalement dantesque et digne de H.P. Lovecraft dans le roman ; se retrouve ici ramenée à un insert passablement piteux, très loin de ce qu’offrira par exemple Indiana Jones et la dernière croisade ou Willard.
Ces quelques réserves se cantonnent résolument à la marge car Bons baisers de Russie achève d’emporter l’adhésion grâce à ses personnages secondaires. De la qualité des adversaires dépend souvent la réussite de ce type de film, et c’est peu dire ici que nous sommes gâtés.
Ainsi l’intrigue bénéficie d’une des plus belles idées de scénario recensées à ce jour : l’ajout du SPECTRE comme troisième puissance entre l’Est et l’Ouest, qui n’existait pas dans le roman de Fleming. Outre les nouvelles potentialités qu’elle introduit, elle approfondit la simple citation opérée dans Dr. No, apportant ainsi à la série la saveur toujours agréable des arcs narratifs. On remarque que le procédé sera repris lors de l’ère Daniel Craig, avec Quantum, mais également que la comparaison s’arrête là… Pour l’heure les apparitions régulières de Red Grant, scènes toujours particulièrement relevées, viennent apporter une tension dramatique sans cesse renouvelée à un récit plus tonique que dans le film précédent. Le SPECTRE nous vaut aussi un scène irrésistiblement délirante quand Klebb et Morzeny passent en revue les entraînements des combattants de l’île, dans un atmosphère qui deviendra finalement l’apanage de la section Q. Détail amusant, sur la grande image servant de cible aux tireurs on remarque distinctement quelques silhouettes arborant chapeau melon…
Estuaire44- Empereur
- Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007
Re: 2 - Bons Baisers de Russie - 1963
Red Grant représente le grand adversaire du jour. Réactif, supérieurement doué il se situe cent coudées au-dessus des tueurs interchangeables (et immodérément maladroits) du SPECTRE. Même si son effarante biographie a été ici ramenée à bien peu de choses, et sa dimension aux lisières du Fantastique totalement gommée, il n’en demeure pas moins une fascinante machine à tuer, si implacablement vouée à sa mission et dépourvu d’humanité qu’il finit par évoquer les meilleurs moments de Terminator. Robert Shaw réalise une performance inouïe, et il fallait bien toute la présence physique et l’aura de Sean Connery pour rendre crédible la victoire finale de 007. Près d’un demi-siècle plus tard, Red Grant demeure bien l’un des adversaires les plus relevés de Bond : dépourvu de l’humour parfois burlesque d’un Jaws il compte encore parmi les incarnations les plus glaçantes de la Faucheuse que le cinéma nous ait offert.
En lesbienne sadique et au-delà de la caricature Rosa Klebb vaut aussi le détour non seulement pour son approche vénéneuse de Tatiana mais aussi pour l’incroyable scène finale où l’étonnante énergie de Lotte Lenya permet au personnage d’échapper au ridicule pour au contraire joliment inquiéter (on remarque qu’au cinéma il est tout à fait exclu que Bond soit mis hors jeu par une femme, toujours selon la simplification évoquée plus haut…). On lui préfèrera cependant l’autre créature retranché de l’humanité dont nous régale le film, l’inoubliable Kronsteen, qui en seulement trois scènes, s’impose comme une référence absolue de la saga. Il y a bien sûr la scène impeccablement filmée de la partie d’échecs (les connaisseurs auront reconnu une célèbre victoire de Boris Spassky remontant à 1960), l’exposé purement jouissif de sa machination, entre humour glacial et délire mégalomaniaque, le twist létal du à l’esprit si facétieux de Blofeld, mais surtout il y a Vladek SheybaL. Ce casting grandiose apporte au film un de ces moments de pure magie différenciant les œuvres très réussies des légendaires. Sheybal distille la même fascination que plus tard dans les TNA, Zarcardi exprimant un retranchement similaire de l’humanité, la fascination envers les oiseaux remplaçant l’intellect dégénéré. Inoubliable.
Cette belle association de sémillants individus trouve son chef naturel en la personne du N°1, qui n’est encore Blofeld que dans le générique de fin où son interprète se voit subtilement désigné par un point d’interrogation ! Mais qui est le N°1, une question appelée à un brillant avenir Outre-manche... On remarque qu’ici Blofeld apparaît chevelu, ce n’est pas qu’il porte des perruques à la Lex Luthor mais seulement qu’il se trouve en fait incarné par Anthony Dawson, le peu reluisant Pr. Dent de Dr. No ! En VO sa voix est cependant celle du grand comédien Eric Pohlmann, l’impressionnant Mason de Le clan des grenouilles (Avengers, saison 2). Ici en retrait comme dans Opération Tonnerre Blofeld scande les inflexions majeures du récit par des scènes irrésistibles, notamment grâce à cet humour facétieux de tous les instants faisant son charme. La scène magistrale des piranhas justifierait à elle seule la vision du film tant elle introduit éloquemment la folie morbide du gaillard. Une entrée en scène particulièrement réussie, dotant l’arc des années Connery d’un méchant récurrent de haute volée (litote), l’ingrédient des séries vraiment réussies. Peu d’exemples viennent à l’esprit d’une Némésis dont l’affrontement perpétuel avec le héros se suit avec un tel plaisir sans failles (allez, Stavros et le Maître face au Docteur). Dès la fin du film le spectateur attend le prochain round et parvenir à retarder cette échéance sans susciter de frustration ne constituera pas le moindre exploit de Goldfinger.
Si cette succession hallucinante de génies du Mal et d’esprits pervers au dernier degré représente bien l’atout maître de Bons baisers de Russie, les forces du Monde Libre ne sont pas en reste pour autant ! Au premier rang d’entre elles se détache bien entendu James Bond lui-même, avec un Sean Connery confirmant avec éclat sa prestation déjà plus que concluante de Dr. No. Allier classe toute britannique et un esprit des plus fins à un comportement de tueur chevronné n’était guère évident, l’acteur y parvient cependant sans coup férir. La haute stature qu’il confère au personnage, toute en vitalité exacerbée et en élégance naturelle, s’épanouit particulièrement dans le contexte encore relativement réaliste du film. Bond n’a pas encore à disputer la vedette à des gadgets de Science-Fiction ou à des images de synthèse et Sean Connery dispose de tout l’espace qu’il mérite pour développer son personnage. L’âpreté de ce monde encore proche de l’espionnage traditionnel de la Guerre Froide convient idéalement au charisme de Sean Connery, on se situe très loin de la distanciation introduite par Roger Moore qui, à son tour, se fondra parfaitement dans un univers devenu plus fantaisiste.
Kerim Bey, porté avec brio par Pedro Armendariz dans les tragiques circonstances que l’on sait, s’avère un personnage réellement irrésistible. Moins sauvage que dans le roman, avec son humour pince sans rire, sa petite moustache, ses chaussures soigneusement cirées et ses costumes élégants il évoque parfois un amusant Hercule Poirot levantin. Et certes ses petites cellules grises fonctionnent à la perfection tandis qu’il apporte un concours sans prix à 007 mais le plus important se situe bien dans la relation de complicité et d’amitié qui s’instaure entre deux personnages finalement moins différents qu’il n’y parait au premier abord. Cela apporte une vraie saveur au récit et constitue une autre agréable spécificité de Bons Baisers de Russie, car 007 se verra bien plus souvent entouré de faire-valoirs que d’authentiques compagnons de route (que l’on se souvienne de Patrick Macnee dans Dangereusement votre…).
Bond, blonds & Bombs : la progression représentée par Bons baisers de Russie comparativement au déjà excellent Dr. No se retrouve également dans le personnage féminin principale, Tatiana Romanova (à prononcer avec l’accent). En effet elle participe davantage à l’action et, si elle se ressent toujours du machisme ambiant, commun tant au livre qu’au film, elle n’en manifeste pas pour autant l’hébètement amorphe de Honey. Bien au contraire, malicieuse, lutine, pétillante elle resplendit elle aussi d’une joyeuse vitalité. Son côté femme enfant et la passion authentique qu’elle manifeste pour son grand homme ne sont d’ailleurs pas sans rappeler une certaine Tara King… l’accent russe irrésistible en prime. Incarnée avec un charme ravageur, mais aussi avec talent, par Daniala Bianchi, Miss Univers 1960 (le gros plan très suggestif sur ses lèvres reste sans doute l’instant le plus érotique de toute la série) Tania ne s’en vient pas alourdir le film mais au contraire lui apporter légèreté et pétulance. On peut bien le dire, on est conquis ! Dommage que Danielle ait davantage réussi son mariage que sa carrière, on l’aurait bien volontiers suivi dans de nouvelles aventures…
C’est donc fort logiquement qu’une plus grande importance lui est accordée en réduisant le nombre de personnages féminins. Hormis Tania, 007 ne croisera en effet que le fameux duo de bohémiennes gladiatrices, appelé à devenir archétypal mais dont l’aspect guerrier et brutal (des gitanes sans filtre : La dolce Vida et Zora la Frousse) l’emporte sur la romance. On a l’impression que les actrices se haïssent autant que leurs personnages, tant le combat parait emprunt d’une vraie sauvagerie. Moins de jolis minois rencontrés donc, la danseuse du ventre et la « dame de compagnie » de Kerim Bey (jouée par Nadja Regin, Anna Danilov dans La trapéziste, l’un des épisodes retrouvés de la saison 1 des Avengers) lui demeurant périphériques, mais celui de Daniela suffit certes à satisfaire à toutes les attentes. D’autant que l’on n’oubliera pas Eunice Gayson, de nouveau fort accorte (et très upper class) en Sylvia Trench. La réapparition de celle-ci renforce plaisamment la sensation d’arc scénaristique et s’avère particulièrement pétillante. De plus entre superbe campagne anglaise, joies de la godille (La poussière qui tue), présence d’un champagne dont la marque est d’ailleurs généreusement exhibée (ce sera, déjà, pas la seule insertion du film) et jusqu’à une voiture ressemblant fort à une certaine Bentley verte, la scène présente une saveur Avengers qui ne laissera pas l’amateur indifférent ! De fait Sylvia fonctionne très bien comme personnage récurrent, de quoi avoir des regrets à propos de sa disparition, même si la question reste posée de la persistance d’une relation chez le plus grand séducteur du cinéma.
A mon sens le meilleur Bond, film d’une rare intensité et au ton d’une justesse quasi absolue, Bons Baisers de Russie marque l’accession au rang de légende d’une saga qui atteint son apex dès son deuxième opus. Sean Connery continue d’enthousiasmer et c’est parti pour durer !
Produit avec le budget en considérable augmentation de deux millions de dollars (la montée en puissance ne fait que débuter !) le film rapportera près de 79 millions de dollars. Sortie le 30 juillet 1964 en France, il y atteindra 5 623 391 entrées.
En lesbienne sadique et au-delà de la caricature Rosa Klebb vaut aussi le détour non seulement pour son approche vénéneuse de Tatiana mais aussi pour l’incroyable scène finale où l’étonnante énergie de Lotte Lenya permet au personnage d’échapper au ridicule pour au contraire joliment inquiéter (on remarque qu’au cinéma il est tout à fait exclu que Bond soit mis hors jeu par une femme, toujours selon la simplification évoquée plus haut…). On lui préfèrera cependant l’autre créature retranché de l’humanité dont nous régale le film, l’inoubliable Kronsteen, qui en seulement trois scènes, s’impose comme une référence absolue de la saga. Il y a bien sûr la scène impeccablement filmée de la partie d’échecs (les connaisseurs auront reconnu une célèbre victoire de Boris Spassky remontant à 1960), l’exposé purement jouissif de sa machination, entre humour glacial et délire mégalomaniaque, le twist létal du à l’esprit si facétieux de Blofeld, mais surtout il y a Vladek SheybaL. Ce casting grandiose apporte au film un de ces moments de pure magie différenciant les œuvres très réussies des légendaires. Sheybal distille la même fascination que plus tard dans les TNA, Zarcardi exprimant un retranchement similaire de l’humanité, la fascination envers les oiseaux remplaçant l’intellect dégénéré. Inoubliable.
Cette belle association de sémillants individus trouve son chef naturel en la personne du N°1, qui n’est encore Blofeld que dans le générique de fin où son interprète se voit subtilement désigné par un point d’interrogation ! Mais qui est le N°1, une question appelée à un brillant avenir Outre-manche... On remarque qu’ici Blofeld apparaît chevelu, ce n’est pas qu’il porte des perruques à la Lex Luthor mais seulement qu’il se trouve en fait incarné par Anthony Dawson, le peu reluisant Pr. Dent de Dr. No ! En VO sa voix est cependant celle du grand comédien Eric Pohlmann, l’impressionnant Mason de Le clan des grenouilles (Avengers, saison 2). Ici en retrait comme dans Opération Tonnerre Blofeld scande les inflexions majeures du récit par des scènes irrésistibles, notamment grâce à cet humour facétieux de tous les instants faisant son charme. La scène magistrale des piranhas justifierait à elle seule la vision du film tant elle introduit éloquemment la folie morbide du gaillard. Une entrée en scène particulièrement réussie, dotant l’arc des années Connery d’un méchant récurrent de haute volée (litote), l’ingrédient des séries vraiment réussies. Peu d’exemples viennent à l’esprit d’une Némésis dont l’affrontement perpétuel avec le héros se suit avec un tel plaisir sans failles (allez, Stavros et le Maître face au Docteur). Dès la fin du film le spectateur attend le prochain round et parvenir à retarder cette échéance sans susciter de frustration ne constituera pas le moindre exploit de Goldfinger.
Si cette succession hallucinante de génies du Mal et d’esprits pervers au dernier degré représente bien l’atout maître de Bons baisers de Russie, les forces du Monde Libre ne sont pas en reste pour autant ! Au premier rang d’entre elles se détache bien entendu James Bond lui-même, avec un Sean Connery confirmant avec éclat sa prestation déjà plus que concluante de Dr. No. Allier classe toute britannique et un esprit des plus fins à un comportement de tueur chevronné n’était guère évident, l’acteur y parvient cependant sans coup férir. La haute stature qu’il confère au personnage, toute en vitalité exacerbée et en élégance naturelle, s’épanouit particulièrement dans le contexte encore relativement réaliste du film. Bond n’a pas encore à disputer la vedette à des gadgets de Science-Fiction ou à des images de synthèse et Sean Connery dispose de tout l’espace qu’il mérite pour développer son personnage. L’âpreté de ce monde encore proche de l’espionnage traditionnel de la Guerre Froide convient idéalement au charisme de Sean Connery, on se situe très loin de la distanciation introduite par Roger Moore qui, à son tour, se fondra parfaitement dans un univers devenu plus fantaisiste.
Kerim Bey, porté avec brio par Pedro Armendariz dans les tragiques circonstances que l’on sait, s’avère un personnage réellement irrésistible. Moins sauvage que dans le roman, avec son humour pince sans rire, sa petite moustache, ses chaussures soigneusement cirées et ses costumes élégants il évoque parfois un amusant Hercule Poirot levantin. Et certes ses petites cellules grises fonctionnent à la perfection tandis qu’il apporte un concours sans prix à 007 mais le plus important se situe bien dans la relation de complicité et d’amitié qui s’instaure entre deux personnages finalement moins différents qu’il n’y parait au premier abord. Cela apporte une vraie saveur au récit et constitue une autre agréable spécificité de Bons Baisers de Russie, car 007 se verra bien plus souvent entouré de faire-valoirs que d’authentiques compagnons de route (que l’on se souvienne de Patrick Macnee dans Dangereusement votre…).
Bond, blonds & Bombs : la progression représentée par Bons baisers de Russie comparativement au déjà excellent Dr. No se retrouve également dans le personnage féminin principale, Tatiana Romanova (à prononcer avec l’accent). En effet elle participe davantage à l’action et, si elle se ressent toujours du machisme ambiant, commun tant au livre qu’au film, elle n’en manifeste pas pour autant l’hébètement amorphe de Honey. Bien au contraire, malicieuse, lutine, pétillante elle resplendit elle aussi d’une joyeuse vitalité. Son côté femme enfant et la passion authentique qu’elle manifeste pour son grand homme ne sont d’ailleurs pas sans rappeler une certaine Tara King… l’accent russe irrésistible en prime. Incarnée avec un charme ravageur, mais aussi avec talent, par Daniala Bianchi, Miss Univers 1960 (le gros plan très suggestif sur ses lèvres reste sans doute l’instant le plus érotique de toute la série) Tania ne s’en vient pas alourdir le film mais au contraire lui apporter légèreté et pétulance. On peut bien le dire, on est conquis ! Dommage que Danielle ait davantage réussi son mariage que sa carrière, on l’aurait bien volontiers suivi dans de nouvelles aventures…
C’est donc fort logiquement qu’une plus grande importance lui est accordée en réduisant le nombre de personnages féminins. Hormis Tania, 007 ne croisera en effet que le fameux duo de bohémiennes gladiatrices, appelé à devenir archétypal mais dont l’aspect guerrier et brutal (des gitanes sans filtre : La dolce Vida et Zora la Frousse) l’emporte sur la romance. On a l’impression que les actrices se haïssent autant que leurs personnages, tant le combat parait emprunt d’une vraie sauvagerie. Moins de jolis minois rencontrés donc, la danseuse du ventre et la « dame de compagnie » de Kerim Bey (jouée par Nadja Regin, Anna Danilov dans La trapéziste, l’un des épisodes retrouvés de la saison 1 des Avengers) lui demeurant périphériques, mais celui de Daniela suffit certes à satisfaire à toutes les attentes. D’autant que l’on n’oubliera pas Eunice Gayson, de nouveau fort accorte (et très upper class) en Sylvia Trench. La réapparition de celle-ci renforce plaisamment la sensation d’arc scénaristique et s’avère particulièrement pétillante. De plus entre superbe campagne anglaise, joies de la godille (La poussière qui tue), présence d’un champagne dont la marque est d’ailleurs généreusement exhibée (ce sera, déjà, pas la seule insertion du film) et jusqu’à une voiture ressemblant fort à une certaine Bentley verte, la scène présente une saveur Avengers qui ne laissera pas l’amateur indifférent ! De fait Sylvia fonctionne très bien comme personnage récurrent, de quoi avoir des regrets à propos de sa disparition, même si la question reste posée de la persistance d’une relation chez le plus grand séducteur du cinéma.
A mon sens le meilleur Bond, film d’une rare intensité et au ton d’une justesse quasi absolue, Bons Baisers de Russie marque l’accession au rang de légende d’une saga qui atteint son apex dès son deuxième opus. Sean Connery continue d’enthousiasmer et c’est parti pour durer !
Produit avec le budget en considérable augmentation de deux millions de dollars (la montée en puissance ne fait que débuter !) le film rapportera près de 79 millions de dollars. Sortie le 30 juillet 1964 en France, il y atteindra 5 623 391 entrées.
Estuaire44- Empereur
- Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007
Re: 2 - Bons Baisers de Russie - 1963
Siuperbe analyse, une fois de plus.
Je vais faire plus concis (c'eest le moins que l'on puisse dire) : le meilleur Bond Connery avec YOLT.
Je vais faire plus concis (c'eest le moins que l'on puisse dire) : le meilleur Bond Connery avec YOLT.
séribibi- Roi (Reine)
- Age : 58
Localisation : Mont de Marsan
Date d'inscription : 13/12/2007
Re: 2 - Bons Baisers de Russie - 1963
Il serait intêressant d'effectuer un comparatif entre film...Et adaptation en Jeu Vidéo ( beaucoup moins réussie ) plus de vingt ans plus tard...
Ne serait-ce que parce que le jeu bénéficie du retour de Sean Connery dans le rôle qui fît sa gloire ( l'acteur accepta , à grand renfort de publicité , de faire la voix de 007 )...Mais qui, paradoxalement handicape la version ludique du chef d'oeuvre de Terence Young .
Vais tenter de rédiger objectivement ce comparatif dans les jours suivants...
Ne serait-ce que parce que le jeu bénéficie du retour de Sean Connery dans le rôle qui fît sa gloire ( l'acteur accepta , à grand renfort de publicité , de faire la voix de 007 )...Mais qui, paradoxalement handicape la version ludique du chef d'oeuvre de Terence Young .
Vais tenter de rédiger objectivement ce comparatif dans les jours suivants...
Invité- Invité
Re: 2 - Bons Baisers de Russie - 1963
Pour moi aussi, le meilleur Bond. Le seul que j'ai racheté en version remasterisé d'ailleurs.Estuaire44 a écrit:A mon sens le meilleur Bond, film d’une rare intensité et au ton d’une justesse quasi absolue, Bons Baisers de Russie marque l’accession au rang de légende d’une saga qui atteint son apex dès son deuxième opus. Sean Connery continue d’enthousiasmer et c’est parti pour durer !
Invité- Invité
Re: 2 - Bons Baisers de Russie - 1963
Daniela Bianchi dans ce simili 007 (qui m'a tout l'air d'être un incontournable chef d'oeuvre). De manière amusante on y retrouve aussi certaines situations piquées chez les Avengers, comme la bonne soeur à la mitraillette :
Estuaire44- Empereur
- Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007
Re: 2 - Bons Baisers de Russie - 1963
007 l'emporte haut la main sur Dark Vador. (bien b aisé le roussi)
http://www.paris-confidential.com/2010/11/6537-dark-vador-fait-un-bide
http://www.paris-confidential.com/2010/11/6537-dark-vador-fait-un-bide
Estuaire44- Empereur
- Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007
Re: 2 - Bons Baisers de Russie - 1963
Les éléments essentiels du mythe sont quasiment en place,avec une séquence pré-générique surprenante (argh,on a tué James!) et un générique superbe.Exotisme à gogo (meme si Venise est un peu sacrifiée,excellence scène finale),méchants odieux (un bon point pour Lotte Lenya,terrifiante-la scène ou elle donne des consignes à Daniela est vicieuse en diable),bonnes bagarres (dans le train et le camp gitan,meme si ce dernier est un tantinet folklorique avec l'extravagant "duel" des nénettes...).On retient le personnage sympa et bon vivant de Karim Bey,qui ne finit hélas pas le film à l'instar de moult potes de 007 (ce qui rappelle le nombre impressionnant de copains de Steed,tous "un de nos meilleurs agents",qui décèdent au fil des épisodes!)
Arrivée encore timide de Q avec sa valise surprise (en carton?) et prestation marrante de Moneypenny chassée du bureau par M qui veut épargner ses chastes oreilles.
Jolie Rolls Silver Wraith,et les agents bulgares roulent en Traction Citroen comme Gabin dans les polars 50's!
Arrivée encore timide de Q avec sa valise surprise (en carton?) et prestation marrante de Moneypenny chassée du bureau par M qui veut épargner ses chastes oreilles.
Jolie Rolls Silver Wraith,et les agents bulgares roulent en Traction Citroen comme Gabin dans les polars 50's!
Nicolas- Marquis(e)
- Age : 60
Localisation : Romilly sur Seine (10)
Date d'inscription : 10/03/2010
Re: 2 - Bons Baisers de Russie - 1963
Vraiment l'un des must-see de la saga, difficile de rivaliser avec Blofeld, Red Grant ou la colonel, qui sont devenus des archétypes du genre.
Estuaire44- Empereur
- Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007
Re: 2 - Bons Baisers de Russie - 1963
Toujours le meilleur Bond pour moi. Le seul bémol est la technique utilisée à l'époque, comme dans les Avengers, des scènes studio avec film derrière comme la séquence Bond et Daniela sur le bateau et l'appareil-photo magnétophone.
Invité- Invité
Re: 2 - Bons Baisers de Russie - 1963
Un des meilleurs de James/Sean
Philo- Fondateur
- Age : 72
Localisation : Paris
Date d'inscription : 01/10/2005
Re: 2 - Bons Baisers de Russie - 1963
Hitchcock en voulait à ce film d'avoir copié la scène de poursuite en avion de "La mort aux trousses", scène de l'avion qui poursuit Cary Grant, et de Sean Connery poursuivi en hélicoptère ne figurant pas dans le roman de Ian Fleming.
Invité- Invité
Re: 2 - Bons Baisers de Russie - 1963
On peut voir ça comme un hommage.
Dearesttara- Roi (Reine)
- Age : 33
Localisation : Charenton (94)
Date d'inscription : 08/02/2010
Re: 2 - Bons Baisers de Russie - 1963
Alors au risque qu'on me taxe d'hérésie, je dois avouer que j'ai revu Bons baisers de Russie (que je n'avais pas vu depuis sept-huit ans et qui m'avait laissé un souvenir agréable) et que je l'ai trouvé... très moyen !
Alors, OK, pas mal de scènes de bravoure : le duel contre Grant (climax du film), le remake de la Mort aux Trousses, la poursuite en bateau, la lutte des rivales, l'affrontement final... et une Daniela Blanchi qui dégage beaucoup de charme... mais au milieu que de longueurs ! La longue introduction est d'un lénifiant total, les scènes entre Connery et Bianchi sont sans aucune profondeur et le personnage de Tatiana, mis à part le duel final, est prodigieusement ennuyeux. Les péripéties s'enchaînent mais lentement (la voiture entre le train et le bateau était facultative, la scène dans l'ambassade manque de peps, l'affrontement à Sainte-Sophie est très oubliable). Un peu d'humour (l'écoute de la conversation entre James et Tatiana) pour reluire un peu le blason.
Sinon, j'apprécie les rituels qui se mettent en marche (Q et ses gadgets, le générique...). Meilleur que Dr.No (une belle ribambelle de méchants), mais je ne trouve pas mon compte ici. Manque d'énergie à mon sens.
2/4 (2.5 exactement).
Alors, OK, pas mal de scènes de bravoure : le duel contre Grant (climax du film), le remake de la Mort aux Trousses, la poursuite en bateau, la lutte des rivales, l'affrontement final... et une Daniela Blanchi qui dégage beaucoup de charme... mais au milieu que de longueurs ! La longue introduction est d'un lénifiant total, les scènes entre Connery et Bianchi sont sans aucune profondeur et le personnage de Tatiana, mis à part le duel final, est prodigieusement ennuyeux. Les péripéties s'enchaînent mais lentement (la voiture entre le train et le bateau était facultative, la scène dans l'ambassade manque de peps, l'affrontement à Sainte-Sophie est très oubliable). Un peu d'humour (l'écoute de la conversation entre James et Tatiana) pour reluire un peu le blason.
Sinon, j'apprécie les rituels qui se mettent en marche (Q et ses gadgets, le générique...). Meilleur que Dr.No (une belle ribambelle de méchants), mais je ne trouve pas mon compte ici. Manque d'énergie à mon sens.
2/4 (2.5 exactement).
Dearesttara- Roi (Reine)
- Age : 33
Localisation : Charenton (94)
Date d'inscription : 08/02/2010
Re: 2 - Bons Baisers de Russie - 1963
On s'y croirait presque, mais il s'agit de l'épisode Interlude in Venice, du Saint (1966).
Estuaire44- Empereur
- Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007
Re: 2 - Bons Baisers de Russie - 1963
Y'a que les imbéciles qui changent pas d'avis n'est-ce pas ? J'ai revu Bons baisers de Russie, et je l'ai davantage apprécié. Notamment toute la dernière partie qui commence dans le train avec rebondissements à la chaîne et suspense minuté. Le personnage de Daniela reste une cruche, mais j'ai davantage vu ses dialogues souriants, son charme joyeux, et sa complicité avec Sean. Avant toute cette partie, le film est un peu lent, mais il y'a de bonnes scènes (l'ambassade, l'explosion de la bombe, la spectaculaire apparition de Tatiana dans le lit de James, etc.). Un Connery que j'avais sous-estimé. 3/4. Une autre vision dans quelques mois, et je mettrai sûrement 4 !
Dearesttara- Roi (Reine)
- Age : 33
Localisation : Charenton (94)
Date d'inscription : 08/02/2010
Page 1 sur 2 • 1, 2
Page 1 sur 2
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum