Film ''Le seigneur des anneaux'' (The Lord Of The Rings)

A Shadow of the Past va sans doute irriter nombre des spectateurs biberonnés au MCU ou à Game of Thrones. Très peu de batailles, aucune scène de sexe ou gore, un choix du temps long pour installer univers et personnages : si elle ne l'est pas parfaitement sur le plan de la chronologie des événements, la série demeure fidèle au style narratif de Tolkien et c'est bien l'essentiel. On voit déjà se profiler la Quête et les rencontres à venir, autour d'une table de D&D nous serions au moment où le Maître du Donjon expose l'Aventure et où les  Joueurs découvrent les PJ. Certains, venus avant tout pour la Baston, trouveront le temps long, d'autres s'ouvriront déjà à la splendeur et à la magie de ce monde.

Car si les Anneaux de Pouvoir respectent le style archétypal de Tolkien, il en va de même pour l'esthétique : chaque scène s'avère magnifique et d'un goût exquis, où l'on retrouve pleinement la Terre du Milieu, son immensité (astucieux système de cartes) et sa beauté à nulle autre semblable. Le groupe à venir a déjà sa leader naturelle avec Dame Galadriel, interprétée à la perfection par la  formidable Morfydd Clark (que l'on avait déjà beaucoup aimée en Mina Harker du Dracula de Steven le Génie). On pourra s'étonner de la découvrir beaucoup plus dans l'action que le meme lui étant associé, mais en vérité elle est ainsi dans le Silmarillion, à l'image des Elfes eux-mêmes.

Le récit sait ne pas trop centrer son récit sur elle et laisse toute leur place aux autres personnages, représentant évidemment les différents Peuples libres de la Terre du Milieu... hormis les Nains, mais cela va certainement venir en son heure. La distribution est excellente, notamment pour Elrond le Semi-Elfe (grand coup de cœur). Par contre, si on aperçoit brièvement Sauron et si l'intrigue laisse apparaître des indices de sa présence, l'Opposition ne s'incarne jamais vraiment. Pour l'instant on laisse parler l'imagination du spectateur, mais cela risque de devenir une faiblesse si cela se prolonge trop.

Par ailleurs, mes amis voici que débute la fatidique Minute du Puriste. La série opte pour le grand public en simplifiant et rendant davantage manichéen le lore à travers sa présentation par Galadriel : Valars et Guerre de Joyaux sont omis, de même que l'avidité et l'orgueil de Fëanor Curufinwë. Le plus gênant demeure l'absence de l’Édit de Mandos, car du coup on ne comprend plus le test victorieux que représentera pour Galadriel la rencontre avec Frodon et la tentation de l'Anneau Unique. Par le refus volontaire de Galadriel de rejoindre Valinor, le récit confirme bien qu'elle n'a pas été exilée par les Valars, ce qui est contraire au Saint Canon.

Bon, on comprend qu'il faille établir sa dimension héroïque, cette partie de l'oeuvre  n'est souvent pas connue du grand public et l'épisode demeure fidèle au style de Tolkien, donc on va dire que ça passe. De même que pour le spectaculaire  ajouté à l'arrivée de ce qi pourrait bien être l'un des Istari. Je... Oui, allez, ça passe. Par contre tout le procès en wokisme est ridicule, les personnages racisés demeurent en réalité peu nombreux (pas une seule discussion entre racisés durant tout l'opus) et surtout leur présence ne nuit bien sûr en rien au récit ou à son ambiance. (****)

De manière parfaitement ajustée, Adrift apporte exactement ce dont la série a besoin pour achever un lancement quasi parfait. Le pilote avait laissé plusieurs trous béer dans le Lore, les voilà quasiment tous comblés, notamment concernant l’historique de l’Art de la Forge (Aulë est aussi cité). L’Arrêt de Mandos et la Trahison de Fëanor demeurent tues, cela viendra peut-être. Après l’exposition des personnages, l’action se développe sur un rythme sinon frénétique, du moins propre à soutenir l’intérêt. Des découvertes éveillent encore la curiosité, comme celle du monde des Nains et de la Moria à son Zénith. Les auteurs n’hésitent à jouir d’audace en faisant entrer en scène des figures de l’Histoire de Middle Earth, comme un premier Istar (en toute logique ce devrait être Saroumane), Celebrimbor et même Isildur lui-même, ce qui en promet de belles.

Si on devine les convergences à venir, les intrigues des protagonistes demeurent pour l’heure séparées, ce qui suscite inévitablement d’arcs que l’on préfères à d’autres. Peut-être celui d’Arondir et Bronwyn apparaît-il le moins original de tous, mais il permet à l’Ennemi d’enfin sortir du bois. Tous demeurent captivants, et d’une splendeur visuelle inégalée. Je ne comprends les criques revenant en boucle d’un manque d’action et de rythme, et de personnages subissant al situation. C’est factuellement faux, il se passe plein de choses et tous prennent des décisions capitales. Cela relève de la Fake News. Le seul point m’ayant dérangé est le traitement de l’arrivée de l’Istar, qui évoque au détail près celle de Superman, mais en mode Fantasy. Le ressenti en est étrange même si les images demeurent sublimes. (****)

Article enthousiaste sur France Info :

https://www.francetvinfo.fr/culture/series/les-anneaux-de-pouvoir-l-imaginaire-toujours-renouvele-de-j-r-r-tolkien-ravi-les-fans-de-l-ecrivain_5338675.html#xtor=EPR-919-[NLculture]-20220902-[content12]

Le premier épisode a réuni 25 millions de spectateurs. Meilleur démarrage pour Prime !

Concernant les personnages racisés, vu qu'on part de zéro dans le "Saint Canon" (léger pléonasme à mon humble avis), qu'il y en ait un seul est déjà un progrès !

La série demeure un pur ravissement, j'en adore tous les partis-pris à une exception près (l'arrivée de l'Istar emprunte trop à l'imagerie de celle de Superman). Elle n'adhère à aucun des codes de narration auxquels la génération biberonnée au MCU et aux prétendus films Star Wars s'est accoutumée, c'est impressionnant. On est à la limite du pied-de-nez. Au-delà de choix inévitables (le resserrement chronologique de l'action, en particulier) l'adaptation de l’œuvre  charme par sa fidélité et son soin du détail. On ne recherche pas Tolkien dans la pilosité ou l'ethnie de ses interprète le Merveilleux ne se joue en aucun cas cas là-dessus. D'autant que les personnages sont si parfaitement interprétés et si savamment archétypaux que l'on oublie très vite ces aspects. Même la VF me semble très réussie, une bonne excuse pour regarder deux fois chaque épisode !

Une nouvelle tapisserie d'Aubusson célèbre Tolkien :

https://www.francetvinfo.fr/culture/patrimoine/aubusson-conversation-avec-smaug-la-13e-tapisserie-de-tolkien-fait-sa-tombee-de-metier_5366476.html#xtor=EPR-919-[NLculture]-20220917-[content3]

La série divise les fans apparemment :

https://www.francetvinfo.fr/culture/series/personnages-decors-scenario-pourquoi-la-serie-les-anneaux-de-pouvoir-divise-les-fans-de-tolkien_5373349.html#xtor=EPR-919-[NLculture]-20220922-[content9]

C'est le contraire que j'aurais trouvé étonnant cela dit.

Le seul vrai changement apporté est le resserrement chronologique. Se déroulent à peu près en même temps des évènements en réalité étalés sur des années, voire des siècles (un peu comme pour Poirot, où presque toutes les enquêtes ont été situées dans les années 30). C'était sans doute nécessaire pour transformer des chroniques historiques en une série télé classique et sans sauts temporels handicapants, mais oui, oui, de ce point de vue on s'écarte de Tolkien. En dehors de ça, il y a quelques sujets de débat mais rien de scandaleux, comparer cela au traitement apporté à l'Oeil du Monde c'est une blague. C'est vrai que Númenor fait plus méditerranéen que nordique, mais je pense que c'est moins pour imiter d'autres séries que pour prendre l'Atlantide en référence culturelle universelle.

Beaucoup des auto-proclamés "fans de Tolkien" (évidemment pas Ferré, dont j'ai l'excellent "sur les rivages de la Terre du Milieu") comparent en réalité aux films, en oubliant que des millénaires séparent les deux productions d'où effectivement des personnages ayant évolué en particulier Galadriel. La série ma plaît beaucoup telle qu'elle est, même si tout n'est pas parfait (la connexion entre l'âme elfique et le Mithrill, dans le dernier épisode, bof) et j'aime bien l'idée d'une histoire originale. Par ailleurs pour mal de racistes etc. se planquer derrière le respect d'une œuvre qu'ils n'ont manifestement pas lu ou analysé relève d'une simple fake news de plus. Oui, il y a des éléments Woke , mais avec équilibre et mesure (le plus souvent), là aussi on reste loin de la Roue du Temps.  

Insondable mystère des critiques youtubiennes. HotD et les Anneaux ont effectué le choix identique d'un prologue de cinq épisodes pour mettre en place le conflit à venir, en expliciter les tenants et les aboutissants, les buts de guerre, etc. En réalité HotD a opté pour l'intrigue et les Anneaux pour l'immersion, ce qui s'avère d'ailleurs conforme au style des écrivains originels, ce que je trouve positif.

On peut préférer l'un ou l'autre traitement de ces entrées en matières, chacun a ses force et ses faiblesses. Pour moi ce sont les Anneaux, mais je me régale avec HotD, en premier pour l'interprétation, même si je trouve cette série moins dimensionnée que GoT.

Par contre je ne comprends réellement pas le déferlement de haine que l'on trouve chez plusieurs Youtubeurs français concernant les Anneaux (parfois très vulgairement) alors qu'ils encensent HotD, un tel écart d'appréciation entre les deux séries me semble... bizarre, notamment pour le sempiternel reproche comme quoi l'histoire des Anneaux n'aurait pas débuté en cinq épisodes, c'est factuellement faux.

Bon, cela vaut ce que cela vaut, mais c'est suffisamment rare pour être signalé : IGN a accordé la note maximale à l'épisode 6 diffusé ce matin (j'approuve).

En tout cas, elle est somptueuse graphiquement !

Ce magnifique échiquier est à vous pour seulement 8000 pièces d'or soit 499€.

C'est pas Sauron mais c'est pas mal pour commencer ! Ils sont impatients ces fans ! :

Ce délai permettra peut-être de calmer les foldingues et de permettre aux influenceurs français de réévaluer la qualité des Anneaux de pouvoir par rapport à la maison biscornue des dragons.

En avant vers le final de saison, ma série de l'année jusqu'ici, même si je me régale avec les turpitudes politico-sexuelles des Targaryen et autres saloperies (bel aréopage de crevures autour d'Alicent, j'adore). Ceci-dit je n'oublie pas Willow, pour ce que j'en ai vu Disney tient peut-être quelque chose (si, si)




Hé, cela rend bien en VF aussi !