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Série "MillenniuM" 1996-1999

4 participants

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Série "MillenniuM" 1996-1999 - Page 3 Empty Re: Série "MillenniuM" 1996-1999

Message  Estuaire44 Ven 18 Nov 2011 - 16:56

La Colombe de papier (The Paper Dove, 1-22, ****)
Frank et sa famille se rendent chez la famille de Catherine, pour quelques jours de vacances. La père de celle-ci demande à Franck d’intervenir auprès d’un de ses vieux amis. Celui-ci, mourant, refuse de revoir son fils, incarcéré pour avoir atrocement assassiné son épouse. Black rouvre le dossier et découvre que le véritable tueur est un serial killer connu sous le nom d’Homme des bois ». Celui-ci (Henry Dion), un gigantesque infirmier, tue des femmes pour s’en f aire des confidentes silencieuses (avant de les achever il les mutile pour les rendre muettes). Il est en effet écrasé par une mère possessive et volubile. Or, un temps passif, il vient de se réactiver, sous l’impulsion du Polaroïd Man, son mentor. Ce dernier le pousse à enlever Catherine mais Dion est intercepté par Frank avant de pouvoir agir. Le Polaroïd Man enlève alors Catherine lui même, à l’aéroport de Seattle.

Ce final de saison tient toutes ses promesses, en parvenant à remporter plusieurs paris. Le duo de Serial Killer, (toujours pas deux ils vont, le Maître et l’Apprenti) apporte une agréable nouveauté, avec plusieurs face à faces ponctuant toujours à point nommé le récit. Outre cette vertigineuse rencontre de deux abyssales folies, l’ensemble démontre une diabolique habileté, la mise en scène laissant planer le doute sur la nature réelle de l’évènement, avec une la porte ouverte sur une possible hallucination de Dion. Le traitement diverge également totalement entre nos deux compères. Le Polaroïd Man, silhouette tapie dans l’ombre, conserve en définitive son mystère, sa révélation annoncée présageant un grand évènement pour le lancement de la saison suivante.

A l’inverse, Dion se voit l’objet d’une étude particulièrement approfondie car l’intrigue, bien avantage que pour n’importe lequel des serial killer rencontrés depuis le début de la série (hormis sans doute le Frenchman) nous fait découvrir l’action vue par ses propres yeux. Il n’est pas une énigme que Frank va élucider pas à pas devant nous mais l’objet principal du récit, à l’instar de l’épisode Hungry des X-Files. Un procédé terriblement efficace, alors que Dion, géant faussement débonnaire, s’aventure particulièrement loin dans les troubles domaines de la folie, y compris à l’aune de MillenniuM. Ses divers rituels et sa façon de converser avec les dépouilles suppliciées de ses victimes, au cœur d’une nuit en forêt, glace véritablement le sang. Les auteurs ont d’ailleurs la grande idée de le rendre authentiquement sympathique envers autrui quand il vient de soliloquer avec l’un de ses trophées. Le malaise s’avère particulièrement insidieux d’autant que Mike Starr nous délivre une extraordinaire prestation en serial killer intellectuellement limité.

L’intrigue soigne particulièrement ses réflexes, gratifiant chaque second rôle d’une superbe scène d’exposition. C’est notamment le cas de la mère de Dion, totalement démente, ses discussions avec son monstre de fils prenant des allures de pastiche grinçant de soap opera. Audacieusement le scénario ne se montre pas linéaire, mais fait converger les trajectoires de Frank et Dion, occasionnant ainsi interrogations et indéniable suspense. Frank n’est d’ailleurs pas oublié, subtilement décalé au sein des retrouvailles familiales, (Henriksen est décidément un acteur extraordinaire). Un dialogue avec les deux Agents de Quantico permet également à Frank de tirer comme un bilan de cette saison et de sa collaboration avec le groupe Millennium, constatant l’avancée des périls. Le cliffhanger de rigueur se montre dévastateur par son immédiateté et sa simplicité, lançant la saison 2 sous les meilleurs auspices en annonçant un mémorable affrontement.


Durant la scène d’introduction, Dion écoute la chanson Stranger in the House, de Wayne Kramer.

Nous découvrons ici la famille de Catherine, ses parents et sa soeur.

Les noms des Agents Emmerich et Devlin sont des clins d’œil à Roland Emmerich et Dean Devlin, les producteurs de The Visitor. Cette série, rapidement annulée, occupait la case de début de soirée, précédent MillenniuM. Le duo Devlin/Emmerich est bien connu pour ses films de Science-fiction, dont Stargate et independance Day.

La citation du jour est And now there is merely silence, silence, silence, saying, All we did not kno., un vers de William Rose Benét (1896-1950), un célèbre poète américain ‘Et maintenant il n’y a plus que le silence, le silence, le silence, pour dire tout ce que l’on ignorait)..

Au début de l’épisode, le code pour désactiver l’alarme est 10 13, une nouvelle référence à la société de production de Carter.

Le tueur Henry Dion est interprété par Mike Starr, figure populaire des séries et du cinéma américains, dont l’imposante stature lui a valu nombre de rôles de gangsters ou de personnages violents (Les Affranchis, Miller’s Crossing…).

Les circonstances de l’assassinat de Marie France Dion s’inspirent d’un fait réel. Le serial killer Edmund Kemper finit par tuer sa mère violente et autoritaire en 1973, exactement de la même manière. Après avoir décapité son cadavre, Kemper (2m10 de haut, 145 de QI) se servit de la tête de sa mère pour jouer aux fléchettes. Il avait dès 15 ans exécuté ses grands parents maternels, après avoir torturé divers animaux et, notamment, enterré vivant son chat. Il tua en tout huit jeunes auto stoppeuses, les étranglant puis conservant leurs têtes en souvenir (un thème proche de celui du cadavre de l’épisode). Condamné à la perpétuité en 1978, son étude a permis de mieux comprendre le fonctionnement des serial killers.

Henry Dion est joué par l’imposant Mike Starr, spécialiste des rôles de tueurs aucinéma et à la télévision (Les Affranchis, Miller’s Crossing…)


On découvre enfin l’identité du preneur des photos de la famille de Frank (The Polaroïd Man), mentor de Dion. Après qu’il ait ici enlevé Catherine, son affrontement avec Frank, cette fois direct, inaugurera la saison 2.

Ici incarné par Paul Raskin, le diabolique Polaroïd Man apparaîtra dans le pilote de la saison 2 sous les traits de Doug Hutchison (Eugène Tooms dans les X-Files).


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Ainsi s'achève cette excellente première époque de MillenniuM. Je m'absente deux semines, début décembre nous retrouverons la fine équipe de Stargate-SG1 ! Série "MillenniuM" 1996-1999 - Page 3 Starga31


Dernière édition par Estuaire44 le Ven 18 Nov 2011 - 19:57, édité 1 fois

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Série "MillenniuM" 1996-1999 - Page 3 Empty Re: Série "MillenniuM" 1996-1999

Message  Cetp65 Ven 18 Nov 2011 - 19:42

Félicitations. Excellentes critique. cheers Cette série m'intéresse, il faudra que je la regarde un jour...
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Message  Estuaire44 Ven 18 Nov 2011 - 19:59

Merci ! Very Happy
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Série "MillenniuM" 1996-1999 - Page 3 Empty Re: Série "MillenniuM" 1996-1999

Message  Dearesttara Ven 18 Nov 2011 - 21:00

Je fais chorus ! Mais ce n'est pas une série pour âmes sensibles on dirait ! Noir, c'est noir... et ça m'attire aussi ! Very Happy

Bravo Estuaire ! 1010
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Message  Estuaire44 Ven 18 Nov 2011 - 21:39

Thanks ! hein

Oui, entre épisodes stand-alones, mythologiques ou décalés, humoristiques, dramatiques ou gores, mutants, aliens ou démons, trio de rigolos, golem ou génie de la Lampe (etc.) la palette des XF s‘irise de mille couleurs, mais le nuancier de la première saison de MM c’est noir sur noir (sur noir). Cela pourrait en devenir répétitif mais la qualité y pallie, ainsi que quelques astuces scénaristiques. Et puis cela va s’éclaircir (un peu) par la suite. Un peu. On va même finir par trouver des épisodes décalés et humoristiques dans MM. Je me souviens du nombre colossal de… deux opus de ce genre. Alors, hein. ola
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Série "MillenniuM" 1996-1999 - Page 3 Empty Re: Série "MillenniuM" 1996-1999

Message  Invité Sam 26 Nov 2011 - 15:56

La présentation de Millennium ainsi que les chroniques de la saison 1 sont en ligne:
http://theavengers.fr/supplement/hors/millennium_pres.htm
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Série "MillenniuM" 1996-1999 - Page 3 Empty Re: Série "MillenniuM" 1996-1999

Message  Estuaire44 Mer 25 Avr 2012 - 16:19

SAISON 2 (1997-1998)

Cette saison marque un important virage vis à vis de la précédente. Chris Carter, accaparé par les X-Files (tournage de Fight the Future, migration de Vancouver à Los Angeles), doit s'éloigner d'une série dont il confie l'écriture et la production au surdoué duo Morgan & Wong. Comme ils l'ont toujours pratiqué sur les X-Files, ceux-ci vont fonctionner en autonomie. De plus ils arrivent avec leur propre conception de MillenniuM, incorporant davantage de complotisme, d'effroi millénariste et d'ésotérisme biblique, voire introduisant une dose d'humour. Ils peuvent d'autant plus facilement imposer cette vision qu'elle rejoint celle du diffuseur, la Fox souhaitant améliorer l'audience de la série. Jugées rebutantes, les histoires de serial killer deviennent nettement moins présentes, au profit de la découverte des arcanes mystiques d'un Groupe Millennium davantage hostile, à la mythologie soudainement développée. D'association policière et d'expertise, il devient une entité dont l'histoire occulte se confond avec celle de l'Humanité, confrontée à une Fin du Monde annoncée de longue date.

Le parcours de Frank Black, mais aussi de Peter Watts, devient bien davantage initiatique, une évolution soulignée par l'entrée en scène de nouveaux personnages (le Patriarche du Groupe, Lara Means, l'Elder). La divergence antagoniste entre les deux amis, concernant la nature et les buts ultimes du Groupe Millenium, va connaître de stimulants développements. On peut estimer à bon droit que la série perd de sa spécificité et de sa quintessence, mais le talent toujours aussi vif du duo suscite plusieurs épisodes aux scénarios d'une indéniable qualité (quelques ratages aussi). Pari risqué, les épisodes décalés et comiques atteignent leur but, Glen Morgan parvenant à convaincre son frère, le brillantissime et très déjanté Darin (Humbug, Clyde Bruckman's Final Repose, Jose Chung's From Outer Space etc.) d'écrire pour MillenniuM, où son humour noir et subtil fait merveille. La mise en scène maintient son haut standard de qualité, de même que les partitions toujours inspirées de Mark Snow. On observe un recours plus fréquent aux superbes panoramas naturels canadiens, contribuant à une ambiance moins sinistre.

Du fait d'un tonalité moins morbide et de la qualité d'ensemble, un succès critique est au rendez-vous, de même qu'un regain de l'audience, certes seulement relatif. Le public n'adhère en effet que modérément à une mythologie immédiatement complexe et protéiforme (pour ne pas dire floue), imposant une forme quasi feuilletonnante et difficile à suivre. Néanmoins Chris Carter demeurera vivement contrarié par le détournement opéré du projet initial de la série et de on atmosphère si particulière et extrême, au point de se refuser à écrire le moindre scénario pour cette saison. Effectivement de moraliste et civilisationnelle (et réaliste), l'Apocalypse devient bien davantage effective et relevant du Fantastique pur, teinté de religion. La famille de Frank passe par ailleurs au second plan. Lance Henriksen se montrera également opposé à l'évolution de Frank, moins central dans le récit du fait de l'émergence de Peter et Lara Means. Quoique toujours porteur des valeurs humanistes, il paraît également bien plus en proie au doute qu'auparavant, tandis que l'aspect mystique de son Don s'accentue. Aussi le retour de Carter et Spotnitz entraînera de nouveaux changements lors de la troisième période, tandis que le duo Morgan & Wong, également déçu par une audience moindre qu'espérée, se retirera complètement de la série.

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Message  Estuaire44 Jeu 26 Avr 2012 - 13:56

Une belle synthèse de GuiGui, comme quoi un dessin vaut mieux qu'un long discours ! Laughing

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Message  Dearesttara Ven 27 Avr 2012 - 22:52

mdr C'est très clair !! Laughing

Bon, on attend tes critiques très impatiemment ! J'aimerais regarder les quatre séries de CC (X-Files, MillenniuM, Harsh Realm, Lone Gunmen) donc je te suis !
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Message  Estuaire44 Ven 27 Avr 2012 - 23:07

Normalement, les critiques MM débutent ce WE, plutôt dimanche. hein
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Message  Estuaire44 Dim 29 Avr 2012 - 17:24

Le Début et la Fin (The Beginning and the End, 2-01, ***)

Malgré la traque rapidement organisée par Frank, aidé par Peter et le Groupe, le Polaroïd Man parvient à s’enfuir avec Catherine. Peter révèle alors qu’un combat plus large oppose le Groupe au dément criminel et à ce qu’il représente. Il lu offre alors de devenir un membre à part entière de l’organisation, tout en renforçant son accès informatique aux bases de donnée secrètes du Groupe, dont celle concernant le Polaroïd Man. Celui-ci torture psychologiquement Catherine, notamment en utilisant une poupée pour lui faire croire qu’il assassiné Jordan. Simultanément, il utilise des clichés comme indices, afin de tracer un subtil chemin conduisant Frank jusqu’à lui. Découvrant sa femme effondrée, Frank est saisi d’une rage homicide et aveugle et exécute le Polaraoïd Man. Il assure ainsi la victoire ultime de ce dernier, car ayant laissant libre cours à la part la plus sombre de sa personnalité. Horrifiée par ce spectacle, Catherine décide de se séparer temporairement de lui, le temps que Frank parvienne à récupérer le fragment d’humanité qu’il a perdu. Black quitte alors la Maison Jaune et sa famille.

The Beginning and the End apparaît comme un grand épisode inabouti, subissant de plein fouet le virage initié avec brusquerie par MillenniuM. Ce qui aurait du constituer un aboutissement, un sommet devient un épisode de transition entre deux visions très différentes de la série. Comme dans chaque intrigue de ce type, la mise en place de l’univers vient dévorer l’espace consacré à l’histoire du jour. Ce la aurait pu demeurer acceptable lors d’un affrontement opposant Frank à un quelconque serial killer, mais l’on traite ici de son duel avec le Polaroïd Man, le fantomatique mais néanmoins omniprésent grand adversaire de la première saison, d’où un amoindrissement particulièrement dommageable, au profit d’éléments exogènes de plus souvent malheureux.

L’intervention des deux Geeks rigolards, en rupture totale avec la jusqu’ici admirable noirceur sans concession aucune de la série, tombe au plus mauvais moment imaginable, au cœur d’un drame dont ils viennent inutilement rompre l’intensité dramatique. De plus Roedecker et ses puériles simagrées ne suscitent pas non plus une irrépressible hilarité, tout ceci demeure bien pataud, loin de la pétillante fantaisie d’un Ringo Langley, l’évident mais inégalable modèle. Toute la mystérieuse et si peu substantielle relation entre le Polaroïd Man et le Groupe est également jetée à va vite on assiste en fait à un détournement de ce personnage au profit de l’instauration à marche forcée d’un conspirationnisme encore peu convaincant. Même présentée comme temporaire, la séparation entre Catherine et Frank se ressent avec incrédulité, tant elle semble soudaine, abrupte et d’une justification dont le ton pompeux tente en vain de dissimuler la faible crédibilité Qui peut imaginer qu’à peine de retour, Catherine impose à Jordan le départ de son père ?. Encore une fois les nouveaux tenanciers, ici directement à l’écriture, y vont à la truelle pour imposer rapidement leurs vues et l’éloignement de la cellule familiale permettant placer le focus sur l’évolution personnelle et initiatique à venir de Frank. Cette hâte transparaissant à s’emparer des commandes de MillenniuM apparaît quelque peu déplacée.

Et pourtant, malgré ces malencontreuses digressions, l’affrontement entre l’esprit diabolique et Frank, certes essentiellement indirect, va susciter de précieuses étincelles. Le long quasi plan séquence montrant l’évacuation de l’aéroport par le ravisseur et sa victime, mis en scène avec un parfait tempo grâce au talent de Wright, se montre remarquable par l’opposition entre la ruse implacable du Polaroïd Man et la mobilisation de l’intelligence et du Don de Black, ainsi que de la police et du Groupe Millennium lui même. Obtenu de haute lutte, l’échec de cette formidable coalition ne s’en ressent qu’avec davantage de force encore. Le choix de Doug Hutchison s’avère évidemment parfait, l’acteur exprimant avec la conviction qu’on lui connaît l’insondable mystère que représente son personnage et sa dimension mystique, supérieure aux usuels tueurs en série. On lui doit les scènes les plus remarquables de l’opus, quand il décrit avec une sombre passion le processus malaisé par lequel Black retrouvera sa trace où lors des abominables tourments psychologiques qu’il inflige à Catherine. Le tout prend place au sein d’un de ces décors empreints de la folie de leur propriétaire dont les artistes de MillenniuM ont le secret, cette ancienne maison de Frank aux murs désormais recouverts des clichés subtilement pervers du nouveau maître des lieux. L mise en scène comporte d’autres excellentes idées, comme l’impressionnante révélation de l’approche de la Comète du Millennium où l’ultime souffle du dément criminel pris en photo par son propre appareil (génial et terrifiant Hutchinson, une ultime fois).

Aussi intense et brutale soit-elle ion aurait apprécié que la confrontation directe des deux adversaires bénéficie de davantage de dialogue et de dramaturgie, mais le temps manque, hélas, conférant un aspect trop mécanique à cette scène clé. N’en demeure pas moins l’idée forte et pénétrante d’un Black ayant perdu le combat sur le plan moral, car cédant à sa pulsion de meurtre. Déchu, il fait preuve d’un doute nouveau et d’une fêlure s’avérant cette fois prometteurs. Néanmoins, peut-être aurait-il mieux valu que l’épisode soit écrit par Carter et Spotniz, achevant la vision et le parcours impulsés par la première saison, avant de passer à autre chose on aurait ainsi évité évitant ainsi une contorsion globalement dommageable.



Le Polaroïd Man est interprété par Doug Hutchison, bien connu des amateurs des X-Files pour avoir incarné l'effroyable Eugène Tooms. Il participe également à Space 2063, 24h Chrono, Lost, The Green Mile... En mai 2011, il épouse la chanteuse Courtney Stodden, plus jeune que lui de 35 ans.

Le titre de l'épisode apparaît désormais dans le générique d'ouverture.

Morgan & Wong modifient le texte apparaissant au générique. Wait, worry, who cares? devient : This is who we are, the time is near. De plus les images sont modifiées, mettant désormais plus clairement l'accent sur l'aspect apocalyptique de la série. Chrs Carter modifiera de nouveau le générique en saison 3. La sublime musique de Mark Snow est fort heureusement conservée.

Le Polaroïd Man désigne la comète par P 1997 Vansen-West, un clind 'oeil aux deux protagonistes de Space 2063, la série de Morgan & Wong.

Un nouveau personnage semi récurrent apparaît en la personne de Brian Roedecker, puisque le Groupe assigne un assistant informaticien à Frank. Geek sympathique et souriant, Brian apparaîtra dans cinq épisodes de la saison. Dicky Bird, autre membre du Groupe fanatique d’informatique apparaît également ici.

Le mot de passe installé par Brian est Soylent Green is People. Il s'agit de la célèbre révélation issue du film Soleil Vert (1973). Brian cite également La Planète des Singes (1968), autre référence à Charlton Heston. En Vf cela devient Hasta la vista , baby, ce qui rend la scène encore plus pesamment ridicule.

A propos de la nouvelle direction impulsée à MillenniuM, Glen Morgan déclara : Il y avait trop de Gore durant la première saison et on n'y trouvait aucun humour. Tout le monde voulait en savoir plus sur le Groupe MillenniuM et sur le rôle joué par Frank. Il fallait développer la personnalité de celui-ci, ainsi que sa relation avec son épouse, talentueusement interprétée par Megan Gallagher, et s'interroger où tout cela devait conduire.

La disparition de l'adversaire récurrent de Frank depuis le commencement de la série, le Polaroïd Man, reste la première grande modification apportée par le duo. La traditionnelle citation de début d’épisodes est également manquante.

On entend la chanson Life During Wartime, des Talking Heads (1979).

Avec le nouveau système informatique, débute le fameux décompte des jours avant l'an 2000, synonyme d'Apocalypse. Il apparaiî en accueil sur l'écran de l'ordinateur de Frank, avec le Serpent Ouroboros, emblème du Groupe Millennium. Il reste alors 833 jours.


Série "MillenniuM" 1996-1999 - Page 3 Pdvd_362

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Message  Estuaire44 Mar 1 Mai 2012 - 1:41

Attention, chien méchant (Beware of the Dog, 2-02, **)

Alors que Catherine et Frank envisagent de vendre la Maison Jaune, Peter demande à ce dernier d’intervenir dans une petite agglomération rurale, où un couple a apparemment été victime d’une attaque de chiens errants. D’abord sceptique sur l’utilité de son intervention, Black découvre une ville où règne un vraie terreur vis-à-vis de ces chiens surgissant la nuit tombée. Ils ont toujours été là mais semblent déchainés depuis peu. Frank fait également la connaissance de Michael Beebe, un homme aisé venu s’installer récemment, en quête de calme. Après avoir lui même échappé à une attaque de la meute, Frank remonte le fil jusqu’à un mystérieux ermite vivant dans la forêt et semblant maitriser les chiens. L’individu s’avère constituer le dirigeant secret du Groupe, vivant après de pierres remontant aux origines ancestrales de l’organisation. Il révèle à Frank la nature mystique du Groupe Millennium, puis le soumet à une épreuve en le confrontant aux chiens surnaturels. Ceux-ci sont en fait en guerre contre la maison de Beebe, construite sur un lieu sacrilège. Frank et le Vieil Homme lui sauve la vie en brulant sa demeure. Renrté chez lui, Frank décide de revenir vivre avec sa famille.


Beware of the Dog souffre d’un trop grand éclatement en trois segments aux tonalités tout à fait différentes sinon antagonistes, ne fonctionnant que fort modérément de concert. Malgré leurs indéniables qualités intrinsèques, il en résulte une impression de patchwork manquant de cohérence et de profondeur. La partie la plus convaincante demeure sans la première, gravitant autour de la meute infernale, avec un ton évoquant d’ailleurs volontiers les X-Files. En effet, alors que le Fantastique demeurait rare et sous-jacent en première saison (hormis la séquence Butler), on y verse ici pleinement et sans retenue. Le succès est au rendez-vous, avec un emploi efficace du thème toujours pertinent du petit village étrange retranché de la réalité commune, à la palpable paranoïa. les amateurs prendront plaisir à y retrouver de nombreuses convergences avec Twin Peaks, comme l’effroi nocturne, la splendeur magnifiquement exploitée de la forêt canadienne, le décorum des demeures (notamment celle de Deebe), ou les attitudes décalées de certains habitants. La direction des chiens se montre également d’une rare efficacité, l’effet horrifique apparaît percutant. Une vraie réussite, dialoguée avec talent, mais aussi de quoi remplir tout un épisode, pour peu que le sujet soit complètement traité.

Hélas l’auteur l’évacue trop prestement, pour propulser le voyage sinaïtique de Frank parmi les reliques du passé du Groupe et sa rencontre avec le Vieil Homme, dont tout ce qui précède ne constitue en définitive que le prétexte. L’évènement suscite des sentiments mêlés. En effet R. G. Amstrong apporte une vitalité et une malice assez irrésistibles à un Patriarche doté d’un indéniable charisme (au point de d’altérer l’aura même de Black). Ses considérations philosophico-mystiques ne manquent pas de souffle , de même que la soudaine ordalie imposée à Frank apporte un fort moment de suspense, mais tout ceci demeure imprécis et parcellaire. Souligner, via la Vieil homme, que cet aspect reste bien supérieur à la lutte précédente contre les serials killers semble maladroit et assez déplacé. Une nouvelle fois, il y a ici de quoi composer tout un épisode dressant un portrait autrement complet et structuré du cercle secret du groupe Millennium, mais l’on se contente en définitive de lâcher quelques notions dépourvues de substance réelle. Il reste assez confondant de voir Frank s’incliner et ne pas tâcher d’en savoir plus. Décidément, on survole, davantage que l’on ne traite en profondeur. Ce flou caractérisera d’ailleurs toujours le Vieil Homme, puisqu’il ne se manifestera plus que dans deux épisode, en tout et pour tout. On suscite un élément prépondérant du Groupe, sans guère l’utiliser par la suite pour expliciter et structurer le fonctionnement de ce dernier.

Un troisième composant vient encore se rajouter à cet ensemble déjà disparate, avec la prestaion totalement hors sujet de Randy Stone. On lui accordera un plaisant cabotinage dans le rôle de Beebie, en soi divertissante caricature de bourgeois bohême vaguement efféminé. . Beebe, plus divertissant que les Geeks de l’épisode précédent, aurait sans doute fait merveille dans un soap humoristique à la Friends, mais ici il ne fait que dénaturer l’atmosphère par ses interventions intempestives. L’humour demeure difficilement soluble dans MillenniuM. Quand à l’histoire de sa maison bâtie sur un lieu sacrilège il s’agit tout de même d’un poncif usé jusque à la corde pour permettre de trouver une porte de sortie au problème posé par la meute. On ne va pas jusqu’à nous raconter que la demeure s’étend sur un cimetière indien, mais c’est tout comme !


Michael Beebe est interprété par Randy Stone, qui fut le responsable du casting de l'ensemble des séries de Chris Carter. Il se plaisait à apparaître de temps à autres dans des seconds rôles, y compris dans les productions de Morgan & Wong. Il participe ainsi au pilote des X-Files; série pour lequel il suggéra David Duchovny et Gillian Anderson à Chris Carter. Ce grand professionnel du casting décède en 2007 d'une crise cardiaque, à l'âge de 48 ans. Également producteur, il devait remporter un Oscar en 1994, pour Trevor.

Le chanteur préféré de Frank est Bobby Darin, qu’il écoute en découvrant le dossier transmis par le Groupe. Très populaire dans les années 50 et 60, il se fit connaître lors de l'émergence du Rock, avant d'évoluer vers des styles plus variés. Ce proche de Paul Anka connut également une belle carrière d'acteur et de compositeur de musiques de films.

Les chansons de Bobby Darin seront de temps à autres entendues au cours de la série. On trouve ici son As long as I'm singing, mais aussi le Close to You des Carpenters.

Le Vieil Homme, patriarche secret du Groupe MillenniuM, entre ici en scène. Interprété par le vétéran R. G. Amstrong, il apparaîtra dans deux autres épisodes de la saison.

Avec ce personnage, l'épisode marque le début du virage historique et ésotérique impulsé par le duo Morgan & Wong. James Wong devait alors déclarer : On va dire qu'il s'agit d'un groupe né il y a deux mille ans, quand la Chrétienté n'était encore qu'un assemblage de [censuré] et de cultes souterrains. L'un d'entre eux fut adopté par les Romains et le Groupe MillenniuM devint un observateur secret des évènements. Et quand ces évènements semblent indiquer que quelque chose va bientôt survenir, il entre en action.

Il reste 826 jours avant l’an 2000.


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Message  Dearesttara Mar 1 Mai 2012 - 1:54

Quel mot a été remplacé par "[censuré]" ?
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Message  Estuaire44 Mar 1 Mai 2012 - 1:58

s ectes
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Message  Estuaire44 Jeu 3 Mai 2012 - 6:55


Génome en péril (Sense and Antisense, 2-03, **)
Un homme, le « patient zéro », apparemment atteint d’une grave maladie ; est soigné en urgence à l’hôpital de Seattle. Grâce à la complicité d’un chauffeur de taxi avec lequel il a sympathisé, il parvient cependant à s’enfuir quand deux hommes se présentant comme policiers viennent se saisir de lui. Les autorités font appel à Frank, qui retrouve rapidement le patient zéro, avec l’aide de Geibelhouse. Or les prétendus experts sanitaires se volatilisent avec le mystérieux patient, qui semble exempt de tout virus. Interloqué, Frank fait appel au Groupe, qui décide de l’aide même si Peter est furieux d’avoir été initialement mis à l’écart. Avec l’aide du chauffeur du taxi (qui sera assassiné) les deux hommes mettent à jour une officine qui, sous couvert de la recherche du Génome Humain, exploite l’ADN pour mettre au point un conditionnement des individus. Des sans domiciles fixes sont utilisés lors d’expériences aux conséquences dramatiques. Il s’avère alors que le patient zéro n’était autre que chef du projet, sans doute victime d’un accident. Redevenu lui même, il nie tout en bloc. Dépourvu de preuves, Frank doit renoncer, tandis que le Groupe se déclare impuissant.

Lors du premier temps de l’épisode, on apprécie vivement un certain retour aux fondamentaux de MillenniuM (avec un Henriksen buvant visiblement du petit lait). On retrouve notamment la figure sympathique de l’Inspecteur Geibelhouse, toujours joué avec pittoresque par Stephen J. Lang, et une enquête somme toute classique, basée sur les subtils talents de Profiler de Frank. L’ensemble fonctionne fort agréablement, d’autant que le décor urbain de Seattle (enfin, de Vancouver), admirablement filmé pour en faire rejaillir l’aspect sinistre et anxiogène, apporte une variété bienvenue avec la forêt précédente. Cependant sourdent déjà des différences, comme l’absence totale de recours au Don (envers lequel Morgan & Wong demeurent dubitatifs) ou l’absence de Catherine comme point d’appui de Frank, renforçant son désarroi.

On achève de basculer dans un autre domaine que celui de la première saison, lors de la soudaine extension du récit, complotasse et paranoïaque. De fait on retrouve clairement une tonalité proche des X-Files, y compris dans certains effets, comme la capacité des adversaires à se fondre soudainement dans le néant (la disparition d’un service entier sera reprise dans En ami) ou l’inévitable assassinat de la source de Frank. Outre que l’on puisse regretter une perte de spécifié de MillenniuM, ce choix s’avère aventureux, car obligeant à une comparaison directe. Or ceci ne tourne pas à l’avantage de l’épisode car l’enquête de Frank et Peter souffre de nombreux défauts, dont des enchainements trop accélérés (l’étiquette absurdement révélatrice, le chauffeur de taxi miraculeux etc.) ou un ton moralisateur virant vite au déclamatoire empesé. Trop d’éléments démurent nébuleux pour ne vas dangereusement approximer les facilités scénaristiques. Cette virtualité globale entrave l’installation d’une véritable intensité dramatique, alors que la direction d’acteurs virent à l’occasion dans le caricatural.

Ce gâchis attriste véritablement car le scénario ne manquait pas d’atouts. La pirouette scénaristique de la véritable identité du patient zéro se montre efficace et joliment amenée. Surtout la relation entre Peter et Frank (toujours aussi excellemment interprétés) reste captivante, tandis que s’exprime toujours davantage la volonté d’emprise d’un Groupe désormais intrusif. Plusieurs concepts anxiogènes s’entremêlent, comme les appels téléphoniques anonymes reçus par Frank ou le recours à la légende urbaine des camions ou ambulances mystérieux. L’emploi du Projet du Génome Humain comme vecteur apocalyptique était judicieux et prometteur dans l’optique des grandes frayeurs suscitées par l »an 2000, d »autant que les deux évènements convergent dans le temps. L’épisode prend ailleurs le temps, d’expliciter ce concept (on remarqua au passage que Peter semble étonnamment versé dans le domaine de l’ADN et que le Groupe abandonne bien facilement cette affaire). Hélas, brassant autant de thèmes divers (jusqu’au génocide du Rwanda !) , l’opus semble représenter un patchwork trop ambitieux, oubliant en cours de route de développer une enquête tenant la distance.



Durant l'épisode, on entend la chanson Gyp the Cat, de Bobby Darin, quand Frank rentre chez lui.

Le titre original fait référence à un terme technique de la génétique, décrivant les deux composantes de la double hélice de l’ADN, soit les nucléotides et les protéines fondamentaux dans le fonctionnement de l'ADN et de l'ARN. Cet élément est explicité par Pater Watts en cours du récit.

L'unité industrielle porte le nom de SC03, qui est en fait le code de production de l'épisode.

Absente durant les deux premiers opus de la saison, la traditionnelle citation d'ouverture effectue ici un retour, avec un arrêt de la Cour Suprême dans une affaire de 1985 : U.S. Military released from liability for experimenting on unwilling and unknowing human subjects.

L'épisode évoque largement le Projet Génome Humain. Visant à obtenir une cartographie complète de l'ADN du génome humain, ce vaste projet s'est étendu de 1990 à 2003, après une gestation durant les années 80. Le génome est l'information génétique contenue dans les 23 chromosomes d'un être humain. Le développement du PGH à donné lieu à une vaste coopération publique internationale, mais aussi à une course féroce contre un projet équivalent mené par la société privée Celera Genomics, s'achevant en match nul. Avoir séquencé le génome humain aux environs du Millénium constituait un objectif fort pour les deux concurrents. Le premier résultat brut, encore à affiné, sera annoncé en juin 2000 par Bill Clinton. Les enjeux sont énorme pour la recherche médicale fondamentale, amis aussi financièrement. Le Génome Humain est considéré comme intégrant le patrimoine de l'Humanité, donc non brevetable.

Il reste 819 jours avant l’an 2000.


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Message  Estuaire44 Sam 5 Mai 2012 - 4:05

Le Monstre (Monster, 2-04, ****)

Watts envoie Frank dans une petite ville où plusieurs enfants ont fait l’objet de maltraitance. La responsable de la garderie est superette, alors que la tension monte dans la population. Soudain un enfant est retrouvé mort dans cet établissement, ce qui provoque une vague d’hystérie, exploitée par un procureur en cours der réélection. Il fait pression sur Frank pour que celui confirme la culpabilité de la femme, mais celui-ci s’y refuse, suspectant une terrible vérité : la coupable n’est autre qu’une petite fille, Danielle, aux insoignables pulsions sadiques. Black reçoit soutient de la psychologue Lara Means. Les deux enquêteurs se lient d’amitié et découvrent avec stupeurs qu’ils ont tout deux été envoyés par le Groupe. De plus Lara possède elle aussi un Don, lui permettant de percevoir des Anges annonciateurs de désastres. Alors qu’une meurtrissure de Jordan à la mâchoire fait suspecter Frank de maltraitance, Danielle fait croire que celui-ci l’a agressée. Frank est alors arrêté, mais reçoit le soutien de Catherine, alertée par Peter. Lara parvient à convaincre la mère de Danielle de révéler qu’elle sait que Danielle s’est elle même blessée. Frank est libéré, tandis que Danielle est confiée aux experts du Groupe Milennium.

L’épisode vaut en premier lieu pour la découverte du formidable personnage de Lara Means, grâce à laquelle cette deuxième saison va réellement débuter et trouver un axe narratif fort. Kristen Cloke, totalement immergée dans le rôle, lui apporte la sensibilité qu’on lui connaît et s’accorde instannément avec Lance Henriksen. Si ses visions angéliques s’avèrent remarquablement amenées, à la fois merveilleuses et horrifiques, Morgan & Wong (ici directement à l’écriture), ne commettent pas l’erreur de se limiter à cet effet. Bien au contraire, en quels scènes ils parviennent à dresser le l’attachant portrait tourmentée par une terreur secrète et à l’angoisse d’une catastrophe à venir, mais néanmoins solide et arquée sur des principes moraux inflexibles. Après la traditionnelle prise de contact électrique, on apprécie de la découvrir rivaliser avec Frank en matière de déduction, tandis que leurs scènes communes se montrent aussi virtuoses qu’intenses. C’est notamment le cas lorsque Lara, épouvantée mais digne, évoque la multiplication croissante des manifestations d’Anges témoins de drames ou quand les deux partenaires constatent à quel point le Groupe n’hésite pas à les manipuler. Lara a aussi pour elle de constituer une création originale de la présente saison et donc de ne pas pâtir des contradictions inhérentes au changement de cap de la série.

De manière d’autant plus appréciable que MillenniuM s’aventure désormais pleinement dans le Fantastique, Morgan & Wong veillent à ne pas se cantonner dans une stérile redite des X-Files : le duo Frank/Lara s’avère d’emblée en tous points différents de Mulder et Scully. Ces derniers divergent en bien des points, jusqu’à se montrer antagonistes dans leur approche de leur travail, avec notamment la fameuse opposition entre croyant et scepticisme. Bien au contraire, Frank et Lara se révèlent absolument semblables : méthodes de travail, position similaire d’experts au service du Groupe, partage de la même défiance envers les véritables desseins de l’organisation, partage de la même appréhension face à la montée des périls ou encore possession d‘un Don psychique. Que Frank perçoive le démon et Lara les Anges ne change rien, tant ceux-ci se montrent terrifiants par ce qu’ils se contentent d’annoncer (pas d’ange gardien en trench-coat dans le secteur). Cette posture sera brillantent exploitée par la suite de la saison, voyant Lara néanmoins réagir différemment aux révélations survenant. Lara Means va devenir le miroir obscur nous révélant ce qu’aurait pu devenir Black, jusqu’à ce qu’elle finisse par sombrer dans la folie.

L’enquête du jour, autrement plus solidement charpentée que lors de l’opus précédent, se révèle également captivante. Entre dénonciation de l’obscurcissement de l’esprit provoqué par la peur et l’hystérie de groupe et cette description glaçante d’un enfant démoniaque, l’amateur de La Quatrième Dimension pourra y discerner un plaisant alliage des Monstres de Maple Street et de C’est une belle vie. Portée par l’envoutante musique de Snow, la révélation de l’horreur s’effectue avec un savant dégradé, tandis que la jonction de l’affaire avec le quiproquo autour de Jordan apporte un retournement de situation efficace. Outre le plaisir de trouver nombre de visages connus des X-Files, l’interprétation se montre de grande qualité, avec notamment un remarquable Robert Wisden dans le rôle d’un procureur intelligent, mais davantage soucieux de politique que de justice. La petite Lauren Diewold (Danielle). On regrettera quelques petites maladresses, comme la vision un brin caricaturale de l’enfant se repaissant des images horribles de la conclusion de La Mouche, ou le poncif de la coupable se frappant elle même pour discréditer son accusateur. Morgan & Wong y avaient d’ailleurs déjà eu recours pour Eugène Tooms face à Mulder ! cette séquence nous apporte cependant l’une des plus mémorables composant de Lance Henriksen, quand Frank confesse tout l’amour qu’il porte à Jordan.


La citation du jour est un extrait du Henri VI de Shakespeare (1598) (The first thing we do, let's kill all the lawyers.), et non d'Henry IV, comme il est faussement indiqué.

L'épisode introduit un nouveau personnage récurrent, la psychologue Lara Means. Celle-ci a la faculté d'apercevoir les Anges, des apparitions l'épouvantant. Elle occupe vis à vis du Groupe une position similaire à celle de Frank, auquel elle va désormais être régulièrement associée. Elle participe à 10 épisodes de cette saison.

Lara est interprétée par l'excellente Kristen Cloke, inoubliable Mélissa dans The Field Where I Died (X-Files). Elle épouse Glen Morgan en 1998, l'année suivant le tournage de Monster. Cette figure des productions fantastiques participe notamment à Code Quantum, Space 2063, Willard ou encore au premier opus des Destination Finale (2000), réalisé et écrit par Morgan & Wong sur un scénario initialement prévu pour les X-Files.

Hormis Kristen Cloke, l'épisode comporte quelques acteurs reconnaissables des X-Files : Lauren Diewold (Emily, Mélissa enfant), Chris Owens (Jeffrey Spender) et Robert Wisden (Modell, le Pousseur). Il en va de même pour plusieurs autres, moins connus.

A l'arrivée de Frank et Lara, Danielle est en train de regarder La Mouche (1958).

Catherine change de coiffure, qui sera désormais lisse et non plus frisée.

Il reste 805 jours avant l’an 2000.

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Message  Estuaire44 Sam 5 Mai 2012 - 11:20

Kristen dans Destination Finale I

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Message  Estuaire44 Sam 5 Mai 2012 - 14:31

Un simple brin d’herbe (A Single Blade of Grass, 2-05, **)
A New York, un chantier immobilier jouxte des fouilles archéologiques d’un cimetière indien. L’archéologue Liz Michaels découvre un cadavre récemment enterré, marqué par des symboles mortuaires. Appelé en renfort par le NYPD, Frank fait rapidement équipe avec Liz. Grâce à son Don et aux connaissances de celle-ci, ils déterminent qu’un groupe d’ouvriers indiens du chantier, originaires de différentes tribus, s’est lancé dans une quête aussi spirituelle que mortelle. D’une manière quelque peu similaire au Groupe, Ils pensent que la fin du monde approche et envoie des émissaires dans le monde des esprits, pour que leurs ancêtres leur indiquent comment rebâtir un paradis terrestre. Pour cela ils font ingérer de force du venin de serpent à sonnettes aux victimes, puis attendent en vain leur résurrection. Fasciné par le pouvoir de divination de Frank ainsi que par diverses coïncidences, ils jugent qu’il est le véritable élu, puis l’enlèvent et lui font subit le rituel. Grâce aux déductions de Liz, ils sont arrêtés par la police avant que Frank ne soit tué, mais celui-ci a le temps de percevoir des fragments du monde spirituel, indiquant que ses ravisseurs ont fait totalement fausse route.

MillenniuM sacrifie ici au marronnier de l’épisode amérindien, à l’instar de la plupart des séries fantastique ou de Science-fiction (Buffy contre les Vampires, X-Files, Stargate SG-1 etc.). Le politiquement correct agit sans doute, mais la principale raison en demeure certainement la formidable richesse et la poésie caractérisant les mythes issus de ce shamanisme, notamment le fascinant concept du monde spirituel, image du notre. Avec une évidente et communicative sincérité, l’épisode entreprend de considérer l’Apocalypse telle que perçue par une autre culture, tout en rendant hommage à ce merveilleux folklore. Cela nous permet de découvrir de nombreux superbes objets d’art, à l’étrange beauté exotique, tandis une véritable atmosphère se met en place, également grâce aux tonalités américaines prises par la toujours sublime musique de Mark Snow. Les artistes de la série créent un nouvel endroit abominablement sinistre, avec ce sous-sol sordide où se déroulent les exécutions, agrémenté de peintures rituelles. Par contraste la splendeur et mysticisme des visions du monde spirituel en sortent renforcés. Par ailleurs le parallèle établi entre les menées du groupe et celles des indiens, ainsi qu’entre le Don de Frank et le shamanisme apparaît bien pensé.

Malheureusement le scénario commet la même erreur que celui de Sense and Antisense : brasser trop de thèmes divers (la mythologie se substituant à sa version contemporaine des légendes urbaines), jusqu’à en oublier de développer une véritable intrigue d’enquête. Un temps bien trop considérable est accordé aux commentaires et explications de Liz, certes intrinsèquement intéressants en soi, mais dont l’accumulation finit par virer au quasi documentaire, hors sujet ici. On finit malheureusement par saturer, d’autant que l’action principale se limite durant ce temps à un vaste surplace, paraissant pour le moins verbeux. Du coup, pour conclure le récit, les auteurs se voient contraints à des accélérations passablement artificielles, comme un recours pour le coup massif au Don de Black ou à de soudaines et miraculeuses déductions de Liz, dignes de Sherlock Holmes. Les inserts représentant New York sont également calqués de manière assez artificielle.

Isoler également à ce point Frank de son environnement et surtout des liens forts tissés avec les personnages récurrents de MillenniuM constituait un pari aventureux. De fait l’on ressent effectivement comme un manque tout au long de l’historie, même si l’entent formée avec Liz demeure sympathique. D’autre part, si Amy Steel (Ginny Field dans le deuxième Vendredi 13) s’avère excellente dans ce rôle, il faut bien avouant que les jeunes indiens développent un jeu pour le moins minimaliste. On note également plusieurs maladresses comme le portrait extrêmement caricatural du promoteur immobilier ou la course des bions décrédibilisant les adversaires du jour et les transmuant en pitoyables idiots. Une ironie inutile, à l’instar du passage se voulant humoristique du médecin légiste décalé, qui suscite surtout une violente nostalgie de Dana Scully.


L'épisode est marqué par le retour des visions de Frank, temporairement absentes, comme l’avait annoncé le Vieil Homme. Celles-ci avaient en fait disparu depuis le début de la saison, du fait d'un rejet par Morgan & Wong. Ceux-ci estimaient que ce pouvoir faisait perdre tout crédit et intérêt aux enquêtes. Le Don fut retiré à Frank durant les premiers épisodes de la saison, afin de vérifier si la série fonctionnait malgré tout. Un compromis fut décidé, les visions de Frank reviennent, mais, après cet épisode, demeureront moins marquantes qu'auparavant.

C'est une image issue de cet épisode (le visage de mort à côté du masque rituel) qui orne le coffret américain de la saison 2. Le français présente lui les chiens de Beware to the Dog.

Le jet de dés de Frank donnant un difficile double quatre est un clin d'œil à la société de production de Morgan & Wong, Hard Eight.

Floyd « Red Crow »Westerman (le vieil indien) est bien connu des amateurs des X-Files pour son interprétation d'Albert Hosteen.


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Message  Estuaire44 Dim 6 Mai 2012 - 1:03

Au bon vieux temps...

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Message  Estuaire44 Dim 6 Mai 2012 - 20:00

La Malédiction de Frank Black (The Curse of Frank Black, 2-06, ****)
Frank accompagne Jordan durant la soirée d’Halloween. En chemin, il remarque divers éléments étranges, comme des manifestations silencieuses de démons, ou les nombres 26:8 apparaissant écrits sur de multiples supports. Après qu’il ait raccompagné sa fille, sa voiture tombe en panne.. Débute alors une errance tout au long de la nuit, durant laquelle les faits les plus curieux ne cessent de survenir. Sous leur influence, Frank se remémore divers moments de son passé : comment il a rencontré un homme étrange durant son enfance, égalent lors d’Halloween, mais aussi comment son Don est apparu, à l’adolescence. Passant par la Maison jaune, où un groupe de jeunes l’évoque tel un légende urbaine, il croit un instant que le fantôme de Bletcher va lui apparaître. Rentré chez lu , Frank comprend que les chiffres font référence à une citation d es Actes des Apôtres, affirmant la réalité de la résurrection. Le fantôme de l’homme jadis rencontré se manifeste alors. Il révèle à Black que son action au sein du Groupe MillenniuM irrite celui dont le triomphe prochain serait inévitable et lui conseille d’y mettre un terme. Malgré cette nuit effrayante, Frank poursuit nénamoins son combat.

Nombreuses sont les séries télévisées, en particulier les fantastiques, a avoir abondé Halloween. Le résultat obtenu s’avère le plus souvent d’excellente facture, tant le sujet s’avère inépuisable et autorisant de multiples approches différentes. Mais rares sont les épisode a avoir abordé avec autant de talent et d’expressivité la double nature de cette fête, relevant à la fois du merveilleux et de l’horrifique. Le mérite en revient en premier lieu à la mise en scène et la photographie, sachant exprimer avec un art authentique le caractère unique de cette nuit, ou les deux plans, naturel et surnaturel, se juxtaposent. Effets lumineux, plans savamment distordus, emploi pertinent du noir et blanc, apparitions diverses, choix ambitieux de longs plans séquences silencieux, musique subtilement connotée de Snow, tout concoure à créer une atmosphère fascinante d’étrangeté et de mystère. Le décor d’une banlieue américaine tranquille devient un étrange et envoutant entre-deux mondes. Ce travail a compagne harmonieusement ce périple sinaïtique de Frank, avec une nouvelle dualité, cette fois entre passé et avenir. Lance Henriksen se révèle une nouvelle fois parfait, dans cet opus où il démure pratiquement seul en scène. De précieuses informations nous ont ainsi révélées sur son passé et la les premiers pâs du parcours devant le conduire à devenir le plus grand profiler du FBI.

Cet épisode hors normes, chef d’œuvre visuel, se conclue en point d’orgue avec la visite du fantôme des Halloweens du passé. Le thème relevant davantage de Noël depuis Dickens, mais s’il existe une série capable habiller la Nativité aux couleurs de la Fête des Morts, c’est bien MillenniuM. Dean Winters (Ryan O’Reilly dans Oz) réalise également une formidable composition, hissant cette apparition au dessus des clichés traditionnels du genre, par l’humanité qu’il parvient à exprimer tout en délivrant le message du Démon (toujours ce thème si troublant de la dualité contradictoire). Jamais Black n’aura été aussi tourmenté et en proie en doute, alors qu’il est concomitamment élevé au rang de mythe urbain par les jeunes. A la vision du passé, mêlant nostalgie et effroi, succède une vision, cette fois univoque, de l’avenir, car toute en épouvante. Mais si la présente du Démon s’avère prégnante comme jamais, Black nous signifie avec une émouvante et silencieux éloquence que l’espoir perdure, lors de la formidable scène finale. Il ne renoncera pas à combattre le Futur. Avec The Curse of Frank Black, à al fois virtuose exercice de style et pénétrant portrait de Franck Black, cette saison 2 achève de basculer dans le Fantastique pur et d’installer la perspective d’une Apocalypse biblique, mais cette fois sans susciter aucune nostalgie pour la première époque de la série, tant la réussite de l’opus s’avère éclatante. Le goût prononcé de Morgan & Wong pour l’expérimentation ambitieuse et le développement de voies originales au sein d’un ensemble trouve ici l’une de ses concrétisations majeures.

La citation du jour est Do you ever find yourself talking with the dead? Since Willie's death, I catch myself every day, involuntarily talking with him as if he were with me. Elle fut prononcée par Abraham Lincoln à propos de lamort de son fils.

A l'arrivée des enfants, Crocell est en train de lire le roman L'Age de Raison, de Jean Paul Sartre (1945).

D’après le journal aperçu, la rencontre entre Crocell et Black enfant se situe peu de temps après le suicide de Goering, ce qui la place à l’Halloween de 1946.

La citation référencée des Actes des Apôtres est Pourquoi juge-t-on incroyable parmi vous que Dieu ressuscite les morts ?.

Le film réapparaissant dans la télévision de Frank et montrant des diables rire est The Devil's Ball, de Ladislaw Starewicz (1934).

Les images apparaissant brièvement dans la télévision d’un voisin de Frank sont tirées de Notorious 7, le pilote d'un projet de Morgan & Wong refusé par la Fox.

L'homme costumé que Frank croise dans la rue est en fait déguisé en Chig, le méchant extra-terrestre de la série de Morgan & Wong, Space 2063.

Durant le flash back se déroulant dans les années 60, on entend Memories are Made of This, de Dean Martin.

Jordan a choisi de se déguiser en Marge Simpson.

Il reste 790 jours avant l’an 2000.

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Message  Estuaire44 Lun 7 Mai 2012 - 19:47

Apocalypse 19, verset 19 (19:19, 2-07, ***)
Matthew Prine se gorge d'informations télévisuelles, jusqu'à y percevoir une mécanique conduisant inexorablement à l'apocalypse nucléaire d'une troisième guerre mondiale. Également obsédé par le Livre des Révélations, il est persuadé que le Sauveur de l'Humanité se trouve parmi les élèves d'une école voisine, mais que celui-ci court un grave péril. Il enlève alors les enfants et les enterre vivants dans un container, pour les mettre à l'abri, attendant un signe divin signifiant la fin de l'alarme. Cayse, le shérif local, est le père d'une kidnappée, la petite Jessica. Désespéré, il fait appel au Groupe Millennium. Frank, assisté par Peter, trace le portrait psychologique de Prine et le fait rapidement capturer. Néanmoins celui-ci refuse d'avouer où se trouvent les enfants. Tandis que l'oxygène commence ce à manquer, Jessica se révèle une leader née et entretient héroïquement le courage de ses camarades. Frank fait appel à Lara Means. Son étude du comportement de Prine, outre divers éléments matériels, permet de déterminer que les élèves sont ensevelis dans une ancienne carrière; Conduit sur place, Prine refusent encore d'indiquer où ils se trouvent. Annoncée de longue date par les météorologues, survient une gigantesque tornade, dans laquelle Prine reconnaît le signe qu'il espérait. Il s'anéantit en se jetant dans le cyclone, qui extrait le container du sol, en sauvant in extremis les enfants. Plus tard, Frank apprend que la tornade a détruit l'école et aurait qu'elle tué les enfants sans l'intervention de Prine.

Le grand mérite de 19:19 consiste à opérer une parfaite fusion entre les thématiques des deux premières saisons de MillenniuM. Contrairement à des épisodes comme Sense and Antisense et A Single Blade of Grass (ou encore malheureusement le désastre de l'opus prochain), un équilibre pertinent est trouvé entre l'aspect enquête et celui du Fantastique au sens large. Avec un pétulant plaisir on retrouve Black en majesté, retrouvant ses postures de jadis et délivrant une pénétrant profil psychologique, on plus d'un serial killer mais d'un illuminé mystique. L'ensemble, solidement charpenté et au suspense croissant, se suit avec un vif intérêt, d'autant que les apports distincts de Frank , Peter et Laura s'intègre dans un tout cohérent et écrit avec un vrai sens du rythme. Certes l'on notera qu'en première saison Frank n'aurait en aucune manière nécessité l'intervention de Lara et que celle-ci se livre à une révélation assez peu subtile, le mouvement inconscient des mains de Prine quand on évoque les enfants paraissant assez téléphoné. Mais l'on assiste néanmoins avec plaisir au développement de, l'amitié et de la synergie s'instaurant entre Frank et Lara, sous l'oeil attentif de Peter Watts. Un joli coup de griffe empreint de paranoïa est d'ailleurs derechef décoché au Groupe, avec sa propension à suivre les achats de l'ensemble de la population. Big Brother is watching you. Les auteurs ne négligent pas l'aspect humain, avec le déchirant portrait du Shérif, père tourmenté par l'angoisse et sans cesse au bord de la rupture (remarquable Steve Rankin).

L’ésotérisme inhérent à l'intrigue suscite également des passages très forts ou étrangement incongrus, tels le ravisseur se joignant à la prière de ses victimes ou l'apparition providentielle des enfants, comme jaillissant de la terre nourricière. Sans devenir envahissants, les effets spéciaux (le feu nucléaire, la tornade) s'avèrent remarquables pour l'époque. Le portrait de Prine se montre aussi complexe que fascinant, du Data Zombie cher aux Cyberpunks au mystique le plus exalté. Christian Hoff apporte une étonnante présence à son personnage, notamment lors des confrontations l'opposant à Black et Lara. Le personnage fait réellement froid dans le dos par son ambivalence abyssale, simultanément convaincu d'oeuvrer pour le Bien et totalement indifférent au sort des enfants en cas d'absence de signe divin, car alors plus rien n'aura d'importance. En contraste le lumineux portrait de la vaillante et charismatique Jessica ressort particulièrement émouvant. De plus son histoire, entre tempête à venir et enfant unique espoir de l'Humanité revêt des accents à la Terminator propres à séduire l'amateur. La très jeune Colleen Rennison (Ally/Cassandra dans Stargate SG-1) crève absolument l'écran. La thématique apocalyptique, empruntant une voie judéo-chrétienne bien connue, peut dès lors judicieusement se permettre de ne pas occasionner de trop longs commentaires, dévorant l'espace narratif imparti à l'enquête. Idéale conclusion à ce si astucieux scénario, le twist final, totalement déstabilisant et amené avec une brillante concision, s'avère d'un rare impact, comme issu de La Quatrième Dimension elle même !


Le verset du Livre des Révélations auquel il est fait référence est : « Et je vis la bête, et les rois de la terre, et leurs armées rassemblées pour faire la guerre à celui qui était assis sur le cheval et à son armée ».

Différents pays sont cités dans le diagramme tracé par Prine, conduisant à la Troisième Guerre Mondiale. Un catastrophe est associée à chacun. Concernant la France, il s’agit de l’apparition du SIDA.

Peter cite expressément le verset 06:05 en déclarant que l'Agneau a brisé les Sept Sceaux, or ce texte ne traite que du Troisième Sceau. L’erreur est corrigée dans la version française.

Quand Lara, Peter et Frank revoient la scène d'interrogatoire sur une vidéo, le dialogue a changé.

Parmi les enfants enlevés, on remarque la présence de Jeff Gulka, l'interprète de Gibson Praise, le jeune télépathe apparaissant dans les X-Files.

On entend la chanson Bless the Beasts and the Children, des Carpenters, utilisée par le ravisseur pour transmettre son message, le verset 19:19 du Livre de l’Apocalypse.


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Message  Estuaire44 Mar 8 Mai 2012 - 17:46

La Main de Saint-Sébastien (The Hand of Saint Sebastian, 2-08, *)
Peter demande de l’aide à Frank, pour une affaire que le Groupe lui a pourtant conseillé d’abandonner. Le de Dr Schlossburg, un grand érudit versé dans les mystères médiévaux, a été assassiné à Brême. Les deux hommes partent en Allemagne pour enquêter et y reçoivent l’assitance un autre membre du Groupe ayant déjà collaboré avec Frank, le Dr Cheryl Andrews. Peter révèle que Schlossburg aurait retrouvé la trace de la dépouille d’un chevaler membre du groupe, remontant à l’époque précédant l’avènement du premier millenium. Celle-ci contiendrait la Main de Saint Sébastien, une relique ayant permis à l’organisation de vaincre les fléaux de cette époque reculée. Après une enquête mouvementée, où l’on tente à diverses reprises de les assassiner, les deux hommes établissent que c’est Andrews qui trame ce complot, désireuse que ces secrets ne soient pas révélés. Elle est arrêtée par la police allemande. Une fois découverte, la Main se révèle porteuse de divers tatouages mystérieux, dont Peter envisage la traduction. Frank pense lui que le chevalier a emporté ces connaissances dans la tombe.


Bien plus similaire à un mauvais épisode la déjà médiocre Sydney Fox l’Aventurière qu’à un Indiana Jones, La Main de Saint Sébastien demeure à juste tire l’un des épisodes les plus contestés parmi les fans de MillenniuM. Le récit n’a plus rien à voir avec la série telle qu’on la connait et apprécie, optant pour une vague casse au trésor, ponctuée de scènes d’action guère tonitruantes et un fatras ésotérique réellement épuisant, ne semblant guère convaincre un Lance Henriksen singulièrement plus absent qu’à l’accoutumée (il est vrai qu’il souffre alors de problèmes de santé). Morgan & Wong oublient toute subtilité dans ce basculement narratif, avec plusieurs maladresses étonnantes vendant de la part d’auteurs aussi talentueux et chevronnés. Introduire sans réelle utilité Chereyl Andrews revient évidemment à la désigner d’entrée comme la coupable, d’autant qu’aucune fausse piste n’est élaborée pour enrichir le récit (CCH Pounders est par contre toujours formidable). Par ailleurs, quand on en vient à s’approximer à une série historique, la question du manque de moyens devient incontournables. De ce fait les scènes médiévales deviennent vraiment toc, aux limites du risible.

Repeindre le groupe en [censuré] ésotérique le rend beaucoup plus quelconque que la création originale et ambigüe de la première saison, puisque que l’on renoue un thème maintes fois exploité dans la littérature populaire ou fantastique. Le scénario se définit comme très mécanique, tout en trahisons et rebondissements faciles, mais dépourvu tout la profonde désespérance morale précédente, comme une bande dessinée dépourvu d’imagination. Le premier degré et l’emphase de tout ce fatras confirment une déperdition, non seulement sur fond de la série, mais aussi sur sa forme. Parallèlement Roedecker continue à nous irriter par la lourdeur pachydermique de son humour et l’inspecteur Betzdorf ne s’extirpe pas de clichés convenus, malgré la sympathie suscitée par l’acteur allemand Gottfried John (le général Ourumov dans Goldeneye). On ressent d’autant plus intensément l’étendue du gâchis qu’il s’agit pour une fois d’un épisode plutôt centré sur le complexe Peter Watts, une occurrence attendue depuis longtemps.


L’épisode marque l’apparition de l’Ainé (Elder, terme que l’on retrouve dans le Syndicat des X-Files). Ce personnage éminent du Groupe Millennium en assure la direction politique, tandis que le Vieil Homme assure un magistère moral. Membre du cercle secret, l’Ainé est le supérieur direct de Peter Watts, qui finira lui aussi par intégrer cette entité. Il apparaît dans deux épisodes de cette saison, avant d’avoir un remplaçant dans un épisode de la saison 3.

Le docteur John Schlossburg a été nommé en clin d'œil à un fan particulièrement actif de Space 2063, la série de Morgan & Wong.

Saint Sébastien (quatrième siècle) est le patron des archers, soldats, policiers et des athlètes, traditionnellement invoqué contre la Peste. Abattu par flèches par les Romains de Dioclétien, il fut miraculeusement sauvé par une autre; chrétienne. Il continue néanmoins à dénoncer les persécutions et l'Empereur ordonna qu'il fut battu à mort. Sébastien est souvent représenté attaché à un poteau, le corps transpercé de nombreuses flèches.

Lance Henriksen fut souffrant durant le tournage de l'épisode, notamment parce qu'il tentait d'arrêter de fumer.

Il reste 779 jours avant l’an 2000.

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Message  Estuaire44 Sam 12 Mai 2012 - 20:10

Le Jugement Dernier (Jose Chung’s Doomsday Defense, 2-09, ****)
Quelques temps après s’être intéressé à un service particulièrement inclassable du FBI, l’écrivain Jose Chung écrit un nouveau roman. Celui-ci s’intéresse aux différents cultes fleurissant à l’approche du Millennium. Il interroge ainsi un disciple de la Selfosophie, en rupture de ban certes relative. Chung a d’ailleurs connu dans a jeunesse le fondateur de ce mouvement, Goopta. Le disciple est retrouvé mort électrocuté par l’engin servant à la Selfosophie à « éduquer » ses ouailles, ce qui entraîne l’intervention de la police de Seattle et du Groupe. Malgré des caractères très opposés Frank et Jose finissant par sympathiser au fil de leurs confrontations, malgré la vive méfiance de Peter envers toute publicité non désirée pour le Groupe. Jose promet de ne pas évoquer celui-ci dans on ouvrage. Il va mener de pair avec Frank une enquête hors normes, où s’entrecroisent un Selfosophe particulièrement extrême et ulcéré pour le travail de l’écrivain, mais aussi un tueur fanatique de Nostradamus, ivre de vengeance après que sa petite ami l’ait quitté. Frank parvient à intercepter le Selfologue mais l’autre individu a le temps d’assassiner Chung avant d’être arrêté. Le livre de José, Doomsday Defense, terminé à temps, est néanmoins publié et il évoque bien entendu de manière caustique un certain Blank !

L’introduction pour le moins originale que constitue la biographie déjantée de Goopta narrée par Chung, confirme d’entrée que Darin Morgan, génie hors normes, n’a aucunement l’intention de se fondre dans le moule de MillenniuM. Tant mieux ! Son imagination survoltée, bien plus ambitieuse qu’il n’y paraît au premier abord, va valoir l’un de ses plus inoubliables opus à cette deuxième saison. Et, incidemment, prouver que l’humour peut fonctionner même au sein d’une série aussi sombre que MillenniuM, pour peu que l’on s’en donne vraiment les moyens, sans se contenter de greffes aussi sommaires que malhabiles. Ce succès va se bâtir sur l’assemblage dynamique de trois éléments distincts, au sein d’un ensemble sans doute davantage coordonné que lors de l’éminemment lysergique Jose Chung’s From Outer Space.

Il s’agit tout d’abord de la drôlerie irrésistible de nombreuses scènes. Darin Morgan explose littéralement les conventions de la série, pour accumuler les scènes de pure comédie. Il multiplie ainsi les digressions examinant les résolutions possibles de l’énigme, au gré de l’inventivité en roue libre des commentateurs. Effet garanti, la palme revenant sans doute à la vision d’un Frank devenu un espèce de Mike Hammer vulgaire et satisfait, au pouvoir miraculeux. Du grand n’importe quoi, massivement jouissif. Evidemment il en ressort que l’enquête n’en est plus vraiment une, se résumant à une succession de situations aberrantes et à une résolution en forme de pure charade, mais l’épisode a bien entendu raison de jouer à fond la carte de l’épisode décalé. Il s’agit quasiment du seul présent dans MillenniuM (Darin refrappera cette saison), il serait dommage de ne pas en profiter ! Le récit abrite également quelques pépites de pur absurde, comme, cette scène voyant Jose écrire sur Black, qui écrit sur le Selphosophe fou, qui écrit sur Jose. On se régale. On assiste en outre à quelques clins d’œil à From Outer Space, comme la scène finale voyant Frank lire le bouquin de Chung le concernant, de manière absolument similaire à Scully. Mais il se contente de le poser un peu vivement sur sa table de chevet, au lieu de le projeter, ce qui est fort bien vu !

Le second atout de l’opus reste sa valeur d’impliable pamphlet contre la [censuré], sous une apparence de comédie, dans la grande tradition du genre. l’ensemble des divers aspects de l’association des joyeux héritiers du débonnaire (et auteur de Science –fiction tellement sous doué) Lafayette Ron Machin : fatras de la doctrine, vénalité de la démarche, assise hollywoodienne et californienne; rôle de socle joué par l’œuvre du Maître, maîtrise des moyens modernes de communication et du juridisme américain, mais aussi capacité à bâtir sur le long terme. Certes les Scientologues se voient décrits comme de désopilants débiles légers, en particulier le fanatique ultime suscitant une succession de gags énormes par son recours gaguesque à la « Pensée Positive » (tout va très bien Madame la Marquise, à la puissance 10). Mais la vue d’ensemble de cette implacable mécanique de conquête fait froid dans le dos, d’autant que l’épisode assimile clairement la [censuré] à la mouvance sectaire. Les amateurs des X-Files se régaleront des apparitions de Dave Duchovny (hélas seulement via des affiches) en caricature de comédien porte parole de la [censuré]. Une manière d’ironiser sur les rumeurs perpétuelles courant sur son compte (il agira de même bien plus tard, dans l’irrésistible Californication). Au total une charge bien plus terrible que nombre de postures moralisatrices ou offusquées. Le ridicule tue à coup sûr.

Mais, l’inouï Jose Chung’s Doomsday Defense atteint toute sa dimension et son audace en développant, davantage en sous main, une seconde mordante satire, cette fois contre MillenniuM elle même, jugée clairement prétentieuse comparée aux X-Files. Darin Morgan n’a au grand jamais adhéré au ton funèbre et crépusculaire de la série, parfois même morbide. Il va profiter que Wong et son frère Glen lui ait laissé carté blanche (également concernant la tonique mise en s cène) pour dresser ce qui s’assimile bien à procès, certes feutré, de la série. De manière tout à fait inédite, il faut bien constater que la grande majorité des piquantes et superbement dialoguées confrontations opposant Frank et Jose tournent à l’avantage de ce dernier, d’autant que l’abattage insensé de Charles Nelson Reilly répond toujours autant à l’appel. C’est bien Chung qui résout en premier l’affaire, grâce à son bon sens dégonflant une idole comme Nostradamus. On devine aisément que le joyeux et volontiers caustique Chung devient le porte parole de Darin, quand celui-ci fustige l’aspect sombre et prêcheur du Groupe et jusqu’à Frank lui même. Celui-ci se voit caricaturé dans ses attitudes et son penchant à tout perdre tragiquement au sérieux. Il en va de même de Giebelhouse, devenu parodie du policier télévisé de base ou Peter lui même, entre paranoïa et fascination pour Nostradamus. Un passage au vitriol certes quelque peu diffus, mais néanmoins présent de bout en bout. Même la mort sacrilège de Jose Chung semble souligner l’aspiration viscérale de MillenniuM au tragique. Jose Chung’s Doomsday Defense demeure bien l’un des chefs d’œuvre iconoclastes de Darin Morgan ;



Le populaire humoriste Charles Nelson Reilly avait déjà interprété José Chung dans l'épisode particulièrement décalé des X-Files qu'est Le Seigneur du Magma, déjà écrit par Darin Morgan (Jose Chung’s From Outer Space, 3.20). Il fut nominé aux Emmy awards pour sa participation à MillenniuM.

Duchovny apparaît sur les affiches de la [censuré], un moyen pour lui d'ironiser sur sa réputation erronée de proche de la [censuré] (Selfsophie ici).

Le nom de l’acteur selfologue Bobby Wingood est un clin d'œil au producteur des X-Files, Robert Goodwin.

Il s'agit du premier des deux épisodes écrits pour MillenniuM par Darin Morgan, le frère excentrique et particulièrement imaginatif de Glen Morgan, qui fit au combien merveille pour les X-Files. Très enclin à la comédie, Darin n'était guère désireux d'écrire pour MillenniuM mais Glen le convainquit en lui donnant carte blanche et en le laissant réaliser l'épisode. Darin Morgan commettra également l’éminemment particulier Somehow, Satan Got behind Me, cette même saison.

Jose Chung’s Doomsday Defense constitue également le premier cross over explicite entre MillenniuM et les X-Files. De nombreux fans de cette dernière série manifestèrent d'ailleurs leur colère après la mort du cultissime Jose Chung. L'épisode connut d’ailleurs l'une des plus basses audiences de la saison, l’information ayant fuité.

Le script de l'épisode circula et éveilla rapidement la colère des Scientologues, qui menacèrent de poursuites légales. Le duo Morgan & Wong dut rencontrer des responsables de la dite Eglise dans son centre de Los Angeles, et accepter que le nom de Selftology soit remplacé par Selfosophy. La tendance de l’organisation à faire pression sur les observateurs en recourant à la justice sera néanmoins largement moqué au cours du récit.

L'article de Chung sur la Selfosophie reprend la célèbre accroche du Anna Karénine de Tolstoï (Les familles heureuses se ressemblent toutes, les familles malheureuses sont malheureuses chacune à leur façon.), en remplaçant « familles » par « gens ».

Le texte de Chung est paru dans le magazine pour hommes Playpen, contraction évidente de Playboy et Penthouse.

L’hôpital psychiatrique aperçu dans l’introduction se nomme le Spotnitz Sanitarium, un clin d’œil au vieux de longue date de Chris Carter, l’auteur et producteur Frank Spotnitz.

Chung a écrit un livre intitulé To Serve Man (Comment servir l’Homme), dont Peter Watts espère qu’il ne s’agit pas d’un livre de cuisine. Il s’agit d’une référence au célèbre et hilarant épisode de La Quatrième Dimension portant le même titre. On comprend aisément que Darin Morgan soit sensible à l’humour noir et corrosif de cette fable !

Les visions de Frank sont issues des épisodes Pilot, Gehenna et Lamentation.

On entend les chansons Dance and Dream de Norman Chandler et Let's Get Goin de Johnny Lightning.

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Message  Dearesttara Sam 12 Mai 2012 - 21:57

RIP José Chung ! Sad

Darin qui dynamite MillenniuM, mais pourquoi ne suis-je pas surpris ? Razz

Au fait, entre celui-là et l'Outer space, tu préfères quel épisode ?
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Message  Estuaire44 Sam 12 Mai 2012 - 22:14

Je précise que le mot inexplicablement censuré par le Forum est bien Sc ientologie. Mystère.

Oui, c'est étonnant que Darin fasse tout sauter, on ne l'avait pas vu venir. Laughing

Sinon je préfère légèrement From Outer Space, pour son réci ttotalement éclaté. Celui de Doomsday Defense reste un poil plus classique. Les personnages du jour sont pareillement irresistibles de dinguerie, même si le taré de Roswell dans les X-Files reste le roi dans ce domaine.
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Message  Estuaire44 Dim 13 Mai 2012 - 21:06

La Nuit du Siècle (Midnight of the Century, 2-11, ****)
La veille de Noël, tandis que Frank recherche désespérément un cadeau pour Jordan, il reçoit un message de son père, Henry Black. Il n’y donne pas suite pensant que sa mère, qui avait le même Don que lui, est morte du refus d’Henry de l’admettre dans leur vie. Par la suite, alors qu’il se remémore le passé, un Ange énigmatique se manifeste à lui, évoquant le mystère de Noël. Le Don se manifeste alors avec force chez Jordan, qui perçoit sa grand-mère défunte. Celle-ci l’aide à dessiner l’un de ces Anges dont elle raffolait jadis. Après en avoir discuté avec Lara, Frank se rend chez son père. Une longue conversation0, d’abord malaisée, permet aux deux hommes de se redécouvrir, Frank s’apercevant en fait qu’Henry a toujours aimé et soutenu son épouse mais que le Don a dévoré celle-ci, lui rendant insupportable le monde réel et l’incitant à rejoindre les Anges. Depuis Henry attend : il a conservé l’Ange en porcelaine qu’il avait offert à sa femme pour le Noël 1946, juste avant son départ. Elle lui a promis qu’à travers lui elle lui enverrait un Signe annonçant qu’il pourrait enfin la rejoindre. Mais il le donne à Frank comme cadeau pour Jordan, estimant que la réconciliation avec son fils représentait le véritable Signe. Plus tard, Frank et Jordan perçoivent l’âme d’henry entrer sereinement dans l’Au-delà.

Episode fascinant et fort singulier que Midnight of the Century, Noël apportant un remarquable pendant à Halloween. The Curse of Frank Black, voyage similaire au sein de l’histoire personnelle de Black, se centrait sur ce dernier, alors qu’ici se voit abordé l’ensemble de l’univers de la série. Dans cet émouvant conte de Noël, mâtiné de mort et d’angoisse (on reste dans MillenniuM), il s’avère passionnant de voir l’ensemble des personnages de la série faire comme un pause aux abords de la Nuit du Siècle et révéler leur réalité profonde. Plusieurs scènes se révèlent particulièrement intenses, comme celle voyant Peter délaissant la mondanité de sa traditionnelle réception de Noël, où il invite à l’évidence d’éminents membres du Groupe, pour prendre à part ses deux prodiges et amis, Lara et Frank, lors une discussion nettement plus intime. Le toujours impressionnant Terry O’Quinn (à l’instar de l’ensemble de la magnifique distribution) apporte une vraie humanité à ce moment particulier où Peter tombe le masque pour évoquer son amour pour sa famille et son tourment personnel face à la tempête qui s’annonce. Il en va de même pour les confessions de Catherine ou de Lara, dont l’empathie avec Black fait encore une fois merveille. Chacun révèle ses failles secrètes mais aussi ses espérances, brossant un portrait d’ensemble d’une rare humanité. On apprécie vivement de voir les auteurs profiter de moment à part pour approfondir la personnalité des formidables figures marquantes de MillenniuM, sans jamais céder à la mièvrerie. Si l’on n’atteint pas tout à fait le raffinement et la stylisation de The Curse of Frank Black concernant Halloween, l’atmosphère de Noël se voit également parfaitement reconstituée par des décors superbes et très évocateurs, parfois prenant vie à travers les visions de Black. Tout l’épisode se montre splendide visuellement et bénéficie également d’une bande son parfaitement choisie, abordant avec goût les rivages de la musique dite classique.

L’incontournable visite de l’Ange demeure aussi énigmatique et ambivalente que lors de Powers, Principalities, Thrones and Dominions la saison précédente. Moins effrayant que lors des flamboyantes visions de Lara, les Anges tels que perçus par Frank demeurent néanmoins distants et ne manifestant guère d’empathie (on peut évoquer une certaine suffisance). Il n’y a toujours aucun secours providentiel à attendre de ce coté ! MillenniuM tient là une vraie spécifié, guère encourageante. Mais le cœur de l’épisode se situe bien entendu dans l’odyssée personnelle de Frank, abordant la tragédie intime vécu par sa mère, que son Don a dépossédé de sa vie, jusqu’à se réfugier dans la mort pour échapper à ces visions. On remarque qu’avec une infinie pudeur le terme de suicide n’est jamais employé. Les conséquences dévastatrices du drame sur les rapports du père et du fils sont évoqués avec une rare éloquence et c n’est pas le moindre des miracles de Noël que de découvrir la lumière de la réconciliation jaillir au cœur de cette si sombre nuit. Tout le long dialogue entre Frank et Henry se montre d’une rare intensité, la rencontre de deux comédiens aussi exceptionnels et à la personnalité si marquée que sont Henriksen et McGavin se révèle à la hauteur des attentes. Un très beau moment, il ne faut jamais désespérer de l’Humanité, semble nous souffler MillenniuM, au moment où la montée des périls s affirme toujours plus prononcée. Le seul véritable espoir pour celle-ci réside bien dans sa faculté à surmonter ses propres démons. A travers le portrait toujours captivant de Frank Black, la série s’affirme comme un véritable manifeste humaniste, particulièrement affirmé le temps d’une Nuit de Noel.


Henry Black est interprété par le formidable Darren McGavin, l'interprète de Kolchak The Night Stalker, série inspirant Chris Carter dans l'écriture des X-Files. Il jouera ultérieurement l'ancien agent du FBI Arthur Dales, ami de Fox Mulder. Glen Morgan trouva particulièrement judicieux que le Night Stalker soit le père de Frank Black. Le chanteur Johnny Cash fut brièvement envisagé, avant de tomber malade.

Les auteurs (Maher et Reind) avaient comme mission initiale de composer un épisode de Noël effrayant. Après avoir visionné de nombreux films sur le sujet, ils optèrent pour revisiter A Christmas Carol, le classique de Dickens. Frank devait recevoir la visite de trois esprits de serial killers, passé, présent et à venir. Glen Morgan refusa l'idée, la jugeant trop proche de celle de l'épisode sur Halloween, The Curse of Frank Black. Il fut alors décidé d'écrire un voyage spirituel de Black, relié à sa famille.

Il est indiqué que la mère de Frank est morte en 1946. Or, d'après les dossiers du Groupe, découverts dans l'épisode final Goodbye To All, Frank est né le 21 juillet 1947.

On entend la Danse arabe du Casse-Noisette de Tchaïchovski. Elle remplace le traditionnel indicatif de Snow scandant les différentes parties du récit.

Comme cadeau de Noël, Roedecker offre à Black un classique du film d'épouvante, Black Christmas (1974). Morgan & Wong en réaliseront un remake en 2006. Frank lui offre un Tamagotchi, jouet alors en vogue.

L’épisode fut diffusé le 19 décembre 1997, effectivement à l’approche de Noël.


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Message  Estuaire44 Lun 14 Mai 2012 - 2:15

Goodbye, Charlie (Goodbye, Charlie, 2-11, ***)
Le bon Dr Kiley prodigue généreusement une mort rapide et sans souffrances aux personnes en stade terminal d’une maladie, au moyen d’une injection massive de penthotal. Il pousse l’amabilité jusqu’à accompagner le passage d’une chanson apaisante. Evidemment ses amis sont bâillonnés et ligotés, peut-être pour parer à une malencontreuse pulsion les faisant s’accrocher à la vie. La jouissance physique qu’il éprouve quand il exerce le pouvoir du choix entre la vie et la mort n’entre évidemment pour rien dans son action. Mais tel n’est pas forcément l’avis du groupe Millennium, qui, perplexe, envoie sur ces traces Frank et Lara. Frank, aidé par les intuitions de Lara et l’aide du solide inspecteur Giebelhouse, trace progressivement le profil psychologique de ce tueur en série original, totalement indifférent au sexe des victimes et se persuadant d’agir pour leur bien. Arrêté, Kiley se révèle lui même mourant d’une leucémie. Il est libéré pour manque de preuves matérielles, mais Frank et Lara interviennent à temps pour empêcher le grand projet de Kiley, le suicide assisté de tout un groupe de volontaires. Contrairement à ses promesses, il ne s’était par contre pas joint à eux et s’est échappé !

Après plusieurs opus hors normes et une introduction très réussie par son incongruité horrifique, on en revient à une narration plus classique, avec cet épisode solidement charpenté, retrouvant plusieurs accents de la première saison. Le récit se suit tout du long avec un vif intérêt, grâce à une intrigue solide, où les éléments matériels, souvent astucieux, se mêlent habilement aux déductions psychologiques. Le scénario rend d’ailleurs un bel hommage à Giebelhouse, certes moins surdoué que ses deux acolytes (dans tous les sens du terme), mais dont le professionnalisme et l’efficacité policière compte pour beaucoup dans le succès. Il apparait bien comme un précieux personnage secondaire pour MillenniuM. L’élément le plus fascinant de la traque demeure néanmoins, comme au bon vieux temps, l’abyssal profil psychologique de ce tueur en série, dans lequel Frank nous entraine étape par étape. Même dans un créneau plus balisé que durant les récents opus, Henriksen demeure d’ailleurs absolument fascinant. Parallèlement à l’enquête. On apprécie également vivement les dialogues entre Frank et Lara, s’autant que celle-ci fait preuve d’un humour cynique et parfois vachard envers son chéquier et ami. L’absence de Peter renforce leur proximité. Divertissant, mais aussi émouvant quand on sait qu’l s’agit d’une carapace dont elle se sert pour dissimuler son désarroi intérieur. Le scénario délivre également quelques retournements de situation réussis, avec ces liens en définitive volontaires ou le refus final de Kiley de s’appliquer sa propre doctrine.

Les décorateurs de la série se montrent toujours aussi inspirés dans leurs créations, comme ce sinistre hôpital désaffecté où Kiley s’approvisionne en penthotal contenu dans d’antiques bouteilles en verre et où il conserve en reliques les corps décomposés de ses premières victimes. Le tueur lui même se montre captivant par son ambivalence. Tucker Smallwood se montre parfait et d’une ébouriffante conviction. C’est notamment le cas lorsque la folie de son personnage devient patente et que, derrière le discours, émerge le délire mégalomaniaque de se ressentir comme la Mort en personne. On luit doit plusieurs scènes brillantes, estampillées MillenniuM, comme sa fureur aussi ardente que sincère devant le cadavre d’un malade n’ayant pas bénéficié de son intervention, ou le dialogue passablement original de son interrogatoire par Frank et Lara, se basant notamment ur le dossier médical de Bobby Darin, mort à 38 ans du fait de graves problèmes cardiaques. Goodbye, Charlie ressort comme un épisode convaincant à défaut de sortir tout à fait des sentiers battus de la série et toute saison nécessite de tels opus pour pouvoir tenir une distance atteignant plus de 20 jalons. On suit un peu moins quand les auteurs utilisent le cas de Kiley lors d’une interrogation sur l’euthanasie. Quand le médecin se livre à un vrai lavage de cerveau pour en convaincre son patient, les termes du débat deviennent faussés.


La citation du jour est Rentrons, le brouillard se lève (Let us go in, the fog is rising). Il s'agit des dernières paroles de la poétesse américaine Emily Dickinson (1830-1886).

Goodbye Charlie est une chanson de Bobby Darin (1964), le chanteur préféré de Frank Black, régulièrement entendu au cours de la saison. L'un de ses plus grands succès, cité en coursd'épisode, Beyond the Sea, a également donné un titre aux X-Files. Goodbye Charlie est interprétée par Kiley pour accompagner le départ d'Eleanor et Frank écoute Darin en fin d’épisode.

On entend également Season of the Sun, de Terry Jacks et The Right Side of Wrong, de Marty Jensen.

Kiley évoque le Syndrome de Lou Gherig. Ce célèbre joueur de baseball, décédé de la sorte en 1941, donne ainsi sa désignation américaine à la Maladie de Charcot. Son nm scientifique est la sclérose latérale amyotrophique, voyant les divers muscles se paralyser progressivement, du fait d’une dégénérescence des neurones laissant néanmoins intactes les capacités intellectuelles.

Steven Kiley est pseudonyme choisi par le tueur. Il s’agit du nom d’un des deux héros de la série médicale Dr. Marcus Wilby (1969-1976), très proche de ses patients.

Tucker Smallwood (Kiley) est un acteur fétiche de Morgan & Wong, apparaissant dont nombre de leurs productions. Il participe également à Enterprise et aux X-Files, dans lequel il joue le shérif massacré par la famille dégénérée de La Meute.

Quand elle pianote sur son ordinateur, Lara arbore un tee-shirt dédié aux Ramones, groupe dont l’ultra Geek Ringo Langly est également fan dans les X-Files.

Le mot de passe vocal de Lara lui permettant d’accéder aux bases de données du Groupe Millennium est Open the pod bay doors, HAL, une référence au film 2001, Odyssée de l’Espace.

La peinture, dont Kiley orne rituellement ses cérémonies funèbres montre des Grecs antiques manger des noix, symbolisant la prophétie de la vie éternelle post mortem. Mais il s’agit en fait de Romains, le tableau s’intitulant Romains de la décadence, le chef d’œuvre du Français Thomas Couture (1847). Il est exposé au Musée d’Orsay.

Il reste 721 jours avant l’an 2000.


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Message  Estuaire44 Lun 14 Mai 2012 - 22:04

L’Éveil (Luminary, 2-12, ***)
Catherine présente les Glaser à Frank. Leur fils Alex, un brillant étudiant promis à un grand avenir, a disparu lors d'un voyage en Alaska, où les secours ont désormais renoncé. Il sont cependant certains qu'il est encore vie, perdu quelque part dans la forêt. Frank accepte de s'occuper de cette affaire, mais se heurte à alors au Groupe. En effet se situe au beau milieu d'un premier examen par les dirigeants de l'organisation. Ils doivent décider s'il a désormais surmonté la pulsion homicide survenue face au Polaroïd Man, afin d'accéder au cercle intérieur. Son départ tombe donc à un très mauvais moment, pour une cause jugée perdue. Frank passe outre, malgré les mises en garde de Peter, très irrité. Arrivé sur place, il constate que le jeune homme a abandonné toutes ses possessions, pour aller vivre en ermite au coeur de la forêt. Malgré le scepticisme du shérif local et les divers obstacles que le Groupe ne cesse de lui occasionner, Frank se met en route dans la nature sauvage. Il est guidé par des visions d'une aurore boréale, dont il apprendra plus tard qu'elle est due à une conjonction planétaire reliée au Millénium. Catherine perd tout contact avec lui et, paniquée, intervient auprès de Watts. Celui-ci lui révèle malicieusement que le Groupe a mis en place toute une expédition de secours, qu'il part diriger sur place. Frank découvre Alex, grièvement blessé. A bout de forces, il entreprend de le ramener vers la civilisation, jusqu'à rencontrer Peter, venu à la rescousse. Guéri, Alex reprend néanmoins son errance. Plus tard, le Groupe apprend à Frank qu'il a réussi sa véritable épreuve.


A priori rien de plus simpliste que le récit du jour, pour l'essentiel une exotique mission de sauvetage pour Frank, très linéaire dans son déroulement. On se situe évidemment fort loin des enquêtes complexes et de la subtile reconstitution du puzzle éclaté de la psyché des serial killers. On note également que le versant ésotérique et astrologique de l'histoire manque de substance et de profondeur, demeurant bien moins substantielle que ses équivalents antérieurs. Et pourtant cette bouffée d'air pur va apporter une originalité bienvenue à MillenniuM. Tout d'abord on prend plaisir à découvrir Frank en homme d'action vaillant et déterminé, ce qui nous change pour le moins de l'homme miné par la désagrégation de sa famille et ses doutes envers son action au sein du groupe. Cette évolution rejoignant celle de Catherine nettement plus à son avantage que sur l'ensemble de la série et davantage en empathie avec son mari. Les différents seconds rôles se voient également forts bien écrits, avec un amusant emploi des divers stéréotypes circulant en Amérique du Nord sur les rudes Alaskains, déjà popularisés à l'époque de la série de Roger Moore. Le pays du Klondyke et de Sarah Palin. A cet égard le casting de Brion James, grand spécialiste des rôles antipathiques, en tant que Shérif borné et ultra redneck fait réellement merveille !

Se détache également l’époustouflante splendeur des paysages naturels du nord canadien. Forets, montagnes et lacs composent un décor à la fois envoutant et pur, comme une promesse d’un nouvel Eden pour une renaissance de l’Humanité. Le contraste avec l’environnement habituellement sinistre et urbain de MillenniuM s’avère une nouvelle fois bien vu. Si l’épisode ne bénéficie évidemment pas de la force de frappe cinématographique de l’inouï Into the Wild. il reconstitue néanmoins avec souffle toute la fascination induite par le voyage à la fois intérieur et au long cours de Chris McCandless, ainsi que la beauté terrible, sauvage et innocente de la Nature. Aussi limpide soit-elle l’intrigue n’en exprime pas moins une savoureuse ambigüité sur l’action menée par le Groupe. Elle demeure en effet ambigüe sur le fait de savoir si celle-ci a été ourdie dès le départ où s’est progressivement adaptée à l’obstination de Frank, et donc en définitive sur la moralité de l’organisation elle même. L’épisode apparait également comme prophétique, l’une des interrogations majeures suscitées par la saison trois résidant sur le choix qu’opérera en définitive Peter Watts entre son amitié pour Frank et son allégeance envers le Groupe Millennium.


La peinture remarquée par Jordan dans le livre de Catherine est L'Apocalypse de St Jean l'Evangéliste. Elle appartient à un grand triptyque réalisé par le peintre flamand Hans Memling, de 1474 à 1479. Elle représente St Jean sur l'île de Patmos, recevant la vision de l'Apocalypse, que Jordan identifie à son père.

Le scénario se base sur la vie de Chris McCandless, qui abandonna un brillant avenir pour vivre en ermite dans le nord de l'Alaska, jusqu'à en mourir de faim (1992). Sa vie et son journal ont également inspiré le remarquable film Into the Wild (2007).

Le film du planétarium se conclue par The Time is Near, soit l'une des principales accroches de la série.

Mark Snow compose une nouvelle musique pour accompagner Black dans son odyssée au sein de la nature sauvage. Il estime qu'il s'agit d'une de ses meilleures écrites pour MillenniuM.


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Message  Estuaire44 Jeu 17 Mai 2012 - 16:46

La Chambre du Mystère (The Mikado, 2-13, ***)
Un site internet, nommé La Chambre du Mystère, montre une jeune femme attachée à une chaise, devant un mur sur lequel est affiché un numéro. Quand le nombre de vues égale celui-ci, elle est égorgée par un individu masqué, puis le site disparaît totalement. Divers indices contenus dans les numéros et dans des lettres envoyées à la police par le tueur indiquent que celui-ci n’est autre que l’insaisissable et surdoué Avatar, que Frank a déjà affronté en vain quand il travaillait au Bureau. Il s’est réactivé après des années de sommeil, visiblement excité les nouvelles technologies des réseaux. Aidé par Roedecker et les considérables mayens informatiques du Groupe, Frank débute une enquête difficile. De plus son Don n’agit pas sur ce qui véhicule par la Toile. Un duel où chacun tend des pièges retors l’oppose à Avatar. Il le mène à un théâtre désaffecté de San-Francisco, reconnaissable par l’indice des affiches du Mikado, où se trouve la Chambre du Mystère. Le dément semble alors menacer Black d’une arme. Mais avant de riposter ce dernier comprend qu’ils ‘agit d’une captive du tueur, grimée à son image. Le dernier traquenard d’Avatar a échoué mais il parvient à s’enfuir. Frank prévoit un nouveau réveil dans les prochaines années.

L’épisode souffre beaucoup aujourd’hui de ce qui constituait sans doute son atout maître en 1999 : son immersion particulièrement prononcée dans le nouvel univers des Autoroutes de l’Information, comme on disait jadis. Cet aspect technologique apparaît clairement comme sa justification première et le cœur du travail mené par les auteurs, or il s’agit d’un domaine où l’obsolescence se montre des plus rapides et redoutables. Le côté désuet des divers hardwares et softwares présentés ne constitue cependant pas le plus dommageable (cela suscite même un aspect documentaire parfois distrayant). On subit particulièrement le sérieux et le premier degré avec lequel sont énoncés tous les lieux communs de l’époque concernant l’Internet, prononcés sur un ton vaguement apocalyptique, alors même que tout cela, avec les bons comme les mauvais côtés, est désormais intégralement passé dans notre quotidien. Ce vaste catalogue, réalisé avec sérieux, paraît également bien appliqué, finissant parfois par appesantir le récit par la trop grande importance donnée à a la mise en scène des potentialités des réseaux. A son échelle, The Mikado pâtit de la même ironie que l’ensemble de la littérature Cyberpunk, captivante dans les années 80, quand elle prophétisait l’avènement du Cyberespace, puis dépossédée de son objet même, quand la véracité de ses prédictions s’est vue confirmée. Dans cet environnement Roedecker trouve enfin autre chose à exprimer que son humour puéril mal dégrossi, mais l’on se situe tout de même toujours à des encablures du Ringo des Bandits Solitaires. Ayant sans doute fait le tour du sujet, les auteurs ne le feront d’ailleurs plus apparaître ultérieurement. La deuxième saison continue à s’améliorer et à évacuer plusieurs des erreues accomplies lors du virage initial trop brutal impulsé par Morgan & Wong.

L’épisode trouve un second souffle dans son évocation éloquente et, hélas, convaincante, de l’aime moral constitué par le voyeurisme malsain du public. Quelque soit la modernité des technologies employées, en remontant jusqu’aux jeux du Cirque, celui-ci reste toujours d’une triste actualité, atteignant jusqu’à Peter et Frank, à leur corps défendant. L’aspect à la fois Grand-Guignol et très stylisé de la Chambre transforme effectivement la Mort en un spectacle abdominale, dans un effet particulièrement troublant. Au-delà de l’horreur absolue de ses mises en scènes, comptant sans doutes parmi les tueries les plus éprouvantes de la série, Avatar se montre également un fascinant adversaire. Son côté ludique dévoyé et mégalomane, quasi à la Diabolical Marstermind (version MillenniuM, c'est-à-dire qu’un Prendergast représente un aimable convive) apporte comme un arrière goût des bondissants duels des Sixties à sa confrontation au long cours avec Frank Black. Un aspect de culture populaire encore souligné par le terme ou l’esthétique de la Chambre du Mystère, que ne démentirait pas Gaston Leroux, où son affublement si semblable à celui des conjurés de Cigares du Pharaon. Evidemment, selon la loi d’airain du genre, il s’échappe à la fin, tandis que Frank envisage déjà un duel futur. Un aspect original, qui vaut à Avatar de demeurer particulièrement apprécié chez les amateurs de la série. On lui doit également quelques forts moments de suspense forts, à l’impeccable mise en scène, comme l’investissement de la caravane piégée par la police, Frank explorant le théâtre désert, accompagné par grand air du Mikado ou le remarquable twist final.


Dans le cimetière où est retrouvée la tête de la première victime d'Avatar, une croix porte le nom de Hans Renker, un clin d'œil au superviseur de la peinture des décors de la série, mais aussi de ceux des X-Files.

Avatar est largement inspiré de Zodiaque, un serial killer ayant sévi à San Francisco de 1968 à 1976 et procédant de manière très similaire (notamment de nombreux messages envoyés à la presse et à la police). Comme Avatar, il ne fut jamais arrêté. Il a revendiqué 37 meurtres, mais certains spécialistes lui en imputent bien davantage. Après une ultime lettre envoyée à la police en 1978, il ne se manifestera plus. Le Tueur du Zodiaque, l'un des serial killers ayant suscité le plus de littérature, a également inspiré de nombreux personnages à l'écran, dont Scorpio, le premier adversaire de l'Inspecteur Harry. L'enquête est périodiquement relancée (notamment en 2008/2009) mais n'a jamais connu de résultat probant.

Le diabolique Avatar compte parmi les adversaires de Black les plus populaires et remémorés au sein des fans de MillenniuM. Il ne reviendra pas affronter Frank Black durant la saison 3 ;

The Mikado est ne opérette très pouplaire chez les Anglo-saxons, composée en 1885 par le duo britannique spécialiste du genre Gibert et Sullivan. L’action se déroule dans le Japon médiéval, le Mikado étant la désignation traditionnelle de l’Empereur. On entend l’un de ses airs les plus connus, Behold the Lord, High Executioner, durant l’exploration du théâtre par Frank.

Roedecker effectue ici son ultime apparition, sans qu’une explication soit donnée à, sa disparition. On l'aperçoit en train de jouer avec le Tamagotchi que Frank lui avait offert à Noël.

L'auteur Michael R. Perry explique qu’il avait été inspiré par les premières utilisations de webcam, survenues au printemps 1997. Il a veillé à ce que l'aspect informatique de l'épisode soit le plus réaliste possible. Dans un premier temps il avait prévu qu'Avatar soit réellement Zodiaque, mais l'idée fut repoussée par la Fox. Il fut ensuite envisagé de le nommer Oméga mais Lance Henriksen réalisait alors des publicités pour le fabriquant de montres, d'où le choix final d'Avatar, un terme également informatique.


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Message  Estuaire44 Ven 18 Mai 2012 - 20:00

Les Aliénés du Diable (The Pest House, 2-14, ***)
Plusieurs meurtres particulièrement abominables se déroulent aux alentours d'un hôpital psychiatrique abritant des maniaques homicides particulièrement dangereux. Les massacres successifs imitent le modus operandi de plusieurs d'entre eux, mais ces personnes sont toujours sons écrou au moment des faits. Aidé par Peter, Frank enquête au sein de l'hôpital. Il se heurte cependant à l'hostilité du Dr Stoller, adepte d'un approche positive de la folie et d'une seconde chance offerte aux malades . Elle accepte mal la la suspicion envers ses patients, comme envers ses travaux. Il s'avère que l'un de ses collaborateurs, Edward, a le pouvoir de s'emparer des rêves hallucinés des déments. Il a d'abord tenté de s'en servir comme d'une thérapie, mais ce sont ces pulsions qui se sot emparées de lui, l'amenant à reproduire les meurtres imaginés par les psychopathes. Ces derniers, amputés d'une partie de leur personnalité, deviennent encore plus instables qu'avant. Edward est désormais devenu dépendant de cette vampirisation psychique. Découvert, il tente d'abattre Frank et Stoller. Mais il est à son tour tué par l'un des malades qu'il a traité, heureux de pourvoir commettre un meurtre utile.

The Pest House, ou quand MillenniuM rencontre Wes Craven. Les auteurs, admirablement secondés par la percutante mise en scène d'Allen Coulter, ont en effet l'excellente idée de constituer les meurtres scandant le récit en tableaux vivants (provisoirement) reconstituant différents thèmes classiques des Slasher Movies et autres légendes urbaines. L'effet Scream joue à plein, alors que les deux premiers opus de la saga viennent de connaître un grand succès en 1996 et 1997 (l'épisode est diffusé en février 1998). Si l'inspiration apparaît manifeste, l'épisode ne se contente pas d'y surfer et mène cette opération avec le plus grand soin et un vrai raffinement de détails, ce qui lui apporte un revigorant humour noir. L'inévitable entrée en lice de l'emblématique Hook Man survient lors d'une mémorable scène introductive, là encore bien dans l'esprit Scream, bien avant que Supernatural ne se penche à nouveau sur le sujet en 2005. Les autres scènes du même acabit se montrent également remarquables, d'autant que l'on goûte sans réserve la subtile inversion des Griffes de la Nuit que constitue l'astucieux scénario. Au lieu d'être immergées dans le plan onirique, les victimes voient fondre sur elles l'essence même des cauchemars, au sein du monde réel.

Un bel exercice de style, où le talent d'écriture de Morgan & Wong fait merveille. Le récit ne limite d'ailleurs pas à ce chapelet d'horreurs particulièrement suggestif et se prolonge efficacement au sein de l'hôpital. Les différentes démences rencontrées nous vaut également plusieurs moments forts, filmés avec une crédibilité aussi étonnante qu'effrayante, sans fioritures inutiles. Le tout s'insère avec harmonie au sein d'un décor au sordide judicieux, loin du gothique exacerbé d'un Arkham Asylum. Coulter exploite avec une optimale efficacité les diverses potentialités de l'endroit et de ses longs couloirs, afin de susciter une ambiance des plus inquiétantes, notamment lors de l'affrontement final en huis clos, parfaitement anxiogène. On en peut que regretter l'absence perpétuelle de Kim Manners au sein de MillenniuM, mais Allen Coulter s'impose ici comme étant bien davantage qu'un remplaçant honorable.

Deux bémols viennent cependant atténuer la réussite de cette balade réussie au sein du film d'épouvante moderne. Tout d'abord, afin de prolonger quelque peu artificiellement l'action et la ronde des tueries, Frank se montre sensiblement moins performant qu'à l'accoutumée. Il demeure embarrassant que le public ait depuis longtemps compris de quoi il en retournait, alors que le héros, pourtant à son affaire demeure aussi longtemps à la traîne. De plus, conformément u plan initial, le Dr. Stoller se résume elle même aux clichés propres à ce type de personnage. Cela présente le mérite de la cohérence mais limite de manière réellement frustrante la remarquable prestation de Melinda McGraw, cantonnée à un registre loin de la subtilité évanescente de Melissa Scully. De ce fait la rencontre avec Lance Henriksen ne tient pas tout à fait ses promesses, ce sentiment aurait sans doute été atténué avec une actrice moins attendue. Toutefois The Pest House bénéfice de l'apport de nombreux excellents comédiens pour ses seconds rôles. C'est notamment le cas pour Louis Ferreira, absolument parfait dans l'expression de la double, sinon multiple, personnalité d'Edward.


Quand Frank et Peter montrent une photo de la victime à Woodcock, celle-ci change, passant d'une vue d'ensemble à un gros plan sur le visage.

Pour une fois, l'écran ne vire pas au blanc lors de l'ouverture de l'épisode.

Après que Black eut sauvé le Dr. Stoller à la station service, il l'emmène à l'hôpital. Mais au lieu de repartir dans la bonne direction, ils suivent celle prise par le tueur, alors qu'il s'éloignait de l'établissement.

Le Dr Stoller est interprétée par Melinda Mcgraw, qui incarnait Melissa Scully, la défunte sœur de Dana, dans les X-Files. Elle a depuis réalisé une très belle carrière dans les séries télévisées (Ally McBeal, Bones, Desperate Housewives, West Wing, Mad Men etc.). Dans Men of a Certain Age (2010-2011) elle interprète Erin, dont Terry, joué par Scott Bakula, est amoureux.

Plusieurs acteurs participant à l'épisode sont également à la veille de connaître un excellent parcours : Michael Massee, Brendan Fehr, Louis Ferreira, et Darcy Laurie. Ces deux derniers deviendront ainsi des figures régulières de Stargate Universe (2009-2011).


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Message  Dearesttara Ven 18 Mai 2012 - 20:11

Carrément deux captures de Mélinda ! love Merci Estuaire ! Very Happy
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