Série ''Histoires Fantastiques'' - Amazing Stories

La Mauvaise Tête (Go to the Head of the Glass, 2-08, ****)

Auteurs : Bob Gale
Réalisateur : Robert Zemeckis

Tyrannisés par leur professeur de littérature anglaise, un couple d'étudiants va se venger en lui jetant un sortilège. Désormais le corps et la tête du professeur sont séparés. Cela ne va pas améliorer son équilibre mental, déjà passablement compromis, ni améliorer la situation des jeunes.

Hilarant et ultra tonique épisode que celui-ci, dont la réussite rappelle celle de son équivalent de la saison 1, Mummy Daddy, avec un mort-vivant pareillement en folie. Zemeckis et Gale ont la même énergie que lors de leur cultissime Retour vers le Futur, qui vient de triompher l'année précédente en 1985. Peut-être est-ce statut qui leur permet de remiser au placard toute les conventions d'Amazing Stories et d'écrire leur épisode bien à deux, parodique en diable du Gothique et surtout complètement frappé de A à Z, pas seulement du fait du Fantastique. Parce qu'ils ne sont pas les seuls à débarquer de la DeLorean, ils ont eu la bonne idée idée d'emmener avec eux le formidable Christopher Lloyd. Autant dire que 2,21 gigawatts sont instantanément transférés dans le moteur de l'épisode. Le génie de l'acteur nous vaut un professeur  de littérature totalement taré et énorme, plus grand que la vie, Shakespearien et 80's à la fois, c'est dire.

On adore que Zemeckis consacre pas mois d'un bon quart de l'épisode à simplement nous offrir le show (le prof déblatérant sur le sexe et humiliant ses élèves à plaisir) avant même que de commencer à réellement installer l'intrigue. A côté, Doc Brown c'est une tasse de lait tiède. Gale parvient également à développer efficacement l'idée originale, ce qui n'a pas toujours été le cas jusqu'ici dans l'anthologie. Il ménage suffisamment de rebondissement et d'effets joyeusement horrifiques pour entretenir l'intérêt, avec de belles références 80's également (la tenue de Madonnette de l'étudiante, tellement caricaturale). Jusqu'au bout Zemeckis impulse un train réellement d'Enfer au récit tirent le meilleur parti d'un budget demeuré plus que cossu en saison 2. Rien que l'animation de la tête tranchée reste un authentique chef d’œuvre. Sincèrement, elle impressionne encore en 2024, car heureusement sans image de synthèse. Évidemment tout cela demeure au service quasi exclusif de Lloyd, les jeunes comédiens jouent essentiellement les utilités , mais avec une belle conviction. Une chute enfin non heureuse, vient couronner le succès de l'épisode, pour la toute première fois de l'anthologie. Pour le coup, on se rapproche vraiment des Contes de la Crypte.

Un puits d’or (Thanksgiving, 2-09, ***)

Une jeune femme et son désagréable beau-père vivent de champs désertiques où ils recherchent de l'eau. Le jour de Thanksgiving, ils découvrent un puits d'où ils retirent de l'or. Mais ce puits est habité par de minuscules créatures que la jeune femme va mieux comprendre que son beau père obsédé par l'or.

L'épisode peut apparaître au choix comme un remake de The Little People de The Twilight Zone ou comme un précurseur du Flatline de Doctor Who. Tous s'avèrent en effet basés sur le thème similaire d'un peuple minuscule, voit plat, ayant une vision inévitablement tronquée de notre univers. Sur le sujet, on ne fera jamais aussi bien que le Flatland d'Edwin Abbott Abbot (1926), grand classique d'une Science-fiction moderne encore à son aurore, mais chacun de ces opus s'avère intéressant. Si elle demeure sans doute la moins brillante du lot (la barre reste haute, même si Flatline n'est pas de Steven Moffat), la version Amazing Stories bénéficie néanmoins de solides atouts. D'abord une magnifique localisation avec ce no mans land désertique brûlé par le soleil, somptueux pour les yeux et cadre idéal d'un huis clos que le récit sait rendre intense.

La distribution vaut également le coup d’œil, avec un David Carradine parfait sur le registre menaçant qui fut souvent le sien en dehors de Kung Fu, ainsi qu'une très jeune Kyra Sedgwick (The Closer), à l'occasion de l'un de ses tous premiers rôles. Elle apporte beaucoup d'énergie et d'émotion à cette sympathique Redneck pur sucre. Une rencontre datant agréablement l'épisode, comme le démontre également l'ordinateur utilisé pour les effets spéciaux, rien de moins que le mythique Powernode 9080. Fichtre, nous sommes bien à l'époque de Halt and Catch Fire. Surtout la chute vaut par son bel humour noir estampillé Thanksgiving, de quoi - presque – oublié qu'il s'agit d'une conclusion morale très à la Amazing Stories : le méchant est puni et la gentille, récompensée.

Le Plus Gros Potiron (The Pumpkin Competition, 2-10, **)

Auteur : Norman Reynolds
Réalisateur : Peter Z. Orton

Dans son joli village très riche et avare Elma Dinnock est ulcérée de ne jamais remporter le concours annuel du plus beau potiron. Sa voisine l'emporte toujours, car elle les cultive avec amour. Un beau jour un scientifique lui propose un engrais miracle, contre 10 000 dollars.

Épisode pas foncièrement désagréable mais très anodin que celui-ci. A la mise en scène on espérait beaucoup plus de Norman Reynolds, directeur artistique de nombreux films de Steven Spielberg et de l'Homme qu valait Quatre Milliards. Sa reconstitution d'une Amérique rurale intemporelle s'avère jolie à défaut d'audacieuse, surtout elle idéalise cet univers comme je l'ai rarement vu à la télévision, jusqu'au ridicule. A côté, la Petite Maison dans la Prairie témoigne d'une rigueur janséniste. La morale de l'Histoire se voit révélée des la première confrontation entre les deux femmes, elle ne cessera jamais d'être rabâchée par la suite, par des personnages tous plus caricaturaux les uns que les autres. Une fois la méchante punie comme il se doit, on l'inflige du poncif de l'hystérie dite féminine, nous ne sommes pas allés dans les 80's pour rien. La musique guillerette finit par devenir envahissante. Mais on sauvera la performance de Polly Holliday, qui a la bonne idée de jour la protagoniste absolument comme la  Méchante Sorcière de l'Ouest, ce qui au moins irrigue l'épisode avec énergie et humour. C'est déjà ça.

Et si jamais… (What If…?, **)

Auteur : Anne Spielberg
Réalisateur : Joan Collins

Un enfant erre dans la demeure familiale, où ses parents ne s'intéressent qu'à leur propre vie et ne l'écoutent pas. Un à un, des objets se mettent à disparaître.

Outre qu'il nous vaut l'unique épisode écrit et réalisé par un duo féminin au sein d'une anthologie ultra dominée par les hommes (les 80's), What If ?, par la présence d'Anne Spielbreg, sœur de Steven, met en relief la relative mise en retrait de ce dernier. En effet, alors qu'il était à l'origine de l'écrasante majorité des scénarios jusqu'ici, il n'en écrira désormais plus qu'un jusqu'à la conclusion d'Amazing Stories. Peut-être a-t-il été informé de la non reconduction d'Amazing Stories et aura-t-il préféré se dédier à autre chose, ce n'était certes pas les projets qui lui manquaient à l'époque. En tout cas l'épisode porte bien la marque d'Anne Spielberg, qui s'est souvent intéressée (elle-aussi) à l'enfance durant sa carrière (Big, Small Soldiers). Malheureusement les bonnes intentions de What If peinent à convaincre. En effet une vraie atmosphère en apesanteur et surréaliste se voit crée au sein de cet appartement blanc et de plus en plus vide, on peut applaudir le travail des décorateurs et de la toujours fluide Joan Collins.

Malheureusement, comme trop souvent dans Amazing Stories, le scénario peine à développer leur idée initiale, et on finit par s'ennuyer au fil des déambulations du gamins et des disparitions d'objet, toutes deux très répétitives. La petite musique d'accompagnement lasse également assez vite, tandis que l'ensemble de la distribution ne pimente guère le récit. La sortie de l'appartement aide au moins à bâtir une théorie sur ce qui est en train de se passer (cela fait passer le temps) mais survient trop tardivement. On débouche ensuite sur une chute vraiment sortie du chapeau, passablement mièvre (avis personnel) et en tout cas survolant le sujet, les disparitions d'objets n'étant pas réellement expliquées. J'avais un temps espéré une sorte de remake du It's a Good Life de Serling, mais Amazing Stories demeure décidément moins transgressive que The Twilight Zone, l'enfance y est inconditionnellement pure.

Mémoire éternelle (Eternal Mind, 2-12, ***)

Auteurs : Julie Moskowitz
Réalisateur : J. Michael Riva

Aidé par son épouse, un informaticien travaille sur un programme permettant de télécharger la totalité d'un esprit humain. Quand il se découvre mourant, il devient le cobaye de l'expérience. Le couple peut continuer à filer le parfait amour après sa mort physique ; Du moins dans un premier temps.

Amazing Stories s'offre un épisode très dans l'air du temps, en cette décennie dorée pour les Cyberpunks. Si les intelligences artificielles, avatars et univers générés par ordinateurs sont déjà présents en littérature ou au cinéma (le pionnier Tron est sorti dès 1982), il faut reconnaître que l'anthologie se situe plutôt aux avant-postes des séries télé sur le sujet, Max Headroom ne surviendra en effet que l'année suivante, en 1987, de même que l'Holodeck de Star Trek TNG (et l'IA James Moriarty attendra 1988). Cette plaisante intersection entre séries télé et ce passionnant roman passionnant que forme l'histoire de l'Informatique se voit de plus prolongée par une excellente idée du réalisateur J. Michael Riva. Ce grand décorateur de cinéma choisit en effet de ne pas parer l'action d'éléments futuristes, mais au contraire d'éléments caractéristiques de l'informatique 80's. Cela nous vaut aujourd'hui un précieux témoignage du moment où le grand essor se met en place.

Évidemment les esprits rassis pourront point qu'avec ces imprimantes à aiguilles, ces commandes en MS-DOS et ces mémoires vives faiblardes, télécharger un esprit humain relève du ridicule. C'est bien entendu exact et cela n'a pas la moindre importance. L'effet se voit hélas en partie contrarié par le parti pris de l'autrice pour un mélodrame amoureux total, la seule véritable optique mise en place pour le récit. Les effets sont assénés sans subtilité et appuyés par une musique sirupeuse à souhait. On cherche vraiment  à faire pleurer le plus possible dans les chaumières quitte, selon les circonstances, à considérer l'IA comme une machine ou un être humain. Chaque personnage change plusieurs fois d'avis là-dessus, tandis que l'on évacue l'embarrassante question de l'euthanasie, pas de ça dans Amazing Stories.  Demeurent néanmoins le jeu sensible des comédiens ainsi que quelques troublantes confrontations entre l'épouse et l'écran, bien avant Black Mirror. Malgré ses limites, l'opus témoigne à sa manière du frisson ressenti lorsque tout un nouvel avenir s'ouvrit pour nos sociétés. Profitez-en, je ne serai pas grandiloquent tous les jours avec Amazing Stories.

L'Auto-stoppeuse (Lane Change, 2-13, *)

Auteurs : Ali Marie Matheson
Réalisateur : Ken Kwapis

Alors qu'elle roule vers la ville où son divorce doit être prononcée, une conductrice est prise dans une tempête. Elle prend à son bord une auto-stoppeuse âgée, affirmant être tombée en panne d'essence. Au cours du voyage, la conductrice croise inexplicablement plusieurs voitures où se déroulent des scènes de son passé.

Après un épisode écrit par le fils de Richard Matheson, consultant de l'anthologie (il a pris l'oseille en tout cas), en voici un l'étant par sa fille, tandis que l'auto-stoppeuse est jouée par Priscilla Pointer, belle-mère de Steven Spielberg alors marié à Amy Arving. Voilà, de série de potes, Amazing Stories vire à l'affaire familiale, ce qui reste d'ailleurs cohérent tant la famille et ses valeurs  y occupent de la place. Par exemple, j'ai trouvé assez détestable qu'une bonne partie des dialogues soit consacrée à dissuader la conductrice de divorcer, avec tous les arguments faisandés à la clef et avec comme summum le fait qu'y renoncer la sauve d'un accident mortel, le châtiment divin n'est pas loin. Même dans Les Routes du paradis on n'a aurait pas osé, vu en 2024, c'est, disons, baroque. Et ce n'est pas le seul problème  de l'opus.

Comme d'autres scénaristes de l'anthologie, Ali Marie Matheson semble éprouver du mal à faire tenir la distance à son idée première. Elle a donc recours à un procédé aussi éprouvé que cache-misère, les apparitions de voitures du passé se succédant sans coup férir jusqu'à la chute. Au moins sont-elles filmées avec une belle photographie participant à l'atmosphère surnaturelle.Le public aura compris le pot aux roses bien avant l'intéressée tant la vraie personnalité de l'auto-stoppeuse relève d'un poncif du Fantastique ou de la SF, Gotlib en riait d'ailleurs déjà dans la Rubrique à Brac (Hell's Bells, pour les amateurs de Buffy et de Xander). Le fait que la conclusion joue sur la sidération de l'ultime révélation ajoute une note de comique involontaire à l'affaire.

C'est effectivement lui qui sen sort le mieux, sa manière de rendre étranges les voitures d'époque croisées est le seul vrai point fort que j'ai trouvé à l'épisode. Pour le reste celui-ci se compose à 80% de deux personnes discutant dans une voiture sous la pluie, le metteur en scène ne peut pas faire des miracles (lui). Au moins fait-il partie des jeunes talents auxquels l'anthologie aura mis le pied à l'étrier, ce fut quasiment sa première réalisation pour la télévision. C'est déjà ça.

Un flic en moins (Blue Man Down, 2-14, ***)

Auteur : Steven Spielberg
Réalisateur : Paul Michael Glaser

Un policier vétéran se sent terriblement coupable de la mort de son jeune équipier, survenue durant une fusillade. Heureusement il fait désormais équipe avec une jeune femme avec laquelle il sympathise. Seul problème : il est le seul à la voir.

On pourra reprocher à l'épisode de manquer de subtilité sur son volet Fantastique. On devine immédiatement le pot aux roses et les apparitions sont vraiment caricaturales. Avec comme facteur aggravant, pour le public français, une relative proximité avec certaines scènes hilarantes de Kaamelott (oui, je parle de la Dame du Lac). En plus, à l'occasion de l'ultime histoire signée par Spielberg, l'anthologie se surpasse  en matière de fin heureuse improbable. Non seulement le policier triomphe du Big Bad au moment où son amie invisible lui fait inévitablement faux bond, mais tous ses problèmes se voient prestement évacués en fin d'épisode. C'est du brutal, comme le disaient les Tontons Flingueurs.

Mais tout cela n'apparaît en définitive pas si gênant que cela, car ici le Fantastique ne constitue que le ticket d'entrée dans l'anthologie. Car, en substance, l'épisode forme avant tout un vibrant hommage à la série policière des années 70. tous les passages obligés (y compris automobiles, avec les tanks super lourds de l'époque) s'y voient condensés avec talent, au sein d'une histoire nerveuse à souhait la poursuite du tueur, avec l'Inspecteur Harry en ligne de mire. Paul Michael Glaser était le parfait choix pour la réalisation. Outre une évidente passion, avec une ardente mise en scène caméra sur épaule au plus près de l'action (une singularité au sein d'Amazing Stories), il met en œuvre tout le savoir faire acquis dans Starsky et Hutch.

Achevée en 1979 cette série forma la queue de la comète de cette époque, peu de temps avant qu'Hill Street Blues ne révolutionne tout en 1981. Cela renforce encre le sentiment d'hommage, avec de plus une saveur de madeleine pour votre serviteur dont ces séries auront peuplé l'enfance (même si pas autant que Les Envahisseurs). L'excellent Max Gail porte également l’épisode avec émotion, lui qui débuta sa carrière dans ce type de productions. De la belle ouvrage.

Lucy (The Twenty-One-Inch Sun, 2-15, ***)

Auteur : Bruce Kirschbaum
Réalisateur : Nick Castle

En proie à la panne de;l'écrivain, un scénariste de Sitcom s'aperçoit que sa plante d'intérieur est devenue intelligentes et a développé un remarquable sens de l'humour grâce au rayonnement du téléviseur. Elle devient son partenaire d'écriture

De nouvelles retrouvailles entre Amazing Stories et la Sitcom fantastique façon années 60, ici directement référencée. On y retrouve à la fois les défauts et les qualités usuels de ce type d'épisodes au fil de l'anthologie. La production est magnifique, avec une animation de la plante souvent surprenante d'expressivité. Le récit se montre souvent dole, avec un humour davantage tonique qu'à l’accoutumée. On s'amuse également grâce à une interprétation de qualité tout en appréciant la poésie déjà très PIXAR d'une plante prenant vie à la lumière d'une télévision. Toutefois l'épisode passe derechef à côté de son sujet.

A lieu de se livrer à une vraie satire du monde des séries télé (Californication a prouvé que le sujet n'était pas aride), on se centre sur le Merveilleux du duo, avec un ton très Disney. Tout le monde est gentil y compris le protagoniste, qui ne se sert jamais de la plante comme d'un nègre, mais l'instaure en amie et partenaire d'écriture. Des efforts abondamment rémunérés, puisque, bien entendu, les sociétés de production veillent soigneusement à rémunérer  comme ils le méritent le travail et le talent, qui pourrait croire le contraire ? Une Success Story en forme de Conte de Fées, volontiers distrayante, mais qui surprend quand on connaît le parcours de Nick Castle au sein de films d'horreur autrement plus caustiques. A moins bien sûr  qu'il n'ait fourgué à Spielberg une rigolarde allégorie cryptée sur la weed, mais ce n'est pas possible, il n'aurait pas osé ?

Sans doute une faute d'orthographe : il me semble que c'est Rick et non Nick Castle

Je me suis aussi posé la question !

Chien de salon (Family Dog, 2-16, **)

Auteur : Brad Bird
Réalisateur : Brad Bird

Les membres d'une famille d’Américains très moyens fait de son chien le souffre-douleurs de leurs frustrations diverses.

L'épisode vaut par son côté décalé, étant le seul animé de l'anthologie. Maisn il s'agit moins d'un épisode à proprement parler que d'une présentation d'une série animée que Spielberg entendait confier à Brad Bird , alors récente prise de guerre d'Amblin chez Disney. Le procédé laisse songeur, illustrant surtout le pouvoir de Spielberg en son temps, avec tout un Network cédant à son caprice. Car Family Dog n'a rien à voir  avec Amazing Stories. Le Fantastique en reste ,absent hormis pour l'humanisation des sentiments du chien, comme souvent dans les dessins-animés (Tom et Jerry, par exemple). Quoiqu'il en soit, ce, en bon Français, « Pilot Backdoor » ne convainc guère. Si l'animation semble correcte, les dessins demeurent très quelconques, avis personnel.

Les personnages m'ont semblé plus antipathiques qu'amusants, hormis le benjamine décérébrée. Les voir s'acharner sur un pauvre chien devient rapidement davantage gênant que drôle, on est trop proche de la maltraitance animale tristement réelle. Dans ce type de situation on préfère que l'animal puise au moins avoir sa revanche du fait de son caractère ou de son esprit, comme pour Garfield ou Brian, d'ailleurs c'est tout Family Dog qui apparaît ici comme un premier jet inabouti de Family Guy. On comprend sans peine que Spielberg ait finalement attendu une décennie pour pouvoir concrétiser son projet, Tim Burton s'étant alors substitué à Brad Bird.

Ah ! Oui ! Le dessin rappelle furieusement "Frankenweenie" ! Pour avoir vu le film, je dois dire que ce n'était pas utile d'exhumer ce projet.

Sacré Gershwin (Gershwin's Trunk, 2-17, **)

Auteur : Paul Bartel
Réalisateur : Paul Bartel :

Grâce à une medium, un compositeur de Broadway établit un lien avec l'esprit de George Gershwin et en profite pour créer des œuvres à succès. Quand sa supercherie menace d'être découverte, sa réaction est féroce.

Sur un sujet plus cruel que l'ordinaire de l'anthologie, on espérait beaucoup de la présence de cette figure de l'humour noir et du cinéma indépendant, voire bis, que fut Paul Bartel, d'autant qu'il fut particulièrement en verve durant les 80's (Eating Raoul, 1982). De fait son personnage de policier décalé, à la fois sarcastique, menaçant et vénal, vaut le coup d'œil. On apprécie également la banse son ainsi que la reconstitution très à à la Film noir de Broadway. Bien entendu le caméo de Carrie Fisher constitue l'un des plus beaux guestings de l'anthologie (Carrie aura décidément connu bien rôles intéressants durant les 80's).

Toutefois il manque ici ce qui faisait le succès du récent The Twenty-One-Inch Sun : l'entrain et la drôlerie. Ici tout se montre sentencieux et bavard au possible, avec une conclusion tarabiscotée pour demeurer morale. D'ailleurs il s'agit exactement de la même que lors de The Pumpkin Competition. L'impavide protagoniste ne suscite guère d'enthousiasme, tandis que les théâtrales apparitions de Gershwin, sans doute conçues pour relever la sauce, relèvent du grotesque. Un épisode mineur, malgré de bonnes intentions.

Surprenant voisinage (Such Interesting Neighbors, 2-18, **)

Auteur : Jack Finney
Réalisateur : Graham Baker

Ayant récemment emménagé, une famille découvre que le quartier encore largement en construction  où elle vit fait l'objet de nombreux phénomènes surnaturels, voire de dérèglements temporels. Elle soupçonne ses étranges voisins d'en être à l'origine.

Jack Finney fut un auteur de SF souvent visionnaire. Son roman Body Snatchers fit l'objet d'un classique du cinéma de série B des années 50, puis d'un remake dans les années 70. De manière amusante, Amazing Stories nous propose le même schéma, mais télévisuel : la nouvelle Such Interesting Neighbors (1951) fut en effet adaptée dans l'anthologie Science Fiction Theatreen en 1955, avant de l'être ici. On avouera de rien avoir vu de l'anthologie des années 50, au programme pourtant prometteur et délicieusement antédiluvien. Je prends d'ailleurs note, ce n'est pas comme si je n'avais pas une liste de séries actuelles à voir en progression constante et apparemment infinie.

Amazing Stories tente bien  de conserver autant que faire ce peu le ton des productions paranoïaques des Fifties : Amérique déserte, une poignée de scènes réellement inquiétantes du type Poltergeist et plutôt réussies. Mais naturellement le naturel revient au galop. L'humour « bon enfant » de sitcom reprend vite le dessus, après des voisins totalement débiles et incongrus, tandis que la famille américaine respecte à la lettre la doxa spielberguienne : homme et femme cantonnés dans leur rôle le plus traditionnel (on se croirait dans l'Arcadie satirique des X-Files, mais avec un premier degré total), naïveté béate ambiante et gamin insupportable résolvant l'affaire grâce au Merveilleux de l'enfance. L'épisode conserve bien le sujet de la nouvelle et sa chute, mais le traitement en diffère largement et pas en mieux. On peut parier  que l'anthologie des années 50 est demeurée judicieusement davantage fidèle à la tonalité de sa propre époque, à confirmer quand j'aurai mis la main dessus. Allez, une ligne de plus sur la liste.

Diana (Without Diana, 2-19, *)

Auteur : Mick Garris
Réalisation : Lesli Linka Glatter

En 1946 Diana, la fille George et Kathryn, s'est perdue  dans les bois, mais ils n'ont jamais perdu l'espoir de la retrouver. Quarante ans plus tard,  Kathryn est mourante et Diana réapparaît pour  réconforter  son père. Mais elle a toujours huit ans.

L'épisode bat absolument tous les records en matière de mélodrame glucosé, avec un protagoniste n'arrêtant littéralement pas de chouiner tout au long du récit. La musique sirupeuse omniprésente devient réellement insupportable. En dehors de la niaiserie édifiante, totalement hors d'âge, de la conclusion, l'opus a tellement peu de choses à raconter que la mise en place de la visite du petit angelot parti trop tôt en occupe les deux tiers, ce qui ne prive d'ailleurs pas le dernier de se révéler paroxystique. Une télé édifiante des 50's à la dérive au beau milieu des 80's. On appréciera une jolie reconstitution historique, ainsi que la présence effectivement lumineuse de Gennie James, enfant star de l'époque. En 1985 elle participe d'ailleurs au formidable film Papa Was a Preacher, à côté duquel La Petite Maison de la Prairie relève du Satanisme marxiste-léniniste. Diana est diffusé en 1987, l'année de Hellraiser, Predator, Running Man, Angel Heart, Les Griffes du Cauchemar et, pour les cœurs particulièrement bien accrochés, Princess Bride.

Destination Altarus (Moving Day, 2-20, ***)

Auteur : Frank Kerr
Réalisateur : Robert Stevens

Le jeune Allan est contrarié quand il découvre que lui et ses parents vont déménager. Mais il est aussi très surpris quand il apprend qu'ils partent  pour la planète Alturus, bien loin de la Terre

Alors que son run approche de la ligne d'arrivée, Amazing Stories commence à joliment boucler la boucle en confiant la réalisation de l'opus au vétéran Robert Stevens, lui qui, il y a fort fort longtemps, tourna le pilote de The Twilight Zone. Pour le reste l'épisode relève d'un mélange de Teen Movie 80's de Sci-Fi très Age d'Or, peut-être un moyen de rendre hommage au Pulp cultissime ayant vraisemblablement inspiré le titre de l'anthologie, d'autant que ce type de magazine est référencé dans les dialogues. On pense par moment à L’Été de la Fusée, de Ray Bradbury, quand les Terriens partirent en famille pour Mars.Cela ne casse pas trois pattes à un canard, mais l'ensemble a de la fraîcheur et de la sensibilité, notamment pour la romance adolescente  compromise. C'est charmant, bien interprété par des visages connus de l'époque, tout en bénéficiant d'un budget toujours conséquent. Un bel hommage à ce type de SF simple et positive, Amazing Stries aura décidément été souvent à son meilleur quand elle rend hommage à des genres de littérature ou de films, peut-être aurait-il fallu davantage jouer là-dessus.

Parfois on fait ce que l'on peut avec ce que l'on a !

Miss Galaxie (Miss Stardust, 2-21, **)

Auteurs : Richard Matheson
Réalisateur : Tobe Hooper

Une plante humanoïde alien exige que l'organisateur d'un concours de beauté accepte des candidates venues d'autres planètes. Sinon il menace de détruire la Terre !

Avec ce final, Weird Al' Yankovic devient l'ultime jeune talent à qui 'anthologie aura mis le pied à l'étrier, à l'occasion de son premier rôle référencé (en dehors de ses clips musicaux parodiques et iconoclastes, un souvenir très 80's). Si Weird Al apparaît judicieusement recruté sur le registre de la farce, on demeure plus dubitatif quant aux autres aspects de l'épisode. On reste ainsi confondu devant le nom de Richard Matheson associé à une absence totale de scénario. En effet on parle ici d'un simple argument destiné à justifier l'ahurissante défilé sur scène de créatures improbables, sous la houlette d'un Weird Al en permanence au bord de l'apoplexie.  

L'intrigue ce n'est vraiment rien d'autre que cela, en plus de rajouter deux couches supplémentaires d de grotesque via l'homme plante et l'organisateur , tous deux complètement fracassés et joués en totale roue libre. Même si on espérait autre chose de la part du grand Tobe Hooper (Eaten Alive, Poltergeist, Massacre à la tronçonneuse, etc.) que ce registre de farce, c'est néanmoins autour de mise en scène que l'on entrevoit une solution au mystère. Car, malgré esthétisme... particulier,  cette succession d'Aliens demeure un tour de force illustrant le savoir-faire des équipes d'Amblin : photographie, animatronics, effets spéciaux... Sous cette optique l'opus deviendrait un hommage à ces talents n'ayant jamais fait défaut à cette anthologie toujours soignée visuellement, mais avec à boire et à manger de côté des scénarios. Un ultime tour de piste plutôt qu'un ultime épisode.

Fin de parcours pour Amazing Stories, la ligne directoriale ne m'a pas toujours convaincu et je préfère au total La Cinquième Dimension, mais production et interprétation sont toujours restés d'un haut standard. Et puis quand l'anthologie a décidé d'être drôle ou percutante, certes trop rarement, elle ne l'a généralement pas été à moitié, avec notamment des hommages et / ou parodies de genres volontiers irrésistibles. La promenade aura valu la peine, d'autant que les 80's s'y visitent de temps à autres.  

Total respect pour Estuaire qui a détruit sa soirée pour en finir avec cette série ! Vu la dose de sucre ingurgité, il ne faut pas faire d'analyse de sang avant longtemps !

Merci pour ces critiques savoureuses sûrement plus intéressantes que bien des épisodes !