Série "Game of Thrones"

Pour l'évolution ultérieur de Tyrion, ne pas trop m'en dire, je découvre la série au fur et à mesure que je la chronique. J'aurais voulu ne la regarder qu'après avoir lu les romans (quel naïf !) donc j'ai veillé à ne pas trop en savoir.

Sur le portrait physique de Tyrion, je ne sais pas si Tyrion est si hideux que ça ; en tout cas, avant la bataille de la Néra qui est fatale à son nez. "Edulcoration" est peut-être un peu fort. Après tout, il fallait un nain comme acteur, ce qui n'est pas forcément monnaie courante.

De mon modeste point de vue, si Tywin déteste son fils, c'est simplement parce qu'il est un nain alors que lui est un homme de prestance et que son fils Jaimie porte beau. Cersei a une beauté bien à elle. Après avoir eu deux beaux enfants, un homme fier comme Tywin Lannister ne pouvait que concevoir un dégoût à la mesure de son orgueil face à un nain qui faisait tache dans sa famille. Je me fais donc l'avocat du Lutin face au Lion !

Ok, j'avais cru comprendre que tu avais lu les romans !

Objection,  votre Honneur ! Dans ce début du roman, la rencontre entre Jon et Tyrion donne lieu à une description de ce dernier. il n'est pas seulement nain, mais aussi difforme et vairon (ce qui est rarement bien considéré dans un univers médiéval, surtout avec des bûchers se mettent à pousser de-ci, de-là). A mon sens, cela ne correspond pas à Dinklage.

Je verse cette pièce au dossier "Lord Tywin, cette grande âme incomprise" :

Tyrion Lannister, the youngest of Lord Tywin's brook and by far the ugliest. All that the gods had given to Cersei and Jaime, they had denied Tyrion. He was a dwarf, half his brother's height, struggling to keep pace on stunted legs. His head was too large for his body, with a brute's squashed-in face beneath a swollen shelf of brow. One green eye and one black one peered out from under a lank of hair so blonde it seemed white.

Spoiler:

Selon moi, la première cause du ressentiment paternel est que la mère de Tyrion soit morte en couche (cas fréquent au Moyen Age). Et je crois que pour comprendre Tywin et son parcours il faut voir à quel point il aura été un homme passionnément romantique, dont l'épouse aura illuminé toute son existence. Il va rendre Tyrion responsable de son veuvage, la difformité grotesque de son fils rendant plus cruellement ironique cette perte, la plu rappelant chaque jour. C'est sans doute injuste mais c'est une humaine faiblesse.

Pour remplir le vide de sa vie un autre veuf se consacrerait à l'épure musicale de la viole de gambe, mais le génie particulier de Tywin va le pousser à instaurer tout le système diplomatique et militaire littéralement continental (qu'à Winterfell, Ned ne perçoit pas, mais que Barathéon pressent), lui permettant d'asservir Westeros à sa dynastie. La Guerre des Cinq Couronnes est la revanche de Tywin contre le Destin, et un moyen de s'assurer que son épouse n'ait pas vécu en vain.  Alors, bon, oui, au prix aussi de quelques actes à la moralité que l'on va dire latérale, mais c'est le Jeu.

J'ai lu les romans. Désolé si je me suis mal exprimé.

Objection retenue ! Je dois m'incliner devant cette défense passionnée et impeccable de feu lord Tywin.

De son côté, Sophie Turner reste attachée à la série :

https://www.20minutes.fr/arts-stars/people/2848603-20200830-game-of-thrones-sophie-turner-nouvelle-proprietaire-trone-winterfell?xtor=EPR-212-[nl%20pop]---14926890007@2&utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=pop&_ope=eyJndWlkIjoiMGQ4OTU5OTcyMTM2YzNhNzQ1OThmZTU3YWU2YTJlYjQifQ%3D%3D

Scénario : David Benioff et D.B. Weiss
Réalisation : Brian Kirk

Résumé
Jon fait son apprentissage au Mur, Ned Stark de Main du Roi, Arya d’épéiste.

Critique
A des degrés divers, dans des situations différentes, les principaux personnages font un apprentissage. Cela inclue Joffrey à qui Cersei donne une cynique leçon de politique tout en maniant la « vérité alternative » avec une dextérité impressionnante.

Lorsqu’on apprend, il faut se mettre en disposition d’apprendre. Ainsi Ned Stark doit-il se reprendre lorsqu’il constate dans quel état financier est le royaume mais il ne tient pas sa langue quand il rencontre le Régicide, Jaimie Lannister. Joffrey écoute sa mère, Arya son professeur. Mais Robert, qui n’a visiblement jamais vraiment appris le métier de roi, humilie-t-il gratuitement Jaimie. Or, de plus en plus d’éléments infimes tendent à ériger la maison aux Lions en ennemie : « Tous ceux qui ne sont pas nous sont nos ennemis » affirme même Cersei.

Le Conseil du Roi est l’occasion de croiser de nouveaux personnages : lord Varys, le maître espion, incarné avec suavité et rigueur par Conleth Hill ; lord Petyr Baelys dit « Littlefinger » le grand argentier, ami de Caitlyn Stark et à qui Aidan Gillen donne une allure de renard et le grand mestre Pycelle, en état de décomposition cérébrale dirait-on. Les scènes au Mur, dans lesquelles Peter Dinklage donne une version plus « présentable » de Tyrion (preuve que l’on ne doit surtout pas le réduire au rôle de bouffon auquel il ne se prête que trop volontiers), sont également l’occasion d’une présentation du Lord Commandant Mormont mais aussi d’une description de l’état de la Garde de Nuit aussi délabrée que les finances du royaume. Mal gardé, mal gouverné, pauvre Westeros !

Informations supplémentaires :
L’extérieur de Port-Réal a une allure très « tropical » (présence de palmiers) alors que le roman le place davantage en zone tempérée.
Il s'agit du premier épisode de la série sans aucune mort d’aucune sorte, et reste le seul jusqu’à l’épisode 3-7.
Selon le roman original, ce n'est pas Tyrion mais Donal Noye, le forgeron de Castle Black, qui a réprimandé Jon Snow pour avoir humilié les autres recrues et lui a suggéré de se lier d'amitié avec elles.
Parmi les Dothraki, on note la présence d’Elyes Gabel, qui tiendra ensuite le premier rôle dans la série Scorpion.
Conleth Hill/Varys : acteur nord-irlandais, il tourne principalement pour la télévision : The Bill (1993), Suits, avocats sur mesure (2013), Dublin Murder (2019)
Julian Glover/Pycelle : acteur anglais, vu au cinéma dans La fille aux yeux verts  (1964), Les monstres de l’espace (1967), Les Hauts de Hurlevent (1970), L’Empire contre-attaque  (1980), Rien que pour vos yeux  (1981), Indiana Jones et la dernière croisade  (1989),  Vatel  (2000), Troie  (2004), Victoria-Les jeunes années d’une reine  (2009) et à la télévision dans An Age of Kings  (1960), Le Saint  (1964, 1968), Chapeau melon et bottes de cuir  (1965, 1967, 1968, 1969), Docteur Who (1965, 1979), Les Rivaux de Sherlock Holmes  (1973), Angoisses  (1975), Magnum  (1985), Casualty  (1989, 2011), Cadfael  (1996), Inspecteur Barnaby  (1997), Merlin  (2012), The Crown  (2019)

Scénario :  Bryan Cogman
Réalisation :  Brian Kirk

Résumé
Ned Stark enquête sur la mort de son prédécesseur. Le Mur accueille un nouvel arrivant, Sam, que Jon prend sous sa protection.

Critique
Les pions commencent à bouger sur l’échiquier de Westeros (et autres lieux). Si Port-Réal paraît calme, la « révélation » par lord Baelish de la présence incessante de « mouches », donc d’espions, de différentes obédiences indique que la Cour est un permanent lieu d’intrigues qui tiennent lieu d’un peu plus que de jeux de pouvoirs. On pense à la phrase de Fouché : « Quand trois personnes se réunissent, il y en a au moins une qui est à moi ». La réussite de la série est justement de donner du sérieux à ce qui pourrait n’être que clichés sur les rois. Le côté fantasy du propos se voit par le peu de temps consacré au gouvernement réel du royaume. Il n’y a pas de « politique » au sens moderne du terme mais, visiblement, la poursuite d’une volonté personnelle par le détenteur du pouvoir réel ; pour l’instant, Ned Stark. Sa recherche de la vérité sur la mort et les occupations de son prédécesseur inquiètent d’entrée, surtout pour lui.

Les deux faces du pouvoir, c’est que l’on perçoit de l’autre côté du détroit. A un Viserys qui confond fureur et autorité, et prend ses désirs pour la réalité, s’oppose désormais Daenerys qui affirme haut et fort mais plus calmement qu’elle est « khaleessi » donc reine quand lui-même n’est en fait rien du tout. Le fossé entre le frère qui se croit roi et la sœur qui est reine est désormais un abîme et il ne cesse de grandir. L’aveu de Daenerys qu’elle ne croit plus en un retour de Viserys sur le Trône de fer ni ne le souhaite (cette dernière affirmation est la plus violente) montre bien que la demoiselle perdue du premier épisode a mûri et réfléchi.

Les choses bougent au Mur avec l’arrivée de Samwell Tarly dit Sam aussi lourd qu’emprunté mais foncièrement gentil : l’opposé complet de l’habituel membre de la Garde de Nuit ! Les confessions réciproques de Sam et de Jon sont très révélatrices sur les caractères : elles forment également le ciment d’une solide amitié.

Informations supplémentaires :
Le titre de l’épisode vient d’une citation de Tyrion.
Premier rêve de Bran où il voit la corneille à trois yeux.
Première mention du chef sauvageon Mance Ryder.
Dernière apparition de Old Nan dans la série. L’actrice Margaret John est décédée en février 2011 à 85 ans, deux mois avant la sortie de la première saison. Bien que le personnage fasse plus d’apparitions dans les livres, les showrunners ont décidé de ne pas recaster le rôle par respect pour l’actrice. Il est donc indiqué dans la série qu’elle est morte de vieillesse, l’un des rares personnages de la série à le faire.
Seul épisode de la série dans lequel chaque acteur principal crédité apparaît.
Dans le roman ce n'est pas Petyr « Littlefinger » Baelish qui raconte à Sansa comment Sandor Clegane avait été marqué enfant, mais Sandor lui-même. Il prévient également Sansa qu’il la tuera si elle en parle à quelqu’un.
Kristian Nairn/Hodor : acteur nord-irlandais, vu à la télévision dans Rippert Street (2012, 2013), The Rookie (2018) et au cinéma dans Mythica, le crépuscule des Dieux (2016)
John Bradley-West/Samwell Tarly : acteur anglais, il tourne surtout pour la télévision : Borgia (2011), Merlin (2012), Robot Chicken (2019)
Isaac Hempstead-Wright/Bran Stark : acteur anglais, vu au cinéma dans La maison des ombres (2011)
Alfie Allen/Theon Greyjon : acteur anglais, vu au cinéma dans Deux sœurs pour un roi (2008), John Wick (2014), Jojo Rabitt (2019)

Le Congrès américain contre Bénioff et Weiss :

http://braindamaged.fr/29/09/2020/three-body-problem-les-createurs-de-game-of-thrones-critiques-pour-leur-nouvelle-serie/

Carnet rose dans la Garde de Nuit :

https://www.20minutes.fr/arts-stars/people/2871615-20200927-rose-leslie-kit-harington-attendent-premier-enfant?xtor=EPR-212-[nl%20pop]---14926890007@2&utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=pop&_ope=eyJndWlkIjoiMGQ4OTU5OTcyMTM2YzNhNzQ1OThmZTU3YWU2YTJlYjQifQ%3D%3D

Estuaire44 a écrit:George et la série

https://www.cnews.fr/culture/2020-09-30/game-thrones-sait-quelle-scene-george-rr-martin-le-moins-aime-dans-la-serie

Je suis d'accord avec lui. Cette scène m'avait quelque peu surpris par son manque d'envergure. Je comprends mieux maintenant !

Scénario : David Benioff et D.B. Weiss
Réalisation : Brian Kirk

Résumé
Ned refuse d’exécuter un ordre du Roi. Catelyn Stark amène Tyrion aux Eyriés.

Critique
Travailler auprès de Robert Baratheon n’est pas une sinécure et Ned Stark l’apprend chaque jour un peu plus jusqu’au point de rupture : il refuse d’approuver le meurtre de Daenerys. A cette occasion, on découvre que le Roi tremble devant la simple hypothèse d’une traversée, pourtant très improbable, du détroit par les Dothraki. C’est le triste lot des usurpateurs : ils savent qu’ils n’ont pas de légitimité et seul le temps peut rendre acceptable leur pouvoir. Mis en minorité par le Conseil, Ned Stark démissionne.

Il perd ainsi la protection que lui conférait sa fonction. Attaqué par Jamie parce que Tyrion a disparu, il doit se battre et le sang coule. C’est un premier point de rupture dans la trame narrative. Ce qui n’était qu’humeur et atmosphère commence à ressembler à une bombe à retardement. Murmures et complots, voilà la toile de fond. En capturant Tyrion et en l’amenant à sa sœur Lyssa, la maîtresse des Eyriés (splendide forteresse quoique sa première apparition soit en CGI et pas des meilleurs mais c’est une assez bonne adaptation du roman), qui est une femme pas très stable psychologiquement et doté d’un fils dramatiquement immature, Catelyn n’a fait que rendre plus complexe et dangereuse une situation générale qui apparaît brusquement bien moins stable que ce que l’on aurait pu y penser.

Informations supplémentaires :
A travers une leçon de Bran, on découvre les blasons et les devises des principales familles de Westeros…à l’exception des Lannister que l’enfant « oublie ».
Découverte d’une geôle des Eyriés : trois murs seulement, le vide étant le 4ème !
Dans les romans, la relation homosexuelle entre Renly et Loras est seulement implicite, alors que dans la série elle est représentée ouvertement.
La rencontre sanglante entre Eddard Stark et Jaime Lannister est très différente du roman. D'après le roman, il pleuvait ; Eddard et ses hommes montaient à cheval, pas à pied ; ils rencontrèrent les Lannister sur le chemin du retour au Donjon Rouge, pas en sortant du [censuré] ; Jaime n'a pas du tout participé aux combats, mais a dit à ses hommes de tuer les gardes d'Eddard, puis est parti; Eddard n'a pas été harponné par l'un des gardes Lannister, mais s'est cassé la jambe lorsque son cheval est tombé. C’était évidemment moins visuel et moins personnalisé.
Renly déclare qu'il est le quatrième en ligne de succession, après Joffrey, Tommen et Stannis - en omettant Myrcella et Shireen. Ce n'est pas une erreur, car selon les lois de succession royale de Westeros, les héritières sont derrière tous les héritiers mâles possibles. Ainsi, la fille d'un roi est derrière les deux jeunes frères, oncles et neveux.
Absence de Kit Harrington, Ian Glen et Emilia Clarke
Ian McElhinnet/ser Barristan Selmy : acteur nord-irlandais, vu au cinéma dans Secret défense  (1990), Michael Collins (1996), Rogue One: A Star Wars Story  (2016) et à la télévision dans The Bill  (1992), Queer as Folk  (1999, 2000), Coronation Street  (2005), Les Tudors  (2007), Titanic: De sang et d’acier  (2012), The Fall  (2013-2014), Rebellion  (2016), Krypton  (2018-2019), Docteur Who  (2020)
Finn Jones/ser Lorras Tyrell : acteur anglais, il tourne surtout pour la télévision : The Bill (2010), The Defenders (2017), Iron Fist (2017-2018)
Genthin Antony/Renly Baratheon : acteur anglais, vu dans les series Aquarius: The Summer of Love  (2015), Aquarius  (2015-2016), The Magicians  (2019)
Rory McCann/Sandor Clegan : acteur écossais, il a tourné pour le cinema dans Alexandre  (2004), Beowulf (2005), Hot Fuzz  (2007), Solomon Kane  (2009), Le Choc des Titans  (2010), xXx: Reactivated  (2017), Jumanji: The Next Level  (2019).
Conan Stevens/Gregor Clegan : acteur australien, il a joué dans Spartacus : le sang des gladiateurs (TV, 2012), Le Hobbit : un voyage inattendu (2012), Le Hobbit : la bataille des cinq armées (2014). Il tient le rôle pour cette saison uniquement.

Premier acteur retenu pour le préquel :

http://braindamaged.fr/06/10/2020/house-of-the-dragon-la-prequelle-de-game-of-thrones-trouve-son-roi-viserys-targaryen/

Si la production veut tourner "la Danse des Dragons", il va lui falloir débourser du fric ! Et beaucoup !

Vous avez des idées George, j'en suis fort aise. Et bien, écrivez maintenant !

https://www.20minutes.fr/arts-stars/culture/2881639-20201011-video-george-rr-martin-va-ressusciter-personnage-culte-game-of-thrones?xtor=EPR-212-[nl%20pop]---14926890007@2&utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=pop&_ope=eyJndWlkIjoiMGQ4OTU5OTcyMTM2YzNhNzQ1OThmZTU3YWU2YTJlYjQifQ%3D%3D

6/10 : Une couronne d’or (A Golden Crown)
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Scénario : Jane Espenson, David Benioff et D.B. Weiss ; d’après une histoire de David benioff et D.B. Weiss
Réalisation : Daniel Minahan

Résumé
Aux Eyriés, Tyrion confesse ses « crimes ». De l’autre côté du détroit, Viserys reçoit ce qu’il demandait.

Critique
Il y aurait une thèse universitaire à faire sur « La notion de justice dans Game of Thrones ». Le roi absout son beau-frère et exige la libération de Tyrion parce qu’il ne peut gouverner si les Lannister et les Stark sont à couteaux tirés. Accusé de meurtre, Tyrion s’en tire grâce à un duel judiciaire (une ordalie) après avoir amusé la Cour des Eyriés par sa « confession » qui n'était rien d’autre que la litanie drolatique et très imagée de ses frasques sexuelles. Incapable de comprendre sa situation réelle, Viserys est froidement exécuté sans autre forme de procès.

Dans le premier cas, deux versions contradictoires s’opposent mais il y a plus derrière l’opposition entre Ned Stark et Cersei Lannister. La seconde a fort bien appris que la meilleure défense c’est l’attaque et elle le fait bille en tête. Il ne s’agit pas de justice mais d’une lutte de pouvoir. Cersei a reconnu en Ned un homme capable de diriger donc un obstacle à son influence. Il est toujours dangereux d’être sur la route d’Agrippine.

On serait tenté de voir la plume de Jane Espenson derrière la « confession » de Tyrion car cette farce est un immense éclat de rire d’après les canons sombres et sérieux de la série ! Notons que le Lutin, s’il se montre léger dans sa prose, sait fort bien se servir de sa tête. La mine consternée de Catelyn Stark est éloquente : elle a sous-estimé son adversaire.

Quant à Viserys, il n’a jamais compris qu’il n’était rien ou l’a trop bien compris au contraire. Difficile à dire avec cet homme impatient et amer, rongé d’envie devant sa sœur qui devient pleinement reine, écrasé sous le poids de son nom et qui n’a jamais su se montrer à la hauteur de celui-ci.

Informations supplémentaires :
Seconde rêve de Bran avec la corneille à trois yeux.
Lorsque Viserys essaie de voler les œufs de dragon, il se moque de Jorah qui lui bloque le chemin en disant : « Et pourtant tu te tiens ici », ce à quoi Mormont répond : « Et pourtant je me tiens ici ». Selon des sources semi-canoniques, « Here We Stand » est la devise de la Maison Mormont. Il n'est pas clair s’il s’agit d’une référence intentionnelle.
La série commençant à la 17ème année du règne de Robert Baratheon, nous sommes en 298. Né en 276, Viserys meurt donc à 22 ans.
Absence de Nikolaj Coster-Waldau et Kit Harrington
C’est le seul épisode écrit pour la série par Jane Espenson.

Scénario : David Benioff et D.B. Weiss
Réalisation : Daniel Minahan

Résumé
Ned Stark se confronte à Cersei dont il connaît le secret. Au Mur, Jon Snow prête serment à la Garde de Nuit. Daenerys échappe à une tentative d’assassinat.

Critique
« Quand on joue au jeu des trônes, soit on gagne soit on meurt ». C’est la scène la plus forte de l’épisode quasiment décalqué mot pour mot du roman et elle détermine toute la série à venir. La phrase de Cersei (superbe prestation de Lena Headey toute en puissance retenue) est aussi révélatrice du caractère de celle qui la prononce : peu importe la vérité, c’est la force qui fonde le droit. Machiavel l’aurait sans doute prise pour modèle. Par son habileté et son absence de scrupules, elle se révèle la digne fille de son père. C’est en effet la première apparition de Tywin Lannister, seigneur de Castral Roc, l’homme le plus riche et le plus puissant des Sept Couronnes. Coup de maître avec le choix de Charles Dance pour ce rôle : il n’incarne pas Tywin, il est Tywin Lannister ! La volonté de puissance de ce dernier est impressionnante par la rigueur conceptuelle qui la soutient, par la pleine acceptation de ce qu’elle signifie. « Qu’ils me haïssent pourvu qu’ils me craignent » dit la sentence prêtée à Caligula. Une autre devise pour les Lannister.

Où est l’honneur dans ce « jeu des trônes » ? Le dernier à en avoir est nettement battu. Ned Stark s’écroule pour avoir voulu jouer selon les règles mais, dans sa chute, il allume la mèche qui va conduire le royaume à sa perte. La dernière scène est extrêmement tendue ; la mise en scène de Daniel Minahan lui confère une certaine ambiguïté alors que tout est joué.

Où est l’honneur ? Peut-être au Mur où Jon prononce ses vœux. Peut-être chez les Dothraki où ser Jorah regagne le sien en sauvant Daenerys du dernier coup de Robert Baratheon.

Le Roi est mort. Vive le Roi ! Vraiment ?

Informations supplémentaires :
Charles Dance (Tywin Lannister) a appris à écorcher un vrai cerf dans sa toute première scène. Selon D.B. Weiss et David Benioff, la scène a nécessité environ 50 prises.
Tywin Lannister fut Main du Roi Aerys II « le Roi Fou » durant l’essentiel du règne de celui-ci (entre 262 et 281 après la Conquête). Selon les chroniqueurs, ce fut le plus jeune à occuper ce poste (à 21 ans) mais un des plus compétents.
C’est le seul épisode de la série où l’expression « jeu des trônes » est prononcée.
Jorah dit qu’Aegon le Conquérant a saisi six des Sept Royaumes. En effet, le septième royaume, Dorne, a résisté avec succès à l’invasion pendant la Première Guerre Dornienne. Il a rejoint pacifiquement le règne du trône de fer deux siècles plus tard par mariage
La série s’est aussi fait connaître pour son abondance de scènes de sexe. Ici, on assiste à une scène lesbienne totalement gratuite.
Harry Llyod n’est plus au générique. C’est le premier acteur principal à quitter la série.
Charles Dance/Tywin Lannister : acteur anglais, vu au cinéma dans  Rien que pour vos yeux  (1981), Sur la route de Nairobi (1987), Alien 3 (1992), Michael Collins  (1996), Gosford Park  (2001), Ali G (2002), Swimming Pool (2003), Le sang des templiers (2011), Imitation Game (2014), Dracula Untold (2014), Docteur Frankenstein (2015), Orgueil et Préjugés et Zombies (2016), Johnny English contre-attaque (2018), Godzilla II : Roi des monstres (2019) ; à la télévision dans Father Brown  (1974), Raffles  (1977), Les professionnels  (1983), Mission : Impossible 20 ans après (1989), Les mystères de Sherlock Holmes  (2000), Miss Marple  (2006), Merlin (2009), Agatha Christie : Dix petits nègres (2015), The Crown  (2019)
Absence de Richard Madden, Sophie Turner, Maisie William, Michelle Fairley et Peter Dinklage.

 

Scénario :  George R.R. Martin
Réalisation : Daniel Minahan

Résumé
Les Lannister massacrent les hommes de Ned à Port-Réal. Robb, le fils de Ned et de Catelyn, lève ses bannerets contre eux.

Critique
Servir le Royaume ; c’est ce que prétend faire Varys. La formule peut paraître prétentieuse, surtout vu le contexte mais on peut aussi y voir une formule à la Talleyrand : rester ferme sur ses idées quand tout bouge sans cesse autour. Certains parleront de trahison ; d’autres y verront de la constance.

Les choses bougent à Westeros mais qui peut prétendre servir le Royaume ? Robb Stark se rebelle pour sauver son père peut-être, sa vie certainement. Tywin Lannister est à la tête d’une armée (et on croit sans mal Charles Dance en chef de guerre) mais sert-t-il le Royaume ou sa famille ? Les Lannister tendent bien volontiers à confondre les deux. Mais savent-ils exercer le pouvoir ? Tywin oui, il l’a prouvé dans le passé mais ses enfants ? Ils ont en tout cas de redoutables atouts ; la légalité (sinon la légitimité), la force, l’argent et sans doute l’habileté. Tywin met Jaimie plus haut que Tyrion (ce qui n’est certes pas difficile) mais le Lutin prouve une nouvelle fois qu’il est meilleur diplomate que son frère.

Ces affrontements paraissent déjà redoutables mais George R.R. Martin ajoute un élément fantastique à la série : la levée des morts. Une séquence très impressionnante tournée de nuit. Effets garantis ! A cela s’ajoute les mises en garde de la sauvageonne à Bran : la vraie menace vient du Nord, d’au-delà du Mur. Mais qui se soucie de protéger le Royaume ?

Informations supplémentaires :
Mark Addy n’est plus au générique.
Le titre de l’épisode fait référence à la première leçon sur les combats à l’épée que Jon a donnée à Arya avant leurs adieux.
En se promenant dans les bois avec Bronn, Tyrion siffle la 6e symphonie de Beethoven (la symphonie pastorale).
Dans le livre, Drogo a été blessé non pas par Mago mais par Ogo, un khal rival.
A l'image des romans, le sort de Syrio Forel après son duel avec Meryn Trant reste ambigu. Maisie Williams a demandé plus tard aux showrunners David Benioff et D.B. Weiss si Forel aurait pu survivre, mais ils ont répondu « Non, il est mort. »
Jerôme Flynn/Bronn : acteur anglais, principalement vu à la télévision : The Fear (1988), Bergerac (1990), Soldier Soldier (1991-1995), Rippert Street (2012-2016)
Élément cultuel intéressant : selon la croyance de la sauvageonne, les Dieux n’auraient qu’un pouvoir territorialement délimité.
Absence de Nikolaj Coster-Waldau.

Le titre orignal promettait un crossover avec Buffy, désillusion.

Je vois Varys plutôt en Fouché, et Littlefinger en Talleyrand, mais ne chipotons pas !

Charles Dance- Tywin, à la fois mon acteur préféré et mon personnage masculin préféré de la série, parfaite adéquation. Ma rousse amie n'a pas encore fait sa flamboyante apparition. Je ne peux que conseiller Last Action Hero, où il joue peut-être le meilleur Bad Guy des années 80.

Du fait de la révélation de la bâtardise de Joffrey, Myrcella et Tommen, Stannis devient l'Héritier légitime du Trône de Fer (du moins dans la lignée Barathéon, on se calme, Dany). Lui et mon personnage féminin préféré n'apparaîtront toutefois qu'en saison 2, du coup considérablement plus chaleureuse.

L'expression "Jeu des trônes " est effectivement beaucoup plus souvent utilisée dans les romans, elle l'est aussi dans La Roue du Temps.

A ce moment là de la série, je pense que tout le monde a bien compris que la famille Lannister était autrement plus intéressante dramatiquement que les Stark (jamais de parti-pris, ce n'est pas mon genre). Les méchants ont toujours les meilleures répliques, de toutes manières.

Fouché est effectivement une bonne référence puisqu'on lui prête la citation suivante: "Quand trois personnes se réunissent, au moins une est à moi" ; ce qui s'applique plutôt bien à Varys. Je le comparais à Talleyrand pour son sens de l'Etat constant dans ses revirements apparents. Littlefinger en Talleyrand ? Hum...il me paraît davantage penser à lui plutôt qu'au royaume. Un Paul de Barras peut-être ?

La saison 2 est en effet plus "chaleureuse" (l'ouverture de l'épisode 2 pour ne citer qu'un seul exemple). Charles Dance recueille beaucoup de mes suffrages mais j'aime beaucoup Tyrion donc je suis écartelé entre eux deux.

Le droit de conquête est parfaitement légitime à Westeros puisque c'est de cette manière que les Targaryens ont acquis leur royauté...et créer le royaume qui n'existait pas avant eux. Sauf peut-être à l'état culturel (et je pense à l'Angleterre anglo-saxonne d'avant la conquête normande). Aegon Ier est surnommé le Conquérant et la datation se fait par rapport à cet événement. Conclusion : les Baratheon ont une légitimité...même si l'existence des Targaryens les maintient dans une forme d'usurpation.

L'usurpation de Renly fait penser à ces généraux romains qui se soulevaient pour porter la pourpre impériale. Qu'il ne reconnaisse pas son frère comme souverain légitime montre la fragilité de la notion d'Etat à Westeros et la vigueur du droit de conquête, du droit de la lance que proclamait Alexandre le Grand (gè dorikteros, si je n'écorche pas trop ce qu'il me reste de grec).

Sans part pris, les Lannister s'avèrent, et je suis pleinement d'accord, plus complexes et plus intéressants que les Stark. Dire que ce sont les "méchants", par contre, je demande à en débattre.

Entièrement d'accord pour les Lannister, même si je trouve que la série les a un plus chargé que les romans (notamment pour Cersei et Tywin). Le public de la série a tellement aimé détester Joffrey que cela les a aussi cantonné au rôle classique de méchants, alors que cette notion est très réductrice les concernant.

Bien vu pour Barras !

Scénario : David Benioff et D. B. Weiss
Réalisation : Alan Taylor

Résumé
Stark et Lannister s’affrontent ouvertement. De l’autre côté du détroit, la position de Daenerys se complique singulièrement.

Critique
Qu’est-ce que l’honneur par rapport à l’amour ? Voilà la question ouvertement posée et l’épisode y confronte ses personnages.

Lord Varys exhorte Ned Stark à avouer ses « crimes » pour la paix du Royaume et la sauvegarde de ses enfants. Jon Snow doit choisir entre ses vœux et sa famille. Daenerys tente une manœuvre désespérée car interdite pour sauver son époux (et sans doute sa vie). Robb passe sous les fourches caudines de Walder Frey pour espérer sauver son père et ses sœurs.

Commencé dans l’obscurité à peine trouée par une flamme tremblante (superbe photographie), l’épisode se conclue en pleine lumière et pourtant c’est bien l’obscurité qui l’emporte. Si la série n’est pas connue pour son humour débridé, elle a quelquefois quelques bons moments. Ainsi la présentation de lord Walder Frey est-elle hautement savoureuse ! L’homme est un vieillard acariâtre, très frais dans son expression mais pas du tout sénile ! Quant à la soirée entre Tyrion, Bronn et Shae, elle apporte une touche d’émotion sincère, brève certes mais on touche quelque peu l’âme du Lutin.

L’espoir fait vivre dit-on mais il est aussi un poison toxique. La réalisation soutient un bon rythme et berce le spectateur de cet espoir, de ces espoirs, mais l’impression dominante est celle d’une course à l’abîme.

Informations supplémentaires :
Si Robb Stark affronte l’armée des Lannister, la bataille n’est pas montrée. Ultérieurement, « l’épisode-bataille » deviendra un marqueur identitaire de la série.
Cet épisode a permis à Peter Dinklage de remporter le premier Emmy Award de sa carrière.
Maester Aemon dit que son père était le roi Maekar Targaryen (roi de 221 à 233), qui a été suivi par le frère d’Aemon, Aegon V (233-259), qui a ensuite été suivi par Aerys (II) « le roi fou » Targaryen. Dans les romans, cependant, Aerys était le fils de Jaehaerys II (roi de 259 à 262), le deuxième fils d’Aegon, et Aerys était le petit-neveu d'Aemon.
David Bradley/Walder Frey : acteur anglais. On l’a vu à la télévision dans Les professionnels (1978), Coronation Street (1980), Casualty (1995), Inspecteur Barnaby(2003), Les Tudors (2009), Docteur Who (2012, 2017), Broadchurch (2013), The Strain (2014-2017), Les Médicis, maîtres de Florence (2016). Au cinéma, il joue le concierge Ruzart dans la saga Harry Potter (2001, 2002, 2004, 2005, 2007, 2009, 2011) ; il a aussi joué dans Hot Fuzz (2007), Captain America First Avenger (2011), Le dernier pub avant la fin du monde (2013)
Sibel Kekilli/Shae : actrice allemande, vue dans Le voyage d’hiver (2006), L’étrangère (2010), Tatort (TV, 2010-2017), Berlin I Love You (2019)

Oui, Aemon nous indique ici que le  (certes bref) règne de Jaehaerys II a purement et simplement été oblitéré par la série. A l'époque ça m'avait surpris que George R.R. Martin ait laissé passé cela, quand on pense au soin avec lequel Tolkien a relaté la lignée des Rois de Númenor. Pas le même bois.

L'accent de l'excellente Sibel Kekilli (Allemande d'ascendance turque) a fait que le profil de Shae a été changée. Elle est désormais issue d'Essos et non plus de Westeros.

En  bon Whovian, j'ai bien entendu été ravi de l'arrivée du génial David Bradley, le casting de GoT devient toujours plus stellaire (et so British).

Tout à fait, la victoire de Tywin sur les forces du Jeune Loup à Green Fork n'est qu'évoquée, alors qu'il s'agit à peine d'une escarmouche vis-à -vis des batailles que GoT mettra ultérieurement en scène. Comme souvent pour les séries télé, le succès ira au secours du succès, les budgets des saisons ultérieures seront bien supérieurs à ceux de la première.

Car en réalité Robb n'avait dépêché qu'une poignée d'hommes contre le Lion, le gros de ses forces va dès lors pouvoir  battre l'autre armée des Lannister, commandée par Jaimie (les Coalisés aussi s'efforcèrent de combattre la Grande Armée là où l'Empereur n'était pas). Tywin a remporté la bataille mais perdu la campagne, il va devoir se replier à Harrenhal et s'y regrouper. Il saura régler ses dettes envers Robb... Dans les romans, le Gambit du Jeune Loup apparaît bien plus complexe et précisément relaté, la série brosse à grands traits, sans doute inévitablement.

Je n'y suis pas encore mais j'ai hâte de voir à quoi ressemble Harrenhal. D'après les romans, j'en ai une vision assez "gothique" (déformation hammerienne sans doute !); en tout cas, presque fantastique. L'histoire de la forteresse (conquise à coups de dragons par les Targaryens) fournirait matière à une série à elle toute seule avec du sang et des larmes en veux tu en voilà !

Excellente référence à la campagne de 1813 !