Série "Game of Thrones"

Le préquel a retenu la leçon :

https://www.20minutes.fr/arts-stars/serie/2996543-20210311-selon-olivia-cooke-violences-faites-femmes-prequel-game-of-thrones?xtor=EPR-212-[nl%20pop]---0d8959972136c3a74598fe57ae6a2eb4@2&utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=pop&_ope=eyJndWlkIjoiMGQ4OTU5OTcyMTM2YzNhNzQ1OThmZTU3YWU2YTJlYjQifQ%3D%3D

Estuaire44 a écrit:Super un Westeros politiquement correct, c'est innovant...  Je n'ose même plus demander su cela vaut aussi pour les prochains romans de GoT

D'autant qu'avec la large palette géographique, il y a des peuples très différents dans la saga donc tous les profils possibles. Pas de personnages LGBT si je ne m'abuse par contre. C'est vrai que ça n'apporterai pas grand chose.

Scénario :  David Benioff et D.B. Weiss
Réalisation : Alan Taylor

Résumé
Pendant que le Roi Joffrey s’amuse, d’autres Rois se préparent au combat. Au Nord, la Garde de Nuit apprend des nouvelles troublantes. A l’Est, Daenerys s’enfonce dans le désert rouge.

Critique
Qu’est-ce que le pouvoir ? Selon lord Baelish, c’est le savoir quand pour Cersei, « le pouvoir c’est le pouvoir ». Par ce simple jeu de mots, la reine montre qu’elle n’a pas tout compris à l’exercice du pouvoir politique et le confond avec la force. Littlefinger, lui, a raison.

Le pouvoir, c’est de la représentation. Joffrey se montre lors d’un tournoi infâme et fait redécorer la salle du trône. Robb est debout face à Jaimie assis. Stannis est au premier rang du culte du Maître de la Lumière. La différence tient dans le fait que le premier se contente des apparences du pouvoir et croit que donner des ordres suffit à peser sur le réel. Il est aussi clair qu’il échappe chaque jour davantage au contrôle de sa mère.

Le pouvoir, c’est du symbolique. Daenerys marche à pied avec son peuple et partage ses souffrances. Cette épreuve de la traversée du désert a une connotation biblique d’autant plus forte que la khalessi avait terminé la saison précédente par un miracle.

Le pouvoir, c’est gouverner. Tyrion s’impose comme Main du Roi par ses actes. Il présente ses condoléances à Sansa devant son neveu (qu’il ne prend même pas la peine d’informer) et prend place au Conseil sans se soucier de sa sœur. Son discours à Shae sonne juste : il connaît les humains et sait donc comment on peut s’en faire obéir. Westeros a plusieurs rois mais il a au moins un Premier ministre compétent.

Informations supplémentaires :
2ème mention de Mance Ryder, le « Roi d’au-delà du Mur »
Robert Pugh/Craster : acteur britannique, vu au cinéma dans Les Faucons de la Nuit (1981), Enigma (2001), Master and Commander : de l’autre côté du monde (2003), La dernière légion (2007) et à la télévision dans Casualty (1986-1987), Inspecteur Morse (1992), Suspect n°1 (2003), Hercule Poirot (2005), Torchwood (2008), Docteur Who (2010), Inspecteur Barnaby (2011)

Excellente critique, c'est tout à ait vrai que les différents partis en présence sont suffisamment bien différenciés, pour développer non seulement des stratégies, mais des visions du pouvoir différentes. Il s'agit de l'une des dimensions des romans que la série a bien su retranscrire. Lord Tywin dirait que le pouvoir est une conspiration permanente, qui ni se se proclame, ni ne s'affiche, mais s'incarne. Il est absent de l'épisode mais tous réagissent à la situation qu'il a patiemment mis en place et dont il continue de loin à tirer les ficelles. outre c'est intéressant discours, l'épisode reste selon moi marqué par la révélation de la fine équipe de Stannis, avec trois personnages qui vont vite devenir populaires auprès du public, ce qui n'était pas évident en soi alors que toute une saisons s'était déjà écoulée. Mélisandre dirait que le pouvoir réside dans la Foi, d'autant plus concrètement que les Dieux existent bel et bien.

contrairement aux bouquins, Dany n'a pas encore nommé ses Dragons, cela surviendra beaucoup plus tardivement dans la série.

Jaime déclare à Robb que trois victoires ne font pas de lui un conquérant, à ce jour le Jeune n'a pourtant connu que deux succès directs sur le champ de bataille. .

Merci !

La problématique du pouvoir et de son incarnation (mais ça marche aussi avec la Foi qui est une forme de pouvoir) est l'axe principal de mon travail de critique.

Je ne suis pas si sûr que tous les personnages réagissent à ce que lord Tywin a fait car les victoires de Robb Stark ont rebattu un peu les cartes et je trouve le vieux lion un peu sur la défensive. Quant à tirer les ficelles, là aussi, je minorerai son rôle au profil de Tyrion qui Port-Réal a fermement pris les rênes du pouvoir (puisqu'il n'y a pas de gouvernement au sens moderne et plus vraiment de conseil). J'ai comme l'impression que l'un soutient le père et l'autre le fils ! Prometteur pour les prochains commentaires !

Entièrement d'accord avec la "fine équipe" de Stannis ! Difficile de croire qu'on peut être fidèle à cette face sinistre (le contraste avec la mine ouverte de Renly est saisissant)mais l'important est de bien s'entourer.

Reste calme Estuaire, prend d'abord une profonde inspiration. Inspire, on expire...

Scénario : David Benioff et D.B. Weiss
Réalisation : Alan Taylor

Résumé
Arya découvre avec qui elle marche vers le Mur. Theon Greyjon rentre chez lui et n’y reçoit pas l’accueil qu’il escomptait. Quant à Stannis Baratheon, il se prépare pour entrer à Port-Réal en roi.

Critique
Hommes durs, femmes fortes. Sous la lumière blême, ou dans l’obscurité du Nord, il n’y a pas de place pour des sentiments généreux. Le seul endroit où brille la lumière du soleil, c’est le désert qui cuit le khal de Daenerys. La scène, survenant après un passage au-delà du Mur, n’en est que plus lumineuse.

Balon Greyjon, qui fait ici son apparition, réussit son entrée. Seigneur des Iles de Fer, bientôt peut-être roi de fer, il réduit à néant les prétentions de son fils Theon qu’il méprise ouvertement. Se sœur, Yara, fait montre d’un sang-froid impressionnant auquel succède une ironie mordante. Vu la grande modestie des Iles de Fer, et leur climat plutôt rude, il ne fallait pas s’attendre à des ours en peluche. Le contraste avec Theon, pourtant élevé à Winterfell mais par temps d’été, est saisissant et Alfie Allen montre parfaitement comment son personnage, malgré ses airs bravaches, perd pied et ne contrôle plus une situation qu’il pensait dominer. Pas de retour du fils prodigue dans ces rudes contrées. Autre homme dur, Petyr Baelish, qui, au terme d’une très longuette scène dans sa maison close, fait sentir à une prostituée combien il serait dangereux de le lui faire perdre de l’argent. Homme dur que Bronn, nouveau chef du Guet de Port-Réal (en bon seigneur, Tyrion place ses hommes), qui, sans sourciller, assure qu’il tuerait un enfant mais demanderait combien d’abord !

Femme forte en devenir qu’est Arya Stark, qui se confie à son ami Gendry. La cadette de Ned Stark n’a pas encore endurci sa carapace. Femme forte en ascension que Daenerys qui regarde en face la mort de son serviteur et parle de vengeance alors qu’elle est loin de le pouvoir encore. Mais elle a de l’espoir à proposer ; des espérances, c’est aussi ce que vend cette autre femme forte en puissance qu’est Mélissandre. Finalement, la seule qui fasse preuve de faiblesse ici, c’est paradoxalement Cersei, dépouillée de la réalité du pouvoir par Tyrion, incapable de comprendre les enjeux au-delà de sa petite personne (sa réflexion sur la Garde de Nuit est singulièrement méprisante pour une institution vieille de 6000 ans) et qui se plaint. Dira-t-on qu’elle Jaimie ?

Informations supplémentaires :
Pycelle traite les levées des morts de « superstition » ; montrant un grand mépris pour une autre culture que la sienne.
Remarque intéressante : Davos parle du Maître de Lumière comme du dieu de Stannis mais pas comme du sien.
Dans les romans, la fille de Balon Greyjon s’appelle Aisha mais les producteurs l’ont rebaptisé pour ne pas risquer la confusion avec le personnage d’Osha, la sauvageonne servante à Winterfell (Natalia Tena).
Carice Van Houten avait auditionné pour le rôle de Cerseï mais avait été recalé.
Gemma Whelan/Yara : actrice anglaise, surtout vue à la télévision : The Crown (2017), Gentleman Jack (2019), Killing Eve (2020).
Patrick Malahide/Balon : acteur anglais, actif sur les deux écrans. A la télévision, il a joué dans Chapeau melon et bottes de cuir (1976), Les professionnels (1978), La vipère noire (1983), The Pickwick Papers (1985), Inspecteur Morse (1990), Hercule Poirot (2003), Londres, Police judiciaire (2009, 2010), Les enquêtes de Morse (2012), Luther (2015, 2019). Au cinéma, il a joué dans Un mois à la campagne (1987), L’île aux pirates (1995), US Marshal (1998), Le monde ne suffit pas (1999), Billy Elliott (2000), Bridget Jones Baby (2016).
Absence de Nikolaj Coster-Waldau, Sophie Turner, Jack Gleeson, Richard Madden et Michèle Fairley

Excellent calembour !

Bon épisode qui contribue à aire entrer de plain-pied les onctueux Fer-Nés dans la partie en cours. Bienvenue au Dieu noyé, qui n'a pas grand chose à envier au Maître de Lumière.

L'opus illustre également comment la série surjoue un tantinet le rôle de Tyrion en proconsul à Port-Réal. ici il semble le seul instigateur de la chute de Janos Slynt, alors que dans les romans il ne fait qu'exécuter les directives de Tywin. Le Celui-ci est proprement horrifié des  dons accordées par Cersei (un siège au Conseil, Harrenhal) à quelqu'un d'aussi insignifiant mais aussi de basse extraction. Pour le Lion, le sang est toujours crucial. Par contre, il faut reconnaître qu'aussi bien dans les bouquins que dans la série, la décision d'épargner la vie du fâcheux, en le faisant Prendre le Noir, provient entièrement de Tyrion. Tywin n'a jamais fait grand cas de la Garde de Nuit (idem pour Cersei, effectivement) est il est d'ordinaire partisan d'une approche plus directe. Pour le Lion, le sang est toujours crucial.

Très abrupte, voire méprisante, la lettre de Robb à Balon manque terriblement d'habileté, il semble s'dresser à un commis. Le Jeune Loup connaît la guerre mais néglige la politique et la diplomatie, Tywin dispose d'une palette plus large pour sa stratégie, Robb s'en apercevra bientôt.

Ser Thorne n'est pas ici à la tête de la délégation de la Garde venue donner l'alerte (L'Hiver sera chaud, au Nord), son interprète Owen Teale avait de grands problèmes d'agenda et de fait on ne va pas revoir le Ser avant la saison 4.

La série se montre toujours visuellement beaucoup plus explicite que les romans, dans lesquels il n'était qu'implicite que Stannis et Mel, mais aussi Loras et Renly, aient une relation charnelle (mais Mélisandre s'y entend à chauffer un homme). Dans nos années post Me Too, cet aspect colle à la série comme le sparadrap du Capitaine Haddock. 

Voilà des commentaires très enrichissants ! A nous deux, je crois qu'on analyse pas trop mal.

Seul point de "désaccord" : Tyrion. Je ne serai pas tout à fait d'accord avec le terme de "proconsul" qui me semble vouloir surligner un pouvoir abusif. Tyrion tient certes sa légitimité de la délégation octroyé par Tywin mais il est (avec son père, je le reconnais volontiers) le seul homme politique et le seul compétent pour diriger ce qu'il reste de Westeros. La série simplifie le canevas mais je ne pense pas qu'elle en trahisse l'esprit en montant en épingle le rôle dirigeant de Tyrion. Dès la lecture de la saga, il m'est apparu comme le seul capable. Il faut dire aussi que George R.R. Martin ne donne jamais directement la parole à Tywin ; ce sont ses enfants qui sont têtes de chapitres.

Vu l'état d'Harrenhal, je ne sais pas si c'est vraiment un cadeau ! En effet, Robb n'est pas diplomate mais, ainsi qu'il le dira dans l'épisode 8, il a été élevé pour être le seigneur de Winterfell et non roi alors que Tywin a été Main du Roi et il lui en a fallu de la diplomatie pour garder sa tête sur les épaules !

Entièrement d'accord avec l'affirmation "Pour le Lion, le sang est toujours crucial". Nous sommes dans une société monarchique mais surtout nobiliaire (plus une aristocratie qu'une monarchie en fait) : la force vient de la lignée qui la tire de son ancienneté et de sa richesse propre. Ce qui donne en fait le pouvoir réel à peu de familles : Stark, Martell et Lannister essentiellement.

A très vite pour de nouveaux débats !

Scénario : Bryan Cogman
Réalisation : Alik Sakharov

Résumé
Pendant que Tyrion tisse sa toile à la Cour, Catelyn Stark se rend auprès de Renly Baratheon, marié depuis peu.

Critique
Lord Varys a une très juste image pour parler du pouvoir : « Le pouvoir réside là où les gens imaginent qu’il réside » ajoutant qu’un « petit homme peut projeter une grande ombre ». Belle réflexion sur le pouvoir réel et le pouvoir symbolique mais aussi que sous-tend l’idée que le pouvoir réside chez celui qui l’exerce. Il ne suffit pas de se proclamer roi ou de donner des ordres pour être celui qui commande.

Tyrion est celui qui réunit l’apparence et l’exercice du pouvoir. Pour la première fois de la série, quelqu’un exerce réellement le pouvoir. La machination qu’il monte aboutit à la chute de Pycelle (tout nouveau pouvoir écarte les hommes de l’ancien temps et promeut ses fidèles) et Cersei est réduite à l’impuissance. En revanche, Sansa ne sait pas commander sa nouvelle servante (Shae !) et on peut se demander si Renly a autre chose que les apparences (avantageuses) du pouvoir. Bien que peu attiré par les femmes, il s’est marié parce que c’est ce qui est attendu du Roi mais, en une scène, sa reine lui montre qu’elle n’ignore rien de la situation, s’en accommode pourvu que Renly fasse une concession. Avec l’entrée en scène de Natalie Dormer, tout à fait sublime (et qui le montre bien entendu, la série ne saurait transiger sur ses fondamentaux), on mesure la différence entre les personnages du roman et les personnages de la série. Dans les romans, Marguery Tully est une très jeune femme dont la naïveté paraît crédible mais choisir Natalie Dormer, c’est permettre l’ambiguïté. C’est donner une autre épaisseur au personnage et le rendre potentiellement plus intéressant. L’épisode permet aussi d’introduire ce personnage secondaire si important qu’est Brienne de Torth. Pas un prix de beauté certes mais un guerrier loyal. Une entrée en scène très réussie.

Le titre de l’épisode vient d’une prière Fer-né au Dieu Noyé et elle concerne Theon Greyjon. Humilié par sa propre famille, sa loyauté questionnée jusqu’à la moelle, Alfie Allen montre un homme amer, mais encore fier, et qui, par cette cérémonie, cherche à se raccorder à ses racines.

Informations supplémentaires :
Devise des Greyjon : « Nous ne semons pas » ; justification d’une politique prédatrice.
Gwendolyne Christie/Brienne de Torth : actrice anglaise, vue au cinéma dans L’Imaginarium du docteur Parnassus ( 2009), Hunger Games- La Révolte Partie 2 (202015), Star Wars- Épisode VII : Le retour de la Force (2015), Star Wars- Épisode VIII : Les derniers Jedi (2017) et à la télévision dans Wizard vs Aliens (2012-2013), The Sandman (2021).
Absence de Jack Gleeson, Nikolaj Coster-Waldau, Richard Madden, Carice Van Houten, Ian Glen, Liam Cunningham et Emilia Clarke

Estuaire44 a écrit:GoT quand il n'y en a plus, il y en a encore !

https://www.cnews.fr/divertissement/2021-04-09/10-ans-de-game-thrones-hbo-devoile-une-nouvelle-bande-annonce-de-la-saison

Le sang de dragon, c'est puissant comme drogue !

De nouveau une brillante critique, fort justement centrée sur ces approches du pouvoir apportant tant et tant à GoT, à côté de sa distribution stellaire et de son impact visuel. On apprécie d'autant plus les dialogues de l'Araignée qu'en substance ils exprime son attachement à la Restauration Targaryenne, dont il sera l'inlassable cheville ouvrière. La légitimité demeure un principe fort que négligent les rivaux de la Guerre des Cinq Rois, car ils en sont tous dépourvus depuis le Régicide (la sous-estimation de la menace targaryenne restera l'une des rares vraies fautes de Tywin). Lord Varys sait que les Dragons ne sont pas le seul de Danaerys et qu'une  frêle personne, du moins en apparence,  peut effectivement projeter une grande ombre (y compris quand, comme dans cet épisode, elle est totalement absente). Dany est entièrement de son avis,pénétrée de sa légitimité et de sa destinée, dont les  Dragons ne constituent qu'une manifestation physique.  

Je pense que Renly avait toutes les qualités pour être un excellent Roi de l'Eté, en des temps plus heureux. Et ce n'est pas si aisé qu'il pourrait le sembler, il faut être un principe moteur, savoir s'entourer, impulser arts et lettres, en bref permettre à son époque radieuse d'exprimer la totalité de son potentiel. La Renaissance française n'aurait sans doute pas été aussi brillante sans cet autre Roi-Chevalier que fut François Ier (même si bien aidé par mère et sœur). malheureusement pour lui, Renly se trouve au seuil d'un Hiver particulièrement cruel et enténébré, ce dont il ne prend absolument pas la mesure. Or le Pouvoir ni ne s'acquiert, ni ne s'incarne, dans un en environnement neutre, il doit prendre en compte la conjecture historique dans le quel il se situe, faute de quoi il sera broyé. Même sans Mel, trop assuré de lui-même et son alliance avec les Tyrell, Renly ne partait pas gagnant, son Pavie s'approche.

Ce nouvel excellent complète le portrait de l'avenante société des Fer-Nés (où l'apnée est un préalable au Pouvoir) mais surtout  donne enfin la parole aux ondoyants Tyrell, L'un des intérêts de cette maison est le refus d'occuper pleinement le Pouvoir (elle en candidate jamais au trône), ce qui est couteux, dangereux et surtout inutile, quand on sait s'y associer pour en capter seulement les avantages. cette stratégie d'influence sera bien utile, à la veille de l'arrivée des Dragons, le Bief sera la seule contrée de Westeros épargnée par le conflit, militairement et économiquement. Les Tyrell sauront toujours payer leurs alliés davantage en promesses qu'en action. Passer du Cerf au Loup est  aisé, telle l'Angleterre, la Maison Tyrell n'a que ses intérêts comme permanence.  La série a effectivement la bonne idée de se doter d'une Margaery davantage davantage mâture  (dans toutes les acceptions du terme...), que dans les romans, avec une toujours parfaite Natalie Dormer. Cela dynamisera et équilibrera le duo féminin formé par la Rose de Haujardin et le reine des Epines. ces dames ont en plus l'avantage d'habiller leur cynisme absolu par l'esprit et élégance.  cerf, Lion et Loup s'épuise dans leur conquête du Pouvoir, tandis que la Rose s'adapte au vent, croît et prospère.   Avec l'ajout des Martell de Dorne, l'échiquier est désormais à peu près complet.

Scénario : Vanessa Taylor
Réalisation : David Petrarca

Résumé
Après une traversée épuisante, Daenerys arrive à Qarth où elle est reçue fraîchement. Pendant que Tyrion continue à tisser sa toile à Port-Réal, les frères Stannis et Renly Baratheon sont au point de rupture.

Critique
Pendant la guerre, les intrigues continuent. Tyrion est devenu le véritable maître de Port-Réal et se permet même de tourner le dos à Joffrey, moins que jamais roi. Au même moment, Lord Baelish, mal reçu par Renly, tente une manœuvre auprès de Catelyn Stark. Aidan Gillen est excellent ; on peut se demander quelle est la part de calcul et de sincérité dans les propos de Littlefinger.

Joffrey n’a que l’apparence d’un Roi ; à la différence de Renly qui port bien la couronne et a acquis une réelle épaisseur. La confrontation entre les deux frères, tous deux prétendants au Trône de Fer, que dédaigne Robb, est le sommet de l’épisode. Renly manie l’ironie et considère son frère non sans amusement même s’il le prend parfaitement au sérieux ; en face, Stannis est l’image même de la raideur. Joli numéro de Stephen Dillane : il en montre la fermeté assise à la fois sur son sentiment de bon droit (et la légalité est de son côté) mais aussi sur sa foi. En revanche, personne n’a envie de l’aimer ainsi que le dit Renly. Mais comme le dit l’adage : « Qu’on me haïsse, pourvu qu’on me craigne ».

Et la première raison de craindre Stannis c’est la « Dame Rouge » qui ne sera jamais désignée par son véritable patronyme. C’est déjà un signe de l’importance qu’elle a prise. Carice Van Houten offre une composition pleine de nuance : le discours religieux de Mélissandre, pour être ferme, n’a pas la rigidité des paroles de Stannis. Quand elle parle à Renly, elle menace à mi-voix sans moquerie ni éclats de voix (et Renly la prend plus aux sérieux que son propre frère sans toutefois saisir pleinement le danger). Mais c’est dans les scènes entre Mélissandre et Davos que l’actrice hollandaise réalise une performance. Liam Cuningham montre un homme qui marche sur des œufs ; ce qui n’est pas sans amuser la magicienne et qui préfère le silence face aux phrases tranchantes de celle-ci. La scène finale  (une des rares ouvertement fantastique) est à la fois la première scène de nu féminin utile tout en étant une scène impressionnante dans sa réalisation et sa photographie.

Informations supplémentaires :
Première apparition de Lord Roose Bolton (Michael McElhatton).
« Sagesse » de Bronn, visant indirectement Joffrey : « Quand on est con, il n’y a rien à faire ».
Le titre original de l’épisode renvoie à la manière délicate de Qarth de traiter les étrangers qu’elle ne veut pas recevoir.
Absence de Nikolaj Coster-Waldau, Lena Headey, Kit Harrington

L'épisode est un bel exemple des libertés que prend la série, le plus souvent à bon escient, vis-à-vis de romans jamais conçus pour la télévision. Il grappille ainsi à travers une bonne dizaine, si ce n'est plus, de chapitres de A Clash of Kings, sans respecter la chronologie des différentes narrations et en en privilégiant clairement certaines afin de maximiser les effets. Ainsi Cersei ou le Mur disparaissent purement st simplement mais cela autorise des scènes parfaitement travaillées autour de Dani, Joffey ou Melisandre (Carice van Houten, toujours sensationnelle). La rencontre entre Catelyn et Littefinger est ajoutée, et cela fonctionne parfaitement.

La sorcellerie de Mel devient ici la quintessence de cette approche puisque toute la séquence, effectivement formidable, entremêle deux assassinats perpétrés de la même facétieuse manière (pas de mystère de chambre close pour la Femme Rouge), celle de Ser Penrose étant phagocytée au profit de celle de Renly, afin d'optimiser les moments les plus forts. D'ailleurs dans les romans Lord Varys est le seul à suspecter un même instigateur et l'emploi de la Magie noire. Une idée pour une énième série dérivée ; Varys en Sherlock pour des meurtres au-delà du possible à Port Réal. Sacré cliffhanger et Mel est définitivement mise sur orbite comme l'une des figures de la série que l'on aimera le plus détester.

Cette réécriture intelligente n'évite pas que l'on ressente de nouveau que la geste de Daenerys, pour captivante qu'elle soit, n'en demeure pas moins périphérique à l'action principale, d'autant que l'on se situe dans une Fantasy différente, plus proche de celle de Conan. Heureusement la splendeur visuelle fait que l'on continue à y prendre pleinement plaisir et on a déjà bien compris que le retour de Daenerys fera renter la partie en cours en finale. On apprécie également que Charles Dance figure enfin au générique comme membre du cast principal (du souci à venir pour Joffrey) ou qu'Anya débute son décompte vengeur, devenu culte pour les fans de GoT.  Bonne ambiance à Harrenhal, plus que jamais le Club Med de Westeros.

Au niveau des regrets,  le rajout de sadisme chez Joffrey, avec les deux dames aux services tarifés, ne s’imposait pas vraiment, et il est dommage qu'Arya, non reconnue, devienne l'échanson de Tywin  et non plus de Bolton. Le Lion ne commet pas de telles erreurs.  



Chanson dédiée à Joffrey, amitiés de Bronn.

Game of Thrones me procure un double plaisir. D'abord regarder et chroniquer un épisode. Ensuite, lire la critique d'Estuaire.

Et débattre également parce qu'il y a matière !

Pour le coup, je souscris largement à la dernière livraison.

Lord Tywin revient à Port-Réal à la fin de l'épisode 9 donc logiquement, en épisode 10 (pas encore vu), il prend la charge de Main. Tyrion n'ayant pas démérité, c'est déjà prometteur ! Mais n'anticipons pas !

Vary en Sherlock de Westeros ? Quelle bonne idée !

J'ai plutôt apprécié pour ma part le pas de deux entre Arya échanson et Tywin. Qu'il ne sache pas qui est elle est normal je dirais puisqu'il ne l'a jamais vu et que, vu son jeune âge, et sa position de cadette, elle n'est jamais entré dans une combinaison matrimoniale comme les familles nobles en conçoivent avec délectation. Et puis, pour l'impact, c'est plus fort et le spectateur se demande si l'identité d'Arya sera démasquée donc ça tend l'atmosphère. Le plus curieux, c'est presque le côté affectueux de Tywin envers Arya. Il y aurait un cœur sous la cuirasse du Lion ?

Dearesttara a écrit:Please, GRRM, please, le monde attend.

On a bien attendu 200 ans le retour des dragons, on peut attendre encore un peu...

Scénario : David Benioff et D. B. Weiss
Réalisation : David Petrarca  

Résumé
L’assassinat de Renly renforce Stannis qui se prépare à attaquer Port-Réal où Tyrion organise la défense. A Qarth, Daenerys reçoit une proposition tentante. A Harrenhal, Arya trouve un allié.

Critique
Si vis pacem para bellum (« Si tu veux la paix, prépare la guerre ») disaient les Romains. Cet épisode est une veillée d’armes gigantesque.

Dans le Nord, pour faire face à l’organisation améliorée et au nombre important des sauvageons, la Garde de Nuit prépare une mission très difficile. A Port-Réal, Tyrion découvre les projets délirants de Joffrey et Cerseï et se les approprie. Plus que jamais, le Lutin est un maître du clair-obscur, exerçant le pouvoir ouvertement mais se montrant aussi à l’aise dans la pénombre pour intriguer et se garder des intrigues des autres. Un homme attentif en vaut deux ! Dans le Sud, Brienne et Catelyn doivent fuir après l’assassinat extraordinaire de Renly (rare fait vraiment fantastique dans toute la série, conforme à la saga où le fantastique est lui-même très rare). La Guerrière fait allégeance à la Mère, si l’on veut bien employer les dénominations religieuses des Nouveaux Dieux. C’est une séquence d’une grande noblesse où la sobriété de Gwendoline Christie et de Michelle Fairley ne donne que plus de poids aux mots échangés par leurs personnages. Enfin, de l’autre côté du détroit, l’hôte de Daenerys lui propose les moyens de conquérir son trône...contre sa main ! La surprise de la « Mère des Dragons » n’est dépassée que par le discours un rien enflammé de Jorah, ouvertement hostile à cette proposition pourtant pas dénué d’intérêt(s).

L’épisode doit son titre à la dernière séquence où un homme meurt, assassiné évidemment (les personnages mourant de leur belle mort dans Game of Thrones sont rarissimes !). Cette mort, voulue par Arya, est la concrétisation d’une proposition qui lui a été faite par un homme qu’elle a sauvé auparavant. Le visage de Maisie Williams contemplant son œuvre, même indirecte, est effrayant de tranquillité. L’endurcissement est survie. Foin de toute humanité !

Informations supplémentaires :
Dans les tentes de Stannis et Renly, des tapisseries sont suspendues représentant des scènes de bataille. Ce sont des sections tirées de la tapisserie de Bayeux, qui représente la bataille de Hastings, la bataille clé de la conquête normande de l’Angleterre, où le roi saxon Harald est mort en combattant l’envahisseur Guillaume, duc de Normandie, plus tard connu sous le nom de Guillaume le Conquérant.
Le titre de l’épisode fait référence à la phrase qu’Arya utilise à plusieurs reprises dans le roman « A Clash of Kings » (tomes 3 à 5, puis Le trône de fer, intégrale 2 ; chez Pygmalion) pour se décrire pendant son séjour à Harrenhal, bien que la phrase ne soit pas utilisée dans l’épisode télévisé.
Selon le roman, le premier homme qu’Arya a dit à Jaqen H’ghar de tuer n’était pas le Tickler (« le Titilleur » en VF) mais Chiswyck, l’un des soldats de Gregor Clegane, après l’avoir entendu raconter en riant comment lui et d’autres avaient violé la fille d’un aubergiste.
Xaro appelle Daenerys « Daenerys Targaryen, première du nom ». C’est la première fois dans la série que Daenerys est désigné par ce titre.
Reginald Lannister n’existe pas dans les romans.
Natalia Tena/Osha : actrice anglaise, vue au cinéma dans Pour un garçon (2002), Harry Potter et l’Ordre du Phénix (2007), Harry Potter et le Prince de Sang-mêlé (2009), Harry Potter et les reliques de la mort (2010, 2011), Bel-Ami (2012) et à la télévision dans Black Mirror (2014), The Mandalorian (2019).
Tom Wlaschiha/Jaqen H’ghar : acteur allemand, vu à la télévision dans En quête de preuves (2003), Alerte Cobra (2007), Hercule Poirot (2013), Crossing Lines (2013-2015), Stranger Things (2021) et diverses productions allemandes.
Finn Jones/Loras Tyrell : acteur britannique travaillant essentiellement à la télévision : The Bill (2011), The Defenders (2017),Iron Fist (2017-2018), Luke Cage (2018).
Nonso Anozie/Xaro Xhaoan Daxos : acteur anglais, vu au cinéma dans La dernière légion (2007), Nanny McPhee et le Big Bang (2010), Le territoire des loups  (2011), La stratégie Ender (2013), Otages à Entebbe (2018). Il a aussi tourné pour la télévision : Dracula (2013-2014), Docteur Who (2015), Zoo (2015-2017).
Absence de Jack Gleeson, Richard Madden, Sophie Turner, Nikolaj Coster-Waldau et Carice Van Houten.