Vampires

Lui aussi, cela fait sept ans (et 20 jours, sorry sir pour le retard) qu'il nous a quitté.

Alors, donc First Kill. Cette série ayant subi un tapis de bombe comme seul Athur Malédiction l'a connu dans période récente (il faut vraiment que je vois ce film) ne m'a pas paru – totalement – mériter ce flot d'indignités. Oui, dans l'idée et la tournure nous sommes plus près de Twilight que de Buffy et le ship Caliette s'adresse sans doute en priorité au  public lesbien (et c'est bien son droit), mais le vrai souci massif de First Kill réside dans son drastique manque de budget. Regarder la série parallèlement à la S4 de Max / Eleven et leurs Scoobies s'avère cruel. Cela impacte aussi bien les combats, les maquillages, les effets spéciaux  qu'une distribution clairement composée de belles gueules inconnues donc pas chères, le talent n'est qu'en option. Essayez la VO et la VF, toutes deux sont pareillement médiocres, un test infaillible. Pour son couple vedette, First Kill a néanmoins su opter pour de jeunes actrices tenant la route et surtout pour les excellentes Aubin Wise et Elizabeth Mitchell (autre Juliet pour toujours dans mon cœur) dans le rôle des mères.

Parce que First Kill est aussi une série à série dans la série (les amateurs de Niles et C.C. dans The Nanny me comprendront) et j'ai bien aimé ce duo antagoniste de maîtresses femmes que tout semble opposer mais plus semblable et complices qu'il ne le semble de prime abord. La charge mentale d'une famille demeure toujours la même. Talia et Margot volent toutes leurs scènes et il y a quelque chose dans l'air, je trouve... V. E. Schwab sait ainsi instaurer des sous-intrigues venant enrichir la romance centrale, traiter ses héroïnes comme des personnages à part entière à côté de leur ship,  mais aussi faire monter enjeux et pression jusqu'à un final tenant ses promesses. Outre le manque de moyens, elle doit aussi faire face à une jeune cible marketing l’empêchant d'incorporer les doses de sexe et de violence que First Kill nécessiterait.  Regarder la série parallèlement à la S3 de The  Boys s'avère cruel (Kripke et Ackles n'y dessoûlent jamais, grosse facture d'alcool à prévoir). Ainsi si les scènes sensuelles, un peu lourdement appuyées par la musique, ne manquent pas, il n'y en a aucune de sexuelle à proprement parler, nous ne sommes pas chez Alice et Bette. Ce vaillant combat d'une showrunneuse, qui ne démérite pas à défaut de vraiment remporter la partie (jusqu'à doter la série d'un vrai générique), vaut le coup d’œil en soi. (***)

Ah oui en littérature ce n'est pas ce qui manque en effet. D'ailleurs la série m'a donné envie de découvrir un bouquin de Veronica Schwab,  même si elle écrit surtout pour la jeunesse et qu'il ne me semble pas qu'elle soit beaucoup traduite en français (à vérifier). The Invisible Life of Addie LaRue semble intéressant, entre Anne Rice et Les Futurs Mystères de Paris.

Encore des gens qui n'ont rien compris à ce qu'est un vampire. ça devient lassant.

Il y a rencontre entre l'effet de mode (beaucoup de productions, donc beaucoup de médiocres), de l'esprit geek, qui par son goût pour la parodie et la rigolade diffère du gothique, et du flot de la fiction juvénile post Twilight (avec ses contraintes qui empêchent une intéressante série comme First Kill de pleinement réaliser son potentiel). Après il reste de bonnes séries comme WWDITS qui arrivent à jouer sur ses différents tableaux avec suffisamment de finesse pour créer leur univers et leur atmosphère, développer personnages, intrigues et résonances. Mais il faut chercher ! On verra ce qu'il en est avec les séries Anne Rice.

L'affiche de Syfy m'angoisse parce que je la sens mal cette production.

La banalisation est une des conséquences du succès. Déjà, aux alentours de 1800, les lecteurs (surtout les lectrices) commençaient à en avoir par dessus la coiffe des histoires "gothiques" et la parodie essaima. On a ainsi l'excellent "Northanger Abbey" de Jane Austen.

Concernant les vampires, la parodie n'est pas récente. Fred Saberhagen a commis plusieurs romans mettant en scène Dracula mais avec un humour fin et sans manquer de respect au personnage. Tout le monde n'a pas la même classe toutefois. Mais il me semble que ça augmente en quantité (et donc ça baisse en qualité, tous les économistes vous le diront). Le monde actuel ne prend plus grand chose au sérieux dirais-je avec la sensation d'être devenu une vieille chouette réactionnaire.

Oui, la parodie n'est pas une mode récente, aux USA, Deux Nigauds contre Frankenstein nous montrait Bela Lugosi s'auto-parodiant joyeusement, en 1948. En 1979, George Hamilton, acteur sans filtre ni complexe, nous régalait d'un Dracula très Disco dans Le Vampire de ces dames, deux ans avant le cultissime La Grande Zorro. En France ou a même eu Les Charlots contre Dracula en 1980, une époque entre toutes propice aux Nanars. Je pense que les séries, et leur profusion actuelle, ont accéléré ce mouvement, avec un esprit Geek se généralisant.

A mon sens la meilleure parodie des Vampires demeure l'Überwald de Terry Pratchett, cette contrée reculée du Disque-Monde abritant une version particulièrement allumée de l'univers gothique (ils sont tous là, comme dans le Ravenloft de D&D, ou la Sylvanie de Warhammer), mais aussi étonnamment émouvante et finement moraliste à ses heures, à l'image des Annales. Pratchett ce n'est (presque) jamais la parodie simplement pour rire. Plusieurs romans s'y déroulent, "Carpe Jugulum" étant plus spécifiquement dédié aux Vampires, une parodie  de haut vol des toute la littérature attenante et de ses archétypes (1998). Un Comte Vampire d'Überwald et sa famille entreprennent de s'emparer du pacifique royaume voisin de Lancre, mais les Sorcières du convent local vont intervenir. Et même les Mages de l'Université de l'Invisible ont appris à respecter Mémé Ciredutemps.

Ah ! Oui ! Abbott et Costello ! Je me souviens que Jean-Paul Andrevon (dans son excellent "Cent ans de cinéma fantastique et de SF") les avait proprement exécuté. Outre la créature de Frankenstein, Dracula avait eu droit à leur nullité.

Claude Klotz dans son "Paris Vampire" (rebaptisé "Dracula père et fils") s'était aussi bien amusé mais, outre que ça tenait la route, ce n'était jamais ridicule.

En matière de parodie, je pense qu'on n'a pas fait mieux que "Le bal des vampires" de Polanski. Dès 1967, il avait saisi l'essence du gothique dont la Hammer faisait son miel tout en percevant les limites auxquels le genre allait se heurter. C'est à la fois une synthèse et un chant du cygne.

Entièrement d'accord sur Pratchett ! J'ai lu "Carpe Jugulum" avec un bonheur qui m'a converti aux Annales. Les vampires y étaient correctement dépeint et l'humour ne masquait pas leur dangerosité. Je suis en ce moment engagé dans la lecture de "Trois Soeurcières" où on a Mémé Ciredutemps (un personnage celle-là !).

Je les ai tous lu et je les ai tous beaucoup aimé. C'est drôle, avec une histoire de fond qui tient la route, du romantisme évidemment. Les personnages évoluent tout au long des six volumes. Ce n'est certes pas du niveau d'Anne Rice ou de Robert Jordan mais c'est de la littérature fantastique correcte et très lisible.

Je n'ai absolument pas reconnu les romans dans cette bande-annonce hormis le terme de "gardiens" (chaque vampire des principales maisons nobles ont leur gardien ou "dhampir"). Le personnage principal, et narratrice, est justement une jeune fille qui se forme pour ça. Rose Hathaway est un sacré personnage auquel on s'attache assez vite.

Cette bande-annonce, qui n'annonce pas grand chose, réussit à être plus nulle que le film adapté du premier volume sorti en 2014. Ce film était tellement pourrave (interprètes nullissimes à l'exception de Zoey Deutch avec Olga Kurylenlo au générique, c'est vous dire si on partait de bas ; décors façon Poudlard du pauvre ; scénario mal ficelé ; réalisation aléatoire et mal rythmée) que c'en était touchant finalement. C'est même devenu mon "film plaisir coupable".

Deux séries très différentes !

J'ai cru voir que le dénommé Reginald avait un tee-shirt marqué "Slayer".