Série "La Caméra explore le Temps" (1957-1966)
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CHAPEAU MELON ET BOTTES DE CUIR - LE MONDE DES AVENGERS :: Les SÉRIES TÉLÉ, FILMS, ACTEURS, ACTRICES & autres Artistes :: Les Séries Télé
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Série "La Caméra explore le Temps" (1957-1966)
Jean d’Arcy (1913-1983) fut l’un des grands pionniers de la télévision française, en tant que directeur des programmes de la Radiodiffusion-télévision française (RTF) de 1952 à 1959, organisme qui devint la première chaine de l’ORTF en 1964. Cet homme aux brillantes intuitions (il fonde notamment le concours de l’Eurovision en 1954) fait un constat en 1956 : parmi les dramatiques en direct alors proposées par la RTF, celle qui remporte le plus de succès est En votre âme et conscience (de Dumayet et Desgraupes), c'est-à-dire la seule dont la forme s’apparente à une série télévisée classique. En effet ces reconstitutions de procès fameux suivent un déroulement répétitif (y compris avec le verdict final du public), tandis que les autres productions varient totalement à chaque fois, comme dans une anthologie. Il décide donc de désormais donner la priorité à ce format de thème récurrent.
Seront ainsi lancées les célèbres Cinq dernières minutes (1958-1998), de Claude Loursais, mais aussi Enigmes de l’Histoire (1956-1957), émission proposée par le réalisateur Stellio Lorenzi. Il s’agit là aussi de donner la possibilité au public d’arbitrer entre différentes thèses, cette fois autours de célèbres mystères demeurés irrésolus pour l’histoire ; le choix est décidé après une dramatique reconstituant les évènements connus, puis un débat entre experts. Lorenzi, qui a déjà un grande expérience télévisuelle, est en charge du projet. Pour écrire les textes, il fait appel à deux historiens populaires, André Castelot et Alain Decaux. Ce dernier a alors moins de trente ans, Lorenzi en compte trente-cinq. Les deux auteurs comptent déjà plusieurs publications à leur actif et sont habitués à travailler ensemble via leur émission de radio à succès La Tribune de l’Histoire, lancée en 1951 sur Paris Inter et qui se poursuivra jusqu’en en 1997 dans la Maison Ronde de Radio France.
Toutefois ils ignorent tout de la télévision, en cette époque où l’Etrange lucarne n’est encore détenue que par 300 000 foyers français. Alain Decaux confie d’ailleurs dans ses captivants mémoires (Tous les personnages sont vrais, 2005) que ni lui, ni Castelot, n’en possède, de même que son effarement devant la mécanique du tournage des dramatiques en direct, où acteurs et techniciens travaillent à un rythme d’enfer (il en ira pareillement pour les trois premières saisons de Chapeau Melon et Bottes de Cuir). Malgré leurs parcours différents le courant passe fort bien entre le duo et Lorenzi, un indéfectible amitié unissant bientôt un trio fonctionnant dès lors de concert. Au total onze épisode vont être produits, tous les deux mois, alternativement écrits et présentés à l’écran par Decaux et Castelot, devant la caméra de Lorenzi. S’inspirant du livre de Decaux De l’Atlantide à Mayerling, les sujets seront très variés (le Masque de fer, Mayerling, Anastasia, la Marie-Céleste, etc.) et connaîtront un grand succès.
Jean d’Arcy, très satisfait de l’émission, décide d’élargir son objet. Les Enigmes de L’Histoire deviennent alors La Caméra explore le Temps en septembre 1957 (titre chois par Decaux). Les deux historiens vont désormais aborder l’ensemble de l’Histoire de France, sans plus qu’il n’y ait d’énigme à trancher par le public, Le débat opposera désormais amicalement Decaux et Castelot, qui assurent également la présentation de l’émission. D’Arcy augmente quelque peu les modestes moyens mis à disposition de l’équipe et soutiendra toujours une production lui tenant particulièrement à cœur, acceptant régulièrement les dépassements d’horaires et ce budget sollicités par Lorenzi, toujours chef du projet. Le trio continue à collaborer de manière toujours plus approfondie, Lorenzi disant désormais son mot sur l’écriture des textes, en bonne entente avec les historiens.
Un certain équilibre politique contribue à l’harmonie de cette relecture des grandes pages du roman national, Lorenzi, certainement le plus militant des trois, étant proche du parti communiste (il s’engagera notamment contre l’OAS en cette période troublée), tandis que Decaux se situe au centre gauche et Castelot au centre droit. La qualité de l’écriture et de la mise en scène valent derechef un grand succès à cette émission figurant désormais au patrimoine de notre télévision. Elle doit également son écho à la distribution relevée apparaissant régulièrement à l’écran, choisis par Lorenzi. Entre bien d’autres, on peut citer : Michel Bouquet, Roger Carel, Georges Descrières, Claudine Auger, Bernard Fresson, Claude Gensac, Raymond Pellegrin, Michel Piccoli, Jean Rochefort, etc.
L’aventure va se prolonger jusqu’en 1966, survivant, malgré une chaude alerte, au départ de d’Arcy, remplacé par Albert Ollivier, ancien résistant et proche d’André Malraux, tout puissant Ministre de la Culture du Général désormais revenu au pouvoir. L’émission reste également à l’antenne après la refonte de la RTF en ORTF, en 1964. En tout 38 épisodes seront produits au fil des 9 saisons, abordant des sujets extrêmement variés, débutant par Marie Walewska et s’achevant par les Cathares. Malgré les contraintes techniques du tournage en direct imposant un ensemble enserré sur quelques plateaux (quelques inserts donnant le temps de modifier décors et costumes), l’ensemble constitue un magnifique album d’images de l’Histoire de France, avec une écriture et une réalisation de haut vol.
La série s’arrête soudain en pleine gloire, une décision brusquement prise par Claude Contamine, directeur de la télévision à l’ORTF (appartenant pourtant à une famille de grands historiens. Dans ses mémoires, Alain Decaux met clairement en cause une volonté d’épuration en provenance de l’Elysée et relayée par le Ministre de l’Information, Alain Peyrefitte, dont Contamine fut le chef de cabinet. Le but était d’exfiltrer de l’ORTF un syndicaliste et communiste notoire comme Lorenzi (tout comme Max-Pol Fouchet), après que le pouvoir eut été effarouché par une grève survenant dans l’audiovisuel public. Ainsi s’achève une brillante exploration de notre passé, butant contre les aléas du présent et sur un certain éternel français.
Seront ainsi lancées les célèbres Cinq dernières minutes (1958-1998), de Claude Loursais, mais aussi Enigmes de l’Histoire (1956-1957), émission proposée par le réalisateur Stellio Lorenzi. Il s’agit là aussi de donner la possibilité au public d’arbitrer entre différentes thèses, cette fois autours de célèbres mystères demeurés irrésolus pour l’histoire ; le choix est décidé après une dramatique reconstituant les évènements connus, puis un débat entre experts. Lorenzi, qui a déjà un grande expérience télévisuelle, est en charge du projet. Pour écrire les textes, il fait appel à deux historiens populaires, André Castelot et Alain Decaux. Ce dernier a alors moins de trente ans, Lorenzi en compte trente-cinq. Les deux auteurs comptent déjà plusieurs publications à leur actif et sont habitués à travailler ensemble via leur émission de radio à succès La Tribune de l’Histoire, lancée en 1951 sur Paris Inter et qui se poursuivra jusqu’en en 1997 dans la Maison Ronde de Radio France.
Toutefois ils ignorent tout de la télévision, en cette époque où l’Etrange lucarne n’est encore détenue que par 300 000 foyers français. Alain Decaux confie d’ailleurs dans ses captivants mémoires (Tous les personnages sont vrais, 2005) que ni lui, ni Castelot, n’en possède, de même que son effarement devant la mécanique du tournage des dramatiques en direct, où acteurs et techniciens travaillent à un rythme d’enfer (il en ira pareillement pour les trois premières saisons de Chapeau Melon et Bottes de Cuir). Malgré leurs parcours différents le courant passe fort bien entre le duo et Lorenzi, un indéfectible amitié unissant bientôt un trio fonctionnant dès lors de concert. Au total onze épisode vont être produits, tous les deux mois, alternativement écrits et présentés à l’écran par Decaux et Castelot, devant la caméra de Lorenzi. S’inspirant du livre de Decaux De l’Atlantide à Mayerling, les sujets seront très variés (le Masque de fer, Mayerling, Anastasia, la Marie-Céleste, etc.) et connaîtront un grand succès.
Jean d’Arcy, très satisfait de l’émission, décide d’élargir son objet. Les Enigmes de L’Histoire deviennent alors La Caméra explore le Temps en septembre 1957 (titre chois par Decaux). Les deux historiens vont désormais aborder l’ensemble de l’Histoire de France, sans plus qu’il n’y ait d’énigme à trancher par le public, Le débat opposera désormais amicalement Decaux et Castelot, qui assurent également la présentation de l’émission. D’Arcy augmente quelque peu les modestes moyens mis à disposition de l’équipe et soutiendra toujours une production lui tenant particulièrement à cœur, acceptant régulièrement les dépassements d’horaires et ce budget sollicités par Lorenzi, toujours chef du projet. Le trio continue à collaborer de manière toujours plus approfondie, Lorenzi disant désormais son mot sur l’écriture des textes, en bonne entente avec les historiens.
Un certain équilibre politique contribue à l’harmonie de cette relecture des grandes pages du roman national, Lorenzi, certainement le plus militant des trois, étant proche du parti communiste (il s’engagera notamment contre l’OAS en cette période troublée), tandis que Decaux se situe au centre gauche et Castelot au centre droit. La qualité de l’écriture et de la mise en scène valent derechef un grand succès à cette émission figurant désormais au patrimoine de notre télévision. Elle doit également son écho à la distribution relevée apparaissant régulièrement à l’écran, choisis par Lorenzi. Entre bien d’autres, on peut citer : Michel Bouquet, Roger Carel, Georges Descrières, Claudine Auger, Bernard Fresson, Claude Gensac, Raymond Pellegrin, Michel Piccoli, Jean Rochefort, etc.
L’aventure va se prolonger jusqu’en 1966, survivant, malgré une chaude alerte, au départ de d’Arcy, remplacé par Albert Ollivier, ancien résistant et proche d’André Malraux, tout puissant Ministre de la Culture du Général désormais revenu au pouvoir. L’émission reste également à l’antenne après la refonte de la RTF en ORTF, en 1964. En tout 38 épisodes seront produits au fil des 9 saisons, abordant des sujets extrêmement variés, débutant par Marie Walewska et s’achevant par les Cathares. Malgré les contraintes techniques du tournage en direct imposant un ensemble enserré sur quelques plateaux (quelques inserts donnant le temps de modifier décors et costumes), l’ensemble constitue un magnifique album d’images de l’Histoire de France, avec une écriture et une réalisation de haut vol.
La série s’arrête soudain en pleine gloire, une décision brusquement prise par Claude Contamine, directeur de la télévision à l’ORTF (appartenant pourtant à une famille de grands historiens. Dans ses mémoires, Alain Decaux met clairement en cause une volonté d’épuration en provenance de l’Elysée et relayée par le Ministre de l’Information, Alain Peyrefitte, dont Contamine fut le chef de cabinet. Le but était d’exfiltrer de l’ORTF un syndicaliste et communiste notoire comme Lorenzi (tout comme Max-Pol Fouchet), après que le pouvoir eut été effarouché par une grève survenant dans l’audiovisuel public. Ainsi s’achève une brillante exploration de notre passé, butant contre les aléas du présent et sur un certain éternel français.
Estuaire44- Empereur
- Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007
Re: Série "La Caméra explore le Temps" (1957-1966)
Eh bien, ce n'est pas souvent qu'on exhume notre patrimoine national en matière de séries, mais j'applaudis ce bel effort, Estuaire. On va bien entendu te suivre tout au long de cette aventure !
Dearesttara- Roi (Reine)
- Age : 33
Localisation : Charenton (94)
Date d'inscription : 08/02/2010
Re: Série "La Caméra explore le Temps" (1957-1966)
Merci, une longue aventure vu quelle va s'étendre sur plusieurs siècles !
Je ne les ai pas compté, mais je crois qu'entre les différents contributeurs on doit tout de même arriver à une dizaine de séries français, de styles très variés. Ce n'est pas si mal, même si la Caméra reste certainement la plus ancienne de toutes. Un peu d'archéologie télévisuelle, c'est toujours agréable !
Je ne les ai pas compté, mais je crois qu'entre les différents contributeurs on doit tout de même arriver à une dizaine de séries français, de styles très variés. Ce n'est pas si mal, même si la Caméra reste certainement la plus ancienne de toutes. Un peu d'archéologie télévisuelle, c'est toujours agréable !
Estuaire44- Empereur
- Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007
Re: Série "La Caméra explore le Temps" (1957-1966)
Marie Walewska (1-01, ****)
Date de diffusion : 14 septembre 1957
Auteur : Alain Decaux
Résumé :
Le récit narre les grandes étapes de la relation amoureuse entre Napoléon et la comtesse polonaise Marie Walewska, depuis leur rencontre en 1807, à Varsovie, jusqu’au départ de l’Empereur pour St-Hélène.
Critique :
Dès ce premier opus, la discussion initiale entre Castelot et Decaux s’avère un authentique régal, Issue de leur déjà longue collaboration, leur complicité fait merveille lors d’une amicale controverse perpétuant l’opposition de deux thèses caractérisant leur précédente série, Les Enigmes de l’Histoire. Decaux tient que Napoléon est un romantique aimant passionnément les femmes, tandis que Castelot estime que l’Empereur donna toujours la priorité à la politique et à son ego.
Cette opposition se cristallise sur la véritable nature de la relation unissant napoléon et Marie Walewska. La brillante discussion court librement, entre anecdotes, conseils de lecture et considérations érudites énoncées avec saveur. Elle s’avère caractéristique d du dessein profond du duo, à la télévision comme à la radio : intéresser le public à l’Histoire, en ne présentant jamais celle-ci d’une manière assommante, amis au contraire vivante et enthousiaste.
Comme dans tout bon pilote de série, l’auteur cherche à frapper l’esprit du public. Decaux a ainsi recours à Napoléon, soit l’un des personnages les plus connus et hors normes de l’histoire française, et à sa passion pour Marie Walewska, sujet idéal car mêlant romantisme, péripéties et politique, la Polonaise ayant toujours été une ardente avocate de sa nation auprès de l’Empereur. Un cocktail propre à susciter une histoire des plus prenantes, que Decaux sait évoquer avec vivacité.
On apprécie également que son récit ne sombre pas dans l’hagiographie, ne dissimulant les manières parfois rudes et irascibles de Napoléon et s’attachant toujours à privilégier le regard porté par Marie sur leur couple. Tout en appuyant son historicité sur des lettres retrouvées et évoquées à diverses reprises, la narration s’attarde particulièrement sur la naissance de la relation entre Napoléon et Marie. Un moment effectivement intéressant, la rencontre entre un désir sexuel et une ambition politique débouchant de manière inattendue sur la cristallisation d’un puissant sentiment amoureux.
La mise en scène accompagne efficacement l’ensemble, Stellio Lorenzi parvenant à optimiser avec aisance des moyens limités et les conditions particulières d’une diffusion en direct. Sar parfaite entente avec les techniciens et acteurs (avec l’aide précieuse de sa fidèle scripte Michèle O’Glor) lui permet de faire tourner cette complexe mécanique, tout en instillant une vraie mise en scène. Evidemment la qualité de l’image reste éloignée des normes d’aujourd’hui, de manière assez similaire à la période Cathy Gale des Avengers. On retrouve d’ailleurs pareillement les ombres visibles de caméra, les évidents décors de murs, ou les acteurs ayant parfois à reprendre leur texte (quel sang froid !), entre autres péripéties sympathiques.
Le seul point véritablement contrariant demeure l’enchâssement de l’action dans des décors totalement fermés, jusqu’à des fenêtres perpétuellement closes. La qualité de la distribution fait toutefois oublier cet élément, avec notamment un William Sabatier toujours juste dans le rôle piégé de l’Empereur, prêtant facilement le flanc aux excès. L’ensemble se voit dominé par une Magali Vendeuil absolument magnifique dans le rôle complexe de Marie, femme amoureuse confrontée aux cruautés de la politique imprégnant toujours l’esprit de son amant, comme lors du mariage avec Marie-Louise.
Anecdotes :
L’épisode dure en tout 96 minutes. Tout au long de la série cette durée demeurera variable, elle oscillera entre 60 et 192 minutes.
Avant de présenter leur nouvelle formule, lors de la traditionnelle séquence d’introduction, Alain Decaux et André Castelot annoncent les résultats du vote du public concernant les deux dernières émissions d’Enigmes de l’Histoire. Le fameux Chevalier d’Eon, fort prisé des cruciverbistes, est ainsi considéré comme une femme par 514 spectateurs et comme un homme par 310. Naundorff, horloger prussien ayant affirmé être le Dauphin n’étant pas mort dans la prison du Temple, se voit de son côté considéré comme louis XVII par 683 spectateurs, tandis que 229 le réfutent.
1807 : en guerre contre les monarchies coalisées, Napoléon occupe la Pologne. Lors d’un bal donné par Talleyrand à Varsovie, il fait la connaissance de la jeune Marie Walewska, issue de la noblesse polonaise. Une passion nait immédiatement, qui se poursuivra jusqu’au départ de Napoléon pour St-Hélène (Marie se rendra à l’île d’Elbe). En 1810, celle que l’on surnomma « l’épouse polonaise » de l’Empereur donna naissance à leur fils, Alexandre, futur ministre de Napoléon III. Après les Cent Jours, elle épouse le Comte d’Ornano, mais décède peu de temps après, du fait d’une insuffisance rénale, à 31 ans.
Marie Walewska fut interprétée par de nombreuses actrices, dont Greta Garbo (1937) et Catherine Schell dans la très réunie mini série anglaise Napoleon and Love (1974), narrant la vie sentimentale de l’Empereur.
Elle est ici jouée par Magali Vendeuil, de la Comédie française. Celle-ci effectua lamjeure partie de sa carrière au théâtre et à la télévision (Au théâtre ce soir). Elle participa régulièrement aux productions de son mari, Robert Lamoureux.
Date de diffusion : 14 septembre 1957
Auteur : Alain Decaux
Résumé :
Le récit narre les grandes étapes de la relation amoureuse entre Napoléon et la comtesse polonaise Marie Walewska, depuis leur rencontre en 1807, à Varsovie, jusqu’au départ de l’Empereur pour St-Hélène.
Critique :
Dès ce premier opus, la discussion initiale entre Castelot et Decaux s’avère un authentique régal, Issue de leur déjà longue collaboration, leur complicité fait merveille lors d’une amicale controverse perpétuant l’opposition de deux thèses caractérisant leur précédente série, Les Enigmes de l’Histoire. Decaux tient que Napoléon est un romantique aimant passionnément les femmes, tandis que Castelot estime que l’Empereur donna toujours la priorité à la politique et à son ego.
Cette opposition se cristallise sur la véritable nature de la relation unissant napoléon et Marie Walewska. La brillante discussion court librement, entre anecdotes, conseils de lecture et considérations érudites énoncées avec saveur. Elle s’avère caractéristique d du dessein profond du duo, à la télévision comme à la radio : intéresser le public à l’Histoire, en ne présentant jamais celle-ci d’une manière assommante, amis au contraire vivante et enthousiaste.
Comme dans tout bon pilote de série, l’auteur cherche à frapper l’esprit du public. Decaux a ainsi recours à Napoléon, soit l’un des personnages les plus connus et hors normes de l’histoire française, et à sa passion pour Marie Walewska, sujet idéal car mêlant romantisme, péripéties et politique, la Polonaise ayant toujours été une ardente avocate de sa nation auprès de l’Empereur. Un cocktail propre à susciter une histoire des plus prenantes, que Decaux sait évoquer avec vivacité.
On apprécie également que son récit ne sombre pas dans l’hagiographie, ne dissimulant les manières parfois rudes et irascibles de Napoléon et s’attachant toujours à privilégier le regard porté par Marie sur leur couple. Tout en appuyant son historicité sur des lettres retrouvées et évoquées à diverses reprises, la narration s’attarde particulièrement sur la naissance de la relation entre Napoléon et Marie. Un moment effectivement intéressant, la rencontre entre un désir sexuel et une ambition politique débouchant de manière inattendue sur la cristallisation d’un puissant sentiment amoureux.
La mise en scène accompagne efficacement l’ensemble, Stellio Lorenzi parvenant à optimiser avec aisance des moyens limités et les conditions particulières d’une diffusion en direct. Sar parfaite entente avec les techniciens et acteurs (avec l’aide précieuse de sa fidèle scripte Michèle O’Glor) lui permet de faire tourner cette complexe mécanique, tout en instillant une vraie mise en scène. Evidemment la qualité de l’image reste éloignée des normes d’aujourd’hui, de manière assez similaire à la période Cathy Gale des Avengers. On retrouve d’ailleurs pareillement les ombres visibles de caméra, les évidents décors de murs, ou les acteurs ayant parfois à reprendre leur texte (quel sang froid !), entre autres péripéties sympathiques.
Le seul point véritablement contrariant demeure l’enchâssement de l’action dans des décors totalement fermés, jusqu’à des fenêtres perpétuellement closes. La qualité de la distribution fait toutefois oublier cet élément, avec notamment un William Sabatier toujours juste dans le rôle piégé de l’Empereur, prêtant facilement le flanc aux excès. L’ensemble se voit dominé par une Magali Vendeuil absolument magnifique dans le rôle complexe de Marie, femme amoureuse confrontée aux cruautés de la politique imprégnant toujours l’esprit de son amant, comme lors du mariage avec Marie-Louise.
Anecdotes :
L’épisode dure en tout 96 minutes. Tout au long de la série cette durée demeurera variable, elle oscillera entre 60 et 192 minutes.
Avant de présenter leur nouvelle formule, lors de la traditionnelle séquence d’introduction, Alain Decaux et André Castelot annoncent les résultats du vote du public concernant les deux dernières émissions d’Enigmes de l’Histoire. Le fameux Chevalier d’Eon, fort prisé des cruciverbistes, est ainsi considéré comme une femme par 514 spectateurs et comme un homme par 310. Naundorff, horloger prussien ayant affirmé être le Dauphin n’étant pas mort dans la prison du Temple, se voit de son côté considéré comme louis XVII par 683 spectateurs, tandis que 229 le réfutent.
1807 : en guerre contre les monarchies coalisées, Napoléon occupe la Pologne. Lors d’un bal donné par Talleyrand à Varsovie, il fait la connaissance de la jeune Marie Walewska, issue de la noblesse polonaise. Une passion nait immédiatement, qui se poursuivra jusqu’au départ de Napoléon pour St-Hélène (Marie se rendra à l’île d’Elbe). En 1810, celle que l’on surnomma « l’épouse polonaise » de l’Empereur donna naissance à leur fils, Alexandre, futur ministre de Napoléon III. Après les Cent Jours, elle épouse le Comte d’Ornano, mais décède peu de temps après, du fait d’une insuffisance rénale, à 31 ans.
Marie Walewska fut interprétée par de nombreuses actrices, dont Greta Garbo (1937) et Catherine Schell dans la très réunie mini série anglaise Napoleon and Love (1974), narrant la vie sentimentale de l’Empereur.
Elle est ici jouée par Magali Vendeuil, de la Comédie française. Celle-ci effectua lamjeure partie de sa carrière au théâtre et à la télévision (Au théâtre ce soir). Elle participa régulièrement aux productions de son mari, Robert Lamoureux.
Estuaire44- Empereur
- Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007
Re: Série "La Caméra explore le Temps" (1957-1966)
Le Sacrifice de Madame de Lavalette (1-02, **)
Date de diffusion : 23 novembre 1957
Auteur : André Castelot
Résumé :
La Comte de Lavalette, dont l’épouse Emilie était la nièce Joséphine de Beauharnais, fut le directeur général des Postes durant l’Empire et le redevint durant les Cent Jours. Arrêté après le retour des Bourbon, il est condamné à mort en 1815, mais s’évade la veille de son exécution. A cette fin, il revêt les vêtements de son épouse venue le visiter et qui le remplace dans la cellule. Après avoir gagné l’étranger il revient en France en 1822, après avoir été amnistié et retrouve Emilie,
Critique :
L’épisode marque une certaine déconvenue, après le lancement particulièrement réussi de la série que constituait Marie Walewska. La première raison tient au choix du sujet lui-même. Outre l’effet de doublon avec de retour à cette séquence impériale qui fascinera toujours le duo Decaux & Castelot, on assiste également à un tassement des enjeux. On passe en effet de l’évocation d'un personnage clé du mystère napoléonien à ce qui, malgré son aspect spectaculaire, relève en grande partie du fait divers. La péripétie était sans doute davantage sa place dans un programme comme Les évasions célèbres, que dans La Caméra explore le Temps.
Castelot se rend bien compte de la minceur de son sujet et s’efforce de tenir la distance en greffant aux dialogues de nombres références aux évènements politiques en cours. Mais, à force d’accumulation, ce ci pousse à ses limites le procédé voyant une personne décrire une scène plutôt que de montrer celle-ci. La frustration se ressent d’autant plus fortement que l’action déjà rendue fixe par les conditions particulières du tournage s’enchâsse ici dans l’appartement des de Lavalette, puis dans la cellule de prison. Le scénario n’hésite pas non plus à en rajouter dans un certain mélodrame. Très répétitive, l’orgue de barbarie entendue durant les intermèdes devient vite lassante.
La distribution vient au secours de cet épisode. Encore surtout connu au théâtre, Pierre Mondy recréée avec conviction cet honnête homme quelque peu idéaliste, en proie à la raison d’Etat. Maria Mauban théâtralise sans excès la tourmentée Mme de Lavalette et l’on doit à ces deux comédiens les vrais moments d’émotion du récit. On apprécié particulièrement les entretiens entre Louis XVIII et son ministre de la Police Decazes, avec des dialogues finement ciselés et évoquant sans les caricaturer ces deux figures de la Restauration. Et son excellents, avec des rôles pleinement dans leur répertoire. La traditionnelle joute finale entre Decaux et Castelot évoque avec pertinence la question de la culpabilité du Comte de Lavalette.
Anecdotes :
Maria Mauban (Emilie) a beaucoup joué au théâtre, mais est aussi régulièrement apparue au cinéma. Dans Le Gendarme et les Extra-terrestres (1978), elle interprète l’épouse de Cruchot, en succédant à Claude Gensac.
En 1957, Pierre Mondy (de Lavalette), futur grand nom du cinéma et de la télévision est encore surtout connu au théâtre. Il perce au cinéma en 1960 en jouant cette fois l’Empereur en personne, ans Austerlitz, d’Abel Gance.
Jacques Castelot (le ministre Decazes) joua de très nombreux rôles d’aristocrates ou de personnages d’autorité durant sa longue carrière. Il est ainsi l’Archevêque de Toulouse ans Angélique, Marquise des Anges (1964). Il est le frère d’André Castelot.
Jacques Castelot va en tout participer six fois à La Caméra explore le Temps. La série va régulièrement faire revenir des comédiens, pour leur talent, mais aussi pour leur capacité à mémoriser rapidement leurs textes. A la demande de Lorenzi, les auteurs étant en effet souvent appelés à les modifier à la dernière minute. Decaux indique dans ses mémoires que quelques mouvements de mauvaise humeur se manifestèrent chez les acteurs durant le tournage des épisodes.
Date de diffusion : 23 novembre 1957
Auteur : André Castelot
Résumé :
La Comte de Lavalette, dont l’épouse Emilie était la nièce Joséphine de Beauharnais, fut le directeur général des Postes durant l’Empire et le redevint durant les Cent Jours. Arrêté après le retour des Bourbon, il est condamné à mort en 1815, mais s’évade la veille de son exécution. A cette fin, il revêt les vêtements de son épouse venue le visiter et qui le remplace dans la cellule. Après avoir gagné l’étranger il revient en France en 1822, après avoir été amnistié et retrouve Emilie,
Critique :
L’épisode marque une certaine déconvenue, après le lancement particulièrement réussi de la série que constituait Marie Walewska. La première raison tient au choix du sujet lui-même. Outre l’effet de doublon avec de retour à cette séquence impériale qui fascinera toujours le duo Decaux & Castelot, on assiste également à un tassement des enjeux. On passe en effet de l’évocation d'un personnage clé du mystère napoléonien à ce qui, malgré son aspect spectaculaire, relève en grande partie du fait divers. La péripétie était sans doute davantage sa place dans un programme comme Les évasions célèbres, que dans La Caméra explore le Temps.
Castelot se rend bien compte de la minceur de son sujet et s’efforce de tenir la distance en greffant aux dialogues de nombres références aux évènements politiques en cours. Mais, à force d’accumulation, ce ci pousse à ses limites le procédé voyant une personne décrire une scène plutôt que de montrer celle-ci. La frustration se ressent d’autant plus fortement que l’action déjà rendue fixe par les conditions particulières du tournage s’enchâsse ici dans l’appartement des de Lavalette, puis dans la cellule de prison. Le scénario n’hésite pas non plus à en rajouter dans un certain mélodrame. Très répétitive, l’orgue de barbarie entendue durant les intermèdes devient vite lassante.
La distribution vient au secours de cet épisode. Encore surtout connu au théâtre, Pierre Mondy recréée avec conviction cet honnête homme quelque peu idéaliste, en proie à la raison d’Etat. Maria Mauban théâtralise sans excès la tourmentée Mme de Lavalette et l’on doit à ces deux comédiens les vrais moments d’émotion du récit. On apprécié particulièrement les entretiens entre Louis XVIII et son ministre de la Police Decazes, avec des dialogues finement ciselés et évoquant sans les caricaturer ces deux figures de la Restauration. Et son excellents, avec des rôles pleinement dans leur répertoire. La traditionnelle joute finale entre Decaux et Castelot évoque avec pertinence la question de la culpabilité du Comte de Lavalette.
Anecdotes :
Maria Mauban (Emilie) a beaucoup joué au théâtre, mais est aussi régulièrement apparue au cinéma. Dans Le Gendarme et les Extra-terrestres (1978), elle interprète l’épouse de Cruchot, en succédant à Claude Gensac.
En 1957, Pierre Mondy (de Lavalette), futur grand nom du cinéma et de la télévision est encore surtout connu au théâtre. Il perce au cinéma en 1960 en jouant cette fois l’Empereur en personne, ans Austerlitz, d’Abel Gance.
Jacques Castelot (le ministre Decazes) joua de très nombreux rôles d’aristocrates ou de personnages d’autorité durant sa longue carrière. Il est ainsi l’Archevêque de Toulouse ans Angélique, Marquise des Anges (1964). Il est le frère d’André Castelot.
Jacques Castelot va en tout participer six fois à La Caméra explore le Temps. La série va régulièrement faire revenir des comédiens, pour leur talent, mais aussi pour leur capacité à mémoriser rapidement leurs textes. A la demande de Lorenzi, les auteurs étant en effet souvent appelés à les modifier à la dernière minute. Decaux indique dans ses mémoires que quelques mouvements de mauvaise humeur se manifestèrent chez les acteurs durant le tournage des épisodes.
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Date d'inscription : 10/04/2007
Re: Série "La Caméra explore le Temps" (1957-1966)
Kaspar Hauser, l'Orphelin de l'Europe (1-03, **)
Date de diffusion : 18 Janvier 1958
Auteur : Alain Decaux
Résumé :
Le 26 mai 1828 à Nuremberg, en Bavière, apparaît un jeune homme seulement capable d’énoncer son nom, Kaspar Hauser. Le bourgmestre Binder sympathise avec lui et Hauser lui révèle qu’il a passé sa vie dans un réduit obscur, avant qu’un homme inconnu ne le relâche près de Nuremberg. Le mystère passionne la presse, surnommant l’Orphelin de l’Europe celui qu’elle suppose être l’héritier légitime du Grand-duché de Bade. Celui-ci est alors dirigé par Charles II, époux de Stéphanie de Beauharnais, fille adoptive de Napoléon dont l’enfant aurait été substitué par un autre à la naissance. Hauser est confié au Comte Stanhope, mais plusieurs tentatives de meurtre ont lieu, Il est poignardé à mort en 1833, mais le médecin légiste estime qu’il s’est blessé lui-même.
Critique :
Kaspar Hauser, l'Orphelin de l'Europe présente le désavantage de se situer une nouvelle fois aux alentours de l’époque post impériale et il est vrai que toute une large première partie de la série se concentre sur cette période et ses attenants, parfois jusqu’à avoisiner la satiété. Le choix du thème, somme toute anecdotique même s’il passionna la presse de l’époque, illustre également la vision de l’Histoire qu’aura été celle d’Alain Decaux à la télévision, privilégiant les biographies ou les faits divers propres à exciter l’intérêt du public. Cette conception procura de grandes heures à la télévision françaises, dès La Caméra explore le Temps, mais aussi lors d’Alain Decaux raconte et ses versions ultérieures, où le présentateur mettait superbement en scène les évènements.
Mais, ici, exalter le mystère et la destinée singulière de Gaspar Hauser apparait en contradiction avec le mode narratif choisi, qui s’assimile à un dossier judiciaire assez froid et clinique. A chaque fois annoncées par un commentaire explicatif enjambant les évènements, les scènes se succédant apparaissent certes historiquement irréprochables, mais aussi comme des pièces versées au dossier, avec la sécheresse que cela véhicule. L’ensemble manque de souffle et de lyrisme, ce qu’il tente de compenser par un jeu trop théâtral de Jean Muselli, d’ailleurs visiblement trop âgé pour le personnage. La mise en scène et même le dialogue final entre Decaux et Castelot résultent plus ampoulés qu’à l’ordinaire. La formule aurait sans doute mieux correspondu à leur émission précédente, Enigmes de l’Histoire. Demeurent d’excellents acteurs dans les seconds rôles, notamment Jean Berger, bien connu des amateurs des Avengers.
Anecdotes :
Sur le lieu de l'attentat, dans le parc du château d'Ansbach, en Franconie, une stèle indique : Hic occultus occulto occisus est (Ici, un inconnu fut assassiné par un inconnu).
L’énigme de l’identité réelle de Kaspar Hauser a passionné historiens, romanciers et cinéastes et suscité une impressionnante publication d’ouvrages. Le mystère perdure encore aujourd’hui, des analyses contestées d’ADN ayant successivement infirmé ou confirmé son appartenance à la famille des grands-ducs.
Jean Berger (Comte Stanhope) fut un important comédien de doublage, il assura notamment la voix française de Patrick Macnee / John Steed tout au long de Chapeau Melon et Bottes de Cuir. Il va participer quatre fois à La Caméra explore le Temps.
Jean Muselli (Gaspard Hauser) connut une carrière d’étoiles filants durant les années 50 et 60, avant de mettre fin à ses jours en 1968, à 42 ans.
Hélène Constant (Stéphanie de Beauharnais) connaît ici le dernier rôle répertorié à l’écran d’une carrière se limitant essentiellement à quelques apparitions dans le cinéma des années 40.
Georges Wilson (Binder) tint plusieurs rôles marquants à la télévision, mais reste avant tout une grande figue du théâtre français, Il succède ainsi à Jean Vilar à la tête du Théâtre National Populaire. Il est le père de l’acteur Laurent Wilson.
Date de diffusion : 18 Janvier 1958
Auteur : Alain Decaux
Résumé :
Le 26 mai 1828 à Nuremberg, en Bavière, apparaît un jeune homme seulement capable d’énoncer son nom, Kaspar Hauser. Le bourgmestre Binder sympathise avec lui et Hauser lui révèle qu’il a passé sa vie dans un réduit obscur, avant qu’un homme inconnu ne le relâche près de Nuremberg. Le mystère passionne la presse, surnommant l’Orphelin de l’Europe celui qu’elle suppose être l’héritier légitime du Grand-duché de Bade. Celui-ci est alors dirigé par Charles II, époux de Stéphanie de Beauharnais, fille adoptive de Napoléon dont l’enfant aurait été substitué par un autre à la naissance. Hauser est confié au Comte Stanhope, mais plusieurs tentatives de meurtre ont lieu, Il est poignardé à mort en 1833, mais le médecin légiste estime qu’il s’est blessé lui-même.
Critique :
Kaspar Hauser, l'Orphelin de l'Europe présente le désavantage de se situer une nouvelle fois aux alentours de l’époque post impériale et il est vrai que toute une large première partie de la série se concentre sur cette période et ses attenants, parfois jusqu’à avoisiner la satiété. Le choix du thème, somme toute anecdotique même s’il passionna la presse de l’époque, illustre également la vision de l’Histoire qu’aura été celle d’Alain Decaux à la télévision, privilégiant les biographies ou les faits divers propres à exciter l’intérêt du public. Cette conception procura de grandes heures à la télévision françaises, dès La Caméra explore le Temps, mais aussi lors d’Alain Decaux raconte et ses versions ultérieures, où le présentateur mettait superbement en scène les évènements.
Mais, ici, exalter le mystère et la destinée singulière de Gaspar Hauser apparait en contradiction avec le mode narratif choisi, qui s’assimile à un dossier judiciaire assez froid et clinique. A chaque fois annoncées par un commentaire explicatif enjambant les évènements, les scènes se succédant apparaissent certes historiquement irréprochables, mais aussi comme des pièces versées au dossier, avec la sécheresse que cela véhicule. L’ensemble manque de souffle et de lyrisme, ce qu’il tente de compenser par un jeu trop théâtral de Jean Muselli, d’ailleurs visiblement trop âgé pour le personnage. La mise en scène et même le dialogue final entre Decaux et Castelot résultent plus ampoulés qu’à l’ordinaire. La formule aurait sans doute mieux correspondu à leur émission précédente, Enigmes de l’Histoire. Demeurent d’excellents acteurs dans les seconds rôles, notamment Jean Berger, bien connu des amateurs des Avengers.
Anecdotes :
Sur le lieu de l'attentat, dans le parc du château d'Ansbach, en Franconie, une stèle indique : Hic occultus occulto occisus est (Ici, un inconnu fut assassiné par un inconnu).
L’énigme de l’identité réelle de Kaspar Hauser a passionné historiens, romanciers et cinéastes et suscité une impressionnante publication d’ouvrages. Le mystère perdure encore aujourd’hui, des analyses contestées d’ADN ayant successivement infirmé ou confirmé son appartenance à la famille des grands-ducs.
Jean Berger (Comte Stanhope) fut un important comédien de doublage, il assura notamment la voix française de Patrick Macnee / John Steed tout au long de Chapeau Melon et Bottes de Cuir. Il va participer quatre fois à La Caméra explore le Temps.
Jean Muselli (Gaspard Hauser) connut une carrière d’étoiles filants durant les années 50 et 60, avant de mettre fin à ses jours en 1968, à 42 ans.
Hélène Constant (Stéphanie de Beauharnais) connaît ici le dernier rôle répertorié à l’écran d’une carrière se limitant essentiellement à quelques apparitions dans le cinéma des années 40.
Georges Wilson (Binder) tint plusieurs rôles marquants à la télévision, mais reste avant tout une grande figue du théâtre français, Il succède ainsi à Jean Vilar à la tête du Théâtre National Populaire. Il est le père de l’acteur Laurent Wilson.
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Re: Série "La Caméra explore le Temps" (1957-1966)
Le Mystérieux Enlèvement du sénateur Clément de Ris (1-04, ***)
Date de diffusion : 25 Février 1958
Auteur : Alain Decaux
Résumé :
Le comte Clément de Ris (1750-1827), de la noblesse de robe, se rallia à Révolution, durant laquelle il joua un rôle politique aux côtés des modérés. A l’avènement du Consulat, alors qu’il s’était retiré en Touraine, de Ris est nommé Sénateur par Bonaparte en 1800. Il est alors enlevé durant dix-neuf jours par un groupe inconnu et demeure captif dix-neuf jours. Les motivations des ravisseurs demeurèrent alors flous Il s’agissait d’agents de Fouché, chargés de récupérer des documents compromettants pour le ministre et qui commirent un excès de zèle. Avec l’assentiment de Bonaparte et la complicité silencieuse de Ris, Fouché fit alors arrêter et condamner à mort des innocents, afin d’empêcher un scandale.
Critique :
Encore une fois le récit du jour gravite autour de la période impériale et semble, dans un premier temps, relever du fait divers. Et pourtant le spectacle va s’avérer nettement plus prenant que lors du morne épisode dédié à Kaspar Hauser. C’est ainsi le cas en ce qui concerne l’intérêt historique d’une péripétie revêtant un impact politique supérieur pour le public français. L’évocation de l’arrière-fond de l’affaire indique avec éloquence à quel point la Vendée n’était encore que partiellement pacifiée, encore près d’un an après que Bonaparte se soit emparé du pouvoir et établit le Consulat. Par ailleurs, quelques qu’aient été les vicissitudes de son parcours et de sa moralité, De Ris est resté dans l’histoire de Paris pour les embellissements qu’il apporta au Palais du Luxembourg.
Surtout les développements de l’affaire, un authentique thriller politico-policier, se montrent palpitants, d’autant que la narration se voit dynamisée par un rythme plus élevé que précédemment (la scène d’ouverture nous plonge d’ailleurs d’emblée dans l’action). La présence de plusieurs grandes figures de l’épopée impériale semble également dynamiser la distribution, les comédiens jouant leur rôle avec un entrain manifeste. Les, le type de récit mouvementé et les figures impériales (dont l’emblématique Fouché) confèrent à l’opus une saveur à la Vidocq, bien connu des amateurs de séries historiques françaises, même si les contraintes techniques de la diffusion en direct perdurent. On regrettera par contre que les développements ultérieurs de l’affaire (dont le procès) ne se voient montrés qu’en accéléré, avec une voix hors champs accompagnant que=le passage de quelques gravures, puis le débat des historiens.
Anecdotes :
Nommé par la suite Questeur du Sénat, de Ris accomplit une brillante carrière sous l’Empire, où il supervisa notamment les embellissements du Palais du Luxembourg, et la reconstruction de l'Odéon.
De Ris fut l’un des premiers à trahir Napoléon, et il fut ensuite nommé Pair de France par la Restauration, et richement pensionné.)
Honoré de Balzac s’inspira de l’enlèvement pour écrire son roman Une ténébreuse affaire (1841), adapté en téléfilm en juin 1975.
William Sabatier (Savary) tint de très nombreux seconds rôles, à l’écran comme sur les planches. Il fut également un spécialiste du doublage, étant fréquemment la voix française de Marlon Brando, Karl Malden, Gene Hackman… Sabatier va participer 10 fois à La Caméra explore le Temps.
Date de diffusion : 25 Février 1958
Auteur : Alain Decaux
Résumé :
Le comte Clément de Ris (1750-1827), de la noblesse de robe, se rallia à Révolution, durant laquelle il joua un rôle politique aux côtés des modérés. A l’avènement du Consulat, alors qu’il s’était retiré en Touraine, de Ris est nommé Sénateur par Bonaparte en 1800. Il est alors enlevé durant dix-neuf jours par un groupe inconnu et demeure captif dix-neuf jours. Les motivations des ravisseurs demeurèrent alors flous Il s’agissait d’agents de Fouché, chargés de récupérer des documents compromettants pour le ministre et qui commirent un excès de zèle. Avec l’assentiment de Bonaparte et la complicité silencieuse de Ris, Fouché fit alors arrêter et condamner à mort des innocents, afin d’empêcher un scandale.
Critique :
Encore une fois le récit du jour gravite autour de la période impériale et semble, dans un premier temps, relever du fait divers. Et pourtant le spectacle va s’avérer nettement plus prenant que lors du morne épisode dédié à Kaspar Hauser. C’est ainsi le cas en ce qui concerne l’intérêt historique d’une péripétie revêtant un impact politique supérieur pour le public français. L’évocation de l’arrière-fond de l’affaire indique avec éloquence à quel point la Vendée n’était encore que partiellement pacifiée, encore près d’un an après que Bonaparte se soit emparé du pouvoir et établit le Consulat. Par ailleurs, quelques qu’aient été les vicissitudes de son parcours et de sa moralité, De Ris est resté dans l’histoire de Paris pour les embellissements qu’il apporta au Palais du Luxembourg.
Surtout les développements de l’affaire, un authentique thriller politico-policier, se montrent palpitants, d’autant que la narration se voit dynamisée par un rythme plus élevé que précédemment (la scène d’ouverture nous plonge d’ailleurs d’emblée dans l’action). La présence de plusieurs grandes figures de l’épopée impériale semble également dynamiser la distribution, les comédiens jouant leur rôle avec un entrain manifeste. Les, le type de récit mouvementé et les figures impériales (dont l’emblématique Fouché) confèrent à l’opus une saveur à la Vidocq, bien connu des amateurs de séries historiques françaises, même si les contraintes techniques de la diffusion en direct perdurent. On regrettera par contre que les développements ultérieurs de l’affaire (dont le procès) ne se voient montrés qu’en accéléré, avec une voix hors champs accompagnant que=le passage de quelques gravures, puis le débat des historiens.
Anecdotes :
Nommé par la suite Questeur du Sénat, de Ris accomplit une brillante carrière sous l’Empire, où il supervisa notamment les embellissements du Palais du Luxembourg, et la reconstruction de l'Odéon.
De Ris fut l’un des premiers à trahir Napoléon, et il fut ensuite nommé Pair de France par la Restauration, et richement pensionné.)
Honoré de Balzac s’inspira de l’enlèvement pour écrire son roman Une ténébreuse affaire (1841), adapté en téléfilm en juin 1975.
William Sabatier (Savary) tint de très nombreux seconds rôles, à l’écran comme sur les planches. Il fut également un spécialiste du doublage, étant fréquemment la voix française de Marlon Brando, Karl Malden, Gene Hackman… Sabatier va participer 10 fois à La Caméra explore le Temps.
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Re: Série "La Caméra explore le Temps" (1957-1966)
L'Exécution du duc d'Enghien (1-05, ****)
Date de diffusion : 25 Mars 1958
Auteur : André Castelot
Résumé :
Après avoir été l’un des dirigeants des armées royalistes en guerre contre la Révolution, le jeune duc d’Enghien (1772-1804), dernier membre de la Maison de Condé, s’est installé à Ettenheim, dans le Margraviat de Bade. Il réside dans ce territoire neutre, mais seulement à quelques kilomètres de la frontière française. Dans la nuit du 15 au 16 mars 1804, il est enlevé par des militaires français, le Consul Bonaparte craignant qu’il ne soit à la tête d’un complot monarchiste visant à l’assassiner, en conjonction avec le chouan Cadoudal. Le duc est promptement passé par les armes, dans les fossés du château de Vincennes, après une parodie de procès. Cet acte, conseillé par Talleyrand, va exacerber la haine des Émigrés contre Bonaparte et d’Enghien deviendra l’une des icônes de la Restauration.
Critique :
Nous découvrons ici le cinquième opus d’affilée gravitant, peu ou prou, autour de l’épopée impériale, soit l’intégralité du premier volet des DVD dédiés à la série. Une certaine lassitude du public pourrait en découler, surtout en considérant la richesse t la variété de notre roman national. Toutefois L'Exécution du duc d'Enghien se distingue par l’importance de son sujet, tant cette action, couplée avec l’arrestation de Cadoudal (également évoquée ici), permit au Premier Consul de contrer la menace intérieure. En outre la mort de d’Enghien devait devenir un symbole pour les Ultras de la Restauration, lui dont l’exécution fut narrée avec un souffle inégalable par Chateaubriand. Pour le coup, on entre de plain-pied dans la grande Histoire.
La question se pose dès lors de savoir si l’épisode du jour va se montrer à la hauteur du rendez-vous, un défi relevé avec éclat. Ainsi, malgré les contraintes particulières de mise en scène, Stellio Lorenzi fait preuve d’une authentique maestria dans la direction des caméras. Il sait ainsi trouver plusieurs angles judicieux, rendre intense la confrontation entre Enghien et ses ennemis, jusqu’au terrible coup d‘éclat d’une exécution impeccablement chorégraphiée. Le bel effet de la pluie tombant dans le studio dramatise encore davantage la scène.
Les dialogues écrits par Castelot se montrent également très évocateurs de la psychologie de de ce drame autant humain qu’historique. Disons-le : c’est ici avec grand talent que l’auteur campe une version résolument positive d’Enghien, tout comme plus tard le mémorable double épisode La Terreur et la Vertu nous proposera un Robespierre pareillement idéal. Cela provient toutefois d’une passion communicative pour le sujet, d’autant plus sympathique que, pour autant, elle ne vilipende pas Bonaparte (en fait on se situe assez près de Chateaubriand, qui incriminait avant tout Talleyrand).
La distribution se montre à la hauteur de ce grand spectacle historique. Parmi d’autres excellentes prestations on apprécie celles de Roger Cadoudal en un sarcastique Cadoudal capturé, ou encore celle de Sabatier en un Bonaparte acharné à défendre la France, mais aussi sa propre destinée, dont il pressent la grandeur. Toutefois le clou du spectacle réside bien entendu dans la formidable prestation d’un jeune Georges Descrières. Sans encore la gouaille canaille du Gentleman cambrioleur, il en possède déjà la classe et l’élégance naturelles.
Visiblement pénétré de l’importance du rôle et ayant pleinement intégré la dimension théâtrale de ces représentations en direct, il joue d’Enghien comme sur la scène du Français. Sa fausse indifférence, doublée d’une ironie aussi feutrée qu’incisive, exprime à merveille l’idéal aristocratique représenté par d’Enghien. Ce grand numéro, sans doute le plus marquant des cinq premiers épisodes, couronne le succès de l’opus. On regrettera simplement que le savoureux échange final entre Castelot et Decaux n’ait pas cette fois été conservé.
Anecdotes :
La mort du duc d’Enghien inspira à Chateaubriand plusieurs des pages les plus admirables des Mémoires d’Outre-tombe (1848).
Lors de leur traditionnel dialogue d’après épisode, malheureusement perdu pour cet épisode, Alain Decaux et André Castelot demandèrent au public de voter pour savoir si Bonaparte avait eu raison de faire exécuter d’Enghien. La réponse fut très majoritairement négative.
Anne Caprile jouait déjà Pauline, sœur de l’Empereur dans Marie Walewska. Ici elle devient son épouse, Joséphine de Beauharnais.
William Sabatier (Bonaparte) tint de très nombreux seconds rôles, à l’écran comme sur les planches. Il fut également un spécialiste du doublage, étant fréquemment la voix française de Marlon Brando, Karl Malden, Gene Hackman… Sabatier va participer 10 fois à La caméra explore le Temps et incarnera également Napoléon dans la série Vidocq (Le chapeau de l’Empereur).
Pierre Asso (Talleyrand) va participer pas moins de quatorze fois à La Caméra explore le Temps. Il est le frère du parolier Raymond Asso, qui écrivit beaucoup pour Edith Piaf.
Georges Descrières (Le Duc d'Enghien) est alors connu pour quelques rôles au cinéma, mais surtout pour être devenu récemment, le 01 janvier 1958, l’un des sociétaires de la Comédie française. Il va se consacrer prioritairement à cette institution, dont il deviendra le doyen et qu’il ne quittera qu’en 1985. Il tint néanmoins plusieurs rôles marquants à la télévision, dont ceux d’Arsène Lupin et du Sam de Sam et Sally. Descrières participa à deux reprises à La Caméra explore le Temps, série faisant régulièrement appel à la Comédie française.
Jean Berger (Chuméry) fut un important comédien de doublage, il assura notamment la voix française de Patrick Macnee / John Steed, tout au long de Chapeau Melon et Bottes de Cuir. Il va participer quatre fois à La Caméra explore le Temps.
Date de diffusion : 25 Mars 1958
Auteur : André Castelot
Résumé :
Après avoir été l’un des dirigeants des armées royalistes en guerre contre la Révolution, le jeune duc d’Enghien (1772-1804), dernier membre de la Maison de Condé, s’est installé à Ettenheim, dans le Margraviat de Bade. Il réside dans ce territoire neutre, mais seulement à quelques kilomètres de la frontière française. Dans la nuit du 15 au 16 mars 1804, il est enlevé par des militaires français, le Consul Bonaparte craignant qu’il ne soit à la tête d’un complot monarchiste visant à l’assassiner, en conjonction avec le chouan Cadoudal. Le duc est promptement passé par les armes, dans les fossés du château de Vincennes, après une parodie de procès. Cet acte, conseillé par Talleyrand, va exacerber la haine des Émigrés contre Bonaparte et d’Enghien deviendra l’une des icônes de la Restauration.
Critique :
Nous découvrons ici le cinquième opus d’affilée gravitant, peu ou prou, autour de l’épopée impériale, soit l’intégralité du premier volet des DVD dédiés à la série. Une certaine lassitude du public pourrait en découler, surtout en considérant la richesse t la variété de notre roman national. Toutefois L'Exécution du duc d'Enghien se distingue par l’importance de son sujet, tant cette action, couplée avec l’arrestation de Cadoudal (également évoquée ici), permit au Premier Consul de contrer la menace intérieure. En outre la mort de d’Enghien devait devenir un symbole pour les Ultras de la Restauration, lui dont l’exécution fut narrée avec un souffle inégalable par Chateaubriand. Pour le coup, on entre de plain-pied dans la grande Histoire.
La question se pose dès lors de savoir si l’épisode du jour va se montrer à la hauteur du rendez-vous, un défi relevé avec éclat. Ainsi, malgré les contraintes particulières de mise en scène, Stellio Lorenzi fait preuve d’une authentique maestria dans la direction des caméras. Il sait ainsi trouver plusieurs angles judicieux, rendre intense la confrontation entre Enghien et ses ennemis, jusqu’au terrible coup d‘éclat d’une exécution impeccablement chorégraphiée. Le bel effet de la pluie tombant dans le studio dramatise encore davantage la scène.
Les dialogues écrits par Castelot se montrent également très évocateurs de la psychologie de de ce drame autant humain qu’historique. Disons-le : c’est ici avec grand talent que l’auteur campe une version résolument positive d’Enghien, tout comme plus tard le mémorable double épisode La Terreur et la Vertu nous proposera un Robespierre pareillement idéal. Cela provient toutefois d’une passion communicative pour le sujet, d’autant plus sympathique que, pour autant, elle ne vilipende pas Bonaparte (en fait on se situe assez près de Chateaubriand, qui incriminait avant tout Talleyrand).
La distribution se montre à la hauteur de ce grand spectacle historique. Parmi d’autres excellentes prestations on apprécie celles de Roger Cadoudal en un sarcastique Cadoudal capturé, ou encore celle de Sabatier en un Bonaparte acharné à défendre la France, mais aussi sa propre destinée, dont il pressent la grandeur. Toutefois le clou du spectacle réside bien entendu dans la formidable prestation d’un jeune Georges Descrières. Sans encore la gouaille canaille du Gentleman cambrioleur, il en possède déjà la classe et l’élégance naturelles.
Visiblement pénétré de l’importance du rôle et ayant pleinement intégré la dimension théâtrale de ces représentations en direct, il joue d’Enghien comme sur la scène du Français. Sa fausse indifférence, doublée d’une ironie aussi feutrée qu’incisive, exprime à merveille l’idéal aristocratique représenté par d’Enghien. Ce grand numéro, sans doute le plus marquant des cinq premiers épisodes, couronne le succès de l’opus. On regrettera simplement que le savoureux échange final entre Castelot et Decaux n’ait pas cette fois été conservé.
Anecdotes :
La mort du duc d’Enghien inspira à Chateaubriand plusieurs des pages les plus admirables des Mémoires d’Outre-tombe (1848).
Lors de leur traditionnel dialogue d’après épisode, malheureusement perdu pour cet épisode, Alain Decaux et André Castelot demandèrent au public de voter pour savoir si Bonaparte avait eu raison de faire exécuter d’Enghien. La réponse fut très majoritairement négative.
Anne Caprile jouait déjà Pauline, sœur de l’Empereur dans Marie Walewska. Ici elle devient son épouse, Joséphine de Beauharnais.
William Sabatier (Bonaparte) tint de très nombreux seconds rôles, à l’écran comme sur les planches. Il fut également un spécialiste du doublage, étant fréquemment la voix française de Marlon Brando, Karl Malden, Gene Hackman… Sabatier va participer 10 fois à La caméra explore le Temps et incarnera également Napoléon dans la série Vidocq (Le chapeau de l’Empereur).
Pierre Asso (Talleyrand) va participer pas moins de quatorze fois à La Caméra explore le Temps. Il est le frère du parolier Raymond Asso, qui écrivit beaucoup pour Edith Piaf.
Georges Descrières (Le Duc d'Enghien) est alors connu pour quelques rôles au cinéma, mais surtout pour être devenu récemment, le 01 janvier 1958, l’un des sociétaires de la Comédie française. Il va se consacrer prioritairement à cette institution, dont il deviendra le doyen et qu’il ne quittera qu’en 1985. Il tint néanmoins plusieurs rôles marquants à la télévision, dont ceux d’Arsène Lupin et du Sam de Sam et Sally. Descrières participa à deux reprises à La Caméra explore le Temps, série faisant régulièrement appel à la Comédie française.
Jean Berger (Chuméry) fut un important comédien de doublage, il assura notamment la voix française de Patrick Macnee / John Steed, tout au long de Chapeau Melon et Bottes de Cuir. Il va participer quatre fois à La Caméra explore le Temps.
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Re: Série "La Caméra explore le Temps" (1957-1966)
La présentation ainsi que les chroniques du volume 1 sont en ligne !
http://lemondedesavengers.fr/hors-serie/annees-1950/la-camera-explore-le-temps
http://lemondedesavengers.fr/hors-serie/annees-1950/la-camera-explore-le-temps
Invité- Invité
Re: Série "La Caméra explore le Temps" (1957-1966)
C'est parfait, la suite à la rentrée !
Estuaire44- Empereur
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Re: Série "La Caméra explore le Temps" (1957-1966)
L'Étrange Mort de Paul-Louis Courier (1-06, **)
Date de diffusion : 9 Mai 1958
Auteur : Alain Decaux
Résumé :
Paul-Louis Courier (1772-1825) mit à profit sa carrière d’officier d’artillerie en Italie, au service de la Révolution puis de l’Empire, pour acquérir une large érudition. Il négligeait en effet souvent les devoirs de sa charge, afin de dévorer les bibliothèques des lieux visités, devenant un grand spécialiste de l’Antiquité. Peu favorable au Bonapartisme, il s’oppose néanmoins avec acharnement à la Restauration. Il entre en politique via de retentissants pamphlets, à la cinglante ironie. Libéral et anticlérical, il s‘acharne, malgré plusieurs peines de prison. Son corps criblé de balles est retrouvé en avril 1825. Un mobile politique est soupçonné, mais un témoignage permet d’incriminer des domestiques, sans toutefois lever le doute, d’autant que les accusés sont acquittés.
Critique :
L’épisode manifeste une grande maîtrise de son écriture, mais ne peut toutefois empêcher que l’on ressente qu’il passe à côté de son sujet. En effet, ce qui nous intéresse au premier chef à travers la narration de l’affaire Courier demeure l’évocation de l’atmosphère empoisonnée d’une époque. Mais cette peinture d’une période voyant les Ultras accéder enfin à la domination sociale et à la libre expression de leur haine revancharde, à la faveur du début du règne de Charles X, reste malheureusement sommairement brossée. Un évènement dramatique comme le meurtre du Duc de Berry, contribuant massivement à la radicalisation des esprits, se voit simplement cité dans la conversation et non explicité. A ce passionnant volet politique, Alain Decaux, encore sans doute influencé par la précédente série des Enigmes de l’Histoire, préfère l’examen réellement par le menu du volet domestique de l’affaire et de ses coupables potentiels (l’épouse infidèle, son amant peut-être assassin). Dès lors l’intrigue devient celle d’un drame judiciaire, davantage qu’un récit historique.
Pour l’essentiel, cette analyse des témoignages, des alibis, des éléments de procédure (etc.) pourrait de fait se dérouler à une toute autre époque, autour d’une victime quelconque. Les amateurs de ce type d’histoire y trouveront sans doute de l’intérêt, tant la narration complexe demeure très claire et organisée avec talent autour d’une étude de caractères. On apprécie notamment l’opposition entre un procureur soucieux avant tout de l’ordre public et d’un juge instruction bien davantage acharné à découvrir la vérité. La distribution apparaît tout à fait convaincante, avec une grande implication, aussi bien des premiers que des seconds rôles, malgré la pression du tournage en direct. La mise en scène s’entend à animer un tournage inséré en une poignée de décors, les caméras de Lorenzi parvenant à tenir le rythme d’un montage serré multipliant les scènes courtes changeant les décors et :maintenant souvent les personnages en mouvement. La voix hors champ se voit également optimisée comme fil conducteur de l’action. Il n’en reste pas moins que l’amateur de récit historique restera déçu du faible éclairage porté sur une période particulièrement délétère de nostr Histoire.
Anecdotes :
En 1940, la Pléiade publia l’intégralité des écrits, correspondances et traductions de Courier, grand helléniste doublé d’un redoutable polémiste.
En 1949, le film La Ferme des sept péchés, de Jean Devaivre, narra l’affaire du meurtre de Paul-Louis Courier. Il fut tourné sur les lieux du drame, en Touraine, à Véretz.
L’Histoire poursuit son cours autour de la série, alors que les évènements dramatiques se précipitent en Algérie et à Paris. L’épisode est diffusé le 09 mai 1958, le 13 survient le Putsch d'Alger. La menace de chaos conduit alors le Général de Gaulle à revenir au pouvoir, avec un gouvernement investi le 01 juin. Le Général va proclamer l’avènement de la Cinquième République, dont la Constitution est approuvée par référendum en septembre.
François Chaumette (Le juge d’instruction) fut l’une des grandes figures de la Comédie Française, dont il fut sociétaire de 1960 à 1987. Il fut également un visage familier des séries historiques françaises, apparaissant dans de nombreuses productions de la RTF, puis de l’ORTF (Les Enigmes de l’Hsitoire, Le Chevalier de Maison Rouge, Schulmeister…). Il va participer six fois à La Caméra explore le Temps. Il se spécialisa également dans le doublage de personnages maléfiques de films de Science-fiction : Dark Vador, HAL 9000, Khan…
Jean-Roger Caussimon (Paul-Louis Courier) connut une carrière prolifique, à la fois comédien de théâtre et de cinéma, chanteur, parolier pour Léo Ferré, Julien Clerc, Bernard Lavilliers… Il apparut fréquemment à la télévision, dont il participa aux débuts expérimentaux, dans les années 40. Il va jouer huit fois dans La Caméra explore le Temps.
Date de diffusion : 9 Mai 1958
Auteur : Alain Decaux
Résumé :
Paul-Louis Courier (1772-1825) mit à profit sa carrière d’officier d’artillerie en Italie, au service de la Révolution puis de l’Empire, pour acquérir une large érudition. Il négligeait en effet souvent les devoirs de sa charge, afin de dévorer les bibliothèques des lieux visités, devenant un grand spécialiste de l’Antiquité. Peu favorable au Bonapartisme, il s’oppose néanmoins avec acharnement à la Restauration. Il entre en politique via de retentissants pamphlets, à la cinglante ironie. Libéral et anticlérical, il s‘acharne, malgré plusieurs peines de prison. Son corps criblé de balles est retrouvé en avril 1825. Un mobile politique est soupçonné, mais un témoignage permet d’incriminer des domestiques, sans toutefois lever le doute, d’autant que les accusés sont acquittés.
Critique :
L’épisode manifeste une grande maîtrise de son écriture, mais ne peut toutefois empêcher que l’on ressente qu’il passe à côté de son sujet. En effet, ce qui nous intéresse au premier chef à travers la narration de l’affaire Courier demeure l’évocation de l’atmosphère empoisonnée d’une époque. Mais cette peinture d’une période voyant les Ultras accéder enfin à la domination sociale et à la libre expression de leur haine revancharde, à la faveur du début du règne de Charles X, reste malheureusement sommairement brossée. Un évènement dramatique comme le meurtre du Duc de Berry, contribuant massivement à la radicalisation des esprits, se voit simplement cité dans la conversation et non explicité. A ce passionnant volet politique, Alain Decaux, encore sans doute influencé par la précédente série des Enigmes de l’Histoire, préfère l’examen réellement par le menu du volet domestique de l’affaire et de ses coupables potentiels (l’épouse infidèle, son amant peut-être assassin). Dès lors l’intrigue devient celle d’un drame judiciaire, davantage qu’un récit historique.
Pour l’essentiel, cette analyse des témoignages, des alibis, des éléments de procédure (etc.) pourrait de fait se dérouler à une toute autre époque, autour d’une victime quelconque. Les amateurs de ce type d’histoire y trouveront sans doute de l’intérêt, tant la narration complexe demeure très claire et organisée avec talent autour d’une étude de caractères. On apprécie notamment l’opposition entre un procureur soucieux avant tout de l’ordre public et d’un juge instruction bien davantage acharné à découvrir la vérité. La distribution apparaît tout à fait convaincante, avec une grande implication, aussi bien des premiers que des seconds rôles, malgré la pression du tournage en direct. La mise en scène s’entend à animer un tournage inséré en une poignée de décors, les caméras de Lorenzi parvenant à tenir le rythme d’un montage serré multipliant les scènes courtes changeant les décors et :maintenant souvent les personnages en mouvement. La voix hors champ se voit également optimisée comme fil conducteur de l’action. Il n’en reste pas moins que l’amateur de récit historique restera déçu du faible éclairage porté sur une période particulièrement délétère de nostr Histoire.
Anecdotes :
En 1940, la Pléiade publia l’intégralité des écrits, correspondances et traductions de Courier, grand helléniste doublé d’un redoutable polémiste.
En 1949, le film La Ferme des sept péchés, de Jean Devaivre, narra l’affaire du meurtre de Paul-Louis Courier. Il fut tourné sur les lieux du drame, en Touraine, à Véretz.
L’Histoire poursuit son cours autour de la série, alors que les évènements dramatiques se précipitent en Algérie et à Paris. L’épisode est diffusé le 09 mai 1958, le 13 survient le Putsch d'Alger. La menace de chaos conduit alors le Général de Gaulle à revenir au pouvoir, avec un gouvernement investi le 01 juin. Le Général va proclamer l’avènement de la Cinquième République, dont la Constitution est approuvée par référendum en septembre.
François Chaumette (Le juge d’instruction) fut l’une des grandes figures de la Comédie Française, dont il fut sociétaire de 1960 à 1987. Il fut également un visage familier des séries historiques françaises, apparaissant dans de nombreuses productions de la RTF, puis de l’ORTF (Les Enigmes de l’Hsitoire, Le Chevalier de Maison Rouge, Schulmeister…). Il va participer six fois à La Caméra explore le Temps. Il se spécialisa également dans le doublage de personnages maléfiques de films de Science-fiction : Dark Vador, HAL 9000, Khan…
Jean-Roger Caussimon (Paul-Louis Courier) connut une carrière prolifique, à la fois comédien de théâtre et de cinéma, chanteur, parolier pour Léo Ferré, Julien Clerc, Bernard Lavilliers… Il apparut fréquemment à la télévision, dont il participa aux débuts expérimentaux, dans les années 40. Il va jouer huit fois dans La Caméra explore le Temps.
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Re: Série "La Caméra explore le Temps" (1957-1966)
La Mort de Marie-Antoinette (1-07, ****)
Date de diffusion : 19 Octobre 1958
Auteur : André Castelot
Résumé :
Le procès et les derniers jours de Marie Antoinette. Alors que Louis XVI ait été exécuté le 02 janvier 1793, elle comparait devant le Tribunal révolutionnaire, mené par l’accusateur public Fouquier-Tinville, le 03 octobre. Malgré la présence du jeune avocat Chauveau-Lagarde, son procès va s’avérer nettement plus sommaire et caricatural que celui de son mari, Entre temps Maximilien de Robespierre a pris le pouvoir et décrété la Terreur pour sauver la Révolution des menaces intérieures et extérieures. La mort de Marie-Antoinette est d’emblée décidée, comme nécessité politique. L’ »Autrichienne » est guillotinée le 13 octobre 1793.
Critique :
Avec cet épisode, la série continue à s’enraciner au sein du cryptique Révolution-Empire-restauration, mais nous délivre à cette occasion une magistrale narration d’une es pages les plus fameuses de cette partie de notre roman national. On ne peut qu’applaudir devant le grand souci d’historicité manifesté par Castelot, ce qui ne l’empêche par ailleurs nullement de rendre captivante cette ultime étape du parcours de Marie-Antoinette. L’opus débute ainsi par une saisissante évocation de la marche à la Révolution ayant conduit jusqu’au procès, en voix hors champ idéalement accompagnée de belles gravures. Les enjeux se voient parfaitement circonstanciés, avec un grand souci d’objectivité. De même les paroles prononcées par Marie-Antoinette l’ont effectivement été et la vie de ce qu’il demeure de la famille royale à la prison de la Conciergerie est dépeinte avec une grande profusion de détails.
Même si l’on ressent une sympathie pour elle, Castelot évite le piège de l’hagiographie de la Reine (dont la correspondance prouvera par la suite qu’elle a bien transmis des informations aux adversaires de la France). De même si les aspects scandaleux et orduriers du procès sont mis en avant, le récit ne noircit pas Robespierre désireux de rendre irrévocable le fit révolutionnaire et de susciter l’unité de la Nation face aux périls, fût-ce au prix de la Terreur. En définitive, s’il fait belle part à l’émotion, l’épisode laisse le spectateur se forger son opinion sur l’« affaire Marie-Antoinette », en yant tous les éléments en main.
La somptueuse distribution restitue toute la force de ce moment particulièrement dramatique, dont on comprend aisément qu’il ait tant inspiré le cinéma et la télévision. Annie Ducaux apporte toute une fragilité diaphane à la Reine et accomplit de superbes performances, dont la lecture hors champ de l’ultime lettre de Marie-Antoinette à sa sœur, tandis qu’elle monte à l’échafaud (la mise en scène a la pudeur de ne pas reconstituer l’exécution elle-même). François Maistre en visqueux Fouquier-Tinville et Michel Bouquet en Robespierre dominant toute la scène, s’avèrent magistraux. Les amateurs d’Angélique, Marquise des Anges pourront s’amuser de découvrir Jean Rochefort déjà interpréter l’avocat dans un procès politique truqué, six ans avant qu’il ne devienne Desgrez dans le film de Bernard Borderie.
Anecdotes :
L’épisode est diffusé deux semaines après la promulgation de la nouvelle Constitution, celle de la Cinquième République, après le référendum positif du 28 septembre. Le 23 octobre le FLN va refuser la « Paix des Braves » proposée par le Général, le conflit algérien se poursuit.
Jean Rochefort (Chauveau-Lagarde) est encore surtout connu au théâtre, où il a débuté sa carrière à 23 ans, en 1953. Le succès au cinéma viendra en 1961, avec Cartouche, puis suivront Les Tribulations d'un Chinois en Chine et le cycle des Angélique, Marquise des Anges. Il participera également à l’épisode Les Templiers.
Michel Bouquet (Robespierre) est alors déjà une figure du théâtre français, où il débuta en 1944. Il y connaît un succès rapide, aux côtés de Jean Anouilh, au Théâtre de l'Atelier, puis de Jean Vilar au TNP et au Festival d'Avignon. Le succès au cinéma viendra surtout durant les années 60 et surtout 70, avec des rôles d’autorité souvent antipathiques ou sombres (Deux hommes dans la ville, 1972 ; Le Jouet, 1976, etc.). Il va apparaître trois fois dans La Caméra explore le Temps.
Annie Ducaux (Marie-Antoinette) fut sociétaire de la Comédie française, de 1948 à 1982. Elle tourna également dans de nombreux mélodrames au cinéma (Prison sans barreaux, 1938). Elle devrait rependre le rôle de Marie-Antoinette dans la série Le Chevalier de Maison-Rouge (1963).
François Maistre (Fouquier-Tinville) est évidemment remémoré pour le rôle de M. Faivre dans Les Brigades du Tigre, mais compte bien d’autres rôles à son actif. Il va participer à pas moins de 15 reprises à La Caméra explore le Temps.
Date de diffusion : 19 Octobre 1958
Auteur : André Castelot
Résumé :
Le procès et les derniers jours de Marie Antoinette. Alors que Louis XVI ait été exécuté le 02 janvier 1793, elle comparait devant le Tribunal révolutionnaire, mené par l’accusateur public Fouquier-Tinville, le 03 octobre. Malgré la présence du jeune avocat Chauveau-Lagarde, son procès va s’avérer nettement plus sommaire et caricatural que celui de son mari, Entre temps Maximilien de Robespierre a pris le pouvoir et décrété la Terreur pour sauver la Révolution des menaces intérieures et extérieures. La mort de Marie-Antoinette est d’emblée décidée, comme nécessité politique. L’ »Autrichienne » est guillotinée le 13 octobre 1793.
Critique :
Avec cet épisode, la série continue à s’enraciner au sein du cryptique Révolution-Empire-restauration, mais nous délivre à cette occasion une magistrale narration d’une es pages les plus fameuses de cette partie de notre roman national. On ne peut qu’applaudir devant le grand souci d’historicité manifesté par Castelot, ce qui ne l’empêche par ailleurs nullement de rendre captivante cette ultime étape du parcours de Marie-Antoinette. L’opus débute ainsi par une saisissante évocation de la marche à la Révolution ayant conduit jusqu’au procès, en voix hors champ idéalement accompagnée de belles gravures. Les enjeux se voient parfaitement circonstanciés, avec un grand souci d’objectivité. De même les paroles prononcées par Marie-Antoinette l’ont effectivement été et la vie de ce qu’il demeure de la famille royale à la prison de la Conciergerie est dépeinte avec une grande profusion de détails.
Même si l’on ressent une sympathie pour elle, Castelot évite le piège de l’hagiographie de la Reine (dont la correspondance prouvera par la suite qu’elle a bien transmis des informations aux adversaires de la France). De même si les aspects scandaleux et orduriers du procès sont mis en avant, le récit ne noircit pas Robespierre désireux de rendre irrévocable le fit révolutionnaire et de susciter l’unité de la Nation face aux périls, fût-ce au prix de la Terreur. En définitive, s’il fait belle part à l’émotion, l’épisode laisse le spectateur se forger son opinion sur l’« affaire Marie-Antoinette », en yant tous les éléments en main.
La somptueuse distribution restitue toute la force de ce moment particulièrement dramatique, dont on comprend aisément qu’il ait tant inspiré le cinéma et la télévision. Annie Ducaux apporte toute une fragilité diaphane à la Reine et accomplit de superbes performances, dont la lecture hors champ de l’ultime lettre de Marie-Antoinette à sa sœur, tandis qu’elle monte à l’échafaud (la mise en scène a la pudeur de ne pas reconstituer l’exécution elle-même). François Maistre en visqueux Fouquier-Tinville et Michel Bouquet en Robespierre dominant toute la scène, s’avèrent magistraux. Les amateurs d’Angélique, Marquise des Anges pourront s’amuser de découvrir Jean Rochefort déjà interpréter l’avocat dans un procès politique truqué, six ans avant qu’il ne devienne Desgrez dans le film de Bernard Borderie.
Anecdotes :
L’épisode est diffusé deux semaines après la promulgation de la nouvelle Constitution, celle de la Cinquième République, après le référendum positif du 28 septembre. Le 23 octobre le FLN va refuser la « Paix des Braves » proposée par le Général, le conflit algérien se poursuit.
Jean Rochefort (Chauveau-Lagarde) est encore surtout connu au théâtre, où il a débuté sa carrière à 23 ans, en 1953. Le succès au cinéma viendra en 1961, avec Cartouche, puis suivront Les Tribulations d'un Chinois en Chine et le cycle des Angélique, Marquise des Anges. Il participera également à l’épisode Les Templiers.
Michel Bouquet (Robespierre) est alors déjà une figure du théâtre français, où il débuta en 1944. Il y connaît un succès rapide, aux côtés de Jean Anouilh, au Théâtre de l'Atelier, puis de Jean Vilar au TNP et au Festival d'Avignon. Le succès au cinéma viendra surtout durant les années 60 et surtout 70, avec des rôles d’autorité souvent antipathiques ou sombres (Deux hommes dans la ville, 1972 ; Le Jouet, 1976, etc.). Il va apparaître trois fois dans La Caméra explore le Temps.
Annie Ducaux (Marie-Antoinette) fut sociétaire de la Comédie française, de 1948 à 1982. Elle tourna également dans de nombreux mélodrames au cinéma (Prison sans barreaux, 1938). Elle devrait rependre le rôle de Marie-Antoinette dans la série Le Chevalier de Maison-Rouge (1963).
François Maistre (Fouquier-Tinville) est évidemment remémoré pour le rôle de M. Faivre dans Les Brigades du Tigre, mais compte bien d’autres rôles à son actif. Il va participer à pas moins de 15 reprises à La Caméra explore le Temps.
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Re: Série "La Caméra explore le Temps" (1957-1966)
Il y a quarante ans… (1-08, ****)
Date de diffusion : 11 Novembre 1958
Résumé :
A travers images d’archives et témoignages, l’émission rend hommage aux Poilus de la grande Guerre, quarante ans jour pour jour après qu’ait été signé l’Armistice dans la Clairière de Rethondes.
Critique :
Prenant la forme d’un pur documentaire, Il y a quarante ans échappe sans doute en partie à la critique usuelle d’un épisode de série télévisée. Il n’en demeure pas moins un grand moment de télévision. Encore davantage que les éloquentes images d’archive, on apprécie par-dessus tout le témoignage sur le vif des survivants du terrible premier conflit mondial. Pour l’observateur de 2017, le fait qu’il s’agisse encore parfois d’adultes d’âge mur apporte une nouveauté aux images équivalentes encore présentes voici quelques années. De fait leur narration présente une force particulière se communiquant aisément au spectateur d’alors.
Il faut dire qu’en 1958, la Grande Guerre reste plus proche de lui que le second conflit mondial, voire les conflits de la Décolonisation, de notre époque contemporaine. Souvent l’opus évoquera de terrible souvenirs de la génération précédente, avec en point d’orgue la solennité d’un Général Weygand présentant le célèbre Wagon de Rethondes, où fut signé l’Armistice (du moins sa copie à l’identique, l’objet ayant été emporté depuis par les nazis). Un épisode tout à fait à part, devenu en soi un important document historique.
Anecdotes :
Dans ses mémoires, Alain Decaux exprime le souvenir ému de son père, qui participa à la Grande Guerre sur le front de l’Yser, en Belgique. En 1939, âgé de 51 ans et père de trois enfants, Francis Decaux n’hésita pas à se réengager afin de lutter contre Hitler.
Le narrateur de l’épisode est Pierre Fresnay. La carrière de l’acteur fut marquée par plusieurs rôles liés à la Grande Guerre, comme lors de films aussi différents que La grande illusion (1937) ou Les Vieux de la Vieille (1960).
Maxime Weygand (1967-1965) participa à la signature de l’Armistice de Rethondes en tant que chef d’état major du Maréchal Foch. Il lui revint notamment de lire les conditions de l'Armistice à la délégation allemande. Par la suite il fut le chef en chef de l’armée française durant le désastre de 1940.
Date de diffusion : 11 Novembre 1958
Résumé :
A travers images d’archives et témoignages, l’émission rend hommage aux Poilus de la grande Guerre, quarante ans jour pour jour après qu’ait été signé l’Armistice dans la Clairière de Rethondes.
Critique :
Prenant la forme d’un pur documentaire, Il y a quarante ans échappe sans doute en partie à la critique usuelle d’un épisode de série télévisée. Il n’en demeure pas moins un grand moment de télévision. Encore davantage que les éloquentes images d’archive, on apprécie par-dessus tout le témoignage sur le vif des survivants du terrible premier conflit mondial. Pour l’observateur de 2017, le fait qu’il s’agisse encore parfois d’adultes d’âge mur apporte une nouveauté aux images équivalentes encore présentes voici quelques années. De fait leur narration présente une force particulière se communiquant aisément au spectateur d’alors.
Il faut dire qu’en 1958, la Grande Guerre reste plus proche de lui que le second conflit mondial, voire les conflits de la Décolonisation, de notre époque contemporaine. Souvent l’opus évoquera de terrible souvenirs de la génération précédente, avec en point d’orgue la solennité d’un Général Weygand présentant le célèbre Wagon de Rethondes, où fut signé l’Armistice (du moins sa copie à l’identique, l’objet ayant été emporté depuis par les nazis). Un épisode tout à fait à part, devenu en soi un important document historique.
Anecdotes :
Dans ses mémoires, Alain Decaux exprime le souvenir ému de son père, qui participa à la Grande Guerre sur le front de l’Yser, en Belgique. En 1939, âgé de 51 ans et père de trois enfants, Francis Decaux n’hésita pas à se réengager afin de lutter contre Hitler.
Le narrateur de l’épisode est Pierre Fresnay. La carrière de l’acteur fut marquée par plusieurs rôles liés à la Grande Guerre, comme lors de films aussi différents que La grande illusion (1937) ou Les Vieux de la Vieille (1960).
Maxime Weygand (1967-1965) participa à la signature de l’Armistice de Rethondes en tant que chef d’état major du Maréchal Foch. Il lui revint notamment de lire les conditions de l'Armistice à la délégation allemande. Par la suite il fut le chef en chef de l’armée française durant le désastre de 1940.
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Re: Série "La Caméra explore le Temps" (1957-1966)
L'Énigme de Pise (1-09, ***)
Date de diffusion : 11 Janvier 1959
Auteur : Alain Decaux
Résumé :
Après avoir vécu une existence aventureuse dans toute l’Europe et revêtu de nombreuses identités, en 1772 Ielizaveta Alekseïevna Tarakanova (1753-1775) se prétend l’héritière légitime du Tsar défunt Pierre III, en lieu et place de l’actuelle Tsarine, Catherine II. Sa beauté et son entregent lui valent un nombre croissant de partisans dans l’aristocratie, y, compris parmi les Polonais exilés, ennemis de la Grande Catherine. Alors qu’elle séjourne à Pise, en 1774, Tarakanova est séduite par le comte Orlov, commandant de la flotte russe en Méditerranée. Il la demande en mariage et lui propose de la conduire en Russie, où il soutiendra ses prétentions. Une fois à bord, elle est jetée aux fers, Orlov agissant sur l’ordre de Catherine. Emprisonnée dans une forteresse glaciale de Saint-Pétersbourg, Tarakanova y périra rapidement de la tuberculose.
Critique :
L’histoire du jour ne manque certes pas d’intérêt, on vouera d’ailleurs qu’il s’agit d’une belle découverte, car nous n’en avions tout simplement jamais entendu parler. Contemporaine aux dernières années du règne de Louis XV, l’aventure permet enfin à la série de quitter la période révolutionnaire/impériale où elle se cantonnait jusqu’ici (hormis pour la commémoration du Onze Novembre), tout en présentant l’originalité d’être totalement externe à la France. Le sujet en apparaît parfaitement romanesque, avec un beau portrait de femme, sans doute semi-aventurière, semi-mythomane, dont l’existence devint l’enjeu d’un duel opposant deux parties pareillement cruelles et déterminées, la coterie des exilés polonais et l’émissaire de l’impitoyable Catherine de Russie. L’issue tragique nous renvoie toutefois au monde réel, tandis que le récit parvient à insérer quelques informations sur le règne de la Tsarine, remarquable à plus d’un titre.
Si, dès son introduction, l’épisode se situe dans la légende noir de la Russie impériale, forcément stimulante pour l’imagination, il n’évite toutefois pas toujours le piège du mélodrame, notamment lors de la longue confrontation finale. Cela influe également sur le jeu des acteurs, beaucoup trop théâtralisé chez Françoise Prévost, mais aussi chez Piccoli, même si celui-ci tire davantage son épingle du jeu. On pourra également estimer que, même bénéficiant de décors améliorés, la mise en scène de Lorenzi résulte moins inspirée qu’à l’accoutumée, avec trop de scènes de dialogues à deux, filmées de manière rigide. Le débat entre Decaux et Castelot, légèrement plus fébrile qu’à l’accoutumée, nous semble également quelque peu survendre la thèse d’une Tarakanova membre de la famille des Tsars. Néanmoins l’épisode demeure une belle évocation de ces multiples destinées singulières s’inscrivant en large de la Grande Histoire, dont raffolera toujours Alain Decaux.
Anecdotes :
Le mystère des origines de l’ascendance de Tarakanova intéressa plusieurs historiens, même si aucun élément ne vint confirmer son étonnante histoire. Plusieurs films lui furent consacrés, dont Knyazhna Tarakanova, dès 1910.
Françoise Prévost (Tarakanova), malgré une belle carrière au théâtre, ne se fit véritablement connaître au cinéma qu’avec l’arrivée de la Nouvelle Vague. Elle devint alors la muse du réalisateur et scénariste Pierre Kast (Le bel âge, 1960). Elle est la fille de Marcelle Auclair, cofondatrice du magazine Elle avec Hélène Lazareff, en 1945.
Michel Piccoli (Orloff) débute lui au théâtre et doit pareillement attendre la nouvelle Vague pour se faire connaître au cinéma, avec Le Mépris, de Jean-Luc Godard (1963). Il va devenir l’une des grandes figures du cinéma français, collaborant avec les plus grands réalisateurs, en particulier Claude Sautet et Luis Buñuel. Piccoli va participer trois fois à La Caméra explore le Temps.
François Maistre (Le père Chanecki) évidemment remémoré pour le rôle de M. Faivre dans Les Brigades du Tigre, mais compte bien d’autres rôles à son actif. Il va participer à pas moins de 15 reprises à La Caméra explore le Temps.
Date de diffusion : 11 Janvier 1959
Auteur : Alain Decaux
Résumé :
Après avoir vécu une existence aventureuse dans toute l’Europe et revêtu de nombreuses identités, en 1772 Ielizaveta Alekseïevna Tarakanova (1753-1775) se prétend l’héritière légitime du Tsar défunt Pierre III, en lieu et place de l’actuelle Tsarine, Catherine II. Sa beauté et son entregent lui valent un nombre croissant de partisans dans l’aristocratie, y, compris parmi les Polonais exilés, ennemis de la Grande Catherine. Alors qu’elle séjourne à Pise, en 1774, Tarakanova est séduite par le comte Orlov, commandant de la flotte russe en Méditerranée. Il la demande en mariage et lui propose de la conduire en Russie, où il soutiendra ses prétentions. Une fois à bord, elle est jetée aux fers, Orlov agissant sur l’ordre de Catherine. Emprisonnée dans une forteresse glaciale de Saint-Pétersbourg, Tarakanova y périra rapidement de la tuberculose.
Critique :
L’histoire du jour ne manque certes pas d’intérêt, on vouera d’ailleurs qu’il s’agit d’une belle découverte, car nous n’en avions tout simplement jamais entendu parler. Contemporaine aux dernières années du règne de Louis XV, l’aventure permet enfin à la série de quitter la période révolutionnaire/impériale où elle se cantonnait jusqu’ici (hormis pour la commémoration du Onze Novembre), tout en présentant l’originalité d’être totalement externe à la France. Le sujet en apparaît parfaitement romanesque, avec un beau portrait de femme, sans doute semi-aventurière, semi-mythomane, dont l’existence devint l’enjeu d’un duel opposant deux parties pareillement cruelles et déterminées, la coterie des exilés polonais et l’émissaire de l’impitoyable Catherine de Russie. L’issue tragique nous renvoie toutefois au monde réel, tandis que le récit parvient à insérer quelques informations sur le règne de la Tsarine, remarquable à plus d’un titre.
Si, dès son introduction, l’épisode se situe dans la légende noir de la Russie impériale, forcément stimulante pour l’imagination, il n’évite toutefois pas toujours le piège du mélodrame, notamment lors de la longue confrontation finale. Cela influe également sur le jeu des acteurs, beaucoup trop théâtralisé chez Françoise Prévost, mais aussi chez Piccoli, même si celui-ci tire davantage son épingle du jeu. On pourra également estimer que, même bénéficiant de décors améliorés, la mise en scène de Lorenzi résulte moins inspirée qu’à l’accoutumée, avec trop de scènes de dialogues à deux, filmées de manière rigide. Le débat entre Decaux et Castelot, légèrement plus fébrile qu’à l’accoutumée, nous semble également quelque peu survendre la thèse d’une Tarakanova membre de la famille des Tsars. Néanmoins l’épisode demeure une belle évocation de ces multiples destinées singulières s’inscrivant en large de la Grande Histoire, dont raffolera toujours Alain Decaux.
Anecdotes :
Le mystère des origines de l’ascendance de Tarakanova intéressa plusieurs historiens, même si aucun élément ne vint confirmer son étonnante histoire. Plusieurs films lui furent consacrés, dont Knyazhna Tarakanova, dès 1910.
Françoise Prévost (Tarakanova), malgré une belle carrière au théâtre, ne se fit véritablement connaître au cinéma qu’avec l’arrivée de la Nouvelle Vague. Elle devint alors la muse du réalisateur et scénariste Pierre Kast (Le bel âge, 1960). Elle est la fille de Marcelle Auclair, cofondatrice du magazine Elle avec Hélène Lazareff, en 1945.
Michel Piccoli (Orloff) débute lui au théâtre et doit pareillement attendre la nouvelle Vague pour se faire connaître au cinéma, avec Le Mépris, de Jean-Luc Godard (1963). Il va devenir l’une des grandes figures du cinéma français, collaborant avec les plus grands réalisateurs, en particulier Claude Sautet et Luis Buñuel. Piccoli va participer trois fois à La Caméra explore le Temps.
François Maistre (Le père Chanecki) évidemment remémoré pour le rôle de M. Faivre dans Les Brigades du Tigre, mais compte bien d’autres rôles à son actif. Il va participer à pas moins de 15 reprises à La Caméra explore le Temps.
Estuaire44- Empereur
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Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007
Re: Série "La Caméra explore le Temps" (1957-1966)
Le véritable Aiglon (1-10, ****)
Date de diffusion : 27 Février 1959
Auteur : André Castelot
Résumé :
La destinée de Napoléon François Charles Joseph Bonaparte, dit l’Aiglon, fils de Napoléon et de Marie-louise. Considéré avec méfiance par sa propre famille, les Habsbourg, il est Napoléon II, l’héritier de l’Empereur, pour le camp bonapartiste. Il vécut comme un semi prisonnier au palais de Schönbrunn auprès de son grand-père François 1er, considéré comme un risque pour l’équilibre européen par le Chancelier Metternich et dédaigné par sa mère remariée et régnant à Parme, pour qui il rappelle ce qu’elle considère comme une humiliation. Son état de santé se dégrada rapidement et il mourut de tuberculose à l’âge de 22 ans.
Critique :
Outre l’amusant intermède du duplex entre Decaux et Castelot, l’épisode débute par le désormais coutumier discours en voix hors champ, accompagné de gravures et reconstituant le contexte historique à la perfection (les amateurs des Brigades du Tigre seront en terrain connu). Après ce résumé tout en fureur de la trajectoire guerrière de l’Empire, le scénario doit faire face à la difficulté d’y faire succéder un récit essentiellement psychologique, que la nature même de la singulière destinée de l’Aiglon, un cas quasi unique dans l’Histoire, prive par nature de tout développement politique. Le choix d’une historicité la plus absolue possible, basant la plupart des dialogues sur les correspondances de Napoléon II ou de sa mère avec leurs proches, rend plus difficile encore le tournage, du fait de nombreuses scènes figées voyant les protagonistes écrire encore et encore une lettre. Et pourtant l’épisode va captiver de bout de bout.
L’analyse très fine et sensible du caractère de l’Aiglon rend ainsi réellement poignant son parcours comme son vide existentiel, face à son statut de semi prisonnier, ridiculisé par la presse officielle, épié par la police politique sous l’apparente douceur de vivre du Palais, à l’absence d’un père dont tout son entourage l’incite à nier l’existence, à une mère toujours lointaine, à la difficulté de se forger un destin en dehors de sa dimension de fils de l’Usurpateur, etc. La dimension psychologique du récit devient dès lors une force et non une faiblesse, avec quelques à-côtés très réussis, la tendresse du grand-père comme seule lumière, ou l’omniprésente figure de Metternich. Admirablement interprété par Jacques Castelot, en contrepoint l’opus nous vaut un superbe portrait de ce gouvernant essentiel, à la fois parfait homme d’esprit et du monde et maître d’œuvre acharné du maintien du système d’équilibre européen qu’il forgea au Congrès de Vienne, prêt à tout sacrifier à la raison d’Etat.
Castelot sait également pallier à l’inertie politique forcée de son protagoniste, en incorporant au récit les grands évènements de l’époque, sous l’optique de potentielles occasions pour l’Aiglon d’enfin embrasser son destin (mort de Napoléon, Trois Glorieuses parisiennes, irruption soudaine du Printemps des Peuples menaçant d’emporter le Système de Metternich). Admirablement servie par les caméras de Lorenzi, la formidable distribution apporte immensément à l’épisode, par son talent (Jean-François Poron est formidable dans l’expression des nuances de l’identité complexe de Napoléon II), mais aussi celui des costumières et maquilleuses rendant les interprètes étonnamment ressemblants aux personnages historiques. Plus que jamais, cette distribution provient du théâtre, on peut y voir un écho de l’interprétation célébrissime de l’Aiglon par Sarah Bernhardt dans la pièce d’Edmond Rostand. Seule femme présente, la regrettée Claude Gensac participe activement à la défense d’une Marie-Louise non caricaturée, restituée dans sa vérité.
Anecdotes :
La même année que la diffusion de l’épisode, André Castelot va publier une importante biographie de l’Aiglon, L'Aiglon : Napoléon II.
Durant l’émission Alain Decaux se trouve à Munich, où se tient une importante vente aux enchères d’éléments de la correspondance de l’Aiglon. Il discute avec plusieurs passionnés du personnage, avant de passer l’antenne à André Castelot demeuré à Paris, à l’occasion d’un des premiers duplex référencés de la télévision française.
Claude Gensac (Marie-Louise), récemment disparue, est notamment remémorée pour avoir jouer à de nombreuses reprises l’épouse du Gendarme Cruchot et d’autres rôles de Louis de Funès. Elle futt également une figure du théâtre français, au début comme tragédienne, puis en s’orientant progressivement vers la comédie de boulevard. En 2015 elle remporte le César de la meilleure actrice dans un second rôle, pour Lulu femme nue. Elle va participer trois fois à La Caméra explore le Temps.
Lucien Nat (L'empereur François) intervint surtout au cinéma et au théâtre, mais apparut à diverses reprises à la télévision durant les années 60 et 70 (Les cinq dernières minutes, les enquêtes du commissaire Maigret…). Il va participer trois fois à La Camera explore le Temps.
Jean-François Poron (L'Aiglon) est alors à l’orée d’ue superbe carrière au théâtre, où il va jouer Jean-Paul Sartre, Jean Anouilh, Jean Giraudoux… Il va également tenir de nombreux rôles à la télévision, le plus souvent dans des productions en costumes.
Jacques Castelot (Metternich) joua de très nombreux rôles d’aristocrates ou de personnages d’autorité durant sa longue carrière. Il est ainsi l’Archevêque de Toulouse dans Angélique, Marquise des Anges (1964). Il est le frère d’André Castelot. Jacques Castelot va en tout participer six fois à La Caméra explore le Temps.
Fin du volet 2 de la Caméra, on va revenir à Miss Marple, en alternance avec la Galerie de Nuit.
Date de diffusion : 27 Février 1959
Auteur : André Castelot
Résumé :
La destinée de Napoléon François Charles Joseph Bonaparte, dit l’Aiglon, fils de Napoléon et de Marie-louise. Considéré avec méfiance par sa propre famille, les Habsbourg, il est Napoléon II, l’héritier de l’Empereur, pour le camp bonapartiste. Il vécut comme un semi prisonnier au palais de Schönbrunn auprès de son grand-père François 1er, considéré comme un risque pour l’équilibre européen par le Chancelier Metternich et dédaigné par sa mère remariée et régnant à Parme, pour qui il rappelle ce qu’elle considère comme une humiliation. Son état de santé se dégrada rapidement et il mourut de tuberculose à l’âge de 22 ans.
Critique :
Outre l’amusant intermède du duplex entre Decaux et Castelot, l’épisode débute par le désormais coutumier discours en voix hors champ, accompagné de gravures et reconstituant le contexte historique à la perfection (les amateurs des Brigades du Tigre seront en terrain connu). Après ce résumé tout en fureur de la trajectoire guerrière de l’Empire, le scénario doit faire face à la difficulté d’y faire succéder un récit essentiellement psychologique, que la nature même de la singulière destinée de l’Aiglon, un cas quasi unique dans l’Histoire, prive par nature de tout développement politique. Le choix d’une historicité la plus absolue possible, basant la plupart des dialogues sur les correspondances de Napoléon II ou de sa mère avec leurs proches, rend plus difficile encore le tournage, du fait de nombreuses scènes figées voyant les protagonistes écrire encore et encore une lettre. Et pourtant l’épisode va captiver de bout de bout.
L’analyse très fine et sensible du caractère de l’Aiglon rend ainsi réellement poignant son parcours comme son vide existentiel, face à son statut de semi prisonnier, ridiculisé par la presse officielle, épié par la police politique sous l’apparente douceur de vivre du Palais, à l’absence d’un père dont tout son entourage l’incite à nier l’existence, à une mère toujours lointaine, à la difficulté de se forger un destin en dehors de sa dimension de fils de l’Usurpateur, etc. La dimension psychologique du récit devient dès lors une force et non une faiblesse, avec quelques à-côtés très réussis, la tendresse du grand-père comme seule lumière, ou l’omniprésente figure de Metternich. Admirablement interprété par Jacques Castelot, en contrepoint l’opus nous vaut un superbe portrait de ce gouvernant essentiel, à la fois parfait homme d’esprit et du monde et maître d’œuvre acharné du maintien du système d’équilibre européen qu’il forgea au Congrès de Vienne, prêt à tout sacrifier à la raison d’Etat.
Castelot sait également pallier à l’inertie politique forcée de son protagoniste, en incorporant au récit les grands évènements de l’époque, sous l’optique de potentielles occasions pour l’Aiglon d’enfin embrasser son destin (mort de Napoléon, Trois Glorieuses parisiennes, irruption soudaine du Printemps des Peuples menaçant d’emporter le Système de Metternich). Admirablement servie par les caméras de Lorenzi, la formidable distribution apporte immensément à l’épisode, par son talent (Jean-François Poron est formidable dans l’expression des nuances de l’identité complexe de Napoléon II), mais aussi celui des costumières et maquilleuses rendant les interprètes étonnamment ressemblants aux personnages historiques. Plus que jamais, cette distribution provient du théâtre, on peut y voir un écho de l’interprétation célébrissime de l’Aiglon par Sarah Bernhardt dans la pièce d’Edmond Rostand. Seule femme présente, la regrettée Claude Gensac participe activement à la défense d’une Marie-Louise non caricaturée, restituée dans sa vérité.
Anecdotes :
La même année que la diffusion de l’épisode, André Castelot va publier une importante biographie de l’Aiglon, L'Aiglon : Napoléon II.
Durant l’émission Alain Decaux se trouve à Munich, où se tient une importante vente aux enchères d’éléments de la correspondance de l’Aiglon. Il discute avec plusieurs passionnés du personnage, avant de passer l’antenne à André Castelot demeuré à Paris, à l’occasion d’un des premiers duplex référencés de la télévision française.
Claude Gensac (Marie-Louise), récemment disparue, est notamment remémorée pour avoir jouer à de nombreuses reprises l’épouse du Gendarme Cruchot et d’autres rôles de Louis de Funès. Elle futt également une figure du théâtre français, au début comme tragédienne, puis en s’orientant progressivement vers la comédie de boulevard. En 2015 elle remporte le César de la meilleure actrice dans un second rôle, pour Lulu femme nue. Elle va participer trois fois à La Caméra explore le Temps.
Lucien Nat (L'empereur François) intervint surtout au cinéma et au théâtre, mais apparut à diverses reprises à la télévision durant les années 60 et 70 (Les cinq dernières minutes, les enquêtes du commissaire Maigret…). Il va participer trois fois à La Camera explore le Temps.
Jean-François Poron (L'Aiglon) est alors à l’orée d’ue superbe carrière au théâtre, où il va jouer Jean-Paul Sartre, Jean Anouilh, Jean Giraudoux… Il va également tenir de nombreux rôles à la télévision, le plus souvent dans des productions en costumes.
Jacques Castelot (Metternich) joua de très nombreux rôles d’aristocrates ou de personnages d’autorité durant sa longue carrière. Il est ainsi l’Archevêque de Toulouse dans Angélique, Marquise des Anges (1964). Il est le frère d’André Castelot. Jacques Castelot va en tout participer six fois à La Caméra explore le Temps.
Fin du volet 2 de la Caméra, on va revenir à Miss Marple, en alternance avec la Galerie de Nuit.
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Re: Série "La Caméra explore le Temps" (1957-1966)
Volume 3
La Dernière Nuit de Kœnigsmark (1-11, ****)
Date de diffusion : 07 juin 1959
Résumé :
Le beau et impétueux cavalier Philippe-Christophe, Comte de Kœnigsmark (1665-1694) troubla de nombreux cœurs féminins à la cour germanique de l’Electeur de Hanovre. Après avoir longtemps soupiré auprès de la Princesse Sophie-Dorothée, épouse de George-Louis, fils l’Electeur (et futur Roi d’Angleterre), Konigsmarck s’éprit de la Comtesse de Platen, favorite de l’Electeur. Après avoir accompli des exploits dans l’armée impériale en Hongrie, à son retour, il se rapproche à nouveau de Sophie-Dorothée. La situation se dégrade, d’autant que la Comtesse de Platen se montre d’une jalousie féroce et que George-Louis donne des signes de trouble mental. Le 11 juillet 1694, Kœnigsmark est assassiné, lors d’un complot ourdi par la Comtesse. Sophie-Dorothée demanda le divorce, mais fut internée à vie dans une forteresse.
Critique :
On pourrait s’interroger quant à l’intérêt de nous présenter ce qui demeure un fait divers, certes princier, mais fait divers tout de même. Et pourtant cette histoire tragique s’avère captivante à plus d’un titre. Elle nous fait ainsi franchir les frontières, s’extirpant de la période révolutionnaire-impériale française vers laquelle se tourne souvent la Caméra. De la sorte nous découvrons une Allemagne aujourd’hui presqu’oubliée, composée d’une myriade d’Etats confettis, héritiers du rêve universaliste du Saint Empire et désormais souvent dirigée par des personnalités baroques, avant que la Prusse n’unifie le pays sous son hégémonie. Le récit s’élargit également à la question de la Succession anglaise et de l’avènement des Hanovre, évoquée par Alain Decaux sur un mode délicieusement suranné, à la craie sur un tableau d’instituteur. Cette tragédie aux amours parfois perverses évoque également le délitement moral d’une société dirigeante oisive et ne connaissant aucune barrière à ses pulsions.
Il s’avère d’ailleurs impossible de ne pas songer aux Liaisons dangereuses, avec un Konigsmarck aux faux airs de Valmont et une Comtesse de Platen aux vrais airs de Marquise de Merteuil. Encore proches de leur formation théâtrale, ce qui convient idéalement à l’exercice de diffusion en direct, les jeunes comédiens se montrent particulièrement brillants. Michel Piccoli excelle en séducteur viril, impérieux en ses plaisirs mais malgré tout moins sombre que le héros de de Choderlon de Leclos, tandis que Nicole Berger incarne idéalement la romantique Sophie-Dorothée. A l’orée de sa carrière, on apprécie également une toute jeune Marie Dubois en confidente de la Princesse. La distribution demeure néanmoins dominée par l’étonnante prestation de Claude Gensac en perverse Comtesse, bien loin de l’épouse du Gendarme. De quoi largement oublier la qualité d’image et le confinement de la mise en scène.
Anecdotes :
Le drame fut adapté au cinéma en 1948 (Sarabande), avec Stewart Granger dans le rôle de Koenigsmark.
L’émission s’appuie largement sur la correspondance entre Koenigsmark et Sophie-Dorothée, retrouvée au début du XXème siècle. André Castelot évoque également le roman Kœnigsmark, de Pierre Benoit (1918).
Michel Piccoli (Koenigsmark) débute au théâtre et doit attendre la Nouvelle Vague pour se faire connaître au cinéma, avec Le Mépris, de Jean-Luc Godard (1963). Il va devenir l’une des grandes figures du cinéma français, collaborant avec les plus grands réalisateurs, en particulier Claude Sautet et Luis Buñuel. Piccoli va participer trois fois à La Caméra explore le Temps.
Nicole Berger (Sophie-Dorothée) débute au théâtre et au cinéma durant les années 50 (Le blé en herbe, 1954). Elle accède à la célébrité en tenant le premier rôle de Cécilia, médecin de campagne (1966) série télévisée narrant l’installation d’une jeune femme médecin dans une campagne encore très tournée vers les traditions. Elle décède malheureusement en 1967, à 32 ans, dans un accident de la route.
Claude Gensac (La Comtesse Platen), disparue en 2016, est notamment remémorée pour avoir joué à de nombreuses reprises l’épouse du Gendarme Cruchot et d’autres rôles de Louis de Funès. Elle fut également une figure du théâtre français, au début comme tragédienne, puis en s’orientant progressivement vers la comédie de boulevard. En 2015 elle remporte le César de la meilleure actrice dans un second rôle, pour Lulu femme nue. Elle va participer trois fois à La Caméra explore le Temps.
La Dernière Nuit de Kœnigsmark (1-11, ****)
Date de diffusion : 07 juin 1959
Résumé :
Le beau et impétueux cavalier Philippe-Christophe, Comte de Kœnigsmark (1665-1694) troubla de nombreux cœurs féminins à la cour germanique de l’Electeur de Hanovre. Après avoir longtemps soupiré auprès de la Princesse Sophie-Dorothée, épouse de George-Louis, fils l’Electeur (et futur Roi d’Angleterre), Konigsmarck s’éprit de la Comtesse de Platen, favorite de l’Electeur. Après avoir accompli des exploits dans l’armée impériale en Hongrie, à son retour, il se rapproche à nouveau de Sophie-Dorothée. La situation se dégrade, d’autant que la Comtesse de Platen se montre d’une jalousie féroce et que George-Louis donne des signes de trouble mental. Le 11 juillet 1694, Kœnigsmark est assassiné, lors d’un complot ourdi par la Comtesse. Sophie-Dorothée demanda le divorce, mais fut internée à vie dans une forteresse.
Critique :
On pourrait s’interroger quant à l’intérêt de nous présenter ce qui demeure un fait divers, certes princier, mais fait divers tout de même. Et pourtant cette histoire tragique s’avère captivante à plus d’un titre. Elle nous fait ainsi franchir les frontières, s’extirpant de la période révolutionnaire-impériale française vers laquelle se tourne souvent la Caméra. De la sorte nous découvrons une Allemagne aujourd’hui presqu’oubliée, composée d’une myriade d’Etats confettis, héritiers du rêve universaliste du Saint Empire et désormais souvent dirigée par des personnalités baroques, avant que la Prusse n’unifie le pays sous son hégémonie. Le récit s’élargit également à la question de la Succession anglaise et de l’avènement des Hanovre, évoquée par Alain Decaux sur un mode délicieusement suranné, à la craie sur un tableau d’instituteur. Cette tragédie aux amours parfois perverses évoque également le délitement moral d’une société dirigeante oisive et ne connaissant aucune barrière à ses pulsions.
Il s’avère d’ailleurs impossible de ne pas songer aux Liaisons dangereuses, avec un Konigsmarck aux faux airs de Valmont et une Comtesse de Platen aux vrais airs de Marquise de Merteuil. Encore proches de leur formation théâtrale, ce qui convient idéalement à l’exercice de diffusion en direct, les jeunes comédiens se montrent particulièrement brillants. Michel Piccoli excelle en séducteur viril, impérieux en ses plaisirs mais malgré tout moins sombre que le héros de de Choderlon de Leclos, tandis que Nicole Berger incarne idéalement la romantique Sophie-Dorothée. A l’orée de sa carrière, on apprécie également une toute jeune Marie Dubois en confidente de la Princesse. La distribution demeure néanmoins dominée par l’étonnante prestation de Claude Gensac en perverse Comtesse, bien loin de l’épouse du Gendarme. De quoi largement oublier la qualité d’image et le confinement de la mise en scène.
Anecdotes :
Le drame fut adapté au cinéma en 1948 (Sarabande), avec Stewart Granger dans le rôle de Koenigsmark.
L’émission s’appuie largement sur la correspondance entre Koenigsmark et Sophie-Dorothée, retrouvée au début du XXème siècle. André Castelot évoque également le roman Kœnigsmark, de Pierre Benoit (1918).
Michel Piccoli (Koenigsmark) débute au théâtre et doit attendre la Nouvelle Vague pour se faire connaître au cinéma, avec Le Mépris, de Jean-Luc Godard (1963). Il va devenir l’une des grandes figures du cinéma français, collaborant avec les plus grands réalisateurs, en particulier Claude Sautet et Luis Buñuel. Piccoli va participer trois fois à La Caméra explore le Temps.
Nicole Berger (Sophie-Dorothée) débute au théâtre et au cinéma durant les années 50 (Le blé en herbe, 1954). Elle accède à la célébrité en tenant le premier rôle de Cécilia, médecin de campagne (1966) série télévisée narrant l’installation d’une jeune femme médecin dans une campagne encore très tournée vers les traditions. Elle décède malheureusement en 1967, à 32 ans, dans un accident de la route.
Claude Gensac (La Comtesse Platen), disparue en 2016, est notamment remémorée pour avoir joué à de nombreuses reprises l’épouse du Gendarme Cruchot et d’autres rôles de Louis de Funès. Elle fut également une figure du théâtre français, au début comme tragédienne, puis en s’orientant progressivement vers la comédie de boulevard. En 2015 elle remporte le César de la meilleure actrice dans un second rôle, pour Lulu femme nue. Elle va participer trois fois à La Caméra explore le Temps.
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Re: Série "La Caméra explore le Temps" (1957-1966)
La Citoyenne de Villirouet (1-12, ****)
Date de diffusion : 20 septembre 1959
Résumé :
Marie-Victoire de La Villirouet (1767-1813) est arrêtée à Lamballe en 1792, son mari, un comte breton, ayant rejoint l'armée des Princes. Rentré clandestinement d'émigration en 1797, il se cache à Paris où il revoit sa femme, sortie de prison, et leur jeune fils. Marie-Victoire qui milite déjà pour la libération de prisonniers, le fait passer pour le précepteur de l'enfant. Dénoncé, le couple est arrêté. La Villirouet est passible de la peine de mort. Pour le sauver, sa femme obtient du président du tribunal l'autorisation exceptionnelle d'assurer elle-même sa défense. La plaidoirie de Mme de La Villirouet est un cri d'amour conjugal si vibrant qu'elle arrache l'acquittement à l'unanimité, dans l'émotion générale. Par la suite, de nombreuses personnes lui devront leur liberté durant ces années troubles. Elle est aujourd’hui considérée comme la première femme avocate.
Critique :
La Citoyenne de Villirouet, ou quand La Caméra explore le Temps vire à la série judiciaire, avec une superbe réussite. Écrit de main de maître par André Castelot, le récit s’avère particulièrement prenant, avec des dialogues assumant pleinement la dimension de théâtre filmé caractérisant le programme. Il en va pareillement de la remarquable distribution, particulièrement rompue à l’exercice, que cela soit Paulette Dubost en idéale incarnation féminine du peuple ou Pierre Vaneck, convaincant en mari porté à bout de bras par son avocate d’épouse. Mais l’ensemble se voit dominé par l’inouïe performance de Anna Gaylor, qui accapare l’attention dès lors qu’elle prend la parole au tribunal. Elle subjugue aussi bien le public présent que le téléspectateur lui-même, par l’héroïsme animant son apparence gracile, sa sincérité et son émotion emportant tout, son rayonnement.
Il s’agit sans nul doute de l’une des interprétations les plus remarquables proposées par cette série recourant à nombre des meilleurs comédiens français de l’époque. Aidé par une mise en scène très fluide , compte tenu de contraintes de la diffusion en direct, la narration sait reconstituer l’atmosphère de l’époque, tout en faisant œuvre de pédagogie en rendant compréhensible un écheveau judiciaire relativement complexe. Dès lors, au-delà de la reconstitution historique, l’opus devient un récit judiciaire captivant, ainsi qu’un vibrant hommage au métier d’avocat. On avouera avoir découvert Marie-Victoire de La Villirouet à l’occasion de cet épisode, distinguer ce qui pourrait relève d’une éventuelle hagiographie s’avère donc malaisé, mais la rencontre demeure très émouvante, telle une lumière transperçant les ténèbres de la Terreur.
Anecdotes :
Anna Gaylor (Marie-Victoire de Villirouët), issue du Conservatoire national supérieur d'art dramatique aux côtés de Jean Rochefort, Jean-Pierre Marielle et Jean-Paul Belmondo, a accompli la majeure partie de sa carrière au théâtre. Toujours active en 2017, elle est néanmoins apparue régulièrement au cinéma et à la télévision. Elle joua ainsi la mère de Joëlle Mazart dans Pause-Café (1981-1989).
Date de diffusion : 20 septembre 1959
Résumé :
Marie-Victoire de La Villirouet (1767-1813) est arrêtée à Lamballe en 1792, son mari, un comte breton, ayant rejoint l'armée des Princes. Rentré clandestinement d'émigration en 1797, il se cache à Paris où il revoit sa femme, sortie de prison, et leur jeune fils. Marie-Victoire qui milite déjà pour la libération de prisonniers, le fait passer pour le précepteur de l'enfant. Dénoncé, le couple est arrêté. La Villirouet est passible de la peine de mort. Pour le sauver, sa femme obtient du président du tribunal l'autorisation exceptionnelle d'assurer elle-même sa défense. La plaidoirie de Mme de La Villirouet est un cri d'amour conjugal si vibrant qu'elle arrache l'acquittement à l'unanimité, dans l'émotion générale. Par la suite, de nombreuses personnes lui devront leur liberté durant ces années troubles. Elle est aujourd’hui considérée comme la première femme avocate.
Critique :
La Citoyenne de Villirouet, ou quand La Caméra explore le Temps vire à la série judiciaire, avec une superbe réussite. Écrit de main de maître par André Castelot, le récit s’avère particulièrement prenant, avec des dialogues assumant pleinement la dimension de théâtre filmé caractérisant le programme. Il en va pareillement de la remarquable distribution, particulièrement rompue à l’exercice, que cela soit Paulette Dubost en idéale incarnation féminine du peuple ou Pierre Vaneck, convaincant en mari porté à bout de bras par son avocate d’épouse. Mais l’ensemble se voit dominé par l’inouïe performance de Anna Gaylor, qui accapare l’attention dès lors qu’elle prend la parole au tribunal. Elle subjugue aussi bien le public présent que le téléspectateur lui-même, par l’héroïsme animant son apparence gracile, sa sincérité et son émotion emportant tout, son rayonnement.
Il s’agit sans nul doute de l’une des interprétations les plus remarquables proposées par cette série recourant à nombre des meilleurs comédiens français de l’époque. Aidé par une mise en scène très fluide , compte tenu de contraintes de la diffusion en direct, la narration sait reconstituer l’atmosphère de l’époque, tout en faisant œuvre de pédagogie en rendant compréhensible un écheveau judiciaire relativement complexe. Dès lors, au-delà de la reconstitution historique, l’opus devient un récit judiciaire captivant, ainsi qu’un vibrant hommage au métier d’avocat. On avouera avoir découvert Marie-Victoire de La Villirouet à l’occasion de cet épisode, distinguer ce qui pourrait relève d’une éventuelle hagiographie s’avère donc malaisé, mais la rencontre demeure très émouvante, telle une lumière transperçant les ténèbres de la Terreur.
Anecdotes :
Anna Gaylor (Marie-Victoire de Villirouët), issue du Conservatoire national supérieur d'art dramatique aux côtés de Jean Rochefort, Jean-Pierre Marielle et Jean-Paul Belmondo, a accompli la majeure partie de sa carrière au théâtre. Toujours active en 2017, elle est néanmoins apparue régulièrement au cinéma et à la télévision. Elle joua ainsi la mère de Joëlle Mazart dans Pause-Café (1981-1989).
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Re: Série "La Caméra explore le Temps" (1957-1966)
Le Drame des poisons (1-13, ***)
Date de diffusion : o6 février 1960
Résumé :
L’Affaire dite des Poisons recouvre ensemble de plusieurs scandales, qui, de 1679 à 1682, vont troubler le règne du Roi Soleil. Diverses empoisonneuses, sont accusées de se livrer à des messes noires, mais aussi d’accélérer des successions d’importunes fortunes grâce à leurs mixtures mortelles. Les plus hautes sphères de l’Aristocratie et de la Cour sont compromises, jusqu’à Mme de Montespan, favorite du Roi. L’atmosphère vire à l’hystérie et Louis XIV, lui-même effaré par les découvertes de l’enquête, exige le retour de l’ordre. Figure de la cabale, la Marquise de Brinvilliers est arrêtée, puis exécutée, grâce à la traque aussi aventureuse que déterminée menée par François Desgrez. Celui-ci est aux ordres de La Reynie, lieutenant-général de police dirigeant une enquête d’ampleur inédite. D’autres empoisonneuses, dont la terrible La Voisin, sont capturées par la suite, puis exécutées ou détenues à vie.
Critique :
Après La Citoyenne de Villirouet, La Caméra explore le Temps nous entraine à la découverte d’une autre affaire judiciaire, sans doute plus connue mais aussi au combien davantage sombre et terrible. Plusieurs horreurs s’y entremêlent, celle des crimes, celles des tortures ordinaires et extraordinaires diligentées par la Chambre ardente royale, mais aussi la raison d’Etat acharnée à dissimuler la vérité dès lors qu’elle devient gênante pour le Monarque. Une situation aussi riche que dramatique, donc, mais que l’épisode va quelque peu gâcher. En effet certaines clefs de l’Affaire se voient effectivement évoquées, comme la terrible rivalité sous-jacente entre les deux plus grands ministres du Roi Soleil, Louvois et Colbert, chacun tentant d’instrumenter drame pour compromettre l’autre. Il en va de même de l’ombre portée sur le Règne et sur le coup déjà fort puissamment porté au prestige de la Monarchie.
Mais l’épisode se centre délibérément sur la seule question de la culpabilité de Mme de Montespan et de la nature de son implication dans la cabale. Or ce sujet résulte en définitive moins fondamental, d’autant qu’il demeure toujours une part de mystère (même si Castelot ne fait guère mystère de ses convictions). On regrettera aussi un certain sensationnalisme lors des trop nombreuses scènes de torture, d’autant que les conditions du tournage les font parfois tomber à plar (à un moment on voit la masse du bourreau se scinder en deux, il s’agit clairement d’un jouet). Il n’en demeure pas moins que le dossier reste efficacement narré dans sa complexité, avec cette pédagogie dont le programme fait toujours preuve. Les comédiens s’avèrent excellents à commencer par Michel Piccoli en Louvois et Claude Gensac en Mme de Montespan, Mais l’on apprécie particulièrement la prestation de François Maistre en La Reynie, un beau portrait de policier avide de vérité, mais suffisamment lucide pour ne pas encourir l’ire royale. On regrettera simplement le jeu daté et empesé de Julien Bertheau en Louis XIV, mais l’ensemble se suit sans déplaisir.
Anecdotes :
Louis XIV ordonna la destruction de toutes les pièces liées à l’Affaire, mais des notes conservées par La Reynie ont permis de reconstituer les évènements de manière précise.
Le film L’Affaire des Poisons (1955) reconstituait déjà l’enquête en se basant sur les notes de La reynie. Mme de Montespan y était interprétée par la regrettée Danielle Darrieux. Angélique et le Roy (1966) y fera également allusion, de manière plus romancée.
François Maistre (La Reynie) est évidemment remémoré pour le rôle de M. Faivre dans Les Brigades du Tigre, mais compte bien d’autres rôles à son actif. Il va participer à pas moins de 15 reprises à La Caméra explore le Temps.
Claude Gensac (Mme de Montespan), disparue en 2016, est notamment remémorée pour avoir joué à de nombreuses reprises l’épouse du Gendarme Cruchot et d’autres rôles de Louis de Funès. Elle fut également une figure du théâtre français, au début comme tragédienne, puis en s’orientant progressivement vers la comédie de boulevard. En 2015 elle remporte le César de la meilleure actrice dans un second rôle, pour Lulu femme nue. Elle va participer trois fois à La Caméra explore le Temps.
Date de diffusion : o6 février 1960
Résumé :
L’Affaire dite des Poisons recouvre ensemble de plusieurs scandales, qui, de 1679 à 1682, vont troubler le règne du Roi Soleil. Diverses empoisonneuses, sont accusées de se livrer à des messes noires, mais aussi d’accélérer des successions d’importunes fortunes grâce à leurs mixtures mortelles. Les plus hautes sphères de l’Aristocratie et de la Cour sont compromises, jusqu’à Mme de Montespan, favorite du Roi. L’atmosphère vire à l’hystérie et Louis XIV, lui-même effaré par les découvertes de l’enquête, exige le retour de l’ordre. Figure de la cabale, la Marquise de Brinvilliers est arrêtée, puis exécutée, grâce à la traque aussi aventureuse que déterminée menée par François Desgrez. Celui-ci est aux ordres de La Reynie, lieutenant-général de police dirigeant une enquête d’ampleur inédite. D’autres empoisonneuses, dont la terrible La Voisin, sont capturées par la suite, puis exécutées ou détenues à vie.
Critique :
Après La Citoyenne de Villirouet, La Caméra explore le Temps nous entraine à la découverte d’une autre affaire judiciaire, sans doute plus connue mais aussi au combien davantage sombre et terrible. Plusieurs horreurs s’y entremêlent, celle des crimes, celles des tortures ordinaires et extraordinaires diligentées par la Chambre ardente royale, mais aussi la raison d’Etat acharnée à dissimuler la vérité dès lors qu’elle devient gênante pour le Monarque. Une situation aussi riche que dramatique, donc, mais que l’épisode va quelque peu gâcher. En effet certaines clefs de l’Affaire se voient effectivement évoquées, comme la terrible rivalité sous-jacente entre les deux plus grands ministres du Roi Soleil, Louvois et Colbert, chacun tentant d’instrumenter drame pour compromettre l’autre. Il en va de même de l’ombre portée sur le Règne et sur le coup déjà fort puissamment porté au prestige de la Monarchie.
Mais l’épisode se centre délibérément sur la seule question de la culpabilité de Mme de Montespan et de la nature de son implication dans la cabale. Or ce sujet résulte en définitive moins fondamental, d’autant qu’il demeure toujours une part de mystère (même si Castelot ne fait guère mystère de ses convictions). On regrettera aussi un certain sensationnalisme lors des trop nombreuses scènes de torture, d’autant que les conditions du tournage les font parfois tomber à plar (à un moment on voit la masse du bourreau se scinder en deux, il s’agit clairement d’un jouet). Il n’en demeure pas moins que le dossier reste efficacement narré dans sa complexité, avec cette pédagogie dont le programme fait toujours preuve. Les comédiens s’avèrent excellents à commencer par Michel Piccoli en Louvois et Claude Gensac en Mme de Montespan, Mais l’on apprécie particulièrement la prestation de François Maistre en La Reynie, un beau portrait de policier avide de vérité, mais suffisamment lucide pour ne pas encourir l’ire royale. On regrettera simplement le jeu daté et empesé de Julien Bertheau en Louis XIV, mais l’ensemble se suit sans déplaisir.
Anecdotes :
Louis XIV ordonna la destruction de toutes les pièces liées à l’Affaire, mais des notes conservées par La Reynie ont permis de reconstituer les évènements de manière précise.
Le film L’Affaire des Poisons (1955) reconstituait déjà l’enquête en se basant sur les notes de La reynie. Mme de Montespan y était interprétée par la regrettée Danielle Darrieux. Angélique et le Roy (1966) y fera également allusion, de manière plus romancée.
François Maistre (La Reynie) est évidemment remémoré pour le rôle de M. Faivre dans Les Brigades du Tigre, mais compte bien d’autres rôles à son actif. Il va participer à pas moins de 15 reprises à La Caméra explore le Temps.
Claude Gensac (Mme de Montespan), disparue en 2016, est notamment remémorée pour avoir joué à de nombreuses reprises l’épouse du Gendarme Cruchot et d’autres rôles de Louis de Funès. Elle fut également une figure du théâtre français, au début comme tragédienne, puis en s’orientant progressivement vers la comédie de boulevard. En 2015 elle remporte le César de la meilleure actrice dans un second rôle, pour Lulu femme nue. Elle va participer trois fois à La Caméra explore le Temps.
Estuaire44- Empereur
- Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007
Re: Série "La Caméra explore le Temps" (1957-1966)
Qui a tué Henri IV ? ou L'Énigme Ravaillac (1-14, ****)
Date de diffusion : 16 avril 1960
Résumé :
Le 14 mai 1610, le bon roi Henri IV est assassiné à Paris, poignardé par le dénommé François Ravaillac. Ce catholique fanatique fut supplicié et écartelé le 27 mai. Cet attentat, l’un des plus célèbres de l’Histoire de France a donné lieu à une controverse entre historiens jamais définitivement tranchée, à propos d’éventuels complots ayant instrumenté l’illuminé. Les Jésuites furent ainsi désignés, comme l’Espagne ou l’Archiduc des Pays-Bas, voir les Concini sur l’instigation de la reine Marie de Médicis, mais aussi la Marquise de Verneuil, favorite du Roi récemment disgraciée. D’autres historiens ne croient pas à la théorie du complot et estiment que Ravaillac a agi seul.
Critique :
Ce volume s’achève par une nouvelle étude d’un dossier judiciaire ou criminel, ce qui pourrait apparaître comme répétitif avec le cas Villarouet et l’Affaire des Poisons. Mais l’opus va aisément parvenir à démonter sa spécificité et son intérêt. Pour out à fait saisir ce dernier, il convient, il est vrai de mettre en perspective l’Histoire de l’Histoire et se remémorer de ce que la thèse d’un complot pouvait présenter de révolutionnaire en 1960. En effet durant des décennies, ce fut bien la thèse de l’acte isolé qui fut professée dans les écoles du Tour de la France de deux enfants. Seul un fou aurait pu attenter à la vie du bon roi Henri IV. Il reste particulièrement intéressant voir le complotisme (le néologisme n’a alors pas encore été forgé), certes historique, s’inviter ainsi à la télévision de la France du Général.
C’est d’autant plus vrai que Decaux et Castelot savent marquer le coup en laissant Philippe Erlanger assurer la présentation de l’émission, soit l’historien venant de lancer la théorie polémiste en 1957, avec son mémorable L'étrange mort de Henri IV ou les Jeux de l'amour et de la guerre. De manière sympathique le grand biographe apparaît d’ailleurs moins à l’aise dans l’exercice que notre duo ! Le programme développe l’intrigue plaçant les Concini au cœur du complot, avec le talent et la pédagogie propres à la série, le spectateur curieux sera ravi. Comme de coutume la distribution se montre également brillante, on apprécie particulièrement le portrait particulièrement vivace et gouleyant du Vert Galant proposé par Francis Claude.
Anecdotes :
Francis Claude (Henri IV) fut un humoriste populaire, tenant le célèbre cabaret parisien le Milord l'Arsouille (il y découvrit Serge Gainsbourg). Il produisit après-guerre des émissions de radio sur Paris Inter, la future France Inter. Sa grande ressemblance avec les portraits officiels d’Henri IV lui valut d’incarner ce roi dans plusieurs productions, à la télévision comme au cinéma.
Egalement écrivain et scénariste, l’historien Philippe Erlanger (1903-1987) est remémoré pour ses nombreuses et captivantes biographies de personnages historiques, rendant accessibles au grand public les ouvrages des mémorialistes de diverses époques. Entre autres sujets, il s'est souvent intéressé à la dynastie française des Bourbon, mais aussi aux souverains espagnols, avec des portraits toujours saisissants et documentés.
Date de diffusion : 16 avril 1960
Résumé :
Le 14 mai 1610, le bon roi Henri IV est assassiné à Paris, poignardé par le dénommé François Ravaillac. Ce catholique fanatique fut supplicié et écartelé le 27 mai. Cet attentat, l’un des plus célèbres de l’Histoire de France a donné lieu à une controverse entre historiens jamais définitivement tranchée, à propos d’éventuels complots ayant instrumenté l’illuminé. Les Jésuites furent ainsi désignés, comme l’Espagne ou l’Archiduc des Pays-Bas, voir les Concini sur l’instigation de la reine Marie de Médicis, mais aussi la Marquise de Verneuil, favorite du Roi récemment disgraciée. D’autres historiens ne croient pas à la théorie du complot et estiment que Ravaillac a agi seul.
Critique :
Ce volume s’achève par une nouvelle étude d’un dossier judiciaire ou criminel, ce qui pourrait apparaître comme répétitif avec le cas Villarouet et l’Affaire des Poisons. Mais l’opus va aisément parvenir à démonter sa spécificité et son intérêt. Pour out à fait saisir ce dernier, il convient, il est vrai de mettre en perspective l’Histoire de l’Histoire et se remémorer de ce que la thèse d’un complot pouvait présenter de révolutionnaire en 1960. En effet durant des décennies, ce fut bien la thèse de l’acte isolé qui fut professée dans les écoles du Tour de la France de deux enfants. Seul un fou aurait pu attenter à la vie du bon roi Henri IV. Il reste particulièrement intéressant voir le complotisme (le néologisme n’a alors pas encore été forgé), certes historique, s’inviter ainsi à la télévision de la France du Général.
C’est d’autant plus vrai que Decaux et Castelot savent marquer le coup en laissant Philippe Erlanger assurer la présentation de l’émission, soit l’historien venant de lancer la théorie polémiste en 1957, avec son mémorable L'étrange mort de Henri IV ou les Jeux de l'amour et de la guerre. De manière sympathique le grand biographe apparaît d’ailleurs moins à l’aise dans l’exercice que notre duo ! Le programme développe l’intrigue plaçant les Concini au cœur du complot, avec le talent et la pédagogie propres à la série, le spectateur curieux sera ravi. Comme de coutume la distribution se montre également brillante, on apprécie particulièrement le portrait particulièrement vivace et gouleyant du Vert Galant proposé par Francis Claude.
Anecdotes :
Francis Claude (Henri IV) fut un humoriste populaire, tenant le célèbre cabaret parisien le Milord l'Arsouille (il y découvrit Serge Gainsbourg). Il produisit après-guerre des émissions de radio sur Paris Inter, la future France Inter. Sa grande ressemblance avec les portraits officiels d’Henri IV lui valut d’incarner ce roi dans plusieurs productions, à la télévision comme au cinéma.
Egalement écrivain et scénariste, l’historien Philippe Erlanger (1903-1987) est remémoré pour ses nombreuses et captivantes biographies de personnages historiques, rendant accessibles au grand public les ouvrages des mémorialistes de diverses époques. Entre autres sujets, il s'est souvent intéressé à la dynastie française des Bourbon, mais aussi aux souverains espagnols, avec des portraits toujours saisissants et documentés.
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Re: Série "La Caméra explore le Temps" (1957-1966)
Volume 4
La Nuit de Varennes (1-15, ***)
Date de diffusion : 04 juin 1960
Résumé :
Depuis octobre 1789, Louis XVI, toujours officiellement chef de l’Etat, est en fait prisonnier avec sa famille au Palais des Tuileries. La Révolution s’emballant progressivement après la mort du modéré Mirabeau, la décision de s’enfuir, afin de rallier les forces loyalistes, à Montmédy. Organisé avec l’aide de proches (dont Axel de Fersen), le voyage devait se dérouler en berline, le roi et sa famille disposant de passeports les désignant sous une fausse identité. La voiture quitte Paris le 21 juin 1791. Le roi est toutefois reconnu à Varennes, en soirée, est arrêté. L’évènement précipitera la chute de la royauté. Une controverse existe entre historiens à propos du but poursuivi par Louis XVI : négocier avec les révolutionnaires depuis une position forte, ou attaquer Paris avec une armée venue de l’étranger.
Critique :
Si l’interprétation de l’épisode, notamment les recréations de Louis XVI par Robert Lombard et de Marie-Antoinette par Eléonore Hirt demeure solide, elle résulte sans doute moins brillante que nombre de précédentes au fil de la série. On avoue ainsi préférer la composition de Marie Ducaux lors de La mort de Marie-Antoinette, il est vrai portée par des circonstances plus intenses encore. Le confinement de la mise en scène se fait également plus cruellement ressentir qu’à l’ordinaire, au cours de ce qui demeure avant une expédition devenant un tumulte.
Toutefois, si l’opus ne bénéficie pas de la splendeur visuelle du film homonyme d’Ettore Scola en 1982, il préserve l’atout maître de La Caméra explore le Temps : la rigueur historique alliée à une vivace narration des évènements. L’option prise de privilégier les réactions de témoins issus du peuple permet ainsi d’aérer le récit tout en faisant pleinement ressentir au spectateur l’impact de l’évènement aussi bien que son déroulement. Au-delà des péripéties de cette nuit fatidique, on comprend ainsi à quel point elle fut un tournant de la chute de la Royauté, le souverain se voyant ainsi à un statut humain et faillible, comme déchu de sa majesté.
Anecdotes :
L’épisode a l’originalité de présenter les évènements tels que perçus par les habitants de Varennes, et non par les protagonistes du drame.
Robert Lombard (Louis XVI) tint de nombreux seconds rôles comiques au cinéma, souvent des personnages de benêts ou de Français moyens. Il participa régulièrement à Au Théâtre ce Soir.
Eléonore Hirt (Marie-Antoinette) fut avant tout une actrice de théâtre, se faisant connaître chez les classiques, mais accompagnant ensuite des auteurs modernes, dont Fernando Arrabal et Thomas Bernhard. Elle fut la première épouse de de Michel Piccoli.
Date de diffusion : 04 juin 1960
Résumé :
Depuis octobre 1789, Louis XVI, toujours officiellement chef de l’Etat, est en fait prisonnier avec sa famille au Palais des Tuileries. La Révolution s’emballant progressivement après la mort du modéré Mirabeau, la décision de s’enfuir, afin de rallier les forces loyalistes, à Montmédy. Organisé avec l’aide de proches (dont Axel de Fersen), le voyage devait se dérouler en berline, le roi et sa famille disposant de passeports les désignant sous une fausse identité. La voiture quitte Paris le 21 juin 1791. Le roi est toutefois reconnu à Varennes, en soirée, est arrêté. L’évènement précipitera la chute de la royauté. Une controverse existe entre historiens à propos du but poursuivi par Louis XVI : négocier avec les révolutionnaires depuis une position forte, ou attaquer Paris avec une armée venue de l’étranger.
Critique :
Si l’interprétation de l’épisode, notamment les recréations de Louis XVI par Robert Lombard et de Marie-Antoinette par Eléonore Hirt demeure solide, elle résulte sans doute moins brillante que nombre de précédentes au fil de la série. On avoue ainsi préférer la composition de Marie Ducaux lors de La mort de Marie-Antoinette, il est vrai portée par des circonstances plus intenses encore. Le confinement de la mise en scène se fait également plus cruellement ressentir qu’à l’ordinaire, au cours de ce qui demeure avant une expédition devenant un tumulte.
Toutefois, si l’opus ne bénéficie pas de la splendeur visuelle du film homonyme d’Ettore Scola en 1982, il préserve l’atout maître de La Caméra explore le Temps : la rigueur historique alliée à une vivace narration des évènements. L’option prise de privilégier les réactions de témoins issus du peuple permet ainsi d’aérer le récit tout en faisant pleinement ressentir au spectateur l’impact de l’évènement aussi bien que son déroulement. Au-delà des péripéties de cette nuit fatidique, on comprend ainsi à quel point elle fut un tournant de la chute de la Royauté, le souverain se voyant ainsi à un statut humain et faillible, comme déchu de sa majesté.
Anecdotes :
L’épisode a l’originalité de présenter les évènements tels que perçus par les habitants de Varennes, et non par les protagonistes du drame.
Robert Lombard (Louis XVI) tint de nombreux seconds rôles comiques au cinéma, souvent des personnages de benêts ou de Français moyens. Il participa régulièrement à Au Théâtre ce Soir.
Eléonore Hirt (Marie-Antoinette) fut avant tout une actrice de théâtre, se faisant connaître chez les classiques, mais accompagnant ensuite des auteurs modernes, dont Fernando Arrabal et Thomas Bernhard. Elle fut la première épouse de de Michel Piccoli.
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Re: Série "La Caméra explore le Temps" (1957-1966)
En tant qu'ancien étudiant en histoire, et toujours passionné par cette matière, je serai circonspect sur la rigueur du travail historique de Philippe Erlanger. C'est peut-être passionnant à lire mais ce n'est pas un historien professionnel. Bon, j'avoue un petit snobisme universitaire.
Camarade Totoff- Prince(sse)
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Re: Série "La Caméra explore le Temps" (1957-1966)
Pour moi il représente de grands souvenirs de lecture, mais évidemment c'est avant un vulgarisateur, même talentueux nous sommes loin des standards universitaires, effectivement !
L'Assassinat du Duc de Guise (1-16, ****)
Date de diffusion : 13 décembre 1960
Résumé :
Durant le règne du modéré Henri III et les Guerres de Religion, le Duc Henri de Guise (1550-1588) devint le chef de la Ligue, la faction catholique acharnée. Très populaire à Paris et suivi par une grande partie de la noblesse, Lieutenant-général du Royaume, il pouvait figurer en véritable maître de la France, en lieu et place d’Henri III. Celui-ci le fit assassiner au Château de Blois, le 23 décembre 1588, alors que s’y tenaient les Etats généraux. Louis, frère du Duc et Cardinal, fut lui aussi exécuté à cette occasion. La mort des Guise, considérés comme martyrs, allait déchainer la fureur, jusqu’à ce qu’un moine illuminé assassine à son tour Henri III, dès l’année suivante.
Critique :
Auteur de magnifiques et retentissants dialogues, André Castelot a l’excellente idée de pleinement embrasser la dimension théâtrale du drame raconté par l’émission du jour. Il en va ainsi de la dramaturgie des deux hommes de pouvoir dominant la scène et qu’opposent un combat sans pitié malgré le raffinement de la Cour. Mais aussi d’un parfait respect de la règle des trois unités, ouvrant grand la porte à la narration tragique. De fait tout concoure à offrir au public une représentation de grande qualité, notamment une distribution ayant elle-même une solide expérience scénique. La réalisation en direct épouse naturellement la forme d’un théâtre filmé assumé, d’autant plus magnifié que les plateaux s’ornent de meubles plus ornementaux qu’à l’accoutumée et reconstituant le château d’alors. Suprême raffinement de l’exercice, l’épisode s’offre un ultime quart d’heure en temps réel, puisque l’assassinat proprement dit se voit reconstitué dans son intégralité.
La présence de Georges Descrières et de François Maistre représente également un grand atout pour l’épisode au-delà de l’intérêt bien réel pour un amateur de séries télévisées, d’assister à la confrontation des futurs Arsène lupin et M. Faivre. En effet chacun va donner pleinement vie à son personnage. Sans doute la passion de Castelot pour le Duc de Guise et le naturel de Descrières donnent-ils lieu à un Duc assez embelli par rapport à sa personnalité réelle. C’est notamment le cas lors des scènes de complicité avec son amie de cœur, interprétée avec sensibilité par Judith Magre. Descrières est toutefois éclipsé par la formidable composition de François Maistre..Comme possédé par son rôle, le grand comédien parvient à donner la pleine mesure de ce souverain éminemment complexe et contesté que fut Henri de Valois, s’acharnant tout son règne à préserver coûte que coûte l’unité du Royaume et l’autorité royale face à l’État dans l’État que représenta la Ligue, mais aussi à s’affirmer face à une mère terriblement possessive. S’il se montre indulgent envers Guise, l’épisode a pleinement raison de rompre avec l’imagerie d’Epinal traditionnelle d’Henri III.
Anecdotes :
Georges Descrières (Le Duc de Guise) est alors connu pour quelques rôles au cinéma, mais surtout pour être devenu récemment, le 01 janvier 1958, l’un des sociétaires de la Comédie française. Il va se consacrer prioritairement à cette institution, dont il deviendra le doyen et qu’il ne quittera qu’en 1985. Il tint néanmoins plusieurs rôles marquants à la télévision, dont ceux d’Arsène Lupin et du Sam de Sam et Sally. Descrières participa à deux reprises à La Caméra explore le Temps, série faisant régulièrement appel à la Comédie française.
François Maistre (Henri III) est évidemment remémoré pour le rôle de M. Faivre dans Les Brigades du Tigre, mais compte bien d’autres rôles à son actif. Il va participer à pas moins de 15 reprises à La Caméra explore le Temps.
L'Assassinat du Duc de Guise (1-16, ****)
Date de diffusion : 13 décembre 1960
Résumé :
Durant le règne du modéré Henri III et les Guerres de Religion, le Duc Henri de Guise (1550-1588) devint le chef de la Ligue, la faction catholique acharnée. Très populaire à Paris et suivi par une grande partie de la noblesse, Lieutenant-général du Royaume, il pouvait figurer en véritable maître de la France, en lieu et place d’Henri III. Celui-ci le fit assassiner au Château de Blois, le 23 décembre 1588, alors que s’y tenaient les Etats généraux. Louis, frère du Duc et Cardinal, fut lui aussi exécuté à cette occasion. La mort des Guise, considérés comme martyrs, allait déchainer la fureur, jusqu’à ce qu’un moine illuminé assassine à son tour Henri III, dès l’année suivante.
Critique :
Auteur de magnifiques et retentissants dialogues, André Castelot a l’excellente idée de pleinement embrasser la dimension théâtrale du drame raconté par l’émission du jour. Il en va ainsi de la dramaturgie des deux hommes de pouvoir dominant la scène et qu’opposent un combat sans pitié malgré le raffinement de la Cour. Mais aussi d’un parfait respect de la règle des trois unités, ouvrant grand la porte à la narration tragique. De fait tout concoure à offrir au public une représentation de grande qualité, notamment une distribution ayant elle-même une solide expérience scénique. La réalisation en direct épouse naturellement la forme d’un théâtre filmé assumé, d’autant plus magnifié que les plateaux s’ornent de meubles plus ornementaux qu’à l’accoutumée et reconstituant le château d’alors. Suprême raffinement de l’exercice, l’épisode s’offre un ultime quart d’heure en temps réel, puisque l’assassinat proprement dit se voit reconstitué dans son intégralité.
La présence de Georges Descrières et de François Maistre représente également un grand atout pour l’épisode au-delà de l’intérêt bien réel pour un amateur de séries télévisées, d’assister à la confrontation des futurs Arsène lupin et M. Faivre. En effet chacun va donner pleinement vie à son personnage. Sans doute la passion de Castelot pour le Duc de Guise et le naturel de Descrières donnent-ils lieu à un Duc assez embelli par rapport à sa personnalité réelle. C’est notamment le cas lors des scènes de complicité avec son amie de cœur, interprétée avec sensibilité par Judith Magre. Descrières est toutefois éclipsé par la formidable composition de François Maistre..Comme possédé par son rôle, le grand comédien parvient à donner la pleine mesure de ce souverain éminemment complexe et contesté que fut Henri de Valois, s’acharnant tout son règne à préserver coûte que coûte l’unité du Royaume et l’autorité royale face à l’État dans l’État que représenta la Ligue, mais aussi à s’affirmer face à une mère terriblement possessive. S’il se montre indulgent envers Guise, l’épisode a pleinement raison de rompre avec l’imagerie d’Epinal traditionnelle d’Henri III.
Anecdotes :
Georges Descrières (Le Duc de Guise) est alors connu pour quelques rôles au cinéma, mais surtout pour être devenu récemment, le 01 janvier 1958, l’un des sociétaires de la Comédie française. Il va se consacrer prioritairement à cette institution, dont il deviendra le doyen et qu’il ne quittera qu’en 1985. Il tint néanmoins plusieurs rôles marquants à la télévision, dont ceux d’Arsène Lupin et du Sam de Sam et Sally. Descrières participa à deux reprises à La Caméra explore le Temps, série faisant régulièrement appel à la Comédie française.
François Maistre (Henri III) est évidemment remémoré pour le rôle de M. Faivre dans Les Brigades du Tigre, mais compte bien d’autres rôles à son actif. Il va participer à pas moins de 15 reprises à La Caméra explore le Temps.
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Re: Série "La Caméra explore le Temps" (1957-1966)
L'Énigme de Saint-Leu (1-17, ****)
Date de diffusion : 11 février 1961
Résumé :
Louis VI Henri de Bourbon-Condé (1758-1830) fut le neuvième et dernier Prince de la prestigieuse Maison de Condé. Il fut retrouvé mystérieusement pendu en son château de Saint-Leu, alors que ses pieds touchaient le sol et qu’il n’avait jamais manifesté la moindre inclinaison suicidaire. Les Légitimistes accusèrent Louis-Philippe, récemment arrivé sur trône après les Trois Glorieuses, d’avoir ourdi l’assassinat, afin de capter l’immense héritage des Condé en faveur de son fils, le Duc d’Aumale. La Baronne de Feuchères, aventurière d’origine anglaise et maîtresse du Prince de Condé, aurait été l’instrument du meurtre. L’entremise de Talleyrand permit de calmer les esprits, et la Cour royale de justice conclut à un suicide. La question demeure néanmoins discutée par les historiens.
Critique :
L’intérêt de se constituer en anthologie est de pouvoir varier ses sujets. La Caméra explore le Temps sait jouer pleinement cette carte en alternant un carrefour crucial de notre Histoire, comme l’a été l’assassinat du Duc de Guise, et un évènement ayant certes défrayé la chronique en son temps, mais aujourd’hui bien oublié, comme l‘Affaire de St-Leu. Comparer les deux épisodes permet en outre de bien saisir les différences de style entre André Castelot et Alain Decaux, le premier s’inscrivant en dramaturge des grandes heures de l’Histoire de France et le second, ici à l’écriture, fasciné par les mystère et énigme, ainsi que par les caractères hors normes. De fait son récit s’articule comme un véritable épisode de série policière, nerveux et solidement charpenté.
On apprécie beaucoup cette enquête d’excellente facture et soutenue par la caméra d’un Lorenzi sachant s’adapter au style de ses auteurs. Nous découvrons également deux fortes personnalités, celle de la trouble Baronne que Decaux charge à plaisir, et celle du juge Le Huproye, acharné à découvrir la vérité, en qui les amateurs de séries policières pourront trouver comme un écho du Lieutenant Columbo,,dans sa partie d’Echecs contre la Baronne aussi bi »n que dans son aspect de serviteur de la Loi s’opposant aux puissants de ce monde. On regrettera toutefois que la dimension politique de l’Affaire ne soit pas davantage développée Il y a là aussi un véritable thriller, simplement brossé en quelques mots. Bien évidemment la RTF n’allait pas se faire explicitement l’écho de la thèse d’un jeu de strangulation sexuelle ayant mal tourné et contempler Castelot s’aventurer à l’évoquer à demi-mots face un Decaux défendant mordicus sa thèse de l’assassinat demeure l’un des grands moments du programme.
Anecdotes :
Maurice Chevit (le juge Le Huproye) connut une belle carrière au théâtre et fut un grand second rôle du cinéma français durant les années 50 et 60. Il y obtint une reconnaissance plus importante à partir des années 70 (Le Coup de sirocc, Les Bronzés font du ski, Le Mari de la coiffeuse…). Il apparait ici pour la première dans La Caméra explore le Temps, où il interviendra dans sept épisodes.
Françoise Prévost (La Baronne de Feuchères), malgré une belle carrière au théâtre, ne se fit véritablement connaître au cinéma qu’avec l’arrivée de la Nouvelle Vague. Elle devint alors la muse du réalisateur et scénariste Pierre Kast (Le bel âge, 1960). Elle est la fille de Marcelle Auclair, cofondatrice du magazine Elle avec Hélène Lazareff, en 1945.
Date de diffusion : 11 février 1961
Résumé :
Louis VI Henri de Bourbon-Condé (1758-1830) fut le neuvième et dernier Prince de la prestigieuse Maison de Condé. Il fut retrouvé mystérieusement pendu en son château de Saint-Leu, alors que ses pieds touchaient le sol et qu’il n’avait jamais manifesté la moindre inclinaison suicidaire. Les Légitimistes accusèrent Louis-Philippe, récemment arrivé sur trône après les Trois Glorieuses, d’avoir ourdi l’assassinat, afin de capter l’immense héritage des Condé en faveur de son fils, le Duc d’Aumale. La Baronne de Feuchères, aventurière d’origine anglaise et maîtresse du Prince de Condé, aurait été l’instrument du meurtre. L’entremise de Talleyrand permit de calmer les esprits, et la Cour royale de justice conclut à un suicide. La question demeure néanmoins discutée par les historiens.
Critique :
L’intérêt de se constituer en anthologie est de pouvoir varier ses sujets. La Caméra explore le Temps sait jouer pleinement cette carte en alternant un carrefour crucial de notre Histoire, comme l’a été l’assassinat du Duc de Guise, et un évènement ayant certes défrayé la chronique en son temps, mais aujourd’hui bien oublié, comme l‘Affaire de St-Leu. Comparer les deux épisodes permet en outre de bien saisir les différences de style entre André Castelot et Alain Decaux, le premier s’inscrivant en dramaturge des grandes heures de l’Histoire de France et le second, ici à l’écriture, fasciné par les mystère et énigme, ainsi que par les caractères hors normes. De fait son récit s’articule comme un véritable épisode de série policière, nerveux et solidement charpenté.
On apprécie beaucoup cette enquête d’excellente facture et soutenue par la caméra d’un Lorenzi sachant s’adapter au style de ses auteurs. Nous découvrons également deux fortes personnalités, celle de la trouble Baronne que Decaux charge à plaisir, et celle du juge Le Huproye, acharné à découvrir la vérité, en qui les amateurs de séries policières pourront trouver comme un écho du Lieutenant Columbo,,dans sa partie d’Echecs contre la Baronne aussi bi »n que dans son aspect de serviteur de la Loi s’opposant aux puissants de ce monde. On regrettera toutefois que la dimension politique de l’Affaire ne soit pas davantage développée Il y a là aussi un véritable thriller, simplement brossé en quelques mots. Bien évidemment la RTF n’allait pas se faire explicitement l’écho de la thèse d’un jeu de strangulation sexuelle ayant mal tourné et contempler Castelot s’aventurer à l’évoquer à demi-mots face un Decaux défendant mordicus sa thèse de l’assassinat demeure l’un des grands moments du programme.
Anecdotes :
Maurice Chevit (le juge Le Huproye) connut une belle carrière au théâtre et fut un grand second rôle du cinéma français durant les années 50 et 60. Il y obtint une reconnaissance plus importante à partir des années 70 (Le Coup de sirocc, Les Bronzés font du ski, Le Mari de la coiffeuse…). Il apparait ici pour la première dans La Caméra explore le Temps, où il interviendra dans sept épisodes.
Françoise Prévost (La Baronne de Feuchères), malgré une belle carrière au théâtre, ne se fit véritablement connaître au cinéma qu’avec l’arrivée de la Nouvelle Vague. Elle devint alors la muse du réalisateur et scénariste Pierre Kast (Le bel âge, 1960). Elle est la fille de Marcelle Auclair, cofondatrice du magazine Elle avec Hélène Lazareff, en 1945.
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Re: Série "La Caméra explore le Temps" (1957-1966)
Les Templiers (1-18, ***)
Date de diffusion : 22 avril 1961
Résumé :
Durant le XIIe siècle, l’ordre monastique et guerrier des Templiers s’illustra durant la Reconquista et les Croisades. Il devint une puissance financière au XIIIe siècle, prêtant aux souverains, notamment au Roi de France. En proie à d’importants besoins d’argent et en butte à l’opposition du Pape, Philippe le Bel s’empara des richesses du Temple, après un procès en sorcellerie largement truqué. Jacques de Molay, dernier grand maître de l’ordre, fut brûlé vif à Paris le 18 mars 1314. Outre la fameuse malédiction proférée par le supplicié, des légendes subsistèrent jusqu’à nos jours à propos d’un trésor secret des Templiers. Selon diverses traditions, il pourrait contenir le Saint Graal.
Critique :
Toujours de qualité, l’épisode du jour souffre de quelques difficultés. Avec la chute et le procès des Templiers, il revient sur un sujet déjà largement connu, et qui de plus a somptueusement été mis en scène en 1972 à travers la célèbre adaptation des Rois maudits de Maurice Druon, sur l’ORTF. Même s’il procède ainsi à une inversion de chronologie, le spectateur ne peut faire autrement que de comparer et donner l’avantage à la version de Barma et Jullian, ne serait-ce que par ce qu’elle bénéficie de dialogues supérieurs et de davantage de moyens, comme du précieux apport de la couleur. Le tournage et l’écriture de cet opus de La Caméra explore le Temps furent il est vrai parasités par la censure, obligeant Decaux et Castelot a recréer dans la précipitation une grande partie des dialogues.
Cela se ressent d’autant plus fortement que la diffusion en direct oblige les comédiens à travailler sans filet, d’où parfois des approximations facilitées par le peu de temps disponible pour apprendre le texte. Certains acteurs interprètent également leur personnage de manière trop théâtrale, comme Louis Arbessier incarnant Jacques de Molay, Grand maître de l’Ordre du Temple. Mais, en définitive, outre la limpidité pédagogique caractéristique du programme, c’est bien dans sa distribution que réside le grand intérêt de l’épisode. En effet, avec Jean-Pierre Marielle dans le rôle de Philipe le Bel et un Jean Rochefort incarnant le légiste royal Guillaume de Plaisians, on trouve ici deux futures grandes figures du cinéma francs. Marielle apporte une formidable présence au Roi de Fer, tandis que l’on ressent une émotion particulière en découvrant le récemment Jean Rochefort, à l’orée de sa carrière, à l’occasion de l’une de ses toutes premières apparitions à l’écran.
Anecdotes :
L’épisode fut diffusé le lendemain du Putsch d’Alger, voyant quatre généraux s’y emparer du pouvoir à fin de s’opposer à l’abandon de l’Algérie française. Alors que le pouvoir gaulliste est en pleine crise, l a direction de la RTF pris ombrage devant un texte fustigeant un chef del’2tat et glorifiant des militaires ayant accompli des exploits en Outre-mer, comme le raconte Decaux dans ses mémoires. Elle exigea la réécriture de toute une importante partie des dialogues, dont le monologue de Jacques de Molay. Les auteurs eurent beau arguer de leur bonne foi, ils durent obtempérer et les comédiens apprendre leur nouveau texte en une poignée d’heures. Decaux rapporte que ces cas de censure demeurèrent rarissimes.
En 1961, lors du tournage de l’épisode, Jean-Pierre Marielle a commencé à se faire connaitre au cinéma, mais il demeure encore cantonné aux seconds rôles. La célébrité viendra durant les années 60 et surtout 70, à travers de nombreuses comédies populaires.
Jean Rochefort est encore quasi débutant, ayant essentiellement joué au théâtre et n’ayant connu qu’une poignée de brèves apparitions à la télévision Il va connaître un parcours similaire à celui de Marielle, gagnant en notoriété durent les années 60, avant de réellement s’imposer comme une vedette de notre cinéma durant la décennie suivante.
Marielle et Belfort s’était déjà liés d’amitié au début des années 50, alors qu’ils étaient condisciples au Conservatoire national supérieur d’art dramatique. Ils y appartinrent à ce que l’on nommera la « Bande du Conservatoire », avec également Claude Rich, Anne Girardot, Jean-Paul Belmondo, Lara Fabian, Bruno Cremer, etc.
Date de diffusion : 22 avril 1961
Résumé :
Durant le XIIe siècle, l’ordre monastique et guerrier des Templiers s’illustra durant la Reconquista et les Croisades. Il devint une puissance financière au XIIIe siècle, prêtant aux souverains, notamment au Roi de France. En proie à d’importants besoins d’argent et en butte à l’opposition du Pape, Philippe le Bel s’empara des richesses du Temple, après un procès en sorcellerie largement truqué. Jacques de Molay, dernier grand maître de l’ordre, fut brûlé vif à Paris le 18 mars 1314. Outre la fameuse malédiction proférée par le supplicié, des légendes subsistèrent jusqu’à nos jours à propos d’un trésor secret des Templiers. Selon diverses traditions, il pourrait contenir le Saint Graal.
Critique :
Toujours de qualité, l’épisode du jour souffre de quelques difficultés. Avec la chute et le procès des Templiers, il revient sur un sujet déjà largement connu, et qui de plus a somptueusement été mis en scène en 1972 à travers la célèbre adaptation des Rois maudits de Maurice Druon, sur l’ORTF. Même s’il procède ainsi à une inversion de chronologie, le spectateur ne peut faire autrement que de comparer et donner l’avantage à la version de Barma et Jullian, ne serait-ce que par ce qu’elle bénéficie de dialogues supérieurs et de davantage de moyens, comme du précieux apport de la couleur. Le tournage et l’écriture de cet opus de La Caméra explore le Temps furent il est vrai parasités par la censure, obligeant Decaux et Castelot a recréer dans la précipitation une grande partie des dialogues.
Cela se ressent d’autant plus fortement que la diffusion en direct oblige les comédiens à travailler sans filet, d’où parfois des approximations facilitées par le peu de temps disponible pour apprendre le texte. Certains acteurs interprètent également leur personnage de manière trop théâtrale, comme Louis Arbessier incarnant Jacques de Molay, Grand maître de l’Ordre du Temple. Mais, en définitive, outre la limpidité pédagogique caractéristique du programme, c’est bien dans sa distribution que réside le grand intérêt de l’épisode. En effet, avec Jean-Pierre Marielle dans le rôle de Philipe le Bel et un Jean Rochefort incarnant le légiste royal Guillaume de Plaisians, on trouve ici deux futures grandes figures du cinéma francs. Marielle apporte une formidable présence au Roi de Fer, tandis que l’on ressent une émotion particulière en découvrant le récemment Jean Rochefort, à l’orée de sa carrière, à l’occasion de l’une de ses toutes premières apparitions à l’écran.
Anecdotes :
L’épisode fut diffusé le lendemain du Putsch d’Alger, voyant quatre généraux s’y emparer du pouvoir à fin de s’opposer à l’abandon de l’Algérie française. Alors que le pouvoir gaulliste est en pleine crise, l a direction de la RTF pris ombrage devant un texte fustigeant un chef del’2tat et glorifiant des militaires ayant accompli des exploits en Outre-mer, comme le raconte Decaux dans ses mémoires. Elle exigea la réécriture de toute une importante partie des dialogues, dont le monologue de Jacques de Molay. Les auteurs eurent beau arguer de leur bonne foi, ils durent obtempérer et les comédiens apprendre leur nouveau texte en une poignée d’heures. Decaux rapporte que ces cas de censure demeurèrent rarissimes.
En 1961, lors du tournage de l’épisode, Jean-Pierre Marielle a commencé à se faire connaitre au cinéma, mais il demeure encore cantonné aux seconds rôles. La célébrité viendra durant les années 60 et surtout 70, à travers de nombreuses comédies populaires.
Jean Rochefort est encore quasi débutant, ayant essentiellement joué au théâtre et n’ayant connu qu’une poignée de brèves apparitions à la télévision Il va connaître un parcours similaire à celui de Marielle, gagnant en notoriété durent les années 60, avant de réellement s’imposer comme une vedette de notre cinéma durant la décennie suivante.
Marielle et Belfort s’était déjà liés d’amitié au début des années 50, alors qu’ils étaient condisciples au Conservatoire national supérieur d’art dramatique. Ils y appartinrent à ce que l’on nommera la « Bande du Conservatoire », avec également Claude Rich, Anne Girardot, Jean-Paul Belmondo, Lara Fabian, Bruno Cremer, etc.
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Re: Série "La Caméra explore le Temps" (1957-1966)
Volume 5
Le Drame de Sainte-Hélène (1-19, ****)
Date de diffusion : 24 juin 1961
Résumé :
Après les Cents jours, en 1815, et jusqu’à sa mort le 5 mai 1821, Napoléon fut détenu sur l’île de St-Hélène, lointaine possession anglaise. Il resta jusqu’au bout entouré d’une poignée de fidèles, dont le Comte de Las cases, à qui il dicta ses mémoires. Les causes de son décès font l’objet d’une controverse, entre ulcère perforé à l’estomac et rigueurs de sa détention par son geôlier sir Hudson Lowe. Un empoisonnement à l’arsenic fut également évoqué par ses partisans.
Critique :
Figurant dans une anthologie historique française, l’épisode épouse naturellement avant tout le point de vue de Napoléon. S’il est écrit par Alain Decaux, André Castelot y apporta d’ailleurs certainement son écot, en grand spécialiste du crépuscule impérial. Non exempt de parti-pris à propos du bilan de Napoléon, l’opus demeure néanmoins d’une parfaite historicité quant aux péripéties et anecdotes ponctuant le séjour de Napoléon, tel que décrit par ses différents mémorialistes. La mise en scène pousse le soin du détail jusqu’à recréer avec précision le décor de Longwood House, résidence de l’exilé. La cour fantomatique de l’ancien conquérant se voit dépeinte sans fards, avec ses petitesses et ses trahisons.
Ce grand intérêt historique se double d’un volet humain déchirant. En effet Raymond Pellegrin apporte une vraie humanité à l’Aigle déchu et dépeint avec sensibilité sa progressive décrépitude, aussi bien physique que morale. Alors que l’espérance d’un retour se mue en amertume et que son ulcère mal soigné le dévore, Napoléon doit également faire face à la froide hostilité et au mépris de son geôlier le gouverneur Hudson Lowe. Magistralement interprété par un Michel Bouquet rodant son futur Javert, Lowe suscite un duel structurant un récit auquel il apporte une formidable force dramatique en huis-clos. A travers les personnalités, ce sont deux mondes qui se confrontent, l’Anglo-saxon et le Latin, parachevant le succès de cet épisode particulièrement intense.
Anecdotes :
Raymond Pellegrin (Napoléon), grande figure du cinéma français, avait déjà incarné l’Empereur dans le Napoléon de Sacha Guitry (1955). Il le réinterprétera dans Vénus impériale (1962) et dans Madame Sans Gêne (1963). Grand spécialiste de rôle de gangsters, sa voix particulièrement riche lui vaut également d’assurer celle de Fantômas dans les films d’André Hunebelle.
Les décors reconstituent quasiment à l’identique la dernière résidence de Napoléon à St-Hélène, Longwood House. Conjointement à la Vallée du Tombeau (ou l’Empereur reposa de 1821 à 1840, date du retour en France de sa dépouille), Longwood House appartient aux Domaines français de St-Hélène, dont l’achat par la France fut négocié entre Napoléon III et Victoria.
En 1959, André Castelot fit paraître une synthèse des mémorialistes des dernières années de l’Empereur. Le livre porte le même titre que plus tard celui de l’épisode, Le Drame de St-Hélène.
En 1969, André Castelot participa à la Croisière Impériale du France, organise pour le deux-centième anniversaire de la naissance de Napoléon. Du 9 au 29 avril, le prestigieux paquebot conduisit 1 300 passagers à la rencontre de sites ayant marqué la geste impériale, dont la Corse, Elbe et St-Hélène. Castelot anima deux conférences, dont l’une consacrée à l’ultime exil de Napoléon, et reprenant largement le récit de l’épisode.
http://data.over-blog-kiwi.com/0/99/79/44/20151221/ob_c98668_transat-actualites.pdf
Le Drame de Sainte-Hélène (1-19, ****)
Date de diffusion : 24 juin 1961
Résumé :
Après les Cents jours, en 1815, et jusqu’à sa mort le 5 mai 1821, Napoléon fut détenu sur l’île de St-Hélène, lointaine possession anglaise. Il resta jusqu’au bout entouré d’une poignée de fidèles, dont le Comte de Las cases, à qui il dicta ses mémoires. Les causes de son décès font l’objet d’une controverse, entre ulcère perforé à l’estomac et rigueurs de sa détention par son geôlier sir Hudson Lowe. Un empoisonnement à l’arsenic fut également évoqué par ses partisans.
Critique :
Figurant dans une anthologie historique française, l’épisode épouse naturellement avant tout le point de vue de Napoléon. S’il est écrit par Alain Decaux, André Castelot y apporta d’ailleurs certainement son écot, en grand spécialiste du crépuscule impérial. Non exempt de parti-pris à propos du bilan de Napoléon, l’opus demeure néanmoins d’une parfaite historicité quant aux péripéties et anecdotes ponctuant le séjour de Napoléon, tel que décrit par ses différents mémorialistes. La mise en scène pousse le soin du détail jusqu’à recréer avec précision le décor de Longwood House, résidence de l’exilé. La cour fantomatique de l’ancien conquérant se voit dépeinte sans fards, avec ses petitesses et ses trahisons.
Ce grand intérêt historique se double d’un volet humain déchirant. En effet Raymond Pellegrin apporte une vraie humanité à l’Aigle déchu et dépeint avec sensibilité sa progressive décrépitude, aussi bien physique que morale. Alors que l’espérance d’un retour se mue en amertume et que son ulcère mal soigné le dévore, Napoléon doit également faire face à la froide hostilité et au mépris de son geôlier le gouverneur Hudson Lowe. Magistralement interprété par un Michel Bouquet rodant son futur Javert, Lowe suscite un duel structurant un récit auquel il apporte une formidable force dramatique en huis-clos. A travers les personnalités, ce sont deux mondes qui se confrontent, l’Anglo-saxon et le Latin, parachevant le succès de cet épisode particulièrement intense.
Anecdotes :
Raymond Pellegrin (Napoléon), grande figure du cinéma français, avait déjà incarné l’Empereur dans le Napoléon de Sacha Guitry (1955). Il le réinterprétera dans Vénus impériale (1962) et dans Madame Sans Gêne (1963). Grand spécialiste de rôle de gangsters, sa voix particulièrement riche lui vaut également d’assurer celle de Fantômas dans les films d’André Hunebelle.
Les décors reconstituent quasiment à l’identique la dernière résidence de Napoléon à St-Hélène, Longwood House. Conjointement à la Vallée du Tombeau (ou l’Empereur reposa de 1821 à 1840, date du retour en France de sa dépouille), Longwood House appartient aux Domaines français de St-Hélène, dont l’achat par la France fut négocié entre Napoléon III et Victoria.
En 1959, André Castelot fit paraître une synthèse des mémorialistes des dernières années de l’Empereur. Le livre porte le même titre que plus tard celui de l’épisode, Le Drame de St-Hélène.
En 1969, André Castelot participa à la Croisière Impériale du France, organise pour le deux-centième anniversaire de la naissance de Napoléon. Du 9 au 29 avril, le prestigieux paquebot conduisit 1 300 passagers à la rencontre de sites ayant marqué la geste impériale, dont la Corse, Elbe et St-Hélène. Castelot anima deux conférences, dont l’une consacrée à l’ultime exil de Napoléon, et reprenant largement le récit de l’épisode.
http://data.over-blog-kiwi.com/0/99/79/44/20151221/ob_c98668_transat-actualites.pdf
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Re: Série "La Caméra explore le Temps" (1957-1966)
L'Aventure de la Duchesse de Berry (1-20, ***)
Date de diffusion : 03 octobre 1961
Résumé :
En 1832, Marie-Caroline de Bourbon-Siciles (1798-1870), Duchesse du Berry, était la veuve du second fils de Charles X et la mère d’« Henri V », le jeune prétendant légitimiste au Trône alors détenu par Louis-Philippe. Ayant fomenté une révolte contre ce dernier, en Provence et en Vendée, elle débarqua à Marseille le 28 avril 1832 pour en prendre la tête. Mais la Duchesse s’était illusionnée sur la popularité de son fils et l’opération tourna court. Après une cavale de plusieurs mois à travers la France, elle fut finalement arrêtée à Nantes et expulsée de France après un séjour en prison.
Critique :
Outre qu’elle s’avère agréablement datée (le tableau noir d’instituteur étant cette fois mobilisé pour la dynastie royale française), la savoureuse présentation de l’épisode par Alain Decaux et André Castelot se montre brillamment dialoguée. Il en va ainsi de l’opus lui-même, parfait exemple de l’art de Castelot pour brosser les grandes heures de l’Histoire de France, telles des pièces de théâtre fort réussies. Cette impression de théâtre filmé de qualité se retrouve dans la distribution, associant l’irrésistible Françoise Christophe à plusieurs comédiens rompus à l’exercice. Marcel Bozuffi nous régale ainsi d'un M. Thiers criant de vérité.
Mais Castelot se laisse quelque peu emporter par la dimension évidemment très romanesque de l’épopée de de la Duchesse de Berry et nous en propose un portrait nous semblant légèrement entaché de parti-pris. Également favorisée par l’abatage de Françoise Christophe, la majeure partie de l’entreprise est montrée comme relevant quasiment de la comédie. Or ce que l’on a pu désigner comme la dernière guerre de Vendée aurait pu très mal tourner, et la Duchesse demeure une femme n’hésitant pas à troubler un pays déjà marqué par une Histoire tumultueuse, afin de satisfaire une ambition dynastique hors d’âge. Mais l’on comprend que le sujet ait pu séduire André Castelot, en effet, dès 1833 Alexandre Dumas relatait l’affaire dans La Vendée et Madame, tant l’aventure comportait de similitudes avec sa littérature.
Anecdotes :
Françoise Christophe (Duchesse de Berry) se fit une spécialité des rôles d’aristocrate, aussi bien au théâtre qu’au cinéma et à la télévision. Elle fut ainsi Lady McRashley dans Fantômas contre Scotland Yard (1965), ou la Marie Tudor d’Abel Gance (1966).
Marcel Bozuffi (Thiers), jusque-là surtout connu au théâtre, devint un second rôle familier du cinéma français, principalement policier, durant les années 60 et 70. Il fut aussi un grand comédien de doublage. Marcel Bozuffi était l’époux de Françoise Fabian, épousée en 1963.
Date de diffusion : 03 octobre 1961
Résumé :
En 1832, Marie-Caroline de Bourbon-Siciles (1798-1870), Duchesse du Berry, était la veuve du second fils de Charles X et la mère d’« Henri V », le jeune prétendant légitimiste au Trône alors détenu par Louis-Philippe. Ayant fomenté une révolte contre ce dernier, en Provence et en Vendée, elle débarqua à Marseille le 28 avril 1832 pour en prendre la tête. Mais la Duchesse s’était illusionnée sur la popularité de son fils et l’opération tourna court. Après une cavale de plusieurs mois à travers la France, elle fut finalement arrêtée à Nantes et expulsée de France après un séjour en prison.
Critique :
Outre qu’elle s’avère agréablement datée (le tableau noir d’instituteur étant cette fois mobilisé pour la dynastie royale française), la savoureuse présentation de l’épisode par Alain Decaux et André Castelot se montre brillamment dialoguée. Il en va ainsi de l’opus lui-même, parfait exemple de l’art de Castelot pour brosser les grandes heures de l’Histoire de France, telles des pièces de théâtre fort réussies. Cette impression de théâtre filmé de qualité se retrouve dans la distribution, associant l’irrésistible Françoise Christophe à plusieurs comédiens rompus à l’exercice. Marcel Bozuffi nous régale ainsi d'un M. Thiers criant de vérité.
Mais Castelot se laisse quelque peu emporter par la dimension évidemment très romanesque de l’épopée de de la Duchesse de Berry et nous en propose un portrait nous semblant légèrement entaché de parti-pris. Également favorisée par l’abatage de Françoise Christophe, la majeure partie de l’entreprise est montrée comme relevant quasiment de la comédie. Or ce que l’on a pu désigner comme la dernière guerre de Vendée aurait pu très mal tourner, et la Duchesse demeure une femme n’hésitant pas à troubler un pays déjà marqué par une Histoire tumultueuse, afin de satisfaire une ambition dynastique hors d’âge. Mais l’on comprend que le sujet ait pu séduire André Castelot, en effet, dès 1833 Alexandre Dumas relatait l’affaire dans La Vendée et Madame, tant l’aventure comportait de similitudes avec sa littérature.
Anecdotes :
Françoise Christophe (Duchesse de Berry) se fit une spécialité des rôles d’aristocrate, aussi bien au théâtre qu’au cinéma et à la télévision. Elle fut ainsi Lady McRashley dans Fantômas contre Scotland Yard (1965), ou la Marie Tudor d’Abel Gance (1966).
Marcel Bozuffi (Thiers), jusque-là surtout connu au théâtre, devint un second rôle familier du cinéma français, principalement policier, durant les années 60 et 70. Il fut aussi un grand comédien de doublage. Marcel Bozuffi était l’époux de Françoise Fabian, épousée en 1963.
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Re: Série "La Caméra explore le Temps" (1957-1966)
Le Meurtre de Pierre III (1-21, ***)
Date de diffusion : 09 décembre 1961
Résumé :
Arrivé au pouvoir le 5 janvier 1762, le Tsar Pierre III mit fin à une guerre contre la Prusse, que la Russie était pourtant en passe de remporter définitivement, Berlin étant assiégée. Le Tsar fut inspiré par la grande admiration que lui inspirait le roi Frédéric II, mais son geste lui valut l’hostilité de l’ensemble de la cour moscovite. Sa volonté de modernisme le fâcha également avec le clergé. Six mois plus tard il fut renversé par sa propre épouse, Catherine II, au terme d’un coup d’état. Après avoir dû signer son acte d’abdication, il fut assassiné le 17 juillet 1762, dans des circonstances demeurées mystérieuses. Cela incita plusieurs agitateurs ultérieurs à se faire passer pour lui, dont Pougatchev.
Critique :
Le récit mis en scène par l’épisode se montre particulièrement catégorique, concernant aussi bien la réalité des prétentions de Pougatchev, que la responsabilité de Catherine dans la l’assassinat du Tsar Pierre. Ce ton très affirmatif paraît trancher avec les doutes encore maintenus par nombre d’historiens concernant la future grande Tsarine. On peut regretter ce relatif manque de distanciation, outre la complexité inutile consistant à agréger deux affaires complexes au sein d’un même épisode. On aurait préféré un plus grand développement de l’environnement international du règne de Pierre.
Mais l’épisode séduit néanmoins par sa tonalité. En effet, s’il rejoint une certaine tradition d’une histoire russe particulièrement sanglante, l’épisode se caractérise par une sensualité marquée, du moins selon les normes télévisuelles de l’époque. Les mœurs dissolues et l’immoralité de la Cour impériale nous rappellent ainsi que Les Liaisons Dangereuses sont contemporaines à l’action, tandis que Nadine Alari (Catherine) et Marie-Claire Chantraine (Elizabeth Vorontsof, maîtresse du Tsar) jouent volontiers la carte de la séduction. En Tsar troublé, François Maistre confirme être l’un des meilleurs comédiens de l’anthologie, tandis que les amateurs de Chapeau Melon apprécieront la distinction de Pierre Berger en chambellan du palais.
Anecdotes :
Nadine Alari (Cathenne) fut avant tout une comédienne de théâtre et une spécialiste du doublage. Elle fut ainsi la voix française de , Kim Novak, Ava Gardner ou encore Greta Garbo. Elle assura également le commentaire de nombreux documentaires de l’ORTF et devint une photographe réputée.
Du fait de baisers aussi explicites qu’éloquents, l’épisode reste le seul de La Caméra explore le Temps à avoir été diffusé assorti du fameux Carré blanc. Celui-ci fut mis en place quelques mois auparavant, le 25 mars 1961, pour accompagner le film Riz Amer. Sa création fut décidée après l’émotion suscitée par la diffusion en janvier 1961 du film L’Exécution, où l’actrice Nicole Paquin apparaissait quelques instants nue, de dos.
Date de diffusion : 09 décembre 1961
Résumé :
Arrivé au pouvoir le 5 janvier 1762, le Tsar Pierre III mit fin à une guerre contre la Prusse, que la Russie était pourtant en passe de remporter définitivement, Berlin étant assiégée. Le Tsar fut inspiré par la grande admiration que lui inspirait le roi Frédéric II, mais son geste lui valut l’hostilité de l’ensemble de la cour moscovite. Sa volonté de modernisme le fâcha également avec le clergé. Six mois plus tard il fut renversé par sa propre épouse, Catherine II, au terme d’un coup d’état. Après avoir dû signer son acte d’abdication, il fut assassiné le 17 juillet 1762, dans des circonstances demeurées mystérieuses. Cela incita plusieurs agitateurs ultérieurs à se faire passer pour lui, dont Pougatchev.
Critique :
Le récit mis en scène par l’épisode se montre particulièrement catégorique, concernant aussi bien la réalité des prétentions de Pougatchev, que la responsabilité de Catherine dans la l’assassinat du Tsar Pierre. Ce ton très affirmatif paraît trancher avec les doutes encore maintenus par nombre d’historiens concernant la future grande Tsarine. On peut regretter ce relatif manque de distanciation, outre la complexité inutile consistant à agréger deux affaires complexes au sein d’un même épisode. On aurait préféré un plus grand développement de l’environnement international du règne de Pierre.
Mais l’épisode séduit néanmoins par sa tonalité. En effet, s’il rejoint une certaine tradition d’une histoire russe particulièrement sanglante, l’épisode se caractérise par une sensualité marquée, du moins selon les normes télévisuelles de l’époque. Les mœurs dissolues et l’immoralité de la Cour impériale nous rappellent ainsi que Les Liaisons Dangereuses sont contemporaines à l’action, tandis que Nadine Alari (Catherine) et Marie-Claire Chantraine (Elizabeth Vorontsof, maîtresse du Tsar) jouent volontiers la carte de la séduction. En Tsar troublé, François Maistre confirme être l’un des meilleurs comédiens de l’anthologie, tandis que les amateurs de Chapeau Melon apprécieront la distinction de Pierre Berger en chambellan du palais.
Anecdotes :
Nadine Alari (Cathenne) fut avant tout une comédienne de théâtre et une spécialiste du doublage. Elle fut ainsi la voix française de , Kim Novak, Ava Gardner ou encore Greta Garbo. Elle assura également le commentaire de nombreux documentaires de l’ORTF et devint une photographe réputée.
Du fait de baisers aussi explicites qu’éloquents, l’épisode reste le seul de La Caméra explore le Temps à avoir été diffusé assorti du fameux Carré blanc. Celui-ci fut mis en place quelques mois auparavant, le 25 mars 1961, pour accompagner le film Riz Amer. Sa création fut décidée après l’émotion suscitée par la diffusion en janvier 1961 du film L’Exécution, où l’actrice Nicole Paquin apparaissait quelques instants nue, de dos.
Dernière édition par Estuaire44 le Lun 27 Nov 2017 - 10:00, édité 1 fois
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Re: Série "La Caméra explore le Temps" (1957-1966)
L'Affaire du Collier de la Reine (1-22, ****)
Date de diffusion : 17 février 1962
Résumé :
En 1785, le Cardinal de Rohan, épris de la reine Marie Antoinette, s'était laissé persuader par Jeanne de Valois, comtesse de La Motte, de se porter secrètement acquéreur, pour le compte de sa souveraine, d'un collier d'une inestimable valeur. Il acheta le bijou et le remit à un homme qu'il croyait être le valet de chambre de Marie-Antoinette. Il s'agissait en réalité d'une escroquerie montée par Jeanne de La Motte pour s'approprier le collier et vivre de la vente des pierres… Mais le considérable scandale éclaboussa aussi le Trône, le peuple ne croyant pas en l’innocence de Marie-Antoinette et Louis XVI ayant fait preuve d’un autoritarisme déplacé en faisant temporairement embastiller le malheureux Cardinal. Ce tumulte est désormais considéré comme préfigurant la Révolution.
Critique :
L’épisode constitue un exemple particulièrement éloquent de la qualité d’écriture de La Caméra explore le Temps. Certes les dialogues se révèlent aussi brillants que portés avec talent par une distribution toujours idéalement dans son emploi, dominée par la forte prestation de Giselle Pascale. On apprécie d’ailleurs que la série continue de laisser de côté la fausse bonne idée de doter ses personnages d’accents. Mais ce qui force avant tout l’admiration reste la limpidité de l’exposition d’une affaire très complexe, sans pour autant simplifier l’ordonnancement des évènements ou des enjeux. Grâce à la pédagogie coutumière de l’anthologie, l’Affaire du Collier demeure bien plus rigoureusement narrée ici qu’elle ne le sera jamais au cinéma.
Par ailleurs la mise en scène de Stello Lorenzi sait pleinement saisir l’opportunité nouvelle signifiée par l’arrivée du Télécinéma. Les flashbacks et extérieurs ainsi introduits se montrent magnifiques, car tournés à Versailles et au Trianon, aussi bien dans les parcs que dans certains lieux emblématiques, comme la Galerie des Glaces. Ce soin du détail et de l’image se trouve dans les décors plus habituels, recréant notamment à l’identique les pièces du Palais de Rohan résidence du Cardinal (et actuel siège des Archives nationales). Son véritable lit se voit ainsi employé, ainsi qu’un ameublement reconstitué avec précision. Plus que jamais, La caméra explore le Temps entraine le spectateur à la découverte de l’Histoire.
Anecdotes :
Le Télécinéma est un ensemble de techniques permettant de transférer un élément de film (pellicule argentique) sur un support utilisable en diffusion télévision (image électronique vidéo). Les appareils de Télécinéma projettent l'image directement dans une caméra vidéo reliée à un magnétoscope, ce qui garantit une qualité de transfert optimale.
Ce procédé se répand au début des années soixante et va permettre d’insérer des séquences précédemment tournées aux traditionnelles diffusions en direct. Tout comme pour La Caméra explore le Temps, des scènes tournées en extérieur vont ainsi progressivement figurer dans les épisodes de Chapeau Melon de l’ère Cathy Gale.
Jacques Castelot (Le Cardinal de Rohan) joua de très nombreux rôles d’aristocrates ou de personnages d’autorité durant sa longue carrière. Il est ainsi l’Archevêque de Toulouse ans Angélique, Marquise des Anges (1964). Il est le frère d’André Castelot.
Giselle Pascal (Marie-Antoinette) fut après-guerre une figure populaire du cinéma du cinéma et de l’opérette, où elle interpréta souvent des rôles aristocratiques (Louise de La Vallière dans Si Versailles m’était conté, en 1954). Elle défraya également la chronique par ses nombreuses liaisons, avec Yves Montand, le Prince Rainier ou encore Gary Cooper. Elle devint ultérieurement l’épouse de Raymond Pellegrin.
Claude Winter (Comtesse de la Motte) fut une grande figure de la Comédie française, à laquelle elle appartint de 1953 à 1988. Du fait de la fatigue due à de nombreux tournages de la scène voyant la Comtesse être marquée au fer rouge, l’acteur jouant le bourreau la blessa réellement. Le cri entendu est vraiment de douleur.
Fin du Volume 5 de l'anthologie
Date de diffusion : 17 février 1962
Résumé :
En 1785, le Cardinal de Rohan, épris de la reine Marie Antoinette, s'était laissé persuader par Jeanne de Valois, comtesse de La Motte, de se porter secrètement acquéreur, pour le compte de sa souveraine, d'un collier d'une inestimable valeur. Il acheta le bijou et le remit à un homme qu'il croyait être le valet de chambre de Marie-Antoinette. Il s'agissait en réalité d'une escroquerie montée par Jeanne de La Motte pour s'approprier le collier et vivre de la vente des pierres… Mais le considérable scandale éclaboussa aussi le Trône, le peuple ne croyant pas en l’innocence de Marie-Antoinette et Louis XVI ayant fait preuve d’un autoritarisme déplacé en faisant temporairement embastiller le malheureux Cardinal. Ce tumulte est désormais considéré comme préfigurant la Révolution.
Critique :
L’épisode constitue un exemple particulièrement éloquent de la qualité d’écriture de La Caméra explore le Temps. Certes les dialogues se révèlent aussi brillants que portés avec talent par une distribution toujours idéalement dans son emploi, dominée par la forte prestation de Giselle Pascale. On apprécie d’ailleurs que la série continue de laisser de côté la fausse bonne idée de doter ses personnages d’accents. Mais ce qui force avant tout l’admiration reste la limpidité de l’exposition d’une affaire très complexe, sans pour autant simplifier l’ordonnancement des évènements ou des enjeux. Grâce à la pédagogie coutumière de l’anthologie, l’Affaire du Collier demeure bien plus rigoureusement narrée ici qu’elle ne le sera jamais au cinéma.
Par ailleurs la mise en scène de Stello Lorenzi sait pleinement saisir l’opportunité nouvelle signifiée par l’arrivée du Télécinéma. Les flashbacks et extérieurs ainsi introduits se montrent magnifiques, car tournés à Versailles et au Trianon, aussi bien dans les parcs que dans certains lieux emblématiques, comme la Galerie des Glaces. Ce soin du détail et de l’image se trouve dans les décors plus habituels, recréant notamment à l’identique les pièces du Palais de Rohan résidence du Cardinal (et actuel siège des Archives nationales). Son véritable lit se voit ainsi employé, ainsi qu’un ameublement reconstitué avec précision. Plus que jamais, La caméra explore le Temps entraine le spectateur à la découverte de l’Histoire.
Anecdotes :
Le Télécinéma est un ensemble de techniques permettant de transférer un élément de film (pellicule argentique) sur un support utilisable en diffusion télévision (image électronique vidéo). Les appareils de Télécinéma projettent l'image directement dans une caméra vidéo reliée à un magnétoscope, ce qui garantit une qualité de transfert optimale.
Ce procédé se répand au début des années soixante et va permettre d’insérer des séquences précédemment tournées aux traditionnelles diffusions en direct. Tout comme pour La Caméra explore le Temps, des scènes tournées en extérieur vont ainsi progressivement figurer dans les épisodes de Chapeau Melon de l’ère Cathy Gale.
Jacques Castelot (Le Cardinal de Rohan) joua de très nombreux rôles d’aristocrates ou de personnages d’autorité durant sa longue carrière. Il est ainsi l’Archevêque de Toulouse ans Angélique, Marquise des Anges (1964). Il est le frère d’André Castelot.
Giselle Pascal (Marie-Antoinette) fut après-guerre une figure populaire du cinéma du cinéma et de l’opérette, où elle interpréta souvent des rôles aristocratiques (Louise de La Vallière dans Si Versailles m’était conté, en 1954). Elle défraya également la chronique par ses nombreuses liaisons, avec Yves Montand, le Prince Rainier ou encore Gary Cooper. Elle devint ultérieurement l’épouse de Raymond Pellegrin.
Claude Winter (Comtesse de la Motte) fut une grande figure de la Comédie française, à laquelle elle appartint de 1953 à 1988. Du fait de la fatigue due à de nombreux tournages de la scène voyant la Comtesse être marquée au fer rouge, l’acteur jouant le bourreau la blessa réellement. Le cri entendu est vraiment de douleur.
Fin du Volume 5 de l'anthologie
Estuaire44- Empereur
- Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007
Re: Série "La Caméra explore le Temps" (1957-1966)
Volume 6
Le Meurtre de Henry Darnley ou La Double Passion de Marie Stuart (1-23, ****)
Date de diffusion : 12 mai 1962
Résumé :
Lord Darnley (1545-1567) fut le deuxième époux de Marie Stuart, reine d’Écosse, qui était également sa cousine. Survenu en 1565, le mariage royal s’avéra un désastre, quand le séduisant Darnley se révéla être un débauché, incapable de tenir dignement son rôle de roi consort. Il périt assassiné par étouffement dans la nuit du 09 février 1567. La culpabilité de Marie Stuart demeure questionnée par les historiens, mais l’évènement fut désastreux pour sa légitimité. Il provoqua son abdication, survenue le 24 juillet, puis la guerre civile en découlant (1567-1573).
Critique :
L’épisode du jour a la bonne idée de nous emmener loin de l’Hexagone, l’un des rares regrets que nous laisse La Caméra explore le Temps demeurent son très faible nombre de récits consacrés à des protagonistes étrangers. Certes on se souvient que, préalablement à l’action ici présentée, Marie Stuart avait brièvement été Reine de France (en tant qu’épouse de François II), mais l’on en reste bien à une pure intrigue anglo-saxonne. André Castelot saisit d’ailleurs la balle au bond, puisqu’il opte clairement pour un ton très shakespearien dans sa narration du drame.
Ainsi la mise en scène de théâtre filmé et les dialogues volontairement sonores, concourent ainsi efficacement à l’instauration d’une atmosphère tragique. La fragilité diaphane de Pascale Audret convient idéalement à une Mary Stuart campée en femme soumise à ses passions et cernée par des fauves, mais également maudite car prenant une mari active à l’assassinat de son mari. Coggio apporte une belle énergie à son Darnley aussi impérieux qu’infantile. Avec Maurey, François Maistre, décidément un acteur majeur de l’anthologie, nous régale d’un félon la plus belle eau au service de la Reine Vierge.
Les apparitions d’une glaciale Elizabeth tramant de loin le complot s’avèrent d’ailleurs marquantes, tant elle compose une femme politique d’un tout autre bois que Mary, La chute de cette dernière. La destinée de cette dernière ne fait plus guère de doute. Certes l’on pourra objecter qu’ici l’Histoire devient Théâtre et que Castelot présente comme avérée une version des évènements particulièrement incriminante pour Mary alors que le sujet fait encore débat, mais le spectacle est magnifique.
Anecdotes :
Pascale Audret (Marie Stuart) mena avec succès une double carrière d’actrice et de chanteuse. Durant les années 60, elle fut souvent associée à son compagnon Roger Coggio au théâtre. Durant les années 70 et 80, elle devient une figure régulière de la télévision française. Pascale Audret était la sœur d’Hugues Aufray et la mère de l'actrice Julie Dreyfus.
Roger Coggio (Henry Darnley) fut une comédien et un metteur en scène important de la scène parisienne, notamment au Théâtre des Mathurins. Il adapta avec succès plusieurs classiques au cinéma ( Le mariage de Figaro, Les Fourberies de Scapin…). Coggio fut également le compagnon de plusieurs artistes (Élisabeth Huppert, Fanny Cottençon). Lui et Pascale Aubret vivaient en couple lors du tournage de l’épisode.
Marcelle Ranson-Hervé (Elizabeth Ière) fut avant tout une comédienne de théâtre du répertoire, ainsi qu’une pensionnaire régulière d’Au Théâtre ce soir. Elle participa activent à la création du Festival d’Avignon, aux côtés de Jean Vilar. En 1957 elle avait interprété le Chevalier d’Éon dans Énigmes de l’Histoire, l’anthologie préfigurant La Caméra explore le Temps.
Le Meurtre de Henry Darnley ou La Double Passion de Marie Stuart (1-23, ****)
Date de diffusion : 12 mai 1962
Résumé :
Lord Darnley (1545-1567) fut le deuxième époux de Marie Stuart, reine d’Écosse, qui était également sa cousine. Survenu en 1565, le mariage royal s’avéra un désastre, quand le séduisant Darnley se révéla être un débauché, incapable de tenir dignement son rôle de roi consort. Il périt assassiné par étouffement dans la nuit du 09 février 1567. La culpabilité de Marie Stuart demeure questionnée par les historiens, mais l’évènement fut désastreux pour sa légitimité. Il provoqua son abdication, survenue le 24 juillet, puis la guerre civile en découlant (1567-1573).
Critique :
L’épisode du jour a la bonne idée de nous emmener loin de l’Hexagone, l’un des rares regrets que nous laisse La Caméra explore le Temps demeurent son très faible nombre de récits consacrés à des protagonistes étrangers. Certes on se souvient que, préalablement à l’action ici présentée, Marie Stuart avait brièvement été Reine de France (en tant qu’épouse de François II), mais l’on en reste bien à une pure intrigue anglo-saxonne. André Castelot saisit d’ailleurs la balle au bond, puisqu’il opte clairement pour un ton très shakespearien dans sa narration du drame.
Ainsi la mise en scène de théâtre filmé et les dialogues volontairement sonores, concourent ainsi efficacement à l’instauration d’une atmosphère tragique. La fragilité diaphane de Pascale Audret convient idéalement à une Mary Stuart campée en femme soumise à ses passions et cernée par des fauves, mais également maudite car prenant une mari active à l’assassinat de son mari. Coggio apporte une belle énergie à son Darnley aussi impérieux qu’infantile. Avec Maurey, François Maistre, décidément un acteur majeur de l’anthologie, nous régale d’un félon la plus belle eau au service de la Reine Vierge.
Les apparitions d’une glaciale Elizabeth tramant de loin le complot s’avèrent d’ailleurs marquantes, tant elle compose une femme politique d’un tout autre bois que Mary, La chute de cette dernière. La destinée de cette dernière ne fait plus guère de doute. Certes l’on pourra objecter qu’ici l’Histoire devient Théâtre et que Castelot présente comme avérée une version des évènements particulièrement incriminante pour Mary alors que le sujet fait encore débat, mais le spectacle est magnifique.
Anecdotes :
Pascale Audret (Marie Stuart) mena avec succès une double carrière d’actrice et de chanteuse. Durant les années 60, elle fut souvent associée à son compagnon Roger Coggio au théâtre. Durant les années 70 et 80, elle devient une figure régulière de la télévision française. Pascale Audret était la sœur d’Hugues Aufray et la mère de l'actrice Julie Dreyfus.
Roger Coggio (Henry Darnley) fut une comédien et un metteur en scène important de la scène parisienne, notamment au Théâtre des Mathurins. Il adapta avec succès plusieurs classiques au cinéma ( Le mariage de Figaro, Les Fourberies de Scapin…). Coggio fut également le compagnon de plusieurs artistes (Élisabeth Huppert, Fanny Cottençon). Lui et Pascale Aubret vivaient en couple lors du tournage de l’épisode.
Marcelle Ranson-Hervé (Elizabeth Ière) fut avant tout une comédienne de théâtre du répertoire, ainsi qu’une pensionnaire régulière d’Au Théâtre ce soir. Elle participa activent à la création du Festival d’Avignon, aux côtés de Jean Vilar. En 1957 elle avait interprété le Chevalier d’Éon dans Énigmes de l’Histoire, l’anthologie préfigurant La Caméra explore le Temps.
Estuaire44- Empereur
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