Saga "Dark Universe"

Qu'elle refuse et qu'on ne parle plus de cette sombre ineptie !

Ceci dit, cela lui donnerait l'occasion de sortir du rôle de Wonder Woman.

Je ne suis pas étonné que La Momie "n'ait pas eu le succès escompté" ! C'était raté dans les grandes largueurs !

Vive la Hammer ! A bas les copieurs !

D’Alex Kurtzmann
Avec Tom Cruise, Annabelle Wallis, Sofia Boutella, Russel Crowe
Deux soldats américains dont le sergent Morton (Tom Cruise), venus piller des trésors archéologiques irakiens découvrent une tombe…égyptienne. L’archéologue Jennifer Halsey débarque très vite et ordonne le transfert du sarcophage d’une momie maudite mais l’avion s’écrase au retour. Présumé mort, Morton se réveille pourtant à la morgue. Il se retrouve peu après devant le docteur Jekyll. Lequel lui annonce tout de go qu’il est maudit car il est l’Elu de la momie, la princesse Ahmanet qui vendit son âme au dieu Seth. Pour sauver le monde, un sacrifice est nécessaire. Mais la Momie s’échappe. Nouvelle adaptation d’un monstre du catalogue Universal, cette version déçoit considérablement. Si Sofia Boutella est convaincante et charismatique parvenant à donner à son regard tantôt la séduction tantôt la malice d’Ahmanet, le reste du casting ne casse pas trois pattes à un canard. Tom Cruise fait du Tom Cruise, un héros plutôt cool qui s’en sort toujours. Annabelle Wallis est la plus décevante. Passée la scène d’exposition où elle est un personnage fort, elle passe très vite à celui de demoiselle en détresse et n’en sortira plus. Quant à Russel Crowe, on se demande ce qu’il vient faire là car son personnage n’est pas vraiment utile. On ricanera un peu avec le coup des empreintes digitales : quand Jekyll devient Hyde, ces empreintes changent ! On y croit ! Les pouvoirs de la Momie ne sont pas non plus transcendants. A part une tempête de sable en plein Londres, elle n’envoie pas vraiment du petit bois. Cet opus, qui se prend globalement au sérieux, se place dans le projet de « Dark Universe » qui relierait tous les monstres du catalogue (Dracula, Frankenstein, mon petit poney et les autres) mais, outre que l’intérêt ne parait pas évident, on ne peut éviter la comparaison avec la version parodique de Stephen Sommer (avec Brendan Fraser et Rachel Weisz) et c’est cette dernière qui l’emporte de loin.

Pas vu celui-ci, mais j'ai trouvé que Sofia Boutella apportait une vrai valeur ajoutée à Kingsman et au dernier Star trek. Maintenant ces films n'étaient pas des chefs d'oeuvre non plus, c'est vrai.

En tout cas si celui-ci ne me plaît pas, j'ai déjà le titre : "La Momie : le film ne m'a pas fait bander."

La Momie 2017 (***)

L’on avait accueilli avec un certain scepticisme l’annonce du développement du Dark Universe. En effet les classiques de la Universal valent non seulement par leurs monstres, mais aussi par leur esthétique , leur ambiance indissociable du cinéma d’alors, leur somptueux noir et blanc L’épisode Monster Movies de la série Supernatural rend d’ailleurs un superbe et éclairant hommage à ces œuvres. Déplacer l’intrigue à notre époque, et dans un monde se voulant pleinement le notre, ampute fatalement ces films d’une partie de leur spécificité, en fait à l’unique profit d’effets spéciaux davantage au goût du jour et de la vogue des univers étendus. Et de ce point de vue La Momie 2017 ne vient guère dissiper nos craintes, car le film se ressent avant tout comme une standardisation des productions des années 30 et 40 aux normes du blockbuster contemporain.

Ce sentiment se voit d’ailleurs renforcé par la faiblesse de la description de Prodigium, élément visiblement supposé constituer l’ossature de la saga à venir. Cette organisation se limite ici à une plaquette autour du thème très rabattu de la société occulte veillant au grain. Sans attendre un développement aussi raffiné et conséquent que le Talamasca d’Anne Rice, auteure par ailleurs d’un excellent roman sur la Momie (la suite devrait enfin paraître fin novembre), on ne reste ici véritablement qu’à la surface des potentialités du thème. Un film comme Men in Black creuse ainsi bien davantage le sujet, dans son acception SF. On peut aussi regretter que le récit ne se donne pas davantage la peine de justifier la présence de du dangereusement instable Dr. Jekyll à la tête de Prodigium, après tout il existe ans doute d’autres érudits. Peut-être cela viendra-il lors d’un opus lui étant pleinement consacré, mais telle quelle, la prise de risques apparaît absurde, malgré tout le talent de Russell Crowe.

L’optique retenue pour l’ordonnancement de la saga pose également un problème de perspective dont La Momie 2017 éprouve du mal à s’extraire. En effet le récit s’organise du point de vue de Nick, alors qu’en tant que héros il demeure très unidimensionnel et bien peu actif jusqu’au final. Or le véritable héros et sujet du film reste clairement Ahmanet, personnage dont le parcours et la psychologie se voient bien davantage explorés et qui compose le vrai moteur du récit par ses actions. Ce déphasage entre héros et protagoniste nuit à la narration.

Opter d’emblée pour le point de vue d’une Ahmanet pleinement installée en héroïne maléfique aurait donc été plus pertinent. Par un acte fort d’écriture créative, cela permettrait d’apporter une vraie justification au Dark Universe, saga qui dès lors embrasserait pleinement sa dimension de films de monstres, avec une vraie spécificité (tout comme le réjouissant film de 1999 avait su opter pour un ton propre, celui d’une bande dessinée colorée et pleinement récréative). Mais voilà, quand on dispose d’une star à l’affiche, elle doit à marche forcée être se placer au cœur du récit, on a déjà vu ce que cela donnait avec Will Smith et Suicide Squad.

Toutefois, si l’on déconnecte La Momie 2017 de son rôle de pilote du Dark Universe, en le considérant à l’aune d’un simple film d’action, alors l’œuvre prend des couleurs. Certes, Annabelle Wallis surjoue en permanence et Tom Cruise atteint ses limites d’acteur sur le volet introspectif du lien unissant Nick à Ahmanet. Sur un registre finalement assez similaire d’anti héros se bonifiant à travers l’épreuve, il était d’ailleurs bien meilleur dans le très ludique et tonique Edge of Tomorrow. Les amateurs de Mythologie s’agaceront également de découvrir Seth sans cesse évoqué comme Dieu de la Mort du Panthéon égyptien, alors qu’il ne l’est nullement. Il est le Dieu, du désordre, de la fureur et de la démesure contre productive, de l’Hubris diraient les Grecs, mais celui de la mort est Anubis, associé à la momification et figure non négative.

Cependant la mise en scène et le travail de production séduisent véritablement, lors d’un film d’action dont on ne saurait nier le rythme effréné. On apprécie ainsi le grand soin apporté à l’élaboration des décors, qu’ils soient égyptiens (palais, tombe, costumes et maquillages également ) ou relevant de Prodigium, notamment à travers les sympathiques artefacts et spécimen collectionnés par le bon Dr. Jekyll. Le film ne cesse de varier l’environnement de ses péripéties (souterrain, forestier, urbain, aquatique…), agrémentant ainsi le récit. Plusieurs scènes résultent admirablement tournées et réellement saisissantes, telles la séquence du crash aérien, la très bonne idée des vitres de Londres transformés en sables vengeurs ou les vues très esthétiques d’Ahmanet se mouvant en son désert intemporel, comme un lointain écho de l’Antinéa de Pierre Benoit et Jacques Feyder.

Certes le scénario de La Momie 2017 résulte quelque peu linéaire, mais ce n’est un critère assez secondaire pour un blockbuster. Le film surfe quelque peu sur la vogue des Zombies, mais ceux-ci s’avèrent ici réellement effrayants et sinistres. On aime bien qu’ils soient réellement des cadavres putréfiés et donc déliquescents, et non pas des simili Terminators organiques, comme parfois au petit écran. Leurs apparitions relèvent de la pure horreur, retrouvant ainsi fugacement les productions originelles, films d’épouvante et non d’action, comme ici. En contrepoint, l’humour apporté par les apparitions du spectre du comparse est également bienvenu, même si on aurait pu le souhaiter davantage décalé encore. (Stephan King avait d’ailleurs eu un idée assez similaire dans Simetierre, avec l’étudiant décédé).

La Momie 2017 bénéficie également d’une nouvelle prestation de la formidable Sofia Boutella. Après Kingsman et Star Trek : Sans limites, l’actrice crée une nouvelle fois la sensation ici, s’affirmant décidément comme une remarquable spécialiste de rôles physiques et hauts en couleurs. Elle apporte également une trouble sensualité à Ahmanet mais aussi une vraie sensibilité, justifiant ainsi le choix de féminiser le personnage de la Momie. Il faut dire que Sofia Boutella est bien aidée par la fadeur des prestations de Annabelle Wallis et Tom Cruise, qui, par comparaison, rehaussent encore son jeu. A leur corps défendant ses partenaires contribuent ainsi à resituer Ahmanet comme protagoniste de l’histoire, et non comme son antagoniste. Si on peut regretter l’instauration d’une rivalité féminine non exempte de clichés, le film aura au moins su choisir l’interprète idoine, à qui il ménage d’ailleurs judicieusement un possible retour.

Au total perdure le ressenti d’un film écrasé par son statut d’introduction à un univers étendu dont il ne parvient pas à réellement justifier l’existence, mais qui remplit pleinement son office en tant que blockbuster d’action à la fois soigné et percutant.

Excellente critique. Je partage la quasi-totalité des propos. Deux étoiles suffiraient selon moi.

Ce qui est appréciable dans ce texte c'est d'avoir réussi à se mettre à distance pour l'analyser plus froidement. Perso, entre mon culte envers la Hammer et mon aversion envers Tom Cruise, les qualités du film ne m'avaient pas sauté aux yeux. Mais j'avoue que j'étais allé le voir dans l'optique de le dépecer !

Effectivement, une fois la critique finie j'ai beaucoup hésité entre ** et *** (ce sont souvent les deux notes les plus difficiles à départager, à mon avis), selon la perspective de pilote de saga ou de film à part. J'ai finalement mis 3 car j'ai trouve le film vraiment fignolé au niveau de la production, avec tout un boulot soigné sur les décors et maquilages d'époques (les tatouages d'Ahmanet reprennent l'antique Livre des Morts). Et puis j'aime beaucoup Sofia Boutella Maintenant, en tant que fan des films d'époque, c'est tout à fait logiquement que tu optes pour le 2 !

Prometteur !