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Saga "La Hammer"

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Message  Camarade Totoff Ven 7 Juil 2017 - 17:06

Saga "La Hammer" Hammer-Film-Productions
Qui a peur de la Hammer ?
Présentation générale

Dracula
1. Le cauchemar de Dracula (Dracula, 1958)
2. Dracula, prince des ténèbres (Dracula : prince of darkness, 1966)
3. Dracula et les femmes (Dracula has risen from the grave, 1968)
4. Une messe pour Dracula (Taste the blood of Dracula, 1970)
5. Les cicatrices de Dracula (Scars of Dracula, 1970)

Frankenstein
1. Frankenstein s’est échappé (The curse of Frankestein, 1957)
2. La revanche de Frankenstein (The revenge of Frankenstein, 1958)
3. Frankenstein créa la femme (Frankenstein created Woman, 1967)
4. Le retour de Frankenstein (Frankenstein must be destroyed, 1969)
5. Frankenstein et le monstre de l’enfer (Frankenstein and the monster from hell, 1974)

Monstres divers et créatures mythologiques
1. Le redoutable Homme des neiges (The Abominable Snowman, 1957)
2. Le Chien des Baskerville (The Hound of the Baskerville, 1959)
3. La malédiction des Pharaons (The Mummy, 1959)
4. Les deux visages du docteur Jekyll (the Two faces of Dr Jecyll, 1960)
5. La nuit du loup-garou (The curse of the Werewolf, 1961)
6. La Gorgone (The Gorgon, 1964)
7. La femme reptile (The Reptile, 1966)
8. L’invasion des morts-vivants (The Plague of the zombies, 1966)
9. Les vierges de Satan (The Devil Rides out, 1968)
10. Docteur Jekyll et Sister Hyde (Dr Jekyll and Sister Hyde, 1971)
11. Capitaine Kronos, chasseur de vampires (captain Kronos- Vampire Hunter, 1974)
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Message  Estuaire44 Ven 7 Juil 2017 - 17:27

Beau programme !   cheers

Dans ma bibliothèque se trouve Hammer Glamour, une encyclopédie des troublantes et magnifiques actrices de la Hammer. Si cela t'intéresse je te l'apporte à la prochaine réunion. Attention, l'iconographie est superbe, mais les textes sont en anglais.

Saga "La Hammer" Brian's+first+picture+466
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Message  Camarade Totoff Ven 7 Juil 2017 - 17:32

Je prends quand même ! Je trouverai bien une poire pour la soif !
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Message  Estuaire44 Ven 7 Juil 2017 - 18:35

Ok, n'hésite pas à m'en reparler le moment venu !
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Message  Camarade Totoff Jeu 3 Aoû 2017 - 13:44

Dans le cadre de son été "Fish'n ship" (sic), Arte vous propose, dimanche soir, une soirée pas piquée des vers :

A 21H, "Shaun of the Dead" d'Edgar Wright

A 22H45, un documentaire sur la Hammer : http://www.arte.tv/fr/videos/073074-000-A/terreur-et-glamour-montee-et-declin-du-studio-hammer
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Message  Estuaire44 Jeu 3 Aoû 2017 - 13:52

Sans aucun doute une bonne soirée, la programmation estivale anglaise d'Arte est d'excellente qualité !!
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Message  Estuaire44 Ven 4 Aoû 2017 - 9:56

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Message  Camarade Totoff Ven 4 Aoû 2017 - 13:27

Un bon article mais deux précisions.

D'abord, le succès de la compagnie ne repose pas tant sur Michael Carreras que son père, sir James Carreras qui sut s'entourer de bons scénaristes (Anthony Hinds, Jimmy Sangster).

Ensuite, la photo de Yutte Stensgaard, actrice suédoise qui n'a fait que passer à l'écran, est en fait une publicité mensongère car cette scène n'a jamais été tournée ! La photo en montre bien plus que le public a vu. Mais il fallait bien le faire venir.
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Message  Camarade Totoff Mer 6 Sep 2017 - 12:12

Frankenstein s’est échappé (The curse of Frankestein, 1957) ****


Résumé
Persuadé qu’il peut vaincre la mort, le baron Victor Frankenstein entreprend de créer un être parfait.

Critique
A voir ce film, on comprend bien pourquoi la Hammer a voulu continuer. C’est une variation sur le roman, ce qui est bien mieux qu’une adaptation littérale. Le scénario a gardé la substantifique moelle et ôté toute la fioriture romantique qui rend parfois la lecture indigeste.

D’emblée, nous sommes dans une ambiance gothique avec cet homme à cheval entrant dans une bâtisse affreuse la nuit tombant. Le décor est hideux et d’un toc consommé mais on passe vite et, de toute façon, on est pris. Durant les trois premières minutes, aucun dialogue. Seules les cloches résonnent et ça inquiète. L’homme est un prêtre à qui le baron (et non le docteur) Frankenstein va raconter les événements qui l’ont amené ici. D’entrée, Peter Cushing nous accroche : barbu, échevelé, grisonnant, il compose un homme à bout de nerfs.

Tout commence avec l’arrivée de Paul Krempe, engagé comme précepteur par le jeune Victor. Le souci c’est que Paul « vieillit » bien moins que son élève. Une barbe et ça passe ! Pas vraiment crédible mais, chez la Hammer, la crédibilité n’a jamais été une politique ni une option. Et c’est aussi pour ça qu’on l’aime. Paul devient ainsi l’assistant de Frankenstein. Ah ! Les décors de la Hammer ! Toute une époque ! C’est un décor de labo très basique avec ses cornues, ses substances bizarres etc. Par contre, aucune connotation glauque et on est même surpris par la luminosité de la pièce. Mais, c’est un peu la Hammer qui a inventé le laboratoire du savant fou. Peu de dialogues, l’ambiance est faite par la musique et, au moment important, le silence se fait, seulement entrecoupé par un bruitage en forme de gargouillis. Un zoom progressif sur le visage illuminé de Peter Cushing montre le succès et la musique change devenant guillerette.

Frankenstein veut aller au-delà d’une simple avancée chirurgicale : « Ressusciter ne suffit pas » (!), il veut créer un homme idéal, un être parfait ! Voilà le vrai démarrage du film. Nous sommes déjà accrochés par Peter Cushing et comment ne pas suivre cet être extraordinaire ? Retrouvant les gestes des médecins des temps passés, le tandem vole, de nuit,  le corps d’un voleur qui a été pendu. Sur le coup, apprécions le manteau de Frankenstein qui lui donne l’allure inquiétante d’une chauve-souris rampant le long de l’échelle. La musique sifflante crispe nos nerfs. Plus fort, le visage de Peter Cushing reflète une concentration inquiétante et pourtant il parle et agit comme si tout était normal et c’est bien ça le plus terrifiant ! Lorsqu’Elizabeth, cousine, et fiancée de Frankenstein, vient habiter au château, Paul essaye de la dissuader de rester. Ce sera une part récurrente de leurs échanges tout au long du film. Si Hazel Court est très jolie (et les tenues qu’elle arborera par la suite le confirmeront), elle demeure limitée et n’agit que bien peu réellement.

Par la suite, Frankenstein poursuit ses travaux seul pour « compléter » sa créature. Il a une conception philosophique datée mais intéressante : il est certain que le Bon intérieur se reflète dans un Beau extérieur. Très ambitieux, simple dans son énoncé mais qui fournit amplement la motivation à poursuivre ses travaux. Par contre, quand il parle de trouver un cerveau « génial », son regard a une fixité inquiétante et notre inquiétude ne tombe pas quand, sans prévenir, le réalisateur passe à une soirée anodine avec…un savant « génial ». C’est terrifiant de normalité. Pas de surprise pour le sort du savant mais le changement de musique qui fait monter la tension et surtout la réalisation impeccable qui laisse monter les acteurs et qui met parfaitement en valeur Frankenstein, filmé à mi-corps et par en-dessous. Hiératique et majestueux.

Passons charitablement sur la pauvreté du décor du cimetière et venons-en à l’étape finale. Laquelle a lieu évidemment pendant une nuit d’orage. On sourit en regardant les flashs aux fenêtres et les grondements histoire de nous mettre en condition. C’est devenu un cliché mais nous sommes à l’époque où ont été inventés les clichés. Enfin, nous voyons la créature et c’est une horreur sans nom ! Si les trucages sont minimalistes, la scène où la créature tente d’étrangler son créateur est exagérée et Peter Cushing surjoue. Il est bien meilleur lorsqu’il explique qu’il doit « améliorer » sa créature. A cet instant, le scientiste le plus indulgent comprend que Frankenstein est engagé dans une aventure sans fin, que les expériences ne cesseront jamais et qu’il est incapable de reculer. Pour le coup, le spectateur est pris dans deux émotions contradictoires : la fascination et l’horreur devant Frankenstein. La rupture avec Paul est glaciale : l’assistant était la voix de la raison et, évidemment, il n’a pas été écouté. C’est la seule et vraie utilité de Robert Urquart qui ne nous régale pas vraiment par la profondeur de son jeu. C’est sans doute la vraie faiblesse du film : en dehors de Peter Cushing, il n’y a pas grand monde à ses côtés !

Une menace surgit soudain pour Frankenstein : la bonne, qui est aussi la maîtresse du baron (qui a dit cliché ?), menace de tout déballer s’il ne l’épouse pas. Évidemment, il l’envoie sur les roses. Le réalisateur rend bien perceptible la différence de classe en filmant le baron en contre-plongée et la domestique en plongée. Que faut-il pour appuyer une accusation ? Des preuves. Rien de surprenant dans ce qui va suivre mais on appréciera la plastique très agréable de Valérie Gaunt qui, en chemise de nuit blanche et joliment échancrée, est une belle victime sacrificielle. Qu’elle ne trouve pas étrange qu’un homme aussi prudent que le baron ne ferme pas la porte de son labo à clé est véritablement extraordinaire ! La Hammer sélectionnait ses actrices sur leurs plastiques mais aussi, certainement, sur leur capacité à crier très fort ! Sans transition, la soirée d’avant le mariage est un beau moment par l’ambiance désuète, surannée qu’elle dégage. Profitons-en car la suite va être nettement plus dure. Frankenstein montre la créature à Paul ; il l’a dompté mais enchaîné quand même…

Christopher Lee n’a aucun texte mais il dégage une aura d’étrangeté dérangeante par ses gestes de pantin désarticulés. Qu’est-ce qu’il comprend ? Qu’est-ce qu’il ressent ? Nous n’en saurons rien et c’est aussi ce qui trouble. Si le regard de la créature est souvent vide, il a tout de même une lueur à la fin mais ce qu’elle exprime est ambivalent. Le final est plus dur donc et plus inquiétant car Elizabeth décide – enfin – d’entrer dans le labo…au moment où la créature s’est libérée de ses chaînes ! La musique insistante, oppressante et un jeu du chat et de la souris s’installe rendu plus tendu par le fait qu’elle ignore le danger qu’elle court. On a tout de même le temps de sourire franchement lorsqu’elle allume la lampe à pétrole et que la pièce s’éclaire vraiment beaucoup. On n’est pas les seuls à s’inquiéter car son fiancé court et s’essouffle…même si Peter Cushing en fait un peu beaucoup. Évidemment, la créature se retourne contre son créateur.

Au final, qu’advient-il de Frankenstein ? Enfermé dans sa prison, il est bien proche de voir sa vie se terminer mais suspense !

Anecdotes
Sortie anglaise : 2 mai 1957. Sortie française : 29 novembre 1957
Scénario de Jimmy Sangster.  Jimmy Sangster (1927-2011) fut un des scénaristes piliers de la Hammer. Il réalisa également le film Les Horreurs de Frankenstein (1970). Par ailleurs romancier, il écrivit Max n’oublie pas (1969), Un mouroir de poche (1986).                                                  
Réalisation de Terence Fisher.
Le titre français reprend la confusion entre le nom du créateur et la créature.
Dans le roman, il n’est nullement fait question d’un titre de noblesse. C’est une pure invention de la Hammer et un certain snobisme.
Christopher Lee a avoué avoir eu le rôle parce qu’il était de grande taille (1.98 m).
Le tournage s’est déroulé du 19 novembre au 24 décembre 1956.
Le maquillage de la créature fut adopté faute de pouvoir reprendre le masque créé pour James Whale et qui était propriété d’Universal.
Il s'agit de la première adaptation cinématographique de Frankenstein à avoir été tournée en couleur (Warnercolor). Le Fils de Frankenstein (1939) fut un moment envisagé en Technicolor mais le maquillage de Boris Karloff passant mal à l'écran, l'idée fut abandonnée.
C'est à sa propre demande que Peter Cushing fut engagé pour jouer le rôle du baron lorsqu'il entendit parler du projet. L'acteur était à cette époque, en effet, une immense vedette de la télévision, et pour la Hammer, son engagement s'avéra une aubaine.
Dans un premier temps, il était question d’adapter le roman de Mary Shelley d’après un projet écrit par Max J. Rosenberg et Milton Subotsky avec Boris Karloff. Mais Universal menaça la Hammer de poursuites en cas de plagiats de ses propres films tournés dans les années 1930. Par peur des représailles, la Hammer décide donc de faire marche arrière. Jimmy Sansgter fut chargé de rédiger un scénario original.
La campagne publicitaire lors de la sortie du film était : « Essayer de ne pas vous évanouir » !
Bien qu'ils aient joué précédemment dans Hamlet (1948) et Moulin Rouge (1952), Christopher Lee et Peter Cushing se sont rencontrés pour la première fois sur ce film. Ils passaient le temps entre les prises en échangeant des phrases des Looney Tunes, et ont rapidement développé une amitié qui a duré jusqu'à la mort de Cushing en 1994. L'amitié de Christopher Lee et Peter Cushing a démarré lorsque Lee a pris d'assaut la loge de Cushing, se plaignant de ne pas avoir de texte. Cushing lui répondit : « Tu as de la chance. J'ai lu le script. »
Pendant de nombreuses années, il s’est agi du film le plus rentable produit en Angleterre par un studio britannique.
Melvyn Hayes explique dans le "Making of" du Blu-Ray comment le producteur Peter Rogers lui a parlé du casting du monstre. Selon Rogers, un mémo indiquait que la Hammer cherchait "quelqu'un de grand" pour jouer le monstre. En fin de compte, Christopher Lee et Bernard Bresslaw étaient en lice. Les deux agents ont été appelés, leur demandant combien d'argent ils voulaient. Le tarif minimum de Bresslaw était de 10 livres par jour, alors que Lee en demandait 8. "Et donc, pour deux livres, Christopher Lee est devenu une star internationale", selon Hayes.
Le maquillage de monstre de Christopher Lee était presque littéralement fait à la "dernière minute". Après des tentatives de concevoir un maquillage de monstre à l'aide d'une fonte de la tête de Lee, le maquilleur Philip Leakey a fait le design final la veille du début des essais, directement sur le visage de Lee, en utilisant principalement du coton et d'autres matériaux ménagers. Comme il n’utilisait pas de latex ou de moules, le maquillage devait être recréé tous les jours.
La peinture sur l'escalier montrée au professeur Bernstein est le tableau de 1632 de Rembrandt van Rijn intitulé « La leçon d’anatomie du Dr. Nicolaes Tulp ». Dans un effet de miroir avec les actions de Victor, il montre la dissection d'un criminel pendu, dans ce cas le voleur armé Aris Kindt.
Pour certaines scènes extérieures, comme celle du petit garçon à la rivière, les feuilles au premier plan ont été peintes en rouge et en jaune. Cela donne une continuité avec les scènes au feuillage automnal vues dans la prise de vue de la forêt après que la Créature se soit échappée d'abord du laboratoire de Frankenstein.
Mary Shelley née Mary Wollstonecraft Godwin (1797-1851) fut la maîtresse puis l’épouse du poète Percy Shelley (1792-1822). Elle écrivit Frankenstein à partir de 1816 suite à un concours entre Shelley, Byron et Polidori (créateur du vampire littéraire) pour écrire une histoire fantastique. Le roman sera publié en 1818.
Hazel Court (1926-2008) fut une actrice spécialisée dans les films d’horreur : L’homme qui trompait la mort (1959), Le Corbeau, 1963 (avec Vincent Price), Le masque de la mort rouge (1964), La malédiction finale (1981).
Robert Urquart/Paul Krempe : acteur britannique (1921-1995) que l’on a pu voir au cinéma dans Commando sur le Yang-Tsé (1957), Dunkerque (1958), Les 55 jours de Pékin (1963), Les Chiens de guerre (1981), Testimony (1987). Il a aussi tourné pour la télévision : Le Saint (1965), Destination Danger (1965-1966), Chapeau melon et bottes de cuir (« Le Fantôme du château De’ath » et « Etrange Hôtel », 1967, 1969), Les Champions (1968), Les professionnels (1978), La maison de tous les cauchemars (1980), Puccini (1984), Inspecteur Wexford (1994).
Valérie Gaunt/Justine : actrice anglaise (1932-2016) : elle n’est référencée que pour deux films de la Hammer, celui-ci et Le Cauchemar de Dracula (1958).
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Message  Camarade Totoff Mer 20 Sep 2017 - 14:14

Le cauchemar de Dracula (Dracula, 1958) ****


     

Résumé
Engagé comme bibliothécaire par le comte Dracula, Jonathan Harker découvre la véritable nature de son hôte. Le comte jette bientôt son dévolu sur la fiancée de Harker mais il doit bientôt compter avec un autre adversaire, le docteur Van Helsing.

Critique
Un monument du cinéma. Un film d’horreur travaillé avec soin et qui frappe encore aujourd’hui par sa puissance visuelle et sonore. Scénariste attitré de la Hammer, Jimmy Sangster a pas mal trituré le roman originel mais l’œuvre produite est plus que satisfaisante. Comme le disait Alexandre Dumas, il est permis de violer l’Histoire à condition de lui faire de beaux enfants !

La première partie du film correspond peu ou prou à la première partie du roman ; Jonathan Harker arrivant au château du comte Dracula. Ici, il fait jour et il est là comme bibliothécaire. On est moins convaincu par le décor qui fait très décor justement ! Et aussi par John Van Eyssen qui compose un Jonathan plutôt fade. La rencontre avec une jeune femme anonyme mais séduisante et qui lui demande de l’aide lance véritablement le film. En effet, comme Jonathan nous le dit en voix off (il écrit son journal), il sait quelle est la véritable nature du comte. Comment ? Cela, nous l’ignorons et, en fait, c’est de peu d’importance car, plutôt court (1H18), le film va à l’essentiel. Qualité rare et que bien des films contemporains feraient bien de redécouvrir !

Après une brève rencontre avec le comte Dracula, Jonathan est attiré dans la bibliothèque où l’inconnue lui redemande de l’aide mais, soudain, elle le mord ! Si l’étrangeté de la présence de cette femme avait déjà suscité l’inquiétude du spectateur, Terence Fisher fait habilement passer la situation d’étrange à mortelle par un simple gros plan sur les yeux de la femme. Son regard se durcit brusquement et nous comprenons le danger une seconde avant de voir ses dents ! La survenue de Dracula est plus une révérence au roman qu’utile au film mais, en deux scènes, Christopher Lee vient de s’approprier le rôle. D’abord homme agréable et courtois voire chaleureux (compliments sur la fiancée de Jonathan, Lucy), il devient soudain créature monstrueuse, crocs emplis de sang !

A la 23ème minute, un voyageur survient dans une auberge dont un travelling nous a montré les jolies gousses d’ail qui pendent au plafond. Il s’agit du docteur Van Helsing. Entrée en matière réussie pour Peter Cushing dont l’élégance et l’autorité éclatent en une apparition. Il arrivera trop tard pour sauver physiquement Harker et on ne le verra pas procéder à ce qui doit être fait. C’est histoire de gagner du temps car la mise à mort a été déjà précédemment illustrée et une ombre chinoise a fait deviner ce qui allait survenir.

La seconde partie du film commence par la visite de Van Helsing à Arthur Holmwood, dont Harker devait épouser la sœur, Lucy. Arthur reçoit le médecin en compagnie de sa femme, Mina. Cette simple présentation illustre bien les très grandes différences entre le film et le roman ! Qu’importe car les interprètes emportent notre conviction. A commencer par Michael Gough, qui est absolument épatant. L’acteur a une présence qui lui permet d’exister aux côtés de Peter Cushing ; ce qui donne une incroyable intensité et une grande densité aux scènes que partagent les deux acteurs. D’abord hostile au médecin – personne n’aime les porteurs de mauvaises nouvelles – Arthur va devenir progressivement le meilleur allié de Van Helsing quand il aura compris que les forces du mal son bien réelles. Il aura fallu pour cela que disparaisse Lucy puis qu’il la voit ayant repris vie !

Deux scènes sont absolument fascinantes. La première montre Lucy (Carol Marsh, qui ne dépareille pas dans la longue galerie des « Hammer’s Girls ») passée de l’effroi au consentement face à Dracula. Sans un mot, Christopher Lee souligne la séduction malsaine mais tellement désirée qu’inspire le comte. Pas besoin d’être grand clerc pour comprendre la symbolique ! Les spectateurs de l’époque ne s’y sont pas trompés non plus ainsi que les critiques. Mais, en 1958, le carcan victorien pesait encore lourd et la Hammer a fait son beurre en faisant voler le couvercle de la marmite ! L’autre scène c’est Van Helsing terrassant le démon. L’imposition du crucifix qui brûle la peau est spectaculaire même si peu canonique ! Le cri poussé par Carol Marsh est en tout cas frappant par la douleur et l’effroi qu’il révèle.

On s’intéresse peu à l’enquête d’Arthur et de Van Helsing pour retrouver Dracula mais, heureusement, Terence Fisher passe rapidement sur ces moments. On peut juste se demander pourquoi avoir situé l’histoire en Allemagne. Il y aussi mention d’une frontière (dont le passage inspire un gag) mais avec quel pays ? Facilités dommageables mais qui n’entament pas la belle énergie du film. Et un film qui va aller en s’accélérant à partir du moment où Mina est frappée elle aussi. Avec plus d’expressivité que Carol Marsh, Melissa Stribing donne à voir sur son visage le passage rapide de l’horreur devant le monstre à l’attente de l’amant.

Le final très rythmé passe d’une poursuite en calèche à une lutte entre van Helsing et Dracula – au passage, la seule scène que partagent Peter Cushing et Christopher Lee ! C’est violent, âpre et la balance semble hésiter entre les duettistes. La destruction de Dracula est menée tambour battant en une minute avec une excellente illustration sonore (qui aura été d’une grande qualité tout au long du film ; Dracula étant davantage rendu présent par la musique que par le texte) et des effets spéciaux très simples mais redoutablement efficaces !

Anecdotes :
Scénario : Jimmy Sansgter, d’après le roman de Bram Stocker
Réalisation : Terrence Fisher
Sortie UK : 16 juin 1958 Sortie France : 4 février 1959
Le budget était de 81 000 £ soit 119 000€
Le cachet perçu pour son rôle, plutôt modeste (700£, soit 1 360$ U.S.), permit tout de même à Christopher Lee de s'offrir une Mercedes d'occasion.
Détail amusant, en VO, Van Helsing demande un brandy à l’auberge mais le sous-titrage français écrit : « cognac » !
Totalement aveuglé par ses lentilles de contact, Christopher Lee manqua plusieurs fois ses prises durant le tournage.
Selon Van Helsing, Dracula aurait 600 ans. Il serait donc devenu un monstre au 12ème siècle, ce qui n’est pas cohérent avec le Dracula « historique » qui vécut au 15ème.
Dans la séquence finale, c'est à Peter Cushing que vint l'idée de se jeter sur les rideaux pour les arracher, contre celle, plus banale, de les tirer pour dévoiler le soleil, comme le prévoyait le script.
Peter Cushing a interprété à cinq autres reprises le professeur Van Helsing. Dans Dracula, Prince des Ténèbres (1966), Dracula 73 (1972) et Dracula vit toujours à Londres (1974) il jouait aux côtés de Christopher Lee. Mais il a également incarné le chasseur de vampires dans Les Maîtresses de Dracula (1960) et Les Sept Vampires d'or (1974) qui étaient aussi produits par la Hammer.
Christopher Lee a seulement treize lignes de texte dans ce film.
Aux États-Unis le titre a été changé en « L'Horreur de Dracula » pour éviter la confusion avec la version de 1931.
En 2011 une version prolongée a été découverte au centre de Film national à Tokyo.
Dracula a été filmé entre le 11 novembre 1957 et le 3 janvier 1958.
Le compositeur, James Bernard, a une fois dit dans un entretien qu’il a en réalité composé le thème principal en trois notes ; chacune pour une syllabe de Dracula.
En tournant la scène dans laquelle Dracula enterre Mina, Christopher Lee est tombée dans le trou par-dessus la cascadeuse.
Dans une scène, Mina Holmwood quitte sa chambre à coucher après avoir été séduite et mordue par Dracula, avec un sourire très satisfait sur son visage. Terence Fisher, après que quelques scènes ratées a dit à l'actrice Melissa Stirling : "[...], just imagine you've had the best sex of your life, all night long!" Et ça a marché !
Selon la narration, l'action du film a lieu dans une période de deux ou trois semaines entre le 3 mai (l'entrée s'ouvrant dans le Journal de Jonathan Harker), reprend "dix jours" après sa mort quand Van Helsing arrive (après le 15 mai) et conclut fin mai ou début juin 1885 et non 1888.
John Van Eyssen/Jonathan Harker : acteur britannique (1922-1995), vu dans la mini-série Les trois mousquetaires (1954), La marque  (1957), Ivanhoé (1958, TV). Plus de références après 1963.
Melissa Stribling/Mina Holmwood : actrice anglaise, vu dans Douglas Fairbanks Jr Presents (1953), Ivanhoé  (1958, TV), Chapeau melon et bottes de cuir  (1961, 1963, 1977), Amicalement Vôtre  (1971), Sherlock Holmes and Doctor Watson  (1978).
Michael Gough/Arthur Holmwood : acteur britannique (1916-2011) né à Kuala-Lumpur. Au cours de sa longue carrière, il a joué dans Anna Karénine (1948), Richard III (1955), Out of Africa (1985) mais c’est surtout sa participation aux films de la Hammer qui l’a rendu célèbre : Le Fantôme de l’Opéra (1962), Le train des épouvantes (1965), La maison des damnés (1973) ; participation qui lui ouvrit les films de Tim Burton : Batman (1989), Batman Returns (1992), Sleepy Hollow (1999). Il reprit le rôle d’Alfred dans Batman Forever (1995) et Batman et Robin (1997).
Carol Mars/Lucy : actrice anglaise (1926-2010), vue au cinéma dans Alice au pays des merveilles  (1949) mais surtout à la télévision : Douglas Fairbanks Jr Presents  (1954-1956), Marked Personal  (1974).




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Message  Camarade Totoff Ven 13 Oct 2017 - 13:37

Le Chien des Baskerville (The Hound of the Baskerville, 1959) ***


Résumé
La mort brutale de sir Charles Baskerville semble relié à une malédiction familiale. L’héritier, sir Henry, n’y croit pas mais la lande de Dartmoor paraît véritablement receler une menace mortelle.

Critique
La Hammer pouvait difficilement passer à côté de ce chef-d’œuvre de la littérature britannique à la sombre atmosphère fantastique mais elle l’adapte à sa sauce gothique et parfois sensationnaliste.

L’entrée est parfaitement réussie avec cette orgie d’une aristocratie décadente où la beuverie le dispute à la violence. Tout, depuis les lumières, les gestes, la voix, tout suggère la violence. Cette aréopage de fins de races est dominé par la figure diabolique de sir Hugo Baskerville à qui David Oxley prête sa physionomie. Sa figure éclairée par une bougie (qui a un petit côté de projecteur, un effet bien connu de la Hammer !) est emplie de haine et de suffisance, d’un rouge infernal. Sa proie, une jeune fille, s’est enfuie. Il la course avec ses chiens. La colorisation fait des siennes car le ciel « nocturne » est assez clair. La jeune fille est rattrapée et tuée dans les ruines d’une abbaye. Cette innovation du studio anglais est assez bien vu car elle permet de dramatiser la scène et de l’incarner dans un espace clos. Un effet que n’aurait pas donné la lande. Le poignard dont se sert l’assassin reviendra comme un fil rouge. Toute cette scène manifeste la force de Terence Fisher dans l’art de l’ellipse et de la suggestion car nous ne verrons ni le coup mortel ni l’attaque du Chien.

Ce que nous venons de voir était le récit de la légende des Baskerville raconté par le docteur Mortimer à Sherlock Holmes et Watson. Ledit Mortimer ne ressemble en rien au personnage du roman : c’est un colosse qu’on aurait plutôt vu dans celui de Barrymore ! Peter Cushing est, lui, très à l’aise d’entrée. La démonstration attendue de ses dons d’observation confère un petit côté cocasse et soulage l’atmosphère après cette entrée brutale. Bien que la légende n’inspire pas vraiment le détective (et Cushing est parfait pour incarner le dédain), un détail dans le récit du docteur l’intéresse soudain et il accepte de protéger l’héritier, sir Henry. Un sir Henry qui se ridiculise en prenant le détective pour le directeur de l’hôtel mais, là aussi, l’incongruité de la scène est désamorcée par un petit détail. Dans cette première scène réunissant Peter Cushing et Christopher Lee, le premier domine outrageusement le second ! Tout à fait conforme au roman et des acteurs qui maîtrisent leurs rôles. L’ajout de l’épisode de l’araignée imaginé par le scénariste apporte brusquement une note angoissante très bien soulignée par la musique (qui sera de très bonne facture) ; le gros plan sur le visage de Lee montre vraiment l’effroi d’un homme qui voit la mort à quelques centimètres de lui. A contrario, le regard de Cushing est celui d’un homme déterminé et impressionnant de force et de concentration. Les acteurs n’auraient pu mieux rendre le caractère de leurs personnages

Le manoir Baskerville où se rend sir Henry avec Watson ne nous sera pas montré de l’extérieur (hormis des marches) mais l’intérieur est conforme à l’image du manoir britanniques d’une aristocratie avant tout rurale. Pure image de l’Angleterre éternelle que le majordome Barrymore à qui John Le Mesurier confère un maintien raide, un brin guindé mais stylé. Pas étonnant que quelques années plus tard, Brian Clemens ait songé à lui pour l’école des gentlemen des Avengers. L’interrogatoire de Barrymore par Watson ne nous apprend pas grand-chose mais le zoom sur le visage du majordome accentue l’effet dramatique. Nous sentons que nous sommes entrés dans la zone dangereuse et cette tension sous-jacente soutien notre intérêt.

Typique de la méthode de déconstruction/reconstruction pratiquée par la Hammer est le personnage de Frankland. Dans le roman, c’est un procédurier aigri et au caractère de cochon. Ici, c’est un pasteur (!) , entomologiste par passion, extraverti, volubile et porté sur le sherry (le porto). Il apporte certes de la légèreté et une dose d’humour comme les Excentriques de Chapeau melon mais on est perplexe sur cette figure qui ne colle pas vraiment avec l’atmosphère angoissante. En fait, ce personnage est loin d’être inutile mais il ne réalise rien par lui-même. Les banalités qu’il débite à sir Henry puis sa discussion ultérieure avec Holmes auront une importance et il apporte une explication capitale sans avoir l’air de le comprendre. Il faut tout voir pour apprécier la subtilité que Peter Bryan a réussi avec cette trahison du roman. Autre exemple : les figures de Stapleton et de sa fille Cécile. Le premier est un rustre mal dégrossi et sec dont chaque phrase semble brutale. Ewen Solon ne rend pas du tout sympathique le personnage. Quant à Cécile, sa première apparition est plutôt « légère » mais on parle ici de sa tenue et de sa posture. Marla Landis apporte la brève touche d’érotisme maison qui est d’autant plus savoureuse qu’elle porte des vêtements bleus et rouges ; couleurs traditionnellement attribuées à la Vierge Marie !

Tous les personnages présentés, l’action va monter crescendo avec des épisodes étranges et dramatiques. Les scènes de bougies par exemple. La poursuite de Selden, le forçat évadé dont on nous appris l’existence dès l’arrivée de Watson et sir Henry ce qui ne rassure pas et a donné une réalité à une menace virtuelle. Cette poursuite permet d’admirer deux choses : la pauvreté des décors de rochers (d’où une poursuite plutôt courte !) et un curieux effet de brume qui entoure Watson et sir Henry sortant du manoir mais qui a disparu la scène suivante ! L’attaque cardiaque de ce dernier est une innovation inutilement dramatique et qui n’aura guère d’incidences. Sans doute le scénariste voulait-il inquiéter le public quant au sort de sir Henry. Cela marchait peut-être en 1958 mais aujourd’hui l’effet est singulièrement émoussé. Cette « innovation » est d’ailleurs propre à la Hammer. Par contre, le décor de l’abbaye que nous avons admiré brièvement au départ sert aux retrouvailles de Watson avec Holmes. C’est un bel effet gothique dans la plus pure tradition des ruines issues de la Réforme anglicane et dont la littérature « gothique » (pour reprendre l’expression de Maurice Lévy) a su faire ses choux gras au tournant des XVIIIe et XIXe siècles. La Hammer se place ici comme héritière de ce « romantisme noir ». La survenue de Peter Cushing est aussi excellemment mise en scène avec une certaine dramaturgie et la cape qu’arbore l’acteur entre en résonnance avec la mythologie Hammer.

L’intrigue secondaire avec Selden connaît une issue tragique avec la mort brutale de ce dernier. Nous ne verrons rien mais les cris d’horreur entendus mettent vraiment mal à l’aise. Que le corps eut été déplacé ensuite ne se justifie pas du point de vue de l’intrigue mais permet d’admirer les traces de sang sur la pierre. Si le décor de la lande est minimaliste, et souvent faux, le décor de l’abbaye même en plein jour résonne beaucoup plus juste et que ce lieu autrefois saint ait été profané par une entité maléfique est bien sûr tout sauf un hasard. Terence Fisher n’était peut être pas anticatholique ni athée mais il a su tout au long de sa carrière utiliser avec réussite le cadre chrétien pour en faire un décor horrifique et symbolique. Ici, il y a eu profanation. Ailleurs, un savant se prendra pour Dieu. Dans un autre registre, Peter Cushing sait montrer l’empathie de Holmes envers les Barrymore qui aidèrent le forçat dans sa vie misérable sur la lande.

Le dénouement va se faire autour d’une invitation à dîner lancée par Stapleton et Cécile qui aguiche franchement le hobereau ! Curieusement, le baiser fougueux échangé entre la jeune femme et sir Henry est suivi d’un regard absent de celle-ci alors que lui ne la voit pas. Le personnage semble en équilibre instable et le costume trois-pièce de son père contraste furieusement avec son langage rude et ses manières sèches. Quelque chose ne colle pas. Quelque chose que Sherlock Holmes a découvert dans un portait manquant.

Malheureusement, cet engrenage dramatique a été en partie saboté par l’exploration d’une mine d’étain tout à fait inutile et qui ne sert qu’à allonger le film (pourtant court) et à rajouter un effet dramatique dont on n’a que faire. Si elle doit jeter la suspicion sur une possible culpabilité du docteur Mortimer (ce qui doit être le cas car on peut la relier à des situations mineures mais équivoques), ce n’est pas assez appuyé et il aurait fallu pour cela modifier plus profondément le récit de Conan Doyle.

sir Henry devra traverser la lande avec Cécile qui l’emmène dans l’abbaye où elle tombe le masque : elle est une Baskerville et elle crie vengeance contre la branche de la famille qui a réussi quand la sienne criait misère ! La musique angoissante et répétitive, un nouvel effet de brume dans l’abbaye donnent une force angoissante à l’étrangeté du lieu et font ressortir la folie dans les yeux de Marla Landis qui réalise là une très belle prestation.

Le Chien, qui n’a été que suggéré par des hurlements jusqu’à présent, se montre enfin et il n’est pas trop mal fait même si le scénario préfère parler d’un masque plutôt que d’utiliser le phosphore du roman. Néanmoins, l’attaque est un beau moment d’action et d’angoisse qui couronne une montée en puissance globalement maîtrisée. La lutte est féroce, un peu confuse (on se demande un instant où est passé Peter Cushing et ce qu’attend Holmes pour tirer) mais on en est plutôt satisfait. Christopher Lee nous montre un sir Henry pour qui on a de la compassion. Il a perdu la femme dont il était tombé amoureux et il a failli perdre la vie. Il y a de quoi être sonné ! Dans cette bataille finale, Watson se montre efficace. Tout au long du film, André Morell a composé un Watson plutôt fidèle à son modèle canonique. Loin de tout comprendre, il n’est pourtant pas un benêt (Holmes n’a pas besoin de lui raconter un roman pour qu’il saisisse ce qu’implique le portait disparu) et il inspire le détective par ses commentaires. En outre, il montre un grand courage, une fidélité et une loyauté remarquable. Sans doute un des meilleurs Watson du cinéma.

Anecdotes
Sortie française : 22 décembre 1959
Scénario de Peter Bryan, d’après le roman de sir Arthur Conan Doyle
Réalisation de Terence Fisher
Le tournage s’est déroulé en septembre-octobre 1958.
C’est le premier long-métrage mettant en scène les aventures de Sherlock Holmes à être tourné en couleur.
Lorsque le pasteur parle de la tarentule à Holmes, il dit que c’est un insecte. Erreur surprenante pour un entomologiste puisque les araignées, comme les scorpions, sont des arachnides. Ces derniers ont huit pattes, les insectes six.
Peter Cushing reprendra le personnage de Sherlock Holmes en 1968 dans une série télévisée britannique débutée en 1964-1965, ainsi qu'en 1984 dans le téléfilm Les Masques de la mort.
Dans la scène où le chien des Baskerville tue Stapleton, on s'aperçoit en fait que c'est l'acteur Ewen Solon qui attrape le chien et non l'inverse. Si on regarde bien, le chien ne se précipitait pas vers l'acteur ce qui aurait eu pour effet de faire rater la scène.
Peter Bryan (1919-1972) : on lui doit les scenarii de Les maîtresses de Dracula (1960), l’invasion des morts-vivants (1966), Le défi de Robin des Bois  (1967), Les Diablesses (1973).
C’est le seul film « Sherlock Holmes » de la Hammer mais Terence Fisher réalisera en 1962 Sherlock Holmes et le collier de la mort avec Christopher Lee dans le rôle du détective.
André Morell/Watson : acteur britannique (1909-1978), vu au cinéma dans Le Grand alibi (1950), Le serment du chevalier noir (1954), Le pont de la rivière Kwaï (1957), Ben-Hur (1959), La déesse de feu (1965), L’invasion des morts-vivants (1966), Dans les griffes de la momie (1967), Jeanne, papesse du diable (1972), Barry Lindon (1975). Il a aussi tourné pour la télévision : Othello (1950), Chapeau melon et bottes de cuir (1963), Doctor Who (1966)
John Le Mesurier/Barrymore :  acteur britannique (1912-1983), de son nom complet John Charles Elton Le Mesurier De Somerys Halliley,  il fit des études de juriste mais se tourna vers la comédie. Il débuta au cinéma à la fin des années 50 mais son rôle le plus populaire est celui du Sergent Wilson dans Dad's Army (1968-77). Au cinéma, on a pu le voir dans La bataille du Rio de la Plata (1956), Ben-Hur (1959), La Panthère rose (1963), Le frère le plus futé de Sherlock Holmes (1975), Jabberwocky (1977). Il est décédé d'une cirrhose du foie.
Ewen Solon/Stapleton : acteur néo-zélandais (1917-1985), vu au cinéma dans Rob Roy (1953), Les briseurs de barrage (1956), Les étrangleurs de Bombay (1959), Tarzan le magnifique (1960), La nuit du loup-garou (1961), Le message (1977), La dépravée (1983).
Marla Landis/Cécile : actrice italienne née Marcella Teresa Maria, elle a joué au cinéma dans L’attaque de San Cristobal (1962) mais surtout à la télévision : Ivanhoé (1958), The Invisible Man (1959), Destination danger (1961). Elle cesse de tourner après 1969.
Le Chien des Baskerville est un roman publié en 1902. Conan Doyle ne voulait plus écrire d’histoires avec Sherlock Holmes mais, face à la demande du public, il accepta d’écrire ce roman qui se situe chronologiquement avant la « mort » du détective survenue dans Le dernier problème.
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Message  Camarade Totoff Ven 15 Déc 2017 - 15:11

La malédiction des Pharaons (The Mummy, 1959) ****
 

Résumé
A la fin du XIXème siècle, trois archéologues anglais découvrent en Égypte le tombeau d’une grande prêtresse, Ananka. Malgré les mises en garde d’un mystérieux Égyptien, ils entrent dans le tombeau. L’un d’entre eux va devenir brusquement fou puis périr assassiné. La malédiction est en marche !

Critique
Un film splendide de l’époque inventive de la Hammer. Il règne une énergie, un allant qui transcende le manque de moyens, à commencer par « l’Égypte » plus que reconstituée en studio ! Mais l’histoire est solide, rythmée, monte progressivement en tension pour finir en apothéose. Chose rare, il y a même de courtes scènes d’humour ! Les acteurs sont en forme. On tient un des chefs-d’œuvre de la Hammer.

Qui dit malédiction dit maudits. Depuis Toutankhamon, c’est bien connu. On se doute que l’équipe d’archéologues est concernée mais l’originalité de Jimmy Sangster c’est d’en faire une famille. Il y a le père, Stephen Banning, à qui Félix Aylmer confère une allure à la fois bonhomme mais digne, absolument pas l’archéologue excentrique ou rapace, un père aimant et proche de son fils ; le frère, Joseph, campé plus classiquement par Raymond Huntley et le fils, John Banning joué par le grand Peter Cushing qui réalise une performance formidable, bon dans l’émotion (scène où il rend visite à son père affaibli) mais encore meilleur en homme déterminé. Pendant un temps, on se demande si Yvonne Furneaux n’est pas seulement la caution féminine, une jolie mais anecdotique silhouette et on aurait tout faux ! Les malédictions se mettent en branle de deux façons : soit les « victimes » les activent d’elles-mêmes (à leur insu bien sûr) soit elles sont guidées par des sectateurs, disons des cultistes pour faire un clin d’œil à Lovecraft (qui écrivit lui-même pour Houdini Prisonnier des Pharaons en 1924). C’est l’option retenue ici avec Méhemet, joué avec brio par George Pastell. Mettre en garde les « profanateurs » c’est courant mais, ici, la vigie est aussi le bourreau et l’acteur met une force dans son jeu qui le rend menaçant même sous un vernis mondain. La scène qu’il partage vers la fin avec Peter Cushing est fantastique par la courtoisie absolue que mettent à se parler deux hommes dont l’un sait que l’autre veut l’assassiner ! Il faut aussi écouter les arguments de Méhemet pour qui les « profanateurs » doivent être punis. Un discours d’une grande actualité !

Une malédiction vient toujours de quelque part. C’est quelque chose qui n’est pas désincarné. Le scénariste saisit le moment de calme qui vient après le premier meurtre pour revenir en arrière et exposer les tenants et les aboutissants. Le moment est important car le spectateur n’a pas besoin de tout savoir d’emblée, cela sacrifierait la tension et enlèverait tout rythme et surtout tout suspense. Il y a menace mais la victime, à la différence du spectateur, ne le sait pas. En exposant après le meurtre, le pourquoi de la malédiction, Jimmy Sangster relance le film et alourdit la menace sur les survivants qui, eux, ont désormais une chance. Tout ce passage dans « l’Égypte ancienne » fait gentiment sourire par la reconstitution aussi crédible que les fresques de Cnossos remaniées par Lord Evans. En clair, c’est du toc. Parler de « sacrifices sanglants » est une pure invention du scénariste destinée à effrayer le spectateur. Si l’on a tué autrefois pour protéger la sépulture de la grande prêtresse Ananka, on peut tuer à nouveau ! Deux éléments sont à retenir néanmoins. Le premier, c’est la pudeur de Terence Fisher. Lorsqu’il filme la momification d’Anaka, il veille à montrer le moins possible le corps nu d’Yvonne Furneaux. Il filme de loin, place une colonne pour masquer le poitrine. Quel contraste avec le traitement plus « sensationnaliste » qu’adoptera le studio dans les années 70 ! Ensuite, Kharis, le grand prêtre, est incarné par Christopher Lee. On constate qu’en cette année 1959, il reste largement un second rôle pour la Hammer malgré le succès du Cauchemar de Dracula l’année précédente. L’acteur donne une allure grandiose, d’un sérieux papal à cet homme qui va commettre une profanation et en payer le prix.

Une malédiction a besoin d’un bras armé et quoi de mieux qu’une momie pour venger la profanation d’un tombeau égyptien ? En momie, Christopher Lee se débrouille très bien. Il a une allure dégingandé qui met mal à l’aise car la haute taille de la momie (« Au moins 2,50 mètres » selon un témoin !) lui confère d’emblée quelque chose de menaçant. Dans cette démarche, on retrouve également un peu de la créature de Frankenstein mais, son maquillage de boue séchée et le fait que la momie soit éveillée puis guidée par un parchemin (que l’invocation soit lue en anglais ne dérange semble-t-il personne !) l’apparente davantage au Golem de la Kabbale juive. Le Golem avait pour mission de protéger la communauté juive de Prague. Entre protéger et venger, il y a peu de chemin.

Mais une malédiction se terrasse finalement. C’est là qu’Yvonne Furneaux se révèle pleinement. Elle a profité de son temps de jeu pour donner un peu de crédibilité à son rôle d’épouse de Peter Cushing. Ça ne fonctionne pas tout à fait mais il est vrai qu’il est difficile d’exister aux côtés de cet acteur charismatique. En revanche, et Terence Fisher a raison d’insister, elle a des yeux magnifiques ; des yeux qui l’apparentent à travers les âges à Ananka. Avec habileté, le scénariste a comme « répété » la scène où Christopher Lee tente (une nouvelle fois !) de tuer Peter Cushing. Du coup, le spectateur a une crainte (car la tension est forte) et un espoir en même temps. Les scènes sont à la fois proches et différentes, si bien que, à la fois, on pressent ce qui va arriver, quel rôle important Yvonne Furneaux va jouer ; on se demande jusqu’au bout comment l’histoire va finir.

Anecdotes
Scénario de Jimmy Sangster
Réalisation de Terence Fisher
Sortie anglaise : 25 septembre 1959 Sortie France : 30 décembre 1959
La marche de la momie par Christopher Lee n’était pas évidente. En plus des blessures au dos et à l’épaule, il s’est également blessé aux genoux et aux tibias en faisant des scènes dans le «marais» du studio - il ne pouvait pas voir où étaient les divers tuyaux et raccords sous l’eau marécageuse.
Une porte que Christopher Lee doit percer a été accidentellement verrouillée avant que la scène ne soit prise. L’épaule de Lee a été disloquée quand il a cassé la porte, mais la scène reste dans le film.
Ce fut le premier film réalisé après que Hammer eut conclu un accord officiel avec Universal (alors Universal International) leur permettant de faire des remakes de leurs films d'horreur classiques. Dans ce film, par exemple, l'accord avec Universal leur a permis d'utiliser le nom de « Kharis ».
Le directeur de la photographie Jack Asher a voulu donner l’impression que le tombeau n’avait pas été ouvert depuis des milliers d'années. Il a donc fait monter un membre de l’équipe sur les podiums au-dessus de l'appareil pour pulvériser de l’eau avant chaque scène. À mesure que les particules d’eau descendaient, elles emportaient toute la fumée et la poussière, laissant l’air complètement dégagé.
Bien que conçu comme un remake de La momie (1932), l'intrigue du film et la plupart de ses principaux personnages sont tirés de La main de la momie (1940) et La tombe de la momie (1942). Il n’y a aucun crédit à aucune source préexistant du tout.
Dans Flesh and Blood: The Hammer Heritage of Horror (1994), Peter Cushing a affirmé qu’il a suggéré la scène dans laquelle il transperce la momie avec une lance. Il a été inspiré par l'affiche de pré-production qui montre la momie avec un axe de lumière qui la traverse.
Pour John Carpenter, « Dracula, Frankenstein et La momie forment la base sur laquelle s’est bâtie la Hammer »
Après la créature de Frankenstein, Christopher Lee reprend un rôle précédemment tenu par Boris Karloff
Yvonne Furneaux/Isabelle Banning-Princesse Anaka : actrice française, elle a fait l’essentiel de sa carrière dans le cinéma britannique. Lancée par L’Opéra des gueux (1953), elle joue dans Le Vagabond des mers la même année avec Errol Flynn. Michelangelo Antonioni lui confie un des principaux rôles de Femmes entre elles (1955) puis c’est Fellini qui la fait jouer dans La dolce vita (1960). Suivront Répulsion (1965), Le scandale (1967), Au nom du peuple italien (1971). Elle arrête ensuite sa carrière.
Eddie Byrne/inspecteur Mulrooney : acteur irlandais (1911-1981), vu au cinéma dans Révolte dans la vallée (1954), Vainqueur du ciel (1956), Dunkerque (1958), Jack L’Éventreur (1959), Les révoltés du Bounty (1962), L’île de la terreur (1966), Star Wars épisode IV : un nouvel espoir (1977). Il a joué également pour la télévision : Robin des bois (1957), Le Saint (1962, 1965, 1966, 1969), Alias le Baron (1967), Département S (1969).
Félix Aylmer/Stephen Banning : acteur anglais né Felix Edward Aylmer Jones (1889-1979), il a beaucoup joué au théâtre avec Laurence Olivier. Au cinéma, on a pu le voir dans Marie Tudor (1936), Train de nuit pour Munich (1940), Henry V (1944), Alice au pays des merveilles (1949), Quo vadis ? (1951), Ivanhoé (1952), Le vagabond des mers (1953), Exodus (1960), Le deuxième homme (1963). Il fut anobli officier de l’Ordre de l’Empire britannique.
Raymond Huntley/Joseph Whemple : acteur anglais (1904-1990), il a joué dans Train de nuit pour Munich (1940), Les briseurs de barrage (1955), Les griffes du lion (1972).
George Pastell/Mehemet Bey : acteur chypriote (1923-1976), né Nino Pastellides à Nicosie. Il a joué dans Les étrangleurs de Bombay (1960), Maniac (1963),  Bons baisers de Russie (1963), Les maléfices de la momie (1964), La déesse du feu  (1965), Les turbans rouges (1967). Il meurt d’une crise cardiaque. A noter que jusqu’en 1960, Chypre est une colonie anglaise.
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Message  Camarade Totoff Jeu 4 Jan 2018 - 14:04

Les vierges de Satan (The Devil Rides out, 1968)
***

Résumé
Pour sauver son ami Simon tombé dans les griffes d’une secte sataniste, le Duc de Richleau va devoir se confronter à un être redoutable.

Critique
Disons-le d’entrée, le titre français est inepte et bassement sensationnaliste. Comme toujours avec la Hammer, ses trucages en bout de ficelles sont un régal par leur désuétude. S’il est sans surprise, ce film a plusieurs particularités qui en font un Hammer de bonne cuvée. D’abord, chose rarissime, Christopher Lee incarne le gentil de l’histoire ! Du coup, il a des lignes de textes comme il en aura peu !! Ensuite, l’histoire, pour linéaire qu’elle soit, prévisible, est captivante par le travail d’atmosphère et une réalisation « habitée » de Terence Fisher. Le fantastique est quasiment réduit à rien et il aurait mieux fallu qu’il n’y en ait pas du tout car cela n’aurait donné que plus de force à ce drame.

Le film donne un aperçu intéressant pour les simples profanes sur l’univers de la magie et notamment sur la magie noire. Mise en abyme intéressante, le « spécialiste » dans le film, le Duc, est incarné par Christopher Lee qui, à la ville, était lui-même passionné d’ésotérisme. Cela donne un incontestable terreau sérieux au matériau et une conviction aux paroles du Duc. Symétriquement, il y a forcément un incrédule. C’est Léon Greene (Rex) qui s’y colle. Dommage que l’acteur, qui sert pour les scènes « d’action » et aussi « sentimentales », manque de force car il est le porte-parole du spectateur qui ne comprend pas forcément les tenants et les aboutissants de tout cela. En les lui expliquant, le Duc nous les explique à nous.

Moment fort,  le sabbat, autrement dit une réunion des adorateurs de Satan. Rex y a été conduit par…une procession de Bentley ! On aurait presque pu s’attendre à voir John Steed se glisser parmi les adeptes façon Le Repaire de l’Aigle ! Le charisme de Mocata (Charles Gray) donne une force à cette cérémonie démoniaque et ce n’est pas sans dégoût qu’on le voit – on le devine – égorger un bouc dont le sang est recueilli dans une coupe. Un sang très rouge, comme toujours chez Terence Fisher. Lorsque le Duc survient, l’ambiance est particulièrement débridée (les cultistes sont complètement ivres) jusqu’à l’apparition…jusqu’à une apparition qui a du mal à ne pas nous faire rire tellement elle est grotesque. Là, le sérieux académique de Lee joue contre lui. C’est un de ces aspects « fantastiques » qui a très, mais alors très mal vieilli. A lier avec cet épisode, cette scène où Mocata hypnotise Marie – une amie du Duc – magnifiquement filmée par un rapprochement progressif de la caméra sur le duo. Séducteur, Mocata capte l’attention. Terence Fisher a mis l’accent sur le fantastique regard bleu glacial de Charles Gray puis il le place hors champ et seule sa voix nous parvient alors que nous sommes focalisés sur une femme qui devient de plus en plus vulnérable alors qu’extérieurement elle semble n’avoir pas changé. Charles Gray est parfait dans ce rôle inquiétant avec ses manières très aristocratiques.

Le film s’articule autour de la traditionnelle lutte du Bien et du Mal ; la magie noire servant de décor de théâtre. D’un côté, il montre la séduction des Ténèbres au travers des personnages de Simon et de Tanish. Le premier est sur le point d’être initié au début du film ; le retrouver puis empêcher cette initiation est le premier moteur de l’action. La seconde est l’adepte déjà convaincue ; rompre le joug mental prend le relais comme dynamique du récit. Dommage là aussi que les deux acteurs soient si peu emballants l’un comme l’autre ! D’un autre côté, le film montre que, s’il y a des personnes qui se laissent séduire, il y en a d’autres qui combattront toujours cette séduction. Aussi deux combats  scandent le récit. Le premier, avec le traditionnel cercle à la craie qui protège les protagonistes, est le meilleur. Le jeu des acteurs, Lee en tête, captive et donne un sens et une réelle épaisseur dramatique à ce qui va suivre. La tension monte, la musique est effrayante et Terence Fisher parvient à créer une atmosphère d’effroi. La nécessité de combattre le scepticisme, les manœuvres incessantes d’un ennemi invisible pour rompre le cercle, une apparition filmée en contre-plongée pour en faire ressortir la puissance démoniaque. C’est saisissant. En revanche, le second, pourtant capital, est expédié : on tique devant le manque de nerf de la scène et entendre le Duc dire qu’il n’ose pas prononcer une incantation qui pourrait tout arrêter mais qui est très dangereuse ne convainc pas. Lee en premier d’ailleurs. Le coup de théâtre final est complètement téléphoné – disons peu « inspiré » pour rester dans l’esprit !

Anecdotes
Sortie anglaise : 20 juillet 1968. Sortie US : 18 décembre 1968. Sortie France : 5 octobre 2005 (DVD)
Scénario : Richard Matheson, d'après le roman de Dennis Wheatley, The Devil Rides Out.
Richard Matheson (1926-2013), écrivain et scénariste américain, spécialiste de l’épouvante et du fantastique. Diplômé en journalisme, il s’installe en 1949 en Californie et se lance dans l’écriture. Sa première nouvelle, Le Journal d’un monstre, est publiée en 1950. Il publie ensuite Je suis une légende (1954) et L’homme qui rétrécit (1956). Il se tourne également vers le cinéma et la télévision, collaborant aux séries La Quatrième Dimension (1959-1964) et Star Trek (1965-1969). Il a aussi écrit le scénario de Duel (1971) adapté de sa propre nouvelle, diffusé à la télévision et réalisé par Steven Spielberg. Au cinéma, il a écrit le scénario de La Chute de la maison Usher (1960) pour Roger Corman, Le Corbeau (1963, Corman). Il collabora aussi au film Les Dents de la mer 3 (1983).
Le Livre de Zohar : le titre exact de cet ouvrage est Sepher ha-Zohar soit « Livre de la Splendeur ». Œuvre maîtresse de la Kabbale (ésotérisme juif), il aurait été rédigé vers 1270/1280. Écrit en araméen, son objet essentiel est l’union mystique avec le divin.
Le Duc parle de la Nuit de Walpurgis. Fête païenne célébrée dans la nuit du 30 avril au 1er mai, elle marquait la fin de l’hiver. Dénoncée par l’Église qui considérait les divinités païennes comme des « démons », elle acquit une réputation sulfureuse. Les écrivains s’en sont abondamment inspirés (Gustave Meyrink, Bram Stocker, H.P. Lovecraft…)
Sabbat : Malgré la synonymie, il n’y a aucun rapport entre la réunion des sorcières et le jour de repos du judaïsme. L’origine du mot est discutée et pourrait venir du latin sabae « la chèvre ». Bien que le concept puise dans l’Antiquité classique, son contenu devient fixe à partir du XVème siècle : « il y a des sorciers et des sorcières, ils s'enduisent le corps d'un onguent fait de chair d’enfants sacrifiés rituellement, ils volent dans les airs vite et loin à cheval sur des animaux ou des balais, ils se rassemblent alors dans un lieu écarté, ils participent là à une cérémonie présidée par le Diable qui est représenté par un bouc, ils adorent le Démon et lui baisent l'anus (osculum infame), ils renient la foi chrétienne, ils piétinent les insignes du christianisme, la cérémonie se termine par une orgie générale où les sorciers s’accouplent avec des démons succubes et les sorcières avec des démons incubes. Suit un grand festin au cours duquel sont dévorés des enfants préalablement mis à mort rituellement. » (Cité par Jean-Pierre Sallman : Dictionnaire historique de la magie et des sciences occultes) [Source : Wikipédia]. Le sabbat des sorcières est aussi un tableau de Goya.
Le domestique de Richard et Marie appelle le Duc « Votre Grâce » ; c’est en effet la manière officielle de nommer les détenteurs de ce titre. Les nobles de rang inférieur (de baron à marquis) sont appelés « Lord ».
Le duc de Richleau arbore la Légion d’honneur. Celle-ci est rouge ; symbole de la magie rouge (magie qui concerne l’affectif).
Ce fut le dernier film de Terence Fisher avec Christopher Lee en vedette. « Nous avons eu des fous rires formidables, se rappelle l’acteur. A chaque fois qu’il m’offrait un gros plan, je marchais ostensiblement vers lui et lui mettait un billet de cinq livres dans la main. Il était plutôt bon acteur et nous le faisions de telle façon que tout le monde croyait que je venais de le corrompre. »
Le film fut un échec public.
Charles Gray/Mocata : acteur britannique né Donald Marshall Gray (1928-2000), on a pu le voir dans La nuit des généraux (1966), On ne vit que deux fois (1967), The Rocky Horror Picture Show (1975), Sherlock Holmes attaque l’Orient-Express (1976), Le miroir se brisa (1980). On l’a vu aussi dans les séries télévisées Bergerac (1985), Les Chroniques d’Arslan (1991), New York section criminelle (2002, dernier rôle référencé). Ses rôles les plus connus sont ceux de Blofeld dans Les diamants sont éternels (1971) et Mycroft Holmes dans la série Sherlock Holmes de la Granada (1985, 1994).
Nike Arrighi/Tanish Carlisle : actrice française, un de ses premiers rôles est une gitane dans Le Prisonnier (1967), elle rejouera pour la Hammer dans Comtesse Dracula (1971). On la retrouve dans Trois milliards sans ascenseur (1972), La nuit américaine (1973), Stavisky (1974). Au milieu des années 1970, Nike Arrighi épousa le prince Paolo di Borghese et se retire du cinéma. Depuis, elle a travaillé comme aquafortiste, spécialisée dans les gravures en cuivre de décors et d'architecture autour de Rome.
Leon Greene/Rex : acteur britannique, vu dans Le forum en folie (1966), Sherlock Holmes attaque l’Orient-Express (1976), Flash Gordon (1980). A la télévision, il a joué dans Le Saint (1967), Chapeau melon et bottes de cuir (1967), Amicalement vôtre (1972), Matlock (1987), The Six wiwes of Henry VIII (mini-série documentaire, 2001).
Patrick Mower/Simon : acteur britannique, il a joué dans Swizzlewick (TV, 1964), Chapeau melon et bottes de cuir (TV, 1966), Haunted (TV, 1967-1968), Suceurs de sang (1970), Paul Temple (TV, 1971), Jason King (TV, 1972), Poigne de fer et séduction (TV, 1973), Cosmos 1999 (TV, 1976), Target (TV, 1977-1978), Bergerac (TV, 1981), Les nouveaux professionnels (TV, 1999), Emmerdale Farm (TV, 2001-2017)
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Message  Camarade Totoff Lun 15 Jan 2018 - 14:16

Dracula, prince des ténèbres (Dracula : prince of darkness, 1966) ****


Résumé
Alors qu’ils se sont égarés, deux couples d’Anglais deviennent la proie du comte Dracula.

Critique
Second film de la Hammer sur Dracula, ce film est pourtant le plus original tout en empruntant de nombreux traits au roman de Bram Stocker. C’est une nouvelle et brillante réinterprétation du mythe forgé par l’écrivain irlandais.

D’emblée, le spectateur est prévenu : nous sommes dans une suite (dix ans après apprendrons-nous plus tard) avec la reprise du final du film précédent. La Hammer joue très finement ce coup-là : la surprise ne pouvant plus être de mise, la firme joue la connivence avec le spectateur. Nous savons ce que nous allons voir et pourtant, alors que l’intrigue pourrait passer pour linéaire, elle suit au contraire une progression logique, conforme à l’esprit du roman. Le film crée le leitmotiv de la résurrection ; procédé qui sera utilisé pour les films suivants à l’exception de celui de Roy Ward Baker.

Les éléments repris du roman composent donc le cadre identifiant et forment une trame de références qui enferment le spectateur dans le récit. Les voyageurs rencontrent une calèche mystérieuse or c’est ainsi que Jonathan Harker est amené au château (ce dont FW Murnau se souviendra également dans son Nosferatu de 1922). Une partie de l’action se déroule dans un monastère. C’est précisément dans un monastère qu’Harker fait sa convalescence. Il y a plus probant encore. Le personnage de Ludwig, par exemple, avec son allure annonçant le professeur du Bal des vampires (Polanski, 1967). Quand on le voit gober des mouches, il est évident que c’est une référence à Reinfield. Le spectateur sait alors indubitablement ce qui va survenir. Ce qui fait monter la tension ! La manière, enfin, dont le comte invite sa proie soumise à sucer son sang à même sa poitrine dénudée. Dans le roman, c’est de cette façon, et non en la mordant, que Dracula prend l’ascendant sur Mina.

Si ce film joue la connivence, il s’astreint néanmoins à un excellent travail sur la production. Hormis la difficulté persistante de la Hammer de distinguer le jour et la nuit (qui tombe vraiment très vite !), c’est vraiment très bien fait. Toute l’atmosphère est ciselée pour faire ressentir l’angoisse puis la peur. Les quatre Anglais sont nos yeux et nos oreilles. Comment ne pas ressentir comme eux l’étrangeté vaguement menaçante de ce château ouvert, de cette table mise, de ce serviteur sinistre et en même temps si prévenant ? On a même une seconde de sourire quand Diana affirme qu’« On ne va pas s’ennuyer » ! La visite du château réalisée par une caméra lente avec une musique traînante nous angoisse et cela culmine dans une effroyable scène de sacrifice ! Le décor du château est le même que dans le précédent film sauf pour la crypte très bien faite, grandiose et majestueuse. Par contre, les scénaristes devraient revoir leur géographie. On nous parle de « Carlsbad » (c’est même écrit sur un panneau). Or, s’il y a une ville de ce nom en Allemagne et une autre en République tchèque (à l’époque, Autriche-Hongrie), il n’y en a aucune dans les Carpates et la forêt ne ressemble en rien à la végétation de la région. Au passage, les Carpates sont des montagnes. Il n’y en a aucune dans le film ! La précision, ce n’est vraiment pas le problème de la Hammer !

Les acteurs participent pleinement à cette réussite. Christopher Lee est d’une classe formidable même s’il n’a aucune ligne de texte ! Dracula ne parle plus : il feule ! Cela ne lui enlève aucunement sa séduction maléfique. Il y a même une étrange douceur avec sa première victime, comme une pudeur. Dracula n’est plus un noble distingué mais un prédateur uniquement motivé par la soif de sang. Terence Fisher rejoue plus loin la scène de l’hypnose avec ces gros plans sur les yeux du monstre et de sa proie devenue consentante dans une scène qui prend son temps. Le réalisateur réussit à rythmer son film sans temps morts tout en sachant poser les scènes fortes. Il parvient même relativement bien à réussir sa scène finale – ce qui n’est pas toujours le cas chez la Hammer !

Andrew Keir reprend d’une certaine manière le rôle tenu par Peter Cushing avec un grand talent. Là aussi, le scénario modifie la figure du « sachant » : il intervient en deux temps d’abord pour prévenir puis pour agir. La tenue monastique lui va comme un gant même si, ainsi que le reconnaît le personnage, il est un peu « excentrique » ! Il est intéressant de voir comment les quatre acteurs qui jouent les deux couples sont utilisés. Dans une optique de fidélité à Stocker, il y a logiquement un couple sacrifié et un autre triomphant. La similitude va même plus loin puisque, dans les deux cas, il y a une femme séduite et une femme, disons « fidèle ». La prestation de Barbara Shelley – clairement l’atout majeur du film derrière Christopher Lee –  est absolument remarquable. L’actrice joue sur toute une gamme allant de la hauteur de l’Anglaise en voyage à l’étranger à la violence du monstre sur le point de mourir et qui se débat avec une vigueur qu’on n’aurait pas cru au départ ! C’est tout le talent de Barbara Shelley d’avoir su marquer la césure entre la femme vivante et la femme morte-vivante, y compris physiquement. La mort ne manque pas de charme, certes, mais elle est tout de même la mort !

Anecdotes :
Sortie anglaise : 9 février 1966 Sortie française : 21 décembre 1966
Scénario :  John Samson (Jimmy Sangster) et John Elder (Anthony Hinds)
Réalisation : Terence Fisher
Probable référence à Alexis Tolstoï (« La famille du vourdalak ») : la femme qui implore qu’on lui ouvre la fenêtre.
Le décor du studio est hivernal alors que la forêt est estivale mais, pour le critique « Jonathan Harker » (alias Pierre Philippe), il n’y a rien de choquant car le château, situé après un pont, est le domaine des morts.
Christopher Lee a dit avoir trouvé les lignes données à ce personnage si horribles qu’il a choisi de jouer en silence. Selon Jimmy Sangster, Lee se trompe, car il prétend n’avoir écrit aucun dialogue pour Dracula dans le film. Beaucoup de spéculations ont été faites autour de l’absence de dialogue pour Dracula : contrairement à ce que prétend Christopher Lee, aucuns dialogues n’aurait été trouvé dans les scripts originaux. Il avait été plus largement admis que les productions Hammer, craignant pour l’augmentation de son salaire, avait limité les apparitions de Lee au minimum et les dialogues à aucun. Cependant les aventures suivantes de Dracula joué par Lee, bien que pas particulièrement bavarde, tendent à nier cette dernière hypothèse.
Dans la scène où Dracula est « ressuscité » d’un cercueil dans lequel ses cendres ont été répandues, il ne semble pas entièrement habillé comme c’est habituellement le cas. Les vêtements ont été vus dans des scènes précédentes en attendant son retour.
Le doubleur de Christopher Lee, Eddie Powell, a été pris au piège sous l’eau pendant la scène de la noyade et s’est presque noyé.
Le propre cri de Barbara Shelley, bien que doublé par Suzan Farmer dans la version finale, peut être distinctement entendu dans la bande-annonce allemande originale du film, publié sous le titre « Blut für Dracula ».
À l’exception de la séquence de flashback d’ouverture, Dracula n’apparaît pas avant 45 minutes à mi-chemin du film.
Le magazine « Amateur Cine World » fut certainement le premier à montrer le film en couverture. Son édition de juin 1965 sortit un mois après la fin des prises de vues.
Aux États-Unis, des crocs à découper dans du carton furent distribués par la Fox (nouveau distributeur des Hammer aux États-Unis) comme produits publicitaires.
La projection de ce film le 13 juin 2015 sur Horror Channel au Royaume-Uni comporte une dédicace : « En mémoire de Christopher Lee 1922-2015 ».
Barbara Shelley/Helen Kent : actrice anglaise née Barbara Kovin. D’abord modèle, elle suit des cours d’art dramatique et a Terence Fisher comme professeur. Elle débute au cinéma dans Mantrap (1953). Elle part ensuite en Italie et adopte son nom de scène tournant 8 films en deux ans. En 1958, L’île du camp sans retour de Val Guest lui permet d’entrer à la Hammer. Elle tourne ensuite Le village des damnés (1960), Le spectre du chat (1961), La Gorgone (1964), Les monstres de l’espace (1967). Elle tourne ensuite exclusivement pour la télévision (Chapeau melon et bottes de cuir notamment) et se retire en 1990.
Andrew Keir/Père Sandor : acteur écossais né Andrew Buggy (1926-1997), on l’a vu au cinéma dans Atlantique latitude 41°(1958), L’attaque du San Cristobal (1962), Cléopâtre (1963), La chute de l’empire romain (1964), Lord Jim (1965), Les monstres de l’espace (1967), La momie sanglante (1971), Rob Roy (1995). Il a aussi tourné pour la télévision : Ivanhoé (1958-1959), Chapeau melon et bottes de cuir (1967, 1969), Les Champions (1968), Amicalement vôtre (1970), Adam Smith (1972-1973)
Francis Matthews/Charles Kent : acteur britannique (1927-2014), vu au cinéma dans La revanche de Frankenstein (1958), Raspoutine, le moine fou (1966) mais il a essentiellement travaillé pour la télévision : Robin des Bois (1958), Le Saint (1964, 1967), Chapeau melon et bottes de cuir (1967, 1968), Moi, général de Gaulle (1990). Il reste principalement connu pour la série Paul Temple (1969-1971).
Suzan Farmer/Diana Kent : actrice anglaise (1942-2017) a joué dans Les pirates du diable (1964), Le messager du diable (1965), Raspoutine, le moine fou (1966) mais essentiellement pour la télévision : Sherlock Holmes (1965), L’homme à la valise (1967), Le Saint (1962, 1965, 1968), Amicalement vôtre (1971), Angoisse (1976), Coronation Street (1978). Plus de références après 1980.
Charles Tingwell/Alan Kent : acteur australien (1923-2009), il a joué dans Les rats du désert (1953), Perdu dans la brousse (1956), Le voyageur des plaines (1957), Tarzan le magnifique (1960), Le train de 16H50 (1961), Le secret de l’île sanglante (1964), Petersen (1975), L’attaque du fourgon blindé (1978), Un cri dans la nuit (1988). Il fut aussi une figure du petit écran : Emergency (1957-1962), Les sentinelles de l’air (1966), Chapeau melon et bottes de cuir (1963, 1967), Z Cars (1968), Sherlock Holmes (1968), Homicide (1973-1977), L’Australienne (mini-série, 1983), Summer Bay (1995)
Thorley Walters/Ludwig : acteur britannique (1913-1991), vu au cinéma dans Gai, gai, marions-nous (1958), Le train de 16H50 (1961), Le fantôme de l’Opéra (1962), Sherlock Holmes et le collier de la mort (1962), Poupées de cendre (1966), Frankenstein créa la femme (1967), Le retour de Frankenstein (1969), Le cirque des vampires (1972), Le frère le plus fûté de Sherlock Holmes (1975). Il a également tourné pour la télévision : Armchait Theatre (1957), Chapeau melon et bottes de cuir (1966), Amicalement vôtre (1972), Angoisse (1973), Sherlock Holmes- Le signe des quatre (1983), David Copperfield (1986)
Philip Latham/Klove : acteur britannique, vu au cinéma dans Les pirates du diable (1964), Le secret de l’île sanglante (1965) mais il fit l’essentiel de sa prolifique carrière pour la télévision : Jesus of Nazareth (1956), Emergency-Ward 10 (1959), Destination Danger (1960), Paul of Tarsus (1960), Le Saint (1963, 1964), Z Cars (1965), Chapeau melon et bottes de cuir (1963, 1966), The Troubleshooters (1965-1972), La maison de tous les cauchemars (1980), Les professionnels (1982), Docteur Who (1983). Il se retire en 1990.
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Message  Camarade Totoff Lun 12 Fév 2018 - 14:41

La revanche de Frankenstein (The revenge of Frankenstein, 1958) ****

Résumé
Ayant échappé à la guillotine, le baron Frankenstein, sous l’identité du docteur Stein, s’installe à Carlsbrück où il reprend ses expériences tout en travaillant dans un asile de miséreux. Il a pour objectif d’aider son assistant, Karl, partiellement paralysé, à obtenir un nouveau corps.

Critique
Second opus des sinistres basses-œuvres de Victor Frankenstein, ce film s’inscrit d’emblée dans la continuité du premier dont il poursuit la scène finale. De nombreuses allusions marqueront cette continuité.

Terence Fisher a construit film après film la figure de Frankenstein et il est ainsi intéressant de suivre les éléments de ressemblance et les nouveautés. Parmi les premiers, la solitude du savant. C’est un poncif invariablement repris par toutes les fictions quel que soit le support. Il veut donner la vie. Tout commence bien et finit mal. Sauf que cette apparente similarité cache une vraie histoire originale et bien construite.

La première originalité, c’est la rupture de la solitude mais, contrairement au fadasse Paul Kemple de Frankenstein s’est échappé, Hans Kleve est un confrère qui est venu de lui-même chercher « la connaissance ». Francis Matthews marque d’emblée la rupture avec son prédécesseur. Si les recherches de son maître le troublent, il ne lui en reste pas moins fidèle et n’a pas les scrupules moraux d’antan. Il se préoccupe de technique et de conséquences pratiques. En outre, l’acteur a bien plus de présence et il parvient à exister aux côtés de Peter Cushing toujours aussi brillant. C’est l’élément de continuité le plus marquant : le prodigieux charisme de l’acteur et l’intensité qu’il met dans son jeu. Une illustration ; lorsque Frankenstein montre à Kleve sa créature et qu’il explique son échec précédent, qu’il nie avoir le moindre regret et qu’il veut sa vengeance. Cushing n’a pas besoin d’élever la voix pour marquer sa détermination. D’autant que Terence Fisher fait l’excellent choix de mettre en relief chaque segment du monologue de Frankenstein avec les réactions sur le visage de Kleve. Un court croquis vaut mieux qu’un long discours !

La créature constitue l’originalité la plus forte. Ainsi, bien qu’elle soit bricolée comme autrefois (soulignons que le décor du laboratoire le montre bien plus grand mais toujours aussi « artisanal » avec ses cornues et ses branchements étranges. Un décor familier et pourtant nouveau), elle a une allure bien plus « normale ». En outre, l’objectif n’est plus de « donner la vie pour donner la vie » si l’on ose dire car la démonstration a déjà été faite. A cet égard, celle que Frankenstein montre à Kleve s’apparente à une amusante distraction entre médecins ! Ici, et c’est une curiosité, c’est l’altruisme qui guide les actes de Frankenstein. Chaque film explore ainsi une facette différente de sa personnalité. Le baron a une dette envers un dénommé Karl, un homme partiellement atteint de paralysie et il va tout simplement lui transplanter le cerveau dans ce nouveau corps ! Nous sommes en 1860, c’est dire si tout cela relève quand même de la science-fiction ! La rupture est nette avec le premier opus, avec le monstre sans nom. Ici, c’est Karl. Évidemment, tout va pour le mieux au départ avec la longue convalescence. Comme souvent chez lui, Terence Fisher place une scène avec un miroir et c’est une scène capitale.

Est-ce la misogynie qui a inspiré le scénariste mais c’est à cause d’une femme, Margaret, à qui Eunice Glayson apporte sa beauté et sa candeur, que l’histoire va dérailler et la créature échapper à Frankenstein. Néanmoins, le scénario va plus loin car il nous a été dit que le cerveau est le siège des souvenirs. La perosnnalité est donc la même quel que soit le corps. Et l’esprit, l’énergie qui anime ce cerveau si l’on veut rester « scientifique », est-elle maîtrisable, ou peut-elle prendre l’ascendant sur le corps ?

Anecdotes :
Sortie anglaise : 17 novembre 1958 Sortie américaine : janvier 1958 Sortie française : 12 septembre 1958. Le film fut annoncé quatre mois après la sortie du premier.
Dans le scénario du premier film, le baron est exécuté mais un contrat pour le financement d’un deuxième Frankenstein avait été vendu aux Américains. Jimmy Sangster a alors écrit un flashback et c’est le prêtre qui prend la place de Frankenstein. Cette exécution (que l’on ne voit pas) donne un côté matérialiste et athée au film.
Les photos d’exploitation américaine comprenaient un avertissement au public féminin : « Si vous allez le voir toute seule, vous risquez de rentrez chez vous à tombeau ouvert ».
C’est en septembre 1957 que la Hammer passe un accord de distribution pour le monde entier avec Columbia.
Parmi les pilleurs de tombes, on reconnaît Michael Ripper, un des seconds rôles les plus savoureux de la Hammer. Le chercher dans les films de la firme est un jeu presque gagnant à tout coup.
Le film fut un semi-échec au box-office, ce qui pousse les producteurs à stopper l’idée d’une nouvelle suite.
Francis Matthews/Hans Kleve : cet acteur britannique a joué dans Dracula, prince des Ténèbres.
Eunice Glayson/Margaret Conrad : cette actrice britannique joua dans Zarak le valeureux (1956) avant d’être la première James Bond Girl à apparaître dans deux films : James Bond 007 contre Docteur No (1962) et Bons baisers de Russie  (1963). La suite de sa carrière se déroule à la télévision : Le Saint (1963, 1965), Chapeau melon et bottes de cuir (1966), L’aventurier (1972). Elle quitte la scène au début des années 1990.
Michael Gwynn/Karl : acteur britannique (1916-1976), il a joué dans Dunkerque (1958), Le village des damnés (1960), Barabbas (1961), Jason et les Argonautes (1963), Cléopâtre (1963), La chute de l’Empire romain (1964), Les cicatrices de Dracula (1970). Il a surtout travaillé pour la télévision : Great Expectation (1959), Le Saint (1965), Adam Adamant Lives (1967), Chapeau melon et bottes de cuir (1969), Département S (1970), Jason King (1971), Colditz (1972), Angoisse (1974)
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Message  Camarade Totoff Mer 21 Fév 2018 - 15:28

L’invasion des morts-vivants (The Plague of the zombies, 1966) ***

 
Résumé
sir James Forbes, professeur de médecine, est appelé en Cornouailles par son ancien élève Peter Tompson qui y vit dans un petit village avec sa femme Alice. Des morts étranges frappent le village depuis des mois. D’abord confrontés à la superstition locale, les deux hommes comprennent qu’un secret effroyable se cache derrière cette épidémie.

Critique
Il n’est pas courant de trouver de tant d’audace dans les films de la Hammer mais celui-ci trace un portrait acide de la société anglaise. Malgré une visible économie de moyens, ce film combine une bonne histoire, une réalisation sérieuse, de bons acteurs et même un bon final !

Il faut reconnaître aux réalisateurs de la Hammer de savoir trousser une atmosphère et John Gilling se révèle doué dans ce domaine. L’ouverture du film qui nous présente sir James et sa fille Sylvia (à qui Diane Clare apporte une innocence, une sophistication et qui saura lui donner plus de densité que la simple « demoiselle en détresse ») est pleine de chaleur, de tendresse et d’une légèreté souriante. Dès qu’ils arrivent au village, l’atmosphère se fait plus lourde ; dès l’apparition des cavaliers suivi d’un enterrement. L’accueil d’Alice, la meilleure amie de Sylvia, manque de joie mais surtout le mauvais état de santé de la jeune femme amène de l’inquiétude. Désormais, l’oppression ne quittera plus le spectateur. La longue séquence onirique où Peter voit les morts se lever est proprement cauchemardesque. Il n’y a que peu de violence qui permettrait de soulager cette tension hormis une décapitation à la pelle dans un cimetière !

La construction du film est classique de la méthode Hammer. Une longue séquence de présentation suivie d’une brusque rupture narrative (c’est là qu’apparaît Dracula par exemple ou, comme ici, que la vérité nous est révélée) que prolonge la séquence de combat entre le héros et le « monstre ». Dans beaucoup de ces films fantastiques qui ont fait sa gloire, la Hammer fait intervenir un « sachant » ; quelqu’un qui a les connaissances nécessaires pour établir un diagnostic correct et décalé puisque « extraordinaire » et capable de mettre fin aux agissements du « monstre ». André Morell tient ce rôle ici. Celui qui fut un excellent Watson dans Le Chien des Baskerville campe ici un honorable professeur de médecine, anobli qui plus est. Classiquement, le « sachant » a un disciple, un assistant ; le rôle échoit à Brook Williams qui se débrouille plutôt bien. Les seconds rôles masculins sont souvent fades chez la Hammer mais celui-ci est très crédible dans l’émotion et comme second dans l’action. André Morell a dû savourer d’être dans la position de celui qui sait ! Il est intéressant de voir la construction du raisonnement scientifique basés sur des faits, des expériences et le recoupement de témoignages qui va permettre à ce docte professeur d’énoncer cette hypothèse inouïe : il y a des zombies dans le village !

Le spectateur a une longueur d’avance car il a été préparé à cette vérité. D’abord par la somptueuse séquence d’ouverture où, sur fond de tam-tam, se déroule une cérémonie païenne. Les premières paroles, psalmodiées, n’interviennent qu’au bout de deux minutes alors que nous avons vu l’officiant masqué arroser une poupée de sang. Symétriquement, nous retrouverons cette séquence à la fin. La tension sera alors maximale puisque nous connaîtrons les tenants et les aboutissants, partageant l’angoisse des héros et espérant leur sauvetage.

Pour nous faire partager l’angoisse des personnages, le scénariste a commencé par nous présenter Alice incarnée par Jacqueline Pearce qui lui confère une grande fragilité. Sa maladie, sa mort (une image assez forte) nous ont permis de nous familiariser avec les autres personnages. Si, en femme malade, l’actrice était crédible, elle est fabuleuse en zombie ! Cette séquence est à mettre à la gloire de John Gilling et de James Bernard (pour la musique). Durant un long plan fixe, nous voyons le visage d’Alice se transformer avec seulement la musique pour nous faire comprendre l’horreur qui est en train de se passer. Lorsqu’elle ouvre les yeux, c’est saisissant ! Ensuite, le sourire pervers de la morte-vivante manifeste la rupture nette avec sa personnalité d’avant.

L’originalité de ce film réside dans sa satire sociale. Avant George Romero, John Gilling a compris qu’il pouvait se servir des zombies pour asséner une critique sociale virulente. A travers les cavaliers qui chassent à courre (et qui font penser par leur brutalité aux convives de sir Hugo Baskerville), à travers le hiératique (mais peu charismatique) hobereau local Clive Hamilton esq. ; c’est la société anglaise traditionnelle, pour ne pas dire traditionnaliste avec la dénonciation de la superstition de villageois frustres, qui est attaquée. L’usage pour le moins original que fait Hamilton de ses zombies achève de donner une cohérence virulente au film.

Anecdotes
Sortie anglaise : 9 janvier 1966. Sortie US : 12 janvier 1966. Sortie française : 28 septembre 1966
Scénario de Peter Bryan.
Réalisation : John Gilling. Réalisateur britannique (1912-1984), il débute en 1933 comme cascadeur doublant Errol Flynn. Scénariste (La Gorgone), il débute comme réalisateur en 1948 avec Escape from Broadmor. Suivront La chair du diable (1959), L’impasse des violences (1960), Le spectre du chat (1961), Les pirates du San Cristobal (1962), Panic (1963), La femme reptile (1966), Dans les griffes de la momie (1967). Il travaille aussi pour la télévision, notamment pour Le Saint (10 épisodes, 1962-1969), Les Champions (1968-1969), Département S (1969-1970).
La version finale du script, remanié par le réalisateur, établit un parallèle entre les morts-vivants réduits à l’esclavage dans une mine d’étain et les masses travailleuses exploitées dans la société.
Les séquences dans le cimetière furent saluées.
Le film fut la seule incursion du studio Hammer dans le thème des morts-vivants.
La chasse à courre fut abolie en Grande-Bretagne en 2005 mais existe toujours en France.
Le film fut tourné bout à bout avec La Femme reptile, autre film de John Gilling pour la Hammer, dans les mêmes décors : on retrouve le village et le château (qui avait aussi servi de lieu principal pour Le Cauchemar de Dracula et Dracula, prince des ténèbres). Jacqueline Pearce et Michael Rippert jouent également dans La Femme reptile.
Brook Williams/Peter Tompson : acteur britannique (1938-2005), vu au cinéma dans Quand les aigles attaquent (1969), Le cinquième commando (1971), La grande menace (1978), Le commando de Sa Majesté (1980) et à la télévision dans Chapeau melon et bottes de cuir (1968).
John Carson/Clive Hamilton : acteur britannique (1927-2016), il a principalement tourné pour la Hammer : Une messe pour Dracula (1970), Capitaine Kronos, chasseur de vampires (1974).  Il a aussi tourné pour la télévision : Ivanhoé (1958-1959), Emergency Ward-10 (1959), Robin des Bois (1959-1960), Chapeau melon et bottes de cuir (1963, 1965, 1976), Le Saint (1962, 1965, 1965, 1967), Département S (1970), The Troubleshooters (1966-1972), Les professionnels (1978), La maison de tous les cauchemars (1980), Docteur Who (1983), Hercule Poirot (1989, 2005), Inspecteur Barnaby (2013).
Diane Clare/Sylvia Forbes : actrice anglaise (1938-2013), descendante par sa mère de Buffalo Bill, diplômée de la Royal Academy of Dramatic Art, elle débute au cinéma dans Le désert de la peur (1958), La lame nue (1961) puis La maison du diable (1963). Elle a aussi joué à la télévision : Z Cars (1964), Chapeau melon et bottes de cuir (1965). Elle se retire à l’âge de 29 ans pour se consacrer à sa famille.
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Message  Camarade Totoff Jeu 8 Mar 2018 - 14:30

La femme reptile (The Reptile, 1966) **


Résumé
A la mort de son frère Charles, dans des circonstances étranges, Henry Spalding et son épouse viennent habiter son cottage en Cornouailles. Mais l’atmosphère est lourde, les habitants ont visiblement peur. Mais de quoi ?

Critique
On ne fera pas le procès à la Hammer de ne pas vouloir chercher des idées nouvelles mais, par contre, cela ne se révèle pas tout à fait convainquant. Pourtant, si l’atmosphère est travaillée, la relative lenteur du film ne permet pas d’installer une véritable dramaturgie.

D’abord la tentative de renouvellement. La Hammer abandonne cette fois l’habillage gothique pour la campagne anglaise retrouvant la geste lovecraftienne : l’horreur a plus de force quand elle jaillit dans un quotidien et un décor connu et rassurant. D’entrée de jeu, le spectateur est plongé dans l’étrange. Un dialogue entre le cafetier, Tom Bailey et l’original du coin, Pierre le Fou, nous apprend qu’il y a eu plusieurs autres victimes. Pourquoi cet homme en noir fleurit-il ces tombes ? Pourquoi les villageois se montrent-ils hostiles envers Harry Spalding ? Qui a saccagé le cottage (belle rupture musicale entre la mélodie bucolique de l’arrivée du couple et la musique sombre quand ils découvrent le saccage) ? De qui parle Pierre Le Fou quand il dit « Ils » avant de succomber à son tour, le visage atrocement marqué ? Le personnage d’Anna illustre cette tentative de renouvellement. Jacqueline Pearce n’est pas là pour « faire joli » dans le décor : elle participe de plein pied à l’action. Avec le rôle d’Anna, elle donne une solide composition passant de la jeune femme effrayée à la femme sensuelle au regard soutenant sans faillir celui de son père. Une réelle ambigüité est apportée à son personnage. Qui est-elle réellement ? A-t-elle peur ou est-ce lui qui tremble ? L’atmosphère orientalisante portée par le décor, l’habillement, la musique est très dépaysant et parvient à déstabiliser le spectateur.

Réalisateur moins connu mais néanmoins talentueux, John Gilling est le maître d’œuvre de ce film. Assez intéressante est sa manière de donner les premières explications tout en rejouant à deux reprises la scène initiale qui se déroule sur la lande. Le spectateur sait ce qui va se passer tout en comprenant davantage ce qui s’est passé ! John Gilling parvient à instiller des moments angoissants et à noircir son atmosphère. Dommage que le film ait manqué de rythme car, dans cette troisième reprise, il reste alors peu de temps pour peser sur les nerfs du spectateur. L’enrichissement d’une situation qui se répète est un procédé utile et très intéressant mais il aurait eu plus d’impact si les trois scènes avaient été mieux répartie dans le temps. Enfin, mais c’est un poncif de la Hammer : le final est précipité et très peu convaincant.

Cette louable tentative de renouvellement tourne cependant court. En effet, des noms des protagonistes, des lieux et quasiment de tout l’arrière-plan, il y a plus que des réminiscences du Chien des Baskerville. En outre, la pratique du moment de la Hammer des tournages multiples fait redite et désarme tout suspense : l’impression de déjà-vu pèse sur le déroulé du film. A aucun moment, nous ne serons surpris par ce qui arrive. Le village, par exemple, est le même que celui de L’invasion des morts-vivants. L’habit de Noel Wilman le fait également ressembler à Dracula. Il y a enfin le décor du manoir. Manoir qui ressemble furieusement à tous ceux que la Hammer a déjà utilisé. Ne manquez pas l’escalier et son entresol à colonnade antique ! Le film est également desservi par un montage abscons lors de la scène-clef du dîner. Il donne l’impression que l’après-dîner succède à un repas qui n’a pas eu lieu. La scène permettait pourtant de placer tous les personnages au même endroit et de travailler plus profondément l’atmosphère. Sauf que, mis à part le moment où Jacqueline Pearce joue de la cithare en tenue des Indes, créant un réel malaise, le reste est dénué d’intérêt et on a la nette impression que de la pellicule a été plus que coupée !

Les personnages font également pencher la balance dans le mauvais sens. Hormis Anna, ils sont certes bien interprétés mais sans réelle épaisseur. L’impression qui en ressort est celui d’archétypes, comme dans les Mystères médiévaux où l’on personnifiaient les vices et les vertus. Nous avons donc Ray Barrett  qui joue Harry Spalding. C’est un soldat de Sa Majesté qui affirme avoir « roulé sa bosse » ; sa solidité physique ne fait aucun doute. C’est donc le Héros : aimant, courageux, aux nerfs solides. Jennifer Daniel joue sa femme. Elle manque de charme mais se défend dans l’émotion. Par contre, elle n’échappe pas au cliché de la « demoiselle en détresse ». En revanche, les autochtones jouissent d’excellents interprètes. John Laurie en Pierre le Fou donne de l’épaisseur à son personnage voué à être « l’innocente victime ». Et Michael Rippert – c’est vraiment son nom ! – est celui qui sait mais que la peur paralyse avant qu’au contact du Héros, il ne choisisse de faire le bien. Dommage, et malgré une bonne composition de l’acteur qu’il donne subitement l’impression d’en savoir long ou de comprendre brusquement ce qu’il avait sous les yeux. Certes, on pourrait dire que Spalding a agit comme un révélateur mais c’est trop rapidement amené.

Enfin, la plus franche déception vient du docteur Franklyn joué par Noel Wilman et de son majordome Malay incarné par Marne Maitland. Le premier veut certes donner une raideur à son personnage et une discourtoisie qui sont  évidemment les oripeaux qui cachent la peur qui tenaille Franklyn. Cependant, le personnage n’évolue pas et on en reste à la surface des choses. Pire est le sort réservé à Malay. C’est en effet un curieux homme à la mine vaguement orientale qui ne cesse de rôder  - sa présence récurrente crée un malaise grandissant car Marne Maitland a un certain charisme. Sauf qu’il est quasiment muet et n’a que des bribes de scènes pour installer son personnage dont on ne comprend pas trop bien le rôle exact. Le scénariste tenait là les vecteurs qui auraient installé son texte dans le domaine de la possession/dépossession et l’aurait dramatisé. Le potentiel est là mais pas le développement.

Anecdotes
Scénario de John Elder (Anthony Hinds)
Réalisation : John Gilling.
Sortie anglaise : 6 mars 1966. Sortie France : 2 août 1967
Il était initialement prévu plusieurs monstres avant que des coupes budgétaires n’en gardent finalement qu’un seul.
Selon le Kinematograph Weekly : « Chroniqué à la lumière froide de la raison, ceci est une absurdité complète. Mais au moins, c’est réalisé avec intelligence et très bien interprété ».
Avec ce film, la Hammer abandonne sa pratique des tournages multiples enchaînés. Conçus pour faire baisser les coûts, elle se révéla décevante sur ce plan et pesa sur la qualité.
Le dossier de presse recommandait aux gérants de cinéma d’utiliser des slogans comme « Ce film vous plongera dans les limbes de la terreur » ou « Vous endurerez une vie entière de cauchemars ».
Le film fut tourné au studio de Bray en septembre 1965 trois jours après L’invasion des morts-vivants.
Le maquillage de Jacqueline Pearce prenait deux heures à chaque fois et l’actrice le trouvait inconfortable.
Noel Wilman/Dr Franklyn : acteur irlandais (1918-1988), vu au cinéma dans Androclès et le lion (1952), le Beau Brummel (1954), L’homme qui en savait trop (1956), Le baiser du vampire (1963), Le Docteur Jivago (1965), La déesse des sables (1968), Le dossier Odessa (1974). Il a aussi joué pour la télévision : Amicalement Vôtre (1971), Les 21 heures de Munich (1976)
Jacqueline Pearce/Anna Franklyn : actrice britannique, elle a joué dans L’invasion des morts-vivants (1966) mais, ensuite, uniquement pour la télévision : Chapeau melon et bottes de cuir (1967), L’homme à la valise (1967-1968, 2 épisodes), Les rivaux de Sherlock Holmes (1971), David Copperfield (1974-1975), Blake’s 7 (1978-1981), Docteur Who (3 épisodes, 1985), Les aventures du jeune Indiana Jones (1993), Docteur Who : la mort arrive au temps (2001), Casualty (2006).
Ray Barrett/Harry George Spalding : Raymond Charles Barrett (1927-2009), acteur australien, il a joué au cinéma dans La Vallée des Rois  (1964), Violence en sous-sol (1971), Les otages  (1975), Goodbye Paradise (1983), Hôtel Sorrento (1995), Australia (2008). Il a joué aussi pour la télévision : Emergency Ward-10 (1960-1961), Chapeau melon et bottes de cuir (1963), Ghost Squad (1963-1964), Le Saint (1964), Docteur Who (1965), Les sentinelles de l’air (1965-1966), The Troubleshooters  (1975-1982), Le vent d’Australie (1980), Bordertown (1995)
Jennifer Daniel/Valérie Spalding : actrice britannique, vue dans Le baiser du vampire (1963) mais pratiquement uniquement à la télévision : Barnaby Rudge (1960), The Edgar Wallace Mysteries  (1960-1963), The Sleepers (1964), Hopital Général (1972), Capitale (1990)
Marne Maitland/Malay : acteur britannique né aux Indes (1920-1991), il a une longue carrière au cinéma : La croisée des destins (1956), Les étrangleurs de Bombay (1959), Le Fantôme de l’Opéra (1962), Cléopâtre (1963), Lord Jim (1965), Fellini Roma (1972), L’homme au pistolet d’or  (1977), A la recherche de la panthère rose  (1982). Il a aussi tourné pour la télévision : Destination Danger  (1961), Le Saint (1963-1969, 4 épisodes), Chapeau melon et bottes de cuir  (1967), Le Retour du Saint  (1979).
Michael Ripper/Tom Bailey : acteur britannique (1913-2000), sa carrière débute dès 1936 par de petits rôles non crédités. C’est une des figures récurrentes de la Hammer. On le voit dans Oliver Twist (1948), Richard III (1955), 1984 (1956), La malédiction des pharaons (1959), Les maîtresses de Dracula (1960), La nuit du loup-garou (1961), Le Fantôme de l’Opéra (1962), Les maléfices de la momie (1964), L’invasion des morts-vivants (1966), Dans les griffes de la momie (1967), Dracula et les femmes (1968), Une messe pour Dracula (1970), Le prince et le pauvre (1977). Il a aussi tourné pour la télévision : OSS 117 (1957), Douglas Fairbanks Jr Presents (1955-1957), Ivanhoé (1958), The Invisible Man (1958-1959), Destination Danger (1960-1961), sir Francis Drake (1962), Gideon’s Way (1964), Adam Adaman (1966), Le Saint (1967), sir Yellow (1973), Regan (1975), Coronation Street (1976), Crown Court (1975-1978), Papillons (1978-1983), Jeeves et Woosters  (1990-1991).
John Laurie/Pierre le fou : acteur et metteur en scène écossais (1897-1980), il joue beaucoup au théâtre avant de débuter au cinéma en 1930 avec Junon et le paon d’Alfred Hitchcock. Au cinéma, il a joué dans Les 39 marches (1935), Henry V (1944), Hamlet (1948), L’île au trésor (1950), Richard III (1955), Le prisonnier de Zenda (1979). A la télévision, il a joué dans quatre épisodes de Chapeau melon et bottes de cuir (1962, 1963, 1967, 1969).
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Message  Camarade Totoff Jeu 15 Mar 2018 - 14:30

Les deux visages du docteur Jekyll (the Two faces of Dr Jekyll, 1960) **

Résumé
Chercheur obsédé par la double nature de l’homme, le docteur Jekyll teste sur lui une drogue qui libère un homme charmeur et dangereux, Mr Hyde. Jekyll tente de reprendre le contrôle.

Critique
Une adaptation intéressante du célèbre roman de Stevenson mais, passé la bonne surprise de l’inversion (ici Hyde est un beau jeune homme et Jekyll un homme vieilli), le film ne développe pas grand-chose et compense par beaucoup de va et viens. Dommage car Fisher a bon œil. Les acteurs sont corrects, mais pas beaucoup plus.

C’est en effet un film qui manque d’imagination. Ainsi, Jekyll incarne la classique figure du savant obsédé par ses recherches. La comparaison avec Frankenstein saute aux yeux et tourne au désavantage de Jekyll. Classiquement, le film commence par un exposé que fait un Jekyll très sûr de lui sur les deux forces en présence chez chacun à un ami, le docteur Ernst qui tient le rôle du témoin (et de voix de la raison) et sert à Jekyll à développer ses arguments. Le cadre est posé en cinq minutes : un savant isolé, aux recherches controversées obsédé par son travail et qui néglige femme et maison. Pour sa maison, on n’en sait rien mais, pour sa femme, c’est une évidence puisqu’elle a un amant, un dénommé Paul Allen, jouisseur de profession. Voilà qui aurait pu permettre de faire quelque chose de nouveau. Mais le scénario se calque beaucoup trop sur le déroulement du roman.

Évidemment que Jekyll va tester la drogue sur lui. C’était bien vu de le faire hésiter avant le saut fatidique car cela le fait entrer dans la dimension tragique. Habilement, Terence Fisher va filmer la transformation de face (tremblement, regard fixe) avec changement de musique mais le résultat est filmé d’abord de dos. C’est en passant sous une lumière que Jekyll se rend compte qu’il a pris les traits d’un bel homme. A l’issue d’une soirée dans un cabaret du demi-monde que Terence Fisher va se faire un plaisir de filmer sous tous les angles possibles avec une prédilection pour les numéros de danse, il a la première crise : il se parle à lui-même avec deux voix. Une façon habile de traiter le conflit intérieur et de le rendre visible.

Tout le film va montrer le plan de Jekyll/Hyde pour se venger de sa femme et de Paul Allen. On aurait pu avoir une vision du Londres d’époque ou interlope. Quelques saynètes gentillettes sont censées nous le représenter. Mais, on ne parvient pas à s’y intéresser parce que les personnages sont sans relief. Jekyll est interprété par Paul Massie qui, pour le rôle, porte une fausse barbe plutôt criante. Il sera bien plus convainquant dans son interprétation de Hyde, notamment par la fixité de son regard très dérangeante mais complètement dans le rôle. Il n’empêche qu’il est très fade. Christopher Lee, de son côté, n’arrive pas à animer son personnage. C’est trop plat. En outre, Paul Allen est aussi peu attachant que Jekyll. A aucun moment, le spectateur ne s’intéresse vraiment à eux. C’est toute la différence avec Frankenstein où, malgré soi quelque part, on est aux côtés du machiavélique docteur parce que sa folie scientiste fascine. Jekyll est obsédé par son travail. Il n’est pas le premier ! Il manque clairement du grain de folie nécessaire.

Il y a cependant une exception, Dawn Addams. Elle perpétue avec talent la tradition des jolies femmes de la Hammer. En plus, elle a un vrai rôle, sachant interpréter les différentes facettes de Kitty : épouse recevant une relation de son mari avec urbanité, coquette se laissant conter fleurette, amoureuse sincère. Elle est vraiment la carte maîtresse d’un film qui n’aurait pas eu grand intérêt sans elle. Elle est ainsi bouleversante quand Kitty se réveille en tenue de prostituée et découvre le corps de son amant. Le gros plan sur son visage rend compte du chagrin et de la détresse de cette femme. Avec une certaine cruauté, Fisher passe de la femme brisée à une salle joyeuse. Entre les deux, une verrière.

La victoire de Hyde n’est pas une surprise mais elle est montrée d’une manière intéressante. Fisher la filme en se centrant sur la main qui écrit à la plume (nous sommes en 1874) et qui se met à trembler pour continuer à écrire d’une façon différente. Le procédé est habile et sera repris dans « Double identité » de Chapeau melon et bottes de cuir quelques années plus tard.

Anecdotes
Le film sortit en France le 25 juin 1969 en toute illégalité.
Scénario de Wolf Mankowitz (1924-1998) : ce fils d’un émigré russe écrivit en 1952 Faites-moi une offre qui fut un succès et fut adapté pour la télévision et le cinéma. On lui doit notamment le scénario de Casino Royale (1967). Il fut aussi imprésario de théâtre et écrivit des comédies musicales (Pickwick, 1963). Son style de vie extravagant le mena à la faillite en 1981.
Réalisation de Terence Fisher.
A l’époque, Christopher Lee était un peu en délicatesse avec la Hammer parce qu’il avait refusé de reprendre le rôle de Dracula pour jouer d’autres rôles. Du coup, il lui fut confié un temps des seconds rôles (comme ici ou dans Le Chien des Baskerville). La même année, il tourna La Corde et le fouet en Italie.
En 1966, Serge Gainsbourg écrivit la chanson « Dr Jekyll et Mr Hyde »
Le film connut un échec commercial.
L’étrange cas du docteur Jekyll et de M. Hyde : roman écrit en 1886 par Robert Louis Stevenson. Dans le roman, Hyde est un nabot répugnant. L’ouvrage connut de très nombreuses adaptations. La première est un court-métrage muet de 1908.
Le docteur Jekyll est un des personnages de la Ligue des Gentlemen Extraordinaires.
Jekyll : mini-série (6 épisodes) créée par Steven Moffat en 2007. Le Docteur Tom Jackman est à la fois un tranquille père de famille, discret et effacé, et Hyde, un personnage fantasque et violent. Désirant à tout prix cacher ce dédoublement à ses proches, Jackman a « signé un pacte» avec son double maléfique. Dans l'espoir de cohabiter pacifiquement, ils communiquent par l'intermédiaire d'un dictaphone et d'une « infirmière ». Mais un jour, ils découvrent tous deux qu'une organisation secrète s'intéresse à leur existence. Au casting, James Nesbitt (Match Point, La loi de Murphy) incarne Jackman et Hyde.
Paul Massie/Docteur Jekyll et Mister Hyde : né Arthur Dickinson Massé (1932-2011), cet acteur canadien commença dans Ordre de tuer (1958). Il tourna notamment dans Chapeau melon et bottes de cuir (1965), Les médecins (1969-1970). il devint professeur de théâtre à l’Université de Floride du Sud (1970-1996).
Dawn Addams/Kitty Jekyll : actrice anglaise (1930-1985), elle joua dans Un roi à New York (1957, de Charlie Chaplin), Le diabolique docteur Mabuse (1960, de Fritz Lang), The Vampire Lovers (1970, de Roy Ward Baker). Retirée dans les années 70, elle décéda d’un cancer.
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Message  Camarade Totoff Jeu 29 Mar 2018 - 15:36

Docteur Jekyll et Sister Hyde (Dr Jekyll and Sister Hyde, 1971) ****

Résumé
Recherchant la potion qui prolongera la vie, le docteur Jekyll l’essaye sur lui-même mais il se transforme en une belle jeune femme ! Pour poursuivre ses recherches, il décide d’aller jusqu’au bout, jusqu’au meurtre même !

Critique
Ce Hammer tardif montre que la déchéance de la firme n’était pas encore aboutie et qu’il pouvait toujours sortir des créations surprenantes et de qualité. Ce film est pourtant une reprise d’un thème déjà exploité mais il est bien plus original et ses interprètes, excellents, apportent quelque chose de nouveau, de plus sensuel aussi car le choix est de montrer plus de sang et d’érotisme. Heureusement que l’histoire développe plus que cela. Avec un scénario écrit par Brian Clemens, on pouvait s’attendre à de belles trouvailles et, en effet, elles ne manquent pas !

Le film profite d’un riche contexte historique qui sert plus que de trame historique en étant habilement mêlé à l’histoire. D’entrée de jeu, une affiche nous apprend que l’on recherche un assassin…dans le quartier de Whitechapel ! L’omniprésence du bouillard dans les scènes « d’extérieur » (visiblement tournées en studio) n’est pas sans évoquer l’épisode « Brouillard » de la série Chapeau melon et bottes de cuir justement consacré à Jack L’Éventreur. Ce nom ne sera pourtant jamais prononcé ici, laissant planer un petit mystère. L’ouverture du film est capitale aussi parce qu’elle instaure une tension : une prostituée est assassinée et le montage fait coïncider son meurtre avec le dépiautage d’un lapin ! L’insistance du réalisateur sur le couteau met mal à l’aise tout de suite. Le second point historique intervient en soutien des recherches de Jekyll qui a besoin de cadavres. Au départ, il se procure ce qu’il cherche à la morgue où travaille le sinistre Baker (excellente interprétation de Philip Madoc, inquiétant à souhait) mais, comme cela ne suffit pas, Jekyll charge Burke et Hare de lui procurer des cadavres. Ces deux affreux compères vont les trouver ces cadavres. L’idée géniale de Clemens, c’est de mêler à nouveau un fait historique (« les résurrectionnistes d’Édimbourg ») à la trame de l’histoire et le plus beau c’est que tout cela forme un tout cohérent, noir, violent et fascinant à la fois. La scène où le trio est filmé en contre-plongée fait ressortir la bassesse et la dangerosité de tous.

Le scénario de Brian Clemens réussit une variation sur le personnage de Jekyll. Ainsi, avec talent, le scénariste nous présente un homme a priori « normal » mais les scientifiques sont des proies tentantes pour la Hammer qui les aime bien à point ! Lancé sur une recherche scientifique impossible (un thème récurrent chez les savants fous), le jeune docteur Jekyll comprend qu’une vie ne suffira pas et qu’il lui faut prolonger la sienne. Mais Jekyll ne serait pas Jekyll s’il n’essayait pas son breuvage sur lui et, là, innovation géniale sur une trame connue : Jekyll devient certes Hyde mais Hyde est une femme ! Une femme magnifique très satisfaite de son apparence comme en témoigne une scène complaisante sur son buste et un beau rire de gorge. Ultérieurement, le réalisateur nous en montrera subrepticement beaucoup plus mais la nudité est ici mise au service d’une histoire et elle demeure fugace. Par contre, il est indéniable que, dans un premier temps, Martine Beswick n’est qu’un beau corps sans une ligne de texte. La Hammer aimait les jolies femmes mais n’était vraiment pas féministe !

En parallèle se déroule une intrigue secondaire qui, anecdotique au départ, prend petit à petit de l’ampleur et finit par jouer un rôle important. Au-dessus de chez Jekyll est venu habiter la jeune Suzanne (Suzanne Broderick) qui y vit avec sa mère et son frère Howard. Ce dernier n’aime pas beaucoup Jekyll mais il est tout de suite fasciné par Sister Hyde qui ne le décourage nullement ! Lors d’une « réunion » impromptue, Hyde révèle que Jekyll aime Suzanne et qu’elle-même aime Howard. Même si on peut douter de cette dernière affirmation voilà une phrase singulièrement troublante puisque Jekyll et Hyde sont une seule et même personne ! Le thème de l’ambigüité sexuelle est ici pleinement exprimé, montrant que l’époque a changé et que la Hammer cherche à s’adapter. Intéressante aussi la mention d’une « lutte » entre Jekyll et Hyde.

Un film c’est une histoire qu’il faut incarner et le choix des interprètes est ici une réelle réussite. A cent lieux du fadasse Paul Massie du premier opus, Ralph Bates est un magnifique Jekyll. S’il le montre extrêmement travailleur, il ne lui donne pas non plus la passion du savant fou et le montre même plutôt équilibré. Ce qui est très bien vu car cette « normalité » du docteur ne fait que plus ressortir l’horreur de ses crimes et l’ambigüité de sa position vis –à-vis de sa « sœur » (c’est ainsi qu’il parle de Hyde à sa jolie voisine Suzanne). On comprend que la Hammer ait songé à lui pour une « seconde génération » après celle des Lee et Cushing mais le déclin accéléré de la firme dans ces années 70 ne le permettra pas. A ses côtés, Martine Beswick se tire haut la main d’une prestation qui aurait pu être scabreuse. Elle est magnifique, on l’a déjà dit, mais elle sait jouer et c’est avec efficacité qu’elle use de ses sourires ambigus et de regards volontiers faussement pudiques pour dissimuler une force intérieure rageuse et un appétit de vivre féroce. A la toute fin du film, quand Hyde veut assassiner Suzanne parce qu’elle plaît à Jekyll (et réciproquement), elle la suit dans le brouillard et c’est extrêmement tendu. Son visage exprime alors une détermination froide puis une haine virulente. Le troisième larron, Gerald Sim, réussit l’exploit d’éviter d’être le collègue « voix de la raison » pour exister vraiment par lui-même. D’un tempérament sybarite, le docteur Robertson est un confrère intéressé, certes sceptique sur les recherches de Jekyll mais pas hostile et qui ne cesse de le pousser à profiter de la vie. On est loin de la morale victorienne ! Jusqu’au bout, Gerald Sim saura alterner sourires de l’homme de plaisir et mine fermée de l’homme de devoir. Bel exercice d’équilibre. Le final est nerveux, angoissant mais, surtout, le testament de Jekyll, qui placé en ouverture nous a prévenu qu’il allait raconter « une histoire effroyable », est détruit accidentellement. La vérité ne se fera pas jour et cela signifie que tout peut recommencer.

Anecdotes
Sortie britannique : 7 novembre 1971. Sortie US : avril 1972 Sortie française : 15 juin 1975
Film produit par Albert Fennell et Brian Clemens.
Réalisation : Roy Ward Baker. Réalisateur, producteur et scénariste britannique (1916-2010), il commence par des petits boulots avant de devenir assistant d’Hitchcock sur Une femme disparaît (1938). Il débute sa carrière de réalisateur avec L’homme d’octobre (1947). Il travaille un temps à Hollywood avant de revenir en Angleterre. Durant les années 50-60, il fut un des piliers du cinéma britannique avant de retourner à la télévision. On lui doit Troublez-moi ce soir (1952), Atlantique, latitude 41 (1958), Les monstres de l’espace (1967), The vampire lovers (1970), Les cicatrices de Dracula (1970), Asylum (1972), Les sept vampires d’or (1974). Pour la télévision, il réalisa des épisodes de Chapeau melon et bottes de cuir, Le Saint, Alias le Baron, Amicalement Vôtre, Les Champions.
Scénario : Brian Clemens, d'après le roman « L’Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde », de Robert Louis Stevenson. Brian Clemens est connu pour avoir été le maître d’œuvre de Chapeau melon et bottes de cuir et des Professionnels.
Le tournage s'est déroulé aux studios d’Elstree,
Le film fut projeté en France le 20 novembre 2004 dans le cadre du Festival du film gay et lesbien de Paris.
C’est Brian Clemens qui suggéra le titre à sir James Carreras. Il l’avait trouvé en déjeunant au restaurant des studios Elstree avec Roy Ward Baker.
Le réalisateur David Price a par la suite effectué une nouvelle adaptation du roman en mettant de nouveau en scène un personnage de Hyde au féminin avec son Dr. Jekyll et Ms. Hyde (1995).
Martine Beswick a déclaré que ses scènes topless étaient à l'origine destinées à présenter une nudité frontale, mais elle était en désaccord avec le réalisateur Roy Ward Baker sur ce qu’il fallait montrer, et ils ne se sont pas parlé pendant une semaine. En revanche, elle accepta d’être intégralement nue quand Sister Hyde apparaît parce que, déclara-t-elle : « I understood that it was extremely important for that scene because she is birthed and she has no shame. »
Cette nouvelle variation du mythe créé par Stevenson fait coïncider son récit avec deux notoires éléments historiques que pourtant plus d'un demi-siècle sépare : Jack L’Éventreur (1888) et les meurtres du duo de « résurrectionnistes » Burke et Hare qui, en 1827-1828, assassinèrent plusieurs personnes pour fournir l’école d’anatomie de l’Université d’Édimbourg en cadavres. Les preuves n’étant pas formelles, le Lord Advocat sir William Rae offrit l’immunité à Hare s’il témoignait contre Burke. Ce dernier fut exécuté puis publiquement disséqué à l’Edinburgh Medical College.
Jack L’Eventreur : surnom donné à un tueur en série qui sévit dans le quartier londonien de Whitechapel entre août et novembre 1888. Le surnom vient d’une lettre reçue par une agence de presse, Central News, le 28 septembre 1888 qui débute par « Cher patron » et est signé « Jack the Ripper ». Cinq crimes lui sont attribués à coup sûr, cinq prostituées égorgées puis subissant des mutilations abdominales. Les théories abondent mais aucune ne fait l’unanimité. Jack l’Eventreur est aujourd’hui une figure importante du folklore populaire.
Ralph Bates/Dr Jekyll : acteur britannique (1940-1991), il débute au théâtre avant de devenir une figure montante de la Hammer dont le déclin le fait aller vers le petit écran. Il a joué au cinéma dans Une messe pour Dracula (1970), Les Horreurs de Frankenstein (1970), Lust for a vampire (1971), Sueurs froides dans la nuit (1972), Evil Baby (1975). Pour la télévision, Dear John (1986-1987). Il décède d’un cancer du pancréas.
Martine Beswick/Sister Hyde : actrice britannique née en Jamaïque, elle est d’abord mannequin. Au cinéma, on a pu la voir dans Bons baisers de Russie (1963), Opération Tonnerre (1965), Un million d’années avant JC (1966), Les femmes préhistoriques (1967), La Reine du mal (1974). Elle se fait plus rare ensuite : Nuit sanglante (1987), Le Flic de Miami (1990), La nuit de l’épouvantail (1995). Elle a également tourné pour la télévision : Des jours et des vies (1965), Opération Vol (1968, 1969), Night Gallery (1971), L’Homme qui valait trois milliards (1975, 1976), Pour l’amour du risque (1980), Santa Barbara (1985).
Gérald Sim/professeur Robertson : acteur anglais (1925-2014), il débute sa carrière juste après la Seconde guerre mondiale. Au cinéma, on a pu le voir dans Le silence de la colère (1960), Ah Dieu ! Que la guerre est jolie (1969), Frenzy (1972), Un pont trop loin (1977), Gandhi (1982), Jeu de guerre (1992). Il a aussi tourné pour la télévision : Chapeau melon et bottes de cuir (4 épisodes, 1962-1968), Alias le Baron (1967), L’homme à la valise (1967-1968), Amicalement Vôtre (1971), Angoisse (1974), Chapeau melon et bottes de cuir (« Le Lion et la Licorne », 1977), Les Professionnels (1978-1979), Bergerac (1984)
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Message  Camarade Totoff Mer 11 Avr 2018 - 14:21

Capitaine Kronos, chasseur de vampires (captain Kronos- Vampire Hunter, 1974) *


Résumé
Bretteur accompli, Kronos est un ancien soldat qui traque les vampires. Il est appelé par son ami, le docteur Marcus, dans un village où des jeunes filles sont attaquées et meurent après avoir connu un vieillissement prématuré. Pour Kronos, elles ont été victimes d’un vampire qui les prive de leur énergie vitale.

Critique
Après avoir magnifiquement renouvelé le thème du docteur Jekyll dans Docteur Jekyll et Sister Hyde, quoi de plus naturel pour la Hammer que de confier à Brian Clemens le soin de dépoussiérer le thème du vampire qui a fait la gloire de la firme. Malheureusement, malgré de bonnes idées, le scénario manque de surprises et surtout le film pèche par sa lenteur et son manque de rythme. Portant, il semblait pouvoir relever le gant avec un mélange de western et de cape et d’épée. En ceci, il annonce l’étrange Les sept vampires d’or qui mêlera vampirisme et kung-fu !

Visuellement, le film commence très fort et Brian Clemens semble exceller à trouver des images fortes comme la jeune femme au pilori que Kronos libère et qui deviendra sa compagne ou la chauve-souris suspendue à la croix de la pierre tombale. Quelques angles sont bien trouvés pour les premières attaques et, sur la toute fin, un lent travelling sur la coursive surplombant la salle où dort Caroline Munro fait passer un frisson d’angoisse. Sauf qu’entre les deux, c’est plat. Les décors naturels sont d’une banalité consternante et rappellent la forêt dans Dracula, prince des ténèbres ; sans doute parce que ce sont les mêmes probablement ! Le village est à peine esquissé et le manoir des Durward se résume à une façade gothique et une grande salle qui fait vraiment décor. On a connu Brian Clemens plus inspiré !

Pendant une grande partie du film, Kronos et son partenaire, le docteur Grost ne font pas grand-chose à part tendre des pièges inefficaces et deviser ou fumer avec l’air pénétré de ceux qui réfléchissent profondément. Le docteur Grost est un personnage intéressant à qui John Gates apporte une certaine sympathie mais c’est encore une figure du « sachant » bien connue des amateurs de films de vampires et qui ne manque pas de nous donner un cours, bref et pas dénué d’intérêt car Brian Clemens a une plume audacieuse. Dommage que le réalisateur, Clemens Brian, n’en fasse pas grand-chose, hormis peut-être une scène d’exécution d’un vampire pas piquée des vers. Bien filmé, avec un léger parfum d’ironie, ce passage se suit avec plaisir mais on garde cependant l’impression que c’est une saynète pour passer le temps.

En fait, tout le film se résume à la préparation de la bataille finale entre Kronos et le vampire. On a attendu une heure pour une scène de vingt minutes. Alors oui, elle est très bien rythmée et le duel à l’épée est un morceau passionnant. La mise en scène est intéressante : alors que Kronos et son adversaire ne cessent de bouger, les autres participants sont statiques car ils ont été plongés dans l’hypnose. Ce final débute par un coup de théâtre fantastique formidablement bien amené. Il n’en reste pas moins que près d’une heure de film s’est déroulée à une cadence paresseuse.

Le problème du manque de rythme se conjugue avec un autre, embarrassant également. L’acteur principal, Horst Janson, manque de charisme et ne paraît pas très impliqué. Pas étonnant que le personnage, censé devenir récurrent, ne soit jamais revenu ! Ensuite, les autres personnages sont de simples illustrations. On est ravi, par exemple, de revoir Ian Hendry dans un rôle de sale type mais c’est une scène purement gratuite ! Brian Clemens a donné un petit rôle à un acteur qu’il aimait bien mais le spectateur est le dindon de la farce. John Carson, qui incarne Marcus, est plus intéressant que dans L’invasion des morts-vivants mais ce n’est pas non plus le Graal. En fait, on devine assez vite ce qui va lui arriver. Le duo des Durward, Paul et Sarah, est plus intéressant car leurs liens sont ambiguës (d’autant que Lois Daine porte les cheveux courts et un habit d’homme, ce qui est audacieux et tendancieux pour l’époque) mais, là encore, le peu de charisme des acteurs empêche le récit de décoller. Le plus grand péché de Brian Clemens ici est de s’être montré incapable d’écrire et de faire vivre le personnage de Carla auquel Caroline Munro apportait sa fraîcheur et sa beauté. Ah ! Oui ! Elle est belle ! Brian Clemens la filme deux fois en clair-obscur complètement nue mais quelle utilité dans le récit ? Carla est le repos du capitaine Kronos et n’agit jamais par elle-même. Plusieurs scènes la montrent d’ailleurs parfaitement désœuvrée ! La Hammer n’a jamais été féministe mais Brian Clemens, qui avait pourtant su donner de l’ampleur à la Sister Hyde jouée par Martine Beswick, est ici d’un machisme confondant et scandaleux.

Anecdotes
Sortie anglaise le 7 avril 1974
Scénario et réalisation de Brian Clemens. Il s'agit de la seule réalisation de Brian Clemens.
Musique de Laurie Johnson, bien connu pour avoir composé celle des saisons 4 à 8 de Chapeau melon et bottes de cuir.
Le tournage s'est déroulé du 10 avril au 27 mai 1973 à Iver Heath, ainsi qu'aux studios d'Elstree.
La Hammer avait imaginé toute une série de films mettant en scène le capitaine Kronos, affrontant Frankenstein et Dracula, mais à la suite de l’échec commercial de ce premier film, les suivants furent annulés.
Présenté en France lors du 4e Festival du film fantastique de Paris en 1976, le film ne connut pas d’exploitation en salles.
Remarque intéressante : la croix ne protège que ceux qui ont vraiment la foi. Le scénariste et dessinateur de bande dessinée Yves Swolfe ne dira pas autre chose dans La lettre de l’inquisiteur, 2ème volume du « Prince de la Nuit », une histoire de vampire.
Mesmérisme : également appelé « magnétisme animal », c’est un ensemble de théories et de pratiques thérapeutiques de la fin du XVIIIème siècle développées par le médecin allemand Franz Anton Mesmer (1734-1815). Si, de son vivant, Mesmer fut considéré comme un charlatan par les autorités médicales, ses travaux sont à l’origine de théories sur l’hypnose.
Curiosité : une femme est agressée chez elle. Or, un vampire ne peut entrer quelque part s’il n’y est pas invité.
Lorsque le vampire affirme être « Karstein par naissance », il fait référence à "Carmilla" que la Hammer venait d’adapter sous forme de trilogie : The vampire lovers (1970), Lust for a vampire (1971) et Les sévices de Dracula (1971).
Selon le critique Richard Combs : « Ni horreur pure, ni parodie, le film emprunte à trop de genres (…) et trop vite pour qu’on puisse au final saisir le ton et le genre qui en résultent ».
Michael Carreras fut consterné par le résultat et considéra que l’équipe de Clemens n’avait pas « l’expertise souhaitée pour ce genre de matière première ».
Horst Janson/capitaine Kronos : acteur allemand, on l’a vu au cinéma dans Le glaive et la balance (1963), La percée d’Avranches (1979) et dans de nombreuses productions allemandes.
Caroline Munro/Carla : actrice anglaise, elle débute comme mannequin dès 1965. Elle débute au cinéma dans Casino Royale (1967). Pour la Hammer, elle tournera dans Dracula 72 (1972) et fut envisagée pour Frankenstein et le monstre de l’enfer. On la verra dans Le fabuleux voyage de Sinbad (1973), L’espion qui m’aimait (1977), Maniac (1980), Les Frénétiques (1982), Les prédateurs de la nuit (1988). On a pu la voir à la télévision dans Chapeau melon et bottes de cuir (1977), Un privé sous les tropiques (1992), Inspecteur Barnaby (2013).
John Gates/Grost : acteur britannique (1932-2009), il s’agit pratiquement de son dernier film. On l’a vu au cinéma dans Alfie le dragueur (1966), Le magot (1970), L’abominable Dr Phibes (1971) mais l’essentiel de sa carrière s’est déroulée à la télévision : Z Cars (1962-1971, 7 épisodes), Chapeau melon et bottes de cuir (1936-1967, 3 épisodes), Emergency Ward-10 (1965), Docteur Who (1966, 4 épisodes), Alias le Baron (1967), Departement S (1969), The Black Tulip (1970), Angoisse (1975), The Duchess of Duke Street (1976-1977), Inspecteur Morse (1989), Jeeves and Wooster (1993), Inspecteur Barnaby (1998, 2007).
Shane Briant/Paul Durward : acteur et écrivain britannique, il vit en Australie depuis 1983. On a pu le voir dans Le baron rouge (1971), Le Piège (1973), L’amant de lady Chatterley (1981), Cassandra (1986), The Lovers (2013).
Lois Daine/Sarah Durward : actrice britannique, vue au cinéma dans Un homme pour le bagne (1960), Les Hauts de Hurlevent (1970) mais surtout à la télévision : Mary Barton (1964), L’homme à la valise (1967), Coronation Street (1970, 1974), Couples (1975-1976), The Tale of Beatrix Potter (1982), The Bill (1993-1994).
Ian Hendry/Kerro : acteur britannique (1931-1984), mort d’une hémorragie à l’estomac le 24 décembre 1984. Il a tourné pour le cinéma : Les chemins de la haute ville (1959), L’étrange mort de Miss Gray (1963), Repulsion (1965), La colline des hommes perdus (1965), Danger, planète inconnue (1969), Théâtre de sang (1973), Profession : reporter (1975). Il a aussi tourné pour la télévision : Destination danger (1965), Le Saint (1969), Amicalement vôtre (1971), Bergerac (1981). Il fit partit de la distribution initiale de Chapeau melon et bottes de cuir (1961) avant de retrouver The New Avengers (1976).
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Message  Camarade Totoff Jeu 26 Avr 2018 - 13:49

Dracula et les femmes (Dracula has risen from the grave, 1968) ***

Résumé
Alors qu’il avait été vaincu auparavant, le comte Dracula parvient à revenir à la vie grâce à un prêtre damné. Il veut alors assouvir sa soif de sang et tirer vengeance de celui qui a condamné l’accès à son château.

Critique
Pour la première fois, ce film ne doit rien au roman de Bram Stocker hormis le comte évidemment et le final qui s’apparente à un pastiche. Si l’histoire n’a pas la force des précédents films, elle reste de bonne qualité et la réalisation de Freddie Francis est à la hauteur de celle de Terence Fisher. Peu concerné par la mythologie fantastique, le réalisateur va s’attacher à la dimension plastique de son film.

Une image forte au début donne le ton : l’église du village en contrebas du château est vide. Plus fermement que Fisher, Francis accentue la dimension blasphématoire de Dracula. Si son principal adversaire est Monseigneur Muller, on trouve un prêtre lâche et veule qui va devenir le principal valet du comte et le personnage de Paul est ouvertement athée. En outre, le premier crime est commis dans une église. A aucun moment, le prêtre damné n’aura de nom, ce qui en fait un archétype de ces ecclésiastiques ayant choisi l’Église catholique sans avoir la foi. Il est aussi l’image vivante de la damnation. Ewen Hopper la montre physiquement à l’œuvre à travers le dos voûté, l’accablement permanent, la peur qui ronge de l’intérieur, la certitude que ce qu’il est en train de faire est mal tout en étant incapable de refuser. La réussite de cette interprétation laisse ouverte la possibilité qu’il puisse se racheter et trouver une forme de rédemption.

John Elder parvient à renouveler la figure de l’adversaire en la dédoublant. Monseigneur Muller a un rôle clé au départ mais il disparaît la moitié du film pour ne jouer qu’un rôle secondaire mais déterminant dans le final. Non seulement il est le « sachant » mais, pour la première fois, il est passeur car il transmet son savoir à Paul pour que celui-ci puisse protéger Maria, sa fiancée prise dans l’étau du comte. Dans Le cauchemar de Dracula, Arthur Holmwood se contentait de suivre Van Helsing. Ici, Paul suit des instructions mais agit par lui-même et c’est lui qui doit sauver la jeune femme. Rupert Davies s’inscrit dans la lignée ouverte par Peter Cushing mais l’âge de l’acteur (52 ans) l’exclut des scènes « d’action » alors que Peter Cushing y participait lui-même ; d’où la création de Paul correctement interprété par Barry Andrews qui manifeste une belle et saine énergie. Que Paul soit étudiant n’est pas tout à fait crédible par contre.

Par sa réalisation, Freddie Francis donne au film une dimension métaphysique intéressante. D’abord, il parvient, avec l’aide de décorateurs plutôt inspirés, à donner l’illusion d’une ascension en montagne ; ce qui était n’était pas du tout le cas dans Dracula, prince des ténèbres. Du coup, ici, la montée vers le château est une vision inversée de la descente vers l’Enfer. En outre, lors de la poursuite sur les toits de la ville, le réalisateur fait le parallèle avec cette même montée : Dracula est dans la ville ! Le vertige physique est ainsi mis en parallèle avec le vertige psychologique que représente le pouvoir de séduction du comte. Les scènes de déambulation sur les toits ont également une certaine poétique.

Si le titre français est sensationnaliste, il n’est pourtant pas complètement faux. Ceci dit, cette dimension du film n’est pas la plus originale puisqu’il reprend le schéma du roman et des précédents films, deux femmes victimes. L’une succombe et devient servante, l’autre est sauvée. Barbara Ewing se sort plutôt bien du rôle un peu ingrat de « hors d’œuvre » par la gouaille qu’elle a du « vivant » de son personnage, de sa dimension « canaille » et de sa jalousie envers Maria. Elle ne rivalise pas en beauté avec Veronica Carlson qui fait ici son entrée dans le panthéon des « Hammer’s Girls ». Magnifique, elle est parfaitement mise en valeur par Freddie Francis qui a une astuce bien dans le goût de la Hammer pour marquer l’affermissement de l’emprise du comte sur Maria : il dénude à mesure son actrice. Si le pli reste sobre, le basculement du studio vers plus de sang et d’érotisme est patent. Quand le comte entre pour la première fois dans la chambre de Maria, la caméra se met en plan fixe et on voit Veronica Carlson reculer vers son lit puis tourner le cou et s’allonger. La posture érotique est nette mais, surtout, la réalisation met le spectateur à la place de Dracula ! La séduction opérée par le comte est mise en parallèle avec notre voyeurisme. Si l’on ne voit pas la morsure (qui est un signe de possession dans les représentations symboliques), le jeu des visages qui se frôlent est éminemment sensuel. Le jeu des gros plans participent pleinement à l’action : ce que nous ne voyons pas est suggéré assez nettement pour que le spectateur « complète » les vides de la narration.

En Dracula, Christopher Lee reste prodigieux et, miracle !, il retrouve des lignes de texte ! Il a peu à dire mais ces paroles, rares, participent de la posture du comte : il est le maître qui ordonne, fustige, séduit ou condamne. Dans les poses hiératiques caractéristiques du monstre, l’acteur anglais est fabuleux. Il rayonne d’un charisme sombre et manifeste aussi une grande force physique. Par contre, dans le final, il en fait un peu trop et la « mort » du comte est beaucoup trop théâtrale et peu convaincante.

Anecdotes :
Sortie anglaise : 24 novembre 1968 Sortie française: 3 juin 1969
Scénario :  John Elder (Anthony Hinds)
Réalisation : Freddie Francis. Né Fredeick William Francis (1917-2007), il débute comme photographe à 16 ans, sert dans le service de propagande cinématographique durant la guerre. Il travaille avec John Huston comme caméraman sur Moulin Rouge  (1952) et Moby Dick (1956). Il fait ses premières armes comme directeur de la photographie de seconde équipe. Il obtient un Oscar pour Amants et fils de Jack Cardiff. C’est la Hammer qui lui propose de passer à la réalisation avec Paranoïaque  (1963) puis Meurtre par procuration (1964), L’empreinte de Frankenstein  (1964), Le train des épouvantes (1965), Le clan du Diable  (1973). Le déclin du fantastique l’amène vers la télévision : Sherlock Holmes et Docteur Watson (1980). David Lynch le convainc de reprendre son rôle de directeur de la photographie pour Elephan Man (1980) relançant sa carrière à ce poste : La maîtresse du lieutenant français  (1981), Dune (1984), Glory (1989), Une histoire vraie (1999).
À l’origine, le projet devait être réalisé par Terence Fisher, qui fut empêché par un accident de la route le blessant à la jambe.
Une campagne promotionnelle de grande envergure accompagna la sortie de Dracula et les femmes, phénomène inédit pour un film d’épouvante à petit budget.
Pour l’unique fois de la série, la présence du vampire est signalée par une auréole écarlate encadrant l'image (sauf dans la destruction finale). Le filtre qui servit à cet effet appartenait personnellement à Freddie Francis qui s'en était servi pour la photographie (en noir et blanc) de Les Innocents (1961) de Jack Clayton.
Le tournage du film fut honoré de la visite officielle de la reine Elizabeth II.
Pour la troisième fois, Christopher Lee y incarne le vampire, après Le Cauchemar de Dracula (1958) et Dracula, prince des ténèbres (1966). Dorénavant désolidarisé de la série, il ne consentira à participer aux épisodes ultérieurs que par amitié pour des producteurs en détresse financière.
Le film reçut de bonnes critiques de la part de Telerama, Les Lettres françaises et Minute !
Entre les prises de vues, Veronica Carlson, ancienne étudiante en art, réalisait des esquisses de Christopher Lee.
Ce film marque les débuts d’un nouvel accord de distribution pour les États-Unis avec la Warner avec qui James Carreras avait signé avant d’avoir vérifié si Christopher Lee était disponible ! Il offrit à ce dernier un salaire supérieur au tarif habituel que l’acteur accepta.
Ce fut le film le plus rentable de la série.
La bande-annonce décrivait Veronica Carlson comme « la plus belle victime de Dracula ».
Rupert Davis/Monseigneur Ernest Muller : acteur britannique (1916-1976), il a joué dans La Clé (1958), Opération Scotland Yard (1959), Les 13 fiancées de Fu Manchu (1966), Le cercueil vivant (1969).
Veronica Carlson/Maria Muller : mannequin et actrice britannique née Veronica May Glazer, c’est après l’avoir vu en photo portant un bikini dans The Sunday Mirror que James Carreras voulut l’engager. On a pu la voir dans les requins volent bas (1968), Le retour de Frankenstein (1969), Les horreurs de Frankenstein (1970), Les temps sont durs pour Dracula (1974). Elle se retire ensuite pour devenir peintre.
Barry Andrews/Paul : acteur britannique, c’est son premier rôle au cinéma. Ensuite, on le verra dans La nuit des maléfices (1971), L’espion qui m’aimait (1977), Les loups de haute mer (1980). Il a également joué pour la télévision : Le Saint (1969), Département S (1970), Le club des cinq (1978), Le retour du Saint (1979), Docteur Who (4 épisodes, 1979), The Bill (1989, 1993).
Barbara Ewing/Zena : actrice britannique, on l’a vu au cinéma dans Le jardin des tortures (1967), L’arme à l’œil (1981), L’île aux baleines (1989) mais plus souvent à la télévision : The Guardians (1971), Sam (1973-1975), Couples (1976), La maison de tous les cauchemars (1980), The Bill (1992, 1993, 1994, 1997), Casualty (1993, 1999, 2007).
Ewan Hopper/le prêtre : acteur écossais, il a joué au cinéma dans Comment j’ai gagné la guerre (1967), Jules César (1970) mais principalement pour la télévision : Chapeau melon et bottes de cuir (1966), L’homme à la valise (1968), Hunter’s Walk (1973-1976),  Le crime est notre affaire (1984), Hercule Poirot (1991), La fureur dans le sang (2003).
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Message  Camarade Totoff Ven 25 Mai 2018 - 14:30

Frankenstein créa la femme (Frankenstein created Woman, 1967) ****


Résumé
Frankenstein poursuit ses travaux : il est certain de pouvoir transférer une âme d’un corps dans un autre ! Des circonstances tragiques vont lui permettre de réaliser sa sinistre opération.

Critique
A la fois une pure merveille et une sainte horreur ! Le scénario de John Elder (alias Anthony Hinds) renouvelle le concept des Frankenstein  tandis que Peter Cushing assure la continuité et fait évoluer son personnage. Ce film réalise un délicat et subtil alliage ; celui de la science et de l’ésotérisme. En effet, dans cet opus, le baron – qui officie sous son vrai nom cette fois – ne cherche plus à créer un corps mais à transférer une âme ! John Elder pousse le scientisme du docteur jusqu’au bout car, si la chirurgie est une science, l’âme est une notion religieuse et non un concept scientifique. A moins de verser dans la métaphysique. A mi-chemin du film (le moment de bascule), Frankenstein explique à son assistant qu’il a « vaincu la mort ». Comme ledit assistant est particulièrement benêt, l’explication de Frankenstein s’adresse tout autant au spectateur qu’à lui ! Le scénariste cherche à nous attirer dans les rets du baron en nous faisant suivre la démonstration. Si les précédents opus relevaient de la science-fiction, celui-ci flirte avec le fantastique et ça marche !

La « dimension fantastique » (pour reprendre l’expression de Barbara Sadoul) débute en fait dès le commencement du film avec cette scène de guillotine. Laquelle fait écho aux deux films précédents mais elle devient aussi un sinistre « fil rouge » scandant les différents chapitres du film et jouant un rôle capital. Est-ce pour contrebalancer ce côté résolument noir que John Elder a écrit le rôle du docteur Hertz, qui est en tout point l’opposé du docteur Frankenstein, ainsi qu’il le dit lui-même ? Le premier est aussi crétin que le second est brillant, aussi porté sur la boisson que l’autre est sobre mais aussi gentil et attentionné (comme en témoigne ses attentions envers Christina) que Frankenstein est impitoyable. Il est un contrepoint comique qui allège la tension, évite le sérieux empesé sans jamais faire verser le film dans la parodie. Thorley Walters réalise un sans-faute dans l’interprétation subtile de son personnage.

Un second contre-point existe et il est inédit dans la saga : l’amour ! Si le baron en est préservé (comme Sherlock Holmes à qui Peter Cushing a justement prêté ses traits), ce n’est pas le cas des deux jeunes gens que sont Hans et Christina. Terence Fisher filme avec sa pudeur habituelle et apporte un temps de tendresse rare et, hélas, vain. Nous sommes chez Frankenstein. Il ne saurait y avoir de la place pour du sentimentalisme. On a même la plus parfaite expression du cynisme du baron ! Certains critiques le juge « bienveillant » mais, s’il fait preuve d’un certain sens de la justice, son égoïsme foncier l’empêche d’accéder à la réelle bienveillance. Robert Morris est un interprète correct pour Hans mais sans génie particulier. En revanche, Susan Denberg accroche le regard d’emblée. Elle a un rôle à deux facettes à jouer et elle réussit à jouer les deux sans anicroches. Elle est une des « Hammer’s Girls » à avoir un véritable rôle et sans que son physique ne soit absolument dévoilé. Lorsque Christina aguiche successivement les trois dandys, elle ne montre pas grand chose mais promet beaucoup plus ! Là est l’érotisme mais la Hammer oubliera la leçon.

Le décor du laboratoire évolue peu mais on notera la disparition des cornues et autres fioles qui sont remplacées par des câbles, des mécanismes, des barres pour conduire la chaleur. Comme si, au moment où la saga glisse vers le fantastique, les décorateurs de la Hammer cherchaient à maintenir ladite saga dans le « réel » scientifique.

La science est présente également à travers la génétique mais c’est néanmoins la dimension « spirituelle » voire morale de la transmission qui intéresse le scénariste. Que doit-on à son héritage ? L’antienne « Tel père, tel fils » joue un rôle crucial et abominable ici. Sommes-nous libres ? Ce questionnement métaphysique n’est jamais énoncé clairement par Frankenstein mais tous les actes de ce dernier hurlent que non.

Anecdotes :
Sortie anglaise : 18 juin 1967 Sortie française : le 8 novembre 1967
La Hammer essaya d’engager Brigitte Bardot pour un premier projet en 1957.
Dans la peinture originale de Tom Chanterelle pour l’affiche britannique, la jeune femme à gauche de l’image avait les seins nus.
Le budget était de 140 000£
Susan Denberg/Christina : actrice anglaise, née en Pologne sous le nom de Dietlinde Ortrun Zechner, elle arrive à Londres en 1962. Elle rejoint la troupe des Bluebell. Elle prend le nom de Susan Denberg pour son premier rôle, dans  American Dream. Elle joue dans un épisode de Star Trek. Susan Denberg fut Miss Août dans le magazine Playboy en 1966. Sa carrière s’acheva peu après dans une dépression nerveuse exacerbée par la drogue. Ce fut son dernier film. Pour le rôle de Christina, la Hammer lui versa un salaire de 12000 £, une somme fabuleuse !
Thorley Walters/Hertz a joué dans Dracula, prince des ténèbres. C’est un acteur récurrent de la Hammer.
Peter Blythe/Anton : acteur britannique (1934-2004), il a joué au cinéma dans Le gentleman de Londres (1966), Alfred le Grand, vainqueur des vikings (1969) mais l’essentiel de sa carrière s’est déroulé à la télévision : Chapeau melon et bottes de cuir (1966, 1967), L’homme à la valise (1967), Napoléon and Love (1974), Le crime est notre affaire (1983), Hercule Poirot (1992)
Peter Madden/chef de la police : acteur britannique (1904-1976) né Dudley Frederick Peter Butler Madden. On a pu le voir au cinéma dans Exodus (1960), Bons baisers de Russie (1963), Le train des épouvantes (1965), Le Docteur Jivago (1965), La vie privée de Sherlock Holmes (1970), Frankenstein et le monstre de l’enfer (1973). Il a aussi tourné pour la télévision : Destination danger (1964-1965), Sherlock Holmes (1965, 1968), Chapeau melon et bottes de cuir (1961, 1966, 1969), Le Saint (1966, 1969).
Robert Morris/Hans : acteur britannique, vu au cinéma dans Les monstres de l’espace (1967) mais la plupart du temps, il tourne pour la télévision : Chapeau melon et bottes de cuir (1964), Le Saint (1968), Menace (1973), Angoisses (1974), The Bill (1988).
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Message  Camarade Totoff Mar 17 Juil 2018 - 14:17

La Gorgone (The Gorgon, 1964) **

Résumé
Depuis longtemps, le village de Bandorf vit dans la peur d’une créature qui hante le manoir Borski. A la suite d’un nouveau drame, le professeur Heintz entreprend de résoudre le mystère mais il se heurte à une « conspiration du silence » avant de succomber lui aussi. Son fils Paul, aidé par son mentor, le professeur Meinster, s’attaque à son tour à ce qui terrifie tout un village.

Critique
Il y avait de l’idée dans ce film ; un scénario intéressant, une réalisation pertinente et une distribution faite de bons acteurs. Il renvoie au romantisme noir et fait même penser à Jean Ray. Néanmoins, il ne convainc pas tout à fait, notamment parce que son budget excessivement limité rejaillit sur la qualité. Le maquillage est particulièrement nul, ainsi que l’affirma lui-même Christopher Lee dans une interview à Midi-Minuit Fantastique  (n°14, juin 1966) et les trucages sont parmi les plus faibles jamais utilisés par la Hammer. Même l’ambiance musicale n’a rien de spécifique. Ajoutons que la Hammer commet une faute en transposant le thème mythologique inédit dans le cadre gothique habituel. Les décors perdent ainsi tout mystère d’entrée de jeu.

Il y a pourtant de nombreux points positifs ; à commencer par l’histoire. Le mystère de la créature est vite révélé mais ce n’est qu’à la toute fin que cette révélation déclenche l’action. Auparavant, cela relève du non-dit (la scène de la cour de justice au départ est ainsi évidente), de la controverse universitaire (Heintz face à Namaroff) ou de la négation (Paul et Meinster). Avec un réalisateur moins inspiré que Terence Fisher, le spectateur se dirait que le scénario « tourne autour du pot » mais, en réalité, c’est moins la réalité de la Gorgone qui est intéressante que ce que cause la peur de la Gorgone. Tout comme, plus tard, La femme reptile, c’est lorsque le monstre se montre qu’il cesse d’effrayer. Ainsi, tout au long du film, nous sommes confrontés à une communauté repliée sur elle-même, qui, à la différence de celle dans Dracula et les femmes par exemple, qui craignait ouvertement le monstre, a littéralement peur de son ombre. En effet, alors que l’on peut voir le vampire, personne ne peut regarder Méduse – puisqu’il s’agit d’elle – et aller en parler ! Le refus de voir est donc à la fois littéral et métaphorique.

Face à la peur, deux attitudes possibles. La nier ou l’affronter. Ce dualisme structure le film à travers diverses oppositions ; lesquelles dispersent la traditionnelle figure du « sachant », indispensable dans les films à énigmes. Dans le premier cas, nous trouvons le docteur Namaroff incarné avec subtilité par Peter Cushing. C’est un des rares films où il n’est pas un héros positif. Namaroff sait mais il ment, il élude, il se réfugie derrière des faux-fuyants. Là où le film pèche, c’est précisément d’avoir confié ce type de personnage à quelqu’un à la aussi forte personnalité que Peter Cushing. Malgré un jeu posé quand il se sent en position de force, saccadé lorsque Namaroff s’agace, le charisme de l’acteur lui donne trop de force par rapport à ce qu’il devrait montrer. Son final est en revanche parfaitement réussi.

Une autre faiblesse du film tient justement à la dislocation de l’autre attitude, celle des combattifs. Ils ne sont pas moins de trois ! Si Michael Goodliffe incarne avec autorité la figure du père en deuil qui sait ce qu’il y a réellement derrière la mort de son fils, Richard Pasco, qui promène une mine renfrognée tout au long des longues minutes qu’il passe à l’écran, manque clairement de charisme. Le problème du personnage est de servir de transition entre le professeur Heintz qui sait mais ne peut agir et le professeur Meinster qui ne sait pas mais comprend et peut agir. Christopher Lee (qui, pour une fois, n’est pas le méchant) a l’habitude de débarquer au milieu du film. Ici, mise à part une très brève scène, il n’intervient réellement qu’à la 50ème minute…sur 83 ! Dommage que l’acteur soit affublé d’un maquillage et d’une sorte de déguisement improbable qui le rendent plus ridicule que sérieux universitaire ! Il demeure également frustrant que ce choix narratif réitère jusqu’à la répétition la confrontation stérile entre les deux positions. Certes, il y a de petites évolutions mais une impression de pesanteur finit par tomber. Frustration aussi que Lee et Cushing ne se retrouvent qu’à la 70ème minute et ne jouent réellement ensemble que cinq minutes. Notons toutefois qu’à l’exception du trop méconnu Terreur dans le Shanghai-Express (1972) ou du Chien des Baskerville (1959), c’est une des rares fois où ils ne sont pas ennemis.

Le film est aussi intéressant par sa figure féminine principale. Barbara Shelley trouve ici un de ses meilleurs rôles pour la Hammer. Alors que la figure traditionnelle du héros est explosée entre plusieurs interprètes, l’unicité de la figure féminine en fait le personnage principal ; ce qui n’est pas si courant chez la Hammer. A bien y regarder, la surprise est moins grande lorsque l’on sait que le scénariste, John Gilling, réalisera plus tard La femme reptile dont le thème est assez proche. En outre, mise à part en ouverture un bref aperçu pudiquement filmé comme toujours chez Fisher d’un dos nu d’un modèle, le film ne joue pas la carte habituelle du « décolleté Hammer ». C’est un portrait touchant que nous livre Barbara Shelley dans son interprétation de Carla. Sa fragilité éclate dans de multiples scènes et si elle suscite le désir de protection des hommes, elle leur échappe pourtant tout le temps. Jamais Carla ne s’oppose frontalement (sauf une fois) à Namaroff alors que la sollicitude du médecin d’abord paternaliste puis nettement romantique finit par devenir inquiétante. Jamais elle ne minaude quand Paul la courtise alors qu’elle semble jouer la valse-hésitation en changeant d’avis. Ce n’est jamais montré comme de la coquetterie mais plutôt comme la manifestation d’une psyché instable. A moins que ce ne soit un trouble médical car le scientisme ne dépose pas facilement les armes. Là encore, La Gorgone annonce La femme reptile. Pour une fois également, le final ne donne pas cette impression d’être précipité bien qu’il condense beaucoup d’action et nous fait éprouver plusieurs émotions presque immédiatement mais, au contraire, hormis une grave faute de production, comme très bien maîtrisé malgré ses contraintes.

Anecdotes
Scénario : John Gilling
Réalisation de Terence Fisher
Sortie anglaise : 18 octobre 1964. Sortie américaine : 17 février 1965
Le film est resté inédit en France. Il est présenté sous le titre Les Gorgones le 15 octobre 1997 au festival de Cherbourg. En Belgique, il s’appelle Gorgone, déesse de la terreur.
Selon la VO, il ne s’agit pas de Méduse mais de Mégère sauf que cette dernière est une Érynie et non une Gorgone.
Contrairement à ce que dit le professeur Heintz, seule Méduse changeait en pierre ceux qui croisait son regard.
En 1963, les relations entre la Hammer et la Columbia, son distributeur traditionnel, devinrent tendus car la Columbia était frustrée par les films qui s’écartaient de la forme d’horreur gothique. Le producteur James Carreras fournit en réponse La Gorgone et Les Maléfices de la momie.
Des serviettes en papier furent un gadget inhabituel utilisé pour promouvoir le double programme.
Richard Pasco/Paul Heintz : acteur anglais (1926-2014), on l’a vu au cinéma dans Le serment de Robin des Bois (1960), Raspoutine, le moine fou (1966), Les yeux de la forêt (1980) mais l’essentiel de sa carrière s’est faite à la télévision : Robin des Bois (1956-1958), Maupassant (1963), The Three Musketeers (1966-1967), Julius Caesar (1979), Inspecteur Morse (1992).
Michael Goodliffe/Professeur Jules Heintz : acteur anglais (1914-1976), homme de théâtre, il fut membre de la Royal Shakespaere Company. Au cinéma, on a pu le voir dans La mort apprivoisée (1949), La bataille du Rio de La Plata (1956), Atlantique, latitude 41° (1958), La nuit des généraux (1967), L’homme au pistolet d’or (1974). Il a aussi tourné pour la télévision : L’Homme invisible (1959), Le Saint (1963), Chapeau melon et bottes de cuir (1966), L’Homme à la valise (1967), Poigne de fer et séduction (1974). Dépressif, il se suicida.
Patrick Troughton/Inspecteur Kanof : acteur britannique (1920-1987), il est le premier acteur à avoir incarné Robin des Bois à la télévision. Il a joué au cinéma dans L’Évadé de Dartmoor (1948), Jason et les Argonautes (1963), Les cicatrices de Dracula (1970), La Malédiction (1976). A la télévision, il est connu pour avoir interprété le Deuxième Docteur dans Docteur Who (1966-1969), rôle qu’il reprend dans deux téléfilms (1983, 1985).
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Message  Camarade Totoff Ven 27 Juil 2018 - 13:59

Une messe pour Dracula (Taste the blood of Dracula, 1970) **




Résumé
Trois bourgeois victoriens en mal de sensations fortes participent à une messe noire qui tourne mal et qui permet la résurrection du comte Dracula. Lequel entreprend de venger son serviteur victime des trois coquins.

Critique
Avec ce film, la Hammer commence à entrevoir son déclin. Malgré une idée intéressante et originale, cette quatrième histoire du comte Dracula tourne un peu à vide et convainc nettement moins. La faute à quelques erreurs factuelles, à un casting moyen, à un final très médiocre et, aussi, à un Christopher Lee pas très motivé.

L’idée de la vengeance n’aurait rien eu d’originale (c’était le thème du 3ème) si, pour une fois, le comte ne faisait pas preuve d’un peu d’altruisme. Il veut punir les trois imbéciles qui ont été complètement dépassés lors de la messe noire (une des meilleures scènes avec un Ralph Bates qui faisait ses débuts et montre déjà un charisme intéressant) et ont retourné leur peur en violence contre le serviteur du comte qui voulait ramener celui-ci à la vie. Ce qui est le cas au terme d’un procédé absolument pas canonique et, pour tout dire, disons, surprenant, pour rester courtois. Dracula va alors utiliser les enfants des trois bourgeois pour les retourner contre eux et les assassiner. Nouveau Monte-Cristo, Dracula collectionne les succès comme jamais !

Le portrait des trois Stooges est intéressant. Sous la respectabilité bourgeoise, ce sont trois jouisseurs. On lorgne vers une ambiance à la Dorian Gray ou à la Jekyll. William Fargood est un ivrogne à qui Geoffrey Keen donne à la fois une force brutale, un vernis social et le montre aussi répugnant que possible. Peter Sallis incarne Samuel Paxton, le suiveur de la bande que sa lâcheté conduira à sa perte au terme de scènes alternant émotion (on songe à Arthur Holmwood du Cauchemar) et horreur. Le dernier, Jonathan Secker, est joué par John Carson, que l’on connaît bien et qui tient là son meilleur rôle pour la Hammer ! C’est l’originalité de cet opus : les « héros » n’en sont pas. La victoire finale ressemble à celle du précédent film en encore moins bien.

La faute des pères retombera sur les enfants. C’est très biblique comme problématique pour un film sur Dracula ! Mais c’est très intéressant car le film développe une thématique sur les luttes générationnelles  et il est dommage que le film manque d’énergie. Pour les enfants, mis à part un jeune homme inintéressant, il y a deux jeunes femmes et l’on retrouve évidemment le schéma classique avec cette petite nuance que l’une d’entre elle, Alice, jouée par Linda Hayden, est soumise mais toujours vivante. Ce qui est d’ailleurs invraisemblable. La jeune actrice avait été choisie pour donner une image d’innocence et c’est pleinement réussi sur ce plan. Elle participe pleinement à l’action et est un atout pour le film. L’actrice n’a cependant pas le charme ni le talent de Veronica Carlson ou de Barbara Shelley. Quant à son fiancé, il est là pour se plaindre du père, tourner en rond puis devenir un héros dans les dix dernières minutes. On a connu des évolutions plus convaincantes ! Par contre, le rôle du policier, qui devrait être parfaitement anecdotique, puisqu’il ne sert à rien, est transcendé par Michael Rippert, un habitué de la Hammer qui parvient à s’imposer.

La Hammer a fait des efforts pour ce film, notamment financiers. Les décors sont nombreux, soignés et parfaitement adaptés à chaque ambiance. On a ainsi le [censuré] très coloré (avec quelques nus fugaces, signe de l’évolution du studio vers plus d’érotisme et de violence), les appartements cossus de nos bons bourgeois et, bien sûr, la chapelle où se passe l’essentiel de l’action. Son habillage pour la messe noire est très réussi. Les décorateurs ont réussi à marier les ruines traditionnelles à un nouveau décor.

Peter Sasdy hérite d’un rôle compliqué avec celui de réalisateur de cet opus. Il s’y applique et c’est plutôt pas mal. La manière dont il filme la prostituée qui danse avec un serpent (emprunt aux Deux visages du docteur Jekyll) est rapide, fluide, restituant l’atmosphère licencieuse et fin de siècle. Citons également la fuite d’Alice devant son père ivre qui est tendue et ne s’apaise qu’avec l’apparition de Dracula ! Le monstre devient le sauveur ! La mise à mort de Paxton est un moment vraiment horrible par la violence de la scène…même si le sang, d’un très beau rouge que Terence Fisher aurait adoré (on a aussi le miroir que le réalisateur affectionne) jaillit d’une manière pas tout à fait convaincante. Enfin, la défaite de Dracula est filmée avec une énergie maîtrisée, rapide car le monstre est brutalement désorienté mais brève pour en accentuer la force. Dommage alors que Christopher Lee en fasse trop et que ce final s’avère, au final, décevant. Un peu à l’image du film.

Anecdotes :
Sortie anglaise : juin 1970  Sortie américaine : 16 septembre 1970 Sortie française : 7 octobre 1970
Scénario : John Elder
Réalisation : Peter Sasdy. Né en Hongrie, il émigre en Grande-Bretagne en 1956 et travaille pour la télévision avant d’être engagé par la Hammer. Une messe pour Dracula est son premier film. Il tourne ensuite La fille de Jack L’Éventreur (1971) et Comtesse Dracula la même année puis se fixe au Canada en 1975 et se consacre à la télévision : Le retour du Saint, (1978-1979), La maison de tous les cauchemars (1980).
Quand Paul porte Lucy, censée être morte, dans ses bras, on voit très nettement le bras de l’actrice bouger. Son partenaire ne devait pas bien la tenir !
Christopher Lee annota sa copie du scénario marquant sa frustration : « Ridiculous » écrivit-il p. 99
Christopher Lee demandait plus cher pour reprendre le rôle. La Hammer tenta de le remplacer par Ralph Bates mais la Warner refusa de financer le film sans Lee.
A l’origine, le film devait être un « Dracula sans Dracula » à la manière des Maîtresses de Dracula.
Dans la plupart des copies exploitées du film, de notables coupes furent pratiquées puis ultérieurement corrigées. L'essentiel des coupes concernait la séquence de visite de la maison close par les trois bourgeois.
Épuisé et en mauvais terme avec la Hammer, Anthony Hinds démissionna du conseil d’administration le 20 mai 1970. En 1987, Don Sharp dira : « Je pense que personne ne pouvait remplacer Tony Hinds avec cette même compréhension des intrigues de base pouvant s’adapter à tous les genres (…). Pour moi, Tony Hinds était la Hammer. »
L'acteur Vincent Price devait initialement assurer le rôle d’un quatrième bourgeois convié à la messe satanique. Mais le budget trop restreint obligea la production à libérer le comédien de son contrat.
Linda Hayden/Alice Fargood : actrice anglaise, elle débute dans un rôle de Lolita avec Baby Love (1968). Elle accepta le rôle d’Alice en partie parce qu’elle ne devait pas ôter ses vêtements. Elle joue ensuite dans Blood on Satan’s Claw  (1971) considéré comme son meilleur film et aussi Vampira (1974). Elle se retire en 1984.
Anthony Corlan /Paul Paxton : acteur britannique né Anthony Higgins, vu au cinéma dans Promenade avec l’amour et la mort (1969), Le cirque des vampires (1972), Flavia la défroquée (1974), Les aventuriers de l’arche perdue (1981), Le secret de la pyramide (1985). A la télévision, on a pu le voir dans Meurtre à l’anglaise (2004), Miss Marple (2010).
Geoffrey Keen/William Fargood : acteur britannique (1916-2005), vu au cinéma dans L’île au trésor (1950), Rapt (1952), Face the Music (1954, de Terence Fisher), Coulez le Bismarck (1960), Le docteur Jivago (1965). Il tint le rôle récurrent du ministre de la Défense Frédérick Gray dans James Bond entre 1977 et 1987.
Peter Sallis/Samuel Paxton : acteur anglais (1921-2017). En 2007, il est élevé officier de l’Ordre de l’Empire britannique. Il a fait l’’essentiel de sa carrière à la télévision : L’Homme invisible (1959), Destination Danger (1961), Chapeau melon et bottes de cuir (1964), Docteur Who (1967), The Troubleshooters (1970), Amicalement vôtre (1971), Les rivaux de Sherlock Holmes (1973), Last of the summer wine (1973-2010 : il est le seul acteur présent dans les 295 épisodes), Les fantômes du château (1976-1978).
John Carson et Michael Rippert sont des habitués de la Hammer.
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Message  Camarade Totoff Mer 5 Sep 2018 - 13:20

Le redoutable Homme des neiges (The Abominable Snowman, 1957)
***

Résumé
Jon Rollason, éminent botaniste, décide de rejoindre une expédition menée par Tom Friend dans les montagnes de l’Himalaya. L’objectif est de percer les mystères du yéti.

Critique
Un des premiers Hammer d’envergure avant le succès de la veine « gothique ». Si l’interprétation est parfois un peu théâtrale, les décors sont impressionnants, les scènes d’escalade excellentes, les trucages réussis ; il y a des moyens dans cette production et cela se voit. L’histoire est simple mais la réussite vient du fait que le scénario refuse l’aventure facile pour privilégier la fibre psychologique et le contemplatif. Val Guest sait parfaitement filmer cela. Il multiplie les plans sur les montagnes renforçant petit à petit le côté « surnaturel » et mettant le spectateur en condition pour le final.

La base de l’histoire est un classique que n’aurait pas renié Henri Vernes pour un Bob Morane et la composition de l’expédition Friend renforce cette impression. Si Jon Rollason est un savant idéaliste à qui Peter Cushing apporte un profond humanisme (amusant quand on sait que Peter Cushing va prochainement jouer Frankenstein !), il reste un peu en retrait. Le charisme est déjà là mais l’acteur n’a pas encore le plein impact qu’il aura bientôt. Tom Friend est un fort en gueule, un aventurier au sens le moins romantique du terme. Il est assisté d’un Edward Shelley qui ne songe qu’à piéger le yéti et, plus étrange, par un photographe Jock McNee. En fait, ce personnage incongru par sa sensibilité est le premier indice que nous ne sommes pas dans un simple film d’aventure.

C’est la « conférence » que fait Rollason qui montre le basculement. L’origine du yéti est rapportée avec un minimum de scientificité qui rend le discours « acceptable » pour un esprit rationnel. Sauf que l’interprétation que donne Rollason de l’évolution tient davantage du discours moral et montre une profonde réflexion sur soi et sur ce que veut dire « être un homme » (au sens de « appartenir à l’espèce humaine »). C’est à partir de là que les personnages exposent leurs motivations mais ce moment convenu prend de l’ampleur dramatique parce que ces discours sonnent vrais ; ce ne sont pas de simples morceaux de textes plaqués artificiellement sur l’histoire. Ils définissent réellement ce que sont les personnages et évitent également tout manichéisme puisque même Friend acquiert une profondeur psychologique. L’interprétation de Forrest Tucker (qui apparaît en premier au générique, signe du statut encore mineur de Peter Cushing) en fait un homme mercantile certes mais qui ne s’illusionne pas sur lui-même. Il n’est pas dénué d’émotions ni seulement motivé par la cupidité. De fait, le film fait l’économie d’un « méchant ».

Cela lui permet de se concentrer sur sa dramaturgie. Et c’est là que le personnage de McNee joue un rôle important. Il « entend » les yétis ; il a un « contact » psychique avec eux. Rollason parle de « transe » ; état que le spectateur a déjà vu auparavant mais chez le lama qui donne l’hospitalité aux voyageurs et qui a mis en garde sur le danger de l’expédition. Ce qui était une figure classique (sans mise en garde, pas de bravoure du héros) devient inquiétant. Quant à « l’hypersensibilité » de McNee, c’est une façon commode pour annoncer tout en le masquant un souffle fantastique sur le film. Le procédé rappelle Edgar Poe et la sensiblerie des nerfs du héros, particulièrement dans La Chute de la maison Usher. La réussite du film tient dans la parfaite interprétation des acteurs qui donnent à voir le dérèglement de leurs sens et trouvent cependant toujours une « explication » plausible aux phénomènes. Ressort classique du fantastique !

Le film baigne dans une grande humanité. Si l’on trouve la figure traditionnelle de l’Anglais en expédition, il est indéniable que son mépris pour les « superstitions » locales n’est pas partagé. Rollason traite au contraire avec grand respect le lama et écoute ses avertissements. Même Friend ne prend pas de haut les indigènes. Certes, la Hammer n’innove pas avec ses personnages de « Tibétains » très superficiels et superstitieux mais le personnage du lama est vraiment intéressant et interprété avec dignité et sans excès d’onctuosité.

C’est véritablement le yéti qui est considéré avec le plus grand respect. Du « redoutable homme des neiges », nous ne verrons presque jamais rien. La Hammer ne fera pas mieux dans le genre « rétention de l’information » et suggestion ! Tous les moments forts sont suggérés par le son et jamais montré. Des coups de feu sont tirés mais on ne voit jamais sur quoi. Toutes les descriptions sont faites par les discours et on notera le troublant portrait que Rollason trace du visage du yéti. Quelque part, et c’est intéressant pour un film de 1957, l’espèce humaine est sévèrement remise à sa place !

Anecdotes
Sorti anglaise : 26 août 1957 Sortie US : novembre 1957 Inédit en France
Scénario de Nigel Kneale. Il adapte une histoire pour la télévision, The Creature, qu’il avait lui-même écrite.
Le tournage se déroula dans les Pyrénées et dura 10 jours.
Réalisation de Val Guest. Valmont Guest (1911-2006) commença comme acteur puis scénariste sur des comédies dans les années 1930. Son premier film comme réalisateur est Miss London Ltd (1943). En 1951, il fonde la société de production Conquest Production. En 1954, il entre à la Hammer et réalise les premiers films en couleur de celle-ci (La revanche de Robin des Bois, 1954). Suivront Le jour où la Terre s’arrêta  (1961), Casino Royale (1967, co-réalisateur), Quand les dinosaures dominaient le monde  (1970).
Curiosité : l’épouse de Rollason s’appelle Helen. C’est le prénom de l’épouse de Peter Cushing qui joue Rollason !
Forrest Tucker/Tom Friend : acteur américain (1919-1986), il a joué dans Le cavalier du désert (1940), Les indomptés (1946), L’homme du Nevada (1950), Pony Express  (1953), Les rôdeurs de l’aube (1955). Il tourna aussi pour la télévision : Columbo (1972), La petite maison dans la prairie (1975).
Maureen Connell/Helen Rollason : actrice britannique née à Nairobi (Kenya, à l’époque colonie britannique), vue au cinéma dans La route de l’ivoire (1954), Traqué par Scotland Yard (1957), Contre-espionnage à Gibraltar (1958). Elle a également tournée pour la télévision : The count of Monte Cristo (1956), ITV Television Playhouse (1956, 1958, 1960), Espionage (1964). Elle ne tourne plus depuis 1972. Elle fut l’épouse de John Guillermin.
Richard Wattis/Fox : acteur britannique (1912-1975), vu au cinéma dans Il importe d’être constant (1952), Les indomptables de Colditz (1955), L’homme qui en savait trop (1956), La nuit est mon ennemi (1959), Le Jour le plus long (1962), Les aventures amoureuses de Moll Flanders (1965), Gonflé à bloc (1970).
Robert Brown/Edward Shelley : acteur britannique (1921-2003), vu au cinéma dans Passage Home (1955), La vallée de l’or noir (1957), Un million d’années avant JC (1966), Les sept cités d’Atlantis (1978). Il incarna M, le supérieur de James Bond, dans quatre films entre 1983 et 1989. Il a aussi tourné pour la télévision : Ivanhoé (1958-1959), Le Saint (1963, 1964), Chapeau melon et bottes de cuir (1965), Columbo (1975).
Michael Brill/Andrew McNee : acteur britannique (1928-2011), il n’a pratiquement tourné que pour la télévision : Robin des Bois (1956), The Vise (1957-1958), Emergency Ward-10 (1965), The Adventure of the Prince and the Pauper (1969).
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Message  Dearesttara Mer 5 Sep 2018 - 20:07

Le nom de Jon Rollason est assez étrange, car c'est celui de l'acteur qui a joué le Dr.King dans les 3 premiers épisodes de la saison 2 de Chapeau melon et bottes de cuir, avant Cathy et Vénus !

Sinon, une critique remarquable pour sûr, comme on les aime, Camarade ! bounce
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Message  Camarade Totoff Mer 24 Oct 2018 - 13:30

Le retour de Frankenstein (Frankenstein must be destroyed, 1969)
****

Résumé
Déterminé à poursuivre ses expériences, Frankenstein s’installe dans une pension de famille dont il ne tarde pas à prendre le contrôle. Il enrôle de force le jeune Karl pour que celui-ci l’aide à libérer le professeur Brandt, un dément qui détient la clé de recherches effroyables. Pour y accéder, le baron aura recours à la transplantation cérébrale !

Critique
C’est le plus noir et le plus violent de tous les films consacrés au terrifiant baron Frankenstein, dont le prénom est désormais complètement oublié ! Le docteur et/ou le baron est devenu un archétype ; celui du savant fou, une caricature du scientifique ainsi que le proclame un dessin de presse dans le film. De films en films, c’est une progression implacable qui a lieu ; du savant passionné et obsédé au monstre froid.

Dès l’ouverture du film, la violence saute à la gorge du spectateur avec une décapitation ! Certes hors champ, elle renvoie à l’ouverture du film précédent et c’est une image volontairement obsédante puisque tout le sujet « scientifique » du film tourne autour de la possibilité de transférer un cerveau d’un corps à un autre et de préserver les facultés intellectuelles et la personnalité du patient transplanté. Dans Frankenstein créa la femme, c’était un peu le même sujet mais, ici, c’est la science pure et dure qui est à l’œuvre. Foin de l’âme ! Dans ce film, si une scène semble faire référence à la créature du premier film (qui s’échappe d’ailleurs aussi), le sujet d’expérience n’est plus qu’un moyen. Curieusement, alors que le baron tient le discours le plus rationaliste et matérialiste,  on assiste brièvement au retour des cornues dans le laboratoire ! Autre curieux élément de continuité : l’assistant s’appelle à nouveau Karl !

La dimension scientifique de ce film flirte pourtant avec la fringe science ; ces concepts que la science du moment ne peut valider mais ne peut rejeter non plus et qu’on remet à plus tard en quelque sorte. C’est ici le cas dans cette volonté de « guérir » la folie. Laquelle est d’ailleurs un concept rejeté par le corps médical au profil des « névroses » et « psychoses » bien plus documentées scientifiquement mais l’histoire prend place sans doute au XIXème au vu des costumes. Pour l’anecdote, Frankenstein a quitté l’Allemagne pour l’Autriche-Hongrie comme le montre le portrait de l’empereur François-Joseph dans le poste de police. Police toujours aussi inepte et même carrément bouffonne ! Elle n’est cependant pas complètement inutile car sourire allège la noirceur du propos.

Noir, le film l’est quand il use des ficelles de l’horreur. Le sang est nettement plus présent mais, non pas fluide et bien rouge comme dans les Dracula où il symbolise la vie mais sale, tachant et couvrant les mains comme celles de lady MacBeth. Ici, le sang est symbole de mort et on tue dans ce film plus souvent qu’à son tour ! En outre, les opérations du baron sont davantage explicitées comme la transplantation cérébrale où l’on entend bien le bruit de la scie sur la peau ! C’est absolument atroce. Et la musique de James Bernard n’aide pas à soulager les nerfs !

Noir et violent, le film l’est avec Frankenstein. Jamais Peter Cushing n’a si bien représenté la folie scientiste et criminelle, l’amoralité poussée à son extrémité, l’égoïsme élevé au rang d’art ! Une froideur jamais prise en défaut, jamais la moindre repentance, la moindre excuse. Le baron est dévoré par sa volonté de puissance. Quand il consent à se montrer courtois, c’est une ruse. La violence, présente tout le temps, soit sous la forme de l’aliénation, réelle ou symbolique, soit sous la forme physique, explose soudainement quand Frankenstein se jette sur Anna tel un fauve sur sa proie. On pense soudain au comte Dracula de Dracula, prince des ténèbres ; la bête sous forme humaine ! Au terme d’une évolution abominable, Frankenstein est devenu un manipulateur, un maître chanteur, un violeur et un assassin ; tout cela pour atteindre son but. Peter Cushing est impressionnant de cruauté.

Face à ce monstre, les autres personnages peinent à exister. Simon Ward est un peu lisse et peu convaincant dans l’émotion mais il se défend plus que bien et l’acteur est bien meilleur quand il rend compte de l’étouffement du jeune homme à qui l’avenir s’annonçait prometteur et qui perd tout. C’est le premier assistant contraint du baron. Le premier était volontaire et a flanché. Le second était volontaire et est resté. Le troisième était un imbécile dans l’opus finalement le plus « léger » de la saga. Grande réussite que Veronica Carlson qui retrouve la Hammer. Elle n’est plus une jeune fille naïve mais une jeune femme à qui elle aussi tout réussissait et qui se retrouve piégée dans les rets du sinistre baron. « Amusant » qu’à la toute fin, le professeur Brandt fasse référence à l’araignée et à la mouche. C’est toute la situation des personnages ! Dans le rôle d’Anna, l’actrice fait montre de sensibilité mais nullement de sensiblerie. Elle est une lueur d’humanité dans un univers de cauchemar.

Anecdotes :
Sortie anglaise : 8 juin 1969 Sortie américaine : 11 février 1970 Sortie française : 3 décembre 1969
Scénario : Brett Batt d’après Anthony Nelson Keys et Brett Batt
La séquence du viol n’avait été tournée que pour le Japon. Les Français ont pourtant pu la voir mais pas les Anglais.
Le marketing proclamait « Plus monstrueux que le monstre qu’il a créé »
Le film connut un échec public.
Simon Ward/Karl : acteur britannique (1941-2012), vu au cinéma dans Les Trois mousquetaires (1973), Le Tigre du ciel (1976), Supergirl (1984), Les Hauts de Hurlevent (1992) et à la télévision dans Les Tudors (2009-2010)
Freddie Jones/Richter : acteur britannique, vu au cinéma dans Antoine et Cléopâtre (1972), Dracula habite toujours à Londres (1973), Elephant Man (1980), Firefox, l’arme absolue (1982), Et vogue le navire (1983), Dune (1984), Sailor et Lula (1990), Les Dames de Cornouailles (2004). Il a aussi travaillé pour la télévision : Chapeau melon et bottes de cuir (épisode « Qui suis-je ? »1967), Cosmos 1999 (1976), Le retour de Sherlock Holmes (1988), Inspecteur Barnaby (2004),
Veronica Carlson avait précédemment joué dans Dracula et les femmes. Thorley Walters est un habitué de la Hammer.
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Message  Camarade Totoff Mer 5 Déc 2018 - 14:06

La nuit du loup-garou (The curse of the Werewolf, 1961)

****



Résumé
Dans l’Espagne du XVIIIème siècle, un enfant naît dans des conditions affreuses qui le marqueront d’une effroyable malédiction.

Critique
Troisième monstre de la galaxie Hammer, le loup-garou, dont c’est l’unique apparition dans les films du studio britannique, a cependant droit à une somptueuse adaptation. Le scénario, pour linéaire qu’il soit (d’autant qu’il est chronologique), ce qui est la marque de John Elder, n’en développe pas moins des thèmes forts servis par des acteurs magistraux, et surtout par le jeune premier Oliver Reed, et une mise en scène inspirée de Terence Fisher.

On pourrait s’étonner que le film se passe en Espagne, d’autant que le scénario est inspiré du roman de Guy Endor, Le loup-garou de Paris ! La raison n’est pas logique mais financière comme toujours avec la Hammer. Celle-ci disposait de décors en Espagne pour un film qui ne put se faire (dommage puisqu’il parlait de l’Inquisition, ça aurait donné de belles images !) et donc il fallait les utiliser ! Si Terence Fisher trouvait que cela nuisait à la crédibilité du film, le spectateur ne sera pas si sévère puisque le thème sous-jacent est, lui, parfaitement intemporel.

Dès la scène d’ouverture, un peu longuette mais colorée, on sent la patte de Fisher. Cette noce sinistre et qui met très mal à l’aise où un marquis détestable humilie un mendiant et le fait jeter au cachot ressemble à une scène similaire du Chien des Baskerville quand sir Hugo et ses séides cherchent à violenter une servante. La similitude n’est pas copie mais elle montre la sensibilité de Terence Fisher au thème des rapports de classe. C’est parce qu’il rabaisse le mendiant au rang de bête que celui-ci perd toute humanité ; ce qui initie la malédiction. Et ce sont encore les rapports de classe qui feront obstacle à la seule solution de rompre la malédiction. Le Mal est dans l’abus de pouvoir. Peu importe donc quand et où se situe l’action : les rapports de force sont toujours les mêmes. Fisher critiquait la volonté de pouvoir et son abus qui conduit à l’échec ou, comme ici, au malheur.

Le film est donc une tragédie. Tout porte la marque de la fatalité : les circonstances de la conception, celles de la naissance, même le baptême avec cette ambigüité que met parfaitement en valeur Fisher, bien aidé par le chef opérateur Arthur Grant : est-ce une scène prémonitoire ou juste un orage et le reflet d’une gargouille dans le bassin ? Comme d’habitude, Terence Fisher frôle le blasphème sans y tomber, comme avec la curieuse théorie du prêtre sur les « esprits animaux » fort peu chrétienne ! Toute l’histoire paraît être celle d’une lutte contre la malédiction. Le plus beau, et le plus tragique aussi, c’est qu’on y croit jusqu’au bout.

Si le « remède » contre la lycanthropie n’est pas foncièrement canonique, il a le mérite d’enrichir la psychologie des personnages en leur fournissant un moteur. Oliver Reed, neveu du réalisateur Carol Reed (Le troisième homme) débute pratiquement sa carrière ici et il réalise une prestation éblouissante rendant compte à la fois de la bestialité et de l’humanité du monstre. Il concrétise la théorie de Fisher pour qui le monstre est une « dualité subie ». Remarquable dans l’émotion, poignant quant il demande à ce qu’on le mette à mort, il est saisissant sous les oripeaux d’une Bête invisible jusqu’à la toute fin du film (à l’exception de ses bras puissants et de ses paumes poilues). Pour l’essayiste Nicolas Stanzick, c’est tout simplement « le plus beau loup-garou de l’histoire du cinéma » et il rappelle que, dès l’origine, on compara le maquillage avec celui de la Bête de Jean Cocteau. Le cinéma de Terence Fisher est puissant parce qu’il traite de la dualité qui est en chacun. Esthétiquement, dramatiquement, ce film est une réussite et un authentique chef-d’œuvre.

Anecdotes
Sortie anglaise : 1er mai 1961 Sortie américaine : 7 juin 1961 Sortie française : 4 octobre 1961
Scénario de John Elder (Anthony Hinds). Né Anthony Hammer, fils de William Hammer, fondateur du studio dont il hérite en 1952. Il crée d’abord sa propre société, Exclusive Films, qui fusionnera avec la Hammer. Sous le pseudonyme de Hinds, il produira une cinquantaine de films de 1955 à 1971. La nuit du loup-garou est son premier scénario. Il a du goût pour l’occultisme mais ses scripts sont souvent linéaires.
Le chef opérateur de la Hammer était habituellement Jack Asher mais il fut viré pour faire des économies ! Son remplaçant Arthur Grant, talentueux, avait une approche plus réaliste.
Le magazine professionnel The Hollywood Reporter écrivit que c’est « un film d’horreur typique de la Hammer. Cela signifie que l’on reconnaît la richesse visuelle unique et le soin accordé à la mise en scène digne d’une production théâtrale de la compagnie ».
Le script fut censuré et le film subit cinq minutes de coupes à cause du « mélange d’horreur et de sexe » (lettre de John Trevelyn à Anthony Hinds, 2 février 1960).
Dans le film, la mère meurt en couches alors qu’une photo de tournage la montre étranglée par le monstre qui est son fils. Cette photo sert de couverture au n°1 de la revue Midi-Minuit Fantastique (mai – juin 1962).
Parmi les serviteurs du marquis, on reconnaît brièvement Desmond Llewelyn, futur Q des James Bond. Il n’est pas crédité au générique.
Clifford Evans/Alfredo : acteur britannique né au Pays de Galles (1912-1985), vu au cinéma dans La route de la mort (1952), Le baiser du vampire (1963), Les drakkars (1964) et à la télévision dans Douglas Fairbanks Jr presents (8 épisodes, 1953-1956), The Vise (1954-1955), Armchair Theatre (6 épisodes, 1960-1965), Chapeau melon et bottes de cuir (3 épisodes, 1965-1968), Le Prisonnier (1968), Les Champions (1968), Le Saint (1969), Jason King (1972).
Oliver Reed/Léon : acteur britannique (1938-1999), il avait déjà tourné pour Terence Fisher Le serment de Robin des Bois (1960). Lancé par La nuit du loup-garou, il tourne ensuite dans L’attaque du San Cristobal (1962), Le fascinant capitaine Clegg (1962), Paranoiac (1963), Oliver ! (1968), Assassinats en tout genre (1969), Les trois mousquetaires (1973), Dix petits nègres (1974), Le Prince et le pauvre (1977), Chromosome 3 (1979), Le lion du désert  (1981), Les aventures du baron de Münchhausen (1988), Larry Flint (1996). Alcoolique, il meurt d’une crise cardiaque à Malte pendant le tournage de Gladiator.
Yvonne Romain/la servante : actrice anglaise née « Yvonne Warren » d’un père anglais et d’une mère maltaise, elle est encouragée par celle-ci à devenir actrice. Elle apparaît dans Au bord du volcan (1957), Le cirque des horreurs (1960), Le fascinant Capitaine Clegg (1962), Le rebelle de Kandahar (1964), Les invitations dangereuses (1973). On l’a vu à la télévision dans Le Saint (1963).
Catherine Feller/Christina : actrice britannique vue à la télévision dans Le Saint (1966), The little world of Don Camillo (1981)
Hira Talfrey/Teresa : actrice néo-zélandaise (1926-2011), vue au cinéma dans Le grand inquisiteur (1968), Le cercueil vivant (1969) et à la télévision dans Chapeau melon et bottes de cuir (1962), Jane Eyre (1963), L’homme à la valise (1967), The Savage (1977)
Warren Mitchell/Pepe : acteur anglais né Warren Misell (1926-2015), sa carrière est très longue et riche. Au cinéma, il a joué dans Il était un petit navire (1957), Les étrangleurs de Bombay (1959), Le paradis des monte-en-l’air (1960), Dans les griffes de la Gestapo (1962), L’espion qui venait du froid (1965), Assassinats en tout genre (1969), Jabberwocky (1977). On l’a beaucoup vu à la télévision : Drake’s Progress (1957), Destination danger (1960-1961, 3 épisodes), Le Saint (1962, 3 épisodes), Chapeau melon et bottes de cuir (1963-1967, 4 épisodes).
L’ivrogne qui parle des « choses étranges » qui se passent les nuits de pleine lune est joué par Michael Rippert.
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Message  Camarade Totoff Mer 2 Jan 2019 - 14:36

Les cicatrices de Dracula (Scars of Dracula, 1970)

***
Résumé
Suite au meurtre d’une jeune fille, les villageois de Kleinenberg décident d’incendier le château du comte Dracula, espérant être débarrassé du monstre. C’est très loin d’être le cas ! Plus tard, un jeune homme, fuyant un père furieux, arrive au château. Séduit par une femme, il est victime de Dracula. Le frère de ce jeune homme et sa fiancée se lancent à sa recherche et découvrent la vérité. Ils doivent alors affronter Dracula.

Critique
Un Dracula mineur mais bien meilleur que l’opus précédent. S’il y a des invraisemblances, des facilités et des trucages pas à la hauteur (défense de rire quand les chauves-souris apparaissent !), l’histoire est convaincante, le casting de bonne facture et la réalisation meilleure encore.

Il est dommage que John Elder n’ait pas mieux peaufiné son texte car il y a des invraisemblances qui nuisent gravement à l’efficacité du film. Ainsi, alors que les villageois ont été assez courageux pour monter incendier le château, ils s’en vont sans vérifier que tout a bien brûlé (et on nous montera ultérieurement de splendides pièces, parmi les plus beaux décors jamais réalisés par la Hammer !), sans s’assurer que Dracula a cramé (ce qui était quand même l’objectif) et, enfin, ils ne lèveront plus le petit doigt de tout le reste du film ! Ce serait déjà étrange si, en plus, cela ne condamnait pas d’autres personnes à mort ! La peur est certes mauvaise conseillère mais c’est beaucoup trop abrupte et sans nuances pour ne pas être trop facile. Heureusement que l’aubergiste est joué par Mickael Ripper. L’acteur donne de la prestance à son personnage même dans sa veulerie. Sa brutalité ne cache pas sa peur et c’est très bien rendu par l’acteur. Autre incohérence : l’attitude de Klove. On ne saisit pas très bien ses motivations et encore moins ses revirements. Heureusement là aussi, l’interprétation de Patrick Troughton est remarquable. Dans un visage marqué par le mal, l’acteur arrive à faire passer des moments d’émotions qui montrent que Klove n’a pas abdiqué tout sentiment d’humanité. Dernière invraisemblance : lorsque Tania veut s’en prendre à Paul, on voit nettement ses crocs. Or, peu avant, elle s’est reflétée dans un miroir ! C’est impossible pour un vampire !

Côté décor, c’est ambivalent. Ainsi, si les intérieurs du château de Dracula sont d’un luxe inouï contrastant avec un certain minimalisme jusqu’ici montré dans les opus antérieurs, les extérieurs n’ont pas bénéficié du même soin. Il est évident lorsque les villageois investissent le château que ce n’est qu’un décor posé devant une toile peinte ! Encore une fois, la forêt anglaise est censée nous faire croire que nous sommes en Europe centrale (probablement l’Autriche-Hongrie si c’est bien François-Joseph que l’on aperçoit sur un portrait chez le bourgmestre au départ). « Monter au château » veut dire « marcher en forêt » comme dans Dracula, prince des ténèbres alors que Dracula et les femmes avaient bien montré une montagne. D’ailleurs, quand Simon regarde par la fenêtre de sa chambre, c’est un bel à-pic que nous voyons ! D’où sort-il ?

Roy Ward Baker réalise une très honnête prestation malgré tout. C’est qu’il dispose d’un scénario intelligent. En effet, John Elder « revisite » le roman de Bram Stocker ; ce retour aux sources est salutaire. Dracula retrouve des lignes de textes et une allure à la fois majestueuse et monstrueuse. Il est ainsi un hôte bienveillant, prévenant mais, comme le montre toute la séquence de la venue de Sarah au château, c’est pour mieux te manger mon enfant ! Christopher Lee n’avait plus envie de reprendre la cape mais il livre pourtant une prestation des plus remarquables. Si sa renaissance et sa mort ne sont pas du tout ni canonique ni même vraisemblable, au moins, cette fois, il joue avec assez de mesure pour éviter le ridicule qui frappait le final de Une messe pour Dracula. La chambre qui donne sur le vide, le cercueil de Dracula dans un caveau dont il sort par la fenêtre, la reptation du vampire le long de la muraille, l’attaque de la goule séduisante et la séquence du fiacre noir qui amène le malheureux Paul au château ; ce sont toutes des reprises de scènes du roman. Cet hommage donne une véracité et une profondeur au film qui manquaient aux deux films précédents. Roy Ward Baker sait parfaitement animer ce récit riche sans être lourd. Il alterne avec bonheur des séquences de tempos différents comme le retour triomphal des hommes et le massacre des femmes dans l’église (une idée reprise de Dracula et les femmes avec plus de brutalité et de cruauté) ; la légèreté comique et primesautière de Paul sortant du lit d’une jeune femme (à peine couverte, on est bien en 1970 !) pour aller saluer Sarah avant de se retrouver projeté dans le fiacre noir et arriver au château. C’est vraiment très dynamique comme séquence ! On ne s’ennuie pas une seule seconde dans cet opus. Si les chauves-souris sont échappées de l’échoppe d’un taxidermiste, l’attaque du prêtre par l’une d’entre elles est une des scènes les plus violentes du film. Par un cadrage de plus en plus serré, grâce à une musique stridente et un mouvement rapide de caméra, la sauvagerie de l’agression est parfaitement restituée et le spectateur frappé d’horreur.

Si Christopher Lee se montre très bon, le reste du casting n’est pas mal du tout, et notamment le couple Simon/Sarah aux prénoms bien bibliques ! Dennis Waterman se défend plutôt bien alors que le réalisateur n’en voulait pas. Tout au long du film, l’acteur montre pourtant que Simon n’est pas un lâche et, du coup, tout le passage au château et face au comte est crédible. C’est même dommage de lui ôter le mérite de triompher du monstre au profil d’une scène certes spectaculaire mais un peu grotesque aussi. Michael Gwynn hérite du rôle du prêtre ; ce qui n’est pas forcément une gageure dans un film de la Hammer. S’il ne démérite pas, il reste cependant superficiel et pèse relativement peu sur l’action sauf à la fin. Au moins fait-il mourir honorablement son personnage ! Les seconds rôles féminins sont intéressants. Anouska Kempel reprend le rôle précédemment tenu par Valérie Gaunt dans Le cauchemar de Dracula. Si elle manque de charme, elle a un rôle plus étendu. Meilleure est Wendy Hamilton dont la Julie est une rebelle, un peu polissonne mais dotée d’une belle âme. Elle veut aider, se révolte contre la passivité des villageois mais c’est justement son attitude qui la condamne. Au-dessus de ces dames, Jenny Hanley est une très belle « Hammer’s Girl » qui joue un rôle central dans l’action. C’est en effet Sarah qui donne sa force à Simon. C’est son portrait qui trouble l’âme de Klove. C’est sa sensualité qui captive Dracula. Par l’insistance du réalisateur sur ses yeux, le spectateur vit et voit la fascination qu’éprouve Sarah face au comte tout comme sa lutte contre lui. Jenny Hanley incarne l’ambigüité des héroïnes Hammer tout aussi bien que l’air du temps. La Hammer voulait plus d’érotisme et, pour reprendre une formule de Robert Merle, « le sein cache la médaille » (ici, une croix). On comprend que le vampire ne l’ait pas vu ! Mais, dans le même temps, Sarah porte une robe rose et un manteau bleu ; c’est-à-dire les attributs de la Vierge Marie !

Anecdotes :
Sortie anglaise : 8 novembre 1970 Sortie américaine : 23 décembre 1970 Sortie française : 28 juillet 1971
Scénario : John Elder (Anthony Hinds)
Réalisation : Roy Ward Baker
Détail amusant : ce n’est qu’à la 67ème minute (sur 91) que le mot « vampire » est prononcé.
Christopher Lee, de plus en plus mécontent des scénarios qu'on lui proposait alors, affirma à plusieurs reprises n’avoir consenti à poursuivre sa prestation du personnage, à ce stade de la série, qu’à contrecœur et par amitié pour des producteurs en détresse. Il était cependant satisfait du script d’Anthony Hinds qui donnait à Dracula un rôle de premier plan.
L’acteur Dennis Waterman fut imposé par la Hammer. Le cinéaste annonça lors d’interviews que le rôle ne lui convenait pas.
Le film est sorti en double production avec Les Horreurs de Frankenstein. Les deux films sont classés X en Angleterre.
En 1970, la Warner cesse de distribuer la Hammer étant désormais peu intéressée par les productions de celles-ci. James Carreras signe avec ABPC (groupe EMI). Le budget était moins élevé que nécessaire, 200 000£ au maximum. « Je pense qu’en ces temps difficile, toute l’industrie est prudente. Tout le monde a pris conscience des salaires aberrants payés par le passé. » (Lettre de Bernard Delfont, directeur exécutif d’ABPC à James Carreras du 1er décembre 1969, citée par Marcus Hearn, L’Antre de la Hammer). APBC était un distributeur britannique indépendant ; la Hammer perd ainsi la grande distribution américaine à grande échelle. Les budgets vont devenir serrés causant à terme la perte de la compagnie. Conscient que la Hammer devenait dépendante de la distribution britannique, sir James Carreras tenta discrètement de vendre la Hammer. Son fils Michael rejoint le conseil d’administration le 4 janvier 1971 comme directeur des opérations.
La novellisation du film par Angie Hall (1971) comprenait une description évocatrice de la scène censurée dans laquelle le comte se nourrit du corps de Tania : « Il baisse la tête vers son sein et commença à laper le sang avec une avidité nauséeuse à contempler ».
Denis Waterman/Simon Carlson : acteur britannique, vu au cinéma dans L’attaque du San Cristobal (1962), L’inceste (1970), Le convoi sauvage (1971) mais surtout à la télévision : William (1962), Paul Temple (1970), Angoisses (1973), Regan (1973-1978), Minder (1979-1989), The Knock (1997-1999), Flics toujours (2003-2015)
Jenny Hanley/ Sarah Framsen : mannequin et actrice britannique, elle apparaît dans Au service secret de Sa Majesté (1969), La flèche sanglante (1972), Magpie (série TV, 1974-1980). Elle se retire pour fonder une famille dans les années 1980.
Christopher Mathews/Paul Carlson : acteur britannique, il a principalement travaillé pour la télévision : Docteur Who (1966), sir Arthur Conan Doyle (1967), Cosmos 1999 (1975), Rosemary & Thyme (2006)
Anouska Hempel/Tania : actrice anglaise, elle a joué dans Le baiser du vampire (1963), Au service secret de Sa Majesté (1969), UFO, alerte dans l’espace (1970-1971, TV), Amicalement vôtre (1971, TV), Blake Snake (1973, de Russ Meyer), Cosmos 1999 (1978-1979).  Elle arrête sa carrière pour devenir architecte et décoratrice d'intérieur.
Patrick Throughton (Klove) a joué dans La Gorgone. Michael Rippert est aussi de la partie.
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Message  Camarade Totoff Jeu 24 Jan 2019 - 12:53

Frankenstein et le monstre de l’enfer (Frankenstein and the monster from hell, 1974)
***

 


Résumé
Condamné pour « sorcellerie », parce qu’il suit les traces du docteur Frankenstein, le jeune médecin Simon Helder se retrouve enfermé dans un asile dont le médecin n’est autre que Frankenstein qui a pris le contrôle de l’établissement ! Simon offre son aide au savant pour réaliser sa dernière expérience.

Critique
Cinquième volet de la saga réalisé par Terence Fisher (mais il existe deux autres Frankenstein « non canonique »), ce film n’a pas la flamboyance des précédents ni même leur originalité. De nombreux éléments sont ainsi repris des films précédents. A l’image de Peter Cushing, le baron paraît las, pour la première fois. C’est que la flamme s’est éteinte. Malgré tout, ce Monstre de l’enfer – le titre est d’un sensationnalisme ! – a plus de qualités que de défauts.

Il y a certes de nombreux éléments déjà vu. Le vol de cadavre (Frankenstein s’est échappé), l’assistant volontaire (La revanche de Frankenstein), l’opération du cerveau et la prise de contrôle d’un lieu (Frankenstein créa la femme), les détails gore de l’opération (Le retour de Frankenstein) ; sans oublier la révolte finale de la Créature (qui ne manque pas de se regarder dans un miroir) présente dans tous ! Néanmoins, on peut aussi lire cela sous l’angle de la folie car la question est posée dans cet opus : Frankenstein est-il fou ? On peut se le demander depuis le premier film mais le final pose officieusement la question. Le regard de Peter Cushing mi-hagard mi-souriant interroge. Et quelle meilleure définition de la folie que celle qui consiste à dire que c’est refaire sans cesse la même chose en espérant un résultat différent ? A noter que le scénario de John Elder reprend l’idée d’accoupler le monstre et la jeune fille à James Whale.

Frankenstein et le monstre de l’enfer dispose d’un élément que les autres n’ont pas : l’humour ! Certes, il est rare, noir et plutôt corsé. Mais pour la première fois, on voit Frankenstein rire ! C’est aussi surprenant que Dracula buvant du lait ! Ainsi, après l’opération du cerveau, trouve-t-il succulent de manger…des rognons ! Il y a cet échange qui ne manque pas de sel : « Êtes-vous malade ? – Peut-être bien. Je ne me suis jamais senti aussi bien » ! A mettre en relation avec la question supra. Il a aussi cet aphorisme qui lui va très bien : « Beaucoup d’hommes s’identifient à Dieu » car « Beaucoup d’hommes ont cette conception d’eux-mêmes » ! Or, Dieu n’est-il pas Créateur ? A l’instar de Frankenstein baptisé « Créateur d’homme » par Simon. Par ses recherches, Frankenstein pousse la science très loin, mais pose des questions qui doivent l’être et que nous pouvons toujours entendre (quel est le but de toute recherche ? est-ce parce que l’on peut faire que l’on doit faire ?). Plus qu’un créateur, il est un porteur de lumière.

Terence Fisher n’a pas perdu la main même si la séquence de visite des patients au début du film est longuette. Il réussit des scènes très fortes comme Simon fouetté aux sangs avec la lance à incendie ou l’attaque de la Créature sur Simon (que celui qui ne sursaute pas lève la main !). Les différentes phases de l’opération sont réalisées avec patience (pour les nerfs du spectateur c’est plus dur !) et les détails ne nous sont pas épargnés ainsi qu’une façon de ligaturer les artères à déconseiller de voir si vous devez passer à table ensuite ! Côté décor, c’est éminemment austère à l’image du film tout entier. Pas de couleur chatoyante, pas de verdure : du gris, et beaucoup de rouge.

Côté casting, Peter Cushing demeure impérial. L’acteur a certes vieilli et accuse physiquement le coup de la mort de son épouse en 1971. Quelque part, le scénario intègre la lassitude de l’acteur en la transposant partiellement chez son personnage mais quand il s’agit de montrer le Frankenstein cruel et manipulateur d’antan, l’acteur répond présent et réalise lui-même une scène de bagarre très réussie ! Shane Briant a plus d’allant que dans le pâle Capitaine Kronos. On croit davantage qu’il est médecin qu’on ne l’a cru vampire mais il n’a pas le charisme d’un Francis Matthews (La revanche de Frankenstein). Il joue cependant crânement son rôle et il parvient à exister aux côtés de Peter Cushing. A ses côtés, Madeline Smith est une Hammer’s Girl plutôt falote. Certes jolie (le critère de base chez la Hammer), elle n’a pas ici le sex appeal d’une Valérie Gaunt (Frankenstein s’est échappé) ni la grâce d’une Veronica Carlson (Le retour de Frankenstein). Longtemps muette, son rôle tient presque de la figuration même si elle est présente à toutes les scènes. Ce film a d’ailleurs la particularité d’être un peu choral dans la mesure où le trio Frankenstein/Simon/Sarah dispose d’un temps d’écran quasiment identique.

Quant à savoir si Frankenstein apprendra de ses erreurs, et comprendra que sa tâche est prométhéenne, la réponse est donnée dans le premier opus et répété à chaque film. Par son obsession, Frankenstein a créé toute sa vie son propre enfer. Il a commencé dans un château et finit dans un asile. A l’image de l’Homme, Frankenstein ne s’arrêtera jamais de défier Dieu parce qu’il est un homme justement.

Anecdotes
Sortie anglaise : mai 1974 Sortie US : octobre 1974 Sortie française : 21 janvier 1976
Il s’agit du dernier film réalisé par Terence Fischer.
Le tournage s'est déroulé en 1972 aux studios d’Elstree.
Dans un commentaire, Peter Cushing déclara que la perruque qu'il devait porter le faisait ressembler à l'actrice Helen Hayes.
Avant d’être acteur, David Prowse était culturiste.
Selon Madeline Smith, « Peter Cushing était au bout du rouleau. Il venait de perdre sa femme et avait sombré dans un deuil profond. Je ne crois pas lui avoir adressé plus de trois mots. »
Le film connut un échec public.
Madeline Smith/Sarah : actrice anglaise, elle débute au théâtre, fait un peu de mannequinat avant de jouer dans le film italien Escalation (1968). La Hammer lui donnera un rôle sensuel dans Une messe pour Dracula (1970) puis nettement sulfureux dans The Vampire lovers (1970). Elle a également joué dans Vivre et laisser mourir (1973). Sa carrière s’arrête avec ce film.
Dave Prowse/le monstre : body-builder et acteur britannique, il supervisa l’entraînement de Christopher Reeves pour le Superman de 1978. Au cinéma, il joue dans Les horreurs de Frankenstein (1970), Orange mécanique (1971), Jabberwocky (1977), Star Wars (1977, 1980, 1983 : Dark Vador mais il est doublé par James Earl Jones). Il tourne aussi pour la télévision : Départements S (1969), The Benny Hill Show (1969-1984), Docteur Who (1972), La petite maison dans la prairie (1975). Au Royaume-Uni, sa notoriété découle également de son association avec une campagne destinée aux enfants sur la sécurité routière ; ce qui lui valut d’être décoré de l’Ordre de l’Empire britannique.
John Stratton/Le directeur : acteur britannique (1925-1991), on l’a vu au cinéma dans La mer cruelle (1953), SOS Scotland Yard (1956), Un compte à régler (1960). Il est plus présent à la télévision : Douglas Fairbanks Jr presents (1955),Chapeau melon et bottes de cuir (1961), sir Arthur Conan Doyle (1967), Sherlock Holmes (1968), The Black Tulip (1970), Les rivaux de Sherlock Holmes (1971), Once upon a time (1973), Raffles (1977), Les professionnels (1978), The tale of Beatrix Potter (1982), Docteur Who (1985), Les règles de l’art (1991)
Patrick Troughton et Shane Briant ont déjà tourné pour la Hammer.
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