Saga "Poe par Corman"
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Saga "Poe par Corman"
(Site : Furyosa)
A tout seigneur, Vincent Price
Films
2. La chambre des tortures (1961)
3. L'enterré vivant (1962)
4. L'Empire de la terreur (1962)
5. Le Corbeau (1963)
6. La malédiction d'Arkham (1963)
7. Le masque de la Mort rouge (1964)
8. La tombe de Ligeia (1964)
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Re: Saga "Poe par Corman"
James H. Nicholson, co-directeur d’AIP
Cet écrivain américain, maître de la nouvelle, est longtemps resté inconnu dans son propre pays. Comme Faulkner plus tard, c’est son traducteur français qui le rendra célèbre ; en l’occurrence Charles Baudelaire dont le travail fera longtemps autorité (jusqu’en 2018). Poe s’engage un temps dans l’armée (1827-1829) et publie quelques poèmes. En 1832, il devient journaliste, publie des contes et se découvre un talent de polémiste. En 1838, Les aventures d’Arthur Gordon Pym n’ont aucun succès. C’est en 1839 qu’est publié la nouvelle « La chute de la maison Usher ». Les contes du grotesque et de l’arabesque (1840) ne reçoivent qu’un succès d’estime. Le Corbeau (1845) reçoit par contre un très grand succès. Sujet à des crises d’alcoolisme (réel, il n’aurait pas eu l’ampleur qui lui a été prêté), il succombe dans des conditions obscures officiellement d’une « congestion cérébrale ». Edgar Allan Poe demeure principalement connu pour ses nouvelles parmi lesquelles on peut citer « Metzengerstein » (1832), « Morella » (1835), « Le Puits et le Pendule » (1843), « Le scarabée d’or » (1843), « Le Chat noir » (1843), « La lettre volée » (1844), « La barrique d’amontillado » (1846) etc.
Chez lui, l’ambiance est macabre, le diabolique côtoie l’humour noir ; la fatalité empoisonne les lieux. Edgar Poe aborde de multiples sujets : la réincarnation (« Ligeia », 1838), l’hypnotisme (« La vérité sur le cas de M. Valdemar », 1845), le vaisseau fantôme (« Manuscrit trouvé dans une bouteille », 1833), les demeures maudites (« La chute de la maison Usher »), la peste (« Le masque de la mort rouge »), la résurrection par l’électricité (« Petite discussion avec une momie »), etc.
Poe est aussi le créateur du roman policier avec sa trilogie composée de « Double assassinat dans la rue Morgue », « Le mystère de Marie Roget », « La lettre volée » avec le personnage du chevalier Dupin, logicien capable de résoudre les énigmes les plus complexes par la déduction. Conan Doyle a reconnu sa dette à son égard.
Poe a inspiré nombre de cinéastes mais peu sont allés plus loin que le titre. Certes, certaines nouvelles ne sont pas évidentes à adapter comme « Le Puits et le Pendule » où tout est raconté par le narrateur. Corman en fera pourtant La chambre des tortures.
2. Roger Corman
Né le 5 avril 1926 à Détroit, il entame des études de physique et thermodynamique. Il obtiendra un brevet d’ingénieur en 1947. Il s’engage dans la marine en 1943 jusqu’en 1946. Passionné par le cinéma, il obtient un emploi de coursier à la Fox (1948) puis devient lecteur et correcteur de scenarii. Il séjourne à Oxford où il étudie la littérature ainsi qu’en France (1950). En 1952, il intègre une agence littéraire, la Dick Hybord Agency. Atterré par la médiocrité des scenarii qu’il reçoit, il se décide à écrire le sien. Ce sera Highway Dragnet, un policier. Il réinvestit les 2000$ gagnés dans son premier film (produit mais non réalisé), tourné en 6 jours : The monster of the ocean Floor. Coût : 12000$. Gain : 110 000 !
En 1955, il réalise le western Five Gun West pour la société American International Pictures (AIP) puis Apache Women (1956). Avec ce dernier film, il aborde pour la première fois le thème du groupe de personne vivant en marge de la société « normale ». Toujours en 1955, The day the world ended est son premier film fantastique et son premier succès commercial. Le sujet (l’holocauste nucléaire) était encore relativement neuf. Corman utilise pour la première fois le canevas « groupe cloîtré dans un lieu unique menacé par monstre/gangster/éléments naturels » (rayez la mention inutile). En 1956, il tourne huit films avec des budgets allant de 50 à 80 000$ et des durées de tournage ne dépassant pas 10 jours. Il utilise au maximum les décors naturels faute de pouvoir se payer des décors en studio. En 1958, Machine Gun Kelly donne le premier rôle à un débutant nommé Charles Bronson. C’est un succès critique. La même année, Cry Baby killer lance Jack Nicholson qui incarne un sado-maso adorant se faire arracher les dents. 1960 : La petite boutique des horreurs est tournée en deux jours et une nuit sur un scénario de Charles Griffith écrit en une semaine pour profiter de l’occasion d’utiliser un décor de boutique dans un studio. Au début des années 60, Corman achète des films de SF soviétiques dont il veut utiliser uniquement les scènes d’effets spéciaux. Il téléphone à l’université UCLA qui lui envoie cinq jeunes aspirants monteurs. Celui que choisit Corman s’appelle Francis Ford Coppola qui filme de nouvelles séquences autour du métrage conservé des films soviétiques. Coppola sera producteur associé de Battle beyond the sun (1962). Il est le premier de jeunes réalisateurs soutenus par Corman qui en fait sa marque de fabrique et se justifie ainsi : « Travailler avec de jeunes metteurs en scènes reste pour moi une remise en cause constante de ma propre créativité » (Encouraging the young director, journal de la Producers Guild of America, 1974). En 1977, Roger Corman jouera un sénateur dans Le parrain de ce même Coppola.
1961 : The intruder est une vision sincère de la haine raciale attisée par un fasciste itinérant (William Shatner) qui fait s’opposer une ville du Sud à l’intégration d’enfants noirs dans une école. Malheureusement, c’est le plus grand échec financier de Corman qui y avait investi son argent personnel, faute d’avoir trouvé un producteur. Pour The Saint Valentine’s Day, un film de gangster (1966), il dispose d’un million de dollars. La même année, The Wild angels sur les gangs motorisés néo-nazis de Californie lance Peter Fonda ; Nancy Sinatra est aussi de la partie. Le film est directement à la base d’un mouvement qui débouchera sur Easy Rider quelques années plus tard. The trip (1967) raconte le voyage sous acide de Peter Fonda sur un scénario écrit par Jack Nicholson. En 1969, dans Bloody Mama, il fait débuter Robert de Niro et Bruce Dern.
Avec AIP, Corman développe le « film d’exploitation », il doit « vendre » un produit et « exploiter » un titre. Roger Corman, c’est d’abord l’art de la débrouille. Exemple : Robert Towne n’ayant pas terminé à temps le scénario de The last woman on earth, Corman le fait jouer comme acteur (sous le pseudonyme d’Edward Wain) et Towne boucle le scénario entre les prises au jour le jour !
En 1970, Le Baron rouge est son dernier film avant La résurrection de Frankenstein en 1990. Dégoûté par les problèmes avec les producteurs, déçu par le traitement réalisé à ses films et la part minime des bénéfices reversés par les distributeurs aux producteurs, il fonde sa propre compagnie, la New World Pictures. Pris par ses obligations de distributeur et de producteur, il abandonne la mise en scène. Selon Stéphane Bourgoin, « Toute la carrière de Roger Corman a été une lutte constante avec le manque d’argent et de temps ». En moins de trente ans, il a réalisé, financé ou distribué environ 260 films ! New World Pictures va devenir la compagnie indépendante la plus importante, distribuant Truffaut, Bergman ou Fellini. Corman exerce un grand contrôle sur le scénario, la préparation et une partie du montage.
Sa première production sera Student Nurses tourné par Stéphanie Rothman pour 120 000$. Il a choisi ce film à tendance féministe notamment parce qu’il avait remarqué que toutes les grosses productions avaient des héros masculins mais aucune des héroïnes. Le segment était donc libre et le succès va lancer un cycle de « films d’infirmières ». The big doll houses va, lui, lancer un cycle sur les femmes en prison tourné aux Philippines où de jeunes Américaines sont injustement retenues prisonnières par une dictature d’Asie du Sud-Est, un État policier lié à l’impérialisme américain. Ce ne sont pas des films « à messages » puisqu’ils sont d’abord des films commerciaux avec des scènes de nu et de tortures mais l’aspect politique libéral est tout de même présent. Comme producteur, on le retrouve derrière Capone (1976) de Steve Carver, avec Ben Gazzara, Sylvester Stallone et John Cassavettes ou Piranha (Joe Dante, 1978). En 1983, Roger Corman vend sa société à un groupe d’avocats mais continuera à produire des films qui seront distribués par NWP. Il fonde ensuite Concorde Films devenu Concord/New Horizons.
Plusieurs projets n’aboutiront jamais et c’est très regrettable. Ainsi, en 1964, Roger Corman voulait tourner un film sur Robert E. Lee car il le considère « comme un personnage complexe et tragique, qui aurait pu être un des grands hommes des temps modernes mais préféra s’engager dans la voie de la défaite et de la ruine, guidé par une loyauté qui se fourvoyait » (Cahiers du Cinéma, n°150-151). En 1965, il pense à « Rhinocéros » d’après la pièce d’Eugène Ionesco ainsi qu’à « Dedalus » d’après James Joyce. En 1968, il ne peut réaliser « Explosion » sur un shérif noir dans le Sud américain.
En 2010, il reçoit un Oscar d’honneur.
3. « Poe par Corman »
Edgar Allan Poe a été maintes fois adapté mais Roger Corman – qui est un amateur de l’auteur - s’est imposé avec ce cycle de huit films (dont l’un est une adaptation de H.P. Lovecraft, autre écrivain américain majeur, resté confidentiel de son vivant) qui va lui donner sa notoriété. Ces films seront produits par le studio AIP (American International Pictures) qui, séduit par le projet d’adaptation de « La Chute de la Maison Usher » va ouvrir plus largement son portefeuille. Roger Corman a 200 000$, 15 jours de tournage et Vincent Price. C’est un succès au box-office qui décide du financement d’autres adaptations des écrits de Poe.
Corman avait le souci de ne pas trahir l’esprit des œuvres et c’est ce que réussiront ses scénaristes. Les scenarii sont signés Richard Matheson ou Charles Beaumont, connus pour La Quatrième Dimension. Francis Ford Coppola, lui, est assistant réalisateur sur l’Enterré vivant et La malédiction d’Arkham.
Les séquences d’extérieurs seront quasiment absentes du cycle sauf pour La tombe de Ligeia où, fatigué des décors gothiques de studio, Corman transpose l’action dans une vraie abbaye près de Norfolk en Angleterre. Corman se distingue de la Hammer par le refus d’utiliser l’effet « coup de poing » préférant une tension de tous les instants. Son procédé le plus récurrent est l’insert. Le montage est « une arme décisive » notamment les fondus enchaînés, comme celui allant d’Elisabeth à un feu de cheminée dans La chambre des tortures.
Côté acteurs/actrices, on retrouve Barbara Steele, Hazel Court, Peter Lorre, Basil Rathbone, Debra Paget, Boris Karloff et Jack Nicholson.
En ce début des années 60, Roger Corman prend la vague du succès du cinéma gothique de la Hammer. Il va durablement influencer plusieurs réalisateurs tels que Mario Bava et Dario Argento mais également Tim Burton. Ce cycle comptera beaucoup pour ce dernier (avec la Hammer) pour Sleepy Hollow.
Le cycle « Poe par Corman » est une œuvre majeure du cinéma gothique et horrifique. Après lui, AIP produira d’autres films inspirés des écrits de Poe pour prolonger le filon. Cela donnera Le Cercueil vivant (1969) et Double assassinat dans la rue Morgue (1971) réalisé par Gordon Hessler avec Vincent Price au casting.
La saga aurait pu s’enrichir de deux volets supplémentaires. En 1964, Roger Corman veut adapter « Le scarabée d’or » d’après Poe, sur un scénario de Charles Griffiths mais la mort de Peter Lorre fait capoter le projet. En 1968, le projet d’adapter « Les aventures d’Arthur Gordon Pym » ne se fait pas non plus.
Bibliographie
Jean-Paul ANDREVON et alii : Cent ans de cinéma fantastique et de science-fiction, Rouge profond, 2013
Stéphane BOURGUIN : Roger CORMAN, Edilig, 1983
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Pour l'anecdote, quand je travaillais à Madrid, le Roi de la Série B avait eu droit à son cycle de films à la Cinémathèque espagnole. J'en avais vu deux films, la salle étalt comble.
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Re: Saga "Poe par Corman"
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Né le 27 mai 1911 à Saint-Louis (Missouri), Vincent Price étudie l’histoire et l’art à Yale. Il monte sur scène comme comédien professionnel en 1935 et jouera dans une douzaine de pièces entre 1935 et 1978. Sa carrière au cinéma démarre en 1938 avec Service de luxe. Au final, il jouera dans environ 170 films, téléfilms et épisodes de séries.
1944 : Laura impose son personnage de dandy inquiétant et séduisant, à la voix caressante. En 1946, il est le seigneur cruel du Château du dragon et Richelieu dans Les trois mousquetaires (1948). Suit L’homme au masque de cire (1953) ; il est le Diable dans L’histoire de l’humanité (1957) ou bien Richard III dans La Tour de Londres (1962). Il joue aussi dans Les confessions d’un mangeur d’opium (1962) librement adapté de Thomas De Quincey (mentionné parce que j’adore Thomas De Quincey). Il joue dans Lâchez les monstres (1969) aux côtés de Christopher Lee. Il retrouvera ce dernier (en compagnie de Peter Cushing) dans Maison de la peur, 1983.
Entre 1971 et 1972, il incarne le docteur Phibes dans L’abominable docteur Phibes et sa suite Le retour de l’abominable docteur Phibes. En 1973, il s’inspire de Shakespeare pour se venger dans Théâtre de sang. La même année, il joue dans « Columbo » (3-1). Vampire dans Le club des monstres (1980), il prête sa voix (rire et passage parlé) au clip de « Thriller » de Michael Jackson. Le doublage est une activité importante dans cette époque et on le retrouve au générique des Treize fantômes de Scooby-Doo (1985 ; son personnage s’appelle Vincent VanGhoul !). Il est aussi la voix originale du professeur Ratigan dans Basile, détective privé (1986).
Déjà sollicité par le débutant Tim Burton pour son court-métrage Vincent, il jouera son dernier rôle dans Edward aux mains d’argent réalisé par celui-ci. Grâce à l’admiration de son cadet, il pourra faire sa sortie la tête haute.
Gros fumeur, il succombe le 25 octobre 1993 à un cancer des poumons…et sera incinéré ! Tim Burton dira également qu’il a pu se laisser mourir de tristesse après le décès de Coral Browne, sa troisième épouse, morte en 1991.
En 1993, il est lauréat du prix Bram Stocker, qui récompense une œuvre de dark fantasy et d’horreur, dans la catégorie « Grand maître » où il côtoie notamment Frank Belknap Long (1987), Ray Bradbury (1988), Robert Bloch (1989), Richard Matheson (1990), Christopher Lee (1994), Roger Corman (1998), Stephen King (2002), Anne Rice (2003), John Carpenter (2007) ou Nancy Holden (2021) à qui l’on doit des romans inspirés d’une série inconnue appelée « Buffy contre les vampires ».
(Site : Pinterest)
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Re: Saga "Poe par Corman"
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Philip Winthrop, fiancé de Madeline Usher, vient voir celle-ci dans la demeure familiale. Mais il se heurte au frère, Roderick, un homme hypersensible, qui affirme que Madeline ne peut partir car elle est maudite. Elle et toute la maison !
Critique
Dès les premières images, on sait que l’on va vers une tragédie. Après une terre malsaine et morte (les collines avoisinantes avaient réellement subi un incendie peu de temps auparavant), une demeure vieillotte et poussiéreuse mais, curieusement, belle et luxueuse à l’intérieur. Par contre, elle tremble, vacille et se fendille ! C’est une des clés de la réussite de ce film que de constamment illustrer la lutte de la croyance et de la raison. Il y a toujours une explication rationnelle à tout ce qu’on voit et les récits de Roderick Usher pourraient n’être que divagations d’un esprit malade. Winthrop le traite d’ailleurs de « fou ». Oui, mais est-ce vrai ? Ou bien est-ce Usher qui a raison et la raison qui a tort ?
Cette maison exhale la peur et ses habitants vivent dans la plus absolue solitude, convaincus de la malédiction du « sang des Usher » (très éclairante scène des portraits qui ressemblent à des Walter Sickert ; peintre de l’étrange). Les Usher survivants sont confis dans la plus absolue terreur et tous leurs actes et toutes leurs pensées sont biaisés par cette peur abjecte. Ils ne pensent qu’à la mort (« Tous les Usher m’attendent » laisse échapper Madeline, devant son fiancé !). La couleur des habits des personnages est révélatrice : Roderick porte du rouge (le Mal), Winthrop du bleu (le Bien), Madeline du blanc. Les Usher ne sont peut-être pas fous mais ils ne raisonnent plus sainement.
Ce qui est peut-être la définition de la folie.
La maison est le décor mais aussi le cinquième personnage du film. « Dieu vous garde de pénétrer au cœur de cette horrible maison » dit l’un des Usher mais, justement, le seul personnage qui ne soit pas un Usher, est celui qui se débat tout du long contre cette pesante et fuligineuse fatalité que les Usher s’acharnent à lui opposer quand il veut leur parler d’amour (à Madeline) ou de liberté. La question de partir est sans cesse rabâchée mais sans cesse remise. Personnage à part entière, la maison, qui retient les Usher comme ses prisonniers, est filmée sous tous les angles par Roger Corman. C’est un « monstre » qu’il nous présente (chandelier qui chute, balustrade qui craque, cercueil qui tombe). La maison est telle une allégorie de la famille Usher. Splendide et rongée. L’étrange maladie et l’attachement pathologique de Roderick à sa sœur dissimulent cette folie dans un mal profond où l’on ne parle pas. La crypte devient un lieu central de l’action. C’est un décor sobre, très réussi, et auquel on accède après une descente enténébrée. Maigre éclairage comme une métaphore de la raison, fragile lueur au milieu de ténèbres voraces et impatientes.
Roger Corman anime avec maestria cette atroce partie entre des humains trop faibles et une malédiction qui n’a qu’à laisser faire. Dans ce décor très Hammer (l’œuvre de Daniel Haller ; un habitué des productions Corman), il sait faire monter la peur, instiller le doute. Dans le final, la tension est à son comble. C’est un véritable cauchemar (le vrai a des lentilles de couleur !) que vit Winthrop et le spectateur avec lui mais c’est justement un cauchemar qui révèlera les clés du mystère de la maison Usher. La fureur des uns, la folie des autres, la fatalité contre tous ; c’est superbe, c’est magnifique. Edmund Burke a créé un mot pour dire la beauté du tragique : le sublime.
Si Mark Damon a longtemps la fadeur des « jeunes premiers », plaie du cinéma d’antan, il se rattrape quelque peu en montant en force. Quand Winthrop (le personnage est créé par Matheson pour remplacer le narrateur de la nouvelle) croit avoir perdu Madeline, son émotion (il est le seul personnage à pleurer) est touchante. Il met en outre une belle énergie à lutter contre la lénifiante « malédiction » serinée par Roderick. L’acteur devient peu à peu crédible en antagoniste de Vincent Price. L’obstination de Winthrop à obtenir des réponses lézarde la chape de non-dits qui cadenassait les Usher. On peut croire un instant que la malédiction va être battue en brèche par l’appétit de vivre de vivants « normaux ». Myrna Fahey est une héroïne qui n’aurait pas dépareillé chez la Hammer : plutôt jolie, criant très fort, elle joue une apathique mais lui donne quand même de l’énergie comme si Winthrop parvenait, parfois, pour un temps, à lever la chape de plomb qui pèse sur les épaules de Madeline. Quand à Vincent Price, les superlatifs manquent. Très beau, ses cheveux blancs magnifiquement peignés (l’acteur s’est teint les cheveux), il incarne avec aisance un gentilhomme marqué par le destin. Il rend Roderick Usher détestable mais on plaint aussi ce dernier car il n’est pas totalement responsable de ses actes.
Ce qui est la définition de la folie.
Informations supplémentaires :
Scénario : Richard Matheson d’après la nouvelle d’Edgar Allan Poe (1839)
Le film a été tourné en quinze jours.
En Espagne, ce film n’est sorti en salles qu’en 1983, 23 ans après la sortie originale.
Mark Damon/Philip Winthrop : acteur américain, on a pu le voir à la télévision dans Alfred Hitchcok présente (1956), Zorro (1959, 1961), Poigne de fer et séduction (1973), Gabriel Bird (1991) ; au cinéma dans Duel sur le circuit (1963), Les trois visages de la peur (1963), La bataille pour Anzio (1968), Le retour d’Ivanhoé (1971), Les vierges de la pleine lune (1973), Le suspect idéal (1997).
Myrna Fahey/Madeline Usher : actrice américaine (1933-1973), vue uniquement à la télévision dans Gunsmoke (1958), Superman (1958), Zorro (1958), 77 Sunset Strip (5 épisodes, 1958-1963), Bonanza (1960), La grande caravane (2 épisodes, 1960-1964), Perry Mason (4 épisodes, 1960-1966), Batman (2 épisodes, 1966), Au cœur du temps (1967). Elle succombe à un cancer.
Harry Ellerbe/Bristol : acteur américain (1901-1992), vu au cinéma dans Roses de sang (1935), La malédiction d’Arkham (1963), et à la télévision dans Perry Mason (1959), Rawhide (2 épisodes, 1960-1962), Au-delà du réel (1963), Les mystères de l’Ouest (1966), Le fugitif (1966). Plus de référence après 1971.
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Re: Saga "Poe par Corman"
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Choqué par la mort brutale de sa sœur, Francis Barnard vient trouver don Nicholas Medina, fils d’un célèbre et terrible Inquisiteur, dans son château pour avoir des explications. Il découvre un homme à la santé mentale fragile, convaincu d’avoir enterré sa femme alors qu’elle était encore vivante ! Il est même certain qu’elle revient le hanter !!
Critique
Considéré comme un grand classique du cinéma de terreur, La chambre des tortures, tourné en quinze jours, tire un parti maximal d’un minimalisme de moyens (Roger Corman n’en a jamais eu beaucoup) pour devenir un pur récit d’épouvante à la mécanique aussi infernale que le pendule du titre original. Comme le rythme du pendule, le rythme du film va crescendo. Le titre français n’est pas mauvais car il centre le récit sur cette pièce et ce n’est pas mal vu puisque don Nicholas est convaincu qu’elle est l’épicentre de toute l’énergie mauvaise qui imprègne le château.
Avec Edgard Allan Poe, le passé ne passe jamais puisqu’il ne cesse jamais d’être. Si Nicholas est si certain que la chambre des tortures est un lieu mauvais, c’est qu’elle fut le théâtre de crimes atroces commis par son père, un Inquisiteur sadique. Le récit du passé de Nicholas par sa sœur – un passé qui se confond avec l’activité effroyable de son propre père – est terrible et permet de mieux cerner une psyché...complexe. Roger Corman a une astuce très simple pour distinguer les différents moments du passé : une lentille bleue pour le souvenir, une autre rouge pour la partie « crime ». Néanmoins, on ne voit jamais rien ! Toute l’horreur, si elle est racontée, n’est jamais montrée. Question de budget certes mais, ainsi que la Hammer le démontrait à la même époque, foin de l’argent quand on a des idées !
Une seule scène d’extérieur (l’ouverture, brève). Le décor, par exemple, est composé de peu de pièces mais la décoration est soignée. Même clichée (souterrains, toiles d’araignées, vieilles armures…), elle donne un cachet d’authenticité. Que le château soit conforme à l’idée qu’on pourrait se faire de la demeure isolée propre à cacher des horreurs est de fait la meilleure chose à montrer ! On est convaincu que quelque chose d’horrible va se passer parce que quelque chose d’horrible s’y est déjà passé et parce qu’il ne peut en être autrement. Le final, abominable, est aussi un soulagement parce qu’il purge l’air vicié. Cependant le scénario a une petite faiblesse : pourquoi Elisabeth n’attend-t-elle pas le départ de son frère pour mettre un point final à sa machination ? En outre, trop axé sur sa scène finale, le film peine à raconter grand-chose.
Le succès du film tient dans ses interprètes même si les personnages, hormis Medina, sont peu travaillés. John Kerr, à la saveur fade du jeune premier. Il ne fait pas le poids face à Vincent Price mais il est l’ambassadeur du spectateur. C’est lui qui nous fait entrer dans le château. C’est lui qui, par ses questions, nous place dans la position du voyeur. Il nous contraint à voir, à imaginer ce que nous ne voudrions pas. Fermer les yeux aurait été tellement plus facile ! Et quand il s’apprête à partir (et à clore le film de fait), un ultime rebondissement renverse tout ! Luana Anders, est son pendant féminin. Mais Catherine n’est pas une faible femme. Si l’interprétation manque un peu de force, le personnage, lui, était bien écrit. Peu de temps de présence pour Barbara Steele, une haute figure de l’horror mais ses quelques scènes sont marquantes ! Elle crève l’écran et dynamise le récit ! Quant à Vincent Price, il est fabuleux de bout en bout. Il compose un Nicholas dont on doute immédiatement de la santé mentale. La mobilité de son visage lui permet d’exprimer tantôt la douceur, le déphasage complet, la surprise, l’épouvante avant que le sadisme le plus abjecte ne lui déforme les traits !
Informations complémentaires :
Scénario : Richard Matheson, d’après la nouvelle Le Puits et le Pendule.
Pour augmenter le sentiment de menace mortelle du pendule, le réalisateur Roger Corman a supprimé toutes les autres images pendant la phase de montage, ce qui donne l’impression que la lame se déplace deux fois plus vite.
Le pendule était en bois et avait une lame en caoutchouc.
L’acteur John Kerr craignait d’être attaché à la table avec le pendule au-dessus de lui pour le climax du film. Afin de démontrer qu’il était parfaitement sûr, le réalisateur Roger Corman a remplacé Kerr lors de la mise en place de la scène.
John Kerr/Francis Barnard : acteur américain (1931-2013), vu au cinéma dans La toile d’araignée (1955), Les vendanges (1957), Pacifique Sud (1958), L’homme de Prague (1981) ; à la télévision dans Danger (1953), Rawhide (1960), Gunsmoke (1962), Le Virginien (1963), Flipper le dauphin (1967), Sur la piste du crime (1967-1970), Columbo (1971), Les Rues de San Francisco (9 épisodes, 1973-1977), L’homme invisible (1975).
Barbara Steele/Elizabeth : actrice anglaise, vue au cinéma dans Le masque du démon (1960), 8 ½ (1963), Le sexe des anges (1964), La sorcière sanglante (1965), La maison ensorcelée (1968), Frissons (1975), Piranhas (1978), et à la télévision dans Alfred Hitchcock présente (1961), Destination danger (1965), Night Gallery (1972), Le souffle de la guerre (1983), Les orages de la guerre (1998), La malédiction des Collinwood (1991), Castlevania (2020).
Luana Anders/Catherine Medina : actrice américaine (1938-1996), vue au cinéma dans Marée nocturne (1961), Duel sur le circuit (1963), Easy Rider (1969), La dernière corvée (1973) mais l’essentiel de sa carrière se déroule à la télévision : The Californians (1958), L’homme à la carabine (1959), Rawhide (1961), Au-delà du réel (1964), Hawaï Police d’Etat (1968), L’homme de fer (1971), Bonanza (1972), Mannix (1972), La petite maison dans la prairie (1977), Rick Hunter (1990), Santa Barbara (1992).
Antony Carbone/Charles Léon : acteur italien (1925-2020), il a surtout travaillé pour la télévision : Les Incorruptibles (4 épisodes, 1960-1963), La Quatrième dimension (1961), Bonanza (1964), Des agents très spéciaux (1965), Cimarron (1967), La grande vallée (1968), Un shérif à New York (1971), Les rues de San Francisco (1975), Deux cents dollars plus les frais (1976), The Hardy Boys/Nancy Drew Mysteries (1977), Capitaine Furillo (1981), Rick Hunter (1991) Au cinéma, on a pu le voir dans Un baquet de sang (1959), La dernière femme sur terre (1960) et Creature from the hanted sea (1961)[tous trois de Corman] ; Avalanche (1978).
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Re: Saga "Poe par Corman"
Obsédé par la crainte d’être enterré vivant, Guy Carrel se fait construire son propre caveau. Se croyant à l’abri de ses phobies, il épouse Emily. Mais ses terreurs ne le lâchent pas. Jusqu’au drame.
Critique
Malgré un temps relativement court (le film dure 1H17), Roger Corman réussit à installer une tension, un malaise, une suspicion généralisée. Le réemploi de thèmes comme cette obsession de la mort et de la peur d’être enterré vivant rappelle La Chute de la maison Usher mais le traitement en est complètement différent. Dans le premier, la maison était une prison physique comme mentale pour un être hypersensible. Ici, la riche demeure n’est que cela mais la prison existe belle et bien ; c’est l’esprit de Guy.
Au scénario, Charles Beaumont remplace Richard Matheson et transforme le monologue de la nouvelle en un thriller à plusieurs personnages qui ressemble à une production Hammer. La comparaison se voit aussi dans le choix d’Hazel Court comme héroïne. L’actrice jouera à deux autres reprises dans le cycle Poe ; ce qui en fait le principal personnage féminin. Beaumont fait beaucoup parler ses personnages (il reprend même in extenso une partie du texte de Poe dans les dialogues) ; ce qui lui permet notamment d’expliquer longuement ce qu’est la catalepsie.
Les similitudes existent aussi comme la crypte qui est un lieu central et où les personnages passent du temps. Dans leurs premiers dialogues, Guy dit à Emily qu’il lui présente « tout le reste de sa famille qui gisent dans un calme éternel ». Plus romantique tu meurs ! Tout est sinistre dans ce film même le mariage qui se déroule par temps d’orage ! Un coup de tonnerre éclate d’ailleurs au moment fatidique de la cérémonie. Humour noir sans doute !
Bien que tous les personnages ne cessent de dire à Guy de chasser ses idées morbides, tout conspire à les lui rappeler. Le chien qui se réveille après avoir été cru mort, le chat dans les murs (mais il est gris cette fois…) et, surtout, la chansonnette des fossoyeurs sifflée à trois reprises. Quand il l’entend, le spectateur se tend comme Guy et imagine le pire. Roger Corman joue avec les nerfs des personnages et des spectateurs avec brio.
On a un moment mi-tragique mi-comique quand Guy, très fier, montre à sa femme et à son ami médecin éberlués, le caveau qu’il s’est construit « en un mois » (sic !) avec tout le confort (dont une bouteille d’amontillado !) et de nombreux « trucs et astuces » pour échapper à toute « mort accidentelle » dirions-nous. A ce stade, entendre le docteur Archer dire que Guy est « obsédé » relève de l’euphémisme !
On comprend sa femme quand elle le somme de choisir entre le caveau et elle ! D’autant que, juste avant, on a eu droit à un beau cauchemar (visible à la lentille verte choisie par Corman, aucun texte, ni cri, juste de la musique) où Guy se réveille dans le caveau où rien ne fonctionne ! C’est avec efficacité que Corman lance le final qui en 15 minutes fait monter la tension en flèche et la soulage par une série de révélations fracassantes et une mort qui se déchaîne enfin.
Ray Milland est formidable dans le rôle de Guy. Roger Corman voulait aussi un acteur « romantique ». Son visage très mobile lui permet d’exprimer toutes les émotions ressenties par son personnage, la peur étant la plus présente mais il le fait aussi sourire avec plaisir. Rarement bien sûr mais ces instants de soulagement dans la tension permettent de la renouveler et de la faire repartir plus fort. Hazel Court, qui choisit mal ses époux de cinéma (c’est elle qui épouse Frankenstein dans le film de 1957 ! ) campe une épouse apparemment très préoccupée par l’état psychique de l’homme qu’elle aime et qui voudrait vivre autre chose et surtout ailleurs. Heather Angel n’est pas mauvaise dans le rôle de la sœur vigilante mais ne développe guère autre chose et Richard Ney est l’ami médecin ; un rôle extrêmement conventionnel et l’acteur, s’il se débrouille correctement, n’éblouit pas. Heureusement, le film ne s’en trouve pas diminué ; Ray Milland nous captive assez.
Anecdotes :
Le film devait être tourné chez Pathé car Corman était mécontent des arrangements avec AIP. Ray Milland remplace Vincent Price car ce dernier est sous contrat avec AIP. Mais Pathé revendra les droits à AIP deux jours avant le début du tournage !
Guy présente un bâton comme un explosif « récemment » inventé par un savant nommé Nobel ; la dynamite est créée en 1866.
« Sans doute la psychiatrie deviendra une science », lance le docteur Archer. Le terme est forgé en 1808 par Johann Christian Reil en Allemagne mais demeure peu usité durant le XIXème siècle. En France, elle n’est distinguée de la neurologie qu’en 1968.
Curiosité : le cercueil de Guy comporte une vitre au niveau de la tête.
Ray Milland/Guy Carrel : acteur écossais (1905-1986) à « l’exemplaire trajectoire » selon Pierre Gires et Jean-Paul Andrevon. Après des petits rôles en Angleterre, il va tourner à Hollywood. On le voit dans Beau Geste (1939), Espions sur la Tamise (1944), Le Poison (1945), Un pacte avec le Diable (1949), Les clairons sonnent la charge (1952), Courrier pour la Jamaïque (1953), Le Crime était presque parfait (1954), Un homme traqué (1955), Panique, année zéro (1962), L’horrible cas du docteur X (1963), Les crapauds (1972), Les espions meurent à l’aube (1973), La montagne ensorcelée (1975), Galactica : la bataille de l’espace (1978) ; à la télévision dans Suspicion (1958), Les règles du jeu (1970), Night Gallery (1971), Columbo (2 épisodes, 1971, 1972), The Hardy Boys/Nancy Drew Mysteries (2 épisodes, 1978), Galactica (1978), L’île fantastique (1978), La croisière s’amuse (2 épisodes, 1979), Drôles de Dames (1980), Pour l’amour du risque (2 épisodes, 1982, 1983). Il fut aussi réalisateur : Un homme traqué (1955), L’homme de Lisbonne (1956 + acteur), Le perceur de coffre (1958 + acteur), Panique année zéro (1962 + acteur).
Richard Ney/Miles Archer : acteur américain (1916-2004), vu au cinéma dans Un mariage à Boston (1947), Jeanne d’Arc (1948), L’éventail de lady Windermere (1949), Miss Italia (1950), Piège à minuit (1960) ; à la télévision dans Peter Gunn (2 épisodes, 1958, 1961), La grande caravane (1961), Au-delà du réel (1964). Plus de références après 1967.
Heather Angel/Kate : actrice anglaise (1909-1986), vue au cinéma dans The hound of Baskerville (1931), Deux femmes (1933), The three musketeers (1935), Bulldog Drummond (5 films entre 1937 et 1939), Orgueils et préjugés (1940) ; à la télévision dans Perry Mason (1958), Police Story (1975).
Alan Napier/Dr Gideon Gault : acteur britannique (1903-1988), vu au cinéma dans Caste (1930), Les quatre justiciers (1939), Le retour de l’homme invisible (1940), L’escadrille des aigles (1942), Un commando en Bretagne (1943), Espions sur la Tamise (1944), L’île des morts (1945), Le démon de la chair (1946), Sindbad le marin (1947), Jeanne d’Arc (1948), Tarzan et la fontaine magique (1949), Tarzan et la reine de la jungle (1951), Jules César (1953), Les contrebandiers de Moonfleet (1955), Voyage au centre de la Terre (1959), Tendre est la nuit (1962), Pas de printemps pour Marnie (1964) ; et à la télévision dans Alfred Hitchcok présente (6 épisodes entre 1955 et 1959), Thriller (3 épisodes, 1960-1961), La Quatrième Dimension (1963), Daktari (1966), Batman (1966), L’homme de fer (3 épisodes, 1970-1974), Night Gallery (3 épisodes, 1971-1972), Kojak (1976).
Biographie d’Hazel Court dans Frankenstein s’est échappé !
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Re: Saga "Poe par Corman"
***
Trois histoires terrifiantes composent ce thriller basé sur trois nouvelles d’Edgar Allan Poe. Dans « Morella », un homme est convaincu que sa fille a tué sa mère. Dans « Le chat noir », un ivrogne emmure vivants sa femme et l’amant de celle-ci. Dans « Le cas de M. Valdemar », un sorcier tente une expérience pour tenir la mort à distance.
Critique
Trois histoires atroces, simples dans l’histoire mais efficaces et toutes dotées d’une chute abominable. Vincent Price est le dénominateur commun de ce film à sketches, un type de film fréquent dans les années 60.
a) Morella (**)
Accroche : « Qu’est-ce qui arrive à quelqu’un qui refuse l’éternité de la mort ? »
C’est le plus simple, quasiment simpliste du lot. Une jeune fille revient voir son père mais trouve son manoir totalement à l’abandon. Reclus et rongé par l’alcool et le chagrin, Locke finit par avouer à sa fille que sa mère, Morella, l’accusa jusque sur son lit de mort, d’être la cause de son trépas. Folle de rage, elle jura de se venger. L’attaque du fantôme est une surimpression des plus basique mais très efficace ! La chute qui survient est malheureusement assez prévisible et Maggie Pierce, qui incarne Lenora, n’a pas un jeu très convainquant (le rôle est assez schématique il est vrai) et peu de présence. Reste Vincent Price qui assure. Richard Matheson et Roger Corman ont voulu aller à l’essentiel en se focalisant sur la terreur mais cela manque un peu de contenu. Quelques images sont empruntées à La Chute de la Maison Usher.
b) Le chat noir (****)
Accroche : « Que se passe-t-il juste avant ce qui conduit inexorablement à la mort ? Notre second récit répond de façon malicieuse à cette question. »
Malicieux certes (comme chez Poe qui aimait l’humour grotesque), ce récit macabre ne manque pourtant pas d’humour ! A commencer par la composition extraordinaire de Peter Lorre ! Montresor est un alcoolique certes mais souvent souriant et, malgré la personnalité abjecte de ce dernier, l’acteur arrive à lui donner un vernis sympathique. La scène de la dégustation de vin – et l’entrée en scène de Vincent Price – est une pure merveille de drôlerie. Cette séquence a été créée pour le film et n’est pas issu de la nouvelle de Poe (quoique cela peut faire écho à la nouvelle, La barrique d’amontillado). D’un côté, un dégustateur professionnel maniéré et, de l’autre, un « dégustateur » tout aussi professionnel mais bonhomme et aux manières populaires. Comment ne pas être de son côté ? Sauf que, lorsqu’il comprend qu’il est cocu, il va devenir un assassin redoutablement retors. Le choix de l’humour était osé mais cela se justifie par l’écriture du personnage joué par Peter Lorre. La séquence onirique finale, pour basiques que soient les effets spéciaux (on est chez Corman, la débrouille est élevé aux rangs d’un des beaux-arts), est endiablé, drôle et macabre à la fois. C’est la meilleure des trois histoires.
c) Le cas de M. Valdemar (***)
Accroche : « Qu’arrive-t-il au moment de la mort à un homme qui, à ce moment-là, n’est pas autorisé à mourir ? »
L’histoire commence comme une lutte entre un charlatan, qui pratique le « mesmérisme » et un médecin, qui pratique la science. Et convoitent tout deux l’épouse de Valdemar ! Sauf que le charlatan obtient des résultats ; non pour sauver mais pour soulager M. Valdemar, mourant et obtenir de lui qu’il tente une expérience pour le moins...fantastique. Mais quand le sorcier est joué par Basil Rathbone, là, on accède au grandiose. L’acteur n’a pas de mal à dominer David Frankham, qui joue le bon docteur, mais c’est à la fois l’histoire qui veut ça et la personnalité de Rathbone qui retrouve un rôle de méchant – le type de personnage qui l’avait rendu célèbre trente ans auparavant. On se doute que l’expérience va mal tourner mais, malgré tout, le final arrive à surprendre par l’épouvante qu’il exsude.
Informations supplémentaires :
Scénario : Richard Matheson d’après Edgar Allan Poe
Casting « Morella » :
Maggie Pierce/Lenora : actrice américaine (1931-2010), elle débute en jouant dans des séries western. Elle tourne essentiellement pour la télévision dans La grande caravane (1959-1965), Perry Mason (1961), Alfred Hitchcock présente (1962), Le fugitif (1965), Des agents très spéciaux (1965). Plus de références après 1967.
Leona Gage/Morella : actrice américaine (1939-2010) dont c’est pratiquement toute la carrière.
Casting « Le chat noir » :
Peter Lorre/Montresor : acteur américain né sujet austro-hongrois (1904-1964) ; il devient célèbre avec M Le maudit (1931). Suivent L’homme qui en savait trop (1934), Les mains d’Orlac (1935), Crime et châtiment (1935), Quatre de l’espionnage (1936), L’île des damnés (1940), Le faucon maltais (1941), Casablanca (1942), Arsenic et vieilles dentelles (1944), 20 000 lieues sous les mers (1954), Cinq semaines en ballon (1962), Le Corbeau (1963) ; à la télévision : Suspense (1952), Alfred Hitchcock présente (1957, 1960), La grande caravane (1960), Route 66 (1962).
Joyce Jameson/Annabel : actrice américaine (1927-1987), vue au cinéma dans Contrebande au Caire (1957), Josey Wales, hors la loi (1976), Doux, dur et dingue (1978) mais surtout à la télévision dans Crossroads (1955), La Quatrième Dimension (1963), Perry Mason (2 épisodes, 1963, 1965), L’homme à la Rolls (1964), Des agents très spéciaux (1966), La grande vallée (1967), Annie, agent très spécial (1967), Le Virginien (1969), Opération danger (1971), La famille des collines (1974), Sergent Anderson (2 épisodes, 1975), Drôles de Dames (1978), La croisière s’amuse (1982)
Casting « Le cas de M. Valdemar » :
Basil Rathbone/Carmichael : acteur britannique né en Afrique du Sud (1892-1967), après quelques rôles insipides, il enchaîne des personnages détestables qui vont le rendre célèbre : David Copperfield (1935), Les aventures de Robin des Bois (1938), La Tour de Londres (1939), Le signe de Zorro (1940), La cuisine des anges (1955), Les monstres se révoltent (1956), Ponce Pilate (1962). Il incarna Sherlock Holmes à 13 reprises entre 1939 et 1946. Chevalier de l’Ordre de l’Empire britannique, il fut fait Knight Bachelor.
Debra Paget/Helen : actrice américaine, vue au cinéma dans La proie (1948), La maison des étrangers (1949), La flèche brisée (1950), L’oiseau de paradis (1951), Les Misérables (1952), Prince Vaillant (1954), Sept hommes en colère (1955), Les dix commandements (1956), De la Terre à la Lune (1958), Le tigre du Bengale (1959), La vallée des Pharaons (1960), La malédiction d’Arkham (1963), et à la télévision dans La grande caravane (2 épisodes, 1958-1959), Johnny Ringo (1960), Rawhide (2 épisodes, 1960-1962), L’homme à la Rolls (2 épisodes, 1963-1965). Elle se retire après avoir épousé un millionnaire chinois.
David Frankham/Dr James : acteur britannique, vu à la télévision dans Studio 57 (1958), Alfred Hitchcock présente (2 épisodes, 1958, 1962), Maverick (1959), Au-delà du réel (2 épisodes, 1963-1964), Sur la piste du crime (5 épisodes, 1967-1972), Star Trek (1968), Cannon (1974), L’homme qui valait trois milliards (1975), The Hardy Boys/Nancy Drew Mysteries (1978), Amour, gloire et beauté (3 épisodes, 1987) et au cinéma dans Le maître du monde (1961), Meurtre en direct (1982).
Mesmérisme : dit aussi « magnétisme animal », doctrine conçue par le médecin Franz-Anton Mesmer (1734-1815) qui postulait l’existence d’un fluide magnétique universel dont on pouvait faire une utilisation thérapeutique. Les progrès de la science (et notamment la découverte de l’électromagnétisme) ont infirmé cette théorie.
Le personnage de Debra Paget a été imaginé pour le film.
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Re: Saga "Poe par Corman"
Dans le style cela diffère vraiment de ce que proposait Matheson pour la Quatrième Dimension à la même époque.
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Re: Saga "Poe par Corman"
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Craven est un puissant magicien qui vit retiré depuis la mort de sa femme Lénore. Il reçoit un soit la visite d’un corbeau qui lui dit être son confrère Bedlo transformé en volatile par le redoutable sorcier Scarabus. Les deux magiciens décident alors de se rendre chez leur ennemi pour l’affronter.
Critique
Au moment d’adapter Le Corbeau, Corman et Matheson en avaient assez de la tragédie. Aussi le scénariste va-t-il tirer la nouvelle de Poe vers la comédie et c’est très réussi ! Corman dira que ce fut « un véritable plaisir d’assister au tournage ». Un tournage qui dura seulement quinze jours. Corman et Matheson vont s’affranchir totalement de Poe (même si le début du poème est lu en ouverture par une voix hors champ). Très satisfaits du ton humoristique qu’ils ont apporté dans le segment « Le Chat noir » de L’empire de la terreur, le duo Corman-Matheson se lâche totalement pour ce qui sera leur dernière collaboration. Ils abandonnent toute velléité de terreur pour basculer dans la pure comédie fantastique.
Tout le début du film, même s’il n’échappe pas à quelques longueurs, amuse par le total jeu en roue libre de Vincent Price et ça ne s’arrange pas quand Lorre apparaît. Déjà Craven s’amuse à dessiner un corbeau pour se distraire. Ensuite, il se prend le télescope dans la figure (l’engin, d’ailleurs, ne sert à rien sinon à ça !). Enfin, impossible de prendre le corbeau au sérieux quand il énumère la litanie drolatique des ingrédients pour la potion censée lui rendre forme humaine. La visite du laboratoire (qui suit un nouveau passage par une crypte mais celui-ci comique), très cliché comme décor, est également très drôle, la musique de Les Baxter cocasse et la mixture à faire vomir un rat !
Le Corbeau va ainsi enchaîner les situations burlesques entre comique de situation et parodie du genre fantastique. Le prétexte pour lancer ces deux sorciers (et leurs enfants respectifs dont on se demande bien ce qu’ils viennent faire là puisqu’ils ne servent à peu près à rien) contre Scarabus est finalement assez mince – quoiqu’assez proche de Poe tout de même. On notera que l’épouse disparue s’appelle Lénore et le père de Craven s’appelait Roderick. Parodie certes mais on garde les références/révérences qui vont bien.
L’entrée en scène de Boris Karloff relance le film et lui donne une nouvelle intensité. L’acteur britannique sait se donner une allure inquiétante sans forcer. On sait d’avance – et Scarabus le dit lui-même que « les apparences sont trompeuses », que Craven étant le gentil du film (ça change pour Price !), il doit y avoir confrontation entre lui et Scarabus. Matheson s’amuse mais il prend le sujet suffisamment au sérieux pour concocter une opposition de haut vol. Par contre, le manque de moyens ne contribue pas à donner beaucoup d’intensité ni de sérieux au duel entre les deux sorciers d’autant que Price est visiblement aux anges de la jouer légère tandis que Karloff a le visage fermé.
Chacun des acteurs principaux participent à cette farce mais avec leurs façons de faire réciproque. Ainsi Vincent Price est « un gentleman sophistiqué, doté d’un sens aigu de l’humour [qui] suit d’assez près les dialogues » dira Corman. Boris Karloff, très professionnel, mémorisait à la perfection tout son texte. Peter Lorre, lui, apprenait plus ou moins le sens et improvisait constamment mots et gestes ! « Nous étions tous écroulés de rire », affirma Corman. Price adorait ça et improvisait aussi quand Karloff « devenait cinglé ». Si Olive Sturgess ne sort pas de son rôle conventionnel de « demoiselle en détresse », Hazel Court épate par sa gouaille crapuleuse (on a déjà dit que l’actrice choisissait mal ses compagnons de cinéma ?). Roger Corman donne un petit rôle à un débutant qu’il trouvait prometteur : Jack Nicholson ! Si Rexford n’est pas son rôle le plus complexe, on notera que, lorsqu’il est un temps frappé de folie quand il conduit la calèche, son visage est marqué par un sourire extatique à faire froid dans le dos. Il ne manquerait plus qu’il enfonce une porte avec une hache !
La réalisation de Roger Corman est virtuose et il anime cette comédie avec une énergie communicative. Tout tient la route, la rire surgit du moindre geste ; c’est animé, vif, vivant. On se régale goulûment et le final est d’une douce ironie qui arrache un dernier rire.
Anecdotes :
Citation à méditer : « Ce n’est pas en se cachant qu’on combat les esprits mauvais ».
En jetant ses sorts, le Dr Adolphus Bedlo (Peter Lorre) a utilisé plusieurs expressions latines sans rapport avec la magie : Veni vidi vici : je suis venu, j’ai vu, j’ai vaincu. De mortuis nil nisi bonum : Ne dites pas du mal des morts. Cave Canem : Attention au chien. Si vis pacem para bellum : Si vous voulez la paix, préparez-vous à la guerre. Ceterum censio Carthaginem esse delendam : De plus, je crois que Carthage doit être détruite.
Selon Roger Corman, l’hostilité entre Jack Nicholson et Peter Lorre, en tant que père et fils, venait des acteurs plutôt que du scénario.
Boris Karloff est aussi dans Le Corbeau (1935). Les deux films sont inspirés du poème classique d’Edgar Allan Poe, mais ils ont chacun leur propre histoire.
La séquence dans laquelle le château de Boris Karloff est consumé par le feu utilise des images également vues dans La chute de la maison Usher (1960)
Vincent Price, en tant que sorcier « Dr Erasmus Craven », a inspiré la création du Dr Strange (de Marvel Comics) et est en fait devenu le modèle du créateur Steve Ditko pour le « Sorceror Supreme »; Le nom complet du Dr Strange est « Stephen *Vincent* Strange », en l’honneur de Price.
Boris Karloff/Scarabus : acteur britannique né William Henry Pratt (1887-1969), vu au cinéma dans 206 productions dont Au bord du gouffre (1921), Nuits parisiennes (1925), Tarzan et le lion d’or (1927), Frankenstein (1931), Le masque d’or (1932), La Momie (1932), Le chat noir (1934), la fiancée de Frankenstein (1935), Le mort qui marche (1936), Le fils de Frankenstein (1939), L’île des morts (1945), Les conquérants d’un nouveau monde (1947), le château de la terreur (1951), Sabaka (1954), Les trois visages de la peur (1963), La créature invisible (1967). Il a aussi tourné pour la télévision : Suspens (6 épisodes, 1949-1953), Les aventures du colonel March (1954-1956), Les mystères de l’Ouest (1966), Annie, agent très spécial (1966)
Olive Sturgess/Estelle : actrice canadienne vue à la télévision dans Studio 57 (1955), Perry Mason (1957), Cheyenne (1958), Rawhide (1959), La grande caravane (2 épisodes, 1960), Maverick (2 épisodes, 1960, 1961), Le Virginien (1964), Annie, agent très spécial (1966), L’homme de fer (2 épisodes, 1968, 1969). Le Corbeau est son seul film. Plus de références après 1974.
Biographie d’Hazel Court dans Frankenstein s’est échappé !, de Peter Lorre dans L’Empire de la terreur et de Jack Nicholson dans Mars Attack !
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Re: Saga "Poe par Corman"
Venu visiter un manoir qui avait été la propriété de son arrière-grand-père, Charles Dexter Ward et sa femme Anne sont froidement accueillis au village d’Arkham. Il faut dire que 110 ans plus tôt, les habitants de ce même village ont brûlé l’ancêtre de Ward, Joseph Curwen, dont il est le troublant portrait. Bientôt possédé par l’esprit de ce dernier, Charles entreprend de se venger avant de reprendre son grand œuvre.
Le script de "The hanted palace" n’étant pas prêt, et celui sur une adaptation de "L’affaire Charles Dexter Ward" l’étant, Roger Corman « triche » un peu. Le public aimant Edgar Poe, il va lui donner un film « à la manière de Poe » comme ses films précédents, mais en adaptant H.P. Lovecraft, autre auteur américain mésestimé chez lui, quoi que Corman ne l’aime pas beaucoup, le trouvant moins « subtil » qu’Edgar Allan Poe. Au vu du résultat, on lui pardonne aisément.
Scénario : Charles Beaumont d’après L’affaire Charles Dexter Ward de H.P. Lovecraft et le Palais hanté d’Edgar Allan Poe. Francis Ford Coppola y a aussi travaillé mais n’est pas crédité.
AIP fit pression sur Corman pour qu’il insère un poème de Poe et intitule le film The haunted palace. Ce poème n’est cité qu’à deux reprises durant le film, une première fois après la mort de Joseph Curwen puis par un intertitre déroulant lors de l’arrêt sur image du dernier plan.
Arkham est une ville (et non un village) imaginaire du Massachusetts dans laquelle se déroulent de nombreuses nouvelles de Lovecraft. Elle sert notamment de cadre à la nouvelle La Couleur tombée du ciel publiée en 1927. L’affaire Charles Dexter Ward se déroule à Providence.
Joseph Curwen utilise le Necronomicon pour ramener à la vie sa compagne Hester (ce qui n’est pas canonique) mais aussi pour permettre aux Grands Anciens tels que Cthulhu ou Yog-Sothoth d’ouvrir un portail vers notre monde.
Lon Chaney Jr/Simon Orne : acteur américain (1906-1973) vu au cinéma dans Les trois mousquetaires (1933), Un taxi dans la nuit (1937), Des souris et des hommes (1939), Le loup-garou (1941), Le spectre de Frankenstein (1942), Frankenstein et le monstre (1943), Le fils de Dracula (1943), Le fantôme de la momie (1944), Le train sifflera trois fois (1952), Commando à Cuba (1961), Sur la piste des Apaches (1965), Dracula contre Frankenstein (1971) ; à la télévision dans Au nom de la loi (1959), La grande caravane (2 épisodes, 1960-1961).
Frank Maxwell/Dr Willett : acteur américain (1916-2004), vu à la télévision dans Gunsmoke (1958), Alfred Hitchcock présente (5 épisodes, 1959-1962), La Quatrième dimension (1960), Perry Mason (3 épisodes, 1960-1961), Rawhide (4 épisodes, 1960-1965), Le Virginien (1964), Le Fugitif (3 épisodes, 1965-1966), Ma sorcière bien-aimée (1966), L’homme de fer (3 épisodes, 1970-1974), Opération danger (1971), Cannon (3 épisodes, 1972-1974), Mannix (1973), Banacek (1974), Drôles de Dames (1976), Les rues de San Francisco (1977), Hôpital Central (46 épisodes, 1978-1989), La croisière s’amuse (2 épisodes, 1984). Ce film est pratiquement sa seule incursion sur grand écran.
Milton Parsons/Jabez Hutchinson : acteur américain (1904-1980), vu au cinéma dans Le manoir de la peur (1940), La blonde de mes rêves (1942), Aventure au harem (1944), Dick Tracy (1945), Dick Tracy contre Cueball (1946), Dick Tracy contre le gang (1947), Le sabre et la flèche (1953) ; à la télévision dans I love Lucy (1952), Cheyenne (1958), Rawhide (1961), La Quatrième Dimension (3 épisodes, 1961-1963), The Dick Van Dyck Show (1964), Annie, agent très spécial (2 épisodes, 1966-1967), Les mystères de l’Ouest (2 épisodes, 1966, 1969), Des agents très spéciaux (1967), Max la menace (1969), Night Gallery (1971), Kung Fu (1974), Dossiers brûlants (1975), La petite maison dans la prairie (1976).
Cathie Merchant (Hester) n’a pas une ligne de texte.
Biographie de Harry Ellerbe dans La Chute de la maison Usher et de Debra Paget dans L’empire de la terreur.
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Re: Saga "Poe par Corman"
A noter, Netflix annonce une version contemporaine de La Chute de la Maison Usher pour octobre
https://www.madmoizelle.com/la-chute-de-la-maison-usher-tout-ce-quon-sait-sur-ladaptation-dedgar-allan-poe-par-le-createur-de-hill-house-sur-netflix-1562245
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Re: Saga "Poe par Corman"
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Re: Saga "Poe par Corman"
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Re: Saga "Poe par Corman"
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Re: Saga "Poe par Corman"
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Re: Saga "Poe par Corman"
J'ai noté des références à "Le Corbeau" (l'oiseau bien sûr mais aussi le "Jamais plus"), "La chambre des tortures" (avec l'image de la faux) et à "Le masque de la mort rouge". On dirait que le ou les scénaristes(s) ont lu Poe. C'est déjà un bon début.
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Re: Saga "Poe par Corman"
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Alors qu’une épidémie sévit à l’extérieur, le prince Prospero, adorateur de Satan, vit reclus dans son château donnant des fêtes orgiaques et cruelles. Indifférent à tout, il laisse sa compagne se soumettre au Diable. En revanche, il retient prisonnière la jeune Francesca dont l’innocence et la foi le fascinent.
Critique
Sic transit gloria mundi est la dernière réplique du film et elle en résume bien le propos. Cynique à tout crin, Prospero s’est voué au Diable parce que le spectacle du monde l’a convaincu que le « Dieu d’amour » est mort. « Si tu as foi en Dieu, tu es incrédule » assène-t-il goguenard à la croyante Francesca. En réunissant ses amis préalablement corrompus – pardon « instruits » car, dit-il, « Je ne corrompt pas. J’instruis » (Sade ne dit pas autre chose dans La philosophie dans le boudoir), il veut les « sauver », de l’épidémie certes qui dévaste la contrée mais, surtout, du Dieu unique qui n’a plus droit de cité. Après tout, n’est-ce pas en son nom qu’a sévit l’Inquisition ?
Les décors du film, récupérés du film Becket, sont splendides. Le travail de Daniel Haller est sans faute. Les cachots sont macabres à souhait et on notera l’intrigante succession de pièces colorées allant du blanc au noir. Est-ce une référence alchimique puisque l’on va du blanc au noir ? Ou la marque de l’opposition entre les deux personnages principaux ?
Les passages « festifs » font froid dans le dos. C’est une ambiance de Satyricon et on comprend le dégoût de Francesca. Tout est cruauté chez Prospero qui refuse son entrée tant à un noble qu’à des paysans mais le jeu des cinq dagues (dont une est empoisonnée) est un sommet dans le genre. Il faut tout le talent de Vincent Price, à la fois sobre et nuancé, pour ne pas susciter un violent rejet. Le curieux geste d’humanité du personnage à la toute fin est une invention des scénaristes car, dans la nouvelle de Poe, la mort de Prospero est bien plus rapide.
Le film oppose le Bien (Francesca) au Mal (Prospero) mais, alors que la compagne de Prospero (petit mais intense rôle d’Hazel Court, qui choisit toujours aussi mal ses époux de cinéma !) se soumet au Diable tombant dans un délire macabre à l’ambiance très Füssli avant de périr brutalement dans une scène violente que n’aurait pas renié Hitchcock, et que le noble Alfredo (splendide Patrick Magee) est déjà plus vérolé qu’un lépreux, Francesca résiste avec toute l’innocence de son jeune âge et l’amour qu’elle porte à son fiancé. A peine âgé de 18 ans, Jane Asher marque résolument le film.
Dès le début Roger Corman voulait adapter « Le masque de la mort rouge » car il trouvait que c’était un des meilleurs récits de Poe et, en 1960, il était en balance avec « La chute de la maison Usher ». S’il a finalement opté pour ce dernier, c’est qu’il craignait la comparaison avec Le septième sceau de Bergman (1957). Roger Corman a tourné ce film en Angleterre pour profiter des lois fiscales britanniques. En faisant de cette production une production britannique avec une équipe britannique, il a obtenu une subvention du gouvernement. En revanche, les pauses thé régulières d’une équipe fortement syndiquée l’agacèrent beaucoup. Il bénéficia également de cinq semaines de tournage (contre trois habituellement) ainsi que de décors et de costumes récupérés ailleurs. Le résultat, même si le film est parfois un peu lent, est visuellement remarquable et très angoissant.
Anecdotes :
Scénario : Charles Beaumont, R. Wright Campbell. Les scénaristes ont mêlé « le masque de la mort rouge » avec « Hop Frog » (1849), un récit où un personnage de petite taille se venge. Roger Corman fut mécontent du travail de Beaumont et il retravailla la scénario avec Campbell axant le film sur la lutte du Bien contre le Mal.
Le prélude avec les paysans n’existe pas dans la nouvelle de Poe, qui est très courte (moins de 13000 caractères dans la traduction de Charles Baudelaire). Julianna et Francesca n’y sont pas mentionnées.
Jane Asher a demandé à Roger Corman si un ami pouvait visiter le plateau et les rejoindre pour le déjeuner. Elle a expliqué que son ami était un musicien qui était sur le point de faire son premier concert à Londres ce soir-là. À la fin du déjeuner, Corman lui souhaite bonne chance pour son concert. Roger Corman n’avait jamais entendu parler de Paul McCartney avant de lire le succès du concert dans les journaux du lendemain.
Hop-Toad et Esmeralda ont été tirés de la nouvelle d’Edgar Allan Poe « Hop-Frog ». Cette histoire a été inspirée par un incident réel en 1393, où le roi français Charles VI et cinq de ses seigneurs se sont habillés et enchaînés comme des « hommes sauvages » pour une mascarade. Leurs costumes ont pris feu d’une étincelle perdue. Quatre des seigneurs sont morts, et l’incident est devenu connu sous le nom de « Bal des Ardents ». Déjà mentalement fragile, le roi ne devait jamais s’en remettre.
La femme de Hop Toad, Esmeralda, a été interprétée par Verina Greenlaw, qui n’était alors qu’une enfant. Son dialogue a été doublé par une actrice adulte.
Jane Asher/Francesca : actrice anglaise, vue au cinéma dans Le prince et le pauvre (1962), Alfie le dragueur (1966), Les six femmes d’Henri VIII (1972), Mariage à l’anglaise (2013) et à la télévision dans Robin des Bois (3 épisodes, 1956-1958), The Buccaners (1957), Le Saint (2 épisodes, 1963-1964), L’aventurier (1973), Hazell (1978), Bizarre, bizarre (1984), Miss Marple (2004), Hercule Poirot (2010), Crossing Lines (2015).
David Weston/Gino : acteur anglais, vu au cinéma dans Eva s’éveille à l’amour (1963), Becket (1964), Le baron rouge (1971) ; à la télévision dans Docteur Who (6 épisodes, 1966-1981), Alerte dans l’espace (2 épisodes, 1970-1971), ZCars (1972), L’aventurier (1973), The Bill (1986), Les règles de l’art (1993)
Robert Brown, qui joue ici un simple garde, est connu pour avoir incarné M, le supérieur de James Bond dans quatre films (1983-1989).
Biographie d’Hazel Court dans Frankenstein s’est échappé, de Patrick Magee dans Les démons de l’esprit et de Nigel Green dans Comtesse Dracula.
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Re: Saga "Poe par Corman"
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