Série "24h chrono"

Vu, en trois fiévreuses soirées, le Day 7 de 24h (merci, Klokloh !!!). J’en retire une impression très positive, le suspens paroxystique permanent, les rebondissements efficaces de l’intrigue, les scènes d’action spectaculaires et bien entendu le charisme de Jack Bauer répondent comme toujours à l’appel, avec ici une efficacité renouvelée. On devient instantanément accro et on ne descend pas du bolide avant la conclusion, à part quelques insignifiantes pauses techniques (manger, dormir, travailler, ce genre de choses). On apprécie que Jack se situe au cœur du récit non seulement pour ses exploits mais aussi pour son cheminement moral, cette saison accentuant comme jamais les questionnements autour de son héros des plus particuliers.

Cette mise en question permanente, par les témoins comme par le héros lui même, s’avère quasiment aussi importante que les évènements, en cela la série arrive au bout d’un processus réellement captivant. Le propos se voit habilement souligné par la comparaison avec les parcours de Tony (superbement narré, mais quelle tristesse pour ce personnage si apprécié depuis toujours) et plus encore celui de Renée Walker, devenant progressivement la « disciple » de Jack, jusqu’à totalement déraper, malgré les mises en garde de son mentor. Deux abimes différents, mais également vertigineux, entre lesquels Jack parvient malgré tout à tracer sa voie étroite. Une écriture nettement plus subtile qu’il y paraît de premier abord !

On adore également découvrir les vieux de la vieille de la CAT renouer pour poursuivre leur combat, avec, comme toujours, un coup de cœur particulier pour l’épatante Chloé (qu’on espère la prochaine fois retrouver plus a cœur de l’action) ? Autre bonne nouvelle : la délocalisation de l’action de L.A. à Washington D.C. produit tous ses effets, avec la Maison Blanche comme champ de bataille (formidable Aaron), de superbes vues, diurnes ou nocturnes, des monuments fédéraux et une certaine solennité intensifiant le discours moral de la série. L’entrée en scène du FBI en lieu et place de la CAT donne lieu à un changement de mentalités bien exploité et à la découverte de quelques fortes figures, dont Renée Walker, la grande révélation de cette journée (la svelte Annie Wersching est tout simplement parfaite). Et l'on retrouve cette agréable saveur de parano, l'ensemble de la série manifestant un ton très "trust no one").

Bon quelques regrets, sinon ce n’est pas drôle. Les différents complots se succèdent un peu trop, l’on aurait préféré des arcs narratifs plus longs et des « boss de fin de niveau » un moins nombreux, ce qui confèrerait plus d’impact à leur chute. La capture du dernier, au lieu de paraître un couronnement, ne ressort ainsi que comme un trophée de plus, même si on s’efforce d’intensifier la chose en le reliant à l’historique des personnages. Après la sortie des différents Africains, la seconde partie de la journée, toujours palpitante, semble un tantinet moins consistante, avec notamment des méchants toujours plus désespérés et un versant « West Wing » désormais déconnecté du tronçon principal.

De manière nettement plus tranchée que de coutume le casting a recours à une impressionnante cohorte d’acteurs connus, ce qui nous vaut de jolis numéros (dont un Jon Voight jouissivement en roue libre) mais cela finit par donner un aspect artificiel et fabriqué à l’ensemble, on sature. Et puis, bien entendu, Kim le Boulet est de retour avec son cortège de scènes lacrymales, de situations ridicules et de jeu indigent. On en peut plus, le cauchemar doit cesser, surtout pour le film à venir où l’on n’aura vraiment plus le temps pour ces scories (par contre si Mandy est de passage...).

Ces quelques défauts n’entachent que tout à fait modérément l’éclatant succès de cette septième plus longue journée de la vie de Jack Bauer. Celle-ci, écrite alors que le renouvellement pour Day 8 paraissait tout à fait aléatoire apparaît comme une somme de la série toute entière et un testament de la part de Jack. La conclusion parait limpide sur ce point, tout en ménagement finement l’avenir. Tiens, le Boulet se serait finalement rendu utile à quelque chose ? Les espoirs les plus fous sont dès lors permis pour l’ultime saison !

Ah mais depuis toujours 24h et moi c'est jusqu'à ce que le corps ne suive plus, une addiction pure et absolue.

La Présidente Taylor est un excellent personnage, fort bien dessiné entre autorité politique et morale, mais aussi sensibilité. On lui doit de nombreuses scènes réussies, d'autant que l'actrice Cherry Jones, une figure de Broadway, lui apporte une vraie humanité et trouve le plus souvent le ton juste. (je suis nettement plus réservé sur sa fille, une Kim bis quoique inversée).

Par contre elle n'a pas le côté emblématique et charismatique de Palmer ou l'aspect diabolique et très "génie du mal" de Logan, et semble de fait un peu effacée à côté de ces deux flamboyants personnages. Ceci dit, elle compte bien parmi les atouts du Day 7. Je pense d'ailleurs exactement le même chose pour son chef de cabinet, incarné avec saveur par le vétéran Bob Gunton. On suit le personnage avec un vif intérêt mais... Il n'y aura jamais qu'un seul Mike Novick dans 24h Chrono !