Série "Buffy" (2)

Graduation Day est bien le big big finale de saison que l’on attendait. Part 1 : Après un début plutôt lumineux (le prof qui fait un jeu de pendu, Anya de plus en plus attirée par Xander), la tension s’installe dès que Faith est dans ses œuvres. La première moitié est plus un prélude mais les actions s’enchaînent sans temps mort, avec des pics d’intensité mirobolants ou franchement traumatisants (Faith en rose !!). Il y’a bien évidemment le Maire profanant le temple sacré qu’est la bibliothèque de Giles (Harry Groener est en pleine forme) dans une scène d’anthologie, mais aussi les adieux touchants de Joyce. Nouvelle secousse avec l’attaque brutale de Faith sur Angel, et montée vertigineuse de la tension. On est tellement pris qu’on voit à peine les ficelles (le remède d’Angel permet la confrontation tant attendue). Magicien du dosage, Whedon n’oublie pas quelques instants comiques, histoire de décompresser, avant de reprendre le fil : Willow et Oz passant enfin à l’acte, et Anya complexée par ses sentiments. Sur ce dernier point, Xander nous touche par sa féodalité irréversible envers ses amis, et le risque qu’il prend. Entre Faith et Buffy, petite floraison de sous-entendus lesbiens avec Faith proposant de l’embrasser avant le combat, les menottes de Buffy, ou comme une sorte de jalousie sentimentale de Faith envers la belle Buffy, sans parler du coup de poignard terminal. Le grand grand combat final, malgré des doublures voyantes, est d’une puissance haletante, et se finit par un cliffhanger dévastateur !! Haaaaaaaa !!! Je dois remonter à Anasazi pour me rappeler d’un effet comparable. Sado-maso que je suis, j’ai attendu quatre heures avant de me jeter sur la deuxième partie, histoire de durer le plaisir.


Part 2 : Whedon démarre en trombe avec la scène la plus énorme des trois premières saisons réunies (à mes yeux) : le dément sacrifice de Buffy qui force Angel à boire son sang. Je n’ai pas pu respirer de toute la scène : le mélange horreur-effroi-sublime m’a fait l’effet d’un coup de couteau en plein cœur. La scène a d’ailleurs une charge sexuelle inouïe. Un fan avait dit « la scène la plus sexuelle existante entre deux personnes habillées ». Thumbs up ! On assiste à une véritable floraison d’arie di bravura avec le songe Faith-Buffy (encore des sous-entendus). J’ai pas tout capté à la scène, mais les deux interprètes sont mémorables. Grand numéro du maire en assoiffé de vengeance face à Angel. Suspense explosif lors de la préparation du finish, avec quelques moments comiques qui meublent. Un point qui m’a un peu agacé, je n’avais pas envie de rire à quelques minutes de la bataille finale. Mais bon, Wesley et Cordy qui foirent leur baiser, c’était impec, la solidité du lien Oz-Willow aussi. Retour in extremis de Queen C et de Wesley qui choisissent leur camp, malgré un apport plutôt limité pour le deuxième (par contre Cordy qui tue un vampire, c’est la surprise du chef !). Superbe discours du Maire, très révélateur et pas sans vérités. La bataille finale est épique, avec ce méga twist : pour sauver Sunnydale, TOUT le monde s’y met ! Idée généreuse et flamboyante. Le monstre est crédible, et l’apothéose tout autant, avec des moyens légèrement plus substantiels comparés à la saison 1. Pudiques adieux sans paroles entre Buffy et Angel, mais coda pleine d’espérance avec le Scooby main dans la main. A cause des temps morts de la 2e partie, je continue de préférer le final de la saison 2, mais Graduation Day n’a pas à rougir, c’est un superbe final digne de conclure la meilleure des trois premières saisons de la série ! (****)

Bien tout ça.

P'tit bilan de la saison 3 :

1. Anne (Anne) : ****
2. Le Masque de Cordolfo (Dead Man's Party) : ***
3. La Nouvelle Petite Sœur (Faith, Hope & Trick) : ***
4. Les Belles et les Bêtes (Beauty and the Beasts) : ***
5. Le Bal de fin d'année (Homecoming) : ****
6. Effet chocolat (Band Candy) : ***
7. Révélations (Revelations) : ***
8. Amours contrariés (Lover's Walk) : ****
9. Meilleurs Vœux de Cordelia (The Wish) : **
10. Le Soleil de Noël (Amends) : ****
11. Intolérance (Gingerbread) : ****
12. Sans défense (Helpless) : ***
13. Le Zéro pointé (The Zeppo) : ****
14. El Eliminati (Bad Girls) : ***
15. Au-dessus des lois (Consequences) : ****
16. Les Deux Visages (Doppelgangland) : ****
17. Trahison (Enemies) : ****
18. Voix intérieures (Earshot) : **
19. La Boîte de Gavrock (Choices) : ***
20. Les Chiens de l'enfer (The Prom) : ****
21. La Cérémonie, partie 1 (Graduation Day - Part 1) : ****
22. La Cérémonie, partie 2 (Graduation Day - Part 2) : ****


Moyenne : 3.45/4


Top 5 de la saison 3 :

1. Les deux visages
2. Amours contrariés
3. Le Zéro pointé
4. Le soleil de Noël
5. La Cérémonie

Accessits d’honneur : Trahison, Le bal de fin d’année, Au-dessus des lois.

N'hésite pas à me dire quel serait ton top, Estuaire (Lala, tu peux aussi).

1La Cérémonie
2 Le Zéro pointé
3 Le soleil de Noël
4 Le Bal de fin d'année
5 Amours contrariés

(de mémoire, cela changera peut-être en les revoyant  )

Yeah, 4 épisodes sur 5 en commun !

Bien, je fais une pause, et je vais regarder la saison 3 de 24 heures chrono. Reprise de mon visionnage de Buffy dans une dizaine de jours. Préparer quelques piqûres à la Helpless, histoire de pas faire une tachycardie...

Bon visionnage, je préfère la 2 et la 4, mais la 3 a de grands moments !

Le Josh à Paris pour la sortie française de Beaucoup de bruit pour rien
http://www.allocine.fr/article/fichearticle_gen_carticle=18630331.html

Une bonne critique pour Beaucoup de bruit pour rien
http://braindamaged.fr/2014/01/27/beaucoup-de-bruit-pour-rien-joss-whedon-shakespearien/

Buffy contre les vampires ouvre avec pertinence et acuité sa quatrième saison, sa seconde ère. The Freshman traite en effet du difficile passage du secondaire au supérieur pour un adolescent, qui plus est devenant un jeune adulte. Buffy a maintenant plus d’autonomie : finie la chaleur du nid familial. Comme symboles, les cartons de maman occupent sa chambre, scène faussement comique. Tragi-comique chez Giles : le voir en peignoir avec une belle black est une vision très TZ. Mais la scène signifie que Buffy doit assumer une indépendance qui lui fait mal : Giles la laisse à elle-même. Finie aussi l’insouciance (terme très relatif pour notre héroïne) des années lycée. Conséquence : notre héroïne est sans repères, là où l’intellectuelle Willow et l’imperturbable Oz sont comme des poissons dans l’eau. La première moitié de l’épisode est volontairement ennuyeuse : beaux mâles intelligents qui font rougir la Buff, coloc timbrée (le poster de Céline Dion m’a tué sur place !), professeurs plus ou moins sadiques, errance dans les couloirs… tout ça pour nous faire partager l’ennui abyssal de Buffy. Bon, heureusement qu’elle peut compter sur les vampires pour se distraire. La torride Sunday est un brillant Némésis (pas beaucoup de personnes peuvent se vanter de battre la Buff !). Leur première rencontre, entre baston trépidante et vannes au kilomètre, est mémorable, et électrise ce début lambin.

Quand Xander le Brave arrive, Tadadaa, on rit aux éclats : pendant que Star Wars et Scarface passent à la moulinette, on voit combien notre cher Xander est le lien et la force centrale du groupe. C’est lui qui remonte le moral à Buffy (What would Buffy do ? Beau compliment !). A partir de là, chevauchée de répliques hilarantes qui claquent toutes les dix secondes, et très réussi final énergique et comique (toujours les vannes incessantes) qui voit le triomphe de la Slayer, mais avant tout du Scooby. Brendon fait une excellente performance. Arrivée tardive et comiquement émouvante de Giles pour conclure le tout. Début plaisant. (***)

Tiens, je savais pas que What would Buffy do ? a été repris par les geeks, mais pourquoi pas. Dorénavant, chaque fois que je prendrai une décision, je me poserai la question (sauf pour les choix sentimentaux, pas fou quand même). Sunday une Slayer ? Un peu sceptique, mais je pense que comme Faith fait de beaux rêves, fallait bien trouver une remplaçante de taille pour la Buff.

Et parfois, ça va loin !
http://www.amazon.fr/What-Would-Buffy-Jana-Riess/dp/0787969222

Ah oui, pas mal !


Sujet de Living conditions : la coexistence pas toujours pacifique de la colocation. Marti Noxon a je trouve une idée malheureuse en traitant le sujet avec un quasi premier degré. Certes, on devine que Buffy perd peu à peu son âme par un rituel maléfique, ce qui explique son comportement de plus en plus violent. Mais la conséquence est que pendant presque tout l’épisode, on a l’impression de regarder une banale série adolescente, avec deux chipies qui se chamaillent. J’avoue avoir été consterné tout le long de ce défilé de méchancetés qui n’a rien à avoir avec l’esprit de la série. Dagney Kerr et SMG sont parfaites, là n’est pas la question, mais on est HS. Sweats tâchés, lait répandu, chewing-gum collant, subtilisation de petits amis potentiels… Pas tout à fait ma vision de la série ! La purge contamine les personnages, Oz et Alex sont relégués en garde-chiourmes idiots, tandis que Giles s’agite beaucoup sans résultats. Pour une des rares fois, j’ai trouvé le twist final calamiteux, car faisant de la Slayer un personnage secondaire, McGuffin du duel entre Kathy et son pôpa. Le sujet de l’épisode, qui aurait pu être la rancœur initiale se transformant en haine irréparable se voit ainsi proprement saboté. Bon, il y’a bien une ou deux perles dans l’épisode, comme Parker initiant Buffy au noble art de filouter de la nourriture avec force détails techniques, ou la baston finale entre les deux colocs. Mais, dans l’ensemble, je suis resté désappointé devant cet épisode qui me semble décalé par rapport à la série. (*)

Buffy une Lone Gunman ? Euh, help !   La série brasse en effet tellement de genres qu'effectivement, c'est dur de tout accrocher. Il se trouve que le soap estudiantin n'est pas ma tasse de thé (bon, y'a bien Dawson, mais avec des ados citant Garcia Lorca, alors...).


The harsh light of day s’inscrit dans la droite ligne de l’épisode précédent, avec une plus grande orientation sur la vie universitaire de Buffy ; il en reprend donc exactement les mêmes défauts : aventure fantastique réduite à la portion congrue, et interminables scènes de soap estudiantin. Un travers dans lequel n’était jamais tombé la série dans les trois premières saisons. Pour intrigue flirtant avec la mièvrerie, on a Parker le beau parleur qui la largue après une nuit commune. Outre qu’on a déjà eu ça avec Angel, le thème est platement exposé. Peu de palpitations dans l’histoire principale, la recherche de la pierre d’Amarra est expédiée pour qu’on puisse arriver au duel final.

On se console avec le retour de Spike. Idée géniale de Jane Espenson : comment rendre Spike pas trop antipathique alors que c’est lui le méchant ? En l’acoquinant avec Harmony !!! Tu parles d’un winner. Franchement, j’ai eu de la peine pour lui. La torridissime Mercedes McNab est tellement énorme qu’elle vole la vedette à Marsters, ce qui n’est pas un mince exploit. Harmony est une inépuisable source comique, comme l’avait été Cordélia avant. Spike est drôle tant qu'il est écrasé par ce boulet en diamant massif, mais quand il ridiculise la Slayer pendant le combat, Mmm trouvé ça un peu vulgos. Anya qui se jette sur un Xander pas spécialement pressé, avec Emma Caulfield en roue libre, c'est un régal (étant homme, je confirme que sa stratégie de séduction marche à 100%).
Pas trop accroché au final avec les trois jeunes femmes déçus par leurs hommes. Pour Buffy et Harmony, ok, leurs love interests étaient des jerks. Mais Anya est allée trop vite et a tout fait pour échouer à avoir une relation solide. Petit accès de misandrie ? Un épisode que je trouve aussi limite HS, sauvé par ses interprètes féminines et par Spikounet. (**)

Je plussoie l'idée que la Slayer ne reste pas au stade Bella, mais j'avoue qu'Harmony-Spike était plutôt l'attraction du jour pour moi.   Xander cesse de papillonner ? Il a intérêt, parce que même privée de ses pouvoirs, je voudrais pas subir la colère de Maîtresse Anya.  


Malgré quelques relents estudiantins, un notable progrès avec Fear itself. David Fury assure ses arrières en composant une intrigue Fantastique crédible avec le bon vieux thème de la maison hantée, tout en la mêlant avec la psychologie : les peurs les plus profondes de nos chers personnages. Par rapport à Nightmares, on s’aperçoit que le Scooby a mûri, avouant des peurs plus adultes. Buffy condamnée à se battre sans repos et solitairement, Xander invisible car étant toujours « à part » dans le groupe, Willow effrayée de ses dons de sorcière qui peuvent blesser, et Oz de sa lycanthropie. On remarquera que la peur de chacun de nos héros est liée à leur relation à l’Autre. Pour paraphraser Sartre : l’enfer c’est les autres, quand ils sont liés à nos peurs. Excellente réalisation de Tucker Gates, un des meilleurs metteurs en scène de séries américaines. Le décor de la maison hantée, et ses quelques effets spéciaux foutent sacrément les chocottes. Au milieu de l’effroi, quelques rires pointent le bout de leur nez, tout comme l’apparition insoutenable de Giles avec un sombrero, ou le costume épique d’Anya (toujours aussi rentre-dedans, l’Anya, elle est trop chou, je l’aime déjà !). Quoique la plus grande scène de l’épisode est certainement Giles avec la tronçonneuse, c’est l’équivalent du lance-roquettes pour Buffy en saison 2 ! (Bon, y’a aussi Buffy qui casse trop vite la marque) Dommage alors de tout gâcher par un final clownesque qui n’a plus rien à voir avec l’atmosphère de terreur jusque-là.

L’intrigue en elle-même ne démarre qu’à la seconde moitié, toute la première tirant à la ligne avec les souffrances intérieures de la Slayer. Chaque scène en elle-même est plutôt réussie, grâce à des dialogues justes et une excellente interprétation, mais y’en a un peu trop à mes yeux, c’est tout. Dans l’ensemble, c’est le premier épisode de cette saison 4 qui m'ait vraiment intéressé, et un très bon traitement de la fête d’Halloween. (***)

Tiens, j'avais pas vu la conclusion comme ça. C'est bien trouvé, ça oui !


Interminable spot anti-bière et anti-sexe, cet épisode de commande qu’est Beer bad est un des plus consternants épisodes de toute l’histoire des séries, très certainement. Le « Fantastique » ne décolle qu’à la 28e minute. Avant cela, on assiste à la déchéance de Buffy dans la vulgarité, mais d'une manière grossière et manichéenne. Buffy qui se lamente tout le long que méchant Parker l’ait largué, et réduite au rôle de blonde cruche, limite putassière, est une trahison du personnage. Le quatuor d’abrutis (on remarque la présence de Kal Penn, futur Dr.Kutner dans Dr.House) n’a aucune aura, il n’y a pas de méchant non plus. Shame. Lorsque la métamorphose s’accomplit, on reste effaré par si peu de subtilité : méfiez-vous de la bière, ça vous transforme en bêtes sauvages. Une application aussi littérale est non seulement contre-productive, mais n’aboutit qu’à des scènes nanardesques où les victimes cassent, foutent le feu, font peur aux filles, etc. Très série Z. Help, Buffy commence à abandonner son féminisme pour de la misandrie pure et simple : Willow en a marre des hommes, et comme par hasard, notre gentil Oz est tenté par une belle créature. Tous les hommes sont mauvais, toutes les femmes sont des victimes, raccourci qui m’évoque les caricatures dont L Word en fera plus tard son miel. Bon, allez, Buffy en femme préhistorique, et Willow qui joue à la fausse idiote devant un Parker beau parleur (et recevant un comique comeuppance à la fin), c’est pas mal. Misandre, puritain, pachydermique, un épisode qui fait tâche. (*)

Je pense en effet qu'au troisième degré, on peut lui trouver un certain charme, mais je ne m'attendais pas du tout à ce que la série aille sur ce terrain. Par contre la vidéo que tu as posté !



Wild at heart renoue enfin avec la veine de la série : moins de scènes de campus, plus de fantastique, évolution des personnages. L’épisode se veut émouvant et un tournant de cette saison. Il y réussit plutôt bien, mais la précipitation des événements fait qu’il demeure imparfait (Seth Green ayant décidé de quitter abruptement la série). Malgré une intro comique (Spike prophétisant un carnage et se faisant « taser » par les militaires), le drame prend sa place dès lors que Veruca étend son ombre. Le rebondissement sur sa véritable nature est bien trouvé, tandis que la métaphore du désir sexuel dévorant via la lycanthropie est explorée avec le même succès que dans Phases. Je me suis surpris à penser que Veruca est à Oz ce que Faith est à Buffy (en comportement, non en psychologie) : la face tapageuse, sulfureuse, égoïste, bestiale du héros, à laquelle Oz est tenté. Paige Moss se débrouille bien en séductrice fatale. Rien de pire qu’un ennemi qui vous ressemble tant, cela renforce son aura tout en affaiblissant le héros. Seth Green, pour la première fois, fêle son image de stoïque ; le résultat n’en est que plus étincelant. C’est avec justesse que l’intrigue se serre autour du trio Willow-Oz-Veruca qui morfle grave. Alyson Hannigan est en or, habitée par la révolte, la flambée de colère (magie noire !), et le chagrin final de son personnage. Les batailles de loups-garous sont féroces comme on les aime, et on sent vraiment la confusion qui s’abat sur notre pauvre Oz.

Cela dit, le crescendo de dramatisme, bien que rondement mené, est allé au pas de charge, et j’ai un peu de mal à comprendre pourquoi Oz ne dit pas d’entrée de jeu la vérité à Willow. L’excuse trouvée pour son départ ne m’a pas convaincu des masses, on sent que Noxon a dû écrire à la hâte. Et puis Oz qui s’en va, ça me fend le cœur (plus qu’Angel, dussé-je faire hurler les fans). So long, Oz ! (***)

Oui, à part le départ hâtif d'Oz, pas grand-chose à reprocher à l'épisode.


The Initiative pose enfin le fil rouge de cette saison 4 qu’on attendait impatiemment. Différer les enjeux narratifs de la saison a sans doute contribué à rendre ce début de saison assez pâlot. Après un début estudiantin insipide, Petrie balance enfin à la corbeille le soap pour la comédie romantique. La discussion Riley-Willow entre coolitude du premier et pas-du-tout-coolitude de la seconde est assez drôle. Leur discussion lors de la fête où Will joue les coachs en séduction donne une autre idée du personnage. Will est toujours plus adorable : elle a beau avoir ras-le-bol des hommes, elle est solidaire de Riley. J’admire aussi comment les acteurs parviennent à ne pas tomber dans le piège de la tension sexuelle ; le body language fermé d’Alyson et de Marc est judicieux. Pendant ce temps, passage hilarant avec la battle royale entre Harmony et Xander, l’un des plus grands moments de n’importe quoi de la série (idée géniale du ralenti). Au passage, Mercedes McNab continue à être aussi bombasse que désopilante. Petit sentiment de vengeance triomphale quand j’ai vu le bô gosse Riley foirer extremely well sa cour à Buff. Le double twist central avec la véritable identité de Riley et de Walsh est magistral : cela augure de plaisants conflits d’intérêt à l’avenir. Franchement, c’est bien joué.

Ah, le Spike est de retour ! Horreur, il ne peut plus faire de mal. Cet énorme retournement de situation m’a pris à revers. C’est si… J.J.Abramsien. Whedon n’a décidément peur de rien : chaque personnage peut passer d’un côté de la barrière à l’autre (Faith, Angel, Buffy elle-même), mais j’aurais pas pensé Spike ! Heureusement, ça n’enlève rien au charisme de Marsters lors de la scène cultissime avec Willow, parodie de scène d’impuissance sexuelle qui fait mouche à chaque réplique. Doug Petrie s’est complètement lâché pour le coup. C’est si décalé, si improbable, les acteurs sont tellement drôles. Alors qu’importe si le final n’est pas tout à fait la hauteur. Un épisode de bonne facture, dont on espère que les promesses se concrétiseront à l’avenir. (***)

Les saisons 2 et 3 n'avaient mis que trois épisodes pour "démarrer", c'est pourquoi j'étais un peu inquiet en voyant qu'après six épisodes, on avait toujours rien, mais si le Big Bad de la saison est moins bon que d'habitude, alors oui, c'est explicable. Les commentaires de Petrie pour l'épisode sont très bien, l'auteur semble toujours à deux doigts du délire, c'est très jouissif de voir des auteurs aussi enthousiastes. L'idée de la puce était un coup de poker, mais comme on sait que Spike est plus attiré par la violence que le mal en lui-même, ça ne dénature pas vraiment le personnage.


Pangs tourne beaucoup autour de la signification pour chacun des personnages de Thanksgiving (Buffy et Xander = fiesta, Willow = boycott, Giles et Spike = vae victis, Anya = sacrifice avec gâteau). Fête américaine aux résonances presque nulles chez nous, le thème apparaît très limité. Je comprends que les américains ont dû apprécier que le Scooby fasse sa mission tout en préparant le repas. Mais cela diminue l’intérêt intrinsèque de l’épisode. Le deuxième thème concernant le problème indien (Native american corrige Buffy) est exposé avec plein de générosité via le personnage humaniste de Willow, mais ces interventions virent au déballage de bons sentiments aveugles. Agaçant que Willow ne comprenne pas la mesure de la situation, elle est plus intelligente que ça (même Anya est plus dans la réalité, c’est dire). Les deux derniers actes se passant chez Giles virent au débat idéologique. Ce serait intéressant dans The West Wing (qui y a consacré un bel épisode), mais c’est déplacé chez Buffy. Ce n’est pas que je sois insensible à cette sombre page de l’histoire américaine, mais on a plus affaire à des plaidoyers/réquisitoires qui phagocytent une intrigue Fantastique brodée rapidement (esprit vengeur veut venger les siens). La réapparition d’Angel m’a semblé assez superfétatoire tant il reste périphérique à l’intrigue. Franchement, je vois pas pourquoi « son ami » l’a envoyé ici. Il devrait venir à chaque épisode vu les dangers mortels que courent la Tueuse chaque jour !

Heureusement, Spike est là. Et voilà quoi, son alliance forcée avec le Scooby (méga ravis de le voir) donne les meilleures scènes (bon, y’a aussi Harmony qui le fout à la porte). Ce que j’adore chez Spike/Marsters, c’est que même au fond du gouffre, il ne perd jamais son côté fun. Le voir remettre à sa place Willow ou se trémousser vainement sur sa chaise durant la spectaculaire bagarre finale est un spectacle hilarant. Xander syphilitique avec une Anya très compréhensive, c’est du tout bon aussi. Le gag final avec Xander qui lâche le mot de trop est une cerise appétissante sur ce gâteau un peu fade. (**)

Estuaire44 a écrit:

Angel est surtout là pour assurer le prologue de la seconde partie du cross over, voyant Buffy débouler toute furax à LA, l'un des épisodes les plus mémorables de leur relation (I Will Remember You).

Ah, ces crossovers ! Comme je ne regarde pas (encore) Angel, effectivement je rate quelque chose. Bon, ben, tant pis.   Whedon est quand même roublard, il sait comment attirer les fans de BTVS vers son spin-off, sous peine que ces derniers ratent une partie du spectacle. Bon, à la prochaine réunion, je te demanderai la saison 1 d'Angel, alors.


Something blue et son vent de folie décalée livre enfin le premier petit chef-d’œuvre de la saison qu’on attendait. Tracey Forbes qui avait pourtant commis Beer bad, change totalement de registre en revenant à un thème qui a souvent porté bonheur à la série : Méfiez-vous de vos souhaits, ils pourraient être exaucés. Les vingt premières minutes sont surtout centrés sur le spleen de Willow et c’est bien rendu grâce à cette merveilleuse Alyson. Loin de la lumière pétillante de son personnage, il est émouvant de voir Will prisonnière de ses sentiments (grinçante scène de la bouteille de bière). Pour pas trop déprimer, on intercale les batailles de vannes entre Spikounet (fan de soap opera !) et la Buff qui en font un max. Ce début mixte vire ensuite à la farce burlesque avec Willow semant un bazar monstrueux : l’apparition-disparition d’Amy, la cécité progressive de Giles, et surtout surtout Xander aimant à démons femelles… littéral, et Buffy et Spike fiancés ! Dialogues énormes et gags loufoques se succèdent à vitesse grand V, même si on retient surtout le déphasage de Buffy-Spike dans leur petit nuage et leurs ridicules disputes de couple. Marsters et Gellar forment un couple méga improbable mais on marche à fond dans la combine. Il y’a aussi la scène Buffy-Riley qui carbure au délire total ce qui nous vaudra d’ailleurs une plaisante contorsion finale avec la Buff super embarrassée. Will un peu perdue convoquée par le mentor d’Anya, est un hilarant malentendu, tandis que voir au final Buffy et Spike immergés dans leurs dégoûts respectifs sonne comme un réveil de gueule de bois assez tordant. Moins barré que d’autres opus décalés, ce coup de fouet tonique met quand même du baume au cœur. (****)

Excellent celui-là, mais il faudrait citer tous les dialogues en fait, coup de coeur pour :

- How about a daytime ceremony in the park ?
- Fabulous. Enjoy your honeymoon with the Big Pile of Dust.
- Under the trees. Indirect sunlight only.
- A spring breeze tosses the leaves aside, and again, you're registering as Mr and Mrs Big Pile of Dust.


Hush mérite bien sa réputation de mythe qui le précède. L’exercice de style auquel se prête Whedon est aussi osé qu’exigeant. En se privant des dialogues pendant 27 minutes sur 44, l’auteur déploie toute sa science narrative pour faire de cette restriction un atout : ce silence prolongé donne une impression d’angoisse tant nous sommes habitués à être entouré de paroles. Christopher Beck déploie toute sa science orchestrale pour donner une atmosphère de terreur. Les Gentlemen sont de purs méchants, déplacements frissonnants, hideux sourires, arrachages de cœur… ces mix de Nosferatu et de Freddy Krueger plongent l’épisode dans une atmosphère de conte de fées pervers. Nos personnages, impuissants à parler, ne peuvent appeler à l’aide, ou s’aider efficacement (la petite fille de l’introduction est aussi terrifiante que les jumelles de Shining).

Mais paradoxalement, la parole est aussi dépeinte comme un outil trompeur et limité. Le premier acte, aussi drôle soit-il voit la parole malmenée : mensonges chez Buffy-Riley, peur de l’engagement chez Alex, injures dans le groupe Wicca… D’autres langages, comme celui de l’instinct, se révèlent plus précieux et révélateurs. Et lorsque le silence tombe : miracle, Buffy et Riley s’embrassent (et comme par hasard, ne sauront plus quoi dire une fois la parole retrouvée), Alex montre son amour pour Anya en boxant par erreur Spike, et Willow n’est plus seule : grâce au silence, elle a trouvé une autre sœur en sorcellerie en la personne de Tara, auquel Amber Benson donne une fragilité et une humilité touchantes. Leur scène où elles déplacent par télékinésie le distributeur distille un trouble chaleureux. Whedon a exploité à fond son atout en philosophant sur les caractéristiques du langage avec autant de maestria.
L’humour n’est pas absent, car la scène avec le projecteur lance quinze gags à la minute avec uniquement le visuel comme ressource (la danse macabre de Saint-Saens est un choix à pleurer de rire). Ou encore le clash Buffy-Riley à la John Woo. Il s’appuie à fond sur les talents de ses acteurs privés de parole, SMG et Alyson en tête, qui font des interprétations ébouriffantes. Un épisode légendaire. (****)