Série "Destination danger"
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CHAPEAU MELON ET BOTTES DE CUIR - LE MONDE DES AVENGERS :: Les SÉRIES TÉLÉ, FILMS, ACTEURS, ACTRICES & autres Artistes :: Les Séries Télé
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38. Le cadavre ambulant
1.38 Le cadavre ambulant (Dead Man Walks) :
D D D
D D D
Scénario : Ralph Smart et Brian Clemens
Réalisation : Charles Frend
Les membres d’un groupe de spécialistes en matière de maladies tropicales sont éliminés les uns après les autres après qu’ils aient découvert une souche virulente d’un danger extrême. Or, au Cashmire, un désastre écologique s’est déclenché depuis peu. Soupçonnant que Shapadi, un des chercheurs, a tué tous les autres pour s’emparer de la souche et la vendre comme une arme de guerre, Drake s’envole pour l’Inde pour le retrouver grâce à sa fille Sita…
L’épisode met du temps à trouver son tempo. Après une première moitié plantant longuement le décor, la seconde développe enfin son scénario en multipliant les rebondissements dans un timing extraordinairement serré. L’on retrouve l’essence de la série voyant Drake foncer cap droit devant vers la résolution de sa mission sans digressions ni longueurs. Dead man walks nous offre également d’agréables numéros d’actrices ainsi que quelques excentricités souriantes, tout en pointant les dangers si actuels de la recherche scientifique dans le cadre des études des maladies.
Le mi-sérieux/mi-amusant Hardy, supérieur de Drake nous offre un dernier récital ; Richard Wattis nous aura bien diverti en haut gradé vivant chez sa mère, ici exposant l’affaire pendant qu’il prépare un english breakfast ! 1-10 et Mère-Grand ne sont pas loin. Par suite, l’épisode s’immobilise pendant que Drake prend ses quartiers chez sa belle hôtesse (Marla Landi, au jeu nuancé, et parfois délicieusement ambigu) tandis que les auteurs sèment une graine narrative qui va pousser dans la partie suivante. L’on regrette que le budget engoncé de la série ne lui permette pas même de reconstituer une Inde de studio convaincante, Frend devant se résoudre à tout filmer, certes avec talent, en intérieur ou à insérer une fausse jungle filmée uniquement en plans rapprochés. Des séries comme Le Saint et Amicalement vôtre bénéficieront d’une relative plus grande largesse de la production.
La deuxième partie démarre avec la tentative d’assassinat de Drake qui déclenche un enchaînement malin de twists (on retient celui, intelligent, des « doigts du prophète »). L’on savoure alors toutes les ressources déployées par Drake pour coincer le tireur de ficelles, cela va du classique de la photo truquée au pittoresque avec ce faussaire exubérant et enthousiaste que Drake doit « recadrer » à plusieurs reprises. Il permet aussi une plus grande exposition de Julia Arnall, très convaincante en femme pleine de secrets et très louche. Sa dureté tranche avec la fragilité de l’aveugle Josetta, mais le talent est égal dans les deux cas. Si la conclusion, malgré la traditionnelle baston, est hâtive, on apprécie l’ironie du bûcher « purificateur » final, effectivement de circonstance dans un pays où la purification est un principe fondamental ! Un épisode solide en dépit d’une exposition allongée.
Acteurs :
Marla Landi (1933), Sita Shapadi, d’abord mannequin, a tourné dans une vingtaine de séries dans les années 60. Elle a ensuite quitté sa carrière d’actrice pour devenir éditrice dans le département mode du magazine Harper’s Bazaar.
Julia Arnall (1930), Natalie, était déjà apparue dans L’aveugle qui voit. Elle a joué dans un épisode de Chapeau melon et bottes de cuir : InterCrime (saison 2). La carrière de cette actrice/mannequin ne dura pas plus d’une dizaine d’années, se résumant surtout à quelques films des années 50, et des apparitions dans des séries anglaises de l’époque dont Le Saint (épisode Le fugitif).
Richard Wattis (1912-1975) joue le rôle récurrent d’Hardy dans cinq épisodes de cette saison (Le fauteuil roulant, Deux sœurs, Cherchez la femme, Nom, date, et lieu, le cadavre ambulant). Il est surtout connu pour avoir été un acteur familier des comédies anglaises des années 50 et 60, ainsi que du théâtre britannique. Il retrouvera McGoohan dans Le Prisonnier (épisode Le carillon de Big Ben). Il a participé à un épisode des Avengers : Meurtres au programme (saison 6).
My name is Drake, John Drake.
Dearesttara- Roi (Reine)
- Date d'inscription : 08/02/2010
39. Moment décisif. FIN DE LA SAISON 1.
1.39 Moment décisif (Deadline) : D
Scénario : Jo Eisinger, d’après une histoire de Ian Stuart Black
Réalisation : Peter Graham Scott
Une phalange extrémiste d’Afrique du Sud, dirigée par Saul Khano, tente de monter la population contre le gouvernement. Khano assassine notamment Ajadi, un ancien allié, et en accusant le gouvernement. Drake est envoyé là-bas arrêter Khano avant que le pays, déjà à feu et à sang, bascule dans l’anarchie la plus totale…
C’est malheureusement sur un épisode mineur que se conclut cette première saison. La faute à un scénario bien trop dialogué, aux situations de base jamais relevées ni développées, aux facilités scénaristiques continuelles, et des personnages tous aussi désolants les uns que les autres, quand ils ne sont pas hors sujet. L’épisode doit en fait être regardé dans le contexte de son époque où il se montre novateur dans la représentation des minorités.
Malgré une très sèche introduction, Deadline va se résumer à des dialogues plats, filmés platement, sans aucune action. Les auteurs vont jusqu’à même répéter toute l’exposition, étendant ainsi le début sur près de la moitié de l’épisode ! De plus, cette deuxième exposition est énoncée pesamment par un agent mourant (mais qui sert toujours de contact pour agents occidentaux) qui termine sa récapitulation par « Retournez en Angleterre ». Un contresens absurde, à moins qu’il s’agisse d’un effet secondaire d’une substance qui fait rire comme semble l’avoir sniffée sa gouvernante dont le rire éclatant et inarrêtable n’a rien à faire ici. Le contact avec le barman est aussi long qu’inconsistant. On a l’impression que les auteurs camouflent leur carence d’idées en étirant les scènes en longueur, ce qui n’est pas la meilleure option, d’autant que la réalisation de Peter Graham Scott ne fait qu’amidonner davantage le tout.
On ne comprend pas que Khano compte marcher sur la capitale dans trois jours alors qu’il n’a pas encore contacté de marchand d’armes, rôle que va jouer Drake. Mettre la charrue avant les bœufs ne contribue pas à ce qu’on admire l’intelligence du bad guy. Il semble évident que sa propriété doit être gardé par des pieds nickelés puisque Drake et Mai jouent les filles de l’air sans trop d’inquiétude, avant d’être poursuivis par seulement le mari lui-même et son lieutenant. Il y a des manques niveau organisation… Le coup de l’épouse-qui-se-retourne-contre-son-mari-fêlon-à-cause-d’une-action-en-trop, déjà utilisé par la série est non seulement un cliché absolu, mais aussi peu crédible ici ; les extrémistes n’ayant pas l’habitude de choisir leurs épouses parmi celles qui craquent à la première occasion. Comment Drake peut-il être assez sûr pour savoir qu’elle est prête à trahir son mari en lui révélant son imposture ? Le coup de feu final achève de tout basculer dans le ridicule (on est pas loin de l’exécution du bad guy de Premier contact d’Amicalement vôtre par sa propre sœur). Les seules scènes se démarquant vaguement étant les scènes de négociation, mais là aussi leur intensité est bridée par schématisme et des dialogues stéréotypés. Quitte à chipoter, on sait que Drake a le point commun avec 007 d’avoir des partenaires féminines fort accortes, mais on avouera que parmi la galerie de beautés de cette saison, Barbara Chilcott détonne quelque peu, ce qui ne serait qu’un moindre mal si son jeu n’était pas aussi démonstratif. Devant cette abondance de ratages, seul le reste du casting oppose un semblant de résistance, comme l’excellent William Marshall en politicien prêt à tout, et bien sûr McGoohan, toujours parfait en Drake qui semble toujours ignorer le verbe « ménager quelqu’un », comme lorsqu’il force Mai à regarder un charnier d’humains dévorés par des hyènes. Drake est décidément bien plus proche des justiciers actuels que de son époque.
Cependant, l’épisode était sacrément osé pour l’époque, surtout envers le public américain de l’époque qui s’est vu face à un épisode où à l’exception de Drake, l’intégralité du casting était noir ! On peut se demander si les USA n'ont pas voulu financer une autre saison à cause de ce dernier épisode... La description des auteurs est par ailleurs dénuée de fantaisies arriérées ou de regard condescendant. L’intelligence de Khano et de Thompson qui forcent Drake à user de méthodes désespérées pour leur échapper est dans le même but. De plus, la série confirme une fois de plus son aspect moderne, quasi visionnaire, sur ses problématiques de fond : les révolutions sanglantes qui se multiplient sur le contient africain restant dans notre actualité. Il est dommage que ces thèmes soient noyés dans un script aussi rouillé. On salue l’élégance de la coda où Drake se montre d’une touchante humanité, permettant à cette saison si sombre de s'achever sur une note réconfortante.
IS :
- En VO, le mot de passe est « The hills are purple » (Les collines sont violettes). En VF, les collines deviennent rouges !
Acteurs :
William Marshall (1924-2003), Khano, reviendra dans l’épisode Complots (saison 2). Cet acteur reçut une formation complète (Opéra, théâtre Shakespearien, Broadway…) Il joua dans nombre de séries comme Bonanza, Rawhide, Des agents très spéciaux (2 épisodes), Star Trek (épisode Unité multitronique), Les Mystères de l’Ouest (épisode La nuit du sarcophage), Mannix. Il fut occasionnellement au cinéma (L’étrangleur de Boston, Maverick…).
Barbara Chilcott (1923), Mai, a eu une carrière assez restreinte sur les deux écrans, et éclatée sur plusieurs décennies.
Earl Cameron (1917), Moma, est un des acteurs étant le plus apparu dans la série : 5 fois. On le reverra dans les épisodes Complots, Les zombies (saison 2), La franchise paie toujours, et Trafic d’armes (saison 3). Il fut un des premiers acteurs noirs à réussir au théâtre. Il fit parallèlement une petite carrière dans la télé, multipliant les apparitions de 1956 à 1995 dans des séries - Dr Who, Le Prisonnier (épisode Double personnalité)… et des téléfilms. Il fut fait Commandeur dans l'Ordre dans l'Empire Britannique en 2009. Son rôle le plus notable est celui de Karanja dans Simba (1955) avec Dirk Bogarde.
My name is Drake, John Drake.
FIN DE LA SAISON 1 !
Dearesttara- Roi (Reine)
- Age : 33
Localisation : Charenton (94)
Date d'inscription : 08/02/2010
Re: Série "Destination danger"
Beau parcours, Dear ! 39 épisodes pour une saison, on ne doit pas être loin du record !
Estuaire44- Empereur
- Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007
Re: Série "Destination danger"
Thanks Estuaire. Certaines saisons d'anthologies comptaient jusqu'à 39 épisodes, notamment Alfred Hitchcock présente (TZ n'en était pas loin non plus). Hors soap et mis à part le cas particulier de Dr.Who (jusqu'à 44 épisodes/saison), c'est en effet une rareté !
Dearesttara- Roi (Reine)
- Age : 33
Localisation : Charenton (94)
Date d'inscription : 08/02/2010
Re: Série "Destination danger"
A raison d'un épisode par semaine, cette première saison a du être diffusée tout au long de l'année télévisuelle, l'été étant sans doute à part. Bel exploit !
Estuaire44- Empereur
- Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007
Re: Série "Destination danger"
En effet.
Saison 1 envoyée à S3 !
Saison 1 envoyée à S3 !
Dearesttara- Roi (Reine)
- Age : 33
Localisation : Charenton (94)
Date d'inscription : 08/02/2010
Re: Série "Destination danger"
Beau boulot, Dear !
Par contre, pourquoi cette saison est considérée à part chez les ricains, et se nomme "Secret agent" ??
Par contre, pourquoi cette saison est considérée à part chez les ricains, et se nomme "Secret agent" ??
séribibi- Roi (Reine)
- Age : 58
Localisation : Mont de Marsan
Date d'inscription : 13/12/2007
Re: Série "Destination danger"
Tout comme Amicalement vôtre, la survie de la série dépendait des capitaux américains - Ralph Smart a fait d'ailleurs de Drake un américain, sans doute pour flatter les producteurs. Ayant échoué à convaincre le public Outre-Atlantique, la série fut annulée. En 1964, les américains, stimulés par le succès rencontré par la mode de l'espionnage - merci James - décidèrent de surfer sur là-dessus (notamment en coproduisant les saisons 5 et 6 de Chapeau melon et bottes de cuir), revinrent sur leur décision, et co-financèrent une "suite" à la série. Dans l'optique des américains, il s'agissait en effet d'une "suite", même si techniquement il s'agit de la même série. Voilà pourquoi la saison 1 s'appelle Secret agent là-bas et les deux suivantes ont bien le nom original de Danger man. Mais aux UK, c'est bien la même série. Smart ayant obtenu le feu vert pour les saisons 2 et 3 a d'ailleurs profité de l'opportunité pour redonner à son héros sa nationalité anglaise.
Dearesttara- Roi (Reine)
- Age : 33
Localisation : Charenton (94)
Date d'inscription : 08/02/2010
Re: Série "Destination danger"
Bien joué Dear !!
Philo- Fondateur
- Age : 72
Localisation : Paris
Date d'inscription : 01/10/2005
Re: Série "Destination danger"
Merci Philo et sérib.
Dearesttara- Roi (Reine)
- Age : 33
Localisation : Charenton (94)
Date d'inscription : 08/02/2010
40. Double jeu
2.01 Double jeu (Yesterday's Enemies) : D D
Scénario : Donald Jonson
Réalisation : Charles Crichton
A Beyrouth, des renseignements secrets anglais tombent entre les mains d’une organisation secrète dont l’un des rouages est un homme d’affaires nommé John Brett. John Drake, secondé par l’agent Dutton, part enquêter sur lui pour remonter la piste de l’organisation…
La saison 2 débute par un épisode mineur. Curieusement, alors que les épisodes de 25 minutes donnaient une impression de ruade précipitée, ce premier épisode dans le format 50 minutes est trop lent et aurait au contraire gagné à être resserré dans une action de 25 minutes ! A la différence de Chapeau melon et bottes de cuir, qui s’américanisa pour plaire aux producteurs outre-atlantique, Ralph Smart parvient à ne rien abdiquer sur le cœur de sa série : de l’espionnage antiglamour et réaliste sans happy end (l’inverse de l’ordinaire américain en matière d’espionnage), évocations certes des troubles géopolitiques des années 60, mais épurées de manière à rester intemporelles ; et bien sûr son héros froid et efficace, à l’écriture exceptionnellement contemporaine. Malgré une histoire insuffisante, l’épisode convainc largement avec une description affûtée de la hiérarchie espionnite dénuée de toute chaleur mais avec des coups de poignard dans le dos en veux-tu en voilà. La coda est une des plus noires de toute la série entière, et pourrait presque s’enchaîner au pilote du Prisonnier.
Le fameux thème d’Edwin Astley, attaché désormais à la série à partir de cet épisode (tout comme les spirales du logo et des crédits de fin), lui permet d’affirmer une empreinte puissante et marquante. La mélodie au clavecin et au brass band sort difficilement de la tête. Les vues de Londres et le changement de nationalité de Drake (passant des US à l’UK) permettent à la série d’affirmer son identité anglaise. Passé ce brillant portique, l’épisode se met à délayer rapidement en scènes dialoguées, que la mise en scène de Charles Crichton tente d’animer comme elle peut (avec des plans parfois très longs), mais ce n’est pas vraiment un succès. Si l’on gagne en développement narratif par rapport aux cavalcades de la saison 1, les temps morts commencent à s’installer. On sent trop que le scénario de Donald Jonson a été étiré pour atteindre la durée réglementaire, surtout lorsque Drake démasque le chef du réseau adverse avant même la moitié de l’épisode. L’auteur doit d’ailleurs se justifier d’un gros deus ex machina scénaristique pour jouer les prolongations (en saison 1, Drake aurait mis KO tout le monde, et à Ciao bon dimanche). On retient toutefois le plan de Drake pour empêcher l’extradition de son suspect : du culot en béton renforcé. L’épisode bute également sur le manque de relief de ses personnages féminins (Dutton reste un faire-valoir). La plus grande erreur de l’épisode reste cependant l’absence d’un véritable vilain. Si Howard Marion-Crawford excelle à donner chair aux convictions d’Archer (qui, positionnement original, ne se voit dans aucune idéologie politique), ce dernier est plus quelqu’un cherchant une reconnaissance qu’un vrai méchant. Il manque un vrai enjeu. C’est dommage car le plan imaginé par Howard était prometteur, et sera quasiment repris à l’identique par les cellules SD d’Alias !
L’épisode doit beaucoup à son arrière-plan thématique. C’est ainsi que la série prédit la pénurie des ressources fossiles 10 ans avant le choc pétrolier de 1974, et la crise mondiale des hydrocarbures de notre actualité. La montée en puissance des états arabes détenant ces ressources est aussi évoquée. Alors que nous sommes en pleine guerre froide, nous voyons que la série n’utilise la rivalité Est-Ouest qu’avec parcimonie. En cela, elle vieillit mieux que ses consoeurs, James Bond inclus. Cependant, la réussite de cet épisode vient surtout de la confirmation d’un espionnage dépouillé de tout fantasme - Drake y participe en évitant autant que possible la compagnie des belles femmes : il n’est pas là pour batifoler - Ainsi, la réunion de Drake avec son contact se concentre surtout sur les tracasseries bureaucratiques et d’une hiérarchie décidément très chiche au niveau des aides économiques à leurs agents de terrain ! La coexistence pas toujours pacifique entre les services secrets anglais et libanais nous valent aussi quelques étincelles. La terrible chute finale est à donner la nausée : Drake se montre comme nous absolument révulsé par les méthodes brutales de sa hiérarchie qui n’hésite pas à traiter de manière « définitive » quand elle peut éviter un procès. Le portrait plutôt sympathique de la victime rend l’acte encore plus odieux. En miroir de la comique introduction, la dernière scène, avec les mêmes personnages au même lieu, se montre pleine de rage contenue et d’amertume débordante. Malgré sa sécheresse et sa misanthropie latente, Drake demeure d’une réconfortante compassion, il est notre phare au sein d’un milieu d’espionnage semblant dépourvu de toute humanité. A ce titre, le voir violer le secret professionnel pour soulager le chagrin d’une victime collatérale, en dit long, regardant tout droit vers une possible volonté de démission, celle du Prisonnier.
IS =
Drake a au moins 2 points communs avec Steed : Il assomme en un suspect en utilisant la même technique que Steed pour endormir Tara dans Ne m’oubliez pas (saison 6). Plus légèrement, Drake se fait tancer pour 15 minutes de retard comme Steed dans L’Homme dans le miroir (saison 2). Drake avait toutefois l’excuse d’un contrôle médical.
Le montage de l’épisode est assuré par John Glen, qui montera 20 épisodes de la série. Glen est le réalisateur ayant tourné le plus de James Bond : 5, et à la suite : Rien que pour vos yeux (1981), Octopussy (1983), Dangereusement vôtre (1985), Tuer n'est pas jouer (1987), et Permis de tuer (1989). Quant à la réalisation, elle est assurée par Charles Crichton, le metteur en scène d’Un poisson nommé Wanda. Crichton réalisera un autre épisode de la saison : Donnant, donnant.
Comme Drake l’explique, le message codé Écris donc les choses que tu as vues, et celles qui sont, et celles qui doivent arriver après elles, est extrait du livre de l’Apocalypse 1.19. Curieusement, Jacques Thébault traduit en disant « Révélations, 1.19 ». Bien que cette dénomination ne soit plus guère usitée, il s’agit en fait du sens original du mot grec Apocalypsis.
Acteurs :
Maureen Connell (1931), Sutton, a joué dans une trentaine de séries et films anglais durant les années 50. Elle arrêta sa carrière après cet épisode. Elle fut l’épouse du réalisateur John Guillermin (La tour infernale, King-Kong 1976, Le crépuscule des aigles…) qui lui donna un rôle lors de son éphémère retour en 1972 dans le film Alerte à la bombe.
Howard Marion-Crawford (1914-1969), Archer, réapparaîtra dans deux épisodes de la série : Un serviteur modèle (saison 2), et Les pensionnaires de Mme Stanway (saison 3). Il fut le Dr Watson de la série Sherlock Holmes de 1954 (39 épisodes) et fit des apparitions dans Le Saint et L'Homme à la Valise. Après quelques caméos dans des films américains, il fit sa carrière à la télévision britannique. Il est décédé d'un excès de somnifères. Il a participé à 3 épisodes des Avengers : Les espions font le service (saison 4), Le mort vivant (saison 5), Le visage (saison 6), qui fut son avant-dernier rôle
Anton Rodgers (1933-2007), Attala, a passé sa vie au théâtre, où il a beaucoup joué de pièces contemporaines. Il n'a cependant pas dédaigné le petit écran, apparaissant dans des séries et téléfilms à partir des années 1960 : Randall et Hopkirk, L'Homme à la Valise, Gideon’s way, Sherlock Holmes (avec Peter Cushing), Les champions, Département S, Jason King, Poigne de fer et séduction, le Retour de Saint, Rumpole of the Bailey… jusqu'à sa mort. Il est surtout connu pour ses rôles récurrents dans les séries sitcoms Fresh Fields (1984-1986) et May to December (1989-1994). Il fut notamment le Numéro 2 de Double personnalité du Prisonnier.
Patricia Driscoll (1927), Catherine, était déjà apparue dans Les conspirateurs (saison 1). Elle a joué le rôle de Marian dans 37 épisodes de la série Robin des Bois. Le reste de sa carrière se résume à quelques apparitions dans des séries télévisées.
Dearesttara- Roi (Reine)
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Localisation : Charenton (94)
Date d'inscription : 08/02/2010
Re: Série "Destination danger"
Saison 2, nous voici !
Estuaire44- Empereur
- Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007
Re: Série "Destination danger"
Oui, je compte d'ailleurs alterner un épisode de Destination Danger avec un épisode de Secret Diary, histoire de rentabiliser le cadeau du coffret que tu m'as généreusement donné à une réunion. C'est ma période anglaise on va dire, avant de revenir aux US.
Dearesttara- Roi (Reine)
- Age : 33
Localisation : Charenton (94)
Date d'inscription : 08/02/2010
Re: Série "Destination danger"
Deux séries très différentes, tu vas varier les plaisirs !
Estuaire44- Empereur
- Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007
41. Les Professionnels
Ah oui. Mais ça me permettra de ne pas rester indéfiniment bloqué sur une série, chose qui m'arrive très souvent. En passant de l'une à l'autre, je pare à de possibles blocages.
Scénario : Wilfred Greatorex et Louis Marks
Réalisation : Michael Truman
Desmond Pearson, un agent secret, est porté disparu depuis qu’il travaillait à l’ambassade de Grande-Bretagne de Tchécoslovaquie. John Drake est envoyé retrouver sa trace et constate que deux « amis proches » de Pearson, Milos et Ira, semblent beaucoup s’intéresser à lui.
D’emblée, l’épisode traduit une perte de saveur par son évacuation complète de toute ambition géopolitique ou d’aspect documentaire sur les espions, une ambition qui a toujours été la marque de fabrique de la série. L’on pourrait s’en consoler si le polar pur présenté par les auteurs eusse convaincu. Ce n’est malheureusement pas le cas, ces derniers accumulant les faiblesses : l’architecture de l’épisode est branlante, laissant irrésolu le sort de nombreux personnages, se traînant à un rythme de tortue durant les trois quarts de l’épisode pour ensuite parvenir à une absurde conclusion précipitée, un défaut récurrent de la première saison par son format court, mais qu’on imaginait pas retrouver dans le format long ! Les enjeux de l’épisode ne sont jamais clairement posés et la motivation des personnages apparaît par trop obscure. L’abus de scènes dialoguées et une réalisation fatiguée laissent à peine la place à de trop rares pépites.
Le problème de l’épisode vient d’un clair manque de caractérisation des personnages. L’inquiétant Milos, joué par une fameuse « trogne » comme Alex Scott s’en sort le mieux par sa manie de tourner autour de Drake, mais en délayant trop ses intentions et se contentant simplement d’un petit chantage bénin (une excroissance inutile de l’intrigue), le personnage en ressort affaibli, n’ayant même pas l’honneur de s’expliquer virilement avec Drake, John Drake. La festive Nadja Regin apporte un charme pétillant à la belle et très féminine Ira - on est loin de la sévère et masculine Melina de Mission sous-marine - On lui doit les meilleures scènes de l’épisode par ses tentatives de séduction (poses suggestives en tous genres) sur notre héros qui, fait rare, n’est pas loin d’y succomber ! Malheureusement, le rôle d’Ira n’est nullement bien défini, ne restant finalement qu’une belle plante inactive. Quant à l’épouse angoissée de Pearson, elle reste passive d’un bout à l’autre. Ces trois personnages sont même évacués les uns après les autres sans que l’on sache ce qui leur arrive ! Cela donne à la séquence finale la pénible impression de regarder une autre histoire n’ayant rien à voir. L’absence de tête pensante au sein de ces professionnels fait que Drake en est réduit à la fin à affronter des policiers que l’on a jamais vu avant et qui semblent déconnectés de l’intrigue principale. Cette grande scène de poursuite est montée paresseusement et tourne en rond y compris au sens propre. Tous les adversaires de Drake semblent si peu investis qu’ils se montrent même d’une stupide négligence : Milos accorde bien rapidement sa confiance à un inconnu, et aucun garde ne surveille la chambre de Pearson qui pourrait s’évader quand il le voudrait. La faiblesse de Pearson, victime passive (il y a beaucoup de passivité, Drake est apparemment le seul à se bouger un peu) ne contribue pas à remonter le niveau, et Drake est plus exaspéré que surpris lorsque ce dernier pointe pathétiquement une arme sur lui.
Finalement, seul Drake parvient à marquer quelques points. Toujours fonceur et obstiné jusqu’à la moelle des os à résoudre cette investigation, il donne un semblant d’énergie à une intrigue trop molle. On retiendra de le voir fumer, picoler, et danser avec la belle Ira lors de la réception chez Milos, un des rares moments où Drake semble se lâcher complètement entre réflexions pas très fines et lancers de verre à la russe. Pour le reste, un épisode vraiment désincarné.
IS =
- Louis Marks est surtout connu pour avoir scénarisé quatre serials de la série classique Doctor Who : Planet of Giants, Day of the Daleks, Planet of Evil, The Masque of Mandragora. De manière amusante, la ville utilisée pour représenter la San Martino de la Renaissance dans The Masque of Mandragora n'est autre que Portmeirion, le village servant d'écrin à la série Le Prisonnier !
- Wilfred Greatorex était en fait script editor durant quelques épisodes de la saison.
- Bien que le nom du pays ne soit jamais prononcé, les pancartes de part et d’autre de la frontière montrent que cet épisode se déroule dans l’ancienne Tchécoslovaquie (aujourd’hui république tchèque). Au reste, au début de la poursuite finale, nous voyons une pancarte disant « Kavarna U hory » signifiant en tchèque « Café de la montagne ». Drake et Desmond trouvent refuge en Autriche si l’on en croit la deuxième pancarte.
Acteurs :
Nadja Regin (1931), Ira, était déjà apparue dans Mission sous-marine (saison 1). Elle commença sa carrière en Allemagne avant d’émigrer en Grande-Bretagne où elle joua dans quelques séries et productions théâtrales. Elle fit deux apparitions dans James Bond : Bons baisers de Russie (la petite amie de Kerim) et Goldfinger (Bonita). Sa carrière s’acheva en 1968.
Jerry Stovin (1922-2005), Desmond, est un comédien de théâtre qui a joué dans quelques séries : Le Saint (3 épisodes), Alias le baron, The troubleshooters, l’aventurier, etc. et films : Lolita, Quand la panthère rose s’emmêle… Il cessa d’apparaître sur les écrans en 1976.
Alex Scott (1929-2015), Milos, est originaire d’Australie. Il connut une belle popularité dans les séries anglaises des années 60 et 70 (Le Saint, Randall and Hopkirk (Deceased), Cosmos 1999…). Il retourna en Australie en 1981 et connut une belle carrière dans les productions locales et au théâtre de Melbourne. Il participe également à trois épisodes des Avengers : Square root of evil (saison 1, épisode perdu), Faites de beaux rêves (saison 4), et Jeux (saison 6).
2.02 Les Professionnels (The Professionals) : D
Scénario : Wilfred Greatorex et Louis Marks
Réalisation : Michael Truman
Desmond Pearson, un agent secret, est porté disparu depuis qu’il travaillait à l’ambassade de Grande-Bretagne de Tchécoslovaquie. John Drake est envoyé retrouver sa trace et constate que deux « amis proches » de Pearson, Milos et Ira, semblent beaucoup s’intéresser à lui.
D’emblée, l’épisode traduit une perte de saveur par son évacuation complète de toute ambition géopolitique ou d’aspect documentaire sur les espions, une ambition qui a toujours été la marque de fabrique de la série. L’on pourrait s’en consoler si le polar pur présenté par les auteurs eusse convaincu. Ce n’est malheureusement pas le cas, ces derniers accumulant les faiblesses : l’architecture de l’épisode est branlante, laissant irrésolu le sort de nombreux personnages, se traînant à un rythme de tortue durant les trois quarts de l’épisode pour ensuite parvenir à une absurde conclusion précipitée, un défaut récurrent de la première saison par son format court, mais qu’on imaginait pas retrouver dans le format long ! Les enjeux de l’épisode ne sont jamais clairement posés et la motivation des personnages apparaît par trop obscure. L’abus de scènes dialoguées et une réalisation fatiguée laissent à peine la place à de trop rares pépites.
Le problème de l’épisode vient d’un clair manque de caractérisation des personnages. L’inquiétant Milos, joué par une fameuse « trogne » comme Alex Scott s’en sort le mieux par sa manie de tourner autour de Drake, mais en délayant trop ses intentions et se contentant simplement d’un petit chantage bénin (une excroissance inutile de l’intrigue), le personnage en ressort affaibli, n’ayant même pas l’honneur de s’expliquer virilement avec Drake, John Drake. La festive Nadja Regin apporte un charme pétillant à la belle et très féminine Ira - on est loin de la sévère et masculine Melina de Mission sous-marine - On lui doit les meilleures scènes de l’épisode par ses tentatives de séduction (poses suggestives en tous genres) sur notre héros qui, fait rare, n’est pas loin d’y succomber ! Malheureusement, le rôle d’Ira n’est nullement bien défini, ne restant finalement qu’une belle plante inactive. Quant à l’épouse angoissée de Pearson, elle reste passive d’un bout à l’autre. Ces trois personnages sont même évacués les uns après les autres sans que l’on sache ce qui leur arrive ! Cela donne à la séquence finale la pénible impression de regarder une autre histoire n’ayant rien à voir. L’absence de tête pensante au sein de ces professionnels fait que Drake en est réduit à la fin à affronter des policiers que l’on a jamais vu avant et qui semblent déconnectés de l’intrigue principale. Cette grande scène de poursuite est montée paresseusement et tourne en rond y compris au sens propre. Tous les adversaires de Drake semblent si peu investis qu’ils se montrent même d’une stupide négligence : Milos accorde bien rapidement sa confiance à un inconnu, et aucun garde ne surveille la chambre de Pearson qui pourrait s’évader quand il le voudrait. La faiblesse de Pearson, victime passive (il y a beaucoup de passivité, Drake est apparemment le seul à se bouger un peu) ne contribue pas à remonter le niveau, et Drake est plus exaspéré que surpris lorsque ce dernier pointe pathétiquement une arme sur lui.
Finalement, seul Drake parvient à marquer quelques points. Toujours fonceur et obstiné jusqu’à la moelle des os à résoudre cette investigation, il donne un semblant d’énergie à une intrigue trop molle. On retiendra de le voir fumer, picoler, et danser avec la belle Ira lors de la réception chez Milos, un des rares moments où Drake semble se lâcher complètement entre réflexions pas très fines et lancers de verre à la russe. Pour le reste, un épisode vraiment désincarné.
IS =
- Louis Marks est surtout connu pour avoir scénarisé quatre serials de la série classique Doctor Who : Planet of Giants, Day of the Daleks, Planet of Evil, The Masque of Mandragora. De manière amusante, la ville utilisée pour représenter la San Martino de la Renaissance dans The Masque of Mandragora n'est autre que Portmeirion, le village servant d'écrin à la série Le Prisonnier !
- Wilfred Greatorex était en fait script editor durant quelques épisodes de la saison.
- Bien que le nom du pays ne soit jamais prononcé, les pancartes de part et d’autre de la frontière montrent que cet épisode se déroule dans l’ancienne Tchécoslovaquie (aujourd’hui république tchèque). Au reste, au début de la poursuite finale, nous voyons une pancarte disant « Kavarna U hory » signifiant en tchèque « Café de la montagne ». Drake et Desmond trouvent refuge en Autriche si l’on en croit la deuxième pancarte.
Acteurs :
Nadja Regin (1931), Ira, était déjà apparue dans Mission sous-marine (saison 1). Elle commença sa carrière en Allemagne avant d’émigrer en Grande-Bretagne où elle joua dans quelques séries et productions théâtrales. Elle fit deux apparitions dans James Bond : Bons baisers de Russie (la petite amie de Kerim) et Goldfinger (Bonita). Sa carrière s’acheva en 1968.
Jerry Stovin (1922-2005), Desmond, est un comédien de théâtre qui a joué dans quelques séries : Le Saint (3 épisodes), Alias le baron, The troubleshooters, l’aventurier, etc. et films : Lolita, Quand la panthère rose s’emmêle… Il cessa d’apparaître sur les écrans en 1976.
Alex Scott (1929-2015), Milos, est originaire d’Australie. Il connut une belle popularité dans les séries anglaises des années 60 et 70 (Le Saint, Randall and Hopkirk (Deceased), Cosmos 1999…). Il retourna en Australie en 1981 et connut une belle carrière dans les productions locales et au théâtre de Melbourne. Il participe également à trois épisodes des Avengers : Square root of evil (saison 1, épisode perdu), Faites de beaux rêves (saison 4), et Jeux (saison 6).
Dernière édition par Dearesttara le Jeu 13 Aoû 2015 - 19:06, édité 1 fois
Dearesttara- Roi (Reine)
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Re: Série "Destination danger"
Comme quoi tout est dans tout et inversement, Le Masque de Mandragora, écrit par Marks en 1974, narre une aventure du Quatrième Docteur et de Sarah-Jane se déroulant dans l'Italie de la Renaissance, dans la ville de San Martino. Or, pour représenter celle-ci, le tournage se déroulera à Portmeirion, le fameux Village du Prisonnier. Après on viendra encore nous raconter que Drake n'est pas le Numéro 6 !
Estuaire44- Empereur
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Re: Série "Destination danger"
La coïncidence est énorme ! Je la rajoute dans les IS. Thanks, Estuaire.
Dearesttara- Roi (Reine)
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42. La ville fantôme
2.03 La ville fantôme (Colony Three) : D D D D
Scénario : Donald Jonson
Réalisation : Don Chaffey
Robert Fuller, agent britannique, est arrêté alors qu’il allait passer à l’Est. Drake prend sa place et se retrouve dans un Village formant des espions russes à devenir de parfaits citoyens britanniques pour une infiltration efficace dans le pays. Pour cela, le directeur du Village et son adjoint Richardson ont besoin d’aide d’authentiques anglais pour les former. Drake comprend rapidement que personne ne peut s’échapper du Village, et sa tâche est compliquée par un réseau de surveillance général mais aussi par son voisin de chambre irascible et soupçonneux...
A posteriori, l’épisode est renommé parmi les fans pour être une ébauche troublante de la série Le Prisonnier : dans un Village surveillé 24h/24 où il est impossible de sortir, Drake est en contact permanent avec le Numéro 2 de l’organisation et cherche à s’évader une fois sa mission remplie. De plus, le réalisateur de cet épisode est Don Chaffey, qui sera celui qui créera l’identité visuelle du Prisonnier en en réalisant le pilote. Si le scénario ne prétend pas avoir l’ambition de la vertigineuse série allégorique de McGoohan, Donald Jonson écrit une histoire de pure espionnage mâtinée de considérations sur des thèmes plus profonds (comme dans Le Prisonnier) où des Russes (et alliés) sont formés pour se mêler à l’ennemi. Le fonctionnement de ce Village 1.0 est passionnant à suivre, traitant un sujet qui revient dans les œuvres traitant de l’espionnage : le scénario de Welcome in the Liberty Village de la saison 4 d’Alias est quasi identique, et c’est aussi la base de l’excellente série The Americans. Cette description déjà pré-1984 se double d’un formidable suspense voyant Drake isolé chercher à parer les menaces pleuvant aux alentours de lui. Le casting très relevé est apprécié, et compense une dernière partie plus faible.
Le Village de Hemden est malheureusement rarement filmé en extérieurs, l’action se déroulant majoritairement derrière les portes. Ce qu’on en voit est cependant glaçant par des éléments dystopiques présageant Le Prisonnier, et d’une manière générale la surveillance de plus en plus accrue de notre monde entièrement informatisé (Person of Interest n’est pas loin) : surveillance générale, absence de serrure aux portes (Donovan dit ironiquement que « tout le monde est honnête ici »), chambre de tortures à laquelle Drake a droit à plus qu’un aperçu, soirées où tout le monde se cache sous un vernis de politesse factice... Les détails minutieux de la formation, allant jusqu’à la formule de politesse à trouver pour inviter une dame à danser, pourraient faire sourire si la place nulle accordée au hasard n’était pas si troublante. Le running gag du russe maladroit devient in fine sacrément inquiétant.
L’épisode doit beaucoup à Richardson. Surveillant faussement bonhomme, mais soupçonneux maladif, intolérant à la moindre incartade, capable d’explosions aussi brèves que fortes, il compose un adversaire donnant bien du fil à retordre au héros. Interprété par le grand Peter Arne, ici à pleine puissance de jeu. On retrouve ses acceptions de Diabolical Mastermind chez les Avengers. Son affrontement final avec Drake est certes trop bref, mais est rempli d’énergie compacte. A côté de lui, Niall MacGinnis frappe dans le portrait d’un paranoïaque haineux, rageur, et frustré (à tous les sens du terme), pain in the ass de Drake qui a fort à faire pour le tenir à distance, tout en distillant quelques pointes anticommunistes de bon aloi. L’électricité permanente induit par ces figures met sous tension tout l’épisode, et parvient à garder le suspense dès lors que la pression se relâche en dernière partie. L’on regrette que Katherine Woodville (Mme Patrick Macnee l’année suivante) demeure trop effacée, mais elle apporte l’unique touche de douceur dans ce monde froid, évoquant parfois un des plus grands chefs-d’œuvre de Chapeau melon : Le cocon (saison 3). John Drake doit mouiller sa chemise plus que de coutume pour s’en sortir vivant entre stoïcisme, discrétion, flagornerie calculée, sens de l’improvisation - qu’il aura rarement autant mis à l’épreuve qu’ici… mais c’est in fine l’humanité du personnage qui l’emporte quand il se décide à sauver la mise de Donovan, totalement égaré dans sa bulle de frustration rageuse… qui lui rend la pareille en manquant de peu d’exploser sa couverture. La coda finale se montre très amère sur le sort réservé à Janet, brebis condamnée à rester parmi les loups, et déjà morte aux yeux du monde. En cela, Drake subit de Richardson un revers qui atténue sa victoire, car il n’a pas réussi à sauver une innocente. Ce nouveau faux happy end couronne ce petit bijou déjà très visionnaire.
IS =
- Drake n’en a pas tout à fait fini avec le village d’Hamden car il croisera la route de Leslie Vincent, agente formée là-bas, dans Un vieil ami (saison 3).
- Drake lit un livre intitulé The Theory of The Neutron Ray de Boris Turganev. Le nom de l’auteur est une déformation de Boris Turgenov (Earth 616), un supervillain de l’univers Marvel plus connu sous le nom de Crimson Dynamo. Il croisa le fer avec Iron Man en 1964 (année de la production de l’épisode) et périt de la main de son propre créateur passé à l’Ouest. Cette référence aux comics américains rappelle que les US financent partiellement la série.
- Hamden est en fait le village de St John’s Church, South Hatfield.
Acteurs :
Peter Arne (1920-1983), Richardson, était déjà apparu dans Mission sous-marine (saison 1), et reviendra dans deux épisodes de la saison 3 : Un jeu dangereux, et Les mercenaires. Il est né en Malaisie de père français et de mère américaine et a servi héroïquement comme pilote dans la RAF pendant la 2nde guerre mondiale. Il a de nombreux rôles de méchants à son actif dans des films de guerre ou d'espionnage. Son accent lui permit aussi de jouer des rôles de chinois, russes ou sud-américains ! Au cinéma, on peut noter son rôle de colonel dans trois films de La Panthère rose. À la TV, on l'a vu dans Les champions (épisode Opération antarctique), L’homme à la valise (épisode Les quatre de Boston), Département S (La double mort de Charlie Crippen, la soupe du jour), Le Saint (épisode Révolution). Il a été retrouvé assassiné dans son appartement londonien en août 1983. Une rixe entre homosexuels a été évoquée mais le meurtre est toujours inexpliqué. Il fut un des invités les plus mémorables de Chapeau melon et bottes de cuir. Il a tourné dans quatre épisodes de la série : Death on the slipway (saison 1, épisode perdu), Warlock, Les œufs d'or (saison 2), et Avec vue imprenable (saison 4). Dans ses mémoires (Chapeau Melon, Presses de la Renaissance, p 264), Patrick Macnee lui accorde le crédit d’avoir imaginé les tenues de cuir d’Honor Blackman, pour faciliter les scènes de combat.
Katherine Woodville (1938-2013), Janet, a participé à ce nombreuses séries durant les années 60 et 70 (Z Cars, Star Trek, Wonder Woman…). Après s’être retirée à la fin des années 70, elle a créé un vaste haras avec succès. Mais elle demeure surtout connue pour avoir été la seconde épouse de Patrick Macnee, de 1965 à 1969. Dans ses mémoires, Macnee raconte son coup de foudre pour cette jeune femme lui rappelant Vivien Leigh, qu’il avait connu avant-guerre (il dira plus loin la même chose de Linda Thorson…). Il lui achète d’ailleurs son premier cheval avec les cachets de la série. Il explique l’échec de leur relation, conclue par un divorce, par la différence d’âge (dix-sept ans) et son accaparement par les Avengers. « Kate » fut également une candidate malheureuse à la succession d’Honor Blackman. Elle participa à 2 épisodes des Avengers : le pilote Neige brûlante (saison 1), où elle interprétait la fiancée assassinée du Dr Keel, événement déclencheur de toute la série, et Combustible 23 (saison 2).
Niall MacGinnis (1913-1977), Donovan, reviendra dans un épisode de cette saison : La guerre des photos. Il était aussi médecin. Il a surtout tourné devant les écrans américains des années 40 à l’orée des années 70, jouant notamment dans Le 49e parallèle, Henry V (réalisé par Laurence Olivier), Anna Karénine (réalisé par Julien Duvivier), Les chevaliers de la Table Ronde, La vie passionnée de Vincent Van Gogh, Rendez-vous avec la peur, La plus grande aventure de Tarzan, Les combattants de la nuit, Jason et les Argonautes, L’espion qui venait du froid, etc.
Dearesttara- Roi (Reine)
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43. Complots
2.04 Complots (The Galloping major) : D D D
Scénario : David Stone
Réalisation : Peter Maxwell
Le premier ministre d’un pays d’Afrique, K.W.Kamunga, échappe à une tentative d’assassinat deux jours avant les premières élections autonomes de son pays. Il soupçonne que son concurrent politique, le Dr.Manudu, a fomenté sa mort. Drake est envoyé là-bas pour assister le chef de la sécurité du ministre. Rapidement, Drake soupçonne un colonel influent de l’armée d’être de mèche avec Manudu…
Le sujet de l’épisode rappelle un peu trop celui de The Deputy Coyannis story pour être original. Son tempo trop alangui, et sa substance narrative, constituée en majorité d’allées et venues peu productives de Drake d’un camp à l’autre le desservent tout autant. Mais l’épisode capte tout de même l’intérêt par son évocation d’un empire britannique disparaissant lors de l’accès à l’indépendance de l’Afrique, fustigeant aussi bien les colons nostalgiques que les tentations dictatoriales des nouveaux indépendants tellement d’actualité aujourd’hui. Par sa description très sombre des coulisses du pouvoir, son refus du manichéisme - aucun personnage n’est décrit sous un bon jour - l’épisode dépasse son actualité pour demeurer très contemporain tant dans le style que sur le fond (une caractéristique de la série). La coda finale est un des happy ends les plus génialement faux de la série. Enfin, la série persiste dans sa vision antiraciste après le finale de saison précédent, ce qui était sacrément audacieux pour le public anglo-américain en 1964 !
Avec le format long, la série perd en tempo ce qu’elle gagne en profondeur de personnages. En fait, on accorde peu d’attention à une intrigue restant à l’état d’esquisse, car ne reposant que sur une seule piste : où va la loyauté du colonel Nyboto ? Narrativement, c’est maigre, et l’on pourrait passer directement de la 15e à la 40e minute. La mise en scène de Peter Maxwell n'anime rien, restant fonctionnelle, sans plus. Le twist final est loin d’être imprévisible, mais a cependant le mérite d’être révélateur des impitoyables machineries de l’art de la Politique.
L’intérêt de The Galloping major réside dans sa solide galerie de personnages (tous parfaitement interprétés) mais dont absolument aucun n’a notre sympathie. En cela la série continue son étude guère rieuse de l’humanité, ce qui est sans équivalent avant l’avènement des séries modernes des années 90 : le premier ministre paranoïaque et condescendant et son opposant inquiétant et cupide font que le spectateur ne prend pas part dans ce duel pour le pouvoir, réservant son appui à Drake, à la totale neutralité. Ils incarnent cette Afrique conquérant cette liberté, mais qui par manque d’organisation et de références politiques valables, laissent des tyrans avides de pouvoir prendre les rênes. Une vision réaliste et cruelle, juste conséquence des massacres évoqués dans Moment décisif en saison 1. Le plan final du manipulateur de ficelles est aussi simple que d’une subtilité démoniaque (Frank Underwood n’aurait pas fait mieux). Toutefois, la contre-attaque de Drake se montre aussi gonflée que joliment pacifiste, parvenant à rétablir la tenue des élections sans une goutte de sang. Mais seule l’ironie pure règne sur la coda, où Drake commente avec cynisme la poignée de mains des deux politiciens, façade grotesque cachant au public leur rivalité haineuse. Mais l’épisode brocarde aussi la versatilité des peuples, incapable de choisir correctement un bon dirigeant, et changeant d’avis comme une girouette. L’épisode n’a pas vieilli d’un pouce de ce côté-là. Patrick McGoohan est comme toujours étincelant.
La description de la fin des colons est tout aussi vénéneuse. La logeuse est la représentation de ces colons enfermés dans leur racisme (et leur anti-socialisme primaire), appelant les africains tous des sauvages dansant des idioties. On retrouve la thématique du « fardeau de l’homme blanc » dénomination du complexe de supériorité des colons qui se félicitent d’avoir « apporté la civilisation », jetant un voile pudique sur les exactions qui sont allés avec. Drake ne réplique pas ouvertement mais son regard ironique signifie bien qu’il est d’un tout autre avis. Le progressisme du héros, qui accepte de se mettre au service d’un noir, a dû remuer pas mal dans les années 60, a fortiori aux États-Unis renâclant encore à abolir la ségrégation (l’affaire Rosa Parks n’a même pas 10 ans). La prédominance d’acteurs noirs, et non de blancs au visage de suie, appuie encore le fait. Le visqueux millionnaire belge n’est guère mieux traité, toisant tout le monde du haut de sa montagne de billets, et ne cherchant qu’à sauvegarder ses privilèges, quelqu’en soit le prix. Pas de pitié non plus du côté de son épouse, femme légère déconnectée de la réalité qui drague Drake parce qu’elle s’emmerde (Drake l’envoie évidemment sur les roses, on apprécie toujours ces manifestations de son victorianisme). Au final, un épisode débordant d'acide.
IS =
- Le pays de l’épisode n’est pas explicitement nommé. Mais dans l’introduction, le journal mentionne la Rhodésie. La Rhodésie est en effet une ancienne colonie britannique. L’épisode ayant été diffusé le 3 novembre 1964, il est probable qu’il s’agisse de la Rhodésie du Nord dont les premières élections autonomes eurent lieu en janvier 1964, avant l’indépendance le 24 octobre de la même année où le pays prit le nom de Zambie (la Rhodésie du Sud ne le serait que l’année suivante). Cependant, la carte dans le bureau du colonel ne va pas en ce sens, car la ville inscrite en toutes lettres semble (l’image est assez floue) être Edéré, une ville du Tchad, tandis que la Louis Mountbatten indian school est une école de Salisbury (aujourd’hui Hararé), capitale de la Rhodésie du Sud, aujourd’hui le Zimbabwe !
- Le Dr.Manudu emprunte dans son discours une célèbre formule de Churchill : Je n’ai rien d’autre à offrir que des pleurs, du sang, et de la sueur (dans cet ordre).
- Susan rend à Mme Manningham un livre d’Agatha Christie intitulé « Scent of white poppies ». Mais la Reine du crime n’a jamais écrit un livre comportant ce titre ! Il s’agit en fait du titre d’un roman de John Christopher (1959).
- Le premier plan de l’épisode est celui d’un exemplaire du journal Daily Echo. C’est un journal local basé à Southampton, fondé en 1888, toujours actif aujourd’hui, et couvrant majoritairement les infos du comté d’Hampshire. Cependant, le journal de cet épisode doit être fictif car il a la date du mardi 4 août 1964. Or, à ce moment-là, le journal était devenu un journal du soir (depuis le 1er juillet 1958) et s’appelait The Evening Echo. Il ne revint à son nom initial que le 10 janvier 1994.
Acteurs :
William Marshall (1924-2003), Kamunga, était déjà apparu dans l’épisode Moment décisif (saison 1). Cet acteur reçut une formation complète (Opéra, théâtre Shakespearien, Broadway…) Il joua dans nombre de séries comme Bonanza, Rawhide, Des agents très spéciaux (2 épisodes), Star Trek (épisode Unité multitronique), Les Mystères de l’Ouest (épisode La nuit du sarcophage), Mannix. Il fut occasionnellement au cinéma (L’étrangleur de Boston, Maverick…).
Jill Melford (1931), Suzanne, reviendra dans Les deux femmes de George Foster cette saison. Elle a été évacuée vers les USA pendant la seconde guerre mondiale. Elle fit ses débuts au théâtre à New York en 1949 puis à Londres en 1953. Elle a également tourné dans des séries américaines puis britanniques (Le Saint, Whodunnit ? Crossroads…). Sa dernière apparition à l'écran remonte à 1993 (Taggart). Elle a participé à un épisode des New Avengers : Visages (saison 7).
Earl Cameron (1917), Kassawari, est un des acteurs étant le plus apparu dans la série : 5 fois. On l’a vu dans Moment décisif (saison 1) et reviendra dans Les zombies (saison 2), La franchise paie toujours, et Trafic d’armes (saison 3). Il fut un des premiers acteurs noirs à réussir au théâtre. Il fit parallèlement une petite carrière dans la télé, multipliant les apparitions de 1956 à 1995 dans des séries - Dr Who, Le Prisonnier (épisode Double personnalité)… et des téléfilms. Il fut fait Commandeur dans l'Ordre dans l'Empire Britannique en 2009. Son rôle le plus notable est celui de Karanja dans Simba (1955) avec Dirk Bogarde.
Edric Connor (1913-1965), Manudu, est originaire de Trinidad, il fut avant tout un interprète de Calypso. Émigrant en Grande-Bretagne en 1944, il participa à de nombreuses émissions de radio de la BBC où il contribua à faire connaître la Calypso et la culture des Caraïbes. Il connut également un belle carrière au théâtre (dont Périclès avec la RSC) et au cinéma. Il tourna ainsi dans 18 films, son rôle le plus connu demeurant l’imposant Daggoo dans Moby Dick (1956). Il apparaît dans plusieurs séries télé des années 60 (L’homme à la valise, The troubleshooters…) avant de disparaître prématurément à 52 ans. Il a participé à un épisode des Avengers : La cage dorée (saison 3).
Dearesttara- Roi (Reine)
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Re: Série "Destination danger"
Le guide des épisodes de la saison 1 de Destination Danger est en ligne!
http://theavengers.fr/index.php/hors-serie/annees-1960/destination-danger-1960-1968/destination-danger-saison-1
http://theavengers.fr/index.php/hors-serie/annees-1960/destination-danger-1960-1968/destination-danger-saison-1
Invité- Invité
Re: Série "Destination danger"
Excellent !
Philo- Fondateur
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Re: Série "Destination danger"
Bien joué , Dear ! Excellente approche d'une série très importante, y compris pour le site !
Estuaire44- Empereur
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Re: Série "Destination danger"
A S3 : Tout est parfait, merci beaucoup ! 39 épisodes à insérer en une fois, ce n'est pas rien, je sais.
Merci Philo et Estuaire !
Mais la série m'a vraiment surpris : je m'attendais à une simple série d'espionnage old school efficace, sans plus. Et je me suis retrouvé devant une série où l'espionnage se disputait à des approches géopolitiques intemporelles, voire même visionnaires, et une vision de l'espionnage beaucoup plus proche des séries modernes (et du ton plus sombre des derniers James Bond). L'approche de la série est finalement très contemporaine. Et c'est tout à fait le genre de série dont on pourrait faire un remake ou une adaptation, ce serait plus facile que Chapeau melon, ou Des agents très spéciaux.
Bon, il est temps de continuer la saison 2.
Merci Philo et Estuaire !
Mais la série m'a vraiment surpris : je m'attendais à une simple série d'espionnage old school efficace, sans plus. Et je me suis retrouvé devant une série où l'espionnage se disputait à des approches géopolitiques intemporelles, voire même visionnaires, et une vision de l'espionnage beaucoup plus proche des séries modernes (et du ton plus sombre des derniers James Bond). L'approche de la série est finalement très contemporaine. Et c'est tout à fait le genre de série dont on pourrait faire un remake ou une adaptation, ce serait plus facile que Chapeau melon, ou Des agents très spéciaux.
Bon, il est temps de continuer la saison 2.
Dearesttara- Roi (Reine)
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45. Le mystérieux agent
Problème technique avec le 2.05, je le chroniquerai plus tard.
Scénario : John Roddick et Michael Pertwee
Réalisation : Robert Day
Le « poisson », un précieux indicateur des services secrets anglais dans les pays arabes, est sur le point d’être découvert. Il envoie un appel de détresse à Londres qui dépêche Drake pour le retrouver. Sous le pseudonyme de Max Ryder, le fils d’un PDG d’une entreprise internationale, Drake tente de remonter la trace du poisson, mais ne cesse d’avoir Gamal, le vindicatif chef de la police, sur ses talons…
L’épisode est une histoire d’espionnage pur, ce qui traduit une perte de saveur en regard aux réflexions géopolitiques, sociales, et humaines que propose généralement la série. Cependant, ses réserves sont relativisées car Fish on the hook est un modèle de synergie entre les différents artisans du show : la grande efficacité du scénario de John Roddick et Michael Pertwee, course au trésor (ici un espion invisible) rythmée et bouillonnante, aux multiples twists et morceaux de bravoure, est à applaudir ; et lorsque l’histoire menace de s’essouffler, Robert Day prend le relais en montant la tension par sa mise en scène d’une ferme intensité. Edwin Astley nous régale d’une musique formidablement inspirée, tirant du seul clavecin tout un univers de suspense. Les amateurs des Avengers seront à la fête avec en vilain du jour, l’immense Peter Bowles, qui ô joie, hérite d’une partition où il peut jouer un grand numéro diabolique ; mais aussi Vladek Sheybal en homme traqué. Les deux atouts cœur sont aussi bien dessinées que contrastant. Narrativement, rien ne manque à cet épisode très complet.
Drake ne courant absolument pas après le jupon, il est intéressant de le voir obligé de se faire passer pour un amateur de bonne chair. Notre héros s’acquitte certes du strict minimum, mais ses tentatives volontairement caricaturales envers Gerdi sont amusantes, d’autant que la dame, jouée par une Dawn Addams volontiers mutine lui renvoie élégamment la balle. Cependant, on avouera une préférence pour la magnifique Nadia, incarnée par Zena Marshall, au zénith de sa brune beauté et de la fluidité de son jeu. Lors de sa danse ou de la scène finale, elle montre une grande complicité avec son partenaire, ce qui restera toujours rare dans la série. L’épisode trouve un ressort de choix avec Peter Bowles, absolument éblouissant de menace, de perversité, et de félonie en chef de la police doucereux, ne quittant presque jamais la route de Drake qu’il égale en efficacité. Leurs duels se montrent tous aussi électriques les uns que les autres, leur addition produit un vrai stress permanent. L’enquête, nerveuse à souhait, de Drake passe par des scènes typées, mais admirablement dialoguées et réalisées : Robert Day démontre un savoir-faire magistral dans celles-ci : plan-séquence chez l’espion traqué, caméra d’une indicible lenteur alors que le clavecin d’Astley lâche des dissonances continuelles, jeux de lumière et d’ombre virtuoses, transformant une scène calme en terreur (apparition soudaine de Tewfik à deux doigts de la folie), ruptures de vitesse pour surprendre le spectateur… un travail d’orfèvre. Les rebondissements de l’histoire font le reste, tous excellemment insérés, notamment le retour inattendu du vrai Max, forçant Drake à recourir à des improvisations périlleuses, ou bien la véritable identité du poisson, twist très malin. Les faux-semblants du médecin et le double jeu de l’ambassadeur se montrent tout aussi gouleyants. Tous ces événements s’enchaînent sans temps mort, retrouvant les densités des histoires de 25 minutes, mais sans impression de précipitation.
IS =
Drake utilise l’expression « Planter des banderilles ». Les banderilles désignent des bâtons surmontés de harpons qui sont plantés par les matadors lors d’une corrida. Il s’agit d’une expression équivalente de « Planter des bâtons dans les roues ».
Acteurs :
Peter Bowles (1936), Gamal, a tourné dans de nombreuses séries ITC des années 60 même si "elles rapportaient plus d'amusement que d'argent" : Le Saint, Département S, Amicalement Vôtre, Cosmos 1999... Il est l'infâme A dans l'épisode A, B et C du Prisonnier. Très peu de films à son actif mais des sitcoms au début des années 80. Il s'est tourné vers le théâtre ces dernières années. Il participe régulièrement à des interviews et reportages sur The Avengers dont il est un des visages les plus mémorables, jouant dans 4 épisodes et autant de vilains grand cru : Seconde vue (saison 3), Meurtre par téléphone (saison 4), Remontons le temps (saison 5), et Les Évadés du monastère (saison 6).
Vladek Sheybal (1923-1992), Tewfik, est né en Pologne. Il arrive en Grande-Bretagne au début des années 60. Il interprète Kronsteen dans From Russia With Love (1963), le second et un des meilleurs James Bond. Il enchaîne ensuite les petits rôles, surtout pour la télévision : Le Saint, Le Baron, Les champions, Poigne de fer et séduction, Shogun... Il est le Dr Doug Jackson dans la série UFO. Au cinéma, entre autres : Casino Royale (1967), Scorpio, Avalanche Express… Il fut le terrifiant Zarcardi dans un épisode des TNA : Un chat parmi les pigeons (saison 7).
Zena Marshall (1925-2009), Nadia, avait déjà joué dans deux épisodes de la saison 1 : Cherchez la femme et Une fuite. Elle est surtout connue pour avoir été l’agent double Taro dans James Bond contre Dr.No (la toute première femme à être séduite par 007 au cours d’une mission), ainsi que la comtesse Sophia dans Ces merveilleux fous volants dans leurs drôles de machines. Elle commença assez jeune au cinéma avant de se tourner vers la télévision à la fin des années 50. Elle a pris sa retraite d’actrice en 1967.
Dawn Addams (1930-1985), Gerdi, reviendra dans La guerre des photos cette saison. Elle eut une carrière de seconds rôles à Hollywood, en France, en Allemagne, et en Angleterre, tournant avec Chaplin, Lang, Sidney dans les années 50, puis s’orientant à la télévision britannique par la suite : Le Saint (3 épisodes), Département S, The Troubleshooters, Whodunnit ?, Crossroads… ses deux rôles les plus connus furent dans Father, dear father (20 épisodes), et Triangle (26 épisodes). Elle fut l’épouse de 1954 à 1971 de Don Vittorio Emanuele Massimo, Prince de Roccasecca.
Martin Miller (1899-1969), Zoren, était déjà apparu dans Le masque de l’amour (saison 1). Il retrouvera McGoohan dans l’épisode L’Enterrement du Prisonnier. Il a commencé sa carrière d’acteur à 44 ans. Souvent présent au cinéma, il a fait quelques apparitions remarquables dans les séries anglaises : figurant dans Les Aigles (saison 4) de Chapeau melon et bottes de cuir, il a été aussi le Kublai Khan lors de la 4e aventure du Premier Docteur (Marco Polo), et a joué dans deux épisodes du Saint (Les perles de Madame Chen et Un bon détective). Son dernier rôle fut dans Département S (Autrefois à Istanbul).
2.06 Le mystérieux agent (Fish on the hook) :
D D D D
Scénario : John Roddick et Michael Pertwee
Réalisation : Robert Day
Le « poisson », un précieux indicateur des services secrets anglais dans les pays arabes, est sur le point d’être découvert. Il envoie un appel de détresse à Londres qui dépêche Drake pour le retrouver. Sous le pseudonyme de Max Ryder, le fils d’un PDG d’une entreprise internationale, Drake tente de remonter la trace du poisson, mais ne cesse d’avoir Gamal, le vindicatif chef de la police, sur ses talons…
L’épisode est une histoire d’espionnage pur, ce qui traduit une perte de saveur en regard aux réflexions géopolitiques, sociales, et humaines que propose généralement la série. Cependant, ses réserves sont relativisées car Fish on the hook est un modèle de synergie entre les différents artisans du show : la grande efficacité du scénario de John Roddick et Michael Pertwee, course au trésor (ici un espion invisible) rythmée et bouillonnante, aux multiples twists et morceaux de bravoure, est à applaudir ; et lorsque l’histoire menace de s’essouffler, Robert Day prend le relais en montant la tension par sa mise en scène d’une ferme intensité. Edwin Astley nous régale d’une musique formidablement inspirée, tirant du seul clavecin tout un univers de suspense. Les amateurs des Avengers seront à la fête avec en vilain du jour, l’immense Peter Bowles, qui ô joie, hérite d’une partition où il peut jouer un grand numéro diabolique ; mais aussi Vladek Sheybal en homme traqué. Les deux atouts cœur sont aussi bien dessinées que contrastant. Narrativement, rien ne manque à cet épisode très complet.
Drake ne courant absolument pas après le jupon, il est intéressant de le voir obligé de se faire passer pour un amateur de bonne chair. Notre héros s’acquitte certes du strict minimum, mais ses tentatives volontairement caricaturales envers Gerdi sont amusantes, d’autant que la dame, jouée par une Dawn Addams volontiers mutine lui renvoie élégamment la balle. Cependant, on avouera une préférence pour la magnifique Nadia, incarnée par Zena Marshall, au zénith de sa brune beauté et de la fluidité de son jeu. Lors de sa danse ou de la scène finale, elle montre une grande complicité avec son partenaire, ce qui restera toujours rare dans la série. L’épisode trouve un ressort de choix avec Peter Bowles, absolument éblouissant de menace, de perversité, et de félonie en chef de la police doucereux, ne quittant presque jamais la route de Drake qu’il égale en efficacité. Leurs duels se montrent tous aussi électriques les uns que les autres, leur addition produit un vrai stress permanent. L’enquête, nerveuse à souhait, de Drake passe par des scènes typées, mais admirablement dialoguées et réalisées : Robert Day démontre un savoir-faire magistral dans celles-ci : plan-séquence chez l’espion traqué, caméra d’une indicible lenteur alors que le clavecin d’Astley lâche des dissonances continuelles, jeux de lumière et d’ombre virtuoses, transformant une scène calme en terreur (apparition soudaine de Tewfik à deux doigts de la folie), ruptures de vitesse pour surprendre le spectateur… un travail d’orfèvre. Les rebondissements de l’histoire font le reste, tous excellemment insérés, notamment le retour inattendu du vrai Max, forçant Drake à recourir à des improvisations périlleuses, ou bien la véritable identité du poisson, twist très malin. Les faux-semblants du médecin et le double jeu de l’ambassadeur se montrent tout aussi gouleyants. Tous ces événements s’enchaînent sans temps mort, retrouvant les densités des histoires de 25 minutes, mais sans impression de précipitation.
IS =
Drake utilise l’expression « Planter des banderilles ». Les banderilles désignent des bâtons surmontés de harpons qui sont plantés par les matadors lors d’une corrida. Il s’agit d’une expression équivalente de « Planter des bâtons dans les roues ».
Acteurs :
Peter Bowles (1936), Gamal, a tourné dans de nombreuses séries ITC des années 60 même si "elles rapportaient plus d'amusement que d'argent" : Le Saint, Département S, Amicalement Vôtre, Cosmos 1999... Il est l'infâme A dans l'épisode A, B et C du Prisonnier. Très peu de films à son actif mais des sitcoms au début des années 80. Il s'est tourné vers le théâtre ces dernières années. Il participe régulièrement à des interviews et reportages sur The Avengers dont il est un des visages les plus mémorables, jouant dans 4 épisodes et autant de vilains grand cru : Seconde vue (saison 3), Meurtre par téléphone (saison 4), Remontons le temps (saison 5), et Les Évadés du monastère (saison 6).
Vladek Sheybal (1923-1992), Tewfik, est né en Pologne. Il arrive en Grande-Bretagne au début des années 60. Il interprète Kronsteen dans From Russia With Love (1963), le second et un des meilleurs James Bond. Il enchaîne ensuite les petits rôles, surtout pour la télévision : Le Saint, Le Baron, Les champions, Poigne de fer et séduction, Shogun... Il est le Dr Doug Jackson dans la série UFO. Au cinéma, entre autres : Casino Royale (1967), Scorpio, Avalanche Express… Il fut le terrifiant Zarcardi dans un épisode des TNA : Un chat parmi les pigeons (saison 7).
Zena Marshall (1925-2009), Nadia, avait déjà joué dans deux épisodes de la saison 1 : Cherchez la femme et Une fuite. Elle est surtout connue pour avoir été l’agent double Taro dans James Bond contre Dr.No (la toute première femme à être séduite par 007 au cours d’une mission), ainsi que la comtesse Sophia dans Ces merveilleux fous volants dans leurs drôles de machines. Elle commença assez jeune au cinéma avant de se tourner vers la télévision à la fin des années 50. Elle a pris sa retraite d’actrice en 1967.
Dawn Addams (1930-1985), Gerdi, reviendra dans La guerre des photos cette saison. Elle eut une carrière de seconds rôles à Hollywood, en France, en Allemagne, et en Angleterre, tournant avec Chaplin, Lang, Sidney dans les années 50, puis s’orientant à la télévision britannique par la suite : Le Saint (3 épisodes), Département S, The Troubleshooters, Whodunnit ?, Crossroads… ses deux rôles les plus connus furent dans Father, dear father (20 épisodes), et Triangle (26 épisodes). Elle fut l’épouse de 1954 à 1971 de Don Vittorio Emanuele Massimo, Prince de Roccasecca.
Martin Miller (1899-1969), Zoren, était déjà apparu dans Le masque de l’amour (saison 1). Il retrouvera McGoohan dans l’épisode L’Enterrement du Prisonnier. Il a commencé sa carrière d’acteur à 44 ans. Souvent présent au cinéma, il a fait quelques apparitions remarquables dans les séries anglaises : figurant dans Les Aigles (saison 4) de Chapeau melon et bottes de cuir, il a été aussi le Kublai Khan lors de la 4e aventure du Premier Docteur (Marco Polo), et a joué dans deux épisodes du Saint (Les perles de Madame Chen et Un bon détective). Son dernier rôle fut dans Département S (Autrefois à Istanbul).
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46. La fille du colonel
2.07 La fille du colonel (The Colonel's Daughter) : D D
Scénario : David Weir
Réalisation : Philip Leacock
Khan, chef de la police de Delhi, propose un marché à son « vieil ami » John Drake : il se charge de trouver un homme qu’il cherche qui se cache dans la ville. En échange, Drake doit espionner le colonel Blakeley, qui est soupçonné d’agir contre les intérêts de l’Inde. Drake se lie avec la fille de Blakeley, Joanna, mais l’affaire prend rapidement des proportions qu’il n’imaginait pas.
On retrouve dans cet épisode une analyse similaire du déclin des empires européens à celle évoquée dans The galloping major, l’Inde succédant à l’Afrique, et avec portraits d’anciens colons et colonisés. Toutefois, la recherche apparaît bien moins ambitieuse, se bornant à quelques esquisses de chacun des parties. Pour le tout premier scénario de sa carrière, David Weir se piège dans une longue veillée d’armes où Drake reste patiemment dans l’entourage de sa « cible », attendant les dernières minutes pour que l’action décolle. L’intérêt est à chercher du côté des personnages et des acteurs, en premier lieu la merveilleuse Virginia Maskell, d’une harmonie de jeu assez stupéfiante, et de dialogues fluides.
Le brillant talent de Maskell, actrice trop tôt disparue, subjugue par sa fraîcheur souriante, les subtiles ombres qu’elle cache, et son indiscutable présence à l’écran, que l’on retrouvera lors de sa bouleversante composition dans Le Prisonnier. McGoohan est lui, toujours excellent, dans son rôle. Mais le tout est inférieur à la somme des parties : si l’on apprécie l’originale froideur de Drake envers le beau sexe, cela joue contre lui lorsque le scénario joue sur le relationnel avec sa partenaire du jour (il y aura toutefois deux exceptions ultérieurement), car plombant toute alchimie naissante. C’est ce qui arrive ici. Les enjeux de l’affaire demeurent bien trop flous, semant la confusion dans un script pourtant pas si complexe. Comme Drake se contente de boire du thé avec les Blakeley ou de rester immobile sur un arbre, Weir tente de compenser l’inertie du script en ajoutant plus de scènes d’action que d’habitude, dont une vitaminée baston à 1 contre 5 très James Bond. On apprécie, mais cela fait l’effet d’un écran de fumée cachant mal un feu assez pâlot. La transparence des méchants se révèle tout aussi contreproductive. Warren Mitchell est amusant en secrétaire à la fois pétulant et sournois, mais Chopra n’est pas suffisamment dessiné pour supporter un rôle aussi décisif. Le twist final produit un effet sensationnaliste dont on voit trop qu’il est là pour camoufler la précipitation de la fin.
L’épisode se laisse voir cependant pour une bonne galerie de portraits, bien que pas aussi aboutie que The galloping major. Blakeley est cette incarnation de vieux colon irréductible, plus misanthrope que vraiment raciste, trompant sa nostalgie par son investissement envers ses chers coléoptères. Joanna échappe au sexisme classique des rôles féminins 60's par son profil indépendant, et dont la sympathie échappe à la mièvrerie. Sa relation tout à fait cordiale avec son père tranche avec le stéréotype des filles à « daddy issues ». Khan attire l’attention par son lien avec Drake, fait de cordialité et de défiance ironique, révélateur de ces relations entre espions où tout lien chaleureux n’a pas sa place, même entre vieux complices. Un point sur lequel la série demeure très contemporaine.
Acteurs =
Virginia Maskell (1936-1968), Joanna, fut la partenaire de Richard Attenborough et Kenneth Griffith dans The man upstairs (1958) et de Peter Sellers dans Only two can play (1962). Elle retrouvera Patrick McGoohan dans l’épisode pilote L’arrivée du Prisonnier, un de ses derniers rôles, et dans Interlude (1968) avec Donald Sutherland. Elle décéda tragiquement d'une overdose à 31 ans, consécutive à une dépression nerveuse due à un sévère babyblues, alors que sa carrière commençait à prendre son envol. Son rêve aurait été d'être une star de théâtre.
Warren Mitchell (1926), Chopra, est un des acteurs qui apparut le plus dans la série : 6 épisodes ! : Affaire d’état, Le Traître, Cherchez la femme (saison 1), La fille du colonel, A votre santé (saison 2), La jeune fille qui avait peur (saison 3). Petit-fils d'émigrants juifs russes, il a servi dans la RAF pendant la seconde guerre mondiale puis a étudié à la RADA (Royal Academy of Dramatic Art). Il est connu en Grande-Bretagne pour le rôle d'Alf Garnett dans la série Till death us do part (1965-75) pour laquelle il fut élu acteur de l'année en 1966. Il a tourné à la TV dans des productions diverses dont Le Saint (3 épisodes). Il fut naturalisé australien. Il joua dans 4 épisodes des Avengers : La toison d’or, Les charmeurs (saison 3), et fut le fameux Brodny dans Un Steed de trop (saison 4) et L’homme transparent (saison 5).
Michael Trubshawe (1905-1985), Blakeley, a surtout joué des seconds rôles au cinéma. Il était un ami de David Niven ; ce dernier l'évoque dans sa biographie The Moon's a ballon, évoquant notamment ses tentatives pour évoquer le nom de son ami dans chaque film auquel il participa ! Il a participé à deux épisodes des Avengers : Meurtre par téléphone (saison 4) et Miroirs (saison 6).
Zia Mohyeddin (1933), Khan, participe à 5 épisodes de Destination Danger : Le cadavre ambulant (saison 1), La fille du colonel, Des hommes dangereux (saison 2), Les mercenaires, et Trafic d’armes (saison 3). Il est né au Pakistan mais il a fait ses débuts d'acteur en Angleterre (Laurence d'Arabie, Khartoum). Il retourna dans son pays à la demande du régime Bhutto pour y créer une école mais revint en Angleterre, étant en conflit avec le gouvernement de son pays. Il a tourné également dans L'homme à la valise et Les champions. Il joua dans un épisode des Avengers : Du miel pour le prince (saison 4).
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47. La guerre des photos
2.08 La guerre des photos (The battle of the cameras) : D D D D
Scénario : Philip Broadley
Réalisation : Don Chaffey
Des secrets atomiques anglais ont été dérobés par une espionne travaillant pour A.J.A. Kent, un indépendant qui veut les vendre au plus offrant. Drake part pour la Côte d’Azur et tente de se rapprocher de Kent via Martine - l’espionne - et un maître judoka, Genicot…
Au milieu de la noirceur réaliste typique de la série, cet épisode euphorique et léger est une belle parenthèse ensoleillée. L’histoire n’est qu’un prétexte pour capter la bondissante joie de vivre irriguant les 60’s, anticipant avec une précision confondante les périodes Emma Peel et Tara King de la série emblématique de cette décennie : les Avengers (jusque dans la participation de Patrick Newell), mais aussi James Bond première période, incarnation fantasmagorique de cette période joyeuse. Casting chatoyant, dialogues cousus main, réalisation allante, et inoubliable pas de deux entre Drake et sa partenaire du jour, une des plus réjouissantes de toute la série. Cet épisode « décalé » à sa manière est une réussite quasi-totale.
Philip Broadley prend un risque en envoyant valser son scénario : tout ce qui l’intéresse, c’est d’aligner des scènes fantaisistes - Chapeau melon venait tout juste de s’engouffrer dans cette voie à l’occasion de sa saison 3 - et surtout les scènes irrésistibles entre Drake et Martine. Ô joie, McGoohan abandonne un temps son puritanisme, et instaure une alchimie scintillante avec la fantastique Dawn Addams qu’on aurait jamais cru possible venant de lui ! Tout au long de l’épisode, nos amis alternent dialogues pétillants et instants romantiques précurseurs du duo Steed-Emma, alors même qu’ils sont dans des camps ennemis. Sur la Riviera baignée de soleil (et une musique décontractée) Drake flambe au casino, boit des alcools divers et variés avec Martine, élabore un flirt étonnamment poussé - l’épisode est un des rares à être baigné de tension sexuelle - danse sensuellement avec elle, tout en poursuivant sa conquête de Kent qu’il tente d’attirer dans son piège. Moins que John Drake, on jurerait voir le famous Simon Templar en action ! Martine, affranchie de toute tutelle masculine, y compris celle de son patron et de son compagnon, est une des premières représentantes du féminisme, la série abandonnant son relatif conservatisme à ce sujet pour l’occasion. Sous un aspect plus amer, Martine incarne plus intemporellement une jeunesse se réfugiant dans une vie à 100 à l’heure où seuls plaisir et goût du risque comptent, comme échappatoires à la peur de vieillir.
On a peine à croire que cet épisode fut diffusé un mois avant les premières aventures d’Emma Peel tant les scènes les plus décalées de l’épisode prophétisent étonnamment cette période : Drake débarquant dans un Dojo et envoyant dans le décor le sensei simplement pour lui remettre une lettre préfigure Emma Peel triomphant d’Oyuka dans Les Cybernautes, le costume de Martine déguisée en marquise avec mouche sur la joue, celui d’Emma dans Remontons le temps, Martine conduisant à grande vitesse avec un Drake effrayé par son insouciance rappelle la scène correspondante des Chevaliers de la mort, Drake sable le champagne avec elle dans une euphorie rappelant les moments les plus hédonistes de la série avant de se faire attaquer par un triton et Poséidon en personne dans une scène d’action rappelant Le dernier des sept ! On atteint un sommet avec Patrick Newell, alias agent 1056, en agent un peu bouffon mais efficace, quatre ans avant de prendre du galon et devenir l’inénarrable Mère-Grand. Enfin, bref, un enchaînement de coïncidences vertigineux, mais surtout un vent de légèreté fantaisiste qui capte l’air du temps.
Cet épisode, 8e de la saison lors de la diffusion en Grande-Bretagne fut toutefois le premier diffusé aux Etats-Unis. On comprend pourquoi car autant que les Avengers, Drake n’aura jamais été aussi proche que de 007, qui triomphe alors là-bas : élégance classieuse du héros portant smoking, flirt développé avec une femme fatale à la garde-robe 100% glamour que n’aurait pas renié la saga (et bonne joueuse même dans la défaite), goût pour les alcools, le jeu, et clopant fréquemment... le diabolical mastermind est un homme au visage défiguré, trois ans avant le Blofeld de Donald Pleasence (lui-même apparu dans deux épisodes de la saison précédente), dont il partage l’orgueil mégalomane, bien que plus intériorisé et froid ici. Le mimétisme est subjuguant, et au-delà de l’aspect documentaire, est un exemple de l’efficacité des codes narratifs américains, ici habilement distillés au sein de cette série si anglaise par ailleurs. Le final manque d’énergie, mais est largement compensé par la décontraction avec laquelle Drake met échec et mat Martine, Genicot, et enfin Kent successivement avec trois méthodes différentes. On retrouve in extremis le Drake froid qui envoie ses adversaires vers un sombre destin sans l’ombre d’une émotion ou d’un remords.
IS =
Drake a les yeux gris. Lors de leur deuxième rencontre, lui et Martine prennent deux Campari sodas. C’est un apéritif à base d'eau gazeuse et de 10 % d'alcool, particulièrement réputé en Italie et sur la Riviera.
Drake mentionne la loi des grands nombres pour inciter Martine à ne pas jouer le même numéro d’affilée. Cette loi affirme que lors d’une expérience aléatoire donnée, plus le nombre d’essais est grand, plus les résultats empiriques de l’expérience se rapprochent des moyennes attendues mathématiquement de l’expérience. Ainsi, il y a mathématiquement 1 chance sur 37 pour qu’un numéro (exemple : le 0) à la roulette sorte. Dans la pratique, plus on fait tourner la roulette, et plus les chances de voir le 0 sortir tendent vers 1/37 (cette « moyenne » est appelée espérance). Cependant, Drake commet ici une erreur d’interprétation car il mentionne cette loi après le 1er tour de roulette : car avant les deux tours de roulette, la probabilité que le 0 sorte deux fois est effectivement plus faible que l’événement « le 0 sort la première fois puis un autre nombre la 2e fois » ; mais la roulette n’a pas de mémoire, et si le 0 sort la première fois, il a à ce moment-là autant de chances de sortir que n’importe quel autre numéro au 2e tour.
Acteurs :
Dawn Addams (1930-1985), Martine, était déjà apparue dans Le mystérieux agent cette saison. Elle eut une carrière de seconds rôles à Hollywood, en France, en Allemagne, et en Angleterre, tournant avec Chaplin, Lang, Sidney dans les années 50, puis s’orientant à la télévision britannique par la suite : Le Saint (3 épisodes), Département S, The Troubleshooters, Whodunnit ?, Crossroads… ses deux rôles les plus connus furent dans Father, dear father (20 épisodes), et Triangle (26 épisodes). Elle fut l’épouse de 1954 à 1971 de Don Vittorio Emanuele Massimo, Prince de Roccasecca.
Patrick Newell (1932-1988) est bien sûr connu pour avoir joué Mère-Grand, le supérieur de John Steed dans 20 épisodes de la saison 6. Son physique lui permit seulement de jouer auparavant des petits rôles de vilains ou de comiques à la TV. Après les Avengers, il tourna principalement dans des productions secondaires. Il participa néanmoins à un épisode d'Amicalement vôtre dans le rôle du "fat man" ! Ayant perdu du poids de manière importante, il perdit en même temps l'intérêt qu'il pouvait susciter. Il devait prendre part à une convention à Birmingham le jour de sa mort.
Niall MacGinnis (1913-1977), A.J.A.Kent, était déjà apparu dans un épisode de cette saison : La ville fantôme. Il était aussi médecin. Il a surtout tourné devant les écrans américains des années 40 à l’orée des années 70, jouant notamment dans Le 49e parallèle, Henry V (réalisé par Laurence Olivier), Anna Karénine (réalisé par Julien Duvivier), Les chevaliers de la Table Ronde, La vie passionnée de Vincent Van Gogh, Rendez-vous avec la peur, La plus grande aventure de Tarzan, Les combattants de la nuit, Jason et les Argonautes, L’espion qui venait du froid, etc.
Frederick Bartman (1923-2014), Genicot, reviendra dans Les pensionnaires de Madame Stanway (saison 3). Acteur principalement au théâtre et à la télévision, il se fit connaître en jouant dans 171 épisodes le Dr.Simon Forrester dans le soap medical Emergency-Ward 10. Ensuite il fut de Suspense, Gideon's way, Alias le Baron, Gems (33 épisodes), etc. Il écrivit également des pièces de théâtre, et ouvrit à Pimlico une boutique d'antiquités en 1976. Il fut accusé du meurtre d'une de ses employées en 1993, mais fut reconnu innocent.
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48. Un serviteur modèle
2.09 Un serviteur modèle (No marks for servility) : D D
Scénario : Ralph Smart
Réalisation : Don Chaffey
Bernarès, un financier grec, est un escroc de haut vol qui détourne l’argent des prêts destinés à la croissance agricole de son pays. Les cadavres commençant à s’amonceler autour de ses actions, Drake s’introduit chez lui et Helen, sa toute fraîche épouse, en devenant son nouveau majordome. L’odieux comportement de Bernarès lui impose toutefois un effort surhumain pour ne pas se dévoiler…
On pense bien sûr à What the butler saw avec Steed endossant le frac pour infiltrer une organisation louche. Mais Destination Danger se doit d’être fidèle à son image, et rester dans le sérieux. Or, l’épisode des Avengers est un flagrant pastiche de cette banale idée via l’humour et la fantaisie, si bien que No marks for servility prend les atours de ces histoires pontifiantes croquées malicieusement par Chapeau melon. La misogynie typique des 60’s frappe de nouveau, les deux femmes de l’histoire restant des demoiselles en détresse. Même sans comparaison, ce parti pris amidonne fatalement une action où l’on voit davantage Drake marcher dans la villa de sa cible qu’une histoire proprement dite. Heureusement, Drake a l’occasion de nous faire un numéro solide de serviteur brimé jusqu’à l’absurde : c’est pour son abnégation à rester zen en toutes circonstances, et par un humanisme d’autant plus fort qu’il ne s’exprime qu’en retenue que l’épisode trouve une âme.
La tradition de modernité dans les thématiques de la série reste présente, avec cette vision d’une partie de la classe riche cherchant à imposer sa supériorité matérielle. Bernarès se montre comme obsédé jusqu’à la paranoïa de conserver son image clinquante de parvenu fortuné : jolie épouse, existant seulement pour donner une image de « respectabilité » et réduite au rôle de « trophy wife », qui derrière l’alcôve subit la violence de son mari - on notera qu’ils font chambre à part, Monsieur a d’autres priorités - envie d’en mettre « plein la vue » à ses invités, palace richement décoré, et mépris écrasant envers les « classes inférieures », dont Drake devient malgré lui la personnification. Cette lutte des classes demeure toujours actuelle aujourd’hui, même si sous une autre forme. Face à un personnage tellement chargé de noirceur minable, Howard Marion-Crawford doit lutter en permanence pour ne pas cabotiner, et n’y réussit qu’avec peine. A l’inverse, la délicieuse Suzan Farmer apporte sa fraîcheur naturelle à un rôle transparent, créant un lien chaleureux avec Drake. L’on peut considérer que Drake parvient à rester maître de lui en se montrant protecteur et humain envers une femme qui n’a que lui et son amie Judy pour rayons de soleil. L’absence de tension sexuelle empêche toute équivoque quant au comportement de Drake, qui ironiquement aura rarement dévoilé autant son humanité derrière une fausse couverture. Il faut le voir maudissant son impuissance lorsque Bernarès administre une correction à son épouse. Bien sûr, on est désolé qu’Helen reste soumise et que Judy, plus libre - mais tout de même inféodée au patriarcat - se fasse kidnapper. On déglutit péniblement quand Helen, une fois l’orage passé, regrette (un peu) son mari violent qui l’avait fait « devenir quelqu’un ». Le thème du détournement de fonds au profit du gouvernement et des financiers (une anticipation de la crise grecque ?) est certes toujours contemporain, mais avait déjà été traité, et de manière plus dense dans La version du député Coyannis (saison 1).
Smart prolonge bien trop son unique ressort voyant Drake servir (et bouillonner intérieurement) sa cible. Ce n’est qu’au bout d’une demi-heure que Drake troque son frac pour le chapeau melon et le parapluie dans un réjouissant clin d’œil aux Avengers ! Ce dernier acte traîne malheureusement tous les clichés de l’espionnite pour les nuls : observation routinière, infiltration molle du genou, bastons sommairement exécutées, mano a mano final amorphe et s’étirant en longueur… mais on retient quand même le coup de feu de Drake (le troisième seulement depuis le début de la série !) et ce moment où il expose toute sa froideur professionnelle devant le père de Judy : pas de promesses réconfortantes : il peut échouer à sauver la vie de Judy, et sa priorité demeure les détournements financiers et non la vie d’une civile. Une franchise qui fait toute l’originalité de John Drake, personnage de série contemporaine dans une série des années 60.
IS =
- Une des très rares fois où Drake fait feu (ici, juste pour effrayer quelqu’un).
- Erreur de montage quand Drake s’avance vers le plateau du dîner d'Helen : il commence à ranger son carnet, mais au plan suivant, il joue avec son stylo.
Acteurs :
Howard Marion-Crawford (1914-1969), Bernarès, réapparaîtra dans Les pensionnaires de Mme Stanway (saison 3). Il était déjà apparu dans Double jeu cette saison. Il fut le Dr Watson de la série Sherlock Holmes de 1954 (39 épisodes) et fit des apparitions dans Le Saint et L'Homme à la Valise. Après quelques caméos dans des films américains, il fit sa carrière à la télévision britannique. Il est décédé d'un excès de somnifères. Il a participé à 3 épisodes des Avengers : Les espions font le service (saison 4), Le mort vivant (saison 5), Le visage (saison 6), qui fut son avant-dernier rôle.
Suzan Farmer (1942), Helen, est une figure coutumière de la télévision britannique (Le Saint -4 épisodes- L'Homme à la valise, Thriller, Amicalement vôtre…), comme des films de la Hammer (Les Pirates du Diable, Dracula prince des ténèbres, Rasputin…). De 1965 à 1968, elle fut l'épouse d'Ian Mc Shane.
Francesca Annis (1945), Judy, reviendra cette saison dans Les empreintes du fantôme (saison 2). Elle joua dans Sir Francis Drake, Armchair Theatre, Les Mystères d’Orson Welles, Agatha Christie’s partners in crime (10 épisodes), Madame Bovary, Jane Eyre, les Contes de la Crypte, Jericho, etc. Au cinéma elle fut notamment lady Macbeth dans la version de Roman Polanski et lady Jessica de Dune, Eiras dans Cléopâtre... Elle partagea la vie de Ralph Fiennes de 1994 à 2006.
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Re: Série "Destination danger"
Au tour de Drake d'être revisité par le Figaro
http://tvmag.lefigaro.fr/le-scan-tele/series/2015/11/07/28005-20151107ARTFIG00005-l-anti-james-bond-john-drake-dans-destination-danger.php
http://tvmag.lefigaro.fr/le-scan-tele/series/2015/11/07/28005-20151107ARTFIG00005-l-anti-james-bond-john-drake-dans-destination-danger.php
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Re: Série "Destination danger"
Très beau résumé, je ne connaissais pas le contexte intellectuel de l'époque et l'OTAN vue comme une bête noire, c'était une nouvelle preuve de l'audace de la série. D'ailleurs, l'OTAN n'est pas toujours vu sous un bon jour, les supérieurs de Drake pouvant se montrer d'une cruauté à toute épreuve (le 1er épisode de la saison 2 entre autres).
Dearesttara- Roi (Reine)
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49. Un homme de confiance
2.10 Un homme de confiance (A Man to Be Trusted) : D D
Scénario : Raymond Bowers
Réalisation : Peter Maxwell
Deux agents du M9 ont été torturés et assassinés à l’étranger. Drake est envoyé élucider cette affaire en collaboration avec le lieutenant Mora. Problème : Drake comprend vite qu’il ne peut faire confiance à personne : son contact aurait d’excellentes raisons d’avoir retourné sa veste, un autre agent du M9 semble sur la liste sanglante de l’assassin, mais pourrait en fait être derrière tout cela, à moins que cela soit son épouse…
L’épisode aurait pu fonctionner sous forme de nouvelle, mais le passage à l’écran ne convainc pas à cause d’une avalanche épuisante de dialogues sans fin bridant toute action. Avec de tels problèmes, Peter Maxwell n’arrive jamais à animer sa mise en scène qui ne fait que coller mollement au héros, desservant l’habileté réelle de l’histoire. De plus, Bowers incorpore dans son script de grosses digressions sur le vaudou totalement étrangères à l’action, finissant d’assassiner le rythme de l’épisode. Cependant, A man to be trusted trouve un intérêt par son trouble jeu de paranoïa entre les principaux larrons de l’histoire, notamment dans les échanges vifs entre Drake et Mora, ainsi que par un subtil twist final.
Un dialogue de 6 minutes, puis un dialogue de 10 minutes, puis un dialogue de 8 minutes… et segue al fine ! De fait, cette juxtaposition assommante de dialogues use rapidement les nerfs du spectateur, d’autant qu’elle s’accompagne d’un triste record dans l’exposition d’une affaire : pas moins de 17 minutes ! Si les enjeux sont complexes, les personnages bien dessinés, on en paye le prix par une inertie permanente de l’intrigue, n’avançant qu’au fil de dialogues filmés comme du mauvais théâtre filmé, bavard et routinier. On en arrive à un véritable exploit lorsque l’on en arrive aux scènes vaudoues : que ce soit la danse filmée sans cachet ou l’interminable conférence du conservateur (on se croirait devant les quasi colloques débités par les premiers compagnons des premiers épisodes de Dr.Who !), elles ne servent tout bonnement à rien, si ce n’est à préparer le rebondissement final, ce qui est très insuffisant. On sent la sincérité de l’auteur qui s’est visiblement documenté avant de préparer son sujet, mais le ton purement didactique, tout comme l’antinomie que constitue l’irruption de cette pratique au sein d’une intrigue d’espionnage détonne.
L’on parvient à conserver quelque peu son attention par les piquantes joutes verbales entre Drake et Mora. Comme toujours dans cette série d’espionnage réaliste, ce n’est jamais dans une franche amitié qu’on enquête entre contacts ! Drake ne se prive pas de répéter à Mora qu’il le soupçonne tandis que ce dernier ne se gène pas non plus à le menacer d’exploser sa couverture et le mettre en prison jusqu’à la fin de ses jours ! Dans cette chaleureuse camaraderie, pas mal de mots d’esprit fusent. Harvey Ashby compose un personnage plein d’orgueil et flamboyant, et très souvent inquiétant par ses attitudes matoises, leur rivalité constitue les meilleurs moments de l’épisode.
Sur la condition féminine, Destination Danger fêle très légèrement son conservatisme. L’épisode semble d’abord louer la sclérosante société patriarcale où les femmes ne sont vues que comme des mères et épouses, mais aucun des maris n’est finalement vu sous un bon jour : l’un se prend pour 007 en se faisant d’un devoir de coucher régulièrement avec des suspectes, la victime de l’intro a rapidement déserté le lit conjugal pour ses affaires, l’autre est un homme faible que sa femme a cessé d’aimer… d’où des femmes ne s’épanouissant que dans l’infidélité ou les sorties entre elles. Une thématique toujours très contemporaine ! On reste quand même très en deçà du modernisme des Avengers sur le sujet à la même époque. On apprécie toutefois le casting haut de gamme mené par Wenda Wentham (que tout amateur de séries british a au moins vu une fois) et Eunice Gayson, deux ans après être devenue la première James Bond girl de la saga 007 au cinéma. La série se montre plus innovante dans d’autres thématiques, notamment le respect pour les minorités - un sujet déjà bien sensible dans les années 60 ! L’épisode vise particulièrement la condescendance occidentale envers les cultures orientales, alors même qu’elle célèbre l’étrange beauté sauvage des rites vaudous avec une sincère conviction.
Anecdotes =
Drake cite le terme d’Habeas corpus : c’est une disposition fondamentale des systèmes démocratiques interdisant toute détention d’une personne sans jugement, au contraire de la détention arbitraire.
Acteurs =
Harvey Ashby (1933-1997), Mora, n’a pas beaucoup joué sur les écrans, bien que sa carrière s’y étende sur plus de trente ans ! On a pu le voir dans Z cars, le Saint, Jekyll & Hyde, Rumpole of the Bailey… Il a participé à 3 épisodes des Avengers : Le Décapode (saison 2), Mort en magasin (saison 4), et Requiem (saison 6).
Eunice Gayson (1931), Louise, pressentie pour le rôle de Miss Moneypenny, a finalement joué Sylvia Trench, la maîtresse de James Bond dans les deux premiers films (Dr No – Bons baisers de Russie). Sa carrière ne dépassa cependant pas les années 70. Elle fut la Lucille Banks de La danse macabre (saison 4) des Avengers.
Wenda Ventham (1935), Stella, reviendra cette saison dans l’épisode L’étrange miroir. Elle s'est spécialisée dans des rôles de télévision (plus d'une centaine de séries et feuilletons) et plus rarement au cinéma. On a pu la voir dans Le Prisonnier (épisode L’Enterrement), Le Saint, Département S, Z-cars… Elle a obtenu quelques rôles récurrents dans Docteur Who (13 épisodes, trois rôles différents), Fallen Hero (12 épisodes, Dorothy Hopkins), The Lotus Eaters (15 épisodes, Ann Shepherd), Oscar Charlie (12 épisodes, Beryl) et bien d'autres. Plus récemment, elle est la mère de Sherlock Holmes dans la série Sherlock. Elle a également joué dans un épisode de Chapeau Melon : Les Fossoyeurs (saison 4).
Ralph Michael (1907-1994), Dorset, reviendra dans l’épisode L’homme qui ne voulait pas parler (saison 3). Il a débuté sa carrière en 1937 et il travailla pour la TV dès 1956, Le Comte de Monte-Cristo puis L'Homme invisible, etc. Il tourna ensuite vers la fin des années 60 dans L'Homme à la Valise – deux épisodes, puis dans les années 70 dans Colditz et Les Professionnels. À noter également dans les années 80, Bergerac et deux épisodes de Mission Casse-Cou dans le rôle de Lord Winfield. Il a participé à un épisode de Chapeau melon et bottes de cuir : Affectueusement vôtre (saison 6).
Dearesttara- Roi (Reine)
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50. Une filature délicate
2.11 Une filature délicate (Don't Nail Him Yet) : D D
Scénario : Philip Broadley
Réalisation : Michael Truman
Les services secrets soupçonnent un certain Rawson de servir d’intermédiaire pour faire passer des microfilms à l’Est. Leur filature ne donnant aucun résultat, John Drake s’infiltre dans la vie de Rawson pour le surveiller de plus près…
Le scénario ne résulte pas des plus inspirés, l’agent secret s’infiltrant dans la vie d’un suspect en lui arrachant son amitié en attendant de porter l’estocade figure dans les premières pages de L’espionnage pour les nuls. Broadley se contente de plaquer scolairement tous les poncifs du genre, sans le rehausser par des surprises, un vrai suspense, ou une noirceur dramatique, une option qui aurait tout à fait convenu à la série. La faiblesse de Rawson déséquilibre totalement la lutte de Drake, bien trop supérieur : quel intérêt de voir notre héros perdre son temps avec un homme aussi pathétique ? Ses plus incisifs associés n’entrent en scène que dans les toutes dernières minutes pour un final bien hâtif. Malgré ce déséquilibre, Patrick McGoohan nous offre une nouvelle leçon de jeu d’acteur par son registre dramatique très large, sa flamboyante présence, et son flegme si délicieux.
Les auteurs ne semblent pas à l’aise avec leur intrigue : voir Drake entrer si facilement dans la vie de Rawson manque sérieusement de crédibilité. Ce dernier constitue la principale faiblesse du récit : malgré l’indéniable talent de John Fraser à capter les tourments de plus en plus marqués de son personnage, Rawson n’est que de la petite bière, sans talent particulier, et s’effondrant bien vite. On se demande bien pourquoi l’Est a recruté un homme si faillible, bien loin du tranchant de ses contacts, ou comment cet homme a pu mettre en échec un an le MI-6, ou parvenir à semer le meilleur agent de sa majesté (à égalité avec messieurs Steed et Bond) ; l’histoire donne à Rawson des dispositions qu’il n’a pas. L’épisode ne se rattrape que bien tardivement avec l’entrée en scène des deux complices de Rawson, formidablement incarnés par Anthony Dawson et Sheila Allen, cette dernière dans un rôle très proche de la glaciale infirmière d’A,B, et C du Prisonnier. Si Dawson ne fait que de la figuration - c’est surtout grâce à sa mémorable « trogne » que l’on se souvient de lui - Allen a plus d’espace, et nous vaut une des rares bonnes scènes de l’épisode par son jeu spirituel de dissimulation. On l’a déjà dit auparavant, mais Drake se montre toujours brillant quand il s’agit de créer un personnage si éloigné de lui : en professeur fou de musique classique un peu pédant, il est délicieux. Ses manières faussement maladroites visant à déstabiliser Rawson rappellent qu’il n’est jamais autant à son meilleur niveau que quand il joue un Columbo avant la lettre (série dont il est l’une des guest stars les plus renommées). Patrick McGoohan délivre ici un quasi one-man-show : agent impitoyable, professeur à l’ouest, « ami » collant, client idiot… il est parfois à se demander si les histoires de Destination Danger ne sont pas en fait qu’un prétexte pour permettre à l’acteur de se déchaîner. Si c’est le cas, c’est carton plein !
Malgré des longueurs importantes, quelques scènes retiennent l’attention : voir Drake se faire volontairement dominer par une bande de loubards qui lui cherchent les crosses est très drôle. Il y a une scène très Avengers qui se déroule chez Rawson lorsque lui et Drake rivalisent d’esthétisme ; une scène sincère par leur amour des arts et de la culture, mais aussi réaliste sur les limites à l’art de pallier à nos solitudes : source de bonheur pour Rawson, elle est aussi une fuite de la réalité qui ne fait qu’illusion. Davantage victime que coupable, sa fin très sèche renoue momentanément avec la noirceur de la série, diluée toutefois bien vite par une explosion très peu convaincante. Ce n’est décidément pas l’entente cordiale dans les services secrets où Drake et son supérieur direct sont fort peu avares en coups de gueule (rien à voir avec Steed et Mère-Grand !). On aime bien que la série se refuse à toute « glamourisation » du métier d’espion alors qu’on aurait pu craindre une édulcoration de la série une fois passée sous les capitaux américains, n’hésitant pas par ailleurs à montrer lors de certaines scènes qu’être espion peut être aussi… ennuyeux. Edwin Astley nous régale d’une partition mettant à l’usure nos nerfs, et la réalisation de Michael Truman est souvent très inspirée (superbe scène de filature dans les rues de Londres), ce qui renforce l’impression de gâchis ; avec un adversaire plus palpitant, l’épisode aurait été en tous points excellent.
Anecdotes =
Gorton décrit Rawson comme étant un « loup solitaire » (Lone Wolf), il s’agit du titre d’abord envisagé pour la série. Dans plusieurs pays, c’est d’ailleurs cette traduction qui a été retenue.
On note deux erreurs de traduction en VF : lorsque le libraire parle des incunables, il les définit comme étant des livres imprimés avant 1600, alors que ce sont en fait les livres imprimés avant 1500. Lorsque la loubarde regarde le disque de Drake, elle dit à haute voix « Johann Sebastian Bach, Prélude et fugue, et fantaisie et fugue en sol mineur » . Or, le plan sur le disque indique qu’il s’agit non d’un prélude et fugue, mais de la célèbre Toccata et fugue en ré mineur pour orgue BWV565.
L’organiste est Jeanne Demessieux (1921-1968), une des toutes premières femmes à avoir été organiste professionnelle. Elle fut aussi compositrice (essentiellement pour son instrument). Elle décéda prématurément d’un cancer de la gorge.
Ernest Dowson (1867-1900), dont le recueil de poésies dissimule le microfilm, est un poète britannique associé au décadentisme, un mouvement prenant ses racines dans une vision pessimiste et ironique d’un monde vu comme déliquescent et névrosé. Les œuvres qui s’y rattachent abordent souvent des sujets choquants, un style très raffiné mais féroce opposé au naturalisme, le mouvement en vogue à cette époque-là.
Acteurs =
John Fraser (1931), Rawson, a dévoué la plus grande partie de sa vie au théâtre, tout en tournant régulièrement sur les écrans. Il fut notamment au cinéma dans Les procès d’Oscar Wilde, Le Cid, Répulsion, Sherlock Holmes contre Jack l’Éventreur, Isadora… et à la télévision dans Randall & Hopkirk, The rivals of Sherlock Holmes, Columbo, Doctor Who, etc.
Sheila Allen (1932-2011), Diane, n'a pas laissé son empreinte dans le paysage audiovisuel, car elle a préféré le théâtre. On ne connaît d'elle que quelques apparitions dans des séries et quelques films dont le plus connu reste L'Aventure du Poseidon. Son rôle d’infirmière dans l’épisode A, B, et C du Prisonnier est probablement son plus connu.
Anthony Dawson (1916-1992), Lucas, a joué dans quatre épisodes de la série : Deux sœurs, La fuite (saison 1), Une filature délicate (saison 2), Un jeu dangereux (saison 3). Il eut une carrière fournie sur les deux écrans. Sur le grand, il est surtout connu pour avoir été l’assassin du Meurtre était presque parfait d’Hitchcock, et fut le « corps » de Blofeld dans Bons baisers de Russie et Opération Tonnerre avant que Donald Pleasence l’incarnât dans On ne vit que deux fois. Au petit écran il fut d’Ivanhoé (2 épisodes), Robin des bois, Alfred Hitchcock présente (triple épisode I killed the count), Le Saint (la flèche de Dieu), etc.
Dearesttara- Roi (Reine)
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