Série "Destination danger"
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CHAPEAU MELON ET BOTTES DE CUIR - LE MONDE DES AVENGERS :: Les SÉRIES TÉLÉ, FILMS, ACTEURS, ACTRICES & autres Artistes :: Les Séries Télé
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19 La fille qui aimait les soldats
1.19 La fille qui aimait les soldats (The Girl Who Liked Gis) : D
Scénario : Marc Brandel et Ralph Smart
Réalisation : Michael Truman
En permission à Munich, le sergent Ross est assassiné peu après être sorti avec une jeune allemande, Victoria Lotsbeyer. Le colonel Wentzel et Drake soupçonnent qu’il était un traître cherchant à vendre à l’ennemi des informations concernant des missiles. Pour en savoir plus sur lui, Drake se fait passer pour un militaire et sort à son tour avec Victoria. Après l’avoir quittée, Drake manque de se faire assassiner…
Malgré une sympathique « Drake girl », l’intrigue du jour paraît étonnamment plate, se résumant à des successions de dialogues et d’interrogatoires banals. Un tel verbiage tue fatalement toute velléité d’histoire et de suspense. Les accélérations absurdes de l’affaire entre deux longues plages de statisme déséquilibrent un script déjà bien bancal. Sans surprise, l’épisode ne marche clairement pas.
Les premiers et troisièmes actes accumulent les bavardages : prologue explicatif à rallonge pour l’un, interrogatoire sans intensité pour l’autre - même si on apprécie de voir Drake se montrer toujours si peu galant quand le devoir l’appelle, un numéro qui reste assez rare chez les justiciers de séries télé. Le deuxième acte est certes original de par la vadrouille guillerette de Drake et « Vicki » lors de l’Oktoberfest, mais il ne fait point du tout avancer l’action. Alors que la scène correspondante de Under the lake sera au contraire mâtinée de suspense et d’humour. D’ailleurs, la saveur originale de cette atmosphère est assez restreinte de par le comportement peu amoureux de Drake qui rend improbable l’attirance discrète de la dame (pour le coup, on aurait bien souhaité que Steed ou le Saint soit son chevalier servant). Le duo de bad guys demeure une silhouette, chacun ne sortant des coulisses que pour pointer un révolver, recevoir une livraison de châtaignes (c’est justement la saison) de la part du héros, et sortir de scène. La résolution est promptement expédiée en à peine une minute avec certes un twist inattendu, mais l’intérêt que le spectateur éprouvait pour l’histoire étant proche de zéro, il ne fait pas grand effet. On ne retient de cet épisode que la plaisante Vicki. Si elle est quelque peu écervelée, elle surprend par son mode de vie épicurien, s’épanouissant dans les plaisirs, et changeant rapidement de petit ami. Dans les années 60, une telle figure a dû choquer, et l’on applaudit la série de montrer quelques pointes d’audace sur le sujet, même si elle demeure plus conservatrice que la révolutionnaire Chapeau melon. L’ambiguïté de son attitude lorsqu’elle évoque ensuite sa future vie de femme au foyer comme la société de l’époque l’imposait, contribue à renforcer son discret plaidoyer féministe. Anna Gaylor assure un adorable décalage comique par rapport à la gravité de la situation. Épisode à voir en VO pour apprécier la combinaison mémorable d’une actrice française parlant anglais avec un accent allemand !
IS = Drake et Vicki participent à la fête de l'Oktoberfest. C'est une fête de la bière Munichoise instaurée par les noces de Louis Ier de Bavière et de Thérèse de Saxe en 1810. Les réjouissances comprennent des concerts de musiques traditionnelles, des attractions foraines, de défilés en costume, et bien sûr une grande consommation de grosses chopes de bière ! Cette fête est partie intégrante de la culture germanique.
Lorsque Drake et Vicki quittent le stand de tir, l'on voit inscrit sur des panneaux : Versuch dein glück [Tentez votre chance], et Gewinn eider preis bei 29 [Gagnez un prix à partir de 29 points].
Anna Gaylor (1932), Vicki, est une actrice française, qui a joué dans plusieurs séries (Pause café, Navarro, Les cinq dernières minutes, Commissaire Moulin, Maigret, Avocats et associés, Famille d’accueil, etc.) et films (Les visiteurs, Le cœur des hommes 1, 2, et 3, Meilleur espoir féminin, etc.). Son rôle dans cet épisode est un des très rares qu’elle a tourné pour la Grande-Bretagne.
Paul Maxwell (1921-1991) rejouera le Colonel Doyle dans Le secret de la marionnette cette saison. Il fut un comédien accompli de théâtre et de télévision, se retrouvant dans des productions tels Alfred Hitchcock présente (4 épisodes : La provocation, La maison idéale, Arsenic et vieilles demoiselles, Flagrant délit d’opinion), Le Saint (épisode Le trésor du pirate), Le retour du saint, Les champions (l’ennemi silencieux), Coronation Street (57 épisodes), etc. Il tint également quelques rôles dans Un pont trop loin, Aliens le retour, Quand la panthère rose s’emmêle, Indiana Jones et la dernière croisade, etc.
My name is Drake, John Drake.
Dearesttara- Roi (Reine)
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Re: Série "Destination danger"
L'l'Oktoberfest décidément populaire dans les séries de l'époque, elle a également servi de décor à l'épisode Vol à main armée de la saison 3 du Saint. Dans l'épisode Teresa de la saison 2, ses inserts servent même à représenter une fête mexicaine !
Estuaire44- Empereur
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Re: Série "Destination danger"
Estuaire44 a écrit:L'l'Oktoberfest décidément populaire dans les séries de l'époque, elle a également servi de décor à l'épisode Vol à main armée de la saison 3 du Saint. Dans l'épisode Teresa de la saison 2, ses inserts servent même à représenter une fête mexicaine !
Amusant. Euh, une fête mexicaine ? Je sais bien que le réalisme n'est pas tout à fait la marque de fabrique des 60's, mais quand même...
Au fait, tes citations et ton avatar, c'est du Terry Pratchett ? Parce que c'est vraiment très drôle !
Dearesttara- Roi (Reine)
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Re: Série "Destination danger"
Oui, je revisite le Disque-Monde ces jours-ci...
Estuaire44- Empereur
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20 Nom, date et lieu
1.20 Nom, date et lieu (Name, Date and Place) : D D D
Scénario : Ralph Smart et John Roddick
Réalisation : Charles Frend
En quelques semaines, six personnes ont été retrouvées assassinées sans mobile apparent, mais tous ont été exécutées d’une balle dans le dos, à la hauteur du cœur. Soupçonnant qu’une organisation d’assassins fait payer ses services, Drake se met à la recherche d’une telle organisation, et se fait passer pour un client…
Cette première mouture de l’épisode Vous avez des ennuis ? (saison 3) a un lot de suspense suffisamment divertissant pour convaincre, avec un Drake ici particulièrement présent, bondissant d’un endroit à l’autre pour préparer sa souricière. Une galerie de belles dames garnit cet épisode peut-être trop simple, mais agréable.
L’essentiel n’est pas dans le scénario - une standard affaire d’espionnage d’une organisation - encore qu’il réserve quelques rebondissements. C’est dans la description des petits voyages de Drake qu’il faut le chercher. On passe un charmant moment à chaque fois qu’il change de partenaire féminine : tournée des clubs en galante compagnie pour dénicher un gars de la pègre suffisamment loquace (très belle mise en scène de Charles Frend, aussi élégante que le smoking du héros), payer une fausse tireuse de cartes plus inspirée par des billets verts que par son jeu, discussion pétillante avec l’intermédiaire, jusqu’au climax de la scène de la chambre d’hôtel (se payant le luxe d’une comique fausse piste) où tout le monde retient son souffle. La duperie de Drake est un peu capillotractée, mais est à la fois originale, simple, et efficace. On admire de le voir tout entier à sa mission, réparant chaque erreur qu’il puisse faire en donnant de sa personne - scène ironique de la sortie de l’usine - et passer du rôle de tireur de ficelles à celui d’appât sans sourciller. Le carré de dames est exquis, même si on retient évidemment Kathleen Byron pour sa plus grande participation à l’action. Les auteurs se la jouent Agatha Christie en nous donnant dès le départ un gros indice qui passe comme ça l’air de rien, avant de dévoiler leur jeu dans la scène finale. C’est habile, bien joué, et il y a pas mal de chances que le spectateur se maudisse de ne pas en être arrivé à la conclusion logique de Drake. Mais même indépendamment de cela, on applaudit la convaincante prestation de Cyril Raymond, qui réussit à nous faire douter jusqu’au bout de son implication (ou non) dans l’affaire. La coda est très sèche, rapide, dans la tradition de cette saison qui fonce pour boucler ses histoires en peu de temps. Richard Wattis, un des rares récurrents de la série, montre qu’il a bien saisi l’atmosphère de la série, la relation Hardy-Drake étant pleine de confiance mais sans chaleur, typique de la sécheresse du ton de la série. Nous ne sommes pas chez Mère-Grand ni même chez One-Ten loin de là ! Enfin l’on notera que Drake prononce dans cet épisode des mots prémonitoires « I’ll be seeing you ! »
IS = Drake, en se faisant passer pour un amateur de courses, cite Belmont, Saratoga, et Churchill Downs. Il s’agit de trois populaires courses de chevaux purs-sangs des Etats-Unis. Les Belmont Stakes, inaugurés en 1867 à Belmont dans l’état de New-York, sont suivis de près car il s’agit de la troisième et dernière étape de la Triple couronne, un concours dans lesquels des chevaux se lancent dans trois courses en cinq semaines de longueur et de difficulté distinctes. Seuls 11 chevaux sur 147 ont remporté à ce jour les trois courses la même année, le dernier en 1978. Le Saratoga Springs, fondé en 1863 à New York, accueille le Travers Stakes, considéré comme étant la plus ancienne course de chevaux au monde. Le Churchill Downs (qui n’a rien à voir avec Winston Churchill !), situé à Louisville, dans le Kentucky, accueille chaque année le Kentucky Derby depuis 1875, considéré encore aujourd’hui comme une des plus prestigieuses courses de chevaux nord-américaines.
Cyril Raymond (1899-1973), Nash, a commencé sa carrière au cinéma dès 1916. Il y a tourné jusqu’à la fin des années 50 (son rôle le plus connu fut celui de Fred Jesson, le mari de Laura dans Brève rencontre) avant de se tourner vers la télévision.
Richard Wattis (1912-1975) joue le rôle récurrent d’Hardy dans cinq épisodes de cette saison (Le fauteuil roulant, Deux sœurs, Cherchez la femme, Nom, date, et lieu, le cadavre ambulant). Il est surtout connu pour avoir été un acteur familier des comédies anglaises des années 50 et 60, ainsi que du théâtre britannique. Il retrouvera McGoohan dans Le Prisonnier (épisode Le carillon de Big Ben). Il a participé à un épisode des Avengers : Meurtres au programme (saison 6).
Kathleen Byron (1921-2009), Deirdre, ne perça pas aux États-Unis dans les années 40 et 50 et elle tourna beaucoup pour la télévision. Sa dernière apparition remonte à 2001 dans la série Perfect strangers. Elle fut la Miss Haversham de Mademoiselle Pandora (saison 6) des Avengers.
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Dearesttara- Roi (Reine)
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Re: Série "Destination danger"
Ces scénettes successives semblent bien fonctionner, peut-être un premier jet pour celles du The Girl Who Was Death du Prrisonnier ?
Estuaire44- Empereur
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Re: Série "Destination danger"
Je ne m'étais pas posé la question, mais on peut en effet faire le rapprochement ; d'autant que David Tomblin, auteur de l'idée originale de TGWWD, a été assistant directeur de Destination Danger durant toute la série, et donc a pu avoir l'idée n'importe quand.
Dearesttara- Roi (Reine)
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21. Aventures de vacances
1.21 Aventures de vacances (Vacation) : D D
Scénario : Ralph Smart
Réalisation : Patrick McGoohan
Dans l’avion qui le conduit à Nice pour passer des vacances bien méritées, Drake reconnaît Andrew Amory, un tueur à gages. Après l’avoir maîtrisé, il se fait passer pour lui afin de savoir qui l’emploie et sauver sa cible. C’est ainsi qu’il devient Mr.Harrison, professeur de tennis de Veronica, fille de Baron, un riche homme d’affaires. Mais Amory s’échappe…
Le canevas de l’épisode reste bien compassé, avec cette histoire cliché et linéaire du héros prenant la place d’un tueur avant d’être confronté à son retour. Sans être aussi mauvais que le précédent avatar qu’avait été le calamiteux The Sanctuary, Vacation enchaîne chaque situation obligée de manière très scolaire. Heureusement, la ravissante guest star du jour et le dernier acte, sujet d’un joli retournement de situation - bien que confus - donnent au spectateur quelque chose de consistant.
Ralph Smart ne se montre pas malin dans la mise en place des événements : pour mettre Drake dans la situation voulue, il nous expose une colossale coïncidence d’entrée (Drake voisin de voyage d’un tueur), un tueur sensé être discret qui semble tout faire pour attirer l’attention de Drake, une confrontation improbable dans une chambre d’hôtel, la police arrivant comme par hasard trop tard - Drake oublie de plus de fermer la porte de la chambre dans lequel il le retenait. Passé ce premier acte décevant, l’épisode tente vaguement de construire un suspense, mais bien trop traînant (rien ne se passe durant le 2e acte, si ce n’est à caser laborieusement un autre larron). Le twist de la photo est toutefois une belle surprise, permettant enfin de lancer la machine à suspense, qui s’arrête toutefois six minutes plus tard car nous sommes arrivés à la fin de l’épisode. Cette sombre histoire de manipulation se révèle bien cruelle et tordue, quoique éculée et peut-être pas compréhensible du premier coup vu la précipitation finale des événements. On apprécie cependant que cela amène ce faux happy end coutumier de la série, avec ce final très amer. L'on remarque que la salle de casiers contenant la photo d'Amory ressemble beaucoup à celle vue dans le générique du Prisonnier !
La belle Jacqueline Ellis se distingue des autres invitées de la série par un jeu très volontaire. Elle insert un charme particulier au sein de cet épisode banal. Si la réalisation de Patrick McGoohan demeure de facture classique, l’acteur confirme sa maîtrise dans toutes les acceptions de son personnage, impitoyable, (faussement) bonhomme, froid, bouillonnant. L’on comprend que Drake/Numéro 6 restera comme étant le rôle qui lui est le plus attaché.
IS = Première réalisation de Patrick McGoohan pour la série. Il s’agit également de sa toute première expérience derrière la caméra. Il réalisera deux autres épisodes de la série : Un vieil ami et Nandina (saison 3).
Drake n’a pas pris de vacances depuis 4 ans ! Un agent modèle, décidément.
Drake embarque sur un avion de la Pan American. La « Pan Am » est une fameuse compagnie aérienne américaine créée en 1926 par John Montgomery et Richard Bevier. Elle est renommée pour avoir été la première compagnie à ouvrir des lignes aériennes sur tout le globe. Ses innovations techniques, ses modèles prestigieux, sa sûreté - elle ne connut que deux crashs dont un imputé à un attentat - en fit une image phare de la culture américaine, immortalisée par l’arrivée des Beatles à New York en 1964, et présente dans de nombreuses séries et films. La compagnie fit faillite en 1991. En 2011, l’attachante Pan Am de Jack Orman ressuscita son âge d’or durant les années 60 le temps de 14 épisodes.
Hugh McDermott (1906-1972), Amory, reviendra dans L’homme aux pieds mouillés (saison 3). Il tourna au cinéma dès la fin des années 40 et trouva plusieurs seconds rôles à la télévision : Robin des Bois (4 épisodes), L’homme à la valise (épisode Quel direction, McGill ?), Le Saint (épisode La grenouille d’or), Jason King, etc.
Jacqueline Ellis (1934), Veronica, est une actrice de théâtre qui figura dans quelques productions télévisuelles britanniques des années 60 (2 épisodes du Saint, 1 de L’Homme à la valise…). Elle ne tourne plus depuis les années 70.
Esmond Knight (1906-1987), Baron, est un vétéran du cinéma et de la télévision anglaise (environ 150 rôles !). S’il est connu des Hitchcockophiles pour avoit incarné Johann Strauss II dans Le chant du Danube, il a surtout joué au théâtre et à des adaptations filmiques, dont les versions de Shakespeare réalisées par Laurence Olivier (Macbeth, Hamlet, Henry V, Richard III…). Il a joué aussi dans A for Andromeda (7 épisodes), Le Saint (épisode Un souvenir de famille), Les champions (épisode L’ennemi silencieux), Z Cars, Dr. Who (2 épisodes chacun), Le retour du Saint, etc.
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Dearesttara- Roi (Reine)
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22 Les conspirateurs
1.22 Les conspirateurs (The Conspirators) : D
Scénario : Ralph Smart et John Roddick
Réalisation : Michael Truman
Sir Arthur Lindsay, diplomate anglais, a vu sa carrière brisée par un complot politique. Sur le point de dénoncer ses adversaires, il est assassiné. Judith, sa veuve, s’exile sur l’île de Franju, et poursuit le travail de réhabilitation de son mari. Drake est envoyé la protéger car elle est maintenant la prochaine cible des assassins…
Il faut avouer que lorsqu’un épisode de Destination Danger ne marche pas, c’est rarement à moitié. Le scénario de l’épisode ressemble davantage à un gruyère qu’à un script, tant les invraisemblances se ramassent à la pelle.
On pourrait en effet se poser de nombreuses questions : pourquoi les assassins échafaudent-ils un plan pour s’occuper de Lindsay mais remettent à plus tard l’exécution de sa femme ? Il aurait été plus porteur de trouver un plan se débarrassant d’eux en une fois - faux double suicide ou accident - plutôt que de lui laisser tout le temps pour s’enfuir. Pourquoi le faux gardien est-il si peu discret et fait-il tout pour attirer les soupçons ? Pourquoi les conspirateurs n’ont-ils jamais l’idée de se servir des enfants pour plier Judith ? Pourquoi un plan aussi aléatoire que cette attaque d’hélicoptère qui avait toutes les chances d’échouer - il est vrai que la veuve se montre maligne au point de courir vers les bords de la falaise plutôt que vers le château ? De plus la réalisation et le montage sont vraiment pathétiques dans cette scène qui se veut d’action, le sommet dramatique, mais très mal chorégraphiée, tout comme la difficile ascension de Drake vraisemblablement filmée sous Prozac. On ne comprend pas comment la bande parvient à être au courant de la cache de la miss, les auteurs mentionnant juste « un entrefilet dans le journal ». Sachant qu’elle avait tenu secrète sa retraite, on ne comprend pas comment les services secrets et la bande d’assassins parviennent à la retrouver. On atteint un sommet de nonsense lorsqu’un membre de la bande arrive avec les enfants… et que deux minutes plus tard, ils sont avec leur mère sans qu’aucune explication ne soit donnée ! On remarque qu’un seul homme est dépêché surveiller un immense château, ce qui permet à Drake d’entrer et sortir comme dans un moulin. On craque très vite devant ce fatras de scories. La grande beauté de la si féminine Patricia Driscoll ne masque pas le peu d’intérêt de ce personnage qui semble se moquer éperdument que des tueurs - il est vrai peu futés - s’en prennent à elle et s’affecter très petitement de la mort de son mari - sans parler d’enfants qui le vivent très bien. Sans-faute chez les bad guys, absolument tous transparents et inefficaces entre le gardien buté, « l’architecte » fadasse, et le pilote silhouette. Demeurent la toujours convaincante prestation de McGoohan et de remarquables décors extérieurs comme ce château insulaire et la rustique apparition d’un attelage de chevaux.
Patricia Driscoll (1927), Judith Lindsay, a joué le rôle de Marian dans 37 épisodes de la série Robin des Bois. Le reste de sa carrière se résume à quelques apparitions dans des séries télévisées.
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23 Voyage de noces
1.23 Voyage de noces (The Honeymooners) : D D D D
Scénario : Ralph Smart et Lewis Davidson (crédité comme « Lew Davidson »)
Réalisation : Charles Frend
Ted et Joan Baker, un couple américain, sont en voyage de noces en Orient. Un autochtone pénètre dans leur chambre d’hôtel ; quelques secondes plus tard, il est abattu d’un coup de révolver. Ted avoue le meurtre et est condamné à mort, une sentence excessive mais que le ministre de la justice a l’intention d’appliquer pour des raisons politiques. John Drake tente de trouver un moyen de le faire échapper au bourreau, mais le ministre de la justice n’a pas l’intention de lui faciliter la tâche…
Malgré quelques facilités et un dernier acte précipité (de nouveau les inconvénients du format 25 minutes), ainsi qu’un personnage féminin sacrifié, The honeymooners est une authentique réussite. Il bénéficie d’un suspense très concentré, synthétisant avec réussite toutes les voies envisagées par le scénario : le polar, l’action, les manœuvres politiques, l’espionnage.
En dépit de quelques tentatives, la vision des femmes imprimée par cette saison demeure conservatrice, typique du début des années 60. Le personnage féminin du jour est une hystérique paranoïaque, aussi naïve que boulet. Joan Baker accumule tous les clichés sexistes possibles. Cette caractérisation a au moins le mérite de maintenir un doute fort sur le mystère, vu son évidente instabilité. On bénit Sally Bazely de ne pas surjouer les excès de son personnage, et de limiter la casse. Cependant, on s’immerge vite dans l’intrigue, grâce à la malicieuse ellipse de l’introduction qui tient le mystère durant toute la première moitié. L’astuce des auteurs est plutôt tirée par les cheveux mais parvient à préserver l’intensité. Le volet politique est le plus enthousiasmant : Lee Montague joue un excellent opposant : ce ministre manipulateur et joliment perfide arbore des sourires fielleux tandis qu’il entrave tous les efforts de Drake - excellentes scènes de la chambre d’hôtel et du commissariat où notre héros doit s’avouer vaincu. Parmi les hommes du ministre, on remarque le jeune Ric Young, qui 40 ans avant d’arracher les dents de Sydney Bristow se montre déjà très menaçant. Le président est étonnement développé : débonnaire mais opportuniste, ironique mais sincère, il est à peine plus recommandable que le ministre, et ne s’allie à Drake que par profit, tout en admettant une compassion réelle pour Ted. Une figure multi-facettes bien captée par Michael Peake. Destination Danger est sans doute la première série à s’intéresser autant aux manipulations politiques, ici déjà bien tordues (House of cards n’est pas loin). Son refus occasionnel du manichéisme est également très moderne pour l’époque. Les dialogues sont nombreux mais le dynamisme de la mise en scène de Charles Trend tout comme la multiplication des rebondissements interdisent tout temps mort. Si on peut tiquer en voyant l’acte final, attaque désespérée et hâtive, cela ne suffit pas à annuler la force dramatique de l’histoire.
Patrick McGoohan réussit comme à son habitude à jouer le côté marmoréen et froid de son personnage, tout en le fêlant de temps à autre. Il se montre très rude envers Joan pour lui arracher son secret (la galanterie reste souvent sous la pluie quand elle frappe à la porte de Drake), mais n’hésite pas à jouer les coups les plus hardis, les plus risqués, pour mener à bien son sauvetage. Il achève la réussite de cet épisode.
Lee Montague (1927), Chung Sun, reviendra dans l’épisode Des hommes dangereux (saison 2). Il mène depuis les années 50 une fructueuse carrière à la télévision britannique (plus de 130 crédits !), apparaissant dans de nombreuses séries et mini-séries. Il a toutefois fait la majorité de sa carrière sur des seconds rôles et au théâtre.
Ronald Allen (1930-1991), Ted, a joué également dans l’épisode Le Colonel Rodriguez. Il débuta au théâtre, jouant notamment à l’Old Vic et au cinéma. Il accéda à la renommée avec le rôle de David Hunter (1969-1985), un des propriétaires de l’hôtel donnant son nom à Crossroads. Il fut également une figure régulière du Dr. Who et participa à bien d’autres séries. Quelques mois avant de décéder d’un long cancer, il se maria avec Sue Lloyd (apparue dans Dans sept jours le déluge, saison 4, mais aussi l’adaptation au théâtre des Avengers en 1971) son épouse à l’écran de Crossroads, et amie de longue date. Il a joué dans un épisode de Chapeau melon : le marchand de secrets (saison 3).
Sally Bazely (1933), Joan, a tourné dans une trentaine de séries, dont la plus notable est le soap Harriet’s back in town, où elle a tourné dans 49 épisodes. Elle a joué dans un épisode des New Avengers : Le dernier des cybernautes (saison 7). Elle a arrêté sa carrière audiovisuelle dans les années 80.
Michael Peake (1919-1967), le président, reviendra dans La partie de chasse (saison 3). Il avait précédemment joué dans l’épisode Le Prisonnier. Au cours des dix ans que dura sa carrière avant sa mort prématurée, il a été une figure régulière dans les séries de l’époque. Il est apparu dans un épisode de Chapeau melon : La danse macabre (saison 4).
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Dearesttara- Roi (Reine)
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24 La potence
1.24 La potence (The Gallows Tree) : D D D
Scénario : Ralph Smart et Marc Brandel
Réalisation : Michael Truman
Hans Bechter, agent de l’Est, a péri il y a 10 ans dans un accident d’avion. Pourtant, il semble être réapparu dans un petit village d’Écosse après qu’il ait été repéré dans un taxi. John Drake est envoyé sur place pour voir quelles sont ses réelles intentions, mais il n’est pas au bout de ses surprises…
L’histoire - qui sera plus ou moins reprise dans un épisode de la saison 2 : Les empreintes du fantôme - allie un art du rebondissement remarquable tout en ne donnant jamais une impression de précipitation. Fausses pistes, double twist final, et vision plus que jamais pessimiste de notre monde (l’épisode n’a rien perdu de son actualité) parsèment The Gallows tree dont l’ambiance est aussi sombre que l’est notre héros, ici particulièrement dur. Cependant, la première moitié de l’épisode lourdement explicative, et la mise en scène peu animée de Michael Truman empêchent l’épisode d’être une pleine réussite.
Après un teaser assez faible (un simple vol de voiture), l’exposé de l’affaire dure bien trop de temps : entre la conversation entre Drake et un agent de liaison, et l’interrogatoire d’un témoin et de son fils, pas moins de 10 minutes de dialogues filmés platement (si ce n’est un joli plan dans un miroir) s’enchaînent. La suite est beaucoup plus intéressante avec une galerie de personnages bien dessinés. L’entrée de Drake recevant un coup de feu en guise de comité d’accueil permet un suspense puis un mystère, et l’intrigue démarre vraiment quand il arrive dans le pub. En un temps minimal, les auteurs dessinent le personnage de Laing avec brio, portrait d’agent secret peu habituel dans les fictions de l’époque : dégoûté de la violence, de la trahison, cherchant sa propre indépendance… bref de toutes les noirceurs de la vie d’espion, et aspirant à une renaissance dans une liberté même cachée. La série semble anticiper sur le geste fracassant de démission du Prisonnier 7 ans plus tard, lorsque ce dernier voudra rejeter un présent trop lourd pour chercher une évasion de lui-même. Il est d’ailleurs curieux de remarquer que comme le futur Numéro 6, son évasion ne sera que temporaire, avant d’être englouti à nouveau par son passé ténébreux. Les accès de violence contenue de Laing font d’ailleurs bien voir qu’il ne sera jamais guéri de ce passé qui continue à s’insinuer en lui. Il est visible que Laing ne vit que pour empêcher sa fille de subir un sort analogue, et qu’elle serait en sorte sa rédemption.
Ces considérations s’inscrivent dans un suspense électrique entre menace du dehors, duel verbal incisif contre Bechter… et une tentative de meurtre très originale et haletante qui n’est pas sans faire penser à la célébrissime scène de La Mort aux trousses, remarquablement bien filmée malgré le peu de moyens. Le double twist final est d’une noirceur terrible, faisant de la coda un moment de tragique absolu (superbe travelling final, donnant au titre de l’épisode un autre sens plus sinistre). Ce triomphe de l’amertume est décidément caractéristique de la série dont elle est un des atouts maîtres, donnant un réalisme assez surprenant dans le monde ensoleillé des 60’s (on est pas loin des épisodes les plus graves des premières saisons de Chapeau melon).
- Les français semblent être plus permissifs question alcools : dans la version originale, Jeanie déclare qu’elle ne peut servir d’alcool passé 21 heures ; dans la version française, la limite est 22 heures !
- You are as spanish as Robbie Burns déclare Drake lorsque Jeanie lui apprend qu’elle est née en Espagne. Robert Burns (1759-1796), surnommé « Robbie Burns, Scotland’s favorite son » est un poète symboliste écossais considéré comme l’un des plus grands écrivains écossais dont il a grandement influencé toute la littérature future. Ces poèmes annoncent le romantisme littéraire qui s’étendra sur toute l’Europe durant plus d’un siècle. Il recueillit, réécrivit, composa plusieurs chansons populaires qui font partie du répertoire traditionnel de l’Écosse, comme Tam O’Shanter, qui fera l’objet d’un hilarant poème symphonique du compositeur Malcolm Arnold. On ne peut donc trouver plus écossais que lui, ce qui souligne bien l’étonnement de Drake ! Cette référence disparaît toutefois en VF.
Paul Rogers (1917-2013), Laing, est surtout un acteur de théâtre, qui a fait sa carrière en Angleterre et à Broadway (où il obtint le Tony Award du meilleur acteur dans Le Retour d’Harold Pinter en 1967). Il a beaucoup joué dans le cinéma britannique.
Wendy Craig (1934), Jean, reviendra dans l’épisode La jeune fille qui avait peur (saison 3). Populaire actrice de télévision, elle a participé à beaucoup de productions nationales comme Not in front of the children, And Mother makes three (dont elle écrivit quelques scénarios sous le pseudonyme de Jonathan Marr), And mother makes five, Nanny, The Royal, etc. Elle est également très active sur les planches.
My name is Drake, John Drake.
Dearesttara- Roi (Reine)
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Date d'inscription : 08/02/2010
Re: Série "Destination danger"
Robert Burns est également référencé dans Esprit de corps, l'épisode écossais de la saison 3 des Avengers. Durant une réception, il est demandé que soit entonné The White Cockarde (1776), l'un de ses chants les plus fameux.
Estuaire44- Empereur
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Re: Série "Destination danger"
Quelle mémoire, Estuaire ! J'avoue que j'avais complètement oublié ce fait.
Dearesttara- Roi (Reine)
- Age : 33
Localisation : Charenton (94)
Date d'inscription : 08/02/2010
Re: Série "Destination danger"
Je trouve que la saison 1 a une immense différence avec les 2 et 3, au point que l'on a l'impression que ce n'est pas la même série! Y comprit la musique, géniale dans les 2 et 3.
Mes épisodes préférés sont dans la saison 2 ("la ville fantôme") et la 3 ("Les pirates"), je suis moins intéressé par la saison 1, format 25 minutes, qui est moins tonique.
Mes épisodes préférés sont dans la saison 2 ("la ville fantôme") et la 3 ("Les pirates"), je suis moins intéressé par la saison 1, format 25 minutes, qui est moins tonique.
Invité- Invité
Re: Série "Destination danger"
Je verrai le moment venu ces épisodes. Oui, les épisodes 25 minutes ne sont pas d'une grande "tonicité" mais la saison 1 demeure quand même de bonne tenue par son ton grave qui lui donne beaucoup de force. J'ai compté toutefois 3 épisodes extrêmement denses, qui courent très vite, et qui niveau tempo infernal n'ont pas grand-chose à envier aux séries contemporaines : Le Village qui accuse, Le secret de la marionnette (chronique demain), et Au fond du lac - écrit par le co-scénariste d'Opération Tonnerre, Jack Wittingham.
La musique de la saison 1, très jazzy, convient bien à la série, mais elle est extrêmement répétitive d'un épisode à l'autre, c'est d'ailleurs un des relatifs défauts des premières saisons de CMEBDC.
La musique de la saison 1, très jazzy, convient bien à la série, mais elle est extrêmement répétitive d'un épisode à l'autre, c'est d'ailleurs un des relatifs défauts des premières saisons de CMEBDC.
Dearesttara- Roi (Reine)
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25. Le secret de la marionnette
1.25. Le secret de la marionnette (The Relaxed Informer) : D D D D
Scénario : Ralph Smart et Robert Banks Stewart (crédité comme « Robert Stewart »)
Réalisation : Anthony Bushell
John Drake met la main sur un enregistrement d’une réunion de l’armée britannique détenu par un agent ennemi. L’enregistrement a été réalisé par Ruth Mitchell, une femme travaillant pour l’armée. Drake lui tend un piège pour la forcer à avouer sa traîtrise, mais il ne sait pas encore que l’affaire est plus complexe qu’elle en a l’air…
Cet épisode se déroule à un rythme très rapide, alternant changements de situation et scènes de suspense avec une célérité trépidante, sans temps mort ni prologue explicatif. Drake remonte tous les rouages de l’intrigue avec rapidité, fluidité, intensité, jusqu’à un twist final, certes pas original, mais qui devrait quand même berner le spectateur le plus finaud ! Avec Le paysage qui accuse, nous avons là l’exemple d’un scénario rempli à chaque minute, équilibrant le suspense et l’action avec un parfait sens du dosage.
L’épisode est lancé à 200 à l’heure avec John Drake bernant un agent ennemi avec un culot d’acier et sans violence, point de départ d’une succession de péripéties où dialogues vifs et action ramassée vont s’enchaîner à grande vitesse. On retient la mascarade très élaborée de Drake pour ne pas éveiller les soupçons de son adversaire quand il arrive au poste de police. Pour respirer, les auteurs font du deuxième acte une période moins agitée, nous amusent avec la réapparition du sympathique Colonel Doyle (La fille qui aimait les soldats), alors que les personnages récurrents demeurent extrêmement rares dans la série. Surtout, ils gonflent leur suspense grâce aux scènes Drake-Ruth. Campée par une Moira Redmond aussi acérée que notre héros, leur affrontement produit plusieurs étincelles, culminant dans une scène d’interrogatoire dont les clichés sont dépassés par la dureté et l’intensité des deux protagonistes qui tentent chacun de faire plier l’autre. La scène dans l’appartement de Ruth montre à quel point Drake se soucie peu du confort d’un suspect (belle femme ou non) en se montrant impitoyable, voire même agressif. En plus de souligner la détermination légendaire du héros, c’est également un bon moyen pour les auteurs pour soutenir leur rythme d’enfer. Durant tout cet acte, le spectateur ne parvient pas à briser le whodunit, s’interrogeant sans cesse sur l’innocence ou la culpabilité de la jeune femme. Patrick McGoohan, dans une version plus fonceuse et glaciale de son personnage, rend cet épisode particulièrement vivant.
Le traditionnel repaire ennemi est de bonne facture : les inserts de la campagne anglaise et les décors à l’ancienne recréés par l’équipe, même avec toujours si peu de moyens, parviennent à nous plonger dans l’atmosphère particulière de ces lieux. Le twist final est bien calculé, résolvant l’énigme Ruth de manière fort élégante. Alors on pardonnera une résolution plus académique avec bagarre du héros (toujours souriant et confiant devant le danger) et arrivée de la cavalerie pile poil. On soulignera l’absurdité du titre français, le fameux secret étant résolu dès les premières minutes ! Un épisode tonique, et un des meilleurs de cette saison.
Duncan Lamont (1918-1978), Brenner, reviendra dans Les empreintes du fantôme (saison 2). Il est décédé sur le tournage d'un épisode de Blake's Seven. Il avait également tourné à la TV dans L'Homme à la Valise (épisodes l’Enlèvement et Pourquoi tuer Nolan ?), Département S (épisode L’homme de nulle part), Amicalement Vôtre (épisode Le complot), Dr.Who (4 épisodes), etc. Il a joué dans un épisode des Avengers : Le visage (saison 6).
Moira Redmond (1928-2006), Ruth, reviendra dans deux épisodes de la série : Au fond du lac (saison 1) et Les zombies (saison 2). Elle est issue d’une grande famille de comédiens et de metteurs en scène de théâtre. Elle connut une belle carrière sur les planches, et, avec Ian McKellen, fut à l’origine de l’Actor’s Company. Dans les années 60 et 70 elle fut très demandée également à la télévision, notamment dans les reconstitutions historiques de prestige de la BBC. Elle participa au pilote de Chapeau melon et bottes de cuir (Neige brûlante) ainsi que dans un autre épisode (perdu) de la saison 1 : Kill the king.
Paul Maxwell (1921-1991) reprend son rôle du Colonel Doyle qu’il avait déjà précédemment tenu dans La fille qui aimait les soldats. Il fut un comédien accompli de théâtre et de télévision, se retrouvant dans des productions tels Alfred Hitchcock présente (4 épisodes : La provocation, La maison idéale, Arsenic et vieilles demoiselles, Flagrant délit d’opinion), Le Saint (épisode Le trésor du pirate), Le retour du saint, Les champions (l’ennemi silencieux), Coronation Street (57 épisodes), etc. Il tint également quelques rôles dans Un pont trop loin, Aliens le retour, Quand la panthère rose s’emmêle, Indiana Jones et la dernière croisade, etc.
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26 Deux frères
1.26 Deux frères (The Brothers) : D D
Scénario : Ralph Smart
Réalisation : Charles Frend
Les frères Morelli ont dérobé le courrier d’un avion ; une valise diplomatique américaine s’y trouvait. Drake s’envole pour la Sicile pour retrouver la valise et les Morelli que la police traque pendant 3 ans. Il décide de manipuler Lita Rossi, une escroc liée aux Morelli récemment arrêtée pour qu’elle le mène droit à eux…
L’histoire de Ralph Smart déçoit par son ton très académique, et par le fait qu’une fois de plus, on a l’impression de voir un épisode de 50 minutes amputé de plusieurs scènes qui auraient dû être développées pour tenir en 25 minutes. Les péripéties du récit sont très banales (utilisation d’un appât, infiltration, couverture explosée, résolution « virile ») et ne compensent pas le tempo nerveux impulsé par l’histoire. Les portraits dessinés des protagonistes sont toutefois assez amusants.
Le plus grand atout de l’épisode se nomme Lisa Gastoni. Contrairement au Voile bleu, elle a l’occasion de montrer ses talents dans de délicieuses scènes avec Drake, tout en jouant de son charmant accent italien (en VO). Certes, Drake étant Drake, ce n’est pas de la complicité, mais plutôt de subtiles passes d’armes ! Tout en déplorant qu’elle ne participe pas à l’action comme il était de mise à l’époque, elle charme par sa beauté méridionale, son tempérament fort et capricieux, très changeant : elle aurait été une excellente Templar Girl. On confesse un faible pour la scène de la prison, où madame se lance dans un joli ping-pong verbal, ainsi que par son numéro de diva ronchonne toutefois non insensible au charme de l’américain ! Malheureusement les deux frères font plus pieds nickelés que super méchants, malgré les très bons Ronald Fraser et Darren Nesbitt. Cela affaiblit beaucoup l’intérêt de l’histoire.
L’épisode joue à plein sur le suspense mais à l’exception de la première scène avec Drake devant convaincre Lita, les auteurs ne se montrent pas des plus inspirés, recyclant tous les poncifs de l’espionnage de base sans le relever par quoi que ce soit. Le montage incisif et l’interprétation n’y peuvent rien. On note cependant deux moments assez surprenants : Drake fait ainsi usage d’une arme à feu, événement très rare, et donc d’autant plus fort (le prochain épisode ira toutefois encore plus loin). Mais surtout, on apprécie qu’enfin Drake relâche sa rigueur et jette l’éponge à propos de Lita : un geste d’humanité que son métier d’espion réaliste lui interdit normalement. Ça fait du bien de voir ses traits rudes s’adoucir à cette occasion.
Lisa Gastoni (1935), Lita, était déjà apparu dans un épisode de cette saison : Le voile bleu. Cette actrice italienne commença très jeune sa carrière au Royaume-Uni, jouant dans plusieurs séries d’époque (dont The four just men avec Honor Blackman). A partir de 1962, elle revint dans son pays où elle a mené une carrière assez fructueuse.
George Coulouris (1903-1989), le commissaire, vit sa carrière décoller grâce à sa rencontre avec Orson Welles en jouant dans sa production de Jules César. Le rôle de Thatcher dans Citizen Kane, en 1941 du même Welles (pour lequel il reçoit un prix) le rend célèbre. Il joue ensuite dans plusieurs grands films comme Pour qui sonne le glas, Femme aimée est toujours jolie, Quand le jour viendra, Jeanne d'Arc (1948), Mahler, Le Crime de l'Orient Express… tout en consacrant plus de son temps au théâtre, dont un triomphal Roi Lear, sans oublier le répertoire contemporain : August Strindberg, Tennessee Williams… Spécialisé dans des rôles de méchants, il a cependant aussi joué la comédie. On l'a vu dans quelques séries comme Le Prisonnier, Dr. Who... et entendu dans de nombreux rôles à la radio. Ce fut l'un des plus grands comédiens anglais.
Ronald Fraser (1930-1997), Giuseppe, fut un acteur de théâtre et de seconds rôles au cinéma. Ami et compagnon de beuveries à la fin des années 50 de Richard Burton, Richard Harris et Peter O'Toole. Il eut de nombreux rôles de méchants dans des films de guerre. Connu pour ses penchants pour l'alcool, il se décrivait lui-même comme "a decaying old thing". Dans Moll Flanders (1996), il est le juge alors que Diana Rigg, méconnaissable, est la mère de Moll. Décédé d'une hémorraggie interne, Sean Connery et Peter O'Toole ont porté son cercueil. Il fut bien sûr l’inénarrable Sir Horace dans les Fossoyeurs (saison 4) des Avengers.
Derren Nesbitt (1935), Hugo, était déjà apparu dans l’épisode La chasse au meurtrier et reviendra dans l’épisode Le fétiche (saison 3). Il a commencé relativement tôt sa carrière à la télévision et au cinéma. Son physique à la fois avantageux mais inquiétant lui a donné beaucoup de rôles d'individus peu recommandables. Il tourna surtout dans des films de guerre et d'action dans les années 60 et 70 comme Le Crépuscule des Aigles, Chantage au meurtre (avec Frank Sinatra), et surtout le rôle du Major SS von Hapen dans Quand les aigles attaquent (avec Burton et Eastwood) qui le rendit célèbre. Parallèlement, il tourna souvent à la télé dans les séries de l'époque : Le Prisonnier (le Numéro 2 de L’Enterrement), Le Saint (épisode une paisible distraction), Docteur Who (le fielleux Tegana dans le 4e arc de la série : Marco Polo), Amicalement Vôtre (épisode Un drôle d’oiseau), L'Homme à la Valise (épisode Les souliers du mort)… ainsi que dans des feuilletons (The Courtroom). Il scénarisa et réalisa aussi quelques films mais sa carrière déclina dans les années 80. Il continue cependant de tourner occasionnellement.
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27 Le voyage interrompu
1.27 Le voyage interrompu (The Journey ends halfway) : D D D
Scénario : Ian Stuart Black
Réalisation : Clive Donner
A la demande d’un vieil ami résidant en Chine, John Drake accepte de suivre une filière qui propose aux « indésirables » du régime de quitter le pays : en effet, nombre de passagers ne sont jamais arrivés à destination, ce qui laisse supposer la présence d’un traître. Au cours de sa mission, Drake rencontre Mme Lee, elle aussi en danger.
L’épisode est connu parmi les fans pour être l’unique sur les 86 que compte la série où John Drake abat un homme. Au-delà de l’anecdote, on apprécie beaucoup cet épisode pour son intrigue à suspense égrenant quelques moments forts, pour le personnage invité du jour, plaisamment trouble, tout en brossant un portrait rapide mais sans concessions de la Chine de l’époque.
La vision de la Chine dans cet épisode subit certes quelques dommageables facilités comme une fois de plus ces comédiens anglais grossièrement grimés en asiatiques, ou ce serviteur très obséquieux, mais jette un regard fulminant sur la situation politique de l’époque. En 1960, Mao Zedong, suite à sa calamiteuse campagne du « Grand Bond en avant » (qui déclencha une famine monstrueuse) vient de se mettre en retrait, et on espère une relance économique et sociale de la part de son remplaçant Liu Shaoqi. Le résultat ? Oppression à chaque coin de rue, paranoïa galopante jusqu’à l’excès (tout contact avec l’occident fait de vous un suspect), délation rentrée dans les mœurs, corruption généralisée, justice à deux vitesses, propagande du régime... Cette sombre toile de fond permet de renforcer le suspense autour des véritables motivations du Dr.Bakalter, dont il faut attendre la dernière minute pour les connaître après nous avoir baladé d’une certitude à l’autre. L’interprétation ambiguë de Paul Daneman participe à ce suspense. L’épisode aborde la terreur des « suspects », pouvant être arrêtés (et pire) via le portrait de Mme Lee.
Cet étude peu glorieuse de l’humain vaut à l’épisode une fin extrêmement noire, qui serait académique en temps normal, mais nous avons vu Drake au fur et à mesure de l’épisode être de plus en plus dégoûté du comportement des hommes qu’il rencontre, tous des corrompus serviles et paranoïaques. Le retournement final fait déborder la coupe et l’on voit même Drake - très Numéro 6 ici - tenté d’exécuter sans sommations le traître, avant finalement de se raviser. Mais le plan final sur son visage amer par tant de noirceur est une conclusion très âpre. Il y a certes peu d’action dans cet épisode d’atmosphère qui se fait dévorer par plusieurs longueurs. Mais on retient quelques moments bien sentis comme la brutale introduction, Drake piégé dans le sauna, ou sa diversion à haut risque pour faire sortir sa partenaire d’un hôtel devenu une antichambre de la police politique. Et bien entendu l’exécution d’un félon par un Drake en état de légitime défense. On remarque en passant une nouvelle apparition de Ric Young en soldat. Très bon épisode, qui aurait gagné à avoir plus d’action.
Paul Daneman (1925-2001), Bakalter, fut un comédien de théâtre qui fut à la tête de plusieurs troupes. Il a joué dans plusieurs anthologies théâtrales et séries comme Le Saint (épisode Le noyé), Sherlock Holmes (Peter Cushing), Les professionnels, etc. Il a bizarrement souffert d’une crise cardiaque en 1982 alors qu’il jouait un homme… qui souffrait de crises cardiaques. Il fut le premier comédien anglais à interpréter le rôle de Vladimir dans En attendant Godot de Samuel Beckett.
Burt Kwouk (1930), Tai, est un des comédiens revenant le plus souvent dans la série : pas moins de cinq fois. En plus de cet épisode, il jouera également dans Le Comédien (saison 1), Vous avez des ennuis ?, Un jeu dangereux (saison 3), et Koroshi (saison 4). Il est connu pour son rôle de Cato dans les films de la Panthère rose. Cet acteur anglo-chinois est également apparu dans deux James Bond : Goldfinger (1964) et On ne vit que deux fois (1967) (mais également dans la parodie de Casino Royale de 1967). Occupant de très nombreux rôles d’asiatique au cinéma et à la télévision, il connaît une très grande popularité en Grande-Bretagne. Il a participé à trois saisons de Chapeau melon et bottes de cuir : Kill The King (saison 1, épisode perdu), Le quadrille des homards (saison 3), et Les Cybernautes (saison 4).
Anna May Wong, Miss Lee, n’a pas poursuivi sa carrière d’actrice.
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28 Enterrons les morts
1.28 Enterrons les morts (Bury the Dead) : D D D
Scénario : Ralph Smart, d’après une histoire de Brian Clemens
Réalisation : Clive Donner
Sicile. Tony Costello, agent de l’OTAN, succombe à un accident de voiture. John Drake s’envole là-bas pour enquêter, et soupçonne rapidement que Costello a été assassiné. Un riche citoyen, Hugo Delano, tente alors de se débarrasser de Drake…
L’idée de Bury the dead permet de renouveler les habitudes narratives de la série avec un affrontement continu et direct entre Drake et le bad guy du jour. Cela marche plutôt bien car nous avons l’occasion de voir Drake presque toujours en situation de défense et non d’attaque, une méthode inattendue mais qui permet de mesurer tout le self-control de l’agent. Le twist final, bien qu’assez cliché, est toutefois une bonne surprise. Et le casting quatre étoiles est un plus non négligeable !
On est content que la série se décide à ne pas caricaturer la mafia sicilienne comme l’avait commis Chapeau melon avec Sica lors de La loi du silence. Au lieu de cela, l’épisode se concentre sur un joli combat d’abord à distance puis de plus en plus rapproché entre Drake et Delano. On retrouve le fameux couple cerveau-homme de main à la 007, avec ce « citoyen au-dessus de tout soupçon » et ces deux camionneurs patibulaires dont l’intelligence passe plus par les muscles que par la parole. On admire la prise de risque de Drake qui, étant seul contre le chef de la ville, n’a pas d’autre choix que d’encaisser stoïquement les manœuvres de Delano avant de trouver le temps de contre-attaquer, cela pour ne pas tomber dans un terrain où il serait perdant (la police étant corrompue) : balle perdue, provocation dans un bar, emboutissement de voiture, espionnage… Drake, accompagné de sa belle partenaire (mais seulement décorative) nous donne une leçon de sang-froid : chaque coup tordu de l’opposition est plus terrible que le précédent. Cela montre une belle maîtrise scénaristique du jeune Brian Clemens. La dernière partie du récit voit une accélération bien minutée des événements menant à une vigoureuse bagarre et une conclusion une nouvelle fois très amère, tout à fait dans le ton dans la série. La sobriété des derniers plans montre bien cette douleur rentrée qui accapare à la fois Drake et la belle Jo. On apprécie de retrouver un insert de Portmeirion comme décor, après le pilote de la série.
Le casting convoque une belle cohorte de comédiens renommés, avec le duo bourrin Patrick Troughton-George Murcell, vraiment très à l’aise dans le côté obscur de la Force. La participation de deux stars à l’orée de leur carrière naissante : Robert Shaw et Beverly Garland, est également à relever. Un épisode un peu atypique, et très bon.
Beverly Garland (1926-2008), Jo, était une actrice américaine qui a tourné dans beaucoup de productions de Roger Corman. Second rôle sur grand écran, elle eut plus de présence à la télévision. Ses rôles les plus connus furent celui de Barbara Douglas dans la sitcom My three sons (74 épisodes) et Dotty West dans Les deux font la paire (89 épisodes). Mais elle participa aussi à Rawhide, Climax ! (3 épisodes chacun), La Quatrième Dimension (épisode Quatre d’entre nous sont mourants), Au nom de la loi, Le fugitif, The Bing Crosby show (27 épisodes), Les Mystères de l’ouest (épisodes La nuit du vengeur, La nuit du diamant), Gunsmoke (4 épisodes), Cannon, Mannix (3 épisodes), L’homme de fer, Kung Fu, L’homme qui valait 3 milliards, Drôles de dames (épisode Une croisière en or), Pour l’amour du risque, Magnum, Remington Steele (2 épisodes), Friends, Ellen, Lois & Clark (6 épisodes), 7 à la maison (9 épisodes), etc.
Dermot Walsh (1924-2002), Hugo, eut son heure de gloire en incarnant Richard Cœur de Lion dans la série télévisée éponyme de 1962 (39 épisodes). Il a joué un peu à la télévision, mais s’arrêta presque complètement de tourner après les années 60.
Robert Shaw (1927-1978), Tony; est un fameux acteur anglais. Après quelques rôles à la télévision (The Buccaneers, 37 épisodes), il fut définitivement adopté au cinéma, jouant dans des films comme Bons Baisers de Russie, La bataille des Ardennes, Custer l’homme de l’Ouest, Les dents de la mer, La rose et la flèche, L’ouragan vient de Navarone, etc.
Patrick Troughton (1920-1987), Bart, était déjà apparu dans Le fauteuil roulant. Il est surtout connu pour avoir été le Deuxième Docteur pendant 124 épisodes de la série Dr.Who. Ce comédien de théâtre est apparu dans nombre de séries télévisées tel Le Saint (épisodes Une jeune fille romanesque, et Intermède à Venise), Amicalement vôtre (Un drôle d'oiseau), Cosmos 1999 (Les Dorcons), etc.
George Murcell (1925-1998), Bruno, a surtout joué des rôles dans des séries télévisées : Destination danger, Le Baron (deux épisodes), Le Saint (trois épisodes), Les champions (deux épisodes), Amicalement vôtre (épisode L’enlèvement de Liza Zorakin), Jason King, Les professionnels, etc. De très brèves apparitions au cinéma dont des petits rôles dans le pré-générique d'On ne vit que deux fois et The Assassination Bureau avec Diana Rigg et Telly Savalas. Il joua dans deux épisodes des Avengers : Square root of evil (saison 1, épisode perdu) et surtout Meurtres à épisodes (saison 5) où il jouait Needle.
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29 Sabotage
1.29 Sabotage (Sabotage) : D D
Scénario : Michael Pertwee et Ian Stuart Black
Réalisation : Peter Graham Scott
Peta Janson vient de perdre son mari dans un accident d’avion, héritant de la compagnie d’aviation qu’il dirigeait. D’autres avions de la compagnie se sont crashés au sol, et toujours quand ils survolaient la Nouvelle-Guinée. Comprenant qu’il s’agit d’attentats, elle fait appel à son ami John Drake qui rentre dans la compagnie comme steward pour savoir qui et le mobile du cerveau des attentats.
Il faut rendre grâce aux auteurs d’être parvenus après un début assez lent à développer une intrigue ne cessant de se complexifier, et multipliant adroitement les retournements de situation et les twists. Malheureusement, leurs beaux efforts se voient sabotés (haha) par une tout aussi impressionnante multiplication de facilités et d’absurdités. Le tout donne un épisode regardable, mais on regrette d’être passés devant ce qui aurait dû être un magnum opus.
Après l’explosif teaser et un prologue bavard qui met toutefois en scène Drake ayant une relation amicale et chaleureuse avec une femme (on commençait à se demander après 28 épisodes si monsieur n’était pas un misogyne convaincu), soit un événement inattendu, l’épisode ne va cesser d’aligner les idées en or et les idées de plomb. L’alternance est quasi mathématique, et on finit par se demander si elle est vraiment involontaire. De fait, les auteurs réussissent très bien l’arrière-plan : le véritable rôle joué par la « Drake girl » du jour, Giselle Simon (quel charmant nom !), est savamment entretenu jusqu’à la fin grâce à l’ingénieux double plan des assassins qui peu à peu prend forme. On aime aussi la réalisation de Peter Graham Scott, dynamique, et réussissant quelques coups d’éclat comme les visions floues et tordues de Drake à moitié assommé.
Force nous est toutefois de constater que la mise en place des événements ne s’effectue pas de la manière la plus heureuse. Ainsi, le plan initial de Peta et Drake ne sera pas vraiment exécuté puisque les événements s’enchaînent indépendamment de leurs prévisions, le bad guy décide de simplement assommer Drake sans prendre le temps de savoir s’il est bien assommé, lui laissant toute latitude pour le suivre. Drake n’a plus qu’à appeler la police et interpeller les brigands sans que nous voyons quoi que ce soit à l’image. La scène de « déminage » voit sa tension cassée par le fait qu’il ne peut rien arriver à Drake sous peine de fin immédiate du show (et puis, c’est très gentil de sa part de faire l’opération chez Peta ; apparemment, Madame supporterait bien de voir sa maison partie en flammes). Et on s’étonne qu’un fin stratège comme Drake poursuive son plan initial en sachant très bien qu’il va échouer à cause de la vigilance de Chin Lee, le numéro 2 de l’opération. Drake monte une souricière pour piéger le numéro 1 (sans personnalité, et qu’on devinait dès le début), mais cela signifie ici une absence de tout suspense, puisque Drake n’est pas un instant en danger, dirigeant les débats : le suspense ne peut naître si le héros maîtrise tout, sauf révélation à la Hercule Poirot (donc pas ici).
On se console avec un casting de bonne tenue : bien que peu présente, Maggie Fitzgibbon est fort correcte, tandis que la brune Yvonne Romain, joliment féline dans sa délicieuse robe de soirée, est un atout de charme et de rouerie délicieux. McGoohan a par ailleurs l’occasion de répéter son numéro de putassier alcoolique qu’il avait déjà puissamment interprété dans Le voile bleu : on ne se lasse jamais de ce décalage entre ce masque et sa vraie personnalité virile, froide, et carrée. Par contre, on ne croit jamais vraiment à la menace qu’est sensé faire passer Bobby R. Naidoo en chinois maléfique : un jeu compassé et une voix de soprano n’étant pas tout à fait notre description-type d’un esprit diabolique (cela dit, il est un modèle de finesse comparé à Soo Choy…). Il est dommage que des improbables péripéties aient desservi cet épisode au plan complexe et audacieux.
Maggie Fitzgibbon (1929) a joué le rôle de Vivienne Cooper dans la série The Newcomers (94 épisodes, 1965-1968). Sa participation à l’épisode est un de ses tous premiers rôles. Elle n’a pas joué dans plus d’une vingtaine de films et séries.
Yvonne Romain (1938) a joué dans plusieurs séries anglaises des années 60, mais sa carrière ne s’est pas poursuivie au-delà. Elle est l’épouse du parolier-compositeur Leslie Bricusse qui travailla avec les plus grands compositeurs (Barry, Williams, Mancini) et fut co-auteur de la chanson Goldfinger.
Bobby R. Naidoo (1927-1967) n’a fait que quelques rares apparitions à la TV anglaise avant sa fin prématurée. Il jouait un petit rôle dans un précédent épisode : Le voyage interrompu.
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30 La comtesse
1.30 La comtesse (The Contessa) : D D D
Scénario : John Roddick et Ralph Smart
Réalisation : Terry Bishop
John Drake s’envole à Rome pour démanteler un trafic de cocaïne dont le chef serait un « haut dignitaire ». Pour ce faire, il doit récupérer une vareuse particulière que les trafiquants s’échangent au cours de leurs échanges…
Il est vrai que le scénario de The Contessa ne résulte pas des plus inspirés, comptant peu d’action et encore moins de développement dramatique. Il est cependant tout entier sauvé par la rencontre entre Drake et la Comtesse Francesca, à la fois duo et duel ambigu et acéré. Francesca est un très intéressant personnage, bien fouillé et superbement interprété. Le twist central est bien trouvé, même si les plus malins l’auront anticipé. Malgré un final ridicule, l’épisode vaut largement le coup d’œil.
L’épisode rappelle que le sujet de la drogue tient Drake très à cœur (n’avait-il pas accepté une mission non officielle dans Position de confiance pour venger un ami ?). Une nouvelle fois, Drake joue au soiffard, et une nouvelle fois, on adore voir McGoohan cabotiner juste ce qu’il faut pour amuser la galerie. Cela, et le suspense du plan de Drake pour récupérer la vareuse (classique mais astucieuse diversion) mettent le spectateur suffisamment en haleine pour compenser une narration très minimale. L’épisode décolle vraiment avec la rencontre avec la Comtesse. La sublime Hazel Court fait irrésistiblement penser aux vamps des films noirs hollywoodiens des années 50, et plus particulièrement Ava Gardner. Sculpturale dans sa tenue aristocratique, au port noble et calculé, l’actrice s’accapare tout l’épisode dès son premier plan, grâce à la caméra fascinée de Terry Bishop. Le lien qu’elle forme avec Drake, certes sans aucune tension sexuelle (marque de la série) n’en est pas moins troublant. L’on voit à la fois une complicité pétillante et une défiance mutuelle qui irrigue l’épisode, en même temps que l’énigme du comte invisible. L’intensité du jeu de l’actrice emporte tout, à tel point qu’on peut se demander si cet épisode n’est qu’un prétexte pour donner à la comédienne l’occasion de briller, Drake lui-même semble en retrait. Hazel Court accomplit un véritable festival : souriante, ironique, amère, méfiante, soupçonneuse, mutine, agressive, orgueilleuse, surprenante… seule sa scène finale, opératique, sombre dans le ridicule, mais là, c’est plutôt les auteurs qu’il faut blâmer. Son personnage, à la fois retors et mélodramatique, bénéficie d’un profil psychologique assez recherché et rendant crédible toutes ses attitudes, tout en laissant entendre un discours féministe (même si dévoyé et contrarié) assez novateur pour l’époque. Qu’importe la résolution hâtive, Francesca/Hazel Court demeure le personnage le plus mémorable de cette première saison.
John Wyse (1904-1989), Julio, est avant tout un comédien et un metteur en scène de théâtre. Il n’a que peu tourné à la télévision.
Hazel Court (1926-2008), Francesca, a joué dans un autre épisode de la saison : Le fauteuil roulant. Cette ravissante comédienne eut une carrière remarquée au cinéma durant les années 40 et 50 avant d'apparaître surtout dans des séries lors des années 60 comme Alfred Hitchcock présente (épisodes La valise en crocodile, Trafic de bijoux, Arthur, A pearl necklace), La Quatrième Dimension (Qui a peur de qui ?), Les Mystères de l'Ouest (La nuit des revenants), Mission : Impossible (Charité), etc. Elle se retira à l'orée des années 70.
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31 Une fuite
1.31 Une fuite (The Leak) : D D D
Scénario : Ralph Smart et Brian Clemens
Réalisation : Anthony Bushell
Dans un pays du Moyen-Orient, le cheik Ahmed accuse une centrale nucléaire anglaise d’avoir subi une fuite radioactive, il y’a en effet une augmentation du nombre d’irradiés depuis quelque temps. Le cheik a tout intérêt de lancer une telle accusation car la centrale menace ses affaires économiques, tandis que si les anglais étaient responsables, la centrale devrait être fermée séance tenante. John Drake est envoyé pour résoudre l’affaire…
D’une manière curieuse, The leak a exactement les mêmes atouts et les mêmes défauts que Sabotage : une ambition dans l’arrière-plan de l’intrigue (intéressantes considérations géopolitiques, adroite description des personnages), mais souffrant d’un enchaînement de péripéties assez malheureux alors même que casting et tempo très allant sont au rendez-vous. Cependant, par son aspect documentaire plus assumé, et son méchant régalant, cet épisode s’en sort mieux.
Pour une fois, le long prologue d’explication (plus du tiers de l’épisode !) n’est pas ennuyeux, il est même le meilleur moment de cette enquête. Il en est effet raconté sous l’angle de la dispute entre les intérêts arabes et anglais, avec un échange enflammé et à la limite de l’incident diplomatique irréversible. Les menaces pleuvent de part et d’autre, instaurant une prenante intensité. Le masterplan des antagonistes s’avère d’une cynique cruauté, les scandales alimentaires et technologiques de notre temps ne sont hélas pas si éloignés de cette odieuse machination. On reste admiratifs que cette série, qui certes accuse son âge sur la forme, reste par ses problématiques de fond étonnamment moderne. Par suite, les scénaristes se laissent aller en créant une enquête ressemblant plus à une investigation de journaliste (on se croirait devant Envoyé Spécial) qu’à une mission d’agent secret. Clemens et Smart dévoilent également trop tôt les dessous de l’affaire, détruisant la saveur whodunit instaurée par le premier acte. Certaines scènes sont assez absurdes (le guet-apens ridicule des assassins). De plus, les auteurs reprennent en fin de course la peu payante idée de Drake dirigeant un plan pour piéger le cerveau de l’histoire, sans suspense ni danger, faisant de tout le dernier acte une résolution ennuyeuse, malgré les jeux toujours aussi ironiques et incisifs de McGoohan et Marshall. Cependant, la fenêtre sociologique de l’épisode, ouverte notamment par la visite chez le colonel Perar et ses liens de mentor/maître avec son serviteur est une bonne idée, comme montrant que les liens entre l’Orient et l’Occident ne doivent pas forcément être antagonistes (à l’opposé de l’intrigue centrale). C’est raconté sans naïveté et de manière assez touchante - Joseph Cuby a le bon sens de ne pas surjouer son rôle exotique.
On apprécie le casting, et notamment la jolie Zena Marshall dont le visage orientalisant convient très bien à cette efficace docteur d’orient. Elle a son petit moment de gloire en aidant activement Drake lors de son plan final. De plus, l’épisode doit beaucoup à la splendide composition de Marne Maitland en cheik savoureux, ambigu et obscur derrière ses sourires et sa façade policée. L’amateur de James Bond, après Pleasence et Maxwell, s’amusera de la présence simultanée de Marshall et d’Anthony Dawson, deux des seconds rôles les plus mémorables de James Bond contre Dr.No. Les liens entre Destination Danger et James Bond ont souvent été soulignés par les fans de ces deux shows. McGoohan est égal à lui-même en enquêteur rapide, vif, intelligent, et souvent impitoyable.
Zena Marshall (1925-2009), Leclair, avait déjà joué dans l’épisode Cherchez la femme. Elle rejouera dans Le mystérieux agent (saison 2). Elle est surtout connue pour avoir été l’agent double Taro dans James Bond contre Dr.No (la toute première femme à être séduite par 007 au cours d’une mission), ainsi que la comtesse Sophia dans Ces merveilleux fous volants dans leurs drôles de machines. Elle commença assez jeune au cinéma avant de se tourner vers la télévision à la fin des années 50. Elle a pris sa retraite d’actrice en 1967.
Marne Maitland (1916-1991), Ahmed, est né en Inde et a joué des rôles exotiques dès les années 50 au cinéma (Lord Jim, Khartoum, Shaft en Afrique, L'homme au pistolet d'or…) ou à la télévision (Le Saint, Les champions, Département S…). Il a joué dans un épisode de Chapeau melon et bottes de cuir : La porte de la mort (saison 5).
Anthony Dawson (1916-1992), Martin, a joué dans quatre épisodes de la série : Deux sœurs, La fuite (saison 1), Une filature délicate (saison 2), Un jeu dangereux (saison 3). Il eut une carrière fournie sur les deux écrans. Sur le grand, il est surtout connu pour avoir été l’assassin du Meurtre était presque parfait d’Hitchcock, et fut le « corps » de Blofeld dans Bons baisers de Russie et Opération Tonnerre avant que Donald Pleasence l’incarnât dans On ne vit que deux fois. Au petit écran il fut d’Ivanhoé (2 épisodes), Robin des bois, Alfred Hitchcock présente (triple épisode I killed the count), Le Saint (la flèche de Dieu), etc.
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32 Le piège
1.32 Le piège (The Trap) : D
Scénario : Ralph Smart et John Roddick
Réalisation : Cyril Montagu Pennington Richards (crédité comme « Pennington Richards »)
Elizabeth Warren, employée dans les services de codage américains, part deux semaines en vacances à Venise avec Gino, son fiancé italien, sans prévenir ses supérieurs. Inquiets que ce puisse être un piège de l’Est pour s’emparer des informations qu’elle détient, ils envoient John Drake à Venise surveiller la situation…
L’on tient l’épisode le plus idiot de cette saison. Plombé à la fois par une idée de départ sans originalité et un personnage féminin d’une étonnante stupidité, The trap ne parvient pas à surmonter l’indigence absolue de son intrigue.
C’est ainsi que le premier coup de tension ne survient qu’au bout de dix minutes ! Il faut en effet faire se succéder le teaser le plus grotesque de la saison (un couple part en vacances sur une musique inquiétante), un exposé laborieux de l’affaire aux USA, énoncé ensuite une deuxième fois à l’intéressée une fois à Venise, un fiancé italien qui cabotine pas mal en amoureux méditerranéen (forcément hyper lyrique, on jurerait un ténor d’opéra belcantiste), et une blonde à la naïveté intégrale qui rappelle, en moins hystérique, en plus irritante, la cruche de The honeymooners. Jeanne Moody est une bonne comédienne, mais ne peut rien tirer de ce malheureux rôle. Ce qui frappe dans tout ce premier acte est l’absence totale de tension.
Quand par suite l’histoire se décide à embrayer, on reste effondré de la capacité de l’épisode à appuyer sans cesse sur ses points faibles. Roulement de tambours : le fiancé est un agent de l’Est, ah ça on l’avait pas vu venir, on a eu mille fois cette histoire d’agent séduisant l’ennemi pour l’enlever. A tout prendre, on préférerait que ce soit raconté avec un défouloir d’action comme dans Alias. La métamorphose de Gino en agent ennemi n’est pas crédible, le personnage étant trop mollement dessiné. Chapeau à la demoiselle qui continue à ne pas trouver suspect que son fiancé qu’elle connaît à peine l’emmène de plus en plus près du rideau de fer, et s’écharpe avec Drake quand il veut la raisonner. Bon, allez, l’autre traître de l’affaire n’était pas forcément prévisible, c’est bien joué sur ce point. On finit par une évasion précipitée de Drake et une course-poursuite hélicoptère contre voiture mal filmée, et montée paresseusement (budget maigrelet oblige). Malgré le charme de Jeanne Moody, et le charisme intact de McGoohan, on oublie très rapidement cet épisode.
Jeanne Moody (1930), Elizabeth, reviendra dans l’épisode On vous a donné un faux numéro (saison 3). Sa carrière se limita à quelques rôles dans des séries des années 60 à l'issue desquelles elle se retira du milieu.
Noel Trevarthen (1936-1999), Gino, jouait ici un de ses premiers rôles. Il a tourné dans nombre de productions télévisuelles : Le Saint, Hercule (2 épisodes chacun), Mission Impossible 20 ans après (épisode Les affres du pouvoir), etc mais surtout dans des productions inconnues en dehors de l'Angleterre comme Les voisins (34 épisodes), Riviera Police (13 épisodes), The Rovers (39 épisodes)... Il a joué dans un épisode des Avengers : Jeu à trois mains (saison 7).
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33 Le comédien
1.33 Le comédien (The Actor) : D D D
Scénario : Marc Brandel
Réalisation : Michael Truman
Un ingénieur du son chinois est assassiné à Hong-Kong : il avait découvert qu’une émission de radio dont il s’occupait avait été infiltrée par une organisation qui faisait passer des messages codés sur les positions navales britanniques. John Drake s’envole pour la ville dans le but de détruire le consortium…
Cet épisode sympathique recycle encore une fois l’histoire de l’agent-devant-infiltrer-une-organisation-ennemie. Néanmoins la patiente et minutieuse enquête de Drake bénéficie de plusieurs atouts, en particulier de la personnalité de l’acteur chinois qui nous vaut des échanges amusants, et d’un suspense bien entretenu.
Si le mode opératoire de l’organisation n’est pas d’une folle originalité, il demeure suffisamment sophistiqué pour que l’on se fasse une idée honorable de l’opposition. Le regard sociologique intermittent de la série (ici sur les comédiens relégués au parvis du succès, réduits à n’être que des voix radiophoniques) s’insinue avec gravité au cœur de l’épisode. Le premier whodunit donne lieu à une piquante scène de dîner où Drake, toujours aussi jouissif en ivrogne, éprouve chacun des suspects en jouant les naifs/vulgaires/ingénus avec une conviction permanente. L’on retient notamment l’apparition de Patsy Rowlands, que les amateurs des Avengers connaissent bien pour avoir été l’inénarrable Thelma de Love all, mais aussi de Burt Kwouk et de Ric Young. Par suite l’intérêt de l’épisode se centre autour de Jason et de Drake, dans un échange acéré et contrastant, où l’humeur décontracté de Jason détonne avec l’humeur un peu moins décontracté de Drake, parfois bien perfide comme ce chantage sournois qu’il lui lance en passant. Si Karib sert surtout de prétexte comme twist final superfétatoire, il nous vaut une scène d’action initiale dont la vigueur tranche avec le côté routinier de la série dans ce domaine. Dans le monde glacé des espions, on apprécie que plus les touches d’humanité dispensées par le Colonel, contrarié par le devoir à ne pouvoir assurer aucune sécurité pour Drake. Ce dernier sera sensible à cette sollicitude même si avec sa réserve habituelle. Ces rares moments donnent de l’âme à une série très sèche formellement et souvent sombre. Si encore une fois, la résolution déçoit, malgré une intéressante scène de décryptage de code dans la lignée de Sherlock Holmes, le casting est irréprochable, en particulier Gary Cockrell, convaincant en homme de main dépassé par les événements, et à la conscience corrompue par la misère.
IS = En 1960, Hong-Kong était encore sous patriarcat britannique. La Seconde convention de Pékin avait cédé quelques territoires chinois à l’Angleterre sous forme de bail emphytéotique de 99 ans en 1898 dont l’île. La rétrocession à la Chine eut lieu comme prévue en 1997.
Gary Cockrell (1932), Al Jason, fut acteur et chorégraphe, qui participa notamment à la création de West Side Story à Broadway. Il a joué dans quelques séries comme Le Saint (épisodes Le terroriste prudent, et le Cambriolage) et Amicalement vôtre (Un drôle d’oiseau). Il se retira du cinéma et de la TV dans les années 70 pour se consacrer à la danse.
Burt Kwouk (1930), Chen Tung, est un des comédiens revenant le plus souvent dans la série : pas moins de cinq fois. En plus de cet épisode, il joue dans Le voyage interrompu (saison 1), Vous avez des ennuis ?, Un jeu dangereux (saison 3), et Koroshi (saison 4). Il est connu pour son rôle de Cato dans les films de la Panthère rose. Cet acteur anglo-chinois est également apparu dans deux James Bond : Goldfinger (1964) et On ne vit que deux fois (1967) (mais également dans la parodie de Casino Royale de 1967). Occupant de très nombreux rôles d’asiatique au cinéma et à la télévision, il connaît une très grande popularité en Grande-Bretagne. Il a participé à trois saisons de Chapeau melon et bottes de cuir : Kill The King (saison 1, épisode perdu), Le quadrille des homards (saison 3), et Les Cybernautes (saison 4).
Julie Allan (1941), Suzan, n’a pas poursuivi sa carrière d’actrice.
Patsy Rowlands (1934-2005), Mme Harkness, reviendra dans l’épisode Obsession (saison 2). Elle fit ses débuts dans la comédie Tom Jones en 1963 mais elle est surtout connue pour ses rôles dans la série de films Carry On. Elle a joué dans un épisode de Chapeau melon : Amour, quand tu nous tiens (saison 6).
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34 Assassin à louer
1.34 Assassin à louer (Hired Assassin) : D D D
Scénario : Ralph Smart et John Roddick
Réalisation : Charles Frend
Dans le but d’infiltrer une organisation politique visant à tuer un président d’Amérique du Sud, John Drake prend l’identité d’un mercenaire assassin. Surveillé de près par l’organisation, Drake doit trouver un moyen de faire échouer leur plan…
Cet excellent épisode bénéficie d’une première partie absolument enthousiasmante par son tempo preste, le charme de son personnage féminin, et la description des méchants du jour. Par la suite, l’épisode souffre de longueurs et d’une prévisibilité que ne rachète que partiellement l’accélération finale.
Le premier acte sort de l’ordinaire avec la vision de Drake poursuivi par la police pour assassinat ! Si l’on comprend assez vite de quoi il retourne, la vitesse de l’action (poursuite, cache-cache, arrivée du second larron, décisions prises sur le vif) et cette situation nouvelle rafraîchissent les scènes-types de la série. Un incipit agrémenté par la délicieuse chanson de la charmante Juanita, aussi belle que rayonnante. Parallèlement, l’association des criminels est décrite avec une vision plus réaliste que l’édulcoration d’usage alors dans les shows de l’époque (exécution désarçonnante du maillon faible de l’équipe), une innovation par ailleurs soulignée par le regard choqué de notre héros qui en a pourtant vu d’autres. Si Eduardo crispe en petite frappe soupçonneuse et que Luis fait de la figuration, Alexis a plus à défendre, en dirigeant attentif, non sans un certain sens de l’honneur. L’opposition, soudée et efficace, force Drake à se démener en prenant incessamment l’initiative, devant absolument écarter la menace Eduardo, mais aussi convaincre ses acolytes qu’un étranger à leur cause peut être utile (toujours superbe McGoohan en faux tueur de sang-froid). Drake est technicien, stratège, homme d’action… il est sur tous les fronts. Malgré un deuxième acte trop délayé en verbiages, l’action suit son cours et culmine dans sa coda où Drake bondit d’un front à un autre dans le but d’éteindre tous les feux qui le menacent. C’est donc avec justesse que notre héros ne s’en sorte pas tout à fait indemne.
Un épisode assez dense et plutôt bien rythmé.
Alan Wheatley (1907-1991), Alexis, reviendra dans l’épisode Des hommes dangereux (saison 2). Après une carrière de cinéma et de téléfilms, il joue dans des séries télévisées dès les années 50, étant notamment un des premiers interprètes de Sherlock Holmes à la télévision dans une mini-série de 6 épisodes, et jouant le Shérif Nottingham dans la série Robin des Bois de 1955 à 1960 (81 épisodes). Il fut aussi de Dr.Who (2 épisodes), Alias le Baron, Département S (épisode Un ticket pour le néant), etc. Il cessa de jouer au début des années 70. Il fut le régalant Dangerfield de l’Affectueusement vôtre des Avengers (saison 6).
Judy Carne (1939), Juanita, débuta sa carrière d’actrice avec cet épisode. Elle eut une carrière circonscrite aux années 60 et 70, où elle joua dans Bonanza, Fair Exchange (11 épisodes), Gunsmoke, Love on a rooftop (30 épisodes), Sam Cade, L’homme de fer, Des agents très spéciaux (2 épisodes), etc. Et participa à 45 épisodes du programme Rowan and Martin Laugh-In qui sonna le glas des Avengers. Elle fut brièvement mariée à Burt Reynolds de 1963 à 1965.
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35 La version du député Coyannis
1.35 La version du député Coyannis (The Deputy Coyannis Story) : D D D D
Scénario : Jo Eisinger
Réalisation : Peter Graham Scott
Dans un pays Balkanique, Marco, le fils du député Coyannis, leader du parti des paysans, est assassiné. Coyannis accuse aussitôt son adversaire Zameda, car Marco était sur le point d’obtenir des documents prouvant que Zameda avait détourné des fonds du FMI. Drake est envoyé enquêter sur place, et échappe à une tentative d'assassinat ; il se demande alors si Coyannis ne joue pas un double jeu...
Cet épisode se distingue en étant quasi entièrement constitué de scènes dialoguées en intérieur, avec une action minimale. Pourtant, il atteint une puissante intensité dramatique par ses échanges incisifs, faisant de l’épisode une partie de poker mortel où chacun bluffe et trahit. En observateur, Drake ballotte d’un camp à l’autre, au fur et à mesure que les masques tombent, jusqu’à sa tragique coda. Le versant politique est traité avec une noirceur peu commune dans les années 60 et ne perd rien de son venin quand on le regarde aujourd’hui (les idéalistes de la West Wing ne tiendraient pas cinq minutes). Entre corruption, idéalisme impossible, lâcheté et trahison humaines, cet épisode est un des plus sombres d’une série pourtant prodigue en la matière.
Drake expose l’odieux détournement d’argent à des fins privées, une attitude classique depuis la nuit des temps qui a simplement pris différentes formes au cours de l’Histoire. On ne peut qu’être admiratif de Ralph Smart qui a toujours veillé à garder des thèmes universels et millénaires parmi l’actualité des années 60, maintenant l’impression de modernité de sa série (Destination Danger se prêterait sans problèmes à un remake). Les considérations et machinations politiques se voient étudiées avec un soin remarquable, on a parfois l’impression de suivre un documentaire montrant de l’intérieur la gangrène de la corruption frapper un pays. La mise en scène se montre maligne là-dessus : il suffit de comparer la demeure modeste des Coyannis avec le luxe tapageur des Zameda pour se rendre compte à qui on a affaire.
Eisinger fait feu de tout bois : l’ampleur du complot est démentiel car parvenant même à corrompre les idéalistes, tandis que le facteur humain est passé à l’acide comme le montre le twist final où trois masques tombent dans un effet terrifiant. Zameda, campé par le formidable Charles Gray, est un des plus redoutables méchants de la série : sa scène avec Drake, bataille d’arguments frénétiques sous un glacis velouté est d’une prenante intensité, ne rendant que plus fort le dénouement plus « physique ». La dame de fer, Lorain, bénéficie d’un portrait ambigu : aimant profondément son mari, elle n’hésite pas à le frapper dans le dos dès qu’elle sollicite l’aide de Drake. Elle bascule dans le bon camp mais pour des raisons purement opportunistes, sans morale. Quant à Coyannis, il est traité avec ambiguïté, car il pourrait bien être l’instigateur du meurtre de son propre fils, il aurait de bonnes raisons pour cela, que son idéalisme rend possible. John Phillips n’hésite pas à marquer des inflexions antipathiques sur son personnage. Drake démêle l’écheveau mais se voit rattrapé par l’ironie finale, le voyant résoudre l’affaire, mais sans aucun bénéfice pour qui que ce soit, les deux camps en présence étant frappés par la tragédie. A l’échelle de la série, cela est presque un échec pour Drake. Un épisode dense et d’une noirceur immense.
John Philips (1914-1995), Coyannis, a joué dans un précédent épisode de la saison : Position de confiance, et reviendra dans Dites-le avec des fleurs (saison 3). Il est resté fidèle à la scène, participant à de nombreuses télédiffusions de pièces de théâtre. Il est apparu dans quelques séries comme Amicalement vôtre (épisode La danseuse), Les rivaux de Sherlock Holmes, Z Cars (15 épisodes). Il fut décoré de la Military Cross après la seconde guerre mondiale. Il a joué dans un épisode des Avengers : Le tigre caché (saison 5).
Charles Gray (1928-2000), Zameda, a joué dans un autre épisode de cette saison : La clé. Il est bien sûr le troisième acteur à incarner Ernst Stavro Blofeld, Némésis de James Bond dans Les diamants sont éternels (et Henderson dans On ne vit que deux fois). Il a été aussi Mycroft, le fameux frère de Sherlock Holmes dans 4 épisodes de la série Granada avec Jeremy Brett, rôle qu’il avait déjà incarné dans le film Sherlock Holmes attaque l’Orient-Express. Il a joué également dans Alfred Hitchcock présente (épisode La Lettre), et Thriller (La nuit est fatale).
Heather Chasen (1927), Lorain, est une comédienne de théâtre qui a un peu joué à la télévision. Notamment en étant le premier rôle de la série Marked Personnal (84 épisodes). Elle participa à plusieurs soaps : Family Affairs (5 épisodes), EastEnders (11 épisodes), Doctors (4 épisodes), etc.
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36 Mission sous-marine
1.36 Mission sous-marine (Find and Destroy) : D D D D
Scénario : Ralph Smart et John Roddick
Réalisation : Charles Frend
Les services secrets britanniques demandent à Drake de détruire près de Rio un sous-marin immobilisé leur appartenant qu’ils ne peuvent remorquer, et qui s’il tombait entre de mauvaises mains, pourrait mener à un grave incident diplomatique. Drake est toutefois intercepté par le propriétaire du domaine sur lequel le sous-marin s’est échoué, tandis que des émissaires du gouvernement comptent bien s’en emparer…
Find and Destroy bénéficie d’un condensé de suspense et d’action mené au triple galop. Drake nous montre une formidable leçon d’improvisation : tombé dans un tourbillon d’événements inattendus, on reste pantois devant les ressources et les ruses qu’il déploie pour tenter in extremis de remporter la partie. La succession de rebondissements et d’idées, porté par un Patrick McGoohan démultiplié, est une pleine réussite, et le spectateur peut pleinement savourer un lumineux happy end à l’issue de cette trépidante épreuve du feu.
L’épisode démarre par une rarissime scène de comédie pure voyant Drake chercher à sauver ses vacances en évitant une mission en se faisant passer pour un dépressif alcoolique. La scène est proprement hilarante, et nous rappelle que oui, Drake a beau être un idéaliste ne vivant que par son travail, il reste quand même un homme qui a besoin de distraction. Par suite, dès lors que Drake se retrouve embarqué dans sa mission, l’épisode attrape avec célérité le train de l’espionnage frénétique. Toujours à deux doigts d’être mis hors jeu, Drake parvient grâce à son sang-froid et sa vivacité d’esprit à renverser continuellement la situation en sa faveur : l’excuse trouvée quand il se fait attraper, le coup malin du tuyau d’arrosage, son dévoilement de jeu a tempo, son culot en béton (se faire passer pour le fiancé de la fille du proprio sans l’en avertir), son plan très rapidement mais remarquablement préparé, jusqu’au climatique final explosif où tout se joue sur une poignée de secondes. Le festival est permanent. Malgré leur script bourré à plein, Smart et Roddick prennent le temps de dessiner les émouvants portraits de propriétaires terriens condamnés à terme devant l’abandon progressif du secteur primaire du pays par un gouvernement peu intéressé, et réduits à accepter l’argent de leur pire ennemi - une misère - pour survivre. La générosité de Drake est d’ailleurs visible à ce moment-là. L’arrière fond politique et social reste vraiment soigné dans cette série. Le fan des Avengers sera ravi que Peter Arne joue le bad guy du jour, mais si l’acteur est excellent, Hassler se fait trop longtemps berner par Drake, et est plus gouverné par la paranoïa que par l’intelligence. Certes, cela donne du suspense à l’épisode, mais il n’est jamais bon qu’un vilain soit bien trop dominé par notre héros. Défaut mineur tant l’action ne faiblit jamais. L’épisode, fait rare, ne comporte aucune scène de bagarre, et se termine sur un éclat de rire, miroir de la première scène, avec Drake se jouant élégamment de sa hiérarchie pour prolonger ses vacances bien méritées. Certainement une des plus grandes réussites de la saison.
Peter Arne (1920-1983), Hassler, reviendra dans trois épisodes de la série : La ville fantôme (saison 2), Un jeu dangereux, Les mercenaires (saison 3). Il est né en Malaisie de père français et de mère américaine et a servi héroïquement comme pilote dans la RAF pendant la 2nde guerre mondiale. Il a de nombreux rôles de méchants à son actif dans des films de guerre ou d'espionnage. Son accent lui permit aussi de jouer des rôles de chinois, russes ou sud-américains ! Au cinéma, on peut noter son rôle de colonel dans trois films de La Panthère rose. À la TV, on l'a vu dans Les champions (épisode Opération antarctique), L’homme à la valise (épisode Les quatre de Boston), Département S (La double mort de Charlie Crippen, la soupe du jour), Le Saint (épisode Révolution). Il a été retrouvé assassiné dans son appartement londonien en août 1983. Une rixe entre homosexuels a été évoquée mais le meurtre est toujours inexpliqué. Il fut un des invités les plus mémorables de Chapeau melon et bottes de cuir. Il a tourné dans quatre épisodes de la série : Death on the slipway (saison 1), Warlock, Les œufs d'or (saison 2), et Avec vue imprenable (saison 4). Dans ses mémoires (Chapeau Melon, Presses de la Renaissance, p 264), Macnee lui accorde le crédit d’avoir imaginé les tenues de cuir d’Honor Blackman, pour faciliter les scènes de combat.
Nadja Regin (1931), Melina, reviendra dans l’épisode Les professionnels (saison 2). Elle commença sa carrière en Allemagne avant d’émigrer en Grande-Bretagne où elle joua dans quelques séries et productions théâtrales. Elle fit deux apparitions dans James Bond : Bons baisers de Russie (la petite amie de Kerim) et Goldfinger (Bonita). Sa carrière s’acheva en 1968.
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Re: Série "Destination danger"
C'est le bon côté d'être une talentueuse amatrice : quand Cathy Gale a voulu partir en vacances, elle est partie, point barre. Non mais.
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Re: Série "Destination danger"
Excellente remarque ! D'ailleurs, l'autre fois où Drake est parti en vacances, dans Aventures de vacances, il s'est retrouvé à côté d'un tueur à gages ; y'a pas à dire, quand ça veut pas, ça veut pas !
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37. Au fond du lac
1.37 Au fond du lac (Under the Lake) : D D D D
Scénario : Jack Whittingham
Réalisation : Seth Holt
La police suisse a intercepté des cargaisons de fausse monnaie. Drake est envoyé sur les traces d’un suspect, Gunther von Klaus, qui voyage à travers le monde avec sa fille Mitzi. Drake se met à la courtiser pour pouvoir approcher son père…
Cet épisode peut être considéré comme le sommet de cette première saison par son cocktail condensé de suspense et d’action lancé au triple galop. Face à une opposition nombreuse et efficace, Drake passe en surmultiplié et use de toute sa ruse, son énergie, sa vivacité d’esprit, ses capacités d’improvisation, et de manière plus inédite son charme ! La poursuite finale est un des moments les plus prenants de la série entière, avec sa traque infernale parfaitement minutée. On retrouve dans ce petit bijou toutes les qualités de Jack Whittingham, futur scénariste d’Opération Tonnerre et de Jamais plus jamais (eh oui, encore un lien entre 007 et Drake, John Drake).
Par son physique avantageux et son magnétisme, Patrick McGoohan a fait soupirer bien des spectatrices dans quelques comédies romantiques avant ses rôles plus sérieux. Il n’est donc pas si étonnant de le voir à l’aise dans des scènes de flirt, malgré son puritanisme renommé. Mais de la part de Drake, utiliser franchement la carte romantique, et aussi longtemps, donne un plaisant côté « décalé » à l’épisode. Entre les archétypes du bel étranger joyeusement envahissant, de la fille jolie mais timide, et surprotégée par son père cerbère, un colosse mutique qui fait moins bon papa qu’étrangleur à gages, se dégage un certain parfum de comédie romantique - confirmé par une amusante pipelette qui fait quelque peu les beaux yeux à notre héros. Les dialogues alternent sweet-talk, interrogatoire déguisé, voire même les deux simultanément. Moira Redmond est aussi à l’aise dans la complicité avec son partenaire que dans l’opposition qu’elle établissait dans The relaxed informer. Ce pan de l’histoire prend d’ailleurs parfois l’aspect d’un documentaire sur la condition féminine occidentale de l’époque. Mitzi, piégée dans le chantage affectif de son père, doit sacrifier ses envies d’indépendance et de rencontres à contrecoeur. Cette petite attaque contre le patriarcat masculin est certes relativement discrète, mais notable, et annonce la révolution féministe de Chapeau melon.
Le badinage plaisant de cette première partie cède la place à l’espionnage pur dans la seconde, avec une association de malfaiteurs très efficiente (le chef comprend immédiatement le manège de Drake), culminant rapidement sur un impressionnant duel psychologique dans une cabine de téléphérique en hauteur entre Drake et Von Klaus. La façon dont Drake renverse la situation en sa faveur est crédible et intense, et nous voyons son humanisme lorsqu’il donne une chance à un homme davantage plus faible que mauvais, à la rédemption possible. Ce moment s’enchaîne à un climatique acte final où la tension monte imperturbablement, avec un Drake de plus en plus isolé (mais encombré d’un personnage qui le retarde) et en danger, jusqu’à devenir proie d’une chasse à l’homme impitoyable au suspense ardemment fouetté dans les dernières minutes (la scène de l’ascenseur est un modèle du genre). Au cours de cette course contre la montre désespérée, Drake doit également subir un amer semi-échec, très cruel de la part du scénariste, mais qui est réaliste dans cette série décidément très éloignée de la fantasmagorie de l’espionnage traditionnel. Il est étonnant de voir le monde de l’espionnage si peu glamourisé dans cette série, dont l’équivalent le plus proche serait la souvent oppressante Spooks. Le happy end final est rendu sans valeur par la dernière image, voyant Drake maudire intérieurement son impuissance. Un épisode au dégradé d’atmosphère excellemment travaillé, à la fois rapide, divers, et sombre, à l’image de son héros protéiforme.
Moira Redmond (1928-2006), Mitzi, reviendra dans Les zombies (saison 2). Elle était déjà apparue dans Le secret de la marionnette. Elle est issue d’une grande famille de comédiens et de metteurs en scène de théâtre. Elle connut une belle carrière sur les planches, et, avec Ian McKellen, fut à l’origine de l’Actor’s Company. Dans les années 60 et 70 elle fut très demandée également à la télévision, notamment dans les reconstitutions historiques de prestige de la BBC. Elle participa au pilote de Chapeau melon et bottes de cuir (Neige brûlante) ainsi que dans un autre épisode (perdu) de la saison 1 : Kill the king.
Christopher Rhodes (1914-1964), Von Klaus, n'a vraiment joué sur les écrans que dans sa dernière décennie. Il a joué dans plusieurs anthologies théâtrales et des séries des années 50, surtout dans des rôles de militaires imposants, auquel sa stature massive convenait tout à fait.
My name is Drake, John Drake.
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Localisation : Charenton (94)
Date d'inscription : 08/02/2010
38. Le cadavre ambulant
1.38 Le cadavre ambulant (Dead Man Walks) :
D D D
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Scénario : Ralph Smart et Brian Clemens
Réalisation : Charles Frend
Les membres d’un groupe de spécialistes en matière de maladies tropicales sont éliminés les uns après les autres après qu’ils aient découvert une souche virulente d’un danger extrême. Or, au Cashmire, un désastre écologique s’est déclenché depuis peu. Soupçonnant que Shapadi, un des chercheurs, a tué tous les autres pour s’emparer de la souche et la vendre comme une arme de guerre, Drake s’envole pour l’Inde pour le retrouver grâce à sa fille Sita…
L’épisode met du temps à trouver son tempo. Après une première moitié plantant longuement le décor, la seconde développe enfin son scénario en multipliant les rebondissements dans un timing extraordinairement serré. L’on retrouve l’essence de la série voyant Drake foncer cap droit devant vers la résolution de sa mission sans digressions ni longueurs. Dead man walks nous offre également d’agréables numéros d’actrices ainsi que quelques excentricités souriantes, tout en pointant les dangers si actuels de la recherche scientifique dans le cadre des études des maladies.
Le mi-sérieux/mi-amusant Hardy, supérieur de Drake nous offre un dernier récital ; Richard Wattis nous aura bien diverti en haut gradé vivant chez sa mère, ici exposant l’affaire pendant qu’il prépare un english breakfast ! 1-10 et Mère-Grand ne sont pas loin. Par suite, l’épisode s’immobilise pendant que Drake prend ses quartiers chez sa belle hôtesse (Marla Landi, au jeu nuancé, et parfois délicieusement ambigu) tandis que les auteurs sèment une graine narrative qui va pousser dans la partie suivante. L’on regrette que le budget engoncé de la série ne lui permette pas même de reconstituer une Inde de studio convaincante, Frend devant se résoudre à tout filmer, certes avec talent, en intérieur ou à insérer une fausse jungle filmée uniquement en plans rapprochés. Des séries comme Le Saint et Amicalement vôtre bénéficieront d’une relative plus grande largesse de la production.
La deuxième partie démarre avec la tentative d’assassinat de Drake qui déclenche un enchaînement malin de twists (on retient celui, intelligent, des « doigts du prophète »). L’on savoure alors toutes les ressources déployées par Drake pour coincer le tireur de ficelles, cela va du classique de la photo truquée au pittoresque avec ce faussaire exubérant et enthousiaste que Drake doit « recadrer » à plusieurs reprises. Il permet aussi une plus grande exposition de Julia Arnall, très convaincante en femme pleine de secrets et très louche. Sa dureté tranche avec la fragilité de l’aveugle Josetta, mais le talent est égal dans les deux cas. Si la conclusion, malgré la traditionnelle baston, est hâtive, on apprécie l’ironie du bûcher « purificateur » final, effectivement de circonstance dans un pays où la purification est un principe fondamental ! Un épisode solide en dépit d’une exposition allongée.
Acteurs :
Marla Landi (1933), Sita Shapadi, d’abord mannequin, a tourné dans une vingtaine de séries dans les années 60. Elle a ensuite quitté sa carrière d’actrice pour devenir éditrice dans le département mode du magazine Harper’s Bazaar.
Julia Arnall (1930), Natalie, était déjà apparue dans L’aveugle qui voit. Elle a joué dans un épisode de Chapeau melon et bottes de cuir : InterCrime (saison 2). La carrière de cette actrice/mannequin ne dura pas plus d’une dizaine d’années, se résumant surtout à quelques films des années 50, et des apparitions dans des séries anglaises de l’époque dont Le Saint (épisode Le fugitif).
Richard Wattis (1912-1975) joue le rôle récurrent d’Hardy dans cinq épisodes de cette saison (Le fauteuil roulant, Deux sœurs, Cherchez la femme, Nom, date, et lieu, le cadavre ambulant). Il est surtout connu pour avoir été un acteur familier des comédies anglaises des années 50 et 60, ainsi que du théâtre britannique. Il retrouvera McGoohan dans Le Prisonnier (épisode Le carillon de Big Ben). Il a participé à un épisode des Avengers : Meurtres au programme (saison 6).
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