Série "Destination danger"
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Re: Série "Destination danger"
Vraiment pas top ces deux épisodes. Je les avais achetés en VHS à leur sortie en France il y a une quinzaine d'années.séribibi a écrit:La série comporte une 4ème saison de ...2 épisodes (!!) couleurs, jugés trés mauvais. Je ne les ai jamais vus...
Le doublage n'avait été fait que récemment; ce qui explique que la voix française de Mc Goohan, Jacques Thébault, était légèrement différente de celle des autres épisodes....
Re: Série "Destination danger"
Une curiosité : le lancement et la conclusion de l'épisode avec Ian Hendry. A noter que, tout comme Steed au cours de la saison 1, Drake tient conciliabule dans un taxi londonien :
Estuaire44- Empereur
- Age : 55
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Date d'inscription : 10/04/2007
Re: Série "Destination danger"
Ayant reçu le coffret DVD de la saison 1, je commence à chroniquer la série. Premières critiques très prochainement.
Dearesttara- Roi (Reine)
- Age : 33
Localisation : Charenton (94)
Date d'inscription : 08/02/2010
Re: Série "Destination danger"
Excellente initiative Dear ! Une bonne série !
séribibi- Roi (Reine)
- Age : 58
Localisation : Mont de Marsan
Date d'inscription : 13/12/2007
Re: Série "Destination danger"
Mes deux épisodes préférés sont "La ville fantôme" qui rappelle "Le village" du numéro six, et "Les pirates", sorte de station radio Caroline.
Invité- Invité
Re: Série "Destination danger"
On attend ça !
Estuaire44- Empereur
- Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007
Re: Série "Destination danger"
Merci à vous trois pour vos messages.
Je viens de voir le pilote, c'est d'une rapidité phénoménale. C'est même plus enlevé que la plupart des séries américaines contemporaines. Le Drake il fonce droit au but, les auteurs aussi, ils n'ont que 25 minutes par épisode pour la première saison. Sûr, Sydney Bristow serait déjà essoufflée...
Je viens de voir le pilote, c'est d'une rapidité phénoménale. C'est même plus enlevé que la plupart des séries américaines contemporaines. Le Drake il fonce droit au but, les auteurs aussi, ils n'ont que 25 minutes par épisode pour la première saison. Sûr, Sydney Bristow serait déjà essoufflée...
Dearesttara- Roi (Reine)
- Age : 33
Localisation : Charenton (94)
Date d'inscription : 08/02/2010
Re: Série "Destination danger"
La série d'aventure au format TZ, c'est sûr que cela décoiffe. Idem pour Honey West !
Estuaire44- Empereur
- Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007
Re: Série "Destination danger"
Ah bon, Honey aussi, elle speede ? Cheerios !
Dearesttara- Roi (Reine)
- Age : 33
Localisation : Charenton (94)
Date d'inscription : 08/02/2010
Re: Série "Destination danger"
Episodes de 25 min également, de quoi faire pile une demi-heure avec la pub !
Estuaire44- Empereur
- Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007
1. Le paysage qui accuse
C'est parti pour Destination Danger. Pour le pilote, je fais une critique d'une page et demie. Pour les épisodes 2 et 3, une page. A partir de l'épisode 4, ce seront des critiques d'une demi-page seulement, ce sera plus facile et moins lourd à lire.
1.01 Le paysage qui accuse (View from the villa) : D D D DScénario : Ralph Smart et Brian Clemens
Réalisation : Teddy Bishop
Rome. Frank Delroy, banquier, a détourné cinq millions de dollars en lingots d’or. Deux criminels tentent de lui faire avouer sa cache, mais il meurt pendant son interrogatoire. John Drake, un agent secret plus ou moins indépendant, enquête sur ce meurtre qui pourrait avoir des liens mafieux. Il lui apparaît que la clé de l’énigme serait la maîtresse du mort, mais celle-ci est introuvable. Un tableau représentant une cité italienne pourrait l’aider…
La série prend un départ survitaminé avec ce pilote de 25 minutes, dense et compact, qui raconte un palpitant polar tout en dessinant avec célérité mais habilement le portrait de John Drake, le héros. Le scénario cavalcade à un tempo infernal, qui laisserait bien des séries américaines contemporaines loin derrière, Jack Bauer lui-même en aurait des crampes… Cette phobie du temps mort, caractéristique surtout de la première saison, permet au récit de se dérouler sans fioritures inutiles. Les dialogues sont précis, secs, parfois à la mitraillette. Ce parti pris a toutefois son revers : resserrée à l’extrême, l’intrigue souffre du format imposé par la production. Elle aurait gagné à être développée sur une durée plus conventionnelle de 42 minutes. L’enquête est par conséquent très schématique et souvent prévisible. Mais il est impossible de s’ennuyer car l’intensité ne faiblit jamais.
L’histoire n’est pas originale, mais c’est la manière de la raconter qui est intéressante. Le format court empêche toute digression : insensible à tout ce qui nous touche pas à l‘enquête, Drake fonce tête baissée dans sa mission jusqu’à ce que générique de fin s’ensuive. Le classicisme des péripéties est largement contrebalancé par leur concision narrative qui va droit à l’essentiel : les suspects n’essaient même pas de nous cacher qu’ils ne sont pas clairs - entretenant une délicieuse atmosphère de paranoïa, puisqu’on se demande en permanence qui est dans le coup ou non - la scène où Drake use de son charme pour faire parler une femme âgée n’est pas sans anticiper sur le numéro de Steed, certes plus maximaliste, dans Le piège à rats idéal ! Même le second rôle comique de service est intégré à l’action en cours ! Tel est la volonté de Ralph Smart de se concentrer avant tout sur la fluidité de l’action. Destination Danger est une série d’aventures/espionnage, une des premières du genre, portée déjà à un haut sommet grâce à son efficacité.
Sur ce point, employer comme co-scénariste Brian Clemens, le futur showrunner de Chapeau melon et bottes de cuir, est un choix très fin. Le sens du tempo acquis dans cette série sera profitable à Clemens dont les scénarios futurs portent la marque d’une maîtrise narrative chevronnée et de l’intensité de l’action. La réalisation tout aussi full speed de Teddy Bishop est à l’unisson, tout comme le montage sec, chirurgical. La mise en scène exalte un autre atout de la série : les décors de Frank White. L’intérieur luxueux de la maison de Stella est aussi enchanteur que la villa du crime. Les décors naturels sont superbement mis en avant, surtout pendant le dernier acte filmé dans ce paradis terrestre qu’est Portmeirion, le joyau gallois où se déroulera l’autre grande série de McGoohan : Le Prisonnier ! La bichromie ne peut nous donner qu’une idée imparfaite de sa splendeur, mais au moins la photographie de Brendan J. Stafford est-elle de bonne qualité, loin de l’image charbonneuse des premières saisons des Avengers ou de Dr.Who !
Le pilote convainc également dans sa galerie de personnages. De fait, l’attention est portée sur les deux guest stars féminines. Barbara Shelley fait preuve d’une grâce magnifique dans le rôle de Gina, personnage lumineux et souriant malgré ses zones d’ombre, dont la bonne humeur regarde déjà en direction de la mémorable Vénus Brown de Bons baisers de Vénus (saison 5 des Avengers). La dame aura même l’honneur d’abattre elle-même un des méchants de l’histoire, un geste quasi révolutionnaire alors que la vague féministe de Chapeau melon n’a pas été encore lancée ! Ajoutons que Shelley prend un accent italien sidérant de vérité, sans exagération ni caricature, ce qui n’est point souvent la norme dans les séries de l’époque ! Plus en clair-obscur est le portrait de la veuve non éplorée de Delphi Lawrence, qui joue une partition faite de séduction, de classe aristocratique, et d’instincts dangereux. Mentionnons aussi le joyeux dessinateur du café, qui lui par contre ne s’embarrasse pas de subtilités en italien expansif !
Enfin, la série réussit son entrée là où on l’attendait le plus : le héros. On est stupéfait par la conviction de Patrick McGoohan à rentrer tout de suite dans le personnage. Drake accomplit l’exploit de paraître original non seulement pour l’époque mais même encore aujourd’hui : son dégoût de la violence se distingue par son refus de porter des armes (une leçon que retiendra John Steed), sa courtoisie dénuée de toute tension sexuelle envers les femmes en fait un cas d’école dans l’histoire des séries où les justiciers masculins flirtent (voire couchent) souvent avec toutes les femmes qu’ils rencontrent. Symptomatiques sont les scènes où il envoie systématiquement sur les roses les discrètes avances de Stella (on peut y voir quelques relents misogynes, mais typiques de la télévision des 60’s). McGoohan assure lui-même avec succès la plupart des combats, une bonne valeur ajoutée. L’humour est quasi absent. Seules quelques répliques parfumées à l’humour noir surnagent de temps à autre. McGoohan incarne à la perfection la courtoisie extérieure de son personnage, qui intérieurement est aussi cynique que le monde dans lequel il évolue. Cette sécheresse rend le personnage pas toujours sympathique, à la différence d’un Saint érigé en Champion charmeur. Sans parler d’antihéros, on peut dire que McGoohan, orienté par ses positions morales, a contribué à créer un personnage novateur, fort, oscillant entre lumière et austérité. Son professionnalisme froid et sa fougue ne sont pas là les moindres réussites de ce flamboyant pilote.
IS =
- Brian Clemens, futur showrunner de Chapeau melon et bottes de cuir de la saison 4 à la saison 8 a écrit ou co-écrit 10 épisodes de la série, tous de la saison 1.
- L’assistant réalisateur de cet épisode n’est autre que le grand John Schlesinger (1926-2003), qui faisait alors ses débuts dans le métier ! Il deviendra plus tard le réalisateur de films renommés comme Darling, Macadam cowboy (qui lui valut l’Oscar) et Marathon man. Il fit partie de la deuxième équipe de réalisation de la première saison de la série pendant trois autres épisodes : La chasse au meurtrier, Le voyage interrompu, et Au fond du lac. Son départ rapide de la série s’explique par les relations tendues qu’il avait avec Ralph Smart. Pendant le tournage du pilote, le créateur se montra mécontent de son travail et lui déclara qu’il ne serait « jamais réalisateur » ! L’histoire lui aura finalement donné tort…
- Un autre assistant réalisateur est David Tomblin. Il sera plus tard un des principaux artisans du Prisonnier (producteur exécutif, il co-écrira trois épisodes - dont le pilote - et en dirigera deux).
- Le dernier acte a été filmé à Portmeirion, cité luxueuse du Pays de Galles qui deviendra le Village du Prisonnier. McGoohan a certainement repéré le village dès ce premier épisode.
- Barbara Shelley (Gina) reviendra dans un autre épisode de cette saison : Le Traître. Shelley incarna la sculpturale Vénus Brown dans Bons baisers de Vénus (saison 5) de Chapeau melon et bottes de cuir. Elle figure également dans un épisode perdu de la série : Dragonsfield (saison 1). Née en 1932, cette ancienne mannequin doit une grande partie de sa renommée en étant une des premières figures récurrentes du cinéma d’horreur britannique, jouant dans plusieurs films de la Hammer, notamment le premier rôle féminin du film culte Dracula, prince des ténèbres de Terence Fisher, avec Christopher Lee (1966). Celle que l’on surnomma « The First Leading Lady of British Horror » vit sa carrière cinématographique décliner dans les années 70, et elle n’apparut plus qu’à la télévision jusqu’à sa retraite en 1992. Elle a joué notamment dans une des aventures du Cinquième Docteur : Planet of fire (saison 21).
- Plusieurs autres acteurs ont joué dans les Avengers : Philip Latham (Frank Delroy) dans La naine blanche (saison 3) et Avec vue imprenable (saison 4). Delphi Lawrence (Stella) dans un épisode perdu : Square root of evil (saison 1). John Lee (Tony Mayne) dans L’oiseau qui en savait trop (saison 5) et Ne m’oubliez pas (saison 6), Andreas Melandrinos (le serveur) dans un épisode perdu : The far-distant dead (saison 1), et Charles Houston (le dessinateur) dans Meurtres au programme (saison 6).
My name is Drake, John Drake.
Dernière édition par Dearesttara le Jeu 3 Juil 2014 - 14:01, édité 2 fois
Dearesttara- Roi (Reine)
- Age : 33
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Date d'inscription : 08/02/2010
Re: Série "Destination danger"
Très bonne critique, Destination Danger annonce effectivement la grande vague des séries d'aventures anglaises des années 0; dont elle rassemble déjà plusieurs des meilleurs talents.
Estuaire44- Empereur
- Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007
Re: Série "Destination danger"
Des années zéro ?Estuaire44 a écrit:Destination Danger annonce effectivement la grande vague des séries d'aventures anglaises des années 0;
séribibi- Roi (Reine)
- Age : 58
Localisation : Mont de Marsan
Date d'inscription : 13/12/2007
Re: Série "Destination danger"
Apparemment, le numéro 6 est allé voir ailleurs.
Thanks, Estuaire.
Thanks, Estuaire.
Dearesttara- Roi (Reine)
- Age : 33
Localisation : Charenton (94)
Date d'inscription : 08/02/2010
2. La chasse au meurtrier
Merci beaucoup Patricks.
Scénario : Brian Clemens et Ian Stuart Black, d’après une histoire de Brian Clemens
Réalisation : Ralph Smart
Hans Vogeler, tueur professionnel, exécute le professeur Barkoff sur ordre des services secrets du pays du professeur qui ne lui ont pas pardonné d’être « passé » aux Etats-Unis. Drake est chargé de retrouver mort ou vif le tueur avant qu’il ne fasse d’autres victimes, mais sa rencontre avec Lisa, une institutrice trop curieuse, va compliquer dangereusement sa mission…
Le point faible de l’histoire de Clemens réside dans l’impossibilité de la contenir dans le format de 25 minutes. Contrairement au pilote qui ne perdait pas de temps, les auteurs écrivent quinze tranquilles minutes d’exposition comme s’ils avaient trois quarts d’heure à leur disposition. L’histoire s’accélère alors absurdement pour se terminer en dix minutes chrono ; c’est trop brutal. De plus, une succession effrénée de facilités scénaristiques réduit à néant l’idée de Clemens et Black : Drake menotté à une jeune femme (une idée sans doute inspirée par le succès de La Chaîne deux ans auparavant). Heureusement, l’épisode est sauvé par John Drake qui confirme qu’il est un héros très singulier.
La mission commence après dix bonnes minutes (40% de l’épisode), ce qui est déjà trop. Le menottage forcé de Drake et de l’institutrice boulet (Sarah Lawson, étouffante) est amené avec un enchaînement de circonstances aussi rocambolesque que celui qui frappera Danny Wilde dans A chain of events d’Amicalement vôtre, ou aux héros des 39 marches d’Alfred Hitchcock. Ce ton presque absurde, qui sied aux Persuaders et au suspense mâtiné d’humour du Maître, ne marche pas dans une série aussi sérieuse que Destination Danger. L’atout est de plus gaspillé en beauté dans le dernier acte qui enchaîne les clichés avec un entrain inquiétant : boulet faisant rater le coup de feu, arme déchargée au moment idoine, fuite de la dame, puis réapparition pile au bon moment (mais Lisa reste sagement à l’écart pendant que les deux hommes règlent leur affaire), fuite précipitée dans un hélicoptère qui traînait là par hasard… Même l’excellent Derren Nesbitt est englouti dans ce scénario trop serré pour être autre chose qu’un vulgaire porte-flingues.
On se console avec John Drake, auquel Patrick McGoohan donne une aura de justicier solitaire et ironique, loin de ses confrères de l’époque (à l’exception du McGill de L’homme à la valise). Il fait preuve d’un code moral élevé : à son supérieur qui lui demande la tête de Vogeler, Drake refuse sèchement de le tuer. Drake ne se considère pas comme un tueur, il préfère délivrer ce soin à d’autres : les juges qui condamneront à mort les assassins. Cet arrangement de conscience adoucit ce justicier qui vit dans un univers sans règles et sans honneur. Mais même ce code moral doit être brisé quand les circonstances l’exigent, témoin la décision de Drake d’abattre finalement Vogeler. Un héros sombre, au cynisme amer, l’idée était considérablement novatrice pour l’époque, quand James Bond connaît un succès international en littérature. On citera toutefois les rares pointes d’humour que se permet le héros, comme cette voix off ironique, ou le gag du mot de passe transmis à la mauvaise personne. Drake s’impose déjà comme l’atout maître de sa série.
IS = Sarah Lawson (Lisa), née en 1928, a été la femme de Patrick Allen (Le crime était presque parfait, La nuit des généraux) pendant 46 ans (jusqu’à sa mort). Comédienne de théâtre, elle a joué dans quelques séries de l’époque dont Le Saint (épisode Le crime du siècle), Département S (épisode Agent double), Amicalement vôtre (épisode L’enlèvement de Lisa Zorakin), Jason King, Les Professionnels, etc.. Dans les Avengers, elle a joué le rôle de Mary Merryweather dans Comment réussir… un assassinat ? (saison 4). Elle a mis fin à sa carrière en 1989.
Lionel Murton (1915-2006) rejouera le rôle du colonel Keller dans deux autres épisodes de cette saison : La comtesse et Au fond du lac.
My name is Drake, John Drake.
1.02 La chasse au meurtrier (Time to kill) : D D
Scénario : Brian Clemens et Ian Stuart Black, d’après une histoire de Brian Clemens
Réalisation : Ralph Smart
Hans Vogeler, tueur professionnel, exécute le professeur Barkoff sur ordre des services secrets du pays du professeur qui ne lui ont pas pardonné d’être « passé » aux Etats-Unis. Drake est chargé de retrouver mort ou vif le tueur avant qu’il ne fasse d’autres victimes, mais sa rencontre avec Lisa, une institutrice trop curieuse, va compliquer dangereusement sa mission…
Le point faible de l’histoire de Clemens réside dans l’impossibilité de la contenir dans le format de 25 minutes. Contrairement au pilote qui ne perdait pas de temps, les auteurs écrivent quinze tranquilles minutes d’exposition comme s’ils avaient trois quarts d’heure à leur disposition. L’histoire s’accélère alors absurdement pour se terminer en dix minutes chrono ; c’est trop brutal. De plus, une succession effrénée de facilités scénaristiques réduit à néant l’idée de Clemens et Black : Drake menotté à une jeune femme (une idée sans doute inspirée par le succès de La Chaîne deux ans auparavant). Heureusement, l’épisode est sauvé par John Drake qui confirme qu’il est un héros très singulier.
La mission commence après dix bonnes minutes (40% de l’épisode), ce qui est déjà trop. Le menottage forcé de Drake et de l’institutrice boulet (Sarah Lawson, étouffante) est amené avec un enchaînement de circonstances aussi rocambolesque que celui qui frappera Danny Wilde dans A chain of events d’Amicalement vôtre, ou aux héros des 39 marches d’Alfred Hitchcock. Ce ton presque absurde, qui sied aux Persuaders et au suspense mâtiné d’humour du Maître, ne marche pas dans une série aussi sérieuse que Destination Danger. L’atout est de plus gaspillé en beauté dans le dernier acte qui enchaîne les clichés avec un entrain inquiétant : boulet faisant rater le coup de feu, arme déchargée au moment idoine, fuite de la dame, puis réapparition pile au bon moment (mais Lisa reste sagement à l’écart pendant que les deux hommes règlent leur affaire), fuite précipitée dans un hélicoptère qui traînait là par hasard… Même l’excellent Derren Nesbitt est englouti dans ce scénario trop serré pour être autre chose qu’un vulgaire porte-flingues.
On se console avec John Drake, auquel Patrick McGoohan donne une aura de justicier solitaire et ironique, loin de ses confrères de l’époque (à l’exception du McGill de L’homme à la valise). Il fait preuve d’un code moral élevé : à son supérieur qui lui demande la tête de Vogeler, Drake refuse sèchement de le tuer. Drake ne se considère pas comme un tueur, il préfère délivrer ce soin à d’autres : les juges qui condamneront à mort les assassins. Cet arrangement de conscience adoucit ce justicier qui vit dans un univers sans règles et sans honneur. Mais même ce code moral doit être brisé quand les circonstances l’exigent, témoin la décision de Drake d’abattre finalement Vogeler. Un héros sombre, au cynisme amer, l’idée était considérablement novatrice pour l’époque, quand James Bond connaît un succès international en littérature. On citera toutefois les rares pointes d’humour que se permet le héros, comme cette voix off ironique, ou le gag du mot de passe transmis à la mauvaise personne. Drake s’impose déjà comme l’atout maître de sa série.
IS = Sarah Lawson (Lisa), née en 1928, a été la femme de Patrick Allen (Le crime était presque parfait, La nuit des généraux) pendant 46 ans (jusqu’à sa mort). Comédienne de théâtre, elle a joué dans quelques séries de l’époque dont Le Saint (épisode Le crime du siècle), Département S (épisode Agent double), Amicalement vôtre (épisode L’enlèvement de Lisa Zorakin), Jason King, Les Professionnels, etc.. Dans les Avengers, elle a joué le rôle de Mary Merryweather dans Comment réussir… un assassinat ? (saison 4). Elle a mis fin à sa carrière en 1989.
Lionel Murton (1915-2006) rejouera le rôle du colonel Keller dans deux autres épisodes de cette saison : La comtesse et Au fond du lac.
My name is Drake, John Drake.
Dernière édition par Dearesttara le Jeu 3 Juil 2014 - 14:01, édité 1 fois
Dearesttara- Roi (Reine)
- Age : 33
Localisation : Charenton (94)
Date d'inscription : 08/02/2010
Re: Série "Destination danger"
C'est sûr qu'en 25 min, on se retrouve avec la même contrainte que pour TZ : il faut être bon et il faut l'être tout de suite. Et encore, chez Drake on peut plus difficilement tout parier sur la chute, comme parfois chez Serling.
Estuaire44- Empereur
- Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007
Re: Série "Destination danger"
Tout à fait, mais cette sensation de précipitation est surtout visible dans les deux premiers épisodes. Ensuite Smart et ses auteurs trouveront un bon tempo. Est-ce que ça a été la même chose avec Honey West ?
Dearesttara- Roi (Reine)
- Age : 33
Localisation : Charenton (94)
Date d'inscription : 08/02/2010
Re: Série "Destination danger"
Je n'ai encore vu qu'une poignée d'épisodes, mais je n'ai pas eu de sentiment de précipitation. A confirmer le moment venu.
Estuaire44- Empereur
- Age : 55
Localisation : Villejuif (94)
Date d'inscription : 10/04/2007
3. L'aveugle qui voit
1.03 L'aveugle qui voit (Josetta) : D D D
Scénario : Ralph Smart
Réalisation : Michael Truman
Amérique du Sud. Le sénateur Miguel Ingres est assassiné sous les yeux de Josetta, sa sœur aveugle. John Drake découvre assez rapidement que le colonel Cortès, qui cherche à instaurer une dictature militaire, est l’auteur du crime. Pour l’amener à se démasquer, Drake n’a pas d’autre choix que d’échafauder un plan d’une audace inouïe dans lequel Josetta sera la pièce maîtresse…
Après deux épisodes courant désespérément après le chronomètre, Ralph Smart parvient à composer un scénario qui se coule parfaitement dans le moule des 25 minutes, sans impression de ruade. Josetta divertit par son histoire très Columbo où la question n’est pas qui mais comment coincer le coupable ? Le piège hardi de Drake (qui comme le futur inspecteur à l’imperméable se fait passer pour un benêt pour espionner l’ennemi) donne lieu à un excellent suspense. Audacieusement, Drake reste à l’arrière-plan pour que la superbe guest star du jour puisse occuper toute la scène. On regrette toutefois quelques scènes bouche-trou, voire même une certaine lenteur !
En première partie, Drake joue au millionnaire idiot, fêle sa figure austère pour nous faire un petit show comique : envahissant, dispendieux, curieux. Anti James Bond, il demeure toutefois d’un « victorianisme » d’acier : une superbe poupée blonde (Claire Gordon) l’attend dans sa chambre, la première chose qu’il fait est de lui montrer la porte ! Un trait de caractère qui même à notre époque continue d’étonner.
La faiblesse du méchant n’est pas un inconvénient car Smart transforme ce défaut qui devient la base du culotté piégeage de Drake : faire croire à Cortès (Kenneth Haigh) que Josetta n’est PAS aveugle, que la rumeur de sa cécité est fausse. Un bobard énorme que seul un homme agité, paranoïaque, sur les nerfs en permanence (comme tout aspirant dictateur), peut avaler. Josetta, aidée par Drake dans les coulisses, va donc entretenir cette illusion. La performance puissante de Julia Arnall déchaîne l’enthousiasme. Elle joue l’handicap avec une conviction totale, et restitue toute la fragilité, les doutes, l’angoisse, mais aussi le courage de son personnage. Comment penser que la même comédienne incarnerait trois ans plus tard Hilda Stern, l’impitoyable tueuse à gages d’InterCrime des Avengers ?!!
Le suspense du dernier acte ne se relâche jamais. Le temps semble se suspendre quand le regard de l’aveugle fixe droit le meurtrier. Qu’importe donc une conclusion hâtive, ou bien les pitoyables machinations de Cortès pour se débarrasser de Drake. Au final, un excellent épisode, porté par un beau suspense, et une actrice admirable.
IS = L’épisode témoigne de l’actualité d’alors : en 1960, les régimes de plusieurs pays d’Amérique du Sud sont instables et la tentation de la dictature militaire est forte (Équateur en 1963, Bolivie et Brésil en 1964, la Colombie maintient difficilement une fraîche démocratie instaurée deux ans auparavant).
Julia Arnall (Josetta) reviendra dans un épisode de cette saison : Le cadavre ambulant. Elle a joué dans un épisode de Chapeau melon et bottes de cuir : InterCrime (saison 2). La carrière de cette actrice/mannequin ne dura pas plus d’une dizaine d’années, se résumant surtout à quelques films des années 50, et des apparitions dans des séries anglaises de l’époque dont Le Saint (épisode Le fugitif).
Campbell Singer (Colonel Ségur) reviendra dans un épisode de cette saison : Le colonel Rodriguez. Il a joué dans deux épisodes des Avengers : Six mains sur la table (saison 2), et Qui suis-je ??? (saison 5). Figure régulière de la télévision britannique des années 60 et 70, il a joué dans deux épisodes du Saint, étant notamment le premier interprète de l’inspecteur Claude Eustache Teal dans L’homme qui avait de la chance, et jouant plus tard dans Pièges en tous genres. Il a été aussi dans Amicalement vôtre (épisode Le complot).
My name is Drake, John Drake.
Dearesttara- Roi (Reine)
- Age : 33
Localisation : Charenton (94)
Date d'inscription : 08/02/2010
4. Le voile bleu
1.04 Le voile bleu (The blue veil) : D
Scénario : Don Ingalls et Ralph Smart
Réalisation : Charles Trend
John Drake est envoyé dans la cité d’un dirigeant arabe (Le Moukta) dans le but de trouver la preuve de trafics d’esclaves dans les mines de diamant de ce dernier. Spooner, un anglais converti à l’Islam, et proche du Moukta, fait comprendre à Drake qu’il n’est pas le bienvenu dans cette ville. Pour approcher le Moukta, Drake fait la connaissance de Clare Nichols, une jeune chanteuse malchanceuse…
The blue veil est un carton plein pour les auteurs : non content de pondre une histoire rachitique, ils en rajoutent avec une accumulation d’absurdités et de clichés exotiques. La performance époustouflante de Patrick McGoohan ne peut rien y faire. L’on voit clairement que les auteurs se reposent trop sur son talent à cette occasion.
L’opposition du jour est une des plus ternes de la carrière de l’agent. Le sibyllin Spooner (Laurence Naismith) a beau fixer notre héros d’un œil menaçant, à part engager un tueur, il reste tranquillement dans son coin. Le méchant principal, le Moukta (Ferdy Mayne, compassé) se contente de draguer la blonde de l’épisode (Lisa Gastoni, au monolithisme souvent crispant). La belle Clare reste tout l’épisode un sidekick qui se contente de s’asseoir et d’attendre. Hassan, le gamin enthousiaste (Joseph Cuby) en dispense un max rayon clichés : guide kleptomane, appât pour piéger le héros, soumission à ce dernier quand il lui sauve la vie… Le décor cheap très Crabe aux pinces d’or de la ville et le maquillage d’acteurs anglais pour jouer des orientaux particulièrement évident ne valent pas mieux. On reste interloqués devant l’absence d’action à peu près totale et la facilité à laquelle s’enchaînent les événements : Clare va ainsi voir Drake pile au moment où il en a besoin parce que « son instinct l’incitait à le voir » ! L’invasion de la prison au dernier acte est un bouquet final : Drake entre tranquillement dans la mine (piètrement gardée) en faisant un saut à la perche, prend des photos des esclaves, puis repart par le même chemin et quitte le pays en hélicoptère. On a envie de se dire « tout ça pour ça ? ».
Alors, on trouve de l’intérêt dans de menus détails, et on voit combien la série semble anticiper sur les années à venir : le gadget utilisé par Drake pour semer les gardes semble lui avoir été vendu par Artemus Gordon, tandis que le talon détachable de la chaussure regarde tout droit vers Max la Menace ! Voir le juge Fulton jouer un gentleman passé du côté obscur est une curiosité, tandis que McGoohan crève l’écran en ivrogne grossier et vulgaire : pas rasé, sale, gauche, il pue tellement l’alcool que le spectateur croit sentir son haleine ! Un numéro tout à fait génial, mais qui tourne à vide dans un scénario en gruyère. Le voile bleu est une première déception.
IS = Laurence Naismith (Spooner) est surtout connu pour avoir été le Juge Fulton, le 3e personnage principal d’Amicalement vôtre (il y apparut dans 11 épisodes). Comédien de théâtre avant la seconde guerre mondiale, il apparu dans de nombreux films par la suite (Mogambo, La vie passionnée de Vincent Van Gogh, Richard III, Jason et les Argonautes, Salomon et la reine de Saba, Le village des damnés, les diamants sont éternels, etc.). Il a joué dans plusieurs séries comme Les envahisseurs (épisodes L’expérience, et La Rançon), etc.
Lisa Gastoni (Clare) reviendra dans un épisode de cette saison : Deux frères. Cette actrice italienne commença très jeune sa carrière au Royaume-Uni, jouant dans plusieurs séries d’époque (dont The four just men avec Honor Blackman). A partir de 1962, elle revint dans son pays où elle a mené une carrière assez fructueuse.
Ferdy Mayne (le Moukta) reviendra dans l’épisode Nandina (saison 3). Cet acteur d’origine allemande a joué dans plus de 250 films et séries ! Il est apparu deux fois dans les Avengers : Le legs (saison 6) et Le piège (saison 8 ). Il a joué notamment aux USA dans Les 4 plumes blanches, Notre agent à la Havane, Le bal des vampires, Quand les aigles attaquent, Barry Lyndon… En France dans Jo, et Les grandes vacances. En Allemagne dans de nombreux téléfilms et séries (Tatort), et en Angleterre notamment dans Le Saint (épisodes Iris, On a trouvé du pétrole, Plan de vol, et Copies conformes) et L’Homme à la valise (épisode Les révolutionnaires).
My name is Drake, John Drake.
Dearesttara- Roi (Reine)
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5. Le masque de l'amour
1.05 Le masque de l’amour (The lovers) : D D D D
Scénario : Jo Eisinger et Doreen Montgomery
Réalisation : Peter Graham Scott
Miguel Torres, un agent ennemi de Drake, demande à ce dernier de protéger les Gomez, le couple présidentiel moravien (pour qui il travaille), craignant un attentat durant leur visite à Londres. Drake, qui a protégé des insurgés au régime de Gomez, accepte quand même cette mission pour être sûr qu’aucun des insurgés exilés à Londres ne soit en danger. Un homme qui prétend avoir fabriqué une bombe destiné à Gomez contacte Drake, mais est abattu avant qu’il ait pu dire le lieu de l’attentat…
Cet épisode a une plaisante saveur 24 heures chrono avant la lettre : au-delà du thriller d’espionnage et son histoire de « ticking time bomb » (la torture en moins), une attention particulière est portée au couple présidentiel ainsi qu’à l’éthique des espions. La scène finale, triomphe ironique des faux-semblants diplomatiques, est une des premières traces du pessimisme qui va devenir indissociable de la série (tout comme les aventures de Jack Bauer). Le scénario échoue à construire un whodunit valable - coupable trop évident - mais le tempo alerte de l’ensemble, agrémenté de touches d’humour cynique, finit par l’emporter.
L’un des regrets des saisons suivantes sera la disparition de la voix off de Drake. C’est particulièrement évident ici où ses déclarations ponctuent l’épisode en petites digressions ironiques savoureuses (Simon Templar n’est pas loin). Bien qu’ennemis mortels, Torres respecte la valeur de Drake. Cette complicité entre deux hommes qui ne doivent la nature de leurs liens qu’à leurs bords touche et fascine à la fois. Drake confirme son idéalisme en refusant tout salaire de la part de l’ennemi, travaillant uniquement pour veiller sur ses amis exilés. Le poseur de bombes est un excentrique qui n’aurait pas détonné dans The Avengers ! Le numéro cabotin de Martin Miller est un délice : exaltant l’artisanal contre la production en série, fustigeant le jeunisme qui ne cherche que le profit, se moquant de lui-même… sa scène avec Drake pétille d’humour. Les Gomez forment un couple pris au piège des apparences. Leurs gestes d’affection manquent cruellement de chaleur, tout n’est que distance et conventions. Entre professionnalisme de façade et vide intérieur, Maria, l’épouse, compense par une froideur permanente ou des visites secrètes à des « amis non autorisés ».
La scène de la gare réoriente (trop tôt) le scénario en nous désignant des suspects inattendus (mais on devine aisément qui est le coupable). La scène de fouille ne fait que croquer du temps, mais on apprécie le dernier acte, entre suspense fort et ironie mordante : Drake admet ouvertement au spectateur son erreur, pervertit la formule finale des contes de fées, sans oublier le gag des 3 minutes 25. Au final, un épisode profond, riche, sombre, ironique, à l’image de son héros.
IS = Maxine Audley (Maria) reviendra dans trois épisodes de la série : Colonel Rodriguez (saison 1), Koroshi et Shinda Shima (saison 4), les deux derniers épisodes de la série. Elle a traversé 40 années de télévision britannique, dans une belle collection de seconds rôles. On l’a vue notamment dans Le Saint (Le roi des mendiants) et Cosmos 1999 (Le dernier adversaire).
Martin Miller (Stavros) reviendra dans l’épisode Le mystérieux agent (saison 2). Il retrouvera McGoohan dans l’épisode L’Enterrement du Prisonnier. Il a commencé sa carrière d’acteur à 44 ans. Souvent présent au cinéma, il a fait quelques apparitions remarquables dans les séries anglaises : figurant dans Les Aigles (saison 4) de Chapeau melon et bottes de cuir, il a été aussi le Kublai Khan lors de la 3e aventure du Premier Docteur (Marco Polo), et a joué dans deux épisodes du Saint (Les perles de Madame Chen et Un bon détective). Son dernier rôle fut dans Département S (Autrefois à Istanbul).
Michael Ripper (Torres) reviendra dans deux autres épisodes de la saison : Survivre, et Le cadavre ambulant. L’acteur peut se vanter d’une filmographie pléthorique : 220 films et séries sur 56 ans de carrière ! On l’a vu notamment dans un épisode du Saint : Antiquités.
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6. Une blonde en pyjama rose
1.06 Une blonde en pyjama rose (The girl in pink pyjamas) : D D
Scénario : Ian Stuart Black et Ralph Smart, d’après une histoire de Brian Clemens
Réalisation : Peter Graham Scott
John Drake est chargé de veiller sur la protection d’un président étranger qui est dans le coma après avoir été victime d’un attentat, et soigné incognito dans un hôpital de son pays. Il apprend qu’on a retrouvé pas loin de l’hôpital une jeune femme vêtue d’un pyjama rose, amnésique, répétant les mêmes mots, ceux du lieu où est soigné le président ! Comprenant que le président est toujours en danger, Drake doit l’aider à retrouver la mémoire…
L’amateur des Avengers s’amusera de se rendre compte que le point de départ de cet épisode est exactement le même que l’épisode Bizarre (écrit par le même Brian Clemens) : Une jeune femme vêtue de rose erre, amnésique, solitaire, dans une plaine. Dans sa tête est caché un secret que le héros doit débusquer. Mais là où Bizarre prenait rapidement un tour fantaisiste et enlevé, The girl in pink pyjamas est une histoire de conspiration bien éculée. Pendant les trois quarts de l’épisode, des dialogues nombreux et trop explicatifs s’enchaînent, Drake fait des allers-retours entre l’hôpital et la campagne sans que son enquête n’avance d’un pouce. Le suspense palpitant du dernier acte achève toutefois l’épisode sur une note plus correcte.
Comparée à l’insupportable Sally Nesbitt, la sublime Angela Browne est beaucoup plus convaincante en amnésique effrayée. Si l’actrice ne joue pas sur son côté sexy comme dans les Avengers, sa beauté naturelle et son talent sont intacts, et l’on ressent vraiment l’angoisse et la défiance de son personnage. McGoohan est toujours au top en enquêteur rigoriste, mais le scénario ne se résout pas à décoller. L’histoire se résume simplement à des discussions de Drake avec des témoins ou d’autres agents. Le statu quo se maintient. Les personnages faiblement esquissés semblent bien s’ennuyer, à l’exception de l’épouse du fermier, une excentrique moulin à paroles qui croit en la charité chrétienne… mais avec des limites !
Le final est plus relevé, avec un joli twist qui donne un coup d’accélérateur, et surtout un splendide coup de bluff téléphonique de Drake destiné à démasquer les traîtres. Son sang-froid et son improvisation dans une situation qu’il n’avait pas prévue le poussent à tenter une ruse psychologique audacieuse (une deuxième fois après Josetta). La bagarre finale, à un contre trois, est énergique et bouillonnante, permettant à l’épisode de ne pas tomber totalement au champ d’honneur.
IS = La superbe Angela Browne jouait ici un de ses premiers rôles. Sa carrière se limita essentiellement à des seconds rôles dans des séries télévisées. Elle joua notamment dans deux épisodes des Avengers : InterCrime (saison 2) et surtout Comment réussir… un assassinat ? (saison 4) où elle jouait la fatale Sara. Elle fut aussi dans L’homme à la valise (épisode Le fantôme), Le Saint (épisode L’insaisissable Ellshaw), et le Sherlock Holmes de Jeremy Brett (épisode Les hêtres rouges)... Elle est surtout connue pour avoir été la diabolique Numéro 86 du J’ai changé d’avis du Prisonnier.
John Crawford (Dr.Keller) a eu une longue carrière sur les deux écrans. Il a été notamment dans La Quatrième Dimension (Au bord du gouffre), Les Incorruptibles (Terreur sur le ring), Star Trek (Galilée ne répond plus), Au cœur du temps (4 épisodes : La revanche de Robin des Bois, Billy le Kid, Le retour de Machiavel, Les aventuriers de l'espace), Les Mystères de l'Ouest (La nuit de l'homme oublié), Mission : Impossible (4 épisodes : L'héritage, L'appât vivant, Chantage, Le Pantin), Drôles de Dames (épisode Les meurtres), etc.
Colette Wilde (la femme du fermier) a joué dans deux épisodes des Avengers : Le clan des grenouilles (saison 2) et Cette grandeur qu'était Rome (saison 3). Sa carrière ne s'est pas poursuivie au-delà des années 60.
Janine Gray (l'infirmière) a été la mémorable Ola de Ne vous retournez pas (saison 3) dans les Avengers. Elle n’a pas connu de carrière au-delà des années 60. Elle participe néanmoins à diverses séries des deux côtés de l’Atlantique : Des Agents Très Spéciaux, Ma Sorcière Bien Aimée
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Dearesttara- Roi (Reine)
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Date d'inscription : 08/02/2010
Re: Série "Destination danger"
Très bonne critique mais pas d'accord par rapport à Sally Nesbitt, qui jouait l'amnésique effrayée avec une rare efficacité (notamment la scène de l'hôpital).
séribibi- Roi (Reine)
- Age : 58
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Date d'inscription : 13/12/2007
Re: Série "Destination danger"
Merci.
Ah oui, Sally. Bof, je trouvais qu'elle surjouait pas mal (déjà Le Joker... rien à voir avec Janine Gray), mais je n'ai jamais prétendu à l'objectivité.
Ah oui, Sally. Bof, je trouvais qu'elle surjouait pas mal (déjà Le Joker... rien à voir avec Janine Gray), mais je n'ai jamais prétendu à l'objectivité.
Dearesttara- Roi (Reine)
- Age : 33
Localisation : Charenton (94)
Date d'inscription : 08/02/2010
7. Position de confiance
1.07 Position de confiance (Position of trust) : D D D D
Scénario : Jo Eisinger, d’après une histoire de Ralph Smart
Réalisation : Ralph Smart
La fille de Paul, un vieil ami de Drake, s’est détruite à cause de la drogue. Drake promet de la « venger » en mettant la main sur le réseau responsable de son état. Appuyés en sous-main par un gouvernement d’Amérique du Sud, les membres du cartel figurent dans une liste gardée dans un ministère. Pour l’acquérir, Drake, aidé de l’agent Sandi Lewis, manipule le capitaine Aldrich, qui travaille dans le bon ministère, et qui considère la loyauté comme la première des qualités…
Les amateurs de James Bond seront à la fête avec Donald Pleasence et Lois Maxwell dans le même épisode ! On croit être tombé dans un univers parallèle en voyant Blofeld en homme timide et apeuré, et Moneypenny en agent de terrain très froid. Mais le charisme des comédiens fait qu’ils sont très convaincants. Le parallèle est accentué avec un John Drake anticipant sur le 007 nihiliste et vengeur de Permis de tuer, le film le plus noir de la saga : il est ici pour venger un ami. A la différence de son confrère, un tueur, Drake, non violent, se contente de manipuler un homme. Cependant, c’est un innocent qui est plongé dans la spirale infernale qu’il ourdit. L’intensité de l’intrigue et l’éthique qu’elle soulève est permanente, malgré un happy end un peu éclatant. Nous voyons que le héros de la série est un vrai précurseur des justiciers sombres des séries modernes. Sa magistrale manipulation est diabolique.
Les personnages sont très bien dessinés, malgré le peu de temps imparti : Aldrich est coincé dans une vie morne et un boulot minable qui lui fait si honte qu’il préfère se mentir à lui-même en se convaincant d’avoir un « poste de confiance ». Il compense aussi par sa loyauté envers le président corrompu du pays, car le sentiment d’être loyal lui donne l’impression d’être quelqu’un d’honorable. Lorsque l’illusion se déchire par deux fois : la scène d’humiliation dans le bar, et la réalisation d’avoir mal placé sa loyauté, Aldrich doit se reconstruire, tout en faisant preuve d’un courage qui lui a jusque-là manqué. Pleasence est tout à fait admirable. Lois Maxwell étonne en agent sec et cynique. Elle nous vaut une belle attaque en règle contre la corruption politicienne à l’égard des trafics de drogue, dont il arrive qu’elle les soutienne. Le portrait des pays d’Amérique du Sud n’est guère flatteur, loin des images d’Epinal, et pressent la montée des dictatures. Le côté so british est assuré par le sujet des institutions scolaires anglaises, traités quasi en mode documentaire. McGoohan impressionne en bourreau impassible, exécutant son plan avec une précision métronomique, faisant chuter Aldrich dans l’alcool et le jeu, jusqu’à l’acculer. Qu’importe donc un dénouement facile, d’autant qu’il n’est pas dénué d’humour ? La renaissance d’Aldrich est sans doute trop ostentatoire mais cette bouffée d’optimisme fait du bien dans cette série où on rit pas des masses.
IS = Donald Pleasence (Aldrich) reviendra dans un épisode de cette saison : Cherchez la femme. Il connut une belle carrière au théâtre et au cinéma, sans malheureusement accéder au rang de star auquel son talent lui donnait droit. Il joua principalement des êtres menaçants, comme lors de sa magnifique interprétation de Blofeld dans On ne vit que deux fois (1967). Il participa également à Cul de Sac, Les Mains d'Orlac, THX 1138, Le Voyage Fantastique, New-York 1997, ou encore à la série des Halloween. Il a un peu joué à la télévision : La Quatrième Dimension (La relève de la garde), Columbo (Quand le vin est tiré), Hawai police d’Etat (Une vie pour 90 secondes), etc.
Lois Maxwell (Sandi) a participé à un épisode de Chapeau melon et bottes de cuir : Les petits miracles (saison 3). Elle intégra en 1944 la Royal Academy of Dramatic Arts comme plus tard une autre canadienne, Linda Thorson. Après quelques rôles aux États-Unis, elle se consacre à la télévision britannique : Gideon’s way, UFO, Le Saint (Intermède à Venise et Dalila a disparu), Département S (Le fantôme de Mary Burnham), Amicalement Vôtre (Une rancune tenace), etc. mais accède à la célébrité avec le rôle de Moneypenny, l’irrésistible secrétaire de M, le supérieur de James Bond. Elle incarna le personnage durant les 14 premiers films de la série, de 1962 (Dr No) à 1985 (Dangereusement vôtre, avec Patrick Macnee). En 1973, elle retourna au Canada où elle connut le succès dans le commerce du textile.
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Dearesttara- Roi (Reine)
- Age : 33
Localisation : Charenton (94)
Date d'inscription : 08/02/2010
8. Le fauteuil roulant
1.08 Le fauteuil roulant (The lonely chair) : D D D D
Scénario : John Roddick et Ralph Smart
Réalisation : Charles Frend
Sally, la fille de Patrick Laurence, un scientifique spécialiste en thermodynamique cloué dans un fauteuil roulant, a été kidnappée. Les ravisseurs demandent comme rançon les plans de sa dernière invention qui est un secret d’État. Drake, appelé à la rescousse par Hardy, ami de Laurence, tente de berner les ravisseurs…
Le kidnapping est un passage obligé pour toute série d’espionnage. La version de Destination Danger est de brillante facture. La prévisibilité de l’histoire est rehaussée par deux atouts : un portrait antipathique du père, et le bluff continuel de Drake, source d’intensité et de dialogues tranchants comme des rasoirs. Dans la catégorie univers parallèle, après Blofeld en gentil gars, nous avons cette fois un Dr.Who devenu un Big Bad. Le chef des bandits est incarné en effet par nul autre que Patrick Troughton, la future incarnation du Deuxième Docteur ! Le scénario lui-même file à grande vitesse, tandis que Patrick McGoohan nous offre une prestation furieuse et énergique. Son personnage dévore l’écran. Même s’il le regrette, nous voyons Drake accomplir sa mission moins pour Sally que pour les plans, son métier lui interdit les émotions. Toujours cette pointe d’amertume typique de la série. Enfin, chacun des protagonistes principaux est dessiné avec application. La réussite est complète.
Passé la plaisante introduction chez Hardy, nous découvrons Laurence. Il étonne par son caractère aigri, tyrannique, misogyne, fermé, loin du père éploré que l’on s’attendrait à voir. Au lieu d’attendre la seconde moitié de l’épisode et l’entrée des criminels pour mettre la tension, les auteurs ont donc l’habileté de faire du premier acte un duel ouvert entre Laurence, père voulant sauver sa fille, et Drake, dépositaire de l’État. Sam Wanamaker a un jeu toujours dans la puissance, sa bataille contre Drake fait des étincelles. L’épouse n’est pas si effacée que ça : elle se range du côté de Drake contre son mari, avec lequel ses rapports sont tendus et glacials, osant même se révolter contre son machisme, un cas assez rare en 1960. La prestigieuse Hazel Court donne beaucoup d’épaisseur à un personnage pourtant limité. Toute la deuxième partie chez les criminels maintient l’électricité sans faiblir. Drake manipule avec brio chacun des membres du gang. Persifleur, moqueur, agressif, toujours dans la fureur, il fait tourner en bourrique tout le monde avec son caractère de cochon. Le résultat bouillonne d’énergie à chaque seconde, Drake abattant avec habileté chacune de ses cartes stratégiques sans presser. Les dialogues claquent, les confrontations sont explosives (surtout contre le premier garde), 25 minutes gonflées à bloc.
IS = Patrick Troughton (Brenner) reviendra dans un épisode de cette saison : Enterrons les morts. Il est surtout connu pour avoir été le Deuxième Docteur pendant 124 épisodes de la série Dr.Who. Ce comédien de théâtre est apparu dans nombre de séries télévisées tel Le Saint (épisodes Une jeune fille romanesque, et Intermède à Venise), Amicalement vôtre (Un drôle d'oiseau), Cosmos 1999 (Les Dorcons), etc.
Hazel Court (Noelle) reviendra dans un épisode de cette saison : La comtesse. Cette ravissante comédienne eut une carrière remarquée au cinéma durant les années 40 et 50 avant d'apparaître surtout dans des séries lors des années 60 comme Alfred Hitchcock présente (épisodes La valise en crocodile, Trafic de bijoux, Arthur, A pearl necklace), La Quatrième Dimension (Qui a peur de qui ?), Les Mystères de l'Ouest (La nuit des revenants), Mission : Impossible (Charité), etc. Elle se retira à l'orée des années 70.
Sam Wanamaker (Laurence) est un acteur de cinéma ayant joué dans de nombreuses productions : Taras Bulba, L'espion qui venait du froid, Ces merveilleux fous volants dans leurs drôles de machines, Mort sur le Nil, Superman IV, etc.
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Dearesttara- Roi (Reine)
- Age : 33
Localisation : Charenton (94)
Date d'inscription : 08/02/2010
Re: Série "Destination danger"
Si quelqu'un me trouve le coffret 3 à prix correct, je suis preneur.
séribibi- Roi (Reine)
- Age : 58
Localisation : Mont de Marsan
Date d'inscription : 13/12/2007
Re: Série "Destination danger"
Ça veut dire que tu as déjà trouvé le coffret 2 ? Compliments, je ne peux pas en dire autant... Je reprends les critiques début septembre.
Dearesttara- Roi (Reine)
- Age : 33
Localisation : Charenton (94)
Date d'inscription : 08/02/2010
Re: Série "Destination danger"
Le coffret 2, je l'avais acheté à l'époque de sa sortie (tout comme le 1).
Le 1er se trouve facilement sur le net à des prix abordables.
Le 2, les prix commencent à être élevés.
Le 3 est le plus rare de tous : sorti à l'époque dans la plus grande discrétion, à un tirage bien moins important que les 2 premiers, il atteint des prix prohibitifs lorsqu'on le trouve sur le net.
Le 1er se trouve facilement sur le net à des prix abordables.
Le 2, les prix commencent à être élevés.
Le 3 est le plus rare de tous : sorti à l'époque dans la plus grande discrétion, à un tirage bien moins important que les 2 premiers, il atteint des prix prohibitifs lorsqu'on le trouve sur le net.
séribibi- Roi (Reine)
- Age : 58
Localisation : Mont de Marsan
Date d'inscription : 13/12/2007
Re: Série "Destination danger"
Je ne saurai que trop conseiller à Dear cette merveille de livre, sorti chez "8ème art" en 1991, et consacré à la série.
séribibi- Roi (Reine)
- Age : 58
Localisation : Mont de Marsan
Date d'inscription : 13/12/2007
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